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ŒUVRES COMPLETES
DE
CHRISTIAAN HUYGENS.
Imprimerie de Joh. ENSCHEDÉ & Fils, Harlem.
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tmô
frère de Christiaan,
d'après un médaillon appartenant au musée communal de la Haye et se trouvant maintenant à titre
de prêt au muséc-Huygens Hofwijck à Voorburg.
daillon porte l'inscription CONST. HVGENIVS Zulichcmi Dora. 1690. Un dessin qui nous a ser
fait par P. P. Schiedgei pour le „Haagsch Jaarbockje" de 1897
de modèle en a été
I ' I
ŒUVRES COMPLETES
DE
CHRISTIAAN HUYGENS
PUBLIÉES PAR LA
SOCIETE HOLLANDAISE DES SCIENCES
TOME VINGT-ET-UNIÈME
COSMOLOGIE
LA HAYE
MARTINUS NIJHOFF
1944
^
^
3
COSMOLOGIE
Avertiffement général.
Nous réunifions dans ce Tome toutes les Pièces — à l'exception des Journaux de
voyage, et d'un afiez grand nombre de „Varia", parmi lefquels les „Varia academica",
dont fait partie la Pièce publiée en 1693 fur la force mouvante de l'explofion de la
poudre à canon — qui n'ont pas encore vu le jour dans les Tomes précédents ').
Elles peuvent toutes, nous femble-t-il, être appelées cofmologiques; car l'homme
lui-même, microcofme qui confidère l'univers, ne fait-il pas partie du Cofmos? Les
réflexions de Huygens, non feulement fur la cofmogonie, mais encore fur la fociété
humaine, fur la vie et la mort des individus, fur leur raifon 2), fur leur défir de gloire 3)
et de bien-être, fur leurs afpirations diverfes, trouvent fort bien leur place, penfons-
nous, parmi les Pièces de nature aftronomique. En effet, le Cofmotheoros lui aufii,
dernier ouvrage de Huygens, par lequel le préfent Tome fe termine, traite en partie
d'aftronomie proprement dite et en partie de confidérations fur les habitants de notre
planète et fur ceux qu'on peut fe figurer fur les autres.
' ) À la dernière page (p. 62 2) du T. XX nous avons renvoyé le lecteur au T. XXI pour les „Excerpta
ex epistola C. H. Z. ad G. G. L." Nous pensions que le T. XXI pourrait, outre la Cosmologie,
contenir les différents „Varia". Ceci s'étant montré impossible, c'est dans le T. XXII qu'il fau-
dra chercher nos remarques sur les „Excerpta".
2) Voyez la p. 663.
*j M)j \lo:j àrnro-jfîi '/s x.a't àx/ciijç àiroXocuqv, rù'ly. [J-i'/ot. ôê'jfa; ri y.où îi7<70ftc'vot<7t nv$éa5ou (Homère,
Iliade XXII 304 — 305).
Comparez la note 11 de la p. 521 où nous citons un poème de Longfellow, ainfiquela p. 315
où nous publions des vers de Huygens lui-même.
AVERTISSEMENT GENERAL.
Le T. XV, voué à l'auronomie pure, ne contenait pas encore tout ce qui le rap-
porte à ce fujet. Il reliait des Pièces importantes telles que celles fur le planétaire, fur
l'„a(trofcopia compendiaria", fur la forme fphéroïdale de la terre, fur la caufe de la
pe fauteur.
En étudiant ces Pièces et les autres publiées dans le préfent Tome, nous avons pu
conftater que I luygens, déjà avant l'apparition des „Principia" de Newton, fe fentait
de plus en plus attiré par la théorie de Kepler des orbites elliptiques des planètes,
tout en n'étant pas entièrement convaincu de la réalité de cette forme. Ce n'elr qu'
après avoir lu Newton qu'il accepta fans réferve la théorie des orbes elliptiques, et
cela tant pour les comètes que pour les planètes. Quant à l'hypothèfe de forces in-
verfement proportionnelles aux carrés des diitances, exercées, apparemment à diftance
(inftantanément, à travers un efpace abfolu, fans aucun intermédiaire), par chaque
particule matérielle fur toutes les autres 4), il n'a pu l'accepter dans fa généralité. Ce-
pendant — voyez notre AverthTement au Difcours de la Caufe de laPefanteur,ainfi
que la p. 577 qui fuit — il paraît douteux fi l'on hypothèfe de tourbillons multilaté-
raux 5), expliquant non feulement la pesanteur terreltre mais aufli celle des planètes
et des comètes vers le foleil, laquelle il a maintenue jufqu'à fa mort, le fatisfaifait plei-
nement. L'influence de Defcartes fur lui refta toujours grande, mais on le voit s'en
émanciper de plus en plus, ce qui appert aulîi par le fait qu'il croit devoir combattre
fa métaphyfique 6). On remarquera en outre — voyez e.a. la p. 5 1 1 — l'influence
des écrits philofophiques de Cicéron. Nous fignalons d'autre part celle de fon con-
temporain aîné, la Mothe le Vayer.
4) Voyez sur le sentiment de Newton lui-même les p. 435 et 494 qui suivent.
5) Mentionnée aussi aux p. 505 — 506.
6) Voyez notamment les p. 522 (note 2), 525 — 527, 662, 667 et 826.
HUYGENS A L'ACADEMIE ROYALE
DES SCIENCES. ASTRONOMIE.
Avertiffement.
L'obfervation fyftématique des étoiles fixes dans le but d'établir leurs coordon-
nées devint poffible à Paris dès qu'on put difpofer des initruments néceffaires. On
peut trouver un aperçu des perfectionnements créant en ces jours une „véritable
révolution dans l'art d'obferver" e.a. dans l'article „Hiftoire de la Phyfique" par
Ch. Fabry publié en 1924 et faifant partie du Recueil „Hiftoire des Sciences en
France" '). Nous avons déjà imprimé dans le T. XIX 2) le difcours (ou la note
écrite) de Huygens fur la poffibilité de faire des tables bien plus exaet.es que celles
antérieurement conftruites des lieux des étoiles fixes ainfi que du mouvement des
affres errants.
La première Pièce, tirée du Regiftre de l'Académie, qui fuit — les fept autres font
de fimples renvois au T. XV et, dans deux cas, au T. XIX — date de 1 666 (et en
partie de 1667) comme le difcours mentionné qui peut même être cenfé en faire
partie, ce que le titre de la Pièce I fait voir. Caffini ne vint en France qu'en 1 669 et
l'Obfervatoire ne fut achevé qu'en 1672. En 1666 et dans les années fuivantes on
obfervait encore, en fe fervant des „inftrumens qu'on a défia" 3), dans le jardin de
') L'article se trouve dans le T. XIV (Histoire des Sciences en France, Premier Volume, Intro-
duction générale par Emile Picard) de 1' „Histoire de la Nation française" (dir. G. Hanotaux),
Paris, Soc. de l'hist.nat. Librairie Pion.
2) T. XIX, p. 258 — 263. Voyez à la p. 32 le § 1 1 de la Pièce I qui suit.
3) T. XIX, 1. 5 d'en bas de la p. 264. Voyez la p. 87 du T. VI sur un grand „quadrant" que,
d'après une lettre de Huygens de novembre 1666, on construisait en ces jours „sur le pignon
d'une maison".
8 AVERTISSEMENT.
la Bibliothèque du Roi 4). Le titre de la Pièce I rappelle auffi 1' „Obfervation — déjà
publiée dans le T. VI 5) — de l'Eclypfe du Soleil du ae Juillet 1666 faite dans la
maifon de Monfieur Colbert" 4): elle eft en effet tirée, elle aulfi, des pages du Re-
giilre que nous confidérons ici. Parmi „les inftrumens qu'on a" il convient de iignaler
les horloges de Huygens qu'il avait apportées de la Haye: elles furent employées
dans l'obfervation de l'éclipfe 6).
Les communications de Huygens de la Pièce I font partie d'un enfemble de com-
munications et de discuflions entre divers membres de l'Académie. Une publication
intégrale de cet enfemble ferait fans doute plus inftructive. C'efr. l'époque dont Fabry
dans l'article cité plus haut (Chap. II. Le dix-feptième fiècle) dit: „Des réfultats très
importants furent obtenus en aftronomie ainfi que dans l'art des obfervations; c'elT.
pendant cette période que fut inventé le micromètre pour les obfervations aftrono-
miques — nous difons quelques mots fur ce fujet un peu plus loin ■") — , que fut
réalifé l'emploi des lunettes pour la mefure des angles et l'ulage des horloges pour
les obfervations agronomiques, et ce fut vraiment une œuvre collective. En phyfique,
les réfultats furent moins importants, bien que certaines expériences fur le pendule,
fur l'élafticité des gaz, fur l'écoulement des liquides aient certainement été, en partie,
le réfultat d'une collaboration effective entre les académiciens 8). Toutefois, cette
collaboration devint de moins en moins profitable". Cette publication intégrale ferait
cependant déplacée dans les Oeuvres de Huygens. Comme ailleurs nous fuivonsune
4) Rue Vivienne. Voyez la note 3 de la p. 498 du T. XVII. La maison de Colbert (voir le texte)
était fort près de la Bibliothèque du Roi (T. VI, p. 212). Comparez l'endroit du T. VI, se
rapportant au „quadrant" de 1666, que nous avons cité dans la note précédente.
*) T. VI, p. 58-66.
rt) Nous avons déjà dit dans la note 1 de la p. 18 du T. XVIII qu'on fit évidemment usage en
cette occasion des horloges astronomiques et non pas d'horloges à remontage, comme le dit la
p. 641 du T. VI: ces dernières étaient des horloges marines.
r) P. 18—19.
8) Voyez sur l'écoulement des liquides et de l'air comprimé, etc. les p. 166 — 173 et 120 — 142 du
T. XIX.
Pour plus de détails, notamment sur l'astronomie dont nous traitons ici, on peut évidem-
ment consulter aussi V „1 listoire de l'Académie Royale des Sciences, depuis son établissement
en 1666 jusqu'à 1696". T. I, Paris, G. Martin e. a. MDCCXXXIII; et, pour avoir une vue
d'ensemble, on peut encore lire l'article „Les Sciences en Europe" de P. Tannery (cité aussi
au T. XVIII) qui se trouve dans le T. VI de 1' „IIistoire générale du IVe siècle à nos jours"
publiée sous la direction de E. Lavisse et A. Rambaud.
AVERTISSEMENT.
voie moyenne 9). La lecture de ces pages du Regiftre donne en effet l'impreflion que
c'eft furtout au début que les membres s'intéreftercnt généralement à l'agronomie.
La Pièce I débute par un difcours d'Auzout; comme il s'agit ici d'une feuille collée
dans le Regiftre dont la date précise eft indéterminable, nous ignorons fi ce difcours
eft antérieur ou poftérieur à la leéture dans l'Académie du programme de Huygens
publié dans le T. XIX I0) qui commence, conformément au difcours d'Auzout, par
l'alinéa: „Trouver la ligne meridiene et la hauteur du pôle de Paris, qui font les fon-
dements de toutes autres obfervations aftronomiques".
Ce fut Auzout TI) qui „expofa le premier à Louis XIV l'utilité de conftruire un
obfervatoire à Paris" Ia). Huygens, lui, était convaincu longtemps avant 1665 de la
néceffité de trouver exactement la ligne méridienne et la hauteur du pôle : voyez, à la
p. 529 du T. XV, le début du § 5 datant probablement de 1 658 : „Stellarum omnium
fitus ope horologii et binorum perpendiculorum deferibi poterunt fi poli altitudo et
meridianus loci exacte cognitus fuerit". Ce „§ 5" de 1658 correfpond d'ailleurs au
9) Voyez dans le T. XIX les p. 170 (note 1), 173 (avant-dernier alinéa), 181 — 185 (Appendice
II à la „Statique" et à la „Dynamique"), 255 (note 2; ici il s'agit de la note d'Auzout de 1666
ou 1667, § 1 de la p. 25 qui suit), 257 (note 7), 262 (note 1), 283 (note 1, où il est question
des observations et des discours de Cassini et de Picard sur les comètes), 293 (note 3, même
sujet), 310 (discours de Cassini sur le même sujet), 330 — 331, 339 — 340, 344—345, 400
(note 6 traitant des observations des satellites de Jupiter), 417, 432 (satellites de Jupiter),
439 — 44 ! (notes), 630 et suiv. (différents mémoires sur la cause de la pesanteur).
-) T. XIX, p. 255-257.
") Consultez sur Auzout (né en 1630 s'il faut ajouter foi à E. Maindron „L'ancienne académie
des sciences. Les académiciens 1666 — 1793", Paris, Tignol, 1895) la note 3 de la p. 391 du T.
I, où nous avons dit qu'il quitta Paris en 1668 pour se rendre en Italie (voyez aussi la p. 267
du T. VI). Il ne revint que peu avant le départ déiinitif de Huygens de Paris; voyez son nom
dans la note 3 de la p. 293 du T. XIX où il est question d'observations de la comète de 1680 —
1681. La lettre de Huygens à la page citée du T. I fait voir qu'il avait déjà rencontré Auzout
en 1655 lors de sa première visite à Paris. Il le vit de nouveau à Paris en 1663. En 1664 il entra
en correspondance avec lui; voyez le T. V.
I2) Nous citons L. F. A. Maury „Les académies d'autrefois. L' ancienne académie des sciences",
Paris, Didier et C.ie, 1864. Voyez la Dédicace au Roi de 1' „Éphéméride du Comète de la fin
de l'année 1664 et du commencement de l'année 1665" par Auzout, Paris, 1665. Comparez
aussi la fin de la note 2 de la p. 255 du T. XIX.
2
IO AVERTISSEMENT.
préfent „§ 5" de la p. 28 — la divifion en §§ provient toujours de nous — fans qu'il
s'agifîe, bien entendu, d'une traduction littérale du latin en français. Sans parler direc-
tement du préfent § 5, nous avons dit dans ce T. XV de 1925, en citant au long la
„Regia? Scientiarum Academiae Hiftoria" de 1701 de du Hamel: „La méthode dé-
crite dans ce paragraphe [§ 5 de 1658] fut communiquée en 1667 [le brouillon eft
de 1 666; voyez l'Appendice II que nous citons aufli à la fin du § 2 h la p. 27 qui fuit]
à l'Académie des Sciences de Paris".
Déjà en 1658, un an après l'invention de l'horloge à pendule, Huygcns fe rendit
parfaitement compte — ■ nous l'avons dit à la p. 5 1 8 du T. XV — du fait que cette
invention „met les aftronomes à même de remplacer la mefure des hauteurs par Tob-
fervation des paffages", ce qui eft le fujet traité dans l'un et l'autre § 5. Nous avons
brièvement réfumé le § 5 de 1658 dans le deuxième alinéa de la p. 521 du T. XV
difant qu' „il démontre que l'obfervation du pafTage d'un aftre par les deux plans AB
et AC [ce font dans la Fig. 3 de la p. 30 qui fuit, les plans palfant refpeftivemcnt par
les fils verticaux AB et CD d'une part, AB et EF de l'autre] ne donne pas feulement
l'ascenfion droite mais encore la déclinaifon de l'artre".
N'aurait-on jamais fongé à appliquer cette ingénieufe méthode à l'obfervatoire de
Paris pendant le féjour de Huygens dans cette ville? Nous I3) avons dit dans le T.
XV en citant un livre de 1 877 I4) que „cette nouvelle méthode allait développer
l'aftronomic pratique d'une manière tout-à-fait imprévue dans la féconde moitié du
dix-feptième fiècle", puifquc . . . vers 1689 l'illuftre aftronome danois Ole Ruiner
conftruifit l'inftrument de pafTage, précurfeur du cercle méridien"; que ,,1'idée de
Huygens ne s'eft pas réalifée tout-de-fuite, que nous fâchions ... ce n'eft que vers
1689 [plus de 22 ans après la communication à l'Académie] que Romer conftruifit
fon infiniment de paflage [„machina azimuthalis"] qui pouvait être orienté, (bit dans
le méridien, foit dans le plan du premier vertical". (On voit une partie du cercle
,3) Ou, pour parler plus clairement, les rédacteurs du T. XV.
14) P. 518 et 521 ; il s'agit de la „Geschichte der Astronomie" de R. Wolf(Mùnchen, R. Olden-
bourg). R. Wolf écrit : „[Es] setzte etwa 1 689 Romer dem [Tychonischen Mauer -] Quadran-
ten ein sog. Passageninstrument an die Seitc, d.h. ein an langer Achse im Meridian spielendes
Fernrohr. Den naheliegenden Gedanken ... an der Achse des Passagen-instrumentes einen
Kreis zu befestigen, der ebenso genaue Hohenablesungen erlaubt als das Fernrohr Einstellun-
gen, hatte zwar ebenfalls schon Romer nicht nurgefasst,sondern auch mit Erfolgausgefiihrt",
comme cela ressort de sa correspondance avec Leibniz.
AVERTISSEMENT. I I
horizontal, et aufïï une partie du cercle vertical, mobile autour d'un axe vertical, de
cette „machina azimuthalis" ou azimutal, dans la Fig. ioo de la p. 60 1 de notre T.
XVIII). Nous aurions pu citer aufîi Delambre qui dans le „Difcours préliminaire" de
Ion „Hiftoirc de l'aftronomie moderne" de 1821 dit en parlant de Picard et du „fy-
ltème d'Aftronomie pratique, qu'il avait expofé à l'Académie des l'an 1669" I5):
„On lui fit attendre dix ans le quart de cercle mural qu'il demandait avec des inltan-
œs continuelles; il n'eut pas le plaifir de le placer lui-même dans le méridien, il était
mourant [en 1 68a] quand enfin l'inltrument fut terminé. En attendant, il avait eiïayé
de faire tourner une lunette dans le plan du méridien. Cette idée fut réalifée par fon
élève Roemcr, et perfectionnée par les modernes. Elle a fourni l'un des deux inftru-
mens fondamentaux de l'Aftronomie. Roemer conftruifit donc la première lunette
méridienne". (Cette longue lunette méridienne, mobile feulement dans le méridien,
conllitue un deuxième infiniment de Roemer qu'il ne faut donc pas confondre avec
fon azimutal; il l'avait dans fa maifon et la défigne par conféquent par le nom
„machina domeftica". L'azimutal avait deux lunettes courtes tournant fur des
axes courts). On peut auffi tenir compte de publications plus récentes que celles de
1821 ou 1877. D'ailleurs Delambre favait déjà fort bien que „les obfervations d'Au-
zout et de Roemer [amené par Picard à Paris où il féjourna de 1672 à 168 1] ont été
perdues. Toutes les recherches qu'on a pu faire pour les retrouver ont été vaines16)."
Voyez cependant chez Horrebow une obfervation confervée de Roemer de 1675 J').
Roemer travaillait fans doute beaucoup à l'obfervatoire puifque d'après les „Comptes
des Bâtiments du roi Louis XIV l8) il recevait une penfion et des gratifications; en
1 680 il reçut 3 200 livres de penfion et 1 000 livres de gratification „en confidération
■5) P.XLIII.
Il5) Delambre „Histoire de l'astronomie moderne", T. II, p. 620. Delambre le dit en citant le livre
de 1741 de P. Le Monnier qui faisait la même remarque: „Histoire céleste, ou Recueil de tou-
tes les observations astronomiques faites par ordre du Roy, avec un Discours préliminaire sur
le progrès de l'astronomie où l'on compare les plus récentes observations à celles qui ont été
faites immédiatement après la fondation de l'Observatoire royal" (Paris, Briasson). Le Mon-
nier se proposait de publier deux volumes, il n'a pu publier que le premier.
'") P. Horrebow, „Basis Astronomie sive Astronomie Pars Mechanica", 1735. Voyez le titre
complet à la p. 600 du T. XVIII. On lit aux p. 106 — io7:„Sequiturobservatio habita Parisiis
in observatorio Regio anno 1675, etc." Il s'agit ici de la „methodus observandi a?quinoctia"
avec l'instrument de Roemer „amphioptra sive tubus reciprocus". Horrebow dit avoir copié
l'observation d'un papier de Roemer brûlé depuis.
I8) Cités par C. Wolf aux p. 200 — 201 de son livre de 1902 sur l'Observatoire de Paris.
1 2 AVERTISSEMENT.
des découvertes qu'il a faites en l'aftronomie" I9). Il eft d'autre part certain que
Roemer avait déjà pendant Ton féjour à Paris, plus prccilement depuis 1675 environ,
le deflein de conftruire fon infiniment de paffage (ou fes inftruments de partage)
puifqu'il écrit en 1700 à Leibniz: „Ex magna proinde cogitationum farrajine, hac
vice defumam articulum de Inftrumento, cui uni aptum œdificium jam per XXV
annos exoptavi, fed nunquam obtinere licuit, omni ex parte voto fatisfaciens" 20).
C. Wolf écrit à ce propos: „Roemer fe plaint de n'avoir pu, pendant vingt-cinq ans,
trouver nulle part un emplacement tout à fait propre à l'inftallation de fa lunette
méridienne. Il n'y avait pas en effet à l'Obfcrvatoire un endroit qui lui offrit deux murs
folides . . . etc. 2I). A Copenhague, où il était le maître, Roemer ne fut pas d'abord
plus heureux etc."
Puifque nous avons cité plus haut Delambre fur Picard et le cercle mural, nous
obfervons encore que, d'après les papiers de Caftmi (C. Wolf, p. 204), celui-ci avait
fait conrtruire dès fon arrivée à l'Obfervatoire, de nombreux inftruments, e.a. „deux
quarts de cercle muraux, plufieurs quarts de cercle mobiles, un azimut al pourvu de
deux cercles entiers, etc.". (Voyez d'alleurs au § 1 de la Pièce I qui fuit ce qu'Auzout
difait déjà en 1666 ou 1667 fur la néceffité d'avoir „un azimuthal ioint au quart de
cercle" ou „un azimuthal a part avec des filets ou autrement"). Quant aux obferva-
tions de Cartmi, celles-ci n'ont été publiées qu'en 1900 par G. Bigourdan,aftronome
de l'Obfervatoire, fous les aufpices de l'Académie des Sciences," mais il y a une lacune
du 15 juin 1674 jufqu' à 1680 (C. Wolf. p. 206 — 208).
Somme toute, on peut confidérer comme nullement improbable que les travaux
de Roemer exécutés à Copenhague depuis 1681 ") fe rattachent à fes travaux, et
plus généralement à des travaux, exécutés à l'Obfervatoire de Paris 23).
'?) Voyez sur le micromètre de Roemer le Cap. XIII („De Micrometro Roemeriano") de la
„Basis astronomie" de Ilorrebow.
20) Même endroit. Il s'agit d'une lettre du 15 déc. 1700 publiée dans les „Miscellanea berolinen-
sia", continuatio II, 1727, p. 276.
21) R. Radau dans son article de 1868 dans la „Revue des deux Mondes" de Paris ^L'observa-
toire de Paris depuis sa fondation") va jusqu'à dire: „le donjon que Perrault avait conçu, et
qui fut exécuté malgré les réclamations les plus énergiques des hommes du métier, était com-
plètement impropre aux observations du ciel".
22) Il faut noter que les observations de Roemer faites à Copenhague ]usqu'en 1710, année de sa
mort, ainsi que celles de son élève Ilorrebow qui lui succéda, sont également perdues à d'infi-
mes restes près, par suite de l'incendie qui dévora l'observatoire de Copenhague en 1728.
AVERTISSEMENT. 1 3
Il efl: toutefois abfolumcnt certain que la méthode de Huygens ne fut pas appliquée
a Paris pendant fon féjour autant qu'elle le méritait puifqu'après fon départ il écrit à
de la Hire: „Je vous recommande fur tout défaire mettre en eftat le grand quart de
cercle pour les hauteurs meridienes s'il ne l'elt pas encore et de fonger enfuite à dé-
terminer les lieux des eitoiles fixes par le moyen de ces hauteurs et des différences
des afcenllons droites. Comme depuis peu j'ay elhidiè d'avantage en Aftronomie que
par le palfè a l'occasion de la machine planétaire ... je reconnois auffi de plus en plus
le befoin que l'Aftronomie a de cette correction des lieux des eftoiles qui fert de fon-
dement a tout le relie" 24).
Nous croyons apercevoir que plus tard de la Hire a appliqué à Paris la méthode
de Huygens I5).
Bigourdan dans son livre de 1920 „L'astronomie, évolution des idées et des méthodes"
(Bibl. d. philos, scientif. E. Flammarion, Paris) dit à bon droit dans le Chap. VI („Application
des lunettes et du micromètre aux quarts de cercle. — Instruments modernes" I instruments
méridiens"): „Avec son quart de cercle mural placé dans le méridien, Picard voulait évidem-
ment déterminer les hauteurs méridiennes des astres; mais voulait-il employer le même instru-
ment à la détermination des différences d'ascension droite? Cette question est difficile à tran-
cher. Nous l'avons vu installer une lunette murale mobile dans le méridien, mais nous ignorons
si son axe était court comme celui des quarts de cercle, ou s'il était long; et la question est
importante, car avec un axe court il serait à peu près impossible de faire décrire à la lunette
un plan parfait. C'est du moins ce qu'aperçut bien son élève Roemer qui plaça une [longue]
lunette sur un long axe et créa ainsi la lunette méridienne; mais nous manquons de détails sur
r invention de cet instrument [nous soulignons]".
*3) Dans sa „Geschichte der astronomischen Messwerkzeuge von Purbach bis Reichenbach, 1450
bis 1 830" de 1908 (Leipzig, W. Engelmann) Joh. A. Repsold exprime des doutes sur la con-
struction de l'azimutal de Picard. Mais ces doutes ne reposent sur aucun document. Au con-
traire, Repsold nous apprend que cet azimutal est dit avoir été construit en 1678 par Migon
pour le prix de fr. 387. C'est uniquement ce prix peu élevé qui le rend méfiant.
24) Lettre du 19 février 1682, p. 344 du T. VIII.
25) Dans ses „Tabuht astronomica; Ludovici Magni jussu et munificentia exaratœ et in lucem
édita;" etc. de 1702 — nous citons la deuxième édition de 1727 — de la Hire écrit (voyez sur
la détermination de la réfraction atmosphérique la suite du présent Avertissement) p. 97:
(„Usus Tabularum", Praceptum XIX): „ Altéra refractionis observandi Methodus. Possumus
etiam refractionis quantitatem obtinere, ex observatione unius ejusdem Stella;, cujus altitudo
meridiana sit 90 graduum, aut paucis gradibus minor. Cognità enim altitudine Poli vel Aequa-
toris in loco observationis, ex altitudine meridiana Stella; habebitur ejus vera declinatio, cum
circa verticem vel Zenith refractiones sint insensibiles.
I 4 AVERTISSEMENT.
En confidérant les inftruments précurfeurs des inftruments de paflage de Roemer,
on peut aufli avoir égard a ce que Huygens écrit aux p. 35 et 37, datant de 1 680, du
Manufcrit F: „La mefine lunette pourra fervir et pour prendre les égales hauteurs
d'eftoile, cftant fufpendue par un fil; et dans le cercle méridien ertant fufpendue [à
des fils] par les deux bouts ... les bouts d'en haut [de ces fils] font attachez a deux
petites avances de leton fcellees dans un mur qui (bit difpofè nord et fud, comme les
codez des fcneflrcs méridionales et feptentrionales de l'obfervatoire . . . l'onconnoi
fixa fi la vifuelle de la lunette, haufiee ou baiflee, demeure dans un même azimut, par
le renverfement de la lunette I<5)." Il efi: permis de fuppofer — confultez l'Appendice
IV qui fiait datant de 1674 — que Roemer converfait fouvent avee Huygens 27)
fur des fujets d'aftronomie. Voyez l'Appendice V fur les pages citées de 1680 du
Manufcrit F.
Une difficulté efîcntielle qui fc préfente dans la détermination précife de la hau-
teur d'un aftre — nous le difons toujours à propos de cette méthode de I Iuygens —
c'eft. la réfraction atmofphérique. A la p. 2 (non numérotée) de fon ouvrage déjà cité
dans la note 1 6 Le Monnier dit : „Perfonne n'ignore aujourd'hui quel progrès l'AHro-
nomie fit tout d'un coup en France dès l'établiflement de l'Académie :M'S Huyghens,
Picard & Auzout publièrent alors de fi belles découvertes fur la manière de perfec-
tionner les inftruments, qu'on reconnut bientôt tout le prix de leurs Obfervations, &
quels avantages elles avoient fur celles de tous les autres Aftronomes qui les avaient
précédés". Et à la p. V du Difcours Préliminaire: „La découverte des Réfractions
Sed si ad singulos gradus altitudinis Stella?, tempus in horologio oscillatorio notatum obser-
vetur, nec non tcmpns transitus Stella? per meridianum, quod obtinebimus per altitudines ejns-
dem stelht a?quales ad ortum & ad occasum, habebimus in triangulo sphaTico arcum distantia?
inter Polnm & Zenith, declinationis Stella? complementum, & angulum iisdem arcubus com-
prehensum, sciliect differentiam temporis medii inter transitnm Stella? per meridianum, & ejus
locum pro quo calculas instituitur, in gradus & minuta conversam, quibus addenda erit huic
tempori convenions pars proportionalis motûs medii Solis 59'. 8". unius diei spatio; quamob-
rem reperietur verus arcus verticalis inter Zenith & Stella? verum locum: sed etiam ex obser-
vationc altitudinis Stella? eundem habuimus arcum apparentem; erit igitureorumarcuumdiffe-
rentia refractionis quantitas in altitudine Stella?. Ex simili calculo, ad singulos gradus altitudinis
Stella? colligetur refractio".
=,î) Il s'agit d'une rotation de 1800 de la lunette autour de son axe.
:7) Voyez e.a. sur des conversations sur d'autres sujets les p. 112 du T. VIII, 603 du T. XVIII et
440 du T. XX.
AVERTISSEMENT. 1 5
Agronomiques ayant été un des principaux objets des Ailronomes de l'Académie dès
les premières années de l'on établiflement, M. Httygens propoia à ce fujet diverfes
méthodes qui donnèrent lieu aux obiérvations des étoiles Septentrionales, & des hau-
teurs du Soleil, qui font rapportées [ici]".
Il ne faut certes pas parler avec légèreté des connaiflances des anciens, ni fur ce
fujet, ni fur beaucoup d'autres. Nous savons maintenant qu'il n'ell pas vrai comme le
dit Cafiïni — qui avait conflruit déjà en 1662, après Tycho Brahé, une table de la
réfraction atmosphérique î8) — que celle-ci leur était demeurée inconnue 29). Au dix-
feptième ficelé on ignorait apparemment que Ptolémée — fur lequel Alhazen (cité
h la p. 5 1 9 du T. XV) fe bafe — avait déjà traité ce fujet dans fon Optique 3°) : il y
parle, comme femble le faire Cafîini encore en 1693 29), d'un changement de direc-
tion, d'une réfraction, du rayon de lumière droit et reliant tel en un endroit précis:
:8) Voyez la p. 520 du T. XV.
=9) Cassini écrit à la p. 36 de son article de 1693 — suivant Delambre „Histoire de l'astronomie
moderne", T. II, p. 545, il avait d'ailleurs „lu cette histoire à l'Académie dès 1687" — „De
l'origine et des progrès de l'astronomie et de son usage dans la géographie et dans la naviga-
tion (Mémoires de l'Acad. R. d. Sciences depuis 1666 jusqu'à 1699, T. VIII, Paris, C'e des
Libraires, 1730): „Pour établir solidement les principes de l'Astronomie, l'Académie jugea
qu'avant toutes choses il falloit s'appliquer à distinguer les fausses apparences d'avec les véri-
tables. Les anciens avaient supposé que les rayons des astres viennent en ligne droite jusqu'à nostre
oeil. On s'estoit bien apperceû depuis environ un siècle que cette supposition ne s'accorde pas
avec les observations; & on avoit reconnu que les rayons se rompent en passant de l'aether
dans l'air qui environne la terre, que cette réfraction fait paroistre les astres plus élevez qu'ils
ne sont en effet, & que prés de l'horison elle eléve le soleil & la lune plus que la grandeur de
leurs diamètres: Mais les plus célèbres astronomes modernes s'estoient encore trompez, en ce
qu'ayant remarqué que les réfractions deviennent plus petites à mesure que les hauteurs sont
plus grandes, ils avoient prétendu que les réfraftions des étoiles fixes deviennent imperceptibles
à la hauteur de 30 degrez, & celles du soleil à la hauteur de 45". Ce passage fait voir que Cas-
sini parle de Tycho Brahé et de ses successeurs en laissant dans l'ombre les savants antérieurs.
Il eft vrai qu'il ne pouvait guère avoir lu l'Optique de Ptolémée dont le texte grec est perdu :
au dix-septième siècle les manuscrits de la traduction latine n'étaient connus qu' à fort peu de
personnes. Mais il aurait pu savoir qu'au premier siècle de notre ère Cléomède mentionne la
réfraction atmosphérique (jLmùum bz'ùpia. [tanûpuv I, 1), et c'est surtout Alhazen écrivant au
1 ikm siècle qu'il aurait dû mentionner.
3°) Comparez le dernier alinéa de la note précédente. Ce ne fut qu'au dix-neuvième siècle que fut
publiée „L'Ottica di Claudio Tolomeo da Eugenio Ammiraglio di Sicilia, Scrittore del Secolo
XII, ridotta in latino sovra la traduzione araba di un testo gieco imperfetto" (éd. G. Govi,
Turino, Stamperia Reale délia Dita G. B. Paravia E. C.dil. Vigliardi, 1885). Nous citons dans
le texte la p. 151 de cette édition.
1 6 AVERTISSEMENT.
„in loco contiguationis aëris ad aetherem fit flcxio vifibilis radii propter diverfitatem
iftorum corporum duorum". Nous avons parlé dans le T. XIX 3I) de l'idée de rayons
courbés; mais même lorfqu'on admet leur exiftence (voyez dans la Pièce II de la p.
84 qui fuit ce que Picard, après Defcartes et Hooke, dira des rayons courbés dans fa
„Mefure de la Terre" de 1671) comment calculer, en partant de cette idée, de com-
bien la réfraction fait varier la hauteur des étoiles? Il eft fort compréhensible que ceux
qui ont fait des calculs au dix-feptième fiècle s'en foient tenus aux rayons droits 32).
Voyez la Pièce V de Huygens qui fuit.
Or, la méthode d'obfervation de Huygens dont il a été queftion écarte la difficulté
de l'erreur due à la réfraction atmofphérique — bien entendu: lorfque la hauteur du
pôle efl exactement connue — puifque „le paflage d'une étoile par un plan vertical
eft absolument indépendant de la réfraction" 33).
Il fallait donc d'abord tacher malgré la réfraction de déterminer exactement la
hauteur du pôle. Heureufement — voyez la fuite du préfent Avertiflement — à la
hauteur où le pôle fe trouve à Paris, la correction pour réfraction eft certainement
petite. Ayant enfuitc déterminé d'après la méthode de Huygens la véritable hauteur
d'une étoile, les aftronomes de l'obfervatoire auraient pu (comme il le dit) en obfer-
vant cette hauteur directement, calculer, en prenant la différence des deux hauteurs,
de combien la réfraction fait paraître un aftre plus haut qu'il n'eft.
31) T. XIX, p. 392. Voyez aussi les p. 685 — 686 du même Tome.
32) Il est vrai que Morin (qui s'en tient à la théorie, d'ailleurs sans faire des calculs) écrivait déjà
avant 1640 à la p. 337 du livre cité à la p. 17 (Pars Nona,Cap. II,intitulé„Refringunturradij
coelestes ab Atmospha?ra de qua dubitationes enodantur"): „certum est refraftionem magis
esse ab occurrence densitate medij, quàm ab occurrente superficie . . . cùm Atmosphœra.* regio
in suprema sui parte rarior, & in inlima propè Terram densior . . . ideirco crepuscula fient in
Atmospliarœ sublimiori parte, refracliones verô in dépression", mais il ne parle pas d'une den-
sité augmentant graduellement et dans ses figures les rayons se brisent en atteignant la surface
iphérique qui sépare la région basse de l'atmosphère de sa région élevée.
Aujourd'hui encore on ne peut calculer une valeur précise de la réfraction atmosphérique
qu'en partant d'hypothèses sur la constitution (d'ailleurs variable) de l'atmosphère. Heureuse-
ment la partie principale de la correction à apporter de ce chef à la hauteur d'une étoile se tire
des hauteurs observées elles-mêmes, savoir les hauteurs correspondant aux deux culminations;
on le savait déjà au dix-septième siècle.
33) T. XV, p. 520.
AVERTISSEMENT. I "J
Nous obfervons encore, au fujet du cercle méridien, que déjà dans un livre de
1 634 — 1 640 „Aftronomia jam a fundamentis intègre et exacte rellituta"34) l'auteur,
J. B. Morin, parlant „de accuratiffima tabularum aftronomicarum reftitutione in uni-
verfum" 35) exhorte le „Principem" qui „velit deinceps ipfam tabularum conrtruc-
tionem aggredi" à ériger fur le „Mons Valerianus prope Parifios" une „quadratam
fonnam lapidibus quadris" où il y ait une „linea meridiana accuratiflimè fumpta" et
au-deflus de cette ligne un „quadrans cupreus" avec une „alhidada" — en cet endroit
il n'eit pas encore quellion de lunette 3<î) — , difant: „nulla eft altéra via cum hac,
facilitate, certitudine & prœcifîone comparanda quandoquidem Keplerus etiam con-
queritur de obferuationibus aflrorum per dirtantias fumptas cum fextantibus vel
oclantibus, quse tamen prœcipuis huius fœculi aftronomis, frequentiflimè in ufu fuere,
ob nondum benè animaduerfam Meridiani circuit excellentiam [nous foulignons]".
Nous avons mentionné à la p. 255 du T. XIX le quart de cercle qu'on pofïedait à
Paris déjà en 1 666 auquel fut adapté plus tard une lunette 37).
Hauteur du pôle. Nous avons dit dans la note 4 de la p. 166 du T. XIX que
Huygens prend en 1 667 48°53' pour la hauteur du pôle à Paris 38), tandis que Caflini
en 1 68 1 prend correctement 48°5o' 39). Toutefois Caflini n'efl pas bien certain de cette
34) Avee le sous-titre „Complectens IX. Partes haftenusoptata?Scientia?Longitudinumcoelestium
nec-non terrestrium . . . Opus astronomicis tabulis exaftissimè condendisabsolutè necessarium.
Ad eminentissimum Cardinalem Richelium, ducem et Francia? parem". AuthoreloanneBap-
tista Morino . . . Parisiis, apud authorem, tum apud I. Libert, MDCXL.
35) Titre du Cap. VIII de la Pars Nona.
35) Cependant c'est Morin, paraît-il, qui a préconisé le premier en France — voyez aussi ce que
Repsold dans son livre cité plus haut dit (I, p. 41) sur son contemporain Fr. Generini —
l'emploi de la lunette adaptée aux instruments de mesure. M. Delambre, Histoire de l'astro-
nomie moderne, T. II (Paris, Vve Courcier, 1821), p. 242, dans l'article „Morin": „[Morin]
proposa un quart de cercle avec deux lunettes etc." Comparez la 1. 15 de la p. 1 1 qui précède.
37) En janvier 1668 Huygens ne parle pas encore d'une lunette à tuyau remphçant\zs pinnules:
il écrit (T. VI, p. 17 1) qu'on se sert à Paris de „verres de lunette appliquez aux pinnules de quarts
de cercle etc. . . c'est comme une lunette sans tuyau".
38) A la Bibliothèquedu Roi. Huygens écrit probablement 480 53' et non pas 480 52' 45" — voyez
la Pièce \.\ qui suit — pour s'en tenir à un nombre entier de minutes.
39) „Abregè des observations & des reflexions sur la comète qui a paru au mois de Décembre 1680
etc.". p. 34: „La Ville de Paris qui est éloignée du Pôle de 41 degrcz 10 min. . ." Il semble
3
I 8 AVERTISSEMENT.
valeur. Son article de 1693: „S'il cil arrivé du changement dans la hauteur du Pôle,
ou dans le cours du Soleil?" 4°) fait voir qu'il obferva cette hauteur tant à Rome,
qu'à Paris, à Uranibourg et ailleurs; p. 251 : „A Paris on a aufïi remarqué [comme
ailleurs] en peu de tems une variation fenlîble dans la hauteur du Pôle . . etc." Il s'agit
de variations de plus d'une demi-minute. Caflîni a l'habitude d'ôter précifément „une
minute à caufe de la réfraction" 4'). Pierre Petit dans fa difTertation fur la hauteur du
pôle à Paris, qui fuit l'ouvrage en dialogues de 1660 de J. B. Duhamel „Afh*onomia
phyfica, (eu de luce, naturâ et motibus corporum coeleftium, libri duo" prenait 48°52'
pour la latitude de Paris 42).
Au § 1 Auzout dit qu'il faut fe fervir d' „initrumcntsbien jultes". Nous avons cité
à la p. 114 du T. XV fon „Traité du micromètre etc." de 1667, où il eil quertion
d'un micromètre a vis. Confultez les p. 50 — 53 et 191 du même Tome, ainfi que la
note 3 de la p. 59 du T. VI (citation de l'„Hiftoire de l'Académie Royale desScien-
pourtant que Cassini entend parler de la hauteur du pôle à /' 'observatoire, auquel cas sa valeur
s'accorde à peu près avec celle de Huygens. A la p. 25 1 de l'article cité dans le texte sur le chan-
gement de cette hauteur il dit qu'en 1669 il trouva avec Picard 48°53'o", hauteur apparente à
la Bibliothèque du Roi, c. à. d. 48°5i'io" à l'endroit de l'Observatoire, correspondant à une
hauteur vraie 48°5o'io"" (comparez la note suivante). Delambre „Histoirc de l'astronomie
moderne" de 1 82 1, T. II, p. 62 1 (article sur Picard) ajoute: „On trouve aujourd'hui 3" de plus".
4°) Mémoires de l'Académie Royale des Sciences depuis )666 jusqu'à 1699, T. X, p. 246 — 257.
4') Dans son édition de 1684 du „Traité du Nivellement" de Picard, amplifié par lui-même (voyez
la p. 75 qui suit) Ph. de la Hire écrira; „J'ay donné les vrayes hauteurs de Pôle à la place des
apparentes, les ayant diminuées chacune d'une minutte, qui est à peu prés l'élévation que cause
la réfraction à la hauteur de l'Etoile Polaire d'où on les avoit déduites, suivant ce que M. Cas-
sini avoit observé le premier, & que nous avons confirmé dans la suite par un très-grand nom-
bre d'Observations".
4:) Il s'agit du prêtre de l'Oratoire Duhamel qui fut le premier secrétaire de l'Académie des Scien-
ces et l'auteur do la „HistoriaRegia:Scientiarum Academia?"de 1701. Voyez sur son,, Astrono-
mia physica" la p. 537 du T. II de l'„Histoire de l'astronomie moderne" de 1821 de M.
Delambre.
Puisque nous avons eu l'occasion de noter nous-mêmes ce qui se rapporte à Huygens dans
les Registres de l'Académie, nous lisons avec intérêt dans une note de la p. LUI du T. I du
même livre de Delambre qu'il a „eu l'occasion de compulser tous les anciens registres de l'Aca-
démie, en ce qui concerne Huygens, Picard, Cassini et Richer".
43) Consultez aussi la p. 199 qui suit.
AVERTISSEMENT. 1 9
ces"), fur les difpofitifs micrométriques antérieurs de Huygens, dont d'ailleurs il parle
auffi à la p. 92 qui fuit en traitant de ion niveau de 1679 — 1680-"). Il mérite d'être
remarqué que Huygens n'a jamais reconnu que pour mefurer les diamètres apparents
des planètes les „lameUœ" employés par lui feraient inférieures aux micromètres a
fils (et à vis) 44). Voyez encore fur ces mefures de Huygens la p. 670 qui fuit.
À la fin du § 4 45), où il eft queftion de lamcfure de l'afcenfion droite des étoiles,
1 luygens fait remarquer que ces obfervations fervent en même temps à déterminer
l'obliquité de l'écliptique. C'eft là auffi une des confiantes, ou plutôt une des gran-
deurs, fondamentales, dont il était queftion dans le programme général de Huygens
a l'Académie. En 1688 4Ô) Huygens écrira: „L'obliquitè de l'Ecliptique déterminée
a l'Académie des Sciences a Paris, eft de 23°29'".
Au § 13 Auzout fait mention de „la machine pour fe feruir des Lunetes fans tuiau",
ce qui fait voir que de pareilles lunettes exiftaient en 1666. D'après Delambre c'eft
lui qui aurait eu le premier, dès 1 663 4r), l'idée de fupprimer le tuyau des lunettes.
Auzout parle e.a. de „la manière de fe paffer de Tuyau" dans fa lettre à Oldenbourg
du 22 août 1665 +8); mais fou „Traité de l'Utilité des grandes Lunettes, & de la
manière de s'en fervir fans Tuyau" qu'il mentionne ailleurs, n'a jamais vu le jour.
Ce que Delambre n'a pas fu c'eft que Huygens écrivit en feptembre 1 6624y) à fon
frère Lodewijk fe trouvant alors à Paris que, ne trouvant pas le moyen de conftruire,
comme en Angleterre, des tuyaux droits et fermes, on pourrait „ofter les 3 coftez du
tuyau, en laiffant feulement celuy d'en bas, etc.", ce que Lodewijk communiqua en ce
même moisàP. Petit 5°); or, Petit faifait des obfervations aftronomiques avec Bouillau,
44) Voyez le „Cosmotheoros" (p. 697 du présent Toms).
45) Voyez sur l'ordre de succession des §§ 4 et 5 ce que nous disons vers la fin du § 4.
4<î) Manuscrit F, p. 327. Cette page est datée Nov. '88.
47) „Histoire de l'astronomie moderne", T. II, p. 594.
48 ) P. 100 du T. VII, Seconde Partie des Mémoires de l'Acad. R. d. Sciences depuis 1666 jusqu' à
1699, de 1729.
4 s») T. IV, p. 227.
s°) T. IV, p. 234- 235.
20 AVERTISSEMENT.
Auzout et Frenicle 5I) de forte qu'il femble probable que ce foit lui qui ait commu-
niqué cette idée de Huygens à Auzout 5î). Se trouvant lui-même à Paris en novembre
1663 Huygens écrivit à Moray 53): „Ce que j'ay a vous dire touchant les lunettes
d'approche que les curieux d'icy fabriquent, c'eft que dernièrement nous fismes l'eflay
d'une de 35 pieds fans aucun tuyau, qui reuffit admirablement bien. La façon de
dreffer le verre objectif eft de Monfieur Auzout, et confirte en ce que . . . etc." En
janvier 1666 Confhmtyn Huygens père mentionne lui auffi les „grands Telefcopes
fans tuijau de Monfieur Auzout" 5+).
Voyez encore fur Huygens et Auzout la note 5 de la p. 26 qui fuit.
À la p. 14 qui précède nous avons cité Le Monnier, parlant généralement dans
fon ouvrage hiftorique de 1 74 1 des mérites de Huygens aftronome dans les premières
années de l'Académie. Sur l'Obfervatoire et les inllruments qui s'y trouvaient on
peut auffi confulter l'ouvrage déjà plufieurs fois cité deC. Wolf„Hiftoire de l'Obfer-
vatoire de Paris de fa fondation à 1793" 55)> où toutefois Huygens eft à peine men-
tionné5*5). C'eft ainfi qu'à la p. 20 Wolf écrit à tort: „C'efr. à la même époque [1668]
qu'il [c. à. d. Picard~] a l'idée de faire fervir l'heure du paffage des aftres au méridien à
la détermination des afeenfions droites" 57). Ce dont on ne peut guère faire un grief
51) T. IV, p. 377, lettre du 15 juillet 1663.
52) Il est vrai que Petit écrit à Huygens le 22 septembre 1662: „Je lay pensé aussi bien que vous
& mesmes l'ay exécuté . . . etc.", ce dont Huygens se moque dans sa lettre du 28 septembre à
Lodewijk (T. IV, p. 235 et 241).
53) T. IV, p. 433.
54) T. VI, p. 7.
55) Paris, Gauthier- Villars, 1902.
5<s) Il écrit toutefois à la p. 220 en parlant de l'Observatoire, que „Huyghens, Perrault, Niquet et
Carcavi [y] viennent souvent observer avec Cassini". Comparez la p. 35 du T. XVIII. Huy-
gens avait — de même que Roemer — un appartement à l'Observatoire (T. VIII, p. 345). Il
observait cependant beaucoup moins que Cassini; voyez e.a. au T. VII sa lettre du 28 juillet
1673 à son frère Lodewijk.
57) Voyez le § 5 de la Pièce I de Huygens qui suit dont nous avons longuement parlé dans le
présent Avertissement.
58) P. 202: „Quel était donc le programme de Picard? Ce savant l'a exposé à deux reprises devant
l'Académie; une première fois dès 1666, il propose de construire pour le Soleil et les Planètes
des Tables plus exaâes et plus complètes que les Tables Rudolphines. En Oftobre 1669, il re-
vient sur son programme avec plus de détails". Etc.
AVERTISSEMENT. 1 1
à Wolf — voyez la note 59 — c'eft d'avoir également attribué à Picard^ le difcours
anonyme de 1666 des Regiftres (§ 11 de la Pièce I) dont nous avons fait voir
dans le T. XIX 59) qu'il elt en réalité, lui auffi, de Huygens.
Nous ne parlons pas ici — voyez la fuite du Tome — des confidérations aflxono-
miques de Huygens de 1680 et des années fuivantes lorfqu'il s'occupa delà conftruc-
tion de fon planétaire.
59) Note 1 de la p. 258. Comme on peut le voir dans cette note, le discours anonyme (déjà
mentionné à la p. 7 qui précède) est précédé clam les Registres par une Pièce de Picard (sur les
diamètres des planètes, voyez le § 10 de la Pièce I qui suit). Nous observons en passant qu'il
apparaît par le Traité du Micromètre d'Auzout qui lui et Picard observaient souvent ensemble.
HUYGENS A L'ACADEMIE ROYALE
DES SCIENCES. ASTRONOMIE.
I. Projet de déterminer la méridienne et la latitude de Paris, manière de
TROUVER LES ASCENSIONS DROITES ET LES DÉCLINAISONS DES ÉTOILES FIXES ET
EN MEME TEMPS L'OBLIQUITÉ DE l'ÉCLIPTIQUE ET LA QUANTITÉ DE LA RÉ-
FRACTION ATMOSPHÉRIQUE POUR LES ÉTOILES, DÉTERMINATION DE CETTE
MÊME QUANTITÉ POUR LE SOLEIL, OBSERVATION D'UNE ÉCLIPSE DU SOLEIL,
DISCOURS SUR LA CONSTRUCTION DE TABLES EXACTES DU MOUVEMENT DES
ASTRES, LE TOUT DE l666 ET \66j.
I a. Mesure de la hauteur du pôle X la Bibliothèque du Roi le 3 1 décembre
1666.
H. Observations de Saturne et de ses satellites. Calculs qui s'y rappor-
tent.
III. Observations d'étoiles filantes.
IV. Observations des satellites de Jupiter.
V. Considérations géométriques sur la réfraction atmosphérique.
VI. Observations de Mars.
VII. Remarque sur le passage futur de novembre i 6jy de Mercure sur le
soleil.
VIII. Observations et considérations théoriques sur la comètede i 680 — 1 68 1 .
I.
PROJET DE DÉTERMINER LA MÉRIDIENNE ET LA LATITUDE DE
PARIS, MANIÈRE DE TROUVER LES ASCENSIONS DROITES ET LES
DÉCLINAISONS DES ÉTOILES FIXES ET EN MÊME TEMPS L'OBLI-
QUITÉ DE L'ÉCLIPTIQUE ET LA QUANTITÉ DE LA RÉFRACTION
' ATMOSPHÉRIQUE POUR LES ÉTOILES, DÉTERMINATION DE
CETTE MÊME QUANTITÉ POUR LE SOLEIL, OBSERVATION D'UNE
ÉCLIPSE DU SOLEIL, DISCOURS SUR LA CONSTRUCTION DE
TABLES EXACTES DU MOUVEMENT DES ASTRES.
[1666 et 1667]
Cette Pièce eft tirée des „Regi(tres de Mathématiques" dits „de l'Année 1667 et d'une partie
de l'année 1668 iufqu'au mois d'Auril". C'eft le T. II des Regiftres, ou plutôt le T. I devenu T. II
d'après la correftion de feu l'archivifte de l'Académie P. Dorveaux; voyez les p. 180 et 680 du T.
XIX; cette correction nous iemble arbitraire vu que le tome contient auiîi, malgré fon titre, des
pièces de 1666 ').
§ I. P. I (feuille collée dans le Regiftre). Mr. Auzout. „Les deux premières obfervations
aftronomiques font la ligne Méridienne, et la hauteur du Pôle 2), et quoyqu'il y ait diverfes maniè-
res de prendre l'une et l'autre, il faut mettre au premier rang celles qui ne fuppofent point d'obfer-
vations précédentes, ou l'on puifle auoir erré.
Si ces obfervations fe pouuoient faire en toute forte de temps on n'auroit rien a fouhaitter,mais
la hauteur du Pôle fuppofe un certain temps de l'année qui dure environ un mois, depuis la fin de
Décembre iufqua la fin de Januier, quand l'Etoile Polaire en une mefme nuit peut ertre obferuée
dans fa plus grande, et dans fa plus petite hauteur.
x) A la p. 20 du tome — voyez le § 9 qui suit — se trouve la date du 2 juillet 1666: il y est
question de l'observation — voyez le titre de la présente Pièce — de l'éclipsé du soleil de ce
jour dont nous avons déjà fait mention dans l'Avertissement. Toutefois nous avons dû dire
dans l'Avertissement que la date précise de la présente Pièce est indéterminable, qu'elle peut
fort bien être postérieure à la Pièce de Huygens qui constitue le § 1 1 qui suit. Voyez encore
sur Huygens et Auzout la note 5 qui suit.
-) On a vu dans le T. XIX (p. 255) que le programme de 1666 de Huygens débute, conformé-
ment à la note, ou le discours, d' Auzout, par l'alinéa: 1. Trouver la ligne meridiene et la hau-
teur du pôle de Paris, qui sont les fondements de toutes autres observations astronomiques.
4
0.6 HL'YGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE.
Pour la ligne méridienne, on la peut prendre en tout temps par le moyen des eftoilles, pourveu
que l'on ait des Inftruments bien iuftes 3), c'eft pourquoy il femble plus a propos de commencer
par cette obferuation, puisqu'elle fuppofe le moins, et qu'il eft mefme a propos de Pauoir pour la
hauteur du Pôle.
La manière de la tracer eft par le moyen d'une Etoille telle qu'on voudra, pourvue qu'elle foit
hors des refractions4), on prend de cette Etoile deux hauteurs égales deuant et après qu'elle eft
arriueé au méridien du lieu, marquant en meftne temps les Azimuths de l'Etoile, car ayant diuifé
ces deux Azimuths par la moitié, uous aurés la ligne méridienne.
Il faut pour cela auflî un azimuthal ioint au quart de Cercle pour prendre en mefme temps la
hauteur et PAzimuth, ou auoir un azimuthal a part auec des filets 5) ou autrement, et qu'il y ait
deux Obferuateursqui prennent en mefme temps l'un la hauteur, et l'autre l'azimuth: ce qu'il y a
de commode eft que fi on a pris une hauteur du cofté d'Orient en un jour, on peut quelques iours
après prendre l'autre hauteur égale vers l'Occident.
Ce que l'on fait par le moyen des Etoilles en tout temps, fe fait par le moyen du Soleil en un
certain temps quelques iours deuant et après le Solftice d'Efté, quand l'on fcait que lefoleil ne
change point fenfiblement de déclinaison, et il y a cela de commode que l'on peut tracer fon azi-
muth . . . par fon ombre, fi l'on n'a pas d'inftrument, ou fe fervir de l'Equaire méridienne fans
l'embarras de grands Inltruments, comme il eft neceiîaire aux Etoilles"
§ i. P. 3 et 4. M. Hugens. [Détermination de la méridienne]. Par le moyen d'un
fil perpendiculaire fur un plan horizontal l'on pourra obferucr et tracer PAzimuth le
plus Oriental, et enfuitte le plus Occidental de quelque Etoile fixe de celles qui pas-
fent entre le Pôle et le Zenith, et diuifant après cela par le milieu l'angle que font ces
deux Azimuths fur ledit plan horizontal par une ligne droite, ce fera la méridienne.
Cette obferuation fe peut faire commodément en une nuit dans l'efpace de 6 ou 7
heures, et les Etoiles qui y font les propres pour la latitude de Paris, qui eft enuiron
de 49 degrés 6), font au mois de Mars et d'Avril, les 7 grandes étoiles de l'Ourfe,
excepté celle qui eft la dernière dans la queue, parce qu'elle paffe au delà du Zenit,
3) Voyez ce que nous disons à la p. 1 8 de l'Avertissement sur les dispositifs micrométriques.
4) En 1666 on était encore convaincu, paraît-il, de l'insensibilité, ou de la nullité, des réfractions
pour des hauteurs supérieures a 300 pour les étoiles, à 450 pour le soleil. C'est du moins ce que
dit J. D. Cassini, le contemporain de Iluygens, à la p. 37 de son article „De l'origine et des pro-
grès de l'astronomie, et de son usage dans la géographie et dans la navigation". Comparez les
notes 28 et 29 de la p. 15 de l'Avertissement qui précède.
s) Comparez la Fig. 3 de Iluygens de la p. 30 qui suit. Comme la méthode d'observer „îvec des
filets" fut déjà pratiquée par Huygens en ou vers 1658 (Fig. 3 de la p. 530 du T. XV),il parait
fort possible qif Auzout marche ici sur ses traces. La Pièce d'Auzout pourrait donc (comparez
la note 1 qui précède) être postérieure en date à la Pièce de Iluygens qui constitue le § 4 qui suit.
6) Latitude de Paris et hauteur du pôle à Paris sont une et même chose. Il faut noter que la ques-
tion de savoir si la terre est parfaitement sphérique ne se posait pas encore pour Auzout en
1666. Voyez sur la hauteur du pôle à Paris d'après Iluygens et d'après Cassini la note 4delap.
266 du T. XIX. Mais consultez aussi la p. 1 7 de l'Avertissement qui précède et la Pièce L\ qui suit.
PROJET DE DETERMINER LA MERIDIENNE ET LA LATITUDE DE PARIS, ETC.
27
[Fig. 1]
vers la fin d'Aouft une Etoile a l'Epaule droite de Cephée, et uers le commencement
de Novembre trois ou quatre Etoillcs de Cafliopéc.
Le brouillon de 1666 de cette Pièce le trouve à la p. 99 du Manufcrit C. Voyez la partie E bis
de l'Appendice II qui fuit (p. 45).
§ 3. P. 5 et 6. Defcription de l'Equerre Azimuthale. Son usage pour trouver la ligne méri-
dienne. M. Buot. „C'e(t une règle de Cuivre", etc. Figure par Couplet ").
§ 4. P. 7 — 10. M. Hugens. Pour trouuer rafcevfion droitte des étoiles fixes. Il
faut mefurer par le moyen d'une horloge a pendule le temps depuis qu'une Etoile fixe
a pafle par le Méridien iufqu'a ce que le foleil y paffe le iour enfuiuant en comptant
par heures d'Etoiles; outre cela il faut
prendre la hauteur méridienne du foleil
en mefme temps, et 6 femaines, ou 1 ou 3
mois après faire toutes les mefmes obfer-
vations, remarquant comme auparauant
le temps du paiïage par le méridien depuis
l'étoile fufdite iufqu'au foleil, que fi l'étoile
ne fe peut obferuer commodément, on
prendra quelque autre dont la différence
ascenfîonelle d'auec la première foit
connue.
Ces obfervations faites l'on en déduira
l'afcenfion droite requife comme s'enfuit.
Soit EPQ [Fig. 1 ] le méridien de la
Sphere,l'EquateurEQ,lePoleP,l'Eclyp-
tique LC, le commencement d'Aries A.
Suppofons qu'a la première obfervation
le lieu du foleil dans l'Eclyptique ait cfté
en S, et la féconde fois en L, et foit mené par le Pôle et par S le grand cercle PSX
coupant l'Equateur en X. Que l'étoile obfervée et dont on cherche l'afcenfion droite
foit T par laquelle foit aufTy mené du Pôle le grand cercle PV coupant l'Equateur en
V et foit PA le Colure des Equinoxes. Donc par le temps qui eft entre le partage de
l'Etoille T et celuy du foleil S par le méridien, dans la première obfervation l'on
scaura l'angle SPT et femblablement dans la dernière l'on feaura l'angle LPT, duquel
oftant SPT refiera connu l'angle SPL. Or par les obfervations des hauteurs Méri-
diennes du foleil, et par la connoiffance de la hauteur du Pôle, l'on a aufTy les coflés
7) Voyez sur Buot et Couplet la note 8 de la p. 89 du T. XIX.
28 HUYGENS X L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE.
PS, PL du triangle PSL; Ton connoiftera donc par le calcul Ton angle S qui eft égal
a l'angle S du triangle ASX duquel citant aufly connu le collé SX et l'angle X droit,
Ton feaura par le calcul le cofté AX qui mefure l'angle APX lequel ofté de TPX qui
eftoit connu, refiera APV qui ofté de 360 degrés le relie fera l'afcenfion droite de
l'Etoile T, d'où Ton connoiflera aufly celle des autres fixes par les différences des
afeenfions droites trouuées auparauant.
C'efl: dans le „§ 5" qui /////qu'il efl queftion de la détermination des différences des ascensions
droites des étoiles. Nous aurions donc pu intervertir les §§ 4 et 5; mais nous avons préféré nous en
tenir à l'ordre des Regiftres. Voyez toutefois fur ce fujet l'Appendice II qui fuit.
L'on pouuoit aufly faire le Calcul du triangle PSA au lieu de celuy de ASX pour
trouuer l'angle SPA, et l'un et l'autre donnera aufly le cofté AS, qui eft la longitude
du foleil a la dernière obfervation ; item l'on connoiftera l'angle SAX qui efl l'obli-
quité de l'Eclyptique.
§ 5. Manière de trouuer les lieux des étoiles fixes, par le moyen d'une horloge a
pendule & de filets, comme aujjy leur réfraction. Premièrement pour trouuer les
Afeenfions droites ou pour mieux dire leurs différences, l'on n'aura qu'a fufpendre
deux filets auec des poids en bas, a la dillance de 7. ou 8. pieds (ou d'auantage félon
la commodité du lieu) en forte qu'ils fe rencontrent precifément dans le plan du mé-
ridien. Ce qui eftant fait, et l'horloge eftant ajuftée a la longueur des iours des etoilles
qui font plus courts que les iours moyens folaires de 3 min. 56 fec, l'on obferuera
quand chaque étoile arriuera dans ledit plan du méridien déterminé par les 2. filets,
et l'on fera regarder au mefme inflant quelle heure, minute et féconde marque
l'horloge.
Connoiflant par ce moyen le temps entre le partage de 2. Etoiles et comptant pour
chaque heure 15. degrés, l'on aura la différence de leurs afeenfions droittes.
L'on fe peut auffy fervir de l'horloge a cet ufage fans qu'elle foit ajuftée a la lon-
gueur des iours des étoiles ny mefme aux folaires; car en attendant feulement iufqua
la nuit prochaine ou 2. ou 3. autres après, et prenant garde a quelle heure de l'horloge
une des eftoiles obfcruées retourne dans le plan du méridien, l'on connoiftera par la
combien l'horloge va trop vide ou trop lentement; et fuiuant cela l'on réduira aife-
ment les interualles du temps qu'on auoit marqué félon l'horloge aux interualles
véritables pour en conclure la différence des afeenfions droites comme deffus.
Pour trouver enfuitte la declinaifon des me fines étoiles l'on fufpendcra un troifieme
filet, en forte que le Plan qui paffe par cettuyey, et par celuy des autres filets qui eft
du cofté de l'Oeil faffe un angle connu avec le plan du méridien [Fig. 3]; l'on fera
par exemple cet angle de 60. degrés ou plus ou moins comme on le iugera meilleur
pour la certitude de l'opération, et il n'importe pas que ledit Angle foit pris du cofté
d'Orient ou d'Occident a l'égard du plan du Méridien.
L'on obferuera après cela le partage de chaque étoile par le dernier plan incliné a
celuy du midy faifant regarder au mefme inflant quelle heure marque l'horloge, et les
PROJET DE DÉTERMINER LA MÉRIDIENNE ET LA LATITUDE DE PARIS, ETC. 29
mcfmes étoiles eftant aufty obfcruées quand elles ont païïc par le plan du midy, ou
quand elles y paiïeront, l'on feaura le temps que chacune employé au pafiàge entre
lefdits deux plans. Par lequel et par la hauteur du Pôle donnée l'on trouuera leur decli-
naiibn ainfy que s'enfuit.
[Fig. 2]
V
Soit HZO [Fig. 2] le méridien du lieu de l'Obferuation, HO, l'horizon, P le Pôle,
EQ l'Equateur, Z le zenit, ZK le Cercle Vertical qui décline du méridien d'autant
qu'eft l'angle fufdit deteraiiné par les trois filets par ex. de 60 degrés et pofons que
l'Etoile B ait elle oblèruée premièrement dans l'Azimut ZK à 9 heures du foir, et qu'a
1 1 . heures elle fe (bit trouuée dans le méridien HZO, ou il faut noter que je fuppofe
l'horloge ajuftée aux iours des Etoiles.
Soit mené par le Pôle et par l'Etoile B un grand cercle coupant l'Equateur en C.
Dans le triangle fpherique BZP l'on connoift l'angle BPZ qui eft de 30. degrés a
caufe que l'Etoile a paffé en 2. heures du Cercle PC a ccluy du Méridien HZO. De
plus l'angle BZP eft donné eftant le complément a 2. droits de l'angle HZK qui a efté
fuppofé de 60. degrés. Et enfin le cofté ZP eft aufty donné eftant le complément de
la hauteur du Pôle. L'on trouuera donc aufty le cofté PB et partant fon complément
au 90. degré BC, ou bien l'excès dont il les furpafle, dont l'une ou l'autre feront la
déclinaison boréale ou auftrale de l'Etoile B.
Que fi outre les filets perpendiculaires qui font icy reprefentés par AB, CD, EF
[Fig. 3], l'on en adioufte d'autres horizontaux ou a peu près qui ioignent les filets AB
aux autres CD, EF comme font icy les filets GK, GH, AC, AE, dont les deux pre-
miers doiuent eftre un peu plus diftans de terre que de la hauteur d'un homme, il n'y
a point d'étoile vifible fur noftre horizon dont on ne trouue la fituation par cette voye
pourveu que l'on etablifle l'angle HZK [Fig. 2] qui eft celuy que comprennent les
plans des filets perpendiculaires en forte que l'angle B du triangle BZP foit de gran-
deur médiocre.
Au refte il eft a noter qu'en cette méthode il n'eft caufé aucun inconucnient parla
refraction de l'Atmofphere, parce qu'une étoile eftant veùe dans le plan du méridien
3°
IIUYGENS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE.
ou de quelque Azimuth Ton feait afleurement qu'elle y efl: véritablement, et que la
refraction peut feulement la faire paroiftre plus haute.
Par confequent cette mefme manière peut aufly feruir a trouuer la refraction des
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étoiles, fi lorfqirelles arriuent au plan de l'Azimuth fufdit ZK, l'on prend leur hauteur
apparente. Car par le calcul du triangle BZP eftant connu le cofté ZB, dont le com-
plément eft la véritable hauteur de l'Efroile B, l'on aura en l'oflant de la hauteur
obferuée la quantité de la refraction de ladite Etoile dans cette Elévation fur l'horizon.
§ 6. P. IO — I 2. M. Auzout proposa une reflexion qu'il auoit faite a laquelle il ne voioit pas
qu'aucun aftronome eufl: fongé qui efloit que quand on prend le diamètre delà Lune, il faut neces-
fairement auoir égard a fa hauteur qu'elle a fur l'horizon . . . „quand elle efl: a l'horizon elle efl:
prefque plus éloignée de l'Oeil de l'Obfervateur du diamètre de la terre que fi elle paflbit au zénith"
Comparez les calculs de Iluygcns de la fin de 1666 fur la diflance de la lune qui conflituent la
partie A de l'Appendice III qui fuit.
§ y. P. 13 et l'uiv. M. de Roberval. Méthode pour trouuer la Parallaxe de la Lune8); et
autres fujets.
8) Nous observons que d'après Ddambre („Histoire de l'Astronomie moderne" T. Il, p. 259 —
260) Roberval et FI. de Beaune avaient été, longtemps avant la création de l'Académie, amis
de Morin qui leur avait communiqué sa méthode de mesurer les parallaxes, après quoi ils cher-
chèrent l'un et l'autre de leur côté la solution du problème.
PROJET DE DÉTERMINER LA MÉRIDIENNE ET LA LATITUDE DE PARIS, ETC. 3 I
§ 8. P. 1 8 — 1 9. M. Hugens. Pour trouuer la rcfraâion de r Atmofphere a Pes-
gard du foieil. Il faut (uppofer que le foleil n'a point de parallaxe (ènfible comme Ton
a ailes reconnu par l'Expérience.
Soit maintenant HZO [Fig. 4] le
méridien, 1 10 l'horizon, Z le zénith,
P le Pôle. EQ l'Equateur. V le foleil
obierué, c'eft-à-dire auec réfraction, et
fon azimuth ZVA et que S dans le
mefme Azimuth foit le lieu du foleil,
ou il paroiftroit fans réfraction, et foit
mené un grand cercle SP.
L'on obferuera donc la hauteur du
foleil AV, et au mefme inftant on re-
marquera l'heure qu'il eft fur une hor-
loge a pendule qui auparauant aura
cfté ajuftée au foleil. Par cette heure
l'on connoiftra premièrement l'angle
P du triangle PZS, et en fécond lieu aufly le collé PS. qui eft le complément de la
declinaifon du foleil. Mais outre cela le collé PZ eft aufly connu, eftant le complé-
ment de la hauteur du Pôle. Partant l'on trouuera facilement le collé ZS duquel oftant
ZV qui eft le complément de la hauteur du foleil obfcruée, l'on aura VS la quantité
de la réfraction a cette hauteur la.
Autrement. Pour trouuer la mefme chofe fans l'aide d'une horloge a pendule l'on
prendra en mefme temps la hauteur du foleil AV [Fig. 4], et l'arc AH entre fon
Azimuth et le méridien ou l'angle Z du triangle SZP fera donné. Or le cofté PS eft
connu a peu prés eftant le complément de la declinaifon du foleil au iour de l'obferua-
tion mais a une heure inconnue et le cofté ZP eft connu precifement. Partant l'on
trouuera a peu près l'angle ZPS, et l'on feaura par la à peu près quelle heure il eftoit
au temps de l'Obferuation, par laquelle on rectifiera enfuitte la declinaifon du foleil,
et l'on la connoiftra auec autant de precifion qu'il eft befoin. L'on feaura donc aufly
fon complément SP, et eftant connu PZ et l'angle PZS, l'on trouuera enfuitte aufly
le cofté ZS du triangle PZS, et ayant ofté ZV qui eft connu par l'obfervation de ZS,
l'on aura l'arc de la réfraction VS qu'il falloit trouuer.
§ 9. P. 20 — 28. Obferuation de FEclypfe du Soleil du 2e Juillet 1666, faite dans
la mai fon de M'. Colbert. Par M" . Hugens, de Carcauy, Roberual, Auzout, Fre-
nicle et Buot.
C'eft la Pièce publiée dans le T. VI que nous avons mentionnée aufli dans l'AvertilIement qui
précède.
32 HUYGENS X l'aCADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE.
§ IO. P. 28 — 30. M. Picard. Obferuations des Diamètres des Planètes en 1666. „Le 26e
Novembre au foir Saturne parut félon fon grand Diamètre de 40" et félon l'autre de 16"" . . .
. . . Picard donne aulîî les diamètres de Jupiter, de Mars, de Vénus et de la Lune. La dernière ob-
servation eft du 10 décembre 1666.
En 1659 Huygens avait trouvé 68" pour le diamètre apparent de Saturne (en fon périgée). La
valeur de Picard (40") eft meilleure 9).
§ 11. P. 30 — 33. [Huygens]. Comme la coniïruction de tables exactes du mou-
uement desartres ell une des principales chofes que l'on fe propofe dans rairronomie . .
. . etc. Voyez la Pièce II qui occupe les p. 258 — 263 du T. XIX. Huygens vante e.a. (p. 263) la
précifion que nous donnent les horloges a pendule et dit en terminant que la création d'un obfer-
vatoircmuni de grands et bons inftruments T0) donnera „tout fuiet de fe promettre un heureux
fucccs de ce que l'on entreprendra."
§ I 2. P. 33. Auzont traite des méthodes pour mefurer la grandeur de la terre.
§ 1 3. P. 37. M. Auzout. ,, Mémoire des Inftrumens & autres chofes neceftaires dont il faudra
fournir ceux qui iront à Madagafcar" ").
„Deux grands quarts de Cercle" .... „Deux bons pendules a fécondes, ou l'un a fécondes, et
l'autre a demifecondes. Une machine de M. Hugens pour les demifecondes, fi elle reuffit mieux que
les pendules ordinaires. Et fi l'on veut faire l'Epreuve des longitudes par le moyen des pendules
de mer de M. 1 lugens il faudra deux de ces pendules dans le Vaiffeau. Plufieurs boules de Cuivre
rondes pour faire en toutte occafion des pendules a fécondes, demifecondes &c."
Auzout mentionne enfuite non feulement les lunettes, mais auflî les inftruments et ingrédients
neceffaires pour fabriquer et polir des lentilles, e.a. „une fuffifante quantité de morceaux de bon
verre bien choify"; ainfi que „la machine pour fe feruir des Lunetes fans tuiau". Voyez" fur ce
dernier fujet la p. 19 de l'Avertiffement qui précède.
Il parle aufli des „thermometres" I2) et des „barometres" I3). Puis e.a. de „plufieurs tuyaux de
verre ou farbacanes tant pour les inftruments nommés que pour faire les niveaux de M. Tevenot" I4);
de „deux machines pour fonder la profondeur de la mer et pour puifer l'eau du fond de la mer15);
des „table.s Rudolfines, de Bouillaud et de Riccioli" I(5), d'„un livre de navigation, comme l'hydro-
graphie du P. Fournier I7), d'un „horloger capable de faire (?) et de racommoder les Inftruments".
9) Voyez la note 3 de la p. 343 du T. XV.
I0) La conftruftion de l'Obfervatoire fe termina en 1672.
") Cette expédition a été mentionnée e. a. aux p. 9 et 10 du T. XVIII.
,2) Voyez les p. 257 et 345 du T. XIX.
'3) P. 257 du T. XIX.
14) Confultez fur Melchifédec Thévenot la note 5 de la p. 370 du T. I. Il devint membre de
l'Académie Royale des Sciences en 1685. Sa collection „Veteres Mathematici" parut à Paris
en 1693, un an après fa mort. Voyez furfon niveau, datant dei66i, les p. 105 — 108 qui fuivent
où Huygens en parle avec éloges. Il ne f'agit pas d'un niveau fervantau nivellement comme
celui de Huygens (p. 81 — io4qui fuivent), maisd'un infiniment ,,à mettre une furface plane
parallèle a l'horizon".
15) Voyez fur ce fujet la note 8 de la p. 143 du T. XIX.
Iô) Comparez la note 10 de la p. 261 du T. XIX.
I7) Voyez fur cet ouvrage les p. 200 — 201 du T. XVII.
PROJET DE DÉTERMINER LA MÉRIDIENNE ET LA LATITUDE DE PARIS, ETC. 33
Comme l'Appendice II qui fuit le fait voir, les brouillons des Pièces précédentes de Huygens
(§§ 2, 4, 5, 8) font de 1666 (note 1 de la p. 43). Or, le § 13 qui précède date du 1 1 janvier 1667
d'après la p. 155 du T. II des Regiftres. On dirait donc, d'après l'une et l'autre donnée, que les
Pièces antérieures au § 13 conftituent des difcuflions ou communications à l'Académie datant de
1666. On trouve toutefois dans le dit T. II encore les remarques qui fui vent:
P. 157. Le 23 février [1667] . . . M" Hugens et Roberval ont propofé leur Méthode qui eft de
prendre devant et après l'Equinoxe la hauteur meridiene du foleil et fa declinaifon, par ce moyen
et par les parties proportionnelles on aura le temps de l'Equinoxe, puis on prendra la nuift la hau-
teur méridienne d'une etoille: et ainfy on aura la diftance de l'étoille du poinct de l'Equinoxe.
P. 158. Monfieur Hugens donnera la manière de trouuer le lieu des eftoilles fixes fans auoir
égard a l'Equinoxe.
Monfieur Hugens a propofé une autre méthode par le moyen de la pendule en prenant le temps
qui eft entre le Méridien du Soleil, et celuy de l'Etoille, ou la différence du temps qui eft depuis
que le Soleil a pafle par le méridien jufques a ce que PEftoille y pafle.
P. 1 59. Monsr. Hugens a donné une Méthode pour trouuer les Afcenfions droites des etoilles
fixes.
Aux p. 159 — 160 on trouve les dates du 23 mars et du 30 mars.
P. 161. Monfieur Hugens a efté d'auis que pour bien régler le mouuement de la Lune, il faut
(bavoir exaftement l'Equation du temps, d'autant que Ptolomée, Kepler et les autres Aftronomes
y ont fait beaucoup de fautes l8).
Ia.
MESURE DE LA HAUTEUR DU POLE X LA BIBLIOTHÈQUE DU ROI1*).
Akitudo Poli Parifijs obfervata in vico cui nomen Rue Viviene, 3 1 Dec. 1 666.
per maximam et minimam akitudinem îtellse Polaris, fextante50) cujus radius pedum
6. Compertaque eft akitudo poli 48°.52'.45".
5i°.2i'.o". akitudo maxima. 46°.24'.3o" minima. [Demie fomme] 48°.5a'.45".
[Demie différence] 2°. 28'. 15". diftantia Polaris a polo.
Regiftres, T. II, p. 152. Ce deuxiefme Januier 1667 on a refolu de faire faire une machine pour
prendre la hauteur du Pôle.
l8) Voyez les 1. 2 — 3 de la p. 1 23 du T. XVII (Ptolemœi error et Copernici", remarque de Huy-
gens de 1660); notre note en cet endroit (dans cette note 10 le lefteur eft renvoyé e.a. aux p.
523 et 547 du T. III; il y a ici une faute d'imprefllon; au lieu de T. III il faut lire T. XV) ren-
voie à d'autres passages des Tomes précédents. Voyez sur Kepler la p. 17 du T. III; il semble
d'ailleurs possible qu'au lieu de Kepler il faille lire Copernic: comparez la p. 318 qui suit.
IS>) Manuscrit C, p. 128.
2°) Voyez ce que disait Morin sur l'usage du sextant (1. 10 de la p 17).
5
II
OBSERVATIONS DE SATURNE ET DE SES SATELLITES. CALCULS
QUI S'Y RAPPORTENT.
[1667 — 1675 et 1680]
Voyez fur les obfervations faites à Paris les p. 93 — 95, 98 — 100, 498 — 499, 483 — 484, 100 —
109, 500 — 501, 109 — 1 15, 117 — 120 et 122 du T. XV (l'obfervation de mars 1678 de la p. 121
a été faite à la Haye). Les p. 383 — 388 du T. XV contiennent des calculs datant de 1667, et les p.
485 — 497 des calculs de 1668. Les calculs de la p. 1 16 font de 1672 ou 1673. Les p. 509 — 512 fe
rapportent a la détermination approximative, en 1673, de l'orbite d'un fatellite à l'aide de deux
obfervations.
III.
OBSERVATIONS D'ÉTOILES FILANTES.
[l668]
Voyez les p. 95 — y-j du T. XV.
IV.
OBSERVATIONS DES SATELLITES DE JUPITER.
[1668]
Voyez les p. 99 — 100 du T. XV. Confultez auflî la p. 116, où Huygens note en 1672 que
Wendelinus a vérifié pour les fatellites la troifième loi de Kepler.
V.
CONSIDÉRATIONS GÉOMÉTRIQUES
SUR LA RÉFRACTION ATMOSPHÉRIQUE.
[1672]
Nous avons dit un mot à la p. 16 de l'AvertifTement fur ces confidérations que nous avons
publiées dans le T. XIX (p. 538 — 539) comme Appendice I au Traité de la Lumière1). Voyez
auflî fur la réfraction la Partie B de l'Appendice II qui fuit (p. 43).
') On peut confulter auflî une remarque de Huygens de 1684 ou de plus tard dans la note 8 de
la p. 752 du T. XIII.
VI.
OBSERVATIONS DE MARS.
[1672]
Voyez les p. 1 12— 1 14 du T. XV.
VII.
REMARQUE SUR LE PASSAGE FUTUR DE NOVEMBRE 167-
DE MERCURE SUR LE SOLEIL.
Voyez la p. 1 20 du T. XV.
En 168 1 et 1682, alors qu'il Poccupait de la conftruftion de fon planétaire, Huygenseft revenu
fur ce partage de Mercure. Voyez les p. 323 et 326 — 327 qui fuivent.
VIII.
OBSERVATIONS ET CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES
SUR LA COMÈTE DE 1 680 — 1 68 1 .
Voyez les p. 122 — 129 du T. XV. Les p. 283 — 310 du T. XIX ne contiennent pas feulement
des obfervations mais auflï le Raifonncmcnt fondé fur les Obfervations de la Corne te
pour trouver fa route réelle, et autres particularitez qui la concernent et d'autres pièces
fe rapportant en partie aux comètes en général.
APPENDICE I
À HUYGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE.
Nous empruntons aux Charta; aftronomicœ le plan des deux étages de l'Obfervatoire (terminé
en 16-2, comparez la note 10 de la p. 32). Le rez-de-chaufTée n'efl: pas repréfenté ici.
[Fig- 5]
Plan du itr étage de l'Obfervatoire.
42 HUYGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. I.
[Fig. 6]
Plan du 2e étage de l'Obfervatoire.
Les Fig. 5 et 6 s'accordent en fubftance avec celles qu'on trouve dans 1' „I Iiftoire de l'Obferva-
toire de Paris de fa fondation à 1793" par C. Wolf, la Fig. 6 aufîi avec celle, plus ancienne, de
1' „Hiftoire célefte" de Le Monnier qu'il appelle „Plan du premier Etage au deflbus de la platte
forme". En comparant les diverfes figures on voit cependant des différences dans les détails.
APPENDICE II
À HUYGENS À L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE.
[ i<566]0
Nous avons fait mention de cet Appendice aux p. 27 (fin du § 2) et 28 (§ 4) qui précèdent.
Immédiatement après avoir dreffé pour l'Académie le programme qu'on trouve aux p. 255 — 257
du T. XIX 2), Huygens rempliflait quelques pages du même Manufcrit 3) de remarques fur les
obfervations agronomiques. Ce font les Pièces A — G qui fuivent. On y trouve e.a. les brouillons
des Pièces deftinées à l'Académie qui conftituent les §§ 2 — 5 et 8 de la Pièce I qui précède.
A.
P. 94. Si on mené un plan par le foleil la lune et l'oeil, les cornes vifibles de la lune
font dans la ligne perpendiculaire au dit plan.
Suit un paffage biffé qui fait voir que Huygens venait d'avoir une converfation, fans doute avec
un de fes collègues (Auzout?), fur des fujets aftronomiques: Il me femble qu'il a dit que lors
que le plan mené par l'eftoile et les cornes de la lune, vues de l'eftoile, palTe par Paris,
que c'eft au même inftant que l'obfervateur de Paris voit les cornes de la lune avec
l'eftoile en ligne droite. Ce qui n'eft pas vray.
Voyez encore quelques remarques fur la lune dans l'Appendice IV qui fuit.
B.
P. 95. Radij per lineas reclas. In diverforum diaphanorum communi fuperficie fran-
gitur radius (aliqui refleCtuntur) folidi et liquidi. liquidum aer et aqua. magis et minus,
non a denfitate feu pondère pendet, cum oleum majorem faciat refraétionem quam
aqua, etfi fit levius. Primi per angulos, deinde per fmus. Snellij figura confentit cum
') La p. 102 du Manuscrit C porte la date 1666 Sept, et la p. 107 eft datée 2 Nov. 1666.
2) Manuscrit C, p. 92 — 93.
3) P. 94 — 95,98 — 101 et 107 — 109.
44 HUYGENS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. IL
lege finuum. refractiones in perpendiculari etiam ftatuit. malc. quid eum fefellerit.
Modus explorandi refractiones in folidis diaphanis. Alij modi ex fuppofito principio.
Voyez fur les rayons droits et la réfraftion atmofphérique la Pièce V qui précède (p. 3"73* ^n
peut confulter aufïï les p. 2—9 et 155 — 156 du T. XIII et 45- du T. XVII.
C.
P. 95. Non mirum eft inventum telefcopij tôt feculis latuiffe, et cafu demum ac non
rationc repertum fuifle, cum quod principia refractionum vera eruere non parvam
difficultatem habcret, cum quod jam datis difficillimum effet inde deducere quinam
vitreorum fphœiïcas fuperficics habentium ac diverfimodo compofitorum futuri eflent
effectus. Si enim cognita jam telefcopij conftruétione nihîlomînus obfcura adeo fuit
ejus démon ftratio, ut a plurimis tentata necdum perfecta fuerit, hoc enim vere dicere
pofïumus, combien doit on penfer qu'il aie eftè au deflus de l'intelligence des hommes
de concevoir et la forme et l'afTemblage requis de verres qui dévoient augmenter et
comme approcher les objeéts éloignez, ou faire dilcerner d'autres invifibles a raifon de
leur petiteiïe, comme nous voions que font les telefcopes et microfcopes.
Sur l'invention des télescopes etc. on peut confulter le T. XIII. Voyez auiïi la 1. 6 de la p. 664
du T. XVIII.
D.
P. 98. POUR PRENDRE LA HAUTEUR DU POLE.
Obferver la plus grande hauteur du foleil ou de quelque eftoile dont la déclinaison
eft cognue. Si elle eft boréale, oftez la déclinaison delà plus grande hauteur obfervee.
le complément du refte a 90 degr. fera la hauteur du pôle.
Si la declinaifon eft auftrale adjoutez la a la hauteur plus grande, et le complément
de la fomme a 90 degr. fera la hauteur du pôle.
E.
P. 98. TROUVER LA LIGNE MERIDIENE INDEPENDEMMENT.
Ayez un fil perpendiculaire fur un plan nivelle, et du mefme point ou il cil attache
ayez un autre fil mobile que vous tendrez a quelque angle que ce foit jufqucsau plan
nivelle et obferv czpar ces deux fils l'azimuth le plus oriental et après aufli le plus occi-
dental de quelque eftoile qui pafle du coftè boréal du zénith comme il y a pour icy la
plufpart de celles de la grande ourfe, de Cafîiopéc, Cepheus, la petite ourfc; et ces
deux obfervations fe peuvent faire en une mefme nuit en 6 ou 7 heures d'intervalle.
Apres il n'y a qu'a divifer par le milieu l'angle que font ces deux azimuts au point
de la perpendiculaire, et l'on aura la ligne meridiene.
HUYGENS X l'aCADKiMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. II.
45
Dbis.
P. 98. AYANT LA MERIDIENE TROUVER LA HAUTEUR DU POLE.
OBSERVER LA HAUTEUR DU POLE.
Obfervcz la plus grande et la plus petite hauteur d'une eftoile fixe de celles qui
font vers le pôle comme il y en a en l'ourfe et en Cassiopée qui ne defeendent pas
plus bas que 30 degr. et partant lont libres de réfraction fenfible. La moitié de la dif-
férence de ces hauteurs jointe a la moindre donnera la hauteur du pôle. Ces 1 obfer-
vations fe peuvent fouvent faire en 6 femaines d'intervalle.
Confultez la note 29 de la p. 15 de l'Avertiffement qui précède fur la thèfe — provisoirement
admife par Huygens — qu'on peut négliger l'erreur due à la réfraftion atmosphérique pour les
altres dont la hauteur eft Supérieure à 300.
E bis.
P. 99. MANIERE INDEPENDANTE POUR TROUVER LA
LIGNE MERIDIENE.
Par le moyen d'un fil perpendiculaire fur un plan horizontal l'on obfervera et
tracera l'azimut le plus oriental etc.
C'eft le brouillon du § 2 de la Pièce I qui précède (p. 26). Nous ne reproduirons pas le brouillon
en entier puifque le dit § 2 s'accorde prefque mot à mot avec lui.
Il nous femble que la partie E bis eft antérieure à la partie E puifque E bis eft pleine de ratures
ce qui n'eft pas le cas pour E.
P. 100.
F4).
TROUVER LA REFRACTION DU SOLEIL.
Nous répétons ici la Fig. 4 du § 8 de la
Pièce I, avec laquelle celle du préfen t brouil-
lon s'accorde.
Soit HZ le méridien, Z le zenit. P
le Pôle. S le foleil fans refraétion, V
avec refraclion. On prendra l'azimut
du foleil AH (car avec ou fans refrac-
tion ce fera toujours le mefme) et fa
hauteur AV en mefme temps. Et pre-
mièrement feachant l'heure qu'il cil
par le moyen d'une pendule, l'on con-
noiftra par là la declinaifon du foleil,
et fon complément qui eft l'arc PS.
4) Huygens biffa cette partie.
46
HUYGENS X L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. II.
outre lequel on connoit auflî dans le triangle SZP le coftè PZ qui eft le complément
de la hauteur du pôle, et l'angle Z par l'obfervation de l'azimut, donc on calculera
par la le coftè PZ, dont le complément eft SA, et ayant fouftrait SA de VA, la diffé-
rence SV fera pour la réfraction du foleil a cette hauteur-la.
G.
P. ioo. DISTANTIAM LUNJE A TERRA INVENIRE, UNDE
ET PARALLAXIS QUANTITAS COGNOSCTTUR.
À l'Académie, en 1666 ou 1667, on traita de la parallaxe de la lune: voyez le § 7 à la p. 30 qui
précède. Les Regiftres ne difent pas que Huygens ait pris part à la difcuflion, ce qui toutefois peut
fort bien avoir été le cas. Voyez auflî à la p. 566 du T. XV fon calcul de 1665 fur le même fujet.
In eclipfi lunae obfervetur cujus circuli portio fit
[Fig- /] 1 J umbraterra? NP [Fig. 7] cum circiterdimidiamlunam
obtegit.hocautem vel per maculas luna? dignofcetur,
vel varia? magnitudinis circulos intra telefcopium in
foco lentis ocularis vifui obtendendo atque ad vifam
fpeciem timbra? NP applicando [comparez les premières
lignes de la p. 19 qui précède]. Poterit autem et exac-
tius forfan ex cognita pofitione ecliptica? viœque
lunaris et ex mora eclipfis circulus umbra? cognofci
cum motus luna? a foie fatis prope cognitus fit, vel
etiam abfque illo fi diftantia folis a nodo fatis exacte
cognita ponatur. Capta deinde poft vel ante eclipfin,
luna? diameter, facile magnitudo diametri umbra? cum
illa conferetur, adcoque fcietur quo angulo ex terra
nobis fpeétetur, quo dato dico et diftantiam luna? a
terra dari. Sit enim T terra, L luna, conus umbra?
CVD, diameter umbra? in luna? tranfitu AB. Eft ergo
angulus V ad verticem coni a?qualis ei fub quo fol
nobis fpeclatur quia immenfa eft folis diftantia ad
diftantiam luna? comparata vel etiam ad totius coni
CVD longitudinem (vel fi parallaxis folis aliqua
detur 5) ejus duplum, hoc eft dupla parallaxis hori-
P
'2>
5) En 1688 Huygens évalua avec Cassini, d'après les observa-
tion de celui-ci, la parallaxe du soleil („la parallaxe" est dit
couramment, comme on sait, pour désigner „la parallaxe
horizontale") à io"i8'"(voyez la p.4 10 qui suit); plus tôt,
en i659,sansobservationdirecteàenviron 8"cequie(tfort
proche de la vraie valeur; voyez les p. 1 92, 347 (note7) et
378 du T. XV. ou bien la p. 308 quisuit Consultez aussi sur
la vraie valeur la note 7 de la p. 397 du T. XIX.
HUYGENS X L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. AIT. IL 47
zontalis 5) ablata ab angulo (ub quo fol nobis (peclatur dabit angulum coni V). Itaquc
datus elt angulus V, 31' ex. gr. Sed et angulus ATBiubquodiamcter timbra: fpec-
ctatur datus eft. puta 1.25'. Ergo et ratio VL ad LT data erit, cadem proxime ob exi-
litatem angulorum quas anguli ATB ad AVB, hoc cil qua.' 85 ad 31. Sed tota TV
data elt in diametris terne ob angulum V datum 3 1 ' eftquc circiter VT do 1 14 CD.
Ergo fi fiât ut 85 + 31 ad 31, hoc cft ut 1 16 ad 31, ita 1 14 ad aliud nempe 30^,
erit hic numéros diametrorum terrestrium qui continentur recta LT quse eit diitantia
luna: a terra.
F bis.
P. ici. POUR TROUVER COMBIEN LA REFRACTION DE
L'ATMOSPHERE ELEVE LE SOLEIL.
Vide figuram pagina; prœcedentis [Fig. 4].
Pofons en premier lieu que le foleil n'a point de parallaxe fenfible, comme l'on l'a
allez reconnu par l'expérience Etc. C'efl: le brouillon de la première partie du § 8 de
la p. 31 qui précède.
F ter.
P. loi.
Pour trouver la meime chofe fans l'aide d'une horloge a pendule . . . Etc. C'eft le
brouillon de la deuxième partie du § 8. Huygens ajoute: Mais la première manière efr. meil-
leure et plus facile.
H.
P. 107. MANIERE POUR TROUUER LES LIEUX DES ESTOILES
FIXES PAR LE MOYEN D'UNE HORLOGE A PENDULE ET DES
FILETS, COMME AUSSI LEUR REFRACTION.
2 Nov. 1 666.
Premièrement pour trouuer les différences des Afceniions droites l'on n'aura qu'a
fufpendre deux filets avec des poids en bas Etc. C'efl: le brouillon du § 5 de la p. 28
qui précède. Nous avons obfervé à la p. 28 que le § 5 femble être antérieur en date au § 4, et en
effet dans le Manufcrit C le brouillon du § 5 précède celui du § 4.
^e »§ 5"» nous l'avons dit dans l'Avertiffement, correfpond au „§ 5" latin de la p. 529 du T.
XV. Le brouillon H correfpond prefque mot à mot avec la Pièce lue à l'Académie.
APPENDICE III
À HUYGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE.
[i<56<5]0
A. Trouver la distance de la terre a la lune, par le diamètre apparent
DE LA LUNE OBSERVE A DEUX DIFFERENTES HEURES EN UN MESME JOUR OU NUICT
ET SA HAUTEUR PRISE EN MESME TEMPS.
L'on fuppofe que l'obfervation du diamètre apparent fe faiïe avec une très grande
exactitude par le moyen des filets tendus dans une lunette d'approche, au foier du verre
oculaire; et d'autant qu'il y aura plus de différence de hauteur de la lune aux i ob-
HUYGENS X L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. III. 49
(ervations d'autant plus précis fera le calcul. Et le mieux eft de les faire alors que la
lune ell près de ion apogée ou périgée a caufe que fa diftance ne varie pas fenfîble-
ment alors entre la première et dernière obfervation.
Soit D [Fig. 8] le centre de la lune, A le centre de la terre, joints par la droite AD,
et qu'un plan mené par ces 2 centres couppe la terre et farte le cercle EFG.
Or il faut (bavoir, que puis qu'on fuppofe qu'aux deux obfervations la diftance de
la lune au centre de la terre eft la mefme, que la grandeur du diamètre apparent de la
lune dépend uniquement de l'angle de fa hauteur fur l'horizon, en forte que cet angle
citant plus petit, le diamètre apparent fera plus petit aufll, a caufe que la diftance fera
plus grande entre la lune et l'obfervateur.
Soit maintenant le premier lieu de l'obfervateur en E d'où la lune D aie paru
élevée fur l'horizon de l'angle DES de 1 2 degr. et fon diamètre apparent de 30'. 27".
Et que quelques heures après, le mefme obfervateur, mais tranfportè par le mouve-
ment journalier de la terre en V, aie obfervè la hauteur de la lune de 56 degr. et fon
diamètre apparent de 30'.^". Il efl: certain que fi au temps de la première obfervation
en E un autre obfervateur fe fut trouve a un point du cercle EFG, prenons que ce
foit en F, ou la lune D luy euit paru élevée fur l'horizon de 56 degr. il eft certain,
dis je, qu'il y auroit veu fon diamètre apparent de 30'. 44". parce que comme j'ay dit,
ce diamètre dépend uniquement de la hauteur plus ou moins grande de la lune fur
l'horizon, en forte que de quelque lieu qu'on l'obferve haute de 56 degr. fon diamètre
y paroiitra de 30'. 44". Pour trouver donc la diftance DA, nous fuppofons que au
mefme temps qu'on a obfervè la lune du point E ou elle eftoit haute de 1 2 degr. et
fon diamètre apparent de 3o'.27", un autre obfervateur l'a obfervée du point F, ou
elle avoit la hauteur de 56 degr. et d'où nous feavons certainement que fon diamètre
devoit paroiftrede 3044", et ces fuppofitions faites, je trouve la règle fuivante pour
calculer la diltance AD.
Régula.
Sit data, ex diametrorum ratione, major diftantia lunœ ED ad minorem FD quas
1 00000 ad 99078. Fiat ut DE ad DF ita fînus altitudinis majoris DFT ad aliam,
à qua auferatur finus altitudinis minoris DES. Et ut refiduum ad differentiam diitan-
tiarum ED, FD, ita erit earum fumma dimidia ad femidiametrum Terra?, in partibus
qualium diftantia major pofîta fuit 1 00000. Mine vero et diftantia DA data erit,
quippe qua? fit hypotenufa trianguli reclanguli AOD, cujus latus unum DO eft finus
compl. minoris altitudinis obfervata?, alterum vero OA finus ipfe ejus altitudinis
junctus terra? femidiametro EA.
') Manuscrit C, p. 124 — 126. Les p. 1 10 et 128 du Manuscrit C portent respectivement les dates
du 2 qov, et du 31 déc. 1666.
7
5°
IIUVGENS X L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. III.
Dcmonitratio Regiilce prœcedentis.
Producantur AF, AE, Tint ijs perpendicularcs DN, DO. Et in refta FN fumatur
FR œqualis EO [Fig. 8].
Quadr. AD asquatur quadratis AF, FD et duplo \Z3° AFN. At idem qu.AD
œquatur qu.is AE, ED, et duplo {ZD° AEO. Ergo qu.a AF, FD, cum duplo | |
AFN, œqualia qu.is AE, ED cum duplo CZ]° AEO. Et ablatis utrinque qu.is a?qu-
alibus AF, AE, erit qu. FD cum duplo reftang. AFN squale qu° ED cum duplo
[ 1 AEO. Unde ii ruiTus sequalia conferantur, hinc nimirum dupl. | 1 AEO, inde
dupl. | [ AFR; Rclinquetur qu. ED squale qu. FD cum duplo | 1 AF, RN. Itaquc
qu. ED fuperat qu. FD hoc duplo \ZU AF, RN. Eft autem idem exceffus qu'. ED
fupra qu. FD œqualis reefangulo ex fumma et differentia duarum ED, FD. Ergo et
I I ex AF, RN œquabitur | |° ex differentia duarum ED, FD. Ideoque erit ut RN
ad differentiam duarum ED, FD, ita carum fumma ad duplam AF. Quia vero datur,
ex diametrorum obfervatione, ratio ED ad FD; Sequitur, (i ponatur ED partium
i ooooo, etiam FD in talibus partibus datam elle, adeoque et fummam utriufque et
differentiam. Scd et recf am NR qua.1 eft differentia duarum NF, OE datam effe in fimi-
libus partibus fie oftendetur. Etenim quia anguli altitudinis luns fupra horizontem
in utraque obfervatione dati funt DES, DF1\ et angulo quidem DES œqualis eft
HUYGENS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. 111. « I
angulus EDO in criangulo reétangulo EOD. patet polka El) parthim iooooo ficri
EO finum anguli EDO feu DES, idcoque datam efle. Caeterum et WD cum data fit,
et data item ratio ejus ad FN, nempe ca qux efl radij ad fin uni anguli dati FDN ipfi
DFT œqualis; patet et FN datam fore, invenirique ipfam faciendo ut ficut radius ad
lîmini FDN ita FD ad aliam. Itaque auferendo datam EO five ipfi œqualem FR ab
FN data, etiam rcliqua RN dabitur. Et faciendo itaque ut RN ad diflerentiam duarum
ED, FD ita earum iumma ad aliam, ea erit dupla AF; quse itaque dabitur in partibus
qualium ED erat i ooooo.
7?;). Trouver la diflance de la Lune au Centre de la Terre par deux Obfervations
de fon diamètre apparent, et fes hauteurs fur l'horizon, prifes en mefmes temps.
Suppofè que la diflance entre la Lune et le centre de la terre foit la mefme
aux deux Obfervations.
Règle.
Les diilances de la Lune à l'obfervateur eflant en raifon contraire des diamètres
obfervez, L'on fera comme la plus grande diflance (que l'on fuppofera égale au
Rayon, par exemple de 1 ooooo parties) efl à la moindre diflance, ainfi le finus de la
plus grande hauteur de la Lune à une quatrième; de la quelle on oflera le finus de la
moindre hauteur de la Lune; et comme le refle efl a la différence des deux diflances,
ainfi fera leur fomme au diamètre de la Terre. En fuite de quoy l'on connoillra aufli
la diflance requife de la Lune au centre de la Terre; car ce fera l'hypotenufe d'un
triangle reélangle, dont l'un coflè efl le finus du complément de la moindre hauteur
obfervee, et l'autre compofè du finus mefme de cette hauteur, et du demidiametre de
la Terre.
Si la hauteur eflant de 1 2 degr. le diamètre de la Lune efl de 30'. 0.7".
Et la hauteur eflant de 56 degr. le diamètre efl de 30'. 44".
L'on trouvera par cette méthode que la diflance de la Lune au centre de la Terre
efl environ de 33 diamètres de la Terre.
C>). De 60 pieds ouverture de 6 p. 8 1. 240 fois.
qui fait 60 . . ouverture de 4 200 fois, avec un oculaire de 3f pouce
2) La partie B de cet Appendice est empruntée à la p. 253 du Manuscrit E. La p. 254 porte la
date du 24 novembre 1680, mais comme il s'agit dans le cas de la p. 253 d'une feuille collée
dans le Manuscrit, sa date eft incertaine. Elle nous semble être de 1666 bien plutôt que de 1680
puisque la règle, ainsi que les données numériques, sont absolument les mêmes que celles de la
partie A qui précède.
■"•) La partie C est empruntée à la p. 257 du Manuscrit E. Il s'agit ici aussi (comparez la note 2)
d'une feuille collée dans le Manuscrit. La date étant donc incertaine, nous avons cru pouvoir
la reproduire ici.
52 HCYGENS X L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. III.
fait voir le diamètre de la lune de ioo dcgr. puifqu'elle eft d'un | degr. C'eft a dire
500 lieues d'Allemagne fous l'angle de 1 00 degr. ou 5 lieues fous 1 degr. ou 1 lieue
fous 12 min.
1 degré eft la Jf partie de (a diftance de l'oeil, donc a la diftance de 57 pouces c'eft
près de 5 pieds l'on verra un rond d'un pouce de diamètre de mefme qu'une tache
de la lune qui a 5 lieues de diamètre.
Et 2| lignes, a cette mefme diftance de 5 pieds, comme une chofe dans la lune de
l'eftendue de 1 lieue. Et une chose de \ lieue, comme feroit la ville de Paris, comme
1 i lignes à la diftance de 5 pieds.
Comparez avec la prûfente Pièce C la p. 351 du T. VII (lettre de Huygens à Colbert du 9
août 1673).
APPENDICE IV
À HUYGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE.
[Itf74]
La préfente page du Manufcrit E ') fait bien voir, comme nous l'avons dit à la p. 14 qui pré-
cède, que lors de leur commun féjour à Paris, Huygens et Roemer converfaient fur des fujets
d'aftronomie. Comme nos notes le font voir, Huygens n'a pas pris la peine de bien rédiger cette
Pièce.
P. 7. Rômer. Suppofico [Fig. 9] angulo in (oie ACB (à circulis per verticem et
per polum) altitudinis variatio eil ad tempus (tempus fcilicet quo arcus variationis
altitudinis mergitur infra parallelum horizontis per folem tranfeuntem) ut AB ad
') Manuscrit E, p. 7. La p. 26 porte la date du 19 décembre 1674.
54 HUYGENS À L ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. AIT. IV.
AC. Declinarionis variatio eft ad tcmpus (tempus quo arcus variationis declinationis
mcrgitur infra cundcm horizontis parallelum per folem tranfeuntem) ut BA ad BC ;).
HPVO mcridianus. V vertex, P polus. PCV angulus in foie [c'eft l'angle qui plus haut
s'appelait ACB]. QR asquator. DA parall. a?qu. HO horizon. DC parall. horiz.
AC variatio altitudinis 3).
GF arcus cequatoris feu tempus quo pun&um A ferius attinget parallelum horiz.
CD quam punctiim C.
BC variatio declinationis 4).
EF tempus quo punftum B ferius attinget parall. horiz. DC quam punémm C 5).
Ergo variatio altitudinis AC ad tempus GF non eft ut AC ad AD hoc eft ut BA
ad AC, nifi cum arcus AD non differt a GF, hoc eft, cum fol eft in jequatore.
Itemque variatio declinationis BC 4) ad tempus FE non eft ut BC ad BD, h.e. ut
BA ad BC nifi cum arcus BD non differt ab EF, hoc eft cum fol eft in œquatore.
Sole autem non in axmatorc pofito, erit ratio AC ad GF compofita ex AC ad AD,
feu B A ad AC, et ex D A ad FG, hoc eft et ex ea quam habet (mus arcus P A ad finum
totum 6).
:) Ici le soleil est donc supposé se trouver au point C. Quant à la „variatio" de sa hauteur, elle
résulte apparemment d'un déplacement fictif du soleil, indépendant du mouvement diurne,
avec une vitesse constante v de C en A, en un temps CA. Si AD désigne le temps dans lequel
le point A est transféré en D par suite du mouvement diurne, la vitesse nommée v étant sup-
posée égale a la vitesse linéaire de ce dernier mouvement du point A, on a:
altitudinis variatio CA (temps) : temps AD (ou plus brièvement CA : AD) = AB : AC,
puisque dans le petit triangle rectangle DCA CB est la perpendiculaire sur l'hypoténuse. On
aura de même, en supposant cette fois que la vitesse du mouvement CA soît telle que la com-
posante CB de ce mouvement ait la vitesse v susdite (ou bien que le soleil se déplace de C en B
avec cette vitesse i>):
declinationis variatio CB (temps) : temps BD (ou plus brièvement CB : BD) = AB:CB
(même triangle),
("est dire qu'il est bien plus simple de ne considérer que les relations géométriques CA : AD =
AB : AC et CB : BD = AB : CB sans parler de temps ni de vitesses.
3) TAI (voyez la suite du texte) représente l'écliptique dont un point déterminé vient en I (point
de la circonférence de cercle CD parallèle à l'horizon) après un certain temps. Le soleil qui au
commencement de ce temps, p.c. à midi, se trouvait par hypothèse au point considéré de l'éclip-
tique ne vient cependant pas en I en ce temps, mais seulement en A par suite de son mouve-
ment propre dans l'écliptique. L'arc IA est considéré comme une „variatio" dans la position
du soleil à laquelle correspondent la „variatio altitudinis" CA (ou AC) et la „variatio declina-
tionis" I 0 (ou 6 l)5 o étant le pied de la normale abaissée de I sur AD.
Il est évident qu'il n'est plus question désormais d'un „angulus in sole ACB", c.a.d. d'un
soleil se trouvant au point C.
4) Comme la suite du texte le fait voir la véritable „variatio declinationis" n'est cependant pas
CB ou BC (note 2) mais I 0 ou 0 I (comparez la note 3).
s) Nous avons corrigé „punctum B" en „punctum C".
HUYGKNS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. IV. 55
Et ratio BC ad FE, componetur ex ratione BC ad BD feu AB ad BC et ex BD ad
FE, quœ e\\ ea rurfus quae (émis arcus PA ad lînum totum.
Dum punctiim eclipticœ T à meridiano venit in I, fol feciflfe putetur arcum IA.
tune enim variatio altitudinis erit CA. variatio declinationis erit ÏH 3) +).
Habentur dus folis altitudines squales ante et port meridiem, et tempora utriufque
obfervationis notata horologio quod ad mediam dierum menfuram temperatum eft.
Quaeritur quam horam indicante horologio fol fuerit in meridiano. Datur declinatio
folis et poli altitudo prêter altitudines folis obfervatas: Item variatio altitudinis folis
in dato exiguo tempore, puta i '. Hinc angulus in foie, et reliqua abfque calculo trian-
gulorum fecundum methodum Romeri.
Les considérations qui précèdent n'étant pas fuflifamment explicites, il ne nous eft paspoffible
d'indiquer quelle était précifément la„methodus Roemeri" fervant à réfoudre le problème propofé.
En 1668 Huygens avait déjà réfolu le même problème en fe fervant du „calculustriangulorum":
voyez, à la p. 369 du T. XVIII, la Pièce intitulée :„Adinveniendaslongitudines in mari, ex duabus
a?qualibus folis altitudinibus et hora pendulorum" qui conftitue notre Appendice I à la Pars Prima
de r„Horologium ofcillatorium." Cette Pièce eft parfaitement claire. La note 2 que nous y avons
ajoutée fait voir que là aulli Huygens parle d'un foleil fe trouvant en un certain point 1 de la Fig.
1 19 où le foleil ne fe trouve pas en réalité: ce point 1 nous femble analogue au point C de la pré-
fente Fig. 9 où le foleil eft dit fe trouver (voyez la note 3 de la p. 54) fans qu'il en foit ainfi.
6) Rapport que nous désignons aujourd'hui simplement par sin PA.
APPENDICE V
À HUYGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE.
[1680] 0
[Fig. 10] Le poids X eft attaché à un
anneau qui peut tourner fur le
tuyau de la lunette. En premier
lieu ce poids tiendra la lunette
pendue comme dans la fig. 1
[Fig. 10]. Puis on tournera fon
anneau d'un demi tour; et il ren-
verfera la lunette et la tiendra
fufpendue comme dans la fig. a
[Fig. 10 bis] les filets tenants
tousjours aux mefmes points de
la lunette.
Il faut voir fi le filet D n'em-
pefchera pas l'oeil. Je crois que
non, par ce que la prunelle en eft
fort proche. Autrement il faut
mettre un anneau au fil. Le poids
X peut tremper dans de l'huile
ou lïjrop.
Les deux filets et la ligne qui joint les filets demeurent dans la mefmcpofture après
et devant le mouvement de la lunette par le contrepoids, et fi le rayon vifuel de la
lunette eft parallèle a la ligne qui joint les filets, elle vifcratoul jours au mefme objeét,
[Fig. 1 o bis]
') L'Appendice V, dont le texte a déjà été cité en partie à la p. 14 qui précède, est emprunté aux
p. 34 — 37 du Manuscrit F. La p. 39 eft datée l 6 Nov. I 680 Parilijs. La partie supérieure
de la f. 33 — 34 manque par suite d'une lacération, de sorte que le début du texte de la p. 34
nous fait défaut.
HUYGENS A L ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. V.
57;
mais li elle eft inclinée a cette ligne de jonction la lunette changera d'objcct, en la ren-
verfant ou a demy feulement.
La mauvaife centration eft comprife dans cette vérification. Si le rayon vifuel AB
n'eft pas parallèle a la ligne CD, il tournera dans une furface conique qui aura la ligne
CD pour axe. Et puifque CD demeure immobile ce rayon vifuel changera d'objcct
en tournant la lunette. Et en la renverfant tout a fait ce rayon vifuel fera autant
incliné d'un code fur le plan azimuthal des filets, qu'il l'cftoit auparavant de l'autre.
Lunette d'approche avec un fil perpendiculaire au foier, lequel Je rencontre
toujours parfaitement au cercle méridien.
Pour obferver les différences des afeenfions droites des eftoiles fixes, entre elles
et d'avec celle des planètes et du foleil. AB [Fig. 1 1] lunette a deux verres convexes,
avec un fil au foier commun en C. Ce fil eft dans le plan vertical. La lunette eft fus-
[Fig. n]
pendue par les deux filets AD, BE, dont les bouts d'enhaut font attachez a deux pe-
tites avances de leton, fcellees dans un mur qui foit difposè nord et zud, comme les
collez des feneftres méridionales et feptentrionales de l'obfervatoire.
8
:8
HUYGENS X L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. V.
[Fig. 12]
En A et B il y a deux morceaux de leçon, arrêtiez fur la lunette et fendus, dans
lefqucls tienent les filets, preflez par une vis. Les dits filets font ferrez aux bouts D,
E dans des fentes verticales, par une vis. Mais du coftè E cette pièce qui tient le filet
pourra s'avancer et reculer fur l'avance fixe.
Aux deux bouts de la lunette AB on fuspendra des poids qui trempent dans de
l'huile comme en mon niveau. Ou bien un poids X au milieu. [Cette dernière phrafe a
cté ajoutée plus tard. Il en eft de même du poids X et du trépied correfpondant dans la Fig. 1 1. En
même temps Huygens biffa dans la figure les poids fufpendus en A et B et leurs trépieds; nous les
avons donc omis.]
Par le moyen d'une lunette KL [Fig. 1 2] pendue a un fimple filet, et mobile fur
le pivot M, qui la joint a la pièce perpendiculaire MN,
l'on obfervera deux égales hauteurs d'une mefme eftoile
fixe, vers l'orient et vers le couchant ce qui fe verra exacte-
ment par le moyen du filet horizontal au foier des verres.
L'on marquera a la pendule le temps entre les deux obfcr-
vations. Le lendemain ou après on obfervera derechef la
mefme hauteur orientale de la mefme eftoile et l'on remar-
quera l'heure de cette obfervation et l'on ajuftera la lunette
AB en forte que l'eftoile fe rencontre devant elle a fon filet
juftement lors que la moitié du temps entre les obferva-
tions du jour d'auparavant foit pafiee depuis la dernière
obfervation. Alors on eft afTurè que cette eftoile eft au
méridien.
Mais il eft encore incertain fi le fil de la lunette AB,lors
qu'on luy hauflera et baillera le bout B, fuit exactement le
cercle méridien. Car il fe peut faire que le rayon vifuel de
la lunette foit incliné fur le plan azimuthal commun des deux filets qui la tienent fus-
pendue, et alors le fil de la lunette ne fuivra point le cercle azimuthal des filets mais
un moindre cercle parallèle a cet azimuthal [Fig. 13].
Ce moindre cercle en ce cas, partant par l'eftoille qui eft L *£' 1 3-1 j\
precifement dans le méridien, il s'enfuit qu'il coupe le
méridien. Mais ce devoit eftre le méridien mefme.
L'on connoiftra fi la vifuelle de la lunette, hauffee ou
bailTée, demeure dans un mefme azimut, par le renver-
fement de la lunette, dont l'invention fe void aux deux
pages précédentes.
En marge: La mefme lunette pourra fervir et pour
prendre les égales hauteurs d'eftoile, eftant fuspendue
par un fil; et dans le cercle méridien eftant fufpenduc
par les deux bouts. Pour le premier ufage on attachera
la lunette dans la pièce MN [Fig. 1 2] comme une balance mais moins libre.
HUYGENS X i/ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. APP. V. 59
La rédaction de cette Pièce eft poftérieure d'un an environ à celles fur le niveau de Iïuygens,
publiées en janvier et février 1680 dans le Journal des Sçavans; voyez la fuite du préfent Tome.
Il y a évidemment une certaine connexion entre les deux fujets. Et aufli entre les inftruments de
Huygens et V „amphioptra five tubus reciprocus" de 1675 de Roemer, déjà mentionné plus haut
(note 17 de la p. 11) et dont on trouve une defcription dans la „Bafis aftronomia?" de Horrebow.
Nous ignorons fi les initruments dont traite la préfente Pièce ont réellement été confiants.
OPPOSITION DE HUYGENS CONTRE
UNE THÈSE DÉFENDUE PAR LE FILS
DE COLBERT AU COLLÈGE DE
CLERMONT À PARIS1).
') D'après le Journal d'Olivier Lefèvre d'Ormesson le jeune Colbert défendit ses thèses le 1 1 et
le 12 août 1668. Le premier jour il „soustint des thèses en philosophie desdiées au roy". „Le
lendemain il y eut un second acte de mathématiques". „La cour y estoit en sy grande foule que
l'on ne pouvoit se retourner dans la place . . . Jamais il ne put y avoir une plus grande assemblée
de personnes de toutes conditions". D'Ormesson donne les noms de plusieurs personnes qui
prirent la parole le premier jour. Il n'était pas encore connu que Huygens a pris part au
„second acte". Le Journal en question a été publié par M. Chéruel dans la Première Série
(Histoire Politique) de la „Collection de documents inédits sur l'histoire de France publ. par
les soins du ministre de l'instruction publique". Nous citons le T. 11 (1661 — 1672) de la pu-
blication de M. Chéruel (Paris, Imprim. Imp. MDCCCLXI). Chéruel dit à tort dans une
note qu'il s'agit du second fils de Colbert, Jacques Nicolas (né en 1654, plus tard archevêque
de Rouen).
La défense des thèses par le jeune marquis de Seignelay est aussi mentionnée par le marquis
de Saint-Maurice dans ses „Lettres sur la Cour de Louis XIV", éd. J. Lemoine, Paris, Cal-
mann-Levy, 19 10. D'après Lemoine cette défense eut lieu, non pas le 1 1 et le 12, mais le 29
et le 30 août. En effet, le marquis écrit dans sa lettre LXVI du 24 août 1668 au duc de Savoie,
Charles Emmanuel II: „Hier [Colbert] me visita . . il me vint présenter son fils qui m'apporta
des thèses de philosophie qu'il doit soutenir dans le collège de Clermont". Et dans sa lettre du
31 août suivant au même: „Revenant aux thèses du fils de M. de Colbert que l'on nomme le
marquis de Seignelay, il y eut encore plus de confusion qu'à Versailles. Jamais il n'y avait eu
un si grand concours de personnes de qualité en pareille occasion . ." D'après la Gazette de
France (1668, p. 914) citée par Lemoine, le jeune Colbert défendit le premier jour ses thèses
„avec tant de vivacité, de netteté et de vigueur qu'il étonna toute l'assemblée. . le jour suivant
il ne surprit pas moins agréablement tout ce beau monde par le succès qu'il eut encore dans les
choses les plus difficiles des mathématiques".
Néanmoins le marquis de Saint-Maurice croit devoir écrire dans sa lettre CXLII du 2 Sept.
1672 au duc de Savoie: „ . . le marquis de Seignelay . . fils [de Colbert] ne fera jamais grande
figure; il n'y a pas de génie si faible à la Cour et dans les conversations à l'armée, on a remarqué
qu'il ne savait ce qu'il disait et qu'il sait peu".
CONTRA THESIN 9. D1. DE SEIGNELAY IN COLLEGIO
CLARAMONTANO POSTREMUM DISPUTANTIS.
[Août 1668]
Aug. [1668] ')•
Illa hypothefis quae ne quidcm inter hypothefes numerari meretur maie caneris
hypothefibus terrain circumagentibus tolerabilior dicitur.
Hypothefis Cefalpini ne quidem inter hypothefes numerari meretur. Ergo &c.
Vers la fin de la Quœftio 4 („Planetas in Circulis non in fphreris moueri") du Liber Tertiusde fes
„Oua.-fHones Peripateticœ" de 1593 (Venetiis, apud Iuntas) Andréas Cxfalpinus (le célèbre bota-
nifte) émet l'hypothèfe que la terre, laquelle eft cenfée fe trouver au centre de l'univers, poifède
un mouvement de rotation fort lent; elle ferait entraînée tant (bit peu par le mouvement diurne
du ciel, et cela un peu obliquement (ce qui explique „foIem non ferri femper fuper eafdem partes
terne: ideo non femper funt eœdem terra; zona;, fed qua; nunc torrida eft, aliquando erit frigida, &
è converfo"). Or, „iudicandum eft huiufmodi motum terra; eius gratia innMtutum elfe, ut coelum,
vnde omnis virtus defcendit, fecundum alios atque alios afpeclus refpiciat". Il penfe que ce mou-
vement, imaginé par lui, de la terre explique aufli la préccffion des équinoxes que les géocentriftes
attribuent généralement à un mouvement de la „lpha;ra otlava"; „cum enim terra in occafum fe-
ratur, videtur oétaua fphœra in ortum mutari etc.". C'elt apparemment cette hypothèfe-ci qui fut
défendue au collège de Clermont, avec d'autres thèfes, par le jeune Colbert, et c'eft pour fe
conformer au ftyle du collège, où les jeunes gens apprenaient à ergoter, que Huygens dans la pré-
fente Pièce procède par major, minor et conclujîu 2). „Les Univerfités", dit Tannery „après avoir
longtemps préfidé au mouvement intellectuel, en avaient perdu la direction, et quand elles n'y
créaient pas des obftacles par leur aveugle attachement aux traditions furannées de la fcolaftique,
elles étaient au moins incapables de fe transformer pour fe plier aux befoins des temps nouveaux" 3).
Ce jugement, appliqué au collège de Clermont, nous femble en vérité trop févère: n'oublions pas
') La Pièce eft empruntée aux p. 16 — 18 du Manuscrit D. Le jeune marquis de Seignelay dont il
s'agit est Jean Baptiste Colbert, né en 1651, fils homonyme du grand Colbert. On trouvera
son nom aussi dans notre T. VII. Il est surtout connu comme ministre de la marine par le
bombardement de Gênes qui eut lieu d'après ses ordres et en sa présence en 1684 („Histoire
des Français" par J. C. L. Simonde de Sismondi, Paris, 1841, T. XXV, p. 465 — 471).
2) Voyez un peu plus loin la note ajoutée par Huygens en marge: „Hic dixerunt . . . etc." qui
prouve qu'il a pris la parole en cette occasion.
3) P. Tannery „Les Sciences en Europe 1648 — 17 15", dans le T. XIV de 1 „Histoire générale du
IVe siècle à nos jours" (dir. E. Lavisse et A. Rambaud, 1924).
6.\ OPPOSITION DE HUVGRNS CONTRE UNE THÈSE DÉFENDUE PAR LE FIES ETC.
que le Père Pardies 4), bien connu à Huygens, y a enfeigné vers la fin de fa vie 5), lequel était un
homme de grande valeur"5). Notons en particulier que Pardies s'exprime de telle manière fur le
mouvement de rotation (diurne p.e.) de la fphère ou des fpbéres céleftes qu'on peut douter s'il
croyait fermement à l'exiftence objective de ces mouvements ").
Probo minorem. Ma hypothefis qua? peccat contra iplks rationes mathematicas,
non débet numerari inter hypothefes. Atqui Ccfalpini hypothelis peccat contra ipfas
rationes mathematicas. Ergo &c.
Probo majorem. Non enim eft hypothefis fed paralogifmus. Hypothefis autcmtalis
elle débet ut faltem phaenomena cujus [lisez quorum] gratia fuppofita eft ex ea fequi
poffint.
Probo minorem. Illa hypothefis peccat contra rationes mathematicas exquahypo-
thefi eos motus quorum gratia poiîta eft fequi non poffe mathematicis rationibus
evincitur.
Atqui ex Cefalpini hypothefi, motum pra?cefiionis œquinocliorum cujus gratia in-
ftituta eft, fequi non poffe, mathematicis rationibus evincitur. Ergo Cefalpini hypo-
thefis peccat contra rationes mathematicas.
Probo minorem, et primo ha?c pono fundamenta. Puncta a?quinocl:ialia effe inter-
fectiones Aequatoris et Ecliptica?. Pra?ceffionem œquinoctiorum effe tranfiationem
illam lentifllmam punclorum a?quinoc~tialium ad alia atque alia inter fixas loca, five hoc
motu fixarum five alia quacumque ratione efficiatur.
}am fie argumentor.
Si ob motum a Ccfalpino terras attributum nec a?quator nec ecliptica inter fixas
fitum mutant, fequitur nec interfecliones a?quatoris et ecliptica? fitum inter fixas mu-
tare pofle. Atqui ob motum &c.
Probo minorem. Si in hypothefi Cefalpini non axmatoris coeleftis pofitus inter fixas,
multoque minus pofitus ecliptica? pendent a pofitu telluris; ergo ob motum quem
telluri tribuit nec a?quator nec ecliptica fitum mutare poterunt. Atqui in hypothefi
Cefalpini a?quatoris coeleftis pofitus multoque minus ecliptica? pendent a pofitu tel-
luris. Ergo &c.
En marge: hic dixerunt eclipticam coeleftem quidem fitum non mutare, fed eclip-
ticam terreftrem. quod abfurdiffimum eft cum nulla fit ecliptica terreftris, nec fi effet
ejus interfectio cum a?quatorc sequinoctialia punfta in coelo conftituere poffet.
4) Mort en 1673.
s) Nous l'avons dit aussi à la p. 487 du T. XVIII. Mais il semble bien que Pardies n'était pas
encore attaché au collège de Clermont en 1668.
«) Voyez e.a. les T. XVIII et XIX.
7) Nous avons cité à la p. 227 du T. XVI sa remarque, tirée de la Préface de la „Statique" qui est
une suite du „Discours du mouvement local": „[La Mécanique] affermit inibranlablement
la terre sous nos pieds" ; „e\'st elle qui donne le branle à tous les Cieux".
CONTRA THESIN 0. D'. DE SEIGNELAY IN COLLEGIO CLARAMONTANO ETC. 65
In Copcrnicana hypothefi a?quatoris polkus pendct a pofitu terra;, cuni fitcirculus
is quem œquatoris terreitris planum ad fixas produétum efficit.
Non poteft ratio reddi prœceflionis sequinoftiorum nifi ponatur fixas in confequen-
tia ferri fuper axe ecliptica;, et tune axis converfionis fphsera; fixarum aliter atque aliter
ad eundem axem immobilem aptari ponitur; vel ut poli converfionis fixarum inter
ipfas alia atque alia puncla occupent in circulo circa polum ecliptica; procedendo in
praxedentia. Dico in his hypothefibus. Sed in Copernicana vel Semicopernicana axi
telluris motus circa polos ecliptica; tributus prscefllones falvat optime.
Probo quod in hypothefi in qua terra motu diurno non convertitur pofitus Aequa-
toris non pendet a pofitu terra;.
Aequator in illa hypothefi eft circulus in coelo maximus cujus poli funt ijdem qui
converfionis fpha;ra; fixarum. Si itaque poli converfionis fphasra; fixarum non pendent
a pofitu terra?, ergo nec sequator pendebit a pofitu terra;. Atqui poli converfionis &c.
Ergo.
Probo minorem. Si poli converfionis fphœra; fixarum penderent a pofitu terra; di-
cendum effet motum illorum polorum motui terra; obnoxium effe ita ut hoc pofito
ille fequeretur. Atqui abfurdum pofterius ergo et prius. Vel fi motum polorum con-
verfionis fixarum dicitis fequi ad motum telluris, jam concedatis oportet non ex folo
motu terra; a Cefalpino conftituto fequi motum punclorum a;quinodialium, fed prse-
terea etiam polos converfionis fixarum inter fixas transferri debere in circulis circa
polos ecliptica?. Et tune multo tolerabilior erit hypothefis eorum qui tantum fpha;ra;
fixarum motum tardiflimum circa polos ecliptica; in confequentia tribuunt.
HUYGENS A L'ACADEMIE ROYALE DES
SCIENCES, MEMOIRE POUR CEUX
QUI VOIAGENT.
MEMOIRE POUR CEUX QUI VOIAGENT.
[Août ou Septembre 1668] 0
Prendre dans toutes les villes la hauteur du pôle, ce qui fe fait en prenant les lignes
de la hauteur du foleil a midy, par le moien d'un aftrolabc, anneau gradue ou arba-
lcfte, et en fe fervant de la table des declinaifons du foleil.
Que fi l'on n'a pas ces tables de declinaifon ou qu'on n'en entende pas l'ufage, on
ne laiflera pas de tenir mémoire de la hauteur meridiene du foleil qu'on a prife et a
quel jour, parce que tousjours par après l'on en pourra déduire la hauteur du pôle.
Marquer les diltances itinéraires d'un lieu a un autre et les rums -) de vent.
S'enquérir s'il y a des cartes géographiques du pais, et en apporter.
Faire des defleins des ruines des baftimens anciens et des vues remarquables.
S'enquérir fi l'on y a quelque connoiflance de la Géométrie et des auteurs comme
Euclide, Apollonius &c. duquel 3) peut eftre on trouvera en Arabe le 8e livre qui nous
manque. Item de l'Aftronomie, et fi on y prédit les Eclipfes.
De quelle manière on pratique l'arithmétique et quelles font les marques deschifres.
Quelles machines y font en ufage différentes des noftres pour Moulins. Voitures.
Batteaux. Elévation de grands fardeaux &c. Et en faire les figures.
Quelle eft la forme des maifons. Embellifîement des jardins.
Quels meubles il y a dedans, quelles ferrures et clefs.
Figures d'inftrumens de mufique. Et apporter s'il fe peut des airs notez.
Figures d'animaux que nous n'avons pas, beftes, oifeaux, infectes. Du Tigre d'Afie.
Des grandes chauvefouris &c.
Manière d'emploier l'acier de Perfe et de le tremper.
Teinture des Eftoffes.
Il faudrait donner a M. de l'Aifnè 4) un de nos aftrolabes et la Table des declinaifons.
Apporter des grains des herbes rares.
Voyez p.e. ce que dit Huygens en 1670 (T. VII, p. 45) fur tout ce qui fut raconté et rapporté
par un certain de Monceaux après un voyage au Levant.
') La Pièce est empruntée à la p. 31 du Manuscrit D. Les p. 9 et 37 portent respectivement les
dates du 16 août et du 21 septembre 1668.
:) Ou rumbs.
3) C. à. d. d'Apollonius.
4) ? Dans le manuscrit le mot „de" est peut-être biffé. Le mot „Aisnè" y est suivi de trois points.
HUYGENS A L'ACADEMIE ROYALE
DES SCIENCES, LE NIVEAU.
Avertiffement.
Les travaux de nivellement des membres de l'Académie Royale des Sciences fe
rattachent tout naturellement à ceux exécutés à l'Obfervatoire. Sans doute, à l'Aca-
démie l'aftronomie n'était pas pratiquée uniquement à un point de vue utilitaire.
Cependant les avantages que la navigation pourrait recueillir de la perfection des
méthodes et des inftruments, même fans que les favants fe miflent confeiemment au
fervice des gens de mer, étaient évidents pour les conducteurs de l'état français comme
ils l'ont toujours été pour tout gouvernement éclairé. Or, étendre la connaifTance
utile du monde où nous nous trouvons placés exige évidemment auiîi et non en der-
nier lieu le perfectionnement de la feience des chofes terreftres. Il fallait donc améliorer
les cartes du royaume et plus généralement, pour autant que faire fe pourrait, celles
de tous les parages de notre planète, ce à quoi il fallait développer l'art de mefurer,
dont le nivellage ') fait partie, et l'appliquer avec afliduité.
Dans fa lettre au Roi de France de 1665 2) où il demandait la création d'un Ob-
fervatoire, Auzout avait cru devoir ajouter qu'il n'y avait pas en Europe de royaume
dont les cartes géographiques fuffent fi fautives et la fituation des lieux fi incertaine.
Les célèbres mefures de Picard — Huygens parle de fa „(olertia egregia" 3) —
') Expression de Huygens, Pièce II qui suit.
2) C'est la Dédicace au Roi déjà citée dans la note 12 de la p. 9 qui précède.
3) T. XIII, dernières lignes de la p. 774.
IO
74 AVERTISSEMENT.
fervant à déterminer la grandeur d'un arc du méridien, qui furent exécutés fuivant la
méthode de Snellius entre Sourdon, près d'Amiens, et Malvoifine, au fud de Paris,
font de 1660 et 1670; fa „Mefure de la Terre", où il en donne les détails, lut impri-
mée pour la première fois en 1671 4). Dans la Pièce „Obfervations faites a Breft et
à Nantes pendant l'année i6~o" — nous ne citons que ces obfervations-ci 5) —
Picard et de la Hirc informent le public que Louis XIV avait donné l'ordre aux Aca-
démiciens de „dreffer une carte de toute la France avec la plus grande exactitude qu'il
ferait pofiible" 6). Les Regillres de l'Académie des Sciences •") mentionnent, en
février 1 681, un „Memoire préfenté à Mr. Colbert touchant la Carte du Royaume,
par Mr. Picart".
Vers la fin de fa „Mefure de la Terre" 8) Picard donne la „Defcription d'un
[nouvel] infiniment propre à obferver le niveau". On voit dans fa figure que la lu-
nette d'approche — „de mefme ftructure que celle que nous avons décrite pour le
quart-de-cercle" 9) ■ — elt munie de fils croifés I0). „Un chevalet de peintre fert de
fupport à l'inltrument" et il y a des accommodements pour le cas d'inégalité du ter-
rain. Quant au „plomb ou perpendicule" dont le fil fe trouve dans une queue verticale
attachée au milieu du fupport horizontal de la lunette, on peut vers le bas „pafTer le
doigt pour arrelter le plomb en le touchant en defTous". Une defeription plus ample
de ce niveau, avec une nouvelle figure quelque peu différente de la première IX), fe
4) Publiée de nouveau dans les „Mémoires de l'Académie Royale depuis 1666 jusqu'à 1699", T.
VII, première partie, 1729, p. 1 — 59.
5) Même T. VII, p. 121 — 134. Dans ces observations Picard et de la Hire se servent des „Eclipses
des Satellites de Jupiter, qui est la voye la plus seùre pour déterminer la différence des Méri-
diens". Voyez aussi sur ce sujet la p. 652 de notre T. XVIII.
6) Le même Tome des Mémoires contient (entre les p. 180 et 181) la „Carte de France corrigée
par ordre du Roy sur les observations de M", de l'Académie des Sciences". On y a marqué
aussi les contours, bien différents, de la carte antérieure de 1679 de „M. Sanson l'un des plus
illustres géographes de ce siècle".
7) T. IX des Registres, f. 96 v.
8) P. 52— 53.
9) Comparez sur l'application aux cadrans d'une lunette (ou de deux lunettes) au lieu de pinnu-
les la 1. 14 de la p. 8 et la note 36 delà p. 17 qui précèdent ainsi que le début de la Pièce IV
qui suit.
I0) Comparez la 1. 12 de la p. 8 qui précède.
") J. B. du Hamel „Regia? Academia,' Ilistoria", 1901, P. 177: „Mense Maio [anni 1678] Picard
demonstrationem suam circa I ibellam proposuit qua? postea cura aliis ad eandem rem perti-
nenribus édita fuit".
Dans le Chap. II du Traité de la Hire dit avoir changé la forme du niveau qui „d'abord re-
presentoit la lettre T"; „elle est à présent en forme de croix, ce qui a été fait afin de donner
plus de longueur au cheveu qui sert de perpendicule".
AVERTISSEMENT. 75
trouve dans le „Traité du Nivellement" que Picard était fur le point de publier lors-
qu'il décéda aflez ilibitement en 1682; le Traité vit le jour en 1684 par les foins de
de la Hire J:): la defcription du niveau cil de la main de ce dernier I3).
Ce Traité cil donc portérieur à la defcription par Muygens de fon niveau à lui (en
tonne de croix) laquelle parut dans le Journal des Sçavans de janvier 1680 (Pièce V
qui fuit) et que de la Hire a réimprimée dans le Traité fans aucun commentaire. Le
deuxième article de l Iuygens, celui qu'il publia dans le Journal des Sçavans de février
1 680 (Pièce VIII qui fuit), ne s'y trouve point. De la Hire a en outre joint au Traité,
après la defcription du niveau de Huygens, celle de „celuy de M. Romer fur un de
ceux qu'il avoit tait taire lui-même", avec la manière de s'en fervir I+), et de plus celle
d'un niveau de lui-même (d. 1. H.) comprenant uue lunette flottante. Il eût pu taire
mention d'autres conftrucïions récentes I5), telles que celle de Caiîini, Pièce VI qui
fuit I<5). Le fujet était à la mode.
Ce n'était d'ailleurs pas uniquement dans le but de dresser des cartes ou de mefu-
rer la grandeur d'un arc du méridien pour établir la grandeur de la terre (confidérée
i:) Comparez aussi le Cap. II („De Libella? usu, ubi de Mechanicis") de la „Sectio Secunda, de
rébus Mnthematicis anni 1675. & 76. pertractatis" de la „Regiœ Academiœ Historia" de du
Hamel (p. 149).
) Préface de de la Hire: „J'ay donné une Description entière de son Niveau comme il s'en ser-
vent ordinairement, dont il ne parloit qu'en passant en renvoyant le Lecteur à son Traitté de
la mesure de la Terre, où il l'a expliqué fort au long".
I4) Ce niveau n'est pas mentionné, comme c'est le cas pour les autres instruments de Roemer,
dans la „I3asis astronomie" de Horrebow.
,:;) Préface: „Comme plusieurs sçavans géomètres ont publié des niveaux construits sur difFerens
principes, qui pourront avoir de grandes utilitez dans des cas particuliers, je me suis persuadé
qu'il étoit à propos de faire icy la description de quelques-uns, & principalement de ceux qui
peuvent servir aux grands nivellements".
Dans le T. VIII des Registres de l'Académie (f. 202 v.) il est question, te 17 mai 1679, d'un
„niveau d'une nouuelle inuention"' de de Hautefeuille „auec du mercure, et de l'eau dans deux
bouteilles, jointes par un tuyau avec une lunette et un filet au foyer, etc.". Dans le T. IX on
lit à la f. 60 ,,18 Maj. [1680]. Mr. Chapotot a présenté un niveau à la Compagnie de son inuen-
tion etc." Ce niveau de Chapotot [Chappotot] est également mentionné dans notre T. VIII
(p. 298, note; voyez aussi la p. 96 du T. IX), de même que celui de Puyrichard de la même
année. Le titre de l'article de Chappotot dans le Journal des Sçavans de juin 16*80 est une imi-
tation de celui de Huygens.
,<s) Il s'agit ici d'une construction de 1679. Mais dans les années précédentes Cassini avait déjà
proposé d'autre^ modèles. À la p. 168 de son „IIistoria" du Hamel écrit: Varios deinde [1677
et 1678] libella; conficiendi modos proposuit D. Cassinus, cum aquœ tum hydrargyri beneficio".
j6 AVERTISSEMENT.
comme fphérique) que les Académiciens étaient tenus de s'appliquer au nivellement.
Dans fa Préface au Traité de la Hirc rappelle que Picard eut „une occafion tres-con-
fiderablc pour mettre [l'on] infiniment en pratique dans les nivellemens des eaux des
environs de Verfailles [ 1 674] et dans l'examen des hauteurs et des pentes des rivières
de Seine & de Loire", examen entrepris, en 1677, à la fuite du défir de „Sa Majefté . .
de faire conduire a Verfailles la meilleure eau pour boire" ,;). De la Hire ajoute:
„On ne doit pas oublier d'avertir que M. R orner a eu beaucoup départ aux Nivelle-
mens, qui ont efté faits aux environ des Verfailles" l8).
Dans une lettre de feptembre 1680 (Pièce VII qui fuit) Huygens dit qu'on „a
défia fait bon nombre" de niveaux de fa façon. Rien ne nous autorife à croire à un
fuccès de longue durée — voyez aufll fur ce fujet l'Appendice II qui fuit — , mais
nous avons au moins une lettre de de la Hire de décembre 1686 I9) où il écrit à
Huygens: „Voftre niueau eft celuy de tous les niueaux qui eftleplusen
vogue".
Nous publions ici quelques figures et confédérations de Huygens tant antérieures
que poftérieurcs à fa lecture de novembre 1 679 à l'Académie (Pièce V) et à la pu-
blication, en janvier et février 1 680, de fes deux articles. Pour ces articles eux-mêmes
(Pièces V et VIII), affectant comme d'habitude la forme de lettres à l'éditeur du
Journal des Sçavans, nous renvoyons au T. VIII.
Dans fa „Regia2 Académie Hiftoria" de 1901 J. B. du Hamel, fecrétaire de l'Aca-
démie des Sciences, fait une remarque hiftorique importante au fujet du niveau de
Picard employé par ce dernier dès 1669: du Hamel écrit à la p. 101, fe rapportant
aux années 1669 et 1670: „Libelke rtruéturam & ufum accurate deferibit" [Picard]
„in eo opufeulo [il s'agit de la „Mefurc de la Terre"] quod anno 1 67 1 publici juris
faélum eft", „ac fimilis pêne eft chorobati Vitruvii L 8 defcriptl [nous foulignons],
adeo ut litteram T utcumque référât".
17) Traité du Nivellement, p. 284.
18) Ibid. p. 297. Voyez aussi, à la p. 35 de notre T. VIII, la fin de la lettre du 30 septembre 1677
de Rômer à Huygens.
'0 T. VIII, p. 114.
AVF.RTISSF.IWr.NT. JJ
Cette remarque a fans doute été écrite en 1670, donc avant l'apparition (en 1673)
de la traduction des „Dix Livres d'Architecture de Vitruve" par Cl. Perrault: chez
ce dernier la figure du chorobate 2°) (dernière figure de la p. 244), prife des com-
mentaires de Barbaro 2I) (celle de Vitruve lui-même étant perdue), n'a pas la forme
d'un T "). C'eft peut-être à Mariotte que du Hamel a emprunté l'idée que le choro-
bate aurait eu cette forme.
Il eit vrai que le „Traité du Nivellement" de Mariotte, où il avance cette hypo-
thèfe 23), n'a été publié qu'en 1 67-, mais Perrault (qui ne mentionne pas l'hypothèfe
de Mariotte fur la forme du chorobate) favait aiïez exactement dès 1673, et fans
doute plus tôt, ce que ce favant difait fur l'inftrument de Vitruve et fur fon niveau à
lui: il écrit (l.c): „Pour perfectionner le Chorobate, Monfieur l'Abbé Mariotte de
l'Académie Royale des Sciences, a trouvé depuis peu qu'il fuffifoit que l'inftrument
euft trois ou quatre piez de longueur [dans fon Traité Mariotte écrit 24) : „Ce niveau
eit un petit canal de bois d'une feule pièce ... fa longueur . . . depuis 2 pies jufques
à 5 ou 6]; qu'il n'eftoit point neceflaire qu'il euft des pinnules, ny mefme qu'il y euft
de ligne droite & parallèle à la fuperficie de l'eau le long de laquelle il falluft regarder,
etc.". Nous ajoutons que Mariotte, après avoir critiqué le chorobate, ajoute 25):
„On trouvera de femblables défauts, à peu près, dans les autres niveaux qui font en
ufage", et auffi 2<î) que lorfque les lieux „font de difficile accès, ce qui empêche de se
pouvoir fervir des niveaux ci-deflus; il faut avoir en chaque lieu un^quart de cercle
comme ceux avec lefquels les Aftronomes prennent les hauteurs des Aftres par le
moyen des lunettes d'approche qui fervent de pinules, etc." Dans la „Mefure de la
20) En latin: chorobates.
21) Voyez sur Barbaro et Vitruve la note 3 de la p. 54 du T. XVII.
22) Nous sommes également d'avis — l'opinion contraire nous parait même parfaitement insou-
tenable — que le texte de Vitruve, chez qui la partie principale du chorobate est une „regula
longa circiter pedum XX" (Cap. VI du Lib. VIII„Deperductionibus& librationibusaquarum,
èxMnstrumentis ad hune usum") n'indique aucunement la forme d'une lettre T.
23) P. 542 du T. II de l'édition des „Oeuvres de Mr. Mariotte" de 17 17 (Leide, P. vander Aa):
„La double équiére dont on se sert ordinairement, semblable à la lettre T, & qui est le même
que le Chorobate décrit par Vitruve . . ."
24) Même édition, p. 538.
25)P-543-
25) P. 555-
78 AVERTISSEMENT.
Terre" de 1 6~ i de Picard on voit tant le niveau en forme de T (nous en avons parlé
a la p. 76) que le quart de cercle muni de deux lunettes.
Nous ignorons fi Huygens, dans la partie delà feuille 219 — 220 du Manufcrit E
qui fait défaut (voyez la Pièce IV qui fuit) avait cité Vitruve, comme il Ta fait ailleurs
(fans le nommer) à propos des roues dentées des horloges provenant peut-être de
l'hodomètre romain -'"), ni s'il y avait parlé de Mariotte, de Perrault ou de Picard, ou
des niveaux en ufage avant ou indépendamment d'eux.
On voit dans les Pièces qui fuivent que de 1679 à 1682 Huygens a plufieurs fois
modifié fon niveau en détail. Il ne nous femble pas néceïïaire d'énumérer ici tous ces
changements. S'il eft un lecteur qui s'intérefie vivement à la fonne de la boite ou a
la queltion de favoir fi le firop qui arrêtait le mouvement du poids ballottant était un
mélange d'huile d'amandes et de térébenthine, ou bien une feule de ces liqueurs, ou
encore de l'huile de lin ou autre chofe, il pourra confulter les Pièces elles-mêmes.
Nous nous contentons d'obferver que la préfence de cette liqueur affurait fans doute
l'immobilité du plomb mieux que l'eût pu faire l'attouchement avec le doigt dont il
était queition dans le cas du niveau de Picard. La figure du niveau de Huygens tel
qu'il fut d'abord préfenté au public fe trouve au T. VIII (voyez la Pièce V qui suit);
nous aurions pu l'emprunter aux Charta; aftronomicaî d'où nous n'avons tiré ici que
la Fig. 22 de la p. 92 également bien deffinée et quelque peu différente. Il n'eft fans
doute pas dénué d'importance que Huygens rendit fon niveau plus léger par l'emploi
du fer blanc au lieu du laiton (Pièces V et VII). Le tuyau carré de la lunette (Pièce
III) fe trouve aufli chez Picard 28). On voit dans la Pièce V que dans fon article de
janvier 1680 Huygens a fupprimé quelques 'préceptes; il en était fans doute, alors
comme dans tous les temps, pour les niveaux comme pour les horloges et pour les
infiruments de précifion en général: les artifans — les maîtres, peut-on dire — qui
1?) Voyez la p. 36 du T. XVII. Consultez aussi sur l'intérêt de Huygens pour Vitruve la p. 293
du T. X.
Nous ne parlons pas ici, à propos des horloges, du planétaire d'Archiméde conservé à Rome
(voyez la note de la p. 174 qui suit) et qu'on ne peut guère se figurer comme dépourvu de
roues dentées : nous ignorons jusqu' à quand ce planétaire a subsisté.
28) Dans la „l)escription du Niveau" de Picard, ou de Picard et de la Hire (Chap. II du „Traite
du Nivellement").
AVERTISSEMENT. -0
les conitruaient y mettaient auflî du leur; il était donc inutile et impoflible de les
aitreindre à copier fervilement un modèle =9).
Ce qui diltingue le niveau de Huygens de ceux à lunette d'avant 1680 et explique
la vogue dont parle de la Hire, c'efl: la qualité qu'il relève déjà dans le titre de la Pièce
III, ainfi que dans la Pièce IV, celle de pouvoir être „reétifié d'une feule ftation",
c. à. d. fans l'aide d'un deuxième obfervateur le trouvant à une certaine diftance 3°).
:?) Voyez ce qui a été dit plus haut sur Chappotot „Faiseur d'instrumens de Mathématique". A
la p. 298 du T. VIII Huygens écrit que les nouvelles inventions — ou du moins une partie
d'elles — sont „des déguisements" de la sienne; à la p. 96 du T. IX il dit (sept. 1686) que le
niveau de Chappotot „est fort bien inventé".
!°) On peut consulter dans le „Traité du Nivellement" de Picard et de la I lire les paragraphes du
Chap. II intitulés „De la rectification, ou vérification du Niveau" et „Autre manière pour la
vérification du Niveau". Dans le paragraphe „Maniere de se servir [du] Niveau [de Roemer],
& de le rectifier" (même Chap.) il est question „comme [pour] le premier niveau" „de deux
nivellemens réciproques, ou bien . . de deux nivellemens faits d'une même station à deux points
également éloignés d'un coté, & d'autre".
HUYGENS À L'ACADEMIE ROYALE
DES SCIENCES, LE NIVEAU.
I. Un NIVEAU DE l668.
II. L'opération du nivellement [ 1 679].
III. Niveau que l'on peut rectifier d'une seule station ') [août i 679].
IV. Autres considérations sur le niveau de i 6yy.
V. Nouvelle invention d'un niveau \ Lunette qui porte sa preuve avec
SOY, & QUE L'ON VERIFIE & RECTIFIE D'UN SEUL ENDROIT. PARMr. HuGUENS
de l'Académie Royale des sciences ') [janvier 1680].
VI. A PROPOS DU NIVEAU DE CaSSINI MONTRÉ PAR LUI À L'ACADÉMIE EN NOVEMBRE
1679.
VII. Brouillon de la Démonstration de la justesse du niveau, etc.
VIII. Démonstration de la justesse du Niveau dont il a esté parlé dans le
IL Iournal ') [février 1680].
IX. Autre commencement de la Démonstration.
Appendice I. Pour construire mon niveau a lunette qui est dans le journal
DES SCAVANS, PLUS SIMPLEMENT, A MEILLEUR MARCHE, ET MOINS SUJET A ESTRE
ESBRANSLÈ PAR LE VENT ') [FÉVRIER 1682].
Appendice H. Le niveau de 1661 de Thevenot [1692].
') C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce.
1 1
I.
UN NIVEAU DE 1668.
Forme d'un niveau [Fig. 14] d'après une figure du Manufcrit C ').
[Fig.J4]
3£>
Nous reproduisons cette figure pour faire voir que Huygens s'intéreflàit au fujet déjà bientôt
après fon arrivée à Paris. Nous ignorons fi la figure repréfente un niveau cxiftant.
') Manuscrit C, p. 249. Une deuxième figure également dépourvue de texte se trouve à la p. 260.
Les p. 231, 253 et 261 portent respectivement les dates 25 teb. 1668, Parisijs Majo 1668 et
14J11I. i(568.
IL
L'OPÉRATION DU NIVELLEMENT.
Août 1679 0.
Pour trouver la quantité du nivellage pour toute forte de terrain adjoutez toutes
les hauteurs de l'oeil; et aussi toutes les hauteurs vifees. La différence des fommes
e(t la différence des hauteurs du premier et dernier terrain. Et le premier eil plus bas
11 la première fomme eil plus grande que l'autre. Et contra.
[Fig- 15]
AB + CD + EF + KH + NM + QP + SR + VT — GH — LM — OP so B
plus bas que X [Fig. 15].
Nous obfervons que dans fa „Mefure de la Terre" de 167 1 (voyez l'Avertiflèment) Picard
difait qu'on évite les erreurs dues à la réfraction qui courbe les rayons vifuels — voyez furies
rayons courbés le premier alinéa de la p. 16 qui précède — „en fe contentants de (tarions médio-
cres". Dans le Chap. 1 de fa „Theorie du Nivellement" telle qu'elle fut publiée par de la Hire, il
efl; dit „que la refraction n'eft pas fenfible lorfque la diftance n'excède pas 1000 toifes".
') Manuscrit E, p. 204. La date du 14 août (voyez la Pièce III qui suit) se trouve à la p.
202.
III.
NIVEAU QUE L'ON PEUT RECTIFIER D'UNE SEULE STATION ')•
Août 1679.
A Paris le 1 4 Aoult 1 670.
FE [Fig. 16] lunette de
[Fig. 16]
pieds ayant (on tuyau quarrè et de leton. auquel font
attachées les branches plattes BN, NC.
d'où pend le plomb K environné de ter-
bentine meflee d'huile d'amandes.
Pour le rectifier. Premièrement faire en
forte que les filets AB, CD foient dans
la mefme ligne perpendiculaire. Ce qui
fera ainfi, fi en augmentant le poids K,la
lunette EF ne change point de vifée. mais
fi elle vife plus haut ce fera figne que le
centre de gravite de la croix ne fera pas
en BNC mais plus vers F, et il faudra pour
le faire venir en BNC charger le bras
NE, en éloignant d'avantage le poids
mobile M de N. ou autrement.
Apres cela pour feavoir fi la lunette
vile au niveau il faut renverser la croix de
haut en bas, les bouts F et E demeurant
ou ils font, et faire la fufpenfion par le
bout du fil D au crochet A, et remettre
le crochet du poids D dans le bout du fil
A qui fera vers en bas. Car alors fi la lu-
nette ne change pas de vifée, elle vife au
niveau. Mais fi elle vife a un objet plus
bas qu'auparavant, c'eft figne que la lentille GH et le fil a fon foicr ont elle trop bas
filets AB, CD courts, boete avec
de la terbentine ou de l'huile.
') Manuscrit E. P. 202 — 204. Comparez sur ce titre la fin de la Pièce IV.
86
HUYGENS X L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU.
dans lu première pofition, et il les y faut haufler un peu. Et contra. — Voyez ce que
Huygens dira plus loin fur le petit poids coulant.
[Fîgt 17]
t\
P
Y'em
).
"CD
NIVEAU Ql E L\>N PEUT RECTIFIER D'UNE SEULE STATION. 8~
Quant le verre F ne feroit pas bien centre, cela n'importe point du tout.
Mais en hauflant le verre G H avec le fil qui cil a Ton foier, il ne faut pas changer
le centre de gravité de toute la croix.
Il pourra fuffirc de haufler le fil feulement.
Boete en croix [Fig. 17] qui fe peut ouvrir par le cofté de la lunette, et refermer
par le moyen de deux [corrigé en quatre] portes. Une porte pour ADF mobile fur PU.
une autre pour EF mobile fur OF. La lunette jouera entre deux fils ou barres en
dedans de la boete du cofté de l'oeil a fin d'empescher le trop de jeu. Ue l'autre bout
elle demeurera aufli dedans la boete, pour éviter le vent. On peut mefme boucher
de ce collé la boete d'un talc.
Sur la planchette du pied il y aura un pivot ou cylindre dreffé perpendiculairement,
et dans le fonds de la boete en croix il y aura un trou avec une virole de cuivre dans
la quelle le pivot entre julle, et en forte qu'il puiffe tourner quand on voudra diriger
la lunette vers l'object.
Quand le poids fera levé pour ne balancer plus et pour fermer la boete de cuivre
ou il eft, une goupille paffant par la queue N le tiendra ferme. Lors en defaifant le
crochet R on hauflera un peu la croix par la queue F, et avec les 2 vis V on la ferrera
contre la planche CL, afin d'ertre ainfi arreftée en transportant le niveau.
Afin que le tuyau quarré de la lunette fouffre mieux la preffion de ces vis V, il faut
que les placques de defïus et de delfous couvrent celles qui font fur le champ.
Pour faire la boete mettre deux planchettes en croix, chacune eftant diminuée,
dans l'endroit de la jointure, de la moitié de fon epeffeur. 4 portes de la boete.
5 Nov. 1 679. L'on peut fe fervir de ce niveau fans contrepoids, eftant enfermé
dans la boete, parce qu'il s'arrerte affez toft. Il faut l'avoir rectifié premièrement par
le moyen du contrepoids. Remarque intercalée plus tard comme la date l'indique.
En vifant premièrement fans contrepoids, et puis l'adjoutant; alors s'il vife au
mefme point qu'auparavant, l'on elt feur que le centre de gravité du niveau eft dans
la ligne droite qui joint les deux points de fufpenfion. Si non il faut le réduire a cela
par le moyen d'un petit poids coulant qu'on ferre fur la lunette par tout ou l'on veut.
Et on le fait avancer vers l'objectif fi la lunette vile plus bas après y avoir attaché le
contrepoids d'enbas. Et au contraire reculer vers l'oculaire, fi elle vile plus haut.
Ayant fait cette première préparation, il faut voir en tournant la lunette le delfus des-
fous fi elle vife au mefme point, a quoy on la réduira par le moien du fil qui eft au
diaphragme derrière l'oculaire, en hauflant tant foit peu ce fil, quand la lunette vife
plus haut qu'auparavant, ou en le baiffant quand elle vife plus bas.
88
HUYGENS X L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU.
Si l'on veut fe fervir du contrepoids pendu au niveau, et trempé dans de l'huile
pour taire arrefter plus ville, il faut que la lunette foit la plus légère qu'il fe peut, fans
manquer pourtant de force fuflïfante.
[Fig.i8]
[Fig. 19]
Pour la légèreté et la force de la lunette on y peut mettre des anneaux de fer en
dedans, qui pourraient fervir en mefme temps de diaphragmes. Pinces au haut et au
bas des branches de la croix pour ferrer les lacets de ruban [Fig. 1 8]. Ecuelle creufe
fpherique de 4 pouces de diamètre avec 3 pieds en triangle attachez au mefme bois
de l'ecuelle [Fig. 19].
Si la lunette baiffe d'un degré de plus qu'elle ne feroit fi le centre de gravité eftoit
dans la ligne des fufpcnfions; alors en attachant par en bas un poids égal a la pefan-
teur de la croix, la lunette le relèvera de f de degré fort près. Et fi le poids cft double,
elle relèvera de f de degré. lit li le poids efl triple elle relèvera de j de degré. Voyez
fur ces calculs la Pièce VIII qui suit.
Manufcrit E, p. 209. Niveau, fol. 6 rétro, fufpendu fans boete.
La goupille N [Fig. 20 et 20 bis] citant mife dans le trou le plus bas des deux,
tiendra le poids S ferré contre le haut de la boete, qui par ce moyen fera en mefme
temps fermée. Et la mefme goupille citant mife dans le trou plus haut, fervira a por-
ter le poids II, quand on veut vérifier le niveau.
Ce bras DG de la fourchette fera attaché a la verge AP en E. Et pour s'en fervir
on tirera le bout G a foy, jufqu'a ce que ce bras foit horizontal, puis on le pliera par
NIVEAU QUE L ON PEUT RECTIFIER D UNE SEULE STATION.
89
la charnière F pour mener la fourchette ou il faut qu'elle tiene la lunette. Et Ton
dépliera la fourchette en la mettant à angles droits fur fon bras par le moyen de la
charnière G. Et cette fourchette eftant un peu large, on la rendra plus eftroite en la
tournant autrement qu'a angles droits fur fon bras.
[Fig. 20 bis]
■4K
oJy^ç^^Ji
Une virole fous la plaque pour la pouvoir mettre fur un pied à la campagne. — La
virole a déjà été mentionnée plus haut. — Trois pieds. Une vis au pied de derrière pour
dreffer la machine.
12
9°
HUYGENS A L ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU.
Feuille collée dans le Manufcrit E entre les p. 210 et 21 1, et p. 21 1. Différentes figures de len-
tilles (impies ou doubles pouvant être placées à l'une des extrémités de la lunette du niveau. Nous
n'en reproduirons qu'une [Fig. 21]. A la p. 217 du Manufcrit (partie biffée, voyez la note 4 de la
p. 92) Huygens parle d'un tuyau court qui entre dans la lunette du coftè de l'oeil, et
[Fig. 21]
enferme un autre petit tuyau qui porte le verre oculaire. Comparez les l. 10 — 1 1 de la p.
277 du notre T. VIII. Voyez aufii fur les lunettes à quatre lentilles les p. LI, LXXXVIII, LXXXIX,
469 et 774 du T. XIII, où il eft également queflion (p. 774) du „telefcope de 3 [lentilles] qui
redrefle".
IV.
AUTRES CONSIDERATIONS SUR LE NIVEAU DE 1679.
Manufcrit E, p. 212. Le mefme avantage qu'on a trouve en appliquant les lunettes
d'approche aux inltruments qui fervent a obferver les aftres, on l'a aufîi trouvé en les
appliquant aux niveaux, et l'on l'a fait en différentes manières qui ont cfré délia don-
nées au public. Mais il n'y a point eu jufqu'icy, ou l'on puft reftifier la machine d'une
feule dation et s'afïurer a chaque fois d'avoir bien opéré, fans elrrè oblige de faire des
obfervations réciproques en regardant de la féconde f ration le point ou la marque
qu'on a laissé a la première. C'cft pourquoy ayant trouve une manière nouvelle d'ap-
pliquer ces lunettes au niveau, qui outre qu'elle eft (impie, commode et de la dernière
juftefTe contient encore la perfection que je viens de dire qui manquoit aux autres, je
crois qu'on fera bien aife d'en voir la defcription que voicy.
AB eft une lunette d'approche .... etc.
Cet alinéa de la p. 212 et les fix pages fuivantes du Manufcrit ont évidemment fervi à préparer
l'article de janvier 1680 du Journal des Scavans (Pièce V qui fuit); et auflï fans doute la commu-
nication orale (poftérieure au 18 novembre 1679) de Huygens à l'Académie (même Pièce).
Le texte s'accorde fouvent allez exactement avec l'article imprimé ').
En vcici les derniers alinéas auxquels rien ne correfpond dans l'article:
J'ay expliqué fi particulièrement cette manière de faire mouvoir le fil [l'explication
qui précède eft d'ailleurs partiellement biffée; c'eft pourquoi nous n'en reproduifons qu'une petite
partie (note 4)] parce qu'elle reullit fort bien et que l'on ne l'a pas encore pratiquée
de la forte ni aux niveau [sic] ni aux lunettes d'approche qui fervent a prendre les
diamètres apparents des planètes 2). C'efloit pour ce dernier ufage que je m'avifay,
') C'eft évidemment par l'effet d'une faute de transcription ou d'impression que l'article tel que
nous l'avons publié dans le T. VIII parle (p. 265, 1. 17 d'en bas) de retourner la lunette „sans
dessous": conformément au texte du Manuscrit E le Journal des Sçavans a „sans [sic] dessus
dessous".
2) Allusion au „Traité du Micromètre ou manière exacte pour prendre le diamètre des planètes et
la distance entre les petites étoiles" de 1667 d'Auzout, cité à la p. 18 qui procède et sur lequel
on peut consulter aussi la note 7 de la p. 198 du T. V corrigée dans la note 1 1 de la p. 63 du
T. VI.
T-
HUYGENS X [/ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU.
le premier comme je crois 3), de mettre ce diaphragme 4) dans les lunettes, et d'y
tendre des petites bandes de leton, comme je l'ay deferit dans le traité des Phénomènes
de Saturne 5), car l'on n'avoit pas auparavant que je feache cette ouverture circulaire
aux lunettes de 2 ou plufieurs verres convexes, qui termine h* bien le champ qu'on
voit d'une vue. Ni on ne le fervoit pas de verres au lieu de pinnules 6) aux inftru-
[Fig. 22]
3) C'est ce que Huygens dit aussi, sans doute en 1692 ou plus tard, à la p. 774 du T. XIII. Nous
n'avons pas à nous occuper ici d'autres constructeurs de micromètres du 17»'"» siècle sur les-
quels on peut consulter p.e.J. A. Repsold„ZurGeschichtederastronomischen Messwerkzeuge
von 1450 — 1830" et la note 2 de la p. 836 de notre T. XIII.
4) Dans la partie biffée de la p. 217 du Manuscrit E Huygens parle duchaflis qui porte le fil
de ver à foyc attache avec de la cire [d'après Horrebow et Delambre qui le cite (T. II, p.
695) Roemer se servait aussi dans ses réticules de „fils de soie collés avec de la cire"]. Le chas-
fis fe peut mouvoir de haut en bas dans la couliiïe qui enferme fes collez, et il a
un petit morceau de leton attaché qui s'cleve à angles droits, ou eft un eferou pour
la vis, dont le col rond paflTe dans un pareil morceau elevè fur la plaque du dia-
phragme.
5) Voyez les p. 18 — 19 qui précèdent.
<*) Voyez la p. 17 qui précède avec la note 37.
AUTRES CONSIDÉRATIONS SUR LE NIVEAU DE I 6~Q. 93
monts d'aftronomic avec des fils tendus a travers le diaphragme, dont l'utilité eft fi fort
reconnue a prefent.
Il faut prendre garde en mettant ce fil dans nôftre lunette qui fert de niveau, qu'il
ne puifle point varier de hauteur parce que la moindre altération en cela fe fait fentir
dans l'obfervation.
La partie fupérieure de la f. 219 — 220 du Manu (cri t E fait défaut. Il y était queftion, d'après
le texte confervè, de [différents] inftruments pour prendre le niveau [agencés de] différentes
manières qui ont défia eftè données au public. Huygens ajoute (comparez le début de la
préfente Pièce): Mais il n'y en a point eu jufqu'icy qui euir. cette qualité, qui m'a
tousjours femblè fi necefTaire a ces initrumens, feavoir de les adjuger et vérifier d'une
feule dation et de faffurer fi l'on veut à chaque opération d'avoir bien operè.
Au lieu de la figure tronquée vers le haut de la p. 220 nous reproduifons celle abfolument fem-
blable (feul, le trépied y a été ajouté), de la f. 160 des Chartse aftronomica; [Fig. 22].
V.
NOUVELLE INVENTION D'UN NIVEAU À LUNETTE QUI PORTE SA
PREUVE AVEC SOY, & QUE L'ON VERIFIE & RECTIFIE D'UN SEUL
ENDROIT, PAR Mr. HUGENS DE L'ACADEMIE
ROYALE DES SCIENCES.
C'eft l'article du Journal des Sçavans du Lundy 29. Janvier MDCLXXX que nous avons repro-
duit comme N° 2212 de la Correfpondance aux p. 263 et fuiv. de notre T. VIII.
La p. 2 du T. IX (1676— 1603) des Regiftres de l'Académie des Sciences dit: „Le Samedy 18
de Novembre 1679, la Compagnie eftant aflemblée, Mr. Hugensaapportéunniueaudefoninuen-
tion, il en donnera la defcription au premier jour". L'article du Journal des Sçavans fe trouve dans
le même Tome aux p. 35 et fuiv. La p. 33 porte la date du 30 mars.
Les Chartœ aftronomicœ contiennent elles auffî (voyez la Pièce IV qui précède) un manufcrit
de l'article de janvier 1680 du Journal des Sçavans ou plutôt de la Pièce correfpondante des Re-
giftres: en effet, une main autre que celle de Huygens a infcrit la date „du 30 de Mars 1680" fur
la feuille des Charrie en y ajoutant le mot „bon".
Les différences entre cette feuille — où la main étrangère a parfois tranfpofé quelques mets ou
remplacé un mot par un autre — et l'article de janvier font en général infignifiantes. C'eft pour-
quoi nous n'en indiquons que quelques-unes. Au lieu de „comme l'on verra par lademonftration"
(notre T. VIII, p. 265, 1. 12 d'en bas) la feuille des Charta: a: dont la raifon eft allez aifée a
comprendre. Au moment de la rédaction de la feuille il n'était donc pas encore queftion de la
compofition d'un deuxième article (celui du Journal des Sçavans de février 1680, Pièce VIII qui
fuit). Au lieu de: „Mais on peut aifément l'aflurer davantage, fi l'on veut, en faifant un trou au
milieu de la plaque creufe" (T. VIII, p. 266, 1. 9 — 10) la feuille a: Mais on peut aifément
l'aflurer encore d'avantage, fi l'on veut, en attachant un bout de corde contre le
milieu du fond de la boete, et le faifant paffer par un trou d'un pouce, que l'on fera
dans le milieu de la placquc creufe: a la quelle tiendra par defîbus un reffort pour y
attacher cette corde. Ce qui n'empefchera pas qu'on ne puifle remuer et tourner la
croix de bois fuivant le befoin. Ces détails ont donc été omis à deffein. L'avant-dernier alinéa
de la p. 266 du T. VIII fe termine par les mots: „par le moyen d'une virole à escroiïe S". La feuille
ajoutait : qui a deux branches que l'on fait descendre et preffer contre le deffus du cou-
vercle en tournant la virole, la queue du plomb eftant a vis.
Huygens a apporté après coup quelques corrections à la feuille. C'eft ainli qu'au début, où il eft
dit dans l'article: „Son tuyau eft de leton ou autre mctail" il a ajouté fer blanc après „leton"; et
qu'après les mots „de forme cylindrique" il a écrit: et d'autant meilleur qu'il eft plus léger.
— Voyez fur la queftion de la légèreté la p. 78 qui précède, fur la conftru<ftion en fer blanc la
Pièce VII qui fuit.
NOUVELLE INVENTION D L'N NIVEAU A LUNETTE QUI PORTE SA PREUVE ETC. 95
Les Chute aftronomicas contiennent de plus — outre quelques autres feuilles — un brouillon
plein de ratures de ce manuferit ou, fi l'on veut, de l'article de janvier 1680; c'eit fans doute la
forme la plus ancienne de l'article. Nous en tirons le dernier alinéa de la Pièce VI.
VI.
À PROPOS DU NIVEAU DE CASS1NI MONTRÉ PAR LUI
À L'ACADÉMIE EN NOVEMBRE 1679.
T. IX des Regiftres, p. 2: „Le Samedy 25 de Novembre [c. à. d. une femaine après Huygens]
Mr. Caffini a fait voir un niueau de fon inuention que l'on a examiné. Il a commencé à lire un
difcours pour mefurer exactement la diftance".
Dans le premier brouillon de fon article de janvier 1 680 (voyez la fin de la Pièce V qui précède)
Huygens parle comme fuit à propos de ce niveau de Cafîini (partage omis dans l'article lui-même;
il n'y a pas de divifions fur le tuyau de la lunette telle que Huygens la fi1: conftruire et elle ne fert
pas à déterminer les diftances): ... Et les divifions faites fur le tuyau de la lunette les
quelles on peut trouuer par expérience ou bien par calcul marqueront le nombre
des pieds ou toifes de la diftance requife. Mr. Caflini a délia pratiqué cette mefme
méthode ou peu différente avec des niveaux à lunette de fon invention. Etc. — Il était
fans doute queftion de mefurer les diftances par de petits déplacements, dans le fens de l'axe de la
lunette et à l'intérieur d'elle, de ce que Molyneux dans fon Optique de 1692 — fe propofant „to
meafure the diftance of an objeft at one ftation by a telefcope" — appellera „a flender needle".
Voyez fur ce fujet les dernières pages (p. 843 et 844) de notre T. XIII, où Huygens attribue une
méthode de ce genre à Auzout et mentionne auffi une démonftration de Picard qui s'y rapporte.
VIL
BROUILLON DE LA DÉMONSTRATION DE LA JUSTESSE
DU NIVEAU, ETC.
Janvier et mai 1680 0.
La p. 223 du Manufcrit E qui débute par les mots La parfaite jufteïïe qu'acquiert ce
niveau pour la rectification fe demonftre ainfi contient une partie du brouillon de la publi-
cation de février 1680: „Démonftration de la juftefle du niveau etc." 2); le relie du brouillon fe
trouvait fans doute fur une feuille féparée.
[Fig. 23]
A la p. 240 ') on trouve une figure du ni-
veau [Fig. 2 3] où fe lifent e.a. les mots fer blanc,
fer blanc double. 3) Comparez la Pièce V
qui précède et la lettre du 25 feptembre 1680
de Huygens à fon frère Lodewijk 4) où il écrit:
Je fais maintenant faire ces niveaux de fer
blanc au lieu de leton et ils en font mieux
pour la légèreté et ne coûtent pas le quart
de ce qu'ils faifoient. L'on en a délia fait
bon nombre.
Picard s'était parfois fervi de fer blanc s),
mais cet alliage n'eft pas mentionné dans le cas
de fon niveau en forme de T <s).
') La p. 221 du Manuscrit E porte la date du
1 1 janvier 1680. À la p. 239 fe trouve celle
du 1 1 mai de la même année.
2) Pièce VIII qui fuit.
3) Et ailleurs: double de drap ou frisé.
«) T. VIII, p. 298.
5) „Mesure de la Terre", p. 12 de l'édition de
1729 dans les Mémoires de l'Académie :„SS
est un canon de fer blanc [il est question
d'une lunette adaptée à un quart de cercle]".
5) Dansladescriptionduniveau(voyez l'Aver-
tissement) de la Hire ne parle que de «quel-
que matière solide, & ferme, comme fer ou
leton".
13
VIII.
DEMONSTRATION DE LA JUSTESSE DU NIVEAU DONT IL A ESTE
PARLÉ DANS LE IL IOURNAL.
C'eft l'article du Journal des Sçavans du Lundy 26 Février MDCLXXX que nous avonsrepro-
duit comme N° 2216 de la Correfpondance aux p. 273 et fuiv. de notre T. VIII.
Cet article fe trouve dans le T. IX des Regiftres de l'Académie aux p. 40 et fuiv. ').
Les Chartœ aftronomica? contiennent elles auffi (comparez la Pièce V qui précède) un manu-
scrit de l'article de février du Journal des Sçavans ou, fi l'on veut, de la Pièce correfpondante des
Regiftres. Après le deuxième alinéa de la p. 275 de notre T. VIII fe terminant par les mots: „la
première préparation du Niveau plus aifée", la feuille des Chartîe ajoute un pnlfage biffé. Huygens
avait noté en marge: s'il eft befoin tout cecy pourvoit dire omis, mais il biffa cette note et
la remplaça par la remarque: il faudra retenir cecy dans la nouvelle édition. Voyez fur le
projet d'une nouvelle édition la note 1 de la p. X de notre T. XIII. Voici le paffage en queftion:
Au refte il eft aile de voir que tant que le poids en I fera plus pefant a proportion
de la croix, l'angle ECK [figure de la p. 274 de notre T. VIII] fera aufli une plus grande
partie de l'angle ECI, et tant mieux par confequent l'on découvrira quand le centre
de gravite de la croix eft hors de la ligne CI, ou il doit eftre réduit.
Que iî l'on partage en deux ce poids égal a celuy de la croix, comme il a eftc dit
dans la defcription, et pour la raifon qu'on y peut voir, fufpendant J du dedans de la
boete qui contient l'huile et attachant les autres £ a la queue, qui fort hors de la
boëte, alors l'angle dont ces ? font haufTer ou baiffer la lunette plus qu'elle ne haus-
soit ou baifToit avec le premier quart, fait la moitié de l'angle entier qui eft requis
pour faire venir le centre de gravité de la croix dans la ligne des fufpenfions. de forte
que par la tranfpofition du petit poids P [figure déjà nommée de la p. 274 du T. VIII], il
faut encore faire haufTer ou baiffer la lunette autant qu'elle haufïbit ou baifToit defià.
Et travaillant par après avec le niveau, adjuftè de cette manière, le plus leur eft d'y
attacher toutes les deux parties du poids.
') De même que l'article de janvier 1680 du Journal des Sçavans avait été reproduit dans le même
Tome des Registres aux p. 35 et suiv. comme nous l'avons dit dans la Pièce V.
IX1).
AUTRE COMMENCEMENT DE LA DEMONSTRATION.
[Fig. 24]
Il eit clair que autant que le niveau baille au deflbus de la ligne horizontale citant
fufpendu par le point A [Fig. 24], autant haufle-t-il au de (Tus de la mefme horizon-
tale eftant fufpendu par le point 13, fi la incline ligne AB eft la ligne de dire&ion — en
marge: je ne fcay fi je me luis fervi de ce nom 2)
— vers le centre de la terre dans l'une et l'autre
fufpeniion, fcavoir quand le bout de l'objectif
demeure tousjours tourné du mefme coftè.
Mais la ligne AB fera dans les deux fufpen-
fions la ligne de direction fi le centre de gravité
de la lunette fe rencontre dans cette ligne puis
que la ligne de direction doit paffer par le centre
de gravité du corps fufpendu.
Partant fi l'on trouve alors que dans les 2 fus-
penfionsle filou vifiere du niveau donne au mef-
me point de quelque object ,1'on fera afflirè que
ce pointeftdansle plan horizontal de la lunette.
Or par la première rectification on fait en
lorte que le centre de gravité de la lunette foit dans la ligne AB. Car quand cela n'efl:
point et que ce centre de gravité par exemple fe trouve hors de la ligne AB en E
[Fig. 25], et que par confequent la ligne de direc-
tion eft AE,il arrive neceffairement qu'en adjoutant
du poids en B le bout de la lunette D doit hauffer,
parce qu'on adjoute du'.'poids d'un codé de la ligne
AE, et rien de l'autre.
Mais fi le centre de gravité de la lunette fe trouve
dans la ligne AB comme en F, et que par confequent C
') Charta: aftronomica:, f. 240 r.
2) Huygens s'était en effet servi de ce terme: voyez la 1. 17
de la p. 274 de notre T. VIII.
Tl AE
30
I OO HUYGENS A L ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU.
la ligne AB tende au centre de la terre, alors en adjoutant du poids en B, il eft mani-
fefte que la fituation de la lunette et de toute la croix doit demeurer immobile. De
forte que c'eft une marque certaine, ii après avoir adjoutè le poids en B l'on s'apper-
coit que la lunette ne vile plus au mefme point qu'auparavant, il faut que fon centre
de gravite ne foit point dans la ligne AB qui joint les points de fuspenfion. Et fi elle
hauffe c'eft ligne que ce centre de gravite eft trop vers l'objectif, comme icy en E,et
alors on retire vers l'oeil l'anneau qui coule fur la lunette, pour faire que le centre de
gravité fe range au point F (autre leçon : recule vers le point F). Et quand la lunette
baifle après l'appofition du poids en B on pouffe par la mefme raifon l'anneau coulant
un peu vers le verre objectif.
Et afin qu'on ne doute point 3) &c. quœ ibi fequuntur.
3) Début de la partie de la démonstration de la justesse du Niveau" qui commence au dernier
alinéa de la p. 274 du T. VIII.
APPENDICE I ')
À HUYGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU.
1682.
POl'R CONSTRUIRE MON NIVEAU A LUNETTE QUI EST DANS LE JOURNAL DES SCAVANTS,
PLUS SIMPLEMENT, A MEILLEUR MARCHE, ET MOINS SUJECT
A ESTRE ESBRANSLÈ PAR LE VENT.
8 février 1682.
C'eft pour fon frère Lodewijk, le „Droflàrt" ou „Grand Bailly de Gorcumetdupaïsd'Arckel",
que Huygens corrigea le niveau de cette manière 2). Lodewijk pouvait s'en fervir „a la vifite des
digues".
Il ne faut qu'un tuyau de lunette de fer blanc, par tout de mefme grofleur, et y
faire tenir le verre objeétif et le convexe oculaire a raccouftumée. Sinon que l'ocu-
laire doit eftre aflez près du bout a fin que l'oeil ne touche pas a la lunette quand il
eft au foier de l'oculaire. Et pour le petit tuyau en dedans A [Fig. 26] qui porte le
filet qui fert de vifiere, il faut le faire ouvert par
en haut dans toute fa longueur, parce que de cette
façon il eft aisé de le faire gliffer doucement dans
la lunette, et parce qu'on y attachera encore com-
modément le reflort qui porte le fil, et la petite
pièce de cuivre ou entre la vis a tefte platte, pour
haufTer et baiffer le filet. Le petit tuyau coulant B
[Fig. 27] qui eft par deflus le tuyau de la lunette,
') Nous publions la présente Pièce comme Appendice puisque Huygens quitta Paris en 168 1 et
qu'elle ne fait donc plus partie de ses travaux à l'Académie. La Pièce eft empruntée aux p.
101 — 102 du Manuscrit F. Les p. 236 — 238 du même Manuscrit, datant de 1686, contien-
nent encore plusieurs figures du niveau corrigé ultérieurement. Mais Huygens biffa le texte qui
occupe la p. 237 en observant en marge que Tout ne vaut rien pour une raison qu'il indique.
En décembre 1686 Huygens nota auffi fur quelques remarques „a adjouter a la fin delà
demonftration du niveau" (Charta; aftronomica?, f. 157 et 175): Je ne vois pas qu'il en
foit befoin. Ceft pourquoi nous ne les reproduifons pas.
102
HL'YGENS A L ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU. APP. I.
doit auffi eftre fendu dans fa longueur pour glifler uniment. Aux pointes Cet D il ne
faut que des trous triangulaires, dont l'angle vers l'extrémité foit bien pointu. On y
paffera un fil double de foyequi paffe auffi par le petit anneau de fufpenfion.
Le tuyau doit eftre noirci en dedans avec de la fumée de poix ou d'une torche
allumée.
[Fig. 27]
Au^CU/^
.tri~tfifc
On lit dans la figure: fer blanc double, fer blanc du plus fort.
Pour la boite [fie], au lieu de la croix il ne faut que la faire en forme de prifme
triangulaire; qui foit un peu plus longue que la lunette, et afTez haute pour contenir
la lunette fufpendue avec fon plomb et la boete ou eft le fyrop [Fig. 28]. L'un des
collez de cette boete fera fermée d'un couvercle brisé FF, fait de plufieurs planchet-
tes collées ou clouées à une toile; ce qui fera moins embaraffant que fi c'eftoit une
planche entière. Dans cette boete il y a au haut fimplement un crochet H pour y
fufpendre la lunette. Et un peu plus bas il y a deux autres crochets GG pour y pou-
*) T. VIII, p. 390, lettre du 13 feptembre 1682. Voyez auffi la lettre de 1680 à la p. 276 du même
Tome.
HUYGKNS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU. APP. I.
IO3
voir mettre la lunette quand on tranlporte la bocte. lefqucls crochets feront faits en
forte qu'ils faflent un peu reflbrt pour ferrer la lunette et la tenir ferme. Le pied fera
tait d'une planche KLM un peu plus longue et plus large que la boete et un peu
creufee tant dans fa longueur que dans fa largeur; ce qui fervira a drefler la boete en
tout fens.
[Fig. 08]
[Fig. 29]
Il y aura aux deux bouts de la planche des morceaux NN aflez efpais ou il y
aura des trous pour ij enfoncer les pieds RR qu'il faut allez efcarter pour tenir la
machine ferme. Ce pied et la boete feront beaucoup plus fermes que comme ils
eftoient dans l'anciene defcription, ce qui ell de grande importance.
La boete du firop T [Fig. 29] aura une
platine de fer blanc attachée au fond, qui
ait une fente, par la quelle paflTera une vis a
tefte large, la quelle eitant ferrée attachera
cette boete au fond de la boete de bois. Et
elle pourra par ce moyen eftre facilement
ajuftée directement fous le milieu de la lu-
nette.
1 04 HUYGENS A L ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU. APP. I.
Il faut faire la boete T avec un couvercle que l'on puifle olter. Elle n'a que faire
d'eitre pleine de firop mais feulement jufqu'a la moitié. Cela fera et l'efpefleur du
firop qu'il n'y aura point de danger qu'il en verfe.
La boete triangulaire de bois aura une anfe de ruban au haut par ou l'on puifle la
porter.
Il y aura aufli un ruban attaché au bas de la planche du pied, fur la quelle en faifant
voiage l'on attachera les 3 pieds RRR [ou les 4 pieds] tirez hors de leur trous. Ainfi
il n'y aura que deux pièces a porter, la boete triangulaire et le pied.
Dans le trou de la boete de bois, du coftè de l'oeil il ne fera pas neceffaire peut
eftre de mettre une fourchette pour empefcher le mouvement de la lunette; parce
qu'on pourra ouvrir ce trou en long de la largeur qu'il faut, pour cet effect.
L'ufage et la demonftration de ce niveau fe voient dans ledit Journal desScavants
de l'an 1 680 comme je crois 3).
3) Pièces V et VIII qui précèdent.
APPENDICE II
À HUYGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU.
LE NIVEAU DE 1 66 1 DE THEVENOT.
[1692] 0.
11 a été queftion de ce niveau, mentionné par Anzout, à la p. 32 qui précède 2). Aujourd'hui la
«libella" de Thevenot eft fréquemment employée, en connexion avec une lunette, dans les niveaux
ou appareils fervant au nivellement. Huygens et fes contemporains ne s'en fervaient apparemment
que pour obtenir ou contrôler la poiition horizontale d'un plan 3).
Ayant été amené par une de fes conftruftions pratiques de la „trac~toria [traftrice] ou quadra-
trice de l'hyperbole" à poftuler un plan exactement horizontal — voyez fur ce fujet les notes des
p. 410 — 412 de notre T. X — , Huygens propofe d'abord un quadrum lapidcum repofant fur
trois vis qu'on amène à être perpendiculaire à un fil à plomb, mais enfuite il dit longuni nimis
effet hac libella uti, et fufficit im5 melior eft Thevenotiana +) quae tubulo vitreo aqua
') La Pièce qui fuit eft empruntée aux p. 128 — 130 du Manuscrit H. Les p. 1 17 et 155 portent
respectivement les dates du 29 Oct. et du 18 Dec. 1692.
:) Thevenot décrivit son niveau pour la première fois dans une lettre à Viviani du 15 novembre
1661, et aussi dans une lettre à Huygens probablement antérieure (voyez la p. 407 de notre T.
III, ainsi que les p. 18 — 19 de notre T. IV); ensuite dans un ouvrage anonyme publié en 1666
à Paris sous le titre: „Machine nouvelle pour la conduite des eaux, pour les bàtimens, pour la
navigation et pour la plupart des autres arts".
3) Le père Constantyn mentionne un niveau à goutte de mercure à propos de son billard (T.
VIII, p. 258 — 259"). Christiaan IL, lui, se sert le plus souvent d'une bille pour contrôler la po-
sition horizontale d'un plan, évidemment dans les cas où la bille peut facilement rouler sur le
plan considéré: voyez p. e. la Fig. 36 à la p. 540 du T. XVIII.
4) Comparez l'ouvrage de J. A. Repsold, déjà cité, sur l'histoire des instruments astronomiques
(tome I, p. 53): „Die 1661 von Thevenot in Paris gemachte Erfindung der geschlossenen
Rohren-libelle, die bald dem altcn Lothfaden Concurrenz machen sollte . . .".
E. Gerland dans sa „Geschichte der Physik" de 1913 (R. Oldenbourg, Mùnchen u. Berlin)
dit à bon droit (p. 556) — voyez la suite du présent texte — qu'il est fort compréhensible que
l'invention de Thevenot n'eut au commencement pas beaucoup de succès: „Wollte [Thevenot]
doch, wie er ausdriicklich . . . bemerkt, ein Rohr nehmen, dass im Innern genau zylindrisch
war. Da ein solches ûberempfindlich ist, so war es fur den Zweck, dem es dienen sollte, schlech-
terdings unbrauchbar". L'auteur, ne connaissant pas les présentes pages du Manuscrit H,
ajoute: „Was Huygens dariiber dachte, ist uns leider nicht aufbewahrt".
14
io6
HUVGENS A L ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU. APP. II.
fere pleno confiât, ita ut bulla aeris remaneat longitudine quartœ partis circitcr. Puis
il cent:
Pour fe bien fervir du niveau de Mr. Thevenot [Fig. 30] à mettre une furfàcc
plane parallèle a l'horizon, à quoy il cft d'un excellent ufage, il faut l'enfermer pre-
mièrement dans une boete de cuivre, que je fais toute d'une pièce platte ABCC [Fig.
31]. Sur AB je couche le petit tuyau du niveau, les avances CC eftant pliees en haut
et recourbées chacune vers fon oppofée, en forte qu'il faille quelque force pour y faire
entrer le tuyau. Les petites avances D doivent eftre courbées vers le bas, pour fervir
de 3 petits pieds à cet eftuy du niveau, ce qui fert a l'ajufter avec facilité, en cette
manière.
En marge: NB. Il ne faut pas que le tuyau du niveau foit aucunement contraint
dans fon emboetement de cuivre, parce qu'y aiant elle du temps il fe caiï'e, comme
j'en ay eu l'expérience.
[Fig. 32]
[Fig-31]
■3
*o
_#*» i
ABC [Fig. 32] efl une tablette quarrée. Si c'eft le plan mefme qu'on veut dreffer
a niveau, elle doit eltre parfaitement droite, et eft meilleure de marbre ou autre
pierre, que de bois. Si c'eft pour attacher un autre plan ou glace de miroir defî'us avec
HUYGENS A L ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU. A1>I\ II. I OJ
des goupilles a tefte, elle peut n'eftre que de bois d'un pouce d'epaifl'eur fi elle a un
pied en quatre. Sous les endroits A, B, C qui font difpofez en triangle il y a des vis
qui foutienent la planchette ayant environ 3 pouces de haut, et que Ton peut tourner
par des petits bâtons qui les traverfent horizontalement. Elles entrent dans les ecroux
qui (but dans la planchette, et ainfi eftant tournées font hauffer ou baiffer la planche
de leur colle. Il eft bon qu'elles foient un peu pointues par dcfïbus, pour fe tenir plus
ferme fur la table, ou elles appuieront qui doit eftrc ferme.
On ne trouve point de ces niveaux parfaitement droits, mais cela n'importe guère.
Il faut tourner le coftè qu'on pourra juger tant foit peu convexe, en l'appliquant
[c. à. d. en lui appliquant] la glace d'un miroir, il faut dis je le tourner en deifus la
boete de cuivre, ce qui fera une convexité au dedans du tuyau d'un très grand cercle,
différent peu d'une ligne droite [ce qui manque au niveau original de Thevenot, c'eft préci-
sément qu'il ne parle que d'un tuyau cylindrique: c'elt le „coftè tant foit peu convexe" qu'il fallait
y introduire à deflein].
Pour ajufter le niveau et mettre en mefme temps voftre plan horizontalement,
placez en premier lieu la longueur du tuyau dans le fens de AC, et l'appuiant fur le
plan après avoir fait venir auparavant la bulle a une certaine marque que vous aurez
faite au milieu, voiez après l'avoir pose, de quel codé monte la bulle d'air, tournez
après le devant derrière et faifant derechef venir la bulle a la marque voiez fi la bulle
monte du mefme coftè de la planche, et fi elle va auffi vifte que la première fois, ou
plus ou moins. Si elle va plus vifte, limez un peu du petit pied de la boete qui eft
du coftè vers le quel elle tire, car ceft un figne certain que la ligne eft trop haute de
ce coftè pour quelle foit parallèle a la tangente de la convexité du cylindre à l'endroit
ou vous aurez mis la marque. Limez en tant peu a peu, jufques a ce qu'en tournant
le tuyau devant derrière, vous remarquiez que la bulle tire a peu près avec mefme
viteffe vers le mefme coftè de la planche, puis baifiez ce coftè de la planche en enfon-
çant d'avantage la vis qui eft deffous. Que fi tout d'abord après avoir tourné la
boete, la bulle tire de l'autre coftè de la planche, il faut limer le petit pied vers le quel
la bulle a marché toutes les 1 fois jufqu'a ce qu'elle tire du mefme coftè de la planche
dans les deux fens et a peu près également vifte, et alors comme devant baiffez ce
coftè de la planche par la vis, car il eft certain qu'elle hauffe de ce coftè. Apres recom-
mencez tout de nouveau comme vous avez fait, en limant le petit pied et baiffant la
planche félon les remarques précédentes. Et en continuant ainfi vous parviendrez
bien toft à voir demeurer la bulle a la marque lors que vous l'y aurez mife devant que
d'appuier la boete. Et alors voftre niveau eft ajuftè, c'eft a dire fa convexité a l'endroit
de la marque aura fa tangente parallèle a la ligne de (es pieds les plus diftants. Ce
qu'eftant trouvé ainfi une fois, le niveau fervira à mettre et a remettre en un moment
voftre plan de niveau.
Car prenons qu'elle 5) ne fuft nullement de niveau. Premièrement vous mettrez
5) La tablette ou le plan.
I o8 HUYGENS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LE NIVEAU. APP. IL
la boete dans le fens de AC, ou font les 2 vis. Et tournerez Tune des vis fous A ou C,
jufqu'a ce que la bulle fe mette a la marque du milieu, ou qu'elle s'y ticne quand vous
l'y mettez devant qu'appuicr la boete, ce qui fe fait en un moment. Puis tournez la
boete félon la perpendiculaire a cette ligne AC, et en tournant la vis fous B, faites
derechef tenir la bulle à la marque. Apres cela vous eftes fur que voitre plan cft de
niveau.
Si vous vouliez commencer a dreffer le plan premièrement en ce fens de la per-
pendiculaire à AC, vous ne feriez rien; car il ne demeureroit pas ainfi en le dreiïant
enfuite dans le fens AC. C'eft à quoy il faut bien fonger.
Je trouve ce niveau très fenfible, et fur tout quand la bulle eft un peu grande comme
a occuper le quart ou le tiers du tuyau.
On trouve fouvent [Fig. 33] que la convexité du dedans comme BAC, à la tan-
gente de la quelle FG on a rendu la ligne des pieds HK parallèle, n'occupe pas toute
[Fig- 33]
la longueur du tuyau, mais que vers les bouts il y a des concavitez que j'ay marquez
icy vifiblcment. Ce qui fait que fi en appuiant la boete fur le plan, la bulle fe trouve
vers C ou B, elle s'en va auffi facilement vers D ou E que vers A, où on a fait la
marque, et qu'elle y demeure. C'eft pourquoy il cft neceffaire, quand on emploie un
tel tuyau, de mettre tousjours la bulle près de A, immédiatement devant que d'ap-
puier la boete, ainfi que j'ay dit cydevant qu'il falloit faire.
On pourrait dreffer les tuyaux, ou les moitiez en dedans comme j'ay dit cy défi us.
Mais il y a bien des façons et on ne verroit prefque jamais la bulle réduite à fe tenir à
la marque 6).
tf) A la p. 125 du Manuscrit Huygens avait dit à propos du niveau de Thevenot (la figure de
cette page n'indique aucune convexité): On peut le perfectionner en prenant un peu
moins du tour du tuyau cylindrique que la moitié et le travaillant fur un cylindre
de cuivre, a fin de le bien dreffer en dedans puis on peut feulement cimenter ce
demicylindre fur une boete de fa longeur et largeur, ou bien au morceau de verre
qu'on avoit coupé fi on peut couper le cylindre également avec un charbon allumé,
le long d'une règle, puis il faut l'enchaficr dans une boete de cuivre parfaitement
platte en deffous.
PROJET DE 1 680-1681, PARTIELLEMENT
EXÉCUTÉ À PARIS, D'UN PLANÉTAIRE
TENANT COMPTE DELA VARIATION DES
VITESSES DES PLANÈTES DANS LEURS
ORBITES SUPPOSÉES ELLIPTIQUES OU
CIRCULAIRES, ET CONSIDÉRATION
DE DIVERSES HYPOTHÈSES SUR
CETTE VARIATION.
Avertiffement.
Le planétaire que Huygens fit conftruire à la Haye en 1682 a été confervéjufqu'à
nos jours et fe trouve actuellement à Leiden au „Nederlandfch Hiftorifch Natuur-
wetenfchappelijk Mufeum". La defcription de ce planétaire, telle qu'elle fut publiée
en 1703 dans les „Opufcula poftuma" '), date de beaucoup plus tard. Il eft vrai
qu'une defcription fuccincte le trouve déjà dans la lettre, non expédiée, du 6 février
1 683 à S. Alberghetti -) dont les termes s'accordent avec une partie de la „Descrip-
tio" des „Opufcula poftuma"; mais dans cette lettre Huygens ajoute: „Conftitui
vero ampliorem automati descriptionem pofthac concinnare ac typis edere".
En renfeignant Colbert dans fa lettre du 27 août 1682 3) fur le planétaire récem-
ment achevé — nous obfervons en paflant que la pièce qui s'y rattache „Avantages
de ma machine par deflus celle de Mr. Romer" fait bien voir la concurrence avec
l'altronome danois que nous avons conftatée auffi dans les Pièces précédentes du pré-
fent Tome — , Huygens avait également écrit :„J'ai commencé une autre defcription
plus ample".
Mais même en 1 690 il n'avait pas encore mis fon projet à exécution, puifque dans
le fommaire de fa lettre à de la Hire du 30 mars de cette année 4) nous lifons: „Je
') „Christiani Hugenii Descriptio Automati Planetaiïi".
2) T. VIII, p. 408— 410.
3) T. VIII, p. 376.
♦) T. IX, p. 400.
I I 2 AVERTISSEMENT.
preparcray la miene [description] des Planètes 5)". Dans le préfent Tome nous
croyons donc, par refpeft pour la chronologie, devoir publier cette Pièce beaucoup
plus loin.
Entre 1682 et 1690, grâce aux „Principia" de 1687 de Newton, les idées de
Huygens fur le mouvement des planètes avaient évolué. Il avait reconnu qu'une force
inverfement proportionnelle au carré de la diftance au foleil peut être cenfée retenir
les planètes dans leurs orbites et qu'il en réfulte que c'eft bien la variation de la viteiTe
telle que l'en feignait Kepler, premier auteur de la théorie des ellipfes, du moins poul-
ies planètes — car pour les comètes Kepler admettait le mouvement rectiligne 6) —
qui eft la bonne.
En même temps, nous le diibns plus amplement dans l'Avertiffement au „Discours
de la Caufe de la Pefanteur" de 1 690, les idées de Huygens fur les tourbillons s'étaient
modifiées. En 1680 — 1 681, malgré quelques héfkations "), il croyait, pour les pla-
nètes circulant autour du foleil, au „vortex deferens" de Defcartes 3), fans toutefois
comprendre — eft-il befoin de le dire? — comment ce vortex folaire peut faire tour-
ner les planètes dans des orbites elliptiques ou dans des cercles excentriques ni pour-
quoi leurs vitefies varient dans ces orbites ainfi que l'obfervation le fait voir.
Avant Newton, il n'était certes pas déraifonnable — c'eft le cas de Boulliau et de
Ward — d'accepter la première loi de Kepler d'après laquelle les planètes fe meuvent
dans des ellipfes dont le foleil occupe un foyer, ainfi que la troifième qui établit la
proportionnalité des deuxièmes puiflances de leurs périodes avec les troifièmes puis-
fances des grands axes de leurs orbites, mais de douter de la deuxième fuivant laquelle
pour une planète quelconque les aires, en d'autres termes les feéteurs, compris chacun
s) De la Chapelle Besse et de la Mire avaient exhorté Huygens, respectivement en février et en
mars 1690 (T. IX, p. 262— 264), d'envoyer la description à Paris. De la I lire voulait la publier
avec les autres pièces inédites qui parurent dans les „Divers ouvrages" de 1693. Mais la des-
cription en question ne s'y trouve point, malgré une nouvelle exhortation de de la Ilire en
janvier 1691 (T. X, p. 6).
6) Notre T. XIX, p. 276.
7) T. XIX, p. 288, note 1.
8) T. XIX, p. 288, 1. 2 d'en bas, p. 294, 1. 3 d'en bas, p, 296, deuxième alinéa, p. 309, première
ligne.
AVERTISSEMENT. I I 3
entre un arc d'ellipfe et deux rayons vecteurs émanant du foleil, font precifément
proportionnelles aux temps que met la planète à parcourir ces arcs.
Il était également permis — c'eft le cas de Huygens, comme nous le ferons voir — ,
de n'accepter que la troifième loi (voyez fur la troificme loi la p. 36 qui précède)
et de douter de la vérité des deux premières.
Comme les excentricités des orbites elliptiques — en fuppofant qu'elles foient
vraiment elliptiques — font petites, Huygens n'avait certes pas de raifons fufnfantes
pour faire parcourir effectivement des ellipfes par les planètes de fon planétaire; on
n'aurait guère pu les diftinguer de circonférences de cercle, et il était donc bien plus
(impie de s'en tenir à ces dernières. Mais les variations de vitefle, différentes pour
chaque planète, ne pouvaient être négligées, et la queftion fe pofait s'il fallait faire
varier les vitefTes, pour autant que le permettait la fubftitution des circonférences de
cercle aux ellipfes, fuivant la loi de Kepler ou bien fuivant une autre. D'ailleurs cette
queftion agronomique des vitefTes l'intérefTait en elle-même. En février 1682 9) il
écrit à de la Hire que „depuis peu" il a „efludiè d'avantage en Aftronomie que par
le passé a l'occafion de la machine planétaire".
Suivant Boulliau la forme elliptique de l'orbite avait été établie par Kepler pour la
planète Mars. Il eft d'avis que dans le temps où il écrit la forme elliptique doit être
confidérée comme également démontrée (ou plus ou moins démontrée), par les obfer-
vations pour Mercure qui pofTède la plus grande excentricité I0). Quant à la variation
des vitefTes, il fubftitue à la deuxième loi de Kepler une autre hypothèfe qui fut égale-
ment adoptée à fon exemple par Seth Ward et de Pagan. C'eft celle-ci, outre la loi
ou hypothèfe de Kepler, que Huygens confidère en premier lieu dans la Pièce qui fuit.
Il y parle auffi brièvement d'une hypothèfe de N. Mercator, et fes calculs font voir,
ce qu'il indique d'ailleurs explicitement en quelques mots, qu'il a conçu lui-même
une autre hypothèfe qu'il dit pouvoir être plus exacte que celle de Kepler. Il eft fort
°) T. VIII, p. 344. Nous avons déjà cité ce passage à la p. 13 qui précède.
I0) „lsmaelis Bullialdi Astronomia Philolaica. Opus novum, in quo motus Planetarum per novam
ac veram Hypothesim demonstrantur. Mediique motus, aliquotobservationumatuhoritate,ex
Manuscripto Bibliotheca; Regia;, qua? hactenus omnibus Astronomis ignotaefuerunt,stabiliun-
tur. Superque illa Hypothesi Tabula; constructa; omnium, quotquot hactenus editœ sunt, facil-
lima? . . . Historia omis et progressus Astronomia: in Prolegomenis describitur, etc." (Paris, S.
Piget, 1645). Lib. XI, Theor. XIII, „Orbitam Mercurij esse Kllipticam": „Ex observationum
collatione ostendere pariter debemus, Mercurium per ellipsim incedere". Voyez aussi la note
40 de la p. 1 29 qui suit.
'5
I I 4 AVERTISSEMENT.
poffible qu'il ait développé cette hypothèlé dans quelques feuilles féparées qu'il n'a
pas jugé nccefïàire de conferver. Nous tacherons ici d'y fuppléer de notre mieux.
Dans la lettre déjà citée à Colbert Huygens dit que „pour l'inégalité" il a „reprc-
fentè l'hypothefe de Kepler": il eft évident qu'après l'oeuvre de l'aftronome allemand
aucune hypothèfe ne pouvait paraître plaufîble qui ne conduirait pas à une variation
des vitefTes différant peu de celle que donne la loi des aires. On ne peut donc pas,
nous femble-t-il, conclure de cette phrafe qu'en août 1682 Huygens était déjà con-
vaincu de l'exactitude abfolue de cette loi dont la fienne ne s'écarte que faiblement.
Dans fa lettre il n'entre pas dans les détails; il ne fait pas même mention du fait que
dans la machine les ellipfes de Kepler ont été remplacées par des circonférences de
cercle, ce qui, comme nous le ferons voir, contribuait à rendre la différence entre
l'hypothefe de Kepler et la fienne imperceptible et pratiquement nulle.
Hypothèfe de Kepler. Acceptant la loi des aires, on peut fe propofer, à l'inftar de
Kepler lui-même, d'exprimer par une équation comment varie avec le temps ce qu'on
appelle aujourd'hui l'anomalie vraie, c. à. d. l'angle que fait avec le grand axe de l'el-
lipfe le rayon vecteur qui joint à la planète le foleil, fitué en un foyer. A cet effet, on
peut confidérer en même temps l'angle correfpondant que fait avec le grand axe un
rayon vecteur partant d'un point arbitrairement choifi fur cet axe M) et joignant ce
point à une planète fictive parcourant uniformément dans le même temps que la pla-
nète réelle, non pas une cllipfe, mais une circonférence de cercle (il s'agit, peut-on
dire, d'une aiguille parcourant le cadran d'une horloge); cet angle eft 1' „anomalie
moyenne". En 1769 J. L. Lagrange eft parvenu à exprimer par une férié conver-
gente l'anomalie vraie en fonétion de l'excentricité I2) de l'ellipfe et de l'anomalie
moyenne I3). Au dix-feptième siècle il fallait encore procéder „tentando". En con-
fultant 1' „Epitome Aftronomia; Copernicanœ ,4)" on voit que Kepler confidère trois
11 ) On peut p.e. choisir pour ce point, avec Kepler, le foyer de l'ellipse que le soleil n'occupe pas;
voyez la note 25 de la p. 141 qui suit.
c
I:) Nous parlons ici de l'excentricité moderne- où a représente le demi grand axe et c la distance
d'uti foyer au centre de l'ellipse. Plus loin, l'excentricité linéaire c sera simplement appelée
„excentricité" comme aux jours de Kepler et de Huygens.
,3) „Sur le problème de Keppler", Mém. de l'Ac. de Berlin, T. 25, publié en 177 1.
M) „Epitome Astronomie Copernicanac, usitatà forma Qiiœstionum & Responsionumconscripta,
inque VII Libros digesta etc." authore Ioanne Keplero etc. Francofurti, Imp. 1. G. Schon-
uetteri, 161 8 et 1635.
AVERTISSEMENT. 1 I
anomalies différentes : L' „anomalia média1', 1' „anomalia eccentri" et 1' „anomalia coa?-
quata" I5). Cette dernière n'eft autre que l'anomalie vraie. On peut dire que fon
„anomalia média" eft identique avec l'anomalie moyenne. Il en donne, il eft vrai, la
définition fuivante l6): „Quid eft Anomalia média? Eft ipacium temporis, quod pla-
neta confumit in quolibet arcu Cux orbita?, ab apfide incepto, redactum in partes
— degrés — & minuta, qualium anomalia tota valet Gr. 360. numerationis logiftica?
vel Aftronomica?"; mais les termes mêmes de cette définition font prévoir que dans
les figures il ne s'agira pas d'un „fpacium temporis" mais d'un angle (ou d'un fecteur
de cercle): il n'eft queftion de „fpacium temporis" que pour faire voir que cet angle
croît uniformément. Quant à 1' „anomalia eccentri" — „anomalia excentri" ou
„anomalia excentrica" chez Huygens — c'eft l'angle que fait avec le grand axe de
l'ellipfe un rayon, égal à la moitié de cet axe, émanant du centre de fellipfe et dont
l'autre extrémité fe trouve à chaque inftant avec la planète fur une même perpendi-
culaire au dit axe. On la défigne encore aujourd'hui par l'expreffion „anomalie excen-
trique" quoiqu'il s'agifle à la vérité d'un angle que, pour éviter les confufions, on
devrait plutôt nommer centrique.
Cette „anomalia eccentri" eft introduite pour calculer en deux étapes, ce qui fem-
blait ne pas pouvoir être fait directement, l'„anomalia coequata" en fonction (pour
employer ce ternie) de l'„anomalia média".
La confédération de la figure et la loi des aires conduifent aux équations
ç
Am = At-\- - sin Aç.
a
Ac 1 Sa — c At ...
où a défigne la moitié du grand axe de l'ellipfe, c fon excentricité linéaire ' 8), Ac, At
et Am refpeclivement Y „anomalia coequata", 1' „anomalia excentrica" et Y „ano-
15) P. 684 (Libri Quinti pars altéra, III de mora planetœ in arcu quolibet): „Quotsunt igitur
Anomaliœ sumpta; ut pars totius? Très nuncupantur Anomaliac in uno quolibet situ planeta?:
I. Anomalia média. 2. Anomalia eccentri. & 3. Anomalia coœquata" [ailleurs: „coequata"].
,6~) Même endroit.
17) Nous supposons les angles mesurés à partir de l'aphélie. En les mesurant à partir du périhélie
on peut se servir des mêmes formules après y avoir changé c en — c.
18) Comparez la note 12 de la p. 114.
u6
AVERTISSEMENT.
malia média". La première équation eft: une équation du mouvement; la deuxième
n'eft: autre chofe, peut-on dire, que l'équation de l'ellipfe pour les deux variables Az
et Az. C'eft la première équation qui ne peut être réfolue que „tentando"; mais une
fois qu'on a trouvé Az pour une valeur donnée de Am on peut directement calculer
Az à l'aide de la deuxième formule.
Dans ces formules nous avons pris l'unité moderne pour les angles, et nous y con-
fidérons le finus et la tangente l'un et l'autre comme un rapport de deux longueurs,
non pas Amplement, avec Kepler et fes contemporains, comme une longueur. Si l'on
voulait exprimer Am et Ae en degrés, la première formule devrait s'écrire
7T
- Am = -J- Az + - fin Az.
180 180 a
En 1680, à une des dernières pages du Manufcrit E I9), Huygens — c'eft: la pre-
mière fois, femble-t-il, qu'il s'occupe de ce fujet — fe pofe le problème mathéma-
tique „data anomalia média et coequata invenire anomaliam excentricam". Il eft;
évident qu'il n'a pas en vue ici l'hypothèfe de Kepler d'après laquelle il devrait fe
propofer — première équation — de „data
,0 anomalia média invenire anomaliam excentri-
cam", et enfuite — deuxième équation — de
„invenire anomaliam coequatam".
Attendu que plus tard, en 1690 dans le Ma-
nufcrit G I0), Huygens a bien rédigé, en ac-
ceptant l'hypothèfe de Kepler, la folution de la
première partie de ce dernier problème, énonce
en entier fous la forme: „In Kepleri hypothefi
ex anomalia média invenire anomaliam excentri
et coequatam tentando", nous avons cru devoir
intercaler (§ 2) cette page de 1690. Il y dit à
bon droit que Kepler eft: „longior et obfcurus".
L'équation obtenue par Huygens (après Kep-
ler) : „Oportet igitur invenire arcum PK talem, ut addita ex parte proportionali finus
Iy) Manuscrit E, p. 252.
2°) Manuscrit G, f. 14 r.
AVERTISSEMENT. I I J
lui KL fecundum rationem BA ad BK vel BR, hoc cil: fecundum rationem excentri-
citatis ad dimidium axem, fumma fiât requalis arcui anomalice média; data?" correfpond
à l'équation Axa = Aç + - fin Ae, puifque les arcs PK et PM fe trouvent fur une
même circonférence de cercle et font donc proportionnels aux angles A*, et Am.
Huygens n'écrit pas la deuxième formule de Kepler, mais puifqu'il fe proposait auflî
de trouver 1' „anomaliam coequatam" on voit que, connaiiïant Ae, il était apparem-
ment en état de trouver Ac fans beaucoup de peine: en effet, lorfque l'arc PK eft
connu, la pofition du point C en découle et partant aufli l'angle CAP qui eft 1' „ano-
malia coequata" ou anomalie vraie Ac. Le calcul conduit à la formule générale.
Dans les Manufcrits E -l) et F22), en 1680 — 1 681, Huygens énonçait 21) — fans
l'avoir démontrée, ce qu'évidemment il aurait pu faire — et réfolvait à tâtons ")
cette même équation Am = At-\--ûnAe: „Oportet invenire arcum PK qui additus
ad . . . etc." Et à la p. 6 du Manufcrit F il calculait numériquement une „anomalia
excentri" de la planète Mars d'après 1' „anomalia média" donnée, en citant la p. 696
de 1' „Epitome" de Kepler où il eft en effet queftion de ce même calcul numérique:
l'„anomalia média" donnée y eft de 5o°q'io", d'où rélulte 1' „anomalia excentri"
47°42'i7".
Hypoihèfe de Boulliau et de Seth IVard. Dans fon „Aftronomia Philolaica" de
1645, déjà citée plus haut, Boulliau propofe fur la variation des vitefîes des planètes
dans leurs orbites elliptiques, dont le foleil occupe toujours un des foyers, une hypo-
thèfe qu'on trouvera énoncée par Huygens dans le § 3 qui fuit. Malgré l'ellipticité
de l'orbite et le manque d'uniformité du mouvement, Boulliau ne veut pas abandon-
ner entièrement l'idée maîtrefie des aftronomes grecs n'admettant que les orbes
circulaires et le mouvement uniforme. Il croit pouvoir combiner cette idée avec les
obfervations modernes en plaçant l'ellipfe fur un certain cône oblique à bafe circulaire
dont une génératrice parcourt la furface conique de telle manière que le point d'in-
terfection de la génératrice avec la bafe fe meut uniformément fur la circonférence de
cercle. Un des foyers de l'ellipfe fe trouve par hypothèfe fur l'axe du cône — c'eft
2I) Manuscrit E, p. 263 (dernière page). Les p. 252 et 263 sont les seules dans ce Manuscrit où
Huygens s'occupe du problème de la variation des vitesses. Elles se suivraient si Huygens
n'avait pas collé quelques feuilles entr'elles.
:2) Manuscrit F, p. 4 et suiv.
I I 8 AVERTISSEMENT.
ainfi que le cône a été conftruit — , c. a. d. fur la droite qui joint le Commet au centre
de la bafe. Le mouvement de la planète, fuivant l'hypothèfe de Boulliau, ferait repré-
fenté par celui du point d'interfeétion de la génératrice confidérée avec l'ellipfe.
Boulliau admire Kepler comme géomètre, mais il n'admet pas généralement — et
qui voudrait le lui reprocher? — fes „caufa? phyficse" : „Dolebam virum tam fagacem
deferta Geometria ad Phyficas caufas transfugifTe, tranfitu facto à luce adtenebras" î3).
Mais ceci ne juftifie guère fon hypothèfe à lui qui eft à la vérité une hypothèfe tout
autre mais non pas plus efTentiellement géométrique que la deuxième loi de Kepler;
et l'on peut parler ici d'une idée préconçue de Boulliau, ce qui n'eft pas le cas pour
Kepler. Il eft vrai qu'il nous eft facile aujourd'hui de défendre ce dernier, fâchant
avec certitude qu'il avait raifon. Pour les aftronomes du dix-feptième fiècle, avant
Newton, la chofe devait être beaucoup moins claire.
En 1653 Seth Ward publia fes obfervations, en partie critiques, fur le livre de
Boulliau -4). Il démontre en premier lieu, ce que Huygens reproduit à fa manière
dans notre § 3, que l'hypothèfe nouvelle peut être énoncée plus brièvement et fans
parler du tout du cône oblique: elle revient fimplement à ceci que la planète fe trouve
conftamment fur un rayon vecteur partant du deuxième foyer de l'ellipfe — le pre-
mier étant celui occupé par le foleil — et tournant autour de lui d'un mouvement
uniforme. Ward attire enfuite l'attention fur quelques erreurs mathématiques de
Bouilliau. Ce qui fut également remarqué par Ward et eftafïurément plus grave c'eft
que Boulliau, voyant que les valeurs pour la planète Mars, calculées fuivant fon hy-
pothèfe, s'écartaient trop à fon avis de celles de Kepler (ou de Tycho Brahé) leur
avait tacitement fubftitué des valeurs tirées des „Tabula? Rudolphina;" de Kepler
lui-même que fes nouvelles tables, les „Tabulae Philolaicce", devaient, aux yeux des
lecteurs, avoir la prétention de corriger au moyen de la nouvelle hypothèfe 15).
23) Prolegomena, p. 4.
24) „In Ismaelis Bullialdi Astronomia? Philolaica; Fundamema, Inquisitio brevis" Authore Setho
Wardo Astronomie in Celeberrimâ Academia Oxoniensi Professore Saviliano. Oxoniae. L.
Lichfield, 1653.
25) „Histoire de l'astronomie moderne" par M. Delambre, T. II, i82i.p. 169: „Renonçant à sa
propre équation pour Mars, il a imprimé celle de Kepler, parce que son équation avait des
erreurs qui allaient jusqu'à deux [??] minutes. L'erreur était moindre dans les autres planètes,
Mercure excepté [voyez la note 39 de la p. 128 qui suit, ainsi que la dernière ligne de la p. 136
et le note 25 de la p. 141]. Il a dissimulé cette erreur; sur quoi l'on peut dire que ce n'était pas
la peine d'imaginer une nouvelle hypothèse pour l'abandonner aussitôt, et reprendre dans les
Tables de Kepler l'équation calculée dans l'hypothèse qu'il rejetait".
AVERTISSEMENT. I I 9
Nous obfervons que Huygens qui connaiflTait les Tables de Bouilliau depuis long-
temps :<5) — confultcz notamment la note 9 de la p. 523 du T. XV — difait en 1666
ou 1667 à l'Académie que malgré la conftruclion de ces Tables „l'on trouue qu'en
gênerai les Rudolphines font celles qui approchent le plus du Ciel -")".
Malgré tout, dans un ouvrage ultérieur de 1656 î8), dédié à Neile, Hevelius,
Gaflendi (f 1655), Riccioli et Boulliau, Ward croit devoir adopter l'hypothèfe de
ce dernier: „Ellipfeos, cùm focus alter fit fol, fuper alterum intérim focum, ita tem-
peratur planetae cujuique motus, ut temporibus œqualibus, squales illic angulos
abfolvat ^y\
Avant d'avoir pu prendre connaiflance de ce dernier ouvrage, Boulliau avait com-
pofé la brochure qui parut en 1 657 : „Ifmaelis Bullialdi AftronomisePhilolaica; Funda-
menta clarius explicata & aiïerta adverfus ClarifUmi Viri Sethi Wardi Oxonienfis
Profeiïbris impugnationem 3°)". Il y maintient, fi l'on veut, fon hypothèfe, mais en la
modifiant 3I). La planète ne fe trouve pas précifément, penfe-t-il maintenant, à l'in-
terfection I de l'cllipfe et du rayon vecteur tournant uniformément autour du deu-
xième foyer; pour obtenir la bonne pofition il faut mener par I une parallèle au petit
axe de l'ellipfe et joindre au deuxième foyer par une droite d le point où cette paral-
lèle coupe l'ellipfe. La planète fe trouvera au point où l'ellipfe ell coupée par la
droite d. *
Huygens fait mention au § 3 qui fuit de cette nouvelle hypothèfe ou „limitatio"
de Boulliau. Ce qu'il défigne par hypothèfe de Boulliau et de Ward, laquelle il appelle
d'ailleurs généralement celle de Ward, c'efl: toutefois l'hypothèfe non modifiée telle
qu'elle fut interprétée et adoptée par l'aftronome anglais. Mais la difcufiion entre les
deux aftronomes peut avoir donné à Huygens la conviction — voyez fes paroles à
l'Académie citées plus haut — que fi les tables de Kepler n'étaient apparemment pas
tout-à-fait correctes — même endroit — , l'hypothèfe de Boulliau ne l'était fûrement
pas non plus.
:<s) Au moins depuis 1653; voyez notre T. I.
2?) T. XIX, p. 261.
î8) „Astronomia Geometrica, ubi methodus proponitur qua Primariorum Planetarum Astronomia
sive Elliptica sive Circularis possit Geometricè absolvi, opus astronomis hactenus desideratum".
Authore Setho Wardo, etc. Londini, J. Flesber, 1656.
39) P. 1, Lib. I, pars I, caput I.
s°) Paris, S. et G. Cramoisy.
31 ) Ce n'est que dans un „Monitum" ajouté à la fin qu'il parle fort brièvement du nouvel ouvrage
de Ward.
120
AVERTISSEMENT.
Hypothèfe de N. Mercator 31). Ce favant que Huygens appréciait fort comme
mathématicien — voyez notre T. XX fur Mercator et les logarithmes — avait débuté
dès 1 65 1 par des ouvrages aftronomiques dont les premiers parurent en Allemagne.
En 1664 il publia une brochure 33) où il développe lui aufli une nouvelle hypothèfe;
c'eft celle que Huygens examine dans le § 9 qui fuit, en citant un ouvrage ultérieur
du même auteur 34). L'hypothèfe qui n'a pas eu d'influence marquée fur Huygens
revient à ceci. Qu'on divife la diftance EA, qui fépare les deux foyers de l'ellipfe, en
moyenne et extrême raifon 35) de forte que ED: DA = DA : EA, le foleil fe trou-
vant en A. Qu'on décrive enfuite une circonfé-
rence de cercle de rayon a (moitié du grand axe)
non pas du centre de l'ellipfe B, mais du point D.
PuifTe le rayon veéteur E V (le point V fe trouvant
fur la circonférence de cercle) tourner uniformé-
ment autour du foyer E. La planète fera alors par
hypothèfe à chaque inftant en S, point d'interfec-
tion de la droite VA avec l'ellipfe. L'angle PEV
eft fon „anomalia média". Huygens ne confidère
cette hypothèfe que pour calculer le rapport qui
en découle des vitefles de la planète aux apfides
(périhélie et aphélie) P et R.
y/JQ^
r, ou a + c et ra ou a — c. Donc vx :v
Suivant Kepler (deuxième loi) — et auffi fui-
vant Ward — le rapport de ces deux viteflTes eft
inverfement proportionnel aux diftances du foleil
1 1
r, ' rn
Mais comment concilier la
3I) Ou N. Kaufmann. Né en Allemagne, Kaufmann ne quitta ce pays, pour se fixer en Angleterre,
qu'en 1660.
5î) „NicoIai Mercatoris Hypothesis Astronomica Nova et Consensus ejus cura Observationibus",
Londini, ex officina Leybourniana. 1664.
34) Savoir „Nicolai Mercatoris liolsati è societate regià Institutionuin Astronomicarum libri duo,
de motu astrorum communi & proprio, secundum hypothèses veterum et recentiorum pneci-
puas, deque hypotheseon ex observatis constructione . . . quibus accedit appendix de iis qua»
novissimis temporibus cœlitus innotuerunt", Londini, G. Godbid, 1676.
35) Qu'on y applique, comme le dit Mercator, la „sectio divina".
AVERTISSEMENT. I 2 1
valeur de ce rapport avec la théorie du vortex (blaire? Suivant la troifième loi de
Kepler on a pour deux planètes différentes, dans l'hypothèfe d'orbites circulaires,
■;•. : 0- = , . : , — , et lî le tourbillon eft un «vortex déferais", c. à. d. un tour-
billon dont la vitefle égale en chaque endroit celle de la planète qu'il charrie, comme
l'admet I luygens, cette dernière équation doit être valable pour les vitefl'cs linéaires
de la rotation de la fubtile matière du vortex lui-même, ce qui eft pofllblc, quoique
Huygens avoue ne pas lavoir quelle eft la caufe intrinsèque de la diminution des vites-
ses fuivant cette loi 3<J). Mais s'il en eft ainfi, comment expliquer que, dans le cas
d'une orbite elliptique, les viteïïes de la planète aux apfides obéiiTent apparemment
à une autre loi?
L'hypothèfe de Mercator donne-t-elle peut-être pour le rapport des vïtefles aux
apfides une valeur qui fe rapproche tant foit peu davantage de la valeur — : / — ?
Y ' i y f n
Le calcul 3") fait voir que le contraire eft vrai. Il ne refte à I luygens qu'à exprimer fon
étonnement: „Mirum in his hypothefibus qui pofTit materia vorticis conferre motum
planeta? perihelio, fuo ipfius motu celeriorem".
Hypoihèfe de Huygens. La p. 4 du Manufcrit F, ainfi que d'autres, eft remplie de
calculs numériques. On y lit e.a. (d'après la figure il s'agit de 1' „anomalia excentri"
et le calcul fe rapporte à la planète Mercure pour laquelle le rapport -de l'excentri-
cité au demi grand axe eft TV5)
37.37.59 angulus KBP mihi
37.46. o 38) angulus KBP Keplero.
Anomalia coequata mihi 31-20. o Wardo 30.15.58
Keplero 30.48. 2 Keplero 30.48. 2
mea excedit 0.31.58 Wardi déficit 0.32. 4
Toutes ces valeurs correfpondent à une „anomalia média" de 450.
3l5) Consultez la note 5 de la p. 483 du T. IX et la lettre de Huygens à Leibniz du 1 1 juillet 1692
(T. X, p. 297).
37) Voyez la note 27 de la p. 142 qui suit.
38) Faute de calcul, voyez la p. 127 qui suit.
16
122
AVERTISSEMENT.
Apparemment Huygens n'eft d'accord ni avec Kepler ni avec Ward.
A la p. 5 on lit e.a.
37.46 38) arcus PK fec. hyp. Kepleri
37. o arcus PK fec. hyp. Wardi
46' differentia arcuum PK
eam quam in automato fecutus fum.
37°38' arcus PK mihi
8' differo a Keplero
hoc efl: fecundum viam
Le ledleur pourrait être tenté d'admettre que cela ne lignifie pas que Huygens a en
vue une hypothèle théorique différant de celle de Kepler, mais feulement que dans la
conftruétion pratique de l'automate il a été obligé de s'écarter un peu de cette der-
nière. Cette opinion efl: pourtant infoutenable, puifque fur une feuille collée fur la p.
22 du Manufcrit (§ 14 qui fuit) il écrit: „Dico hoc motu planetam inaequaliter ferri
in fua orbita ita ut exigit hypothefis noflra, Keplerianaî proximè œquipollens" et
encore „Ideoque N locus planetse debitus medio motui AL, fecundum hypothefin
noftram", et qu'à la p. 22 il ajoute, après avoir dit que la différence entre Kepler et
lui-même efl: imperceptible: „Et fortafle nospropiores veritati".
Il faut donc bien prendre cette divergence au
férieux et examiner en quoi elle confitle.
Or, à la p. 4 déjà citée la valeur 37°3759" de
Huygens de 1' „angulus KBP" efl: obtenue par
l'addition des angles 22°3o'o" et i5°7'59', dont
le premier efl la moitié de 450, c. à. d. de la
grandeur qu'a par hypothèle l'angle PEC, où P
efl: l'aphélie, E le foyer que le foleil n'occupe pas
et C la planète. L'angle PEC efl donc 1' „anomalia
média" fuivant l'hypothèfe de Ward. Quant à
l'angle i5°7'59",il efl: lamoitiédel'angle 3o°i5'58"
repréfentant, comme nous l'avons dit plus haut,
1' „anomalia coequata" de Ward; dans la figure
c'eft l'angle PAC.
Il paraît donc que fuivant l'hypothèfe de Huygens on a
AVERTISSEMENT.
Les formules (modernifées) de Kepler étaient
[ Am = Ae + - sin y/e
\ a
Kepler
Dans l 'hypothèfe de Ward ces équations doivent être remplacées par
Ac a — c Am f Aç, "I fa — c AA
l tg == te; — ( ou mieux tg — - = 1/ - — _ ta; — - )
\v.„J 2 * + f & 2 V b 2 a + c h i J
>V ARD
Ac
I
a
a
1
— c
fa-
Am s
— Qo«
mieux
^7:
= 1/— c
V a + c
rg
^m-
La première forme de la première équation (équation du mouvement) eft démon-
trée par Huygens au § 5 et exprimée dans les termes: „ut AP ad AR ita tang. \
CEP ad tang. \ CAP". La deuxième équation eft la même que chez Kepler puifqifil
s'agit de la même ellipfe.
Dans le Manufcrit E, nous l'avons dit à la p. 1 16, Huygens fe pofait le problème:
„data anomalia média et coequata invenire anomaliam excentricam". Or, l'équation
de Huygens que nous venons d'écrire, rélout ce problème fort Amplement, bien en-
tendu en prenant pour 1' „anomalia coequata" l'angle ÇAc*)\vir&'- 1' „anomalia excen-
trica" de Huygens, fuivant cette équation, eft la moyenne arithmétique des deux
autres. On voit que cette équation ne peut être dérivée ni des équations de Kepler,
ni de celles de Ward. QAt')H^g<:m, pour une même valeur de Am, diffère de ÇAi)Wîrd
tout aufli bien que de (^e)Kepier- Voyez encore fur cette différence la note 39 de la p.
128 qui fuit.
L'équation de Huygens, combinée avec la première équation de Ward, devient
a + C (AOwardl
(^e)Huvec„, = è (^Oward + ^C tg [^^ tg
ou bien (^e)n»vPn, = i Am + arc tg Ç
a + c & 2 y
Quant à 1' „anomalia coequata" (3 i°2o'o") on voit à la p. 4 du Manufcrit F que
dans un cas fpécial elle eft obtenue par l'addition de |-(^e)nuygcn, et de arc tg
tg j ^ — e^Huyg«» | 1 Les deux équations qui expriment l'hypothèfe de Huygens
peuvent donc s'écrire
124
AVERTISSEMENT.
HUYGENS
A = iA+arctg(^cg^)
Comme dans le cas des hypothèfes de Kepler et de Ward, la première de ces
équations cil une équation du mouvement de la planète, tandis que la deuxième eft
celle de la courbe dans laquelle elle fe meut. Or, en introduifant,au lieu des variables
Ac et Ae, des coordonnées cartéfiennes, on conftatera que cette
courbe eft une circonférence de cercle de rayon a où le foleil fe
trouve à une diftance c du centre. En d'autres termes: la planète,
fuivant l'hypothèfe de Huygens, parcourt, non pas une ellip(e,mais
un cercle excentrique. A la fin du préfent Avertiflement, nous
faifons quelques remarques hiftoriques a ce propos.
Dans toutes les équations on peut remplacer Am par ^- 360% où / eft le temps et
T la période de la planète. L'anomalie excentrique de Huygens f 'exprime alors en
fonction du temps par^/e = -sr 3600 -f- arc tg | — - tg ^—-360°) 1 ou, en
2 TTt
unités modernes, par At = — ™- + arc
Stl — C 2Tf\
Il en réfulte que la vitefle variable v de la planète dans fon orbite circulaire
("exprime fuivant Huygens par la formule
v = a
A A . (a + 0 C0Sl V + 0* — 0 f,n* %r
<\Ae_27ra* y T T
{a + cy cos* jr + (a — cy fin2 -=
Pour le rapport des vitefles aux apfides (aphélie et périhélie) on a toujours,
1 1
comme chez Kepler et Ward v. :v„ =
a + c a — c
Ce n'eft donc pas dans le but de corriger tant foit peu l'équation
V, : Va ta - : — dans le l'en s de l'équation v. : v„ — -—-
a conçu fon hypothèfe.
r— que Huygens
AVERTISSEMENT. I25
Nous remarquons en paffant que les viteiïes aux aplides elles-mêmes font diffé-
rentes fuivant les trois hypothcfes. On a
d'après Kepler d'après Ward d'après Huygens
- T a 1 / 'a — c 1 2T, . 1 2 7r a a
V-—T-V â+l \ ' ' = T (" ~ ° \ v' = -T- a + ï
i 2 Ttfl fa + C I 2T, . v
2 7T tf #
r ^
C'eft dans les §§ 13 et 14 qui drivent que Huygens explique l'agencement fort
ingénieux des roues à dents égales fervant h „invenire" — „proxime" du moins —
„ex anomalia média coequatam" (mais il efl: évident qu'on peut auffi, § 17, obtenir
un mouvement de vitefTe variable en fe fervant de dents inégales). On trouve auflî
un paffage fur ce fujet dans la „Defcriptio" du planétaire publiée en 1703, mais ce
paflage ne contient pas toutes les confidérations mathématiques du préfent texte.
La conftruétion a-t-elle fuffifamment attiré l'attention des aitronomes? Nous en
doutons. Tout mathématicien ou aftronome qui a jeté les yeux fur la „Defcriptio" a
dit fon mot fur les fractions continues (qui fe trouvent au § 16 qui fuit et dont pour
'e moment nous ne traiterons pas). Mais il vaut auffi la peine de conftater, comme
nous le ferons ici, qu'il eft vrai, ainfi que le dit Huygens, que la machine tire de
l'„anomalia média" l'„anomalia coequata" à fort peu près fuivant les équations de
Kepler.
Dans les §§ confidérés Huygens donne le nom d'„anomalia coequata" à la grandeur
Az de Kepler, non pas à la fienne. C'eft pourquoi nous défignerons ici celle de
Kepler fimplement par Ac. De même pour A t.
Nous ne copions pas ici l'explication de Huygens mais nous la fuivons de près, la
mettant en équations à la façon moderne. Dans fa figure, où le foleil fe trouve en E
et où les droites EH et DK font parallèles, il démontre que fuivant la loi des aires de
Kepler — il eft vrai que dans le planétaire la planète fe trouve en K, point de la
circonférence de cercle AKC, et non pas en N, point de l'ellipfe; mais il faut avoir
égard au fait que le sefteur EKC lorfque K fe trouve fur la même verticale que N
(AC étant horizontale), eft toujours à l'aire correfpondante ENC dans le même
I 26
AVERTISSEMENT.
rapport - L ,'de forte "que la loi des aires eft valable aufli pour ces fecteurs de
1 1 petit axe J ^ r
cercle — lorfque l'arc IIC elt l'„anomalia média" donnée, l'arc KC fera à fort peu
près l'„anomalia exccntri" de Kepler, non pas exa&ement puifque dans la démon-
iïration le triangle rectiligne EHK a été pofé égal au triangle curviligne EHK. Le
reftc du raifonnement e(l exaét.
a + c_ tgiHDC tgi-HDC
On a dans la figure
a — c tg i (HED— EHD) tg (KDC— § HDC)
a + c _ tg § Am
a-
■C tg(^e — è^m)
d'où l'on peut tirer Az — § Am. En y ajoutant i Am on trouve donc Ae (l'angle
HED ou KDC).
On a de plus
* + c_ tgiKDC _ tg^e
a — c tgè(KÊD— EKD) tg(KEC — \A$
On en tire KEC — \ Ae, et en y ajoutant ± Ae on trouve l'angle KEC. Or, l'„ano-
malia coequata" Ac cft telle que
tgAç ]/g>—c»
tgKEC a
de forte qu'on peut maintenant calculer ou conftruirc Ac.
AVERTISSEMENT. 1 2J
D'après ces équations on a
tg4cS=V**— catgKEC
G*e)..„}g,n, = è ^m + arc tg Ç a—Cc cg -^ )
oubien (,).... tg^c = ]^Ç=^tg [■fctgÇ^tg^Vï^.] |
où (2) ^ = è^m + arctg(J=ftg^)
La formule (i) ne peut être qu'une autre forme de celle de Kepler exprimant Ac
en fonction de Az favoir
S 2 V a + c S 2 '
En développant, on verra que les deux formules font en effet parfaitement
identiques.
Quant à la formule (2), nous avons vu plus haut que d'après la théorie à lui
Huygens obtient — ou aurait pu obtenir — l'équation
a — c Ax
~+
Les deux équations font abfolument identiques. Il paraît donc qu'on a — abrtraétion
faite de la petite inexactitude qui confifte à prendre le triangle reétiligne EHK égal
au triangle curviligne EHK —
ce qui veut dire que dans la figure, ou dans l'automate, la planète de Huygens
coïncide toujours à fort peu près avec la planète de Kepler, bien entendu avec la
planète de Kepler tranfportée du point N de l'ellipfe au point K de la circonférence
de cercle fuivant une petite droite NK parallèle au petit axe de l'ellipfe. Il femble
bien qu'en 1680 — 1681 Huygens était en droit de penfer que fa première équation
à lui, ou plutôt l'enfemble de fes deux équations, fc montrerait „forta(Tc propior
veritati" que celles de Kepler.
Nous croyons encore devoir remarquer que Huygens a fait une faute de calcul à
la p. 4 du Manufcrit F (comparez la note 38 de la p. 1 2 1) en écrivant que pour Am
1 c ° 1
= 450 1 anomalie excentrique aurait pour Kepler la valeur 37°46', car pour =—
— il s'agit, comme nous avons dit, de la planète Mercure — c'eft la valeur 37°38'
128 AVERTISSEMENT.
qui fatiffait à l'équation de Kepler — ,- 45 = — 6- Az + - fin AQ. Il n'y a donc pas
100 180 a
ici, comme il le dit, une différence de 8' entre l'anomalie excentrique de Kepler et la
fienne, au contraire les deux valeurs f'accordent exactement 35>).
Une note ajoutée par Huygens en 1688 aux pages confédérées (§ 1 2 qui fuit) fait
voir, ce que nous avons déjà dit au début du préfent Avertifiement, qu'après
l'apparition des „Principia" de Newton il accepta la théorie de ce dernier et
abandonnna par conféquent toute autre hypothèfe que celle de Kepler fur la
variation de la viteffe des planètes. Comparez fa note de 1 689 (§ 7 à la p. 3 10 du T.
XIX) rappliquant aux comètes où il dit accepter déformais, également avec Newton,
l'idée que celles-ci fe meuvent, non pas en lignes droites, mais en ellipfes (bien
entendu, en ellipfes poffédant, elles, de grandes excentricités) comme les planètes.
Au § 1 1 Huygens avait exprimé une autre idée, celle que l'orbite d'une planète,
de la terre p.e., pourrait ne pas être précifément ni une ellipfe ni une circonférence
39NPnnrr,N _ 45° j 53°30 29", 44°I9'34")
\plL(teMerSrô ,£***" î^!^; -us trouvons (^)w^= 89W
^ J 135 ) i43 3029 1 i35 3630 )
44°58'2o"i
et(./c)iiuvge,»= 89°54'35"S
i34°57'44")
c
De même pour la planète Mars, où - = 0,09265, pour
45°) 4B°45'i3") 44°52'26")
(//«>«*, = S>o° \, d'où ,/„, = 95°i8'3i" G*>ard = 89°59'26"
135°) i48°45'i3") 135° 7'ïo')
44°59'5o" )
et (y/Onuvgcn, = 89°59'27" >
i34°59'48"
AVERTISSEMENT. 1 20
do cercle (de l'avis de Boulliau aulli +c) la forme elliptique de toutes les orbites n'avait
pas encore été démontrée); ceci dans le but — ou plutôt dans le vague efpoir —
d'obtenir pour les viteiïes aux apfides l'équation désirée z\ : w3 = -r~y\ = : — H
femble du moins qu'il n'avait pas développé cette hypothèié plus longuement.
Nous ne difons rien ici des §§ \~ — 22 où Huygens traite de détails techniques
pratiquement importants fans doute, mais qui ne peuvent, penfons-nous, intérefTer
la majeure partie de ceux qui ("occupent de l'hiftoire des feienecs autant que Tes
vues théoriques.
Nous ne croyons devoir ajouter quelques mots encore que fur la queftion de lavoir
pourquoi I ïuygens différa durant de longues années la rédaction de la „Defcriptio"
du planétaire achevé en 1 682 ; et auffi fur l'hiftoire des orbites circulaires excentriques.
Il nous femble, en conlidérant des Pièces telles que les „Penfees niellées" — de
1 686? — qu'on trouve plus loin dans le préiént Tome, que Huygensavait vaguement
l'intention — de même qu'il en a été longtemps pour la théorie du mouvement, ainfi
que pour la dioptrique et la théorie générale de la lumière qu'il voulait réunir en un
tout avec le traité fur les couronnes et les parhélies — de joindre la description de
l'automate à un ouvrage agronomique plus grand, et que ce ne fut que plus tard que
— défespérant de mener à bonne fin la compofition d'oeuvres fi vaftes — il fe réfolut
a écrire féparément l'Addition au difeours de la caufe de la pefanteur,le Cofmothéoros,
et la Defcription du planétaire.
4°) Astronomia Philolaica, p. 25 (Lib. I, Cap. XIII), après avoir parlé de la „via Elliptica": „etsi
enim in Marte quodammodo id colligatur, in Venere nusquam potest: in terra quoque non ita
planum, hi duo planeta: enim tancam orbium Excentricitatem non faciunt, ut sensibilis sit dif-
férencia, quae inter Ellipsim, & circulum contingit, nec in utra harum figurarum moveantur
cognoscere possumus ex observationum collatione. In Mercurio maxime sensibilis est Ellipsis,
verùm iis locis apud nos non videtur, ex quibus rem ita esse certissimè colligamus, neque etiam
in Saturno, & love negotium de iacili confici potest. Rationes vero pli yak-as quas adducit
Keplerus solertiam animi produnt, non veritatem patefaciunt".
17
I30 AVERTISSEMENT.
Quant aux orbites circulaires excentriques, Huygens avait dans fa jeunette étudié
le fyftème de Copernic — ou plutôt un fyftème fe rattachant a celui de Copernic —
dans les œuvres de Philippus van Lansbergcn ou Lansbcrgius 4I). Dans les „Thcoricse
motuum cœleftium novae, & genuina?" de ce dernier 4I) l'auteur explique qu'à Ton
avis les trois planètes fiipérieurcs, Saturne, Jupiter et Mars décrivent avec une
vitetté uniforme autour du foleil des excentriques dont les centres fe déplacent
uniformément fur certains „circelli". Pour Vénus et Mercure la théorie „nonnihil
differt a Theoria motus trium lliperiorum Planetarum". Vénus fe meut toujours fur
un cercle excentrique, Mercure fur un épicycle dont le centre décrit un excentrique.
En 1653 43) Huygens fit connaiffance avec la „Nederduytfche Aftronomia,, de
cette année de D. Rcmbrantfz. van Nierop, copernicain et partiian des tourbillons
de Dcfcartes44), qui cite aufli e.a. van Lanfbergen,ainfi que l'„Aftronomia Danica"
de Chr. Longomontanus, élève de Tycho Brahé 45) et maintenant comme lui la terre
au centre du monde, tout en lui donnant le mouvement diurne de rotation que Brahé
lui refufait. Pour Longomontanus, comme pour Brahé, les planètes tournent autour
du foleil. Dans le „Lib. Sec. Thcoricorum, de motibus reliquorum [c.à.d. autres que
le foleil et la lune] quinque planetarum reftitutis" il n'admet pas les ellipfes de
Kepler, voulant maintenir, comme Ptolémée et Copernic, „quod motus corporum
cœleftium fit a:qualis et circularis pcrpctuus vel è circularibus compofitus", ce qui
donne lieu, de même que dans TAlmagelte, à des conftruétions compliquées.
Quant a van Nierop, nous 4rt) avons dit à la p. 517 du T. XV que celui-ci fait
tourner les planètes dans des excentriques autour du foleil, tout en reconnaiffant
que la théorie du mouvement elliptique, telle que l'admet Kepler, elt, par oppofition
a fa propre théorie, ^correcte [nous foulignons], mais compliquée et laborieufe".
4') Consultez la p. 8 de notre T. I, où sont aussi mentionnées les oeuvres de Ptolémée, de Coper-
nic et de Tycho 15rahé.
4ï) Faisant partie, d'après l'index des „Opeia Omnia", de ses „Tabuls motuum coelestium perpé-
tua;" de 1633.
4î) T. I, p. 245. On trouve à cette page le titre complet de la deuxième édition, de 1658, de
L'ouvrage de Rembrantsz. van \icrop.
44) Us sont représentés à la p. 2 de la „Nederduytsche Astronomia". Van Nierop avait connu
I >escartes personnellement.
♦5) Voyez le titre complet de l',.Astronomia Danica" deuxième édition, de 1640, à la p. 497 du
T. V. La première édition est de 1622. L'une et l'autre à Amsterdam.
4rt) Ou plutôt, pour parler plus clairement, les rédacteurs du T. XV.
AVERTISSEMENT. I 3 1
L'auteur du préfent Avertiflement n'eit pas de cet avis. C'efr. bien dans des excen-
triques que, d'un mouvement non-uniforme, van Nierop fait tourner les planètes,
et il reconnaît (p. 170 — 171) que ceci n'efr. à peu près exact que durant 2000 ou
3000 ans („na genoegh in defe twee of drie 1000 jaer"); c'efr. pour cela, dit-il, que
Kepler fait fon culcul etc. („Hierom ift dat I. Keplerus fîjn rekeninghe maeckt,
etc."). Mais „dit was wel prijfelijck / bij foo vcer de bewcgingh in felfs volkomen-
heydt hadde / ende dan wel juyft bekendt was / 't wclck doch geen van beyden is /
daerom met recht onnodigh geacht", ce qu'on peut traduire comme fuit: „Ceci
était certainement louable, pour autant que le mouvement eût pofledé en lui-même
de la perfection, et qu'il fût parfaitement connu, ce qui pourtant n'efr, pas, ni l'un ni
l'autre, par conféquent a bon droit jugé inutile." A la p. 39 de l'Appendice („Aen-
hangh") van Nierop dit, après avoir parlé de la théorie de Copernic: „Hier nae I.
Keplerus de Planeten in een Ellips of lank-ront geftelt te lopen / waer me dat men
ooek na genoegh tôt het begeerde kan geraken" (Après lui Kepler a pofé que les
planètes parcourent une ellipfe, moyennant quoi on peut auffi parvenir à peu près au
but défiré).
Ce n'efl donc apparemment pas dans van Nierop que Huygens eût pu puifer la
conviction que la théorie de Kepler efr, de toutes la plus exacte.
Bientôt après 1653 Huygens conftruifk fa „tabula lignea" ou plutôt fes deux
„tabula? ligneae" aujourd'hui perdues qui repré feintaient les orbites planétaires 4").
On peut, nous femble-t-il, les confidérer comme dérivés directement du „Planeet-
wyfer om de plaetfen der planeeten in lengte en brete te vinden", grande figure qui
fe trouve dans la „Nederduytfche Aftronomia",où les planètes, comme nous l'avons
dit, parcourent des excentriques autour du foleil 4"). Mais il ne fagifTait pas d'une
fimple copie puifqu'il fut queflion en avril 1673 d'une publication de ces tables de
Huygens: voyez, aux p. 270 — 2-6 de notre T. VII, fa lettre à un certain Rover,
où l'on voit auffi que Huygens avait introduit dans fes „tabula3 ligneae" des données
des Tables Rudolphines de Kepler. Or, comme Huygens ne dit point dans cette
lettre que les planètes, ou certaines planètes, décrivent des ellipfes, ce qu'il n'aurait
4r) Huygens fait mention de sa „tabula lignea" déjà en 165-. Voyez la p. 56 du T. XV.
48) Le „Planect\\yser" est mentionné par van Nierop dans le titre de la „Nederduytsche Astro-
nomia".
I 3 2 AVERTISSEMENT.
guère pu taire fil en avait été ainfi, il appert que les ,,orbites" dont il parle étaient
des cercles excentriques, parcourus d'un mouvement non-uniforme. Voyez aufîi
dans la 1. 6 de la 271 du dit T. VII l'expreffion ,,chemin orbite ou Eccentrique" et
dans la deuxième ligne d'en bas de la p. 273 l'exprefïion „cercles ou orbites".
C'eft ce mouvement non-uniforme, croyons-nous pouvoir ajouter, que Huygens
a précifé et mis pour ainfi dire en équation dans fon planétaire. On peut remarquer
que la conltruclion de la longitude d'une planète des „tabuke lignea?", telle que la
décrit le troilième alinéa de la p. 271 du T. VII, eft identique avec celle de la figure
de la p. 1 26 qui précède. Cette conftruclion fe rattache, comme on peut le voir à la
p. 143 qui fuit, à une construction de Cavalieri dans fon „Direcl:orium générale
uranometricum" de 1632 4y) que Huygens connaîtrait déjà avant 1657 5°) et qui a
donc peut-être eu une certaine influence fur lui.
4y) Pars secunda, Cap. IV, p. 148 et suiv. „Annotatio circa Kepleri anomalies'
5°) Voyez la p. 202 du T. XX.
PROJET DE 1680— 1 68 1, PARTIELLEMENT EXÉCUTÉ À PARIS,
D'UN PLANÉTAIRE TENANT COMPTE DE LA VARIATION DES
VITESSES DES PLANÈTES DANS LEURS ORBITES SUPPOSÉES
ELLIPTIQUES OU CIRCULAIRES, ET CONSIDÉRATION DE
DIVERSES HYPOTHÈSES SUR CETTE VARIATION.
§ 1 '). Major diameter ellipfis Mercurij ad minorem ut 1000 ad 978.
„ Martis „ ut 1 000 ad 996.
„ Jovis „ ut iooooad9988.
„ Saturai „ ut 1000 ad 998.
Comparez la première table du § 15 qui suit où figurent aussi la Terre et Vénus.
Les nombres du présent § s'accordent exactement avec les données du § 15 qui suit excepté
dans le cas de Saturne: pour cette planète le rapport ici considéré devrait être „ut 1 0000 ad 9984"
§ 2. Comme nous l'avons dit dans l'Avertissemen.
nous intercalons ici une page (f. 14 r) du Manuscrit
G, datant de septembre 1690.
In Kepleri hypothefi ex anomalia médiat
invenire anomaliam excentri et coequatam
tentando (alternis excedet ju/ïam magnitudi-
nem et ab ea deficiet).
Sit PCS [Fig. 34] Orbita Planetae Elliptica.
B centrum, A focus in quo Sol. Focus alter E.
Sit etiam diametro PR circumfcriptus ellipfi
circulus PMR. In quo arcus PM defignet
motum feu anomaliam mcdiam ab aphelio P,
puta 60 gr. Quod fi jam in ellipfi ita duci pofîit
AC ut area PAC fit ad totam Ellipfin ficut
seétor PBM ad totum circulum; erit tune C
locus planetae, et angulus PAR ille quem
vocat anomaliam coequatam.
1 ) Manuscrit F, p. 5. Voyez sur la date la note 1 1 de la p. 1 38.
134 PROJET DE I 6 8o — l68l,ETC.
Quia autem ductâ KCL, in axem PR perpcndiculari, eandcm rationem habet area
PAK ad circulum totum quam area PAC ad ellipfin: Requiritur tantùm ut ita
ducatur AK, ut area PAK fit aequalis feftori PBM. Tune arcus PK erit anomalia
Eccentri Kepleriana. Componitur autem area PAK ex fe&ore PBK et triangulo
BAK; quorum quidem feétor PBK aequatur § CD ° ex arcu PK in radium BR,
triangulus vero BAK aequatur § \ZZ\ AB, KL five \ \Z3 EQ in BK, ducla fcilicet
ex E foco perpcndiculari EQ in BK. Nam ut BK ad KL ita AB feu BE ad EQ. Si
igitur EQ effet aequalis arcui KM, jam area PAK aequalis effet feftori PBM, quod
quaerebatur. Porro quia ut BK ad AB, ita KL ad EQ; eftque proportio data ac
conftans BK ad AB; crit et EQ femper pars eadem fînus KL. Oportet igitur invenire
arcum PK talem, ut addita ex parte proportionali finus fui KL, fecundum rationem
BA ad BK vel BR, hoc est fecundum rationem excentricitatis ad dimidium axem,
fumma fiât aequalis arcui anomaliae mediae datae.
Hoc autem fit tentando. Et fi riimius adfumtus fuit arcus PK, auferendo ab eo
inventum exceffum, vel fi nimis parvus fuit adfumtus, addendo defectum. Statim
enim admodum prope ad verum devenitur, quia in planetis omnibus excentricitas
exigua eft ratione femiaxis. Nam fi exempli gratia arcus PK aequo minor fuerit
inventus, defeéhi ZM, eumque in fecunda pofitione addam arcui PK ponendo KV
do ZM, ut fit jam arcus PV, jam quidem hic, una cum parte proportionali, qualem
diximus, finus KL, aequalis erit arcui PM; fed idem arcus PV una cum parte
proportionali finus fui VT, paulum excedet arcum PM, quanto fcilicet pars ifla
proportionalis finus VT fuperat partem proportionalem finus KL quod exiguum eft.
Et fi rurfus exceffus hic exiguus auferatur ab arcu PV, devenietur ad differentiolam
deficientem multo minorem. Decrescent enim hae dcfectuum et exceffuum differen-
tiolae fere fecundum rationem compofitam ex KB ad BL et KB feu RB ad BA. Eft
autem BA pars exigua BR in omnibus Planetarum orbibus.
Aliter poffumus finum KL duccre in BA, et productum, hoc est,duplum trianguli
KBA, dividerc per BK, unde faéla AI débet aequari arcui KM. reduclis nempe
gradibus fecundum dimenfionem circumferentiae. atque hoc eodem redit quo
pracccdcns methodus. quoque etiam Kepleriana pag. 696 Epit. astron. 2) Scd ille
longior et obfcurus, nec explicat caufhm approximationis.
2) „Epitome Astronomie Coperricana.% Vsitatà forma Qua;stioinim & Rcsponsiomim conscripta,
inque VII. Libros digesta. Etc.". Authore Ioanne Keplero etc. Francofurti, Imp. I. G. Schon-
wetteri MDCXXXV. C'est en effet à la p. 696 où se termine le chapitre du Lib. V „De angulo
ad solem. Doce computare anomaliam coxqnatam seu angulum ad solem", que l'on trouve
une figure semblable à celle de la présente Pièce et les calculs correspondants.
PROJET DE I 680 — I 68 I , ETC.
135
§3
DE HYPOTHESI BULLIALDI +>
Conum fcalenum invcnirc et in eo feclionem data? cllipfi fimilem et aequalem, cujus
tocorum alter lit in coni diametro.
Sit Elliplis ACB, cujus axis AB, minor diameter LC [Fig, 35]. Sit ADB femicir-
[Fig- 35]
culus. CD parallcla AB. DE parallela CL. Sccet FEG reclam AB, quoeumque angulo
inclinata. Sintque EF, EG iingulae squales AL vel LB. Et ducantur AF, GB, con-
currentes in H. Sitque QR parallela AB. Erit jam conus quaefitus QHR, cujus axis
HLK, fectionis ellipcicae diameter major FG. focorum alter P ubi HK fecat FG.
Ipfaque elliplis fimilis et aequalis datae ACB.
Ducatur enim FN parallela AB, et fecans HK in M. item FO parallela HK. Quia
ergo FG bifariam fecla eit in E, erit EB aequalis § FN, hoc efl ipli FM, hoc eiî OL.
Quare addita communi LE, erit OE Eequalis LB five EF. unde et PF aequalis OL five
EB. Efl autem reclangulum AEB hoc efl qu. ED squale quadrato minorisaxisellip-
feos FG. ideoque minor hic axis aequalis ED five LC. Sed et axis FG aequalis ex
cor.ilructione axi AB. Ergo elliplis FG fimilis et aequalis cllipfi ACB. Sed E efl focus
ellipfis ACB quia CE aequalis LD five LB. Ergo cum FP fit aequalis EB erit et P focus
elliplis FG.
~>) Manuscrit F, p. 9 et 10.
4) Voyez l'Avertissement sur les ouvrages de Boulliau et de Seth Ward se rapportant à cette
hypothèse.
i36
PROJET DE l68o — I 68l, ETC.
[Fig- 36]
Collocata elliptica planeta?
orbita FG in cono uti dictum.
hypothefis Bullialdi eit moveri
planetam per lineam ellipticam
FOG [Fig. 36], hoc modo ut
fempcr fit in recla qua? altcra
extremitate manet in coni ver-
tice H, altcra aequabili motu cir-
cumducitur per circonfcrcntiam
bafis QR. Unde fi plancta fit in
puncto aliquo orbitœ elliptica?
O ducla ex vertice ad baiin recta
HOV, angulus QZV erit angu-
lus anomalia; média?.
Dcmonftrat autem Wardus,
dufta PO ex foco ellipfis qui cil:
in axe HZ, angulum FPO sequari angulo QZV. ideoquc hypothciin Bullialdi eandem
elle atquc illam quae a?quabilcm planeta? motum tribuit circa clliptica? orbita; focorum
alterum, dum altcr focus ponitur locus folis.
En marge: Demonftratio Wardi. Sit OS pcrpcnd. in NT, et NOT seclio coni baii
parallela fecans axem HZ in X, et jungatur OX. Erit cadcm OS pcrpcnd. in FG,
quia cfr. pcrpend. in planum per axem QRH. In triangulis igitur reclangulis PSO,
XSO sequales funt PS ipfi XS per praxed. et SO communis, unde angulus OPS
aequalis OXS, ac proinde FPO a?qu. NXO five QZV.
Cum ha?c fit Bullialdi hypothefis, nefeio cur Mercator
dicat 5) Bullialdum limitationem quandam addidijfe
qiite eft hujufmodi. (En marge: Limitationem hanc
inveni in refponfionc Bullialdi ad ea quse S. Wardus
objeccrat.) Sit angulus FPO [Fig. 37] anomalia média,
LOB pcrpcnd. axi FG,quœ fecet circonfcrcntiam FBG
in B, unde duéta BP ad focum P, fecet ellipticam plancta;
orbitam in C. Erit, ex limitatione ifta, planeta in C, qui
alioqui futurus crat in O.
Dicit autem Bullialdus efFcciflc ut calculus fuus
fatisfàceret obfervatis, hypothefîn vero, quam Bullialdi
veram cfic ofiendimus, h coclo aberrare saepius affirmât,
atquc in Marte quidem ad gradus femificm ferc.
5) Voyez la note 25 de la p. 141 qui suit.
PROJET DE 1 680 — I 68 I , ETC.
137
$ 4 6). BP radius 1 00000 [Fig. 38 et 39]. BA vol BR excentricitas 9265 in Marte.
" 1745,33 g***" l in Par«-
[Flg- 39] bus 0-
Anomalia; média; 900. con-
venit anomalia eccentri PK
gr. 84°43' fecundum hypo-
thefin Kepleri. At fecundum
hypothefin Wardi PK eft
84°4i' cadente perpendicu-
lari KL in E focum, quia
angulus PEK anomalia.1 mé-
dia; fecundum hanc hypothe-
fin est 900 8).
Voyez l'Avertissement qui pré-
cède sur les équations qui expri-
ment les hypothèses de Kepler et
de Ward.
vSit rurfus anomalia média
data 45°. quœritur [selon r hypothèse de Kepler] arcus PK anomalia; excentri. Oportct
invenire arcum PK qui additus ad reclam qua? lit ad finum KL ut AB ad BR, faciat
fummam aequalem arcui 45 gr. 9).
Sit PK 40 gr. BR BA - fin 400
I OOOOO 9265 ■ — - 64279 i 595^ IO)
i745,33unusgr-
40
69813, 2
5956
1745,33 unusgr.
45e
78539,85
75769
7854o
2771
1.745 1 gr-
1026
2771
1745,33
41
7*558,53
Etc.
' Manuscrit E p. 263 (dernière page du Manuscrit). À la p. 239 serrouve la date du 1 1 mai 1680.
18
i3«
PROJET DE I 680 — I 68 I , ETC.
On voit que Huygens résout la première équation de Kepler „tentando": après avoir pris 400
pour l'„anomalia eccentri" /h il prend maintenant 410. Il trouve ainsi PK 4I°a8 fecundum
Keplerura.
Il calcule ensuite que cet arc PK ou angle ./c vaut 4i°22' fec. Ward 8).
[Fig. 40]
§ 5 1J). Thcorema trigonometricum utile ad inveniendam anomaliam coequatam
ex anomalia média in hypothefi Wardi et Pagani I2) Elliptiea. quae eadem et Bullialdi.
ABC triangulum. Erit ut fumma laterum AB, BC ad eorum difterentiam ita
tangens dimidise fummae angulorum A, C, ad tangentem dimidia? ipforumdifferenti&\
Nous avons déjà publié à la p. 457 du T. XX la démonstration donnée ici par Huygens de ce
théorème trigonométrique.
Data anomalia média I3), invenire coequa-
tam I4), hoc eft dato angulo PEC [Fig. 40]
motus aequabilis planctœ circa focum ellipfis E,
invenire angulum CAE, qui et angulus ad
folem vocatur, quia in A fol ftatuitur, C eft
plancta [suivant l'hypothèse de Ward ou, si l'on
veut, de Boulliau et de Ward]. Producatur EC Ut
fit CS a?qualis CA. Eft ergo angulus CEP
fumma duorum ESA, EAS. angulus vero CAE
sequalis differentia; eorundem, quia CAS
sequalis CSA.
Ergo ex theoremate précédente ut ES +
EA ad ES — EA ita tang. § CEP ad
tang. 1 CAP. Scd ES + EA sequ. 2 AP quia
ES oo'EC + CA five 00 PR, cui addita EA
fit 1 AP. At ES — EA aequatur duplse AR.
Ergo ut 2 AP ad 2 AR five ut AP ad AR ita
tang. i CEP ad tan<r. I CAP. Eft autem ratio
AP ad AR conftans ac perpétua in fingulis
') C.à.d. — , où r = ioûooo, = 1745,33.
8) Voyez sur les calculs suivant l'hypothèse de Ward le § 5 qui suit.
9) Première équation de Kepler, comme nous l'avons dit aussi à la p. 116 qui précède, en parlant
du présent calcul.
IO) Huygens calcule ce nombre à l'aide de logarithmes.
") Manuscrit F, p. 3 et 4. Toutes les dates (peu nombreuses) sont de 1680 (la première étant
celle du 16 novembre 1680 à la p. 39) jusqu'à la p. 45 inclusivement (27 décembre 1680).
Voyez aussi la note Ci de la p. 137. La p. 55 porte la date du 16 février 1 6 8 1 .
'- i 11 est question de l'ouvrage de 1657 de Bl.F.de Pagan publié à Paris et intitulé „Traftatus de
theoria planetarum, in quo omnes orbes coelestes geometricc ordinantur contra sententiam
cominunem astronomorum".
PROTET DE I 680 — 1 68 I , ETC.
139
planetarum orbitis. Ergo ad inveniendum angulum CAP, opus folummodo ut
logarithmus rationis PAad AR,hoc cil difFerentia logarithmorumPA, AR,auferatur
à logarithmo tangcntis | anguli CEP. Nam rcli-
quum erit log. tang. ± anguli CAP.
§ 6. PKR [Fig. 41] ett femicirculus, KCL
perpend. PR. Volo ex cognitis angulis CEP,
CAP, invenirc arcum PK quem Keplerus vocat
anomaliam Excentri.
Deinde ex eadcm anomalia média data 450
inveniam fecundum hypothefin Kepleri eundem
arcum PK ut patcat difFerentia quae hic cil inter
hypothefcs Wardi et Kepleri.
Exempli gratia in Mercurij orbita. BP eft ad
excentric. BE ut 100,000 ad 21,000 fecundum
Keplerum. Ergo PA ad AR ut 1 2 1 000 ad 79000
Ave ut 121 ad 79.
vSed 121 log. elt 2,0827854
79 1,8976271
diff.a 0,1 85 1 583 qui ergo eft
logarithmus perpetuus ad anomalias Mercurij.
Sit i PEC 450, ejus dimid. 22.30'.
Calcul suivant l'hypothèse de Ward:
log.perpetuus I5) 0,1851583 ) c , . c .
,b r t , , ° ? aufer ab mferiore
log.tang.22°3o 9,6172243 )
9,4320660 log.tang.i5°.7'59"
L CAP 30.15.58
22.30. o
*5- 7-59
37.37.59 angulus KBP mihi I(S)
37.46. o „ KBP Kcplero ,").
9Ô3203
0.18516
adde
8'. 1"
30.15.27
32-35
9.34687 tang. 12.32
18.48'
30.48.
Anomalia coequata ^ih\ V-^o^
I Kcplero 30.48.2
Wardo 30.15.58
Keplero 30.48. 2
mea excedit 0.31.58 Wardi déficit 0.32'. 4.
140
PROJET DE I 680 I 68 I , ETC.
§ 7 l8). Régula [Kepleri] eft in fine libri E I9). Inveniatur arcus PK ejufmodi ut
additus parti fui finus quœ lit ad ipf um finum ficut BA ad BR, fumma aequetur ipfi
arcui anomaliae média? data?, hoc autem fit tentando, et exceflum vel defcctum in
primo tentamine invcntum auferendo vel addendo arcui adfumto.
In précédente exemplo [§ 6] (ponitur hic anomalia média 45 gr.) femel tentaffe
iufh'cit 2°) quia prima adfumtio 3 70 jam proxima erat vera.
37. 46 2°) arcus PK fec. hyp. Kepleri
arcus PK fec. hyp. Wardi
differentia arcuum PK
arcus PK mihi
8' differo a Keplero, hoc eft fecundum viam eam
quam in automato fecutus fum 2I).
Sit anomalia média 900, nempe angulus PEK [Fig. 42].
Ergo ad inveniendum arcum PK in hypothefi Wardi; quia
BK eft 1 00000 et EB 21000, erit arcus KP îequalis com-
plemento arcus cujus
finus 2 1 000
proximiter
37- o
46'
37° 38'
S 8 ••)
20990
12.7.
22
OIO
90.0.
O
77-52
78.14
21
,38
arcus PK ex Wardi
ex hyp. Kepleri
differentia
hyp
Etc. Nous ne croyons pas devoir reproduire tous les calculs des
p. 4 — 6 du Manuscrit.
Exemplum Kepleri p. 696 23).Examinaturmeamethodo
ut quantum interfit appareat. Datur anomalia média, hoc
eft arcus KAP 5o°.9'. 1 o". invenienda eft anomalia excentri
PK arcus.
'■>) Désignée dans les équations de l'Avertissement par Am.
,4) Désignée dans les équations de l'Avertissement par . /,.
fl | £
I5) C'est le logarithme de — ^-, où n désigne le demi grand axe de l'ellipse et c son excentricité
a — c
linéaire.
""') Voyez ce que nous disons sur ce calcul à la p. 121 qui précède.
'") Il y a ici une erreur de calcul, comme nous l'avons dit aussi aux p. 121 et 127 qui précèdent.
Comparez la note 20 qui suit.
,x) Manuscrit F, p. 5.
'?) Comparez le § 4 qui précède.
PROJET DE I 680 — I 66 I , RTC.
141
[Fig. 43]
$ 9 2+). AE [Fig. 43] dillantia focorum feéta
in D média et extrema ratione iecundum hypothe-
fin Mcrcatoris "»). Rad. DQ, DN 00 BP, BR.
Quaero an eandem rationem celeritatum in P et
R faciat quam Wardus et Keplerus.
Invenio ccleritatcm in R ad celeritatem in P
paulo majorem fieri ex hypothefi Mercatoris. fed
perexigua differentia.
VoluiflTem minorem eam proportionem fuifle
nam hoc natura? convenientius fi motum materia?
vorticis folaris fpeclemus; qui facit celeritates
planetarum duorum in ratione contraria fubdupli-
cata diitantiarum. At Keplerus et Wardus in ipfa
ratione contraria diftantiarum faciunt celeritates
ejufdem planetje. Mercator in paulo majore. Mi-
rum in his hypothefibus qui poffit materia vorticis
conferre motum planeta? perihelio, fuo ipfius moru
celeriorem 26).
Pour Mercure AP 12 iooo —|—AR 79000 log AP 4.0827854 AR3.8976271
QE 83957-— QA 125957 QE 3.9240207 QA 4.1003705
NA 74043 —j— NE 1 16043 NA 3.8694664 NE 4.0644580
12.0624556
1 1.8762725
o. 1 86 1 83 1 log. proportionis celeritatum in R et P fecundum hypothefin Mer-
catoris î:).
11.8762725 12.0624556
I0) Voyez la note 17 qui précède. L'erreur de calcul s'explique, comme on voit, par le fait que
Huygens a fait l'interpolation d'une manière trop grossière.
:I) Nous avons cité ces dernières paroles à la p. 120 de l'Avertissement.
22) Manuscrit F, p. 5 et 6.
:s) De l'„Epitome Astronomiae Copernicanae". Comparez sur cette p.696 la fin du § 2 qui précède.
:4) Manuscrit F, p. ~.
:5) Voyez sur les ouvrages astronomiques de N. Mercator et sur son hypothèse les notes 33 et 34
de la p. 120 qui précède.
Au sujet de l'hypothèse de Ward Mercator écrit à la fin du Cap. XXI du Lib. II de ses
„Institutiones astronomicae": „Neque intra pauca minuta continetur iste dissensus à coelo,
sed in Marte aliquando ad dimidium ferè gradum ascendere potest, id quod nemo unquam
observationum vitio adscripserit. Neque latuit Keplerum, hoc incommodum secuturuni
ordinationem motûs a:quabilis circa focum superiorem, qui dixerat in suà epitome, eam fetè
sic accipi posse; verùm illud ferè tantam habebat latitudinem, ut ab illo abstinendum sibi
duxerit".
142
PROJET DE I 680 1 68 I , ETC.
4.0827854
3.897627I
79OO
1 2100 fecundum Kepler et Ward.
0.185 1583 l°ê'- proportionis celeritatum in R et P fecundum hypothefes
Kepleri et Wardi.
§ 10 -8). Ex diametris apparentibus solis è terra perihelia et aphelia detenninanda
edet proportio harum diftantiarum. Deinde motus terras in 7 vel 8 diebusinveniendus
in utraque diftantia ope horologiorum et calculi, obfervando quanto tempore poil:
vel ante fixam quandam (lellam fol quotidie ad meridianum perveniat.
Sic poiret fciri an celeritates terra? fine in contraria ratione diftantiarum h foie, an
in contrarias fubduplicata.
Quod fi poiterius in Terra obtinet, idem fine dubio et in reliquis planetis.
En marge: Vide obfervationes diametri solis Moutoni, Piccardi 29).
Conftituta theoria Solis five Terras, orbitas $ figura quasrenda obfervationibus
maximarum digreffionum à Sole.
On voit que suivant Huygens l'orbite de Mercure n'a pas encore été déterminée avec assez de
précision, aussi peu que celle de la terre.
:6) Nous avons cité cette sentence à la p. 121 de l'Avertissement qui précède.
:r) Le soleil se trouve au foyer A de l'ellipse PSR. Le rayon vecleur EV tourne uniformément
autour du deuxième foyer E. B est le centre de l'ellipse. On peut se
figurer que D est le point qui divise AE en moyenne et extrême raison.
V est un point de la circonférence de cercle décrite du centre D avec
le rayon a (demi grand axe). La planète se trouve par hypothèse en S,
point d'intersection de la droite VA avec l'ellipse. La vitesse de la
PP'
planète à l'aphélie P est i\ = — , / étant le temps infiniment court
pendant lequel le rayon vecteur tourne de EQ en EQ' (Q et Q' se
trouvant sur la circonférence de cercle). De même r2 = est la
vitesse au périhélie. Le mouvement correspondant à RR' du rayon
vecteur est de EN en EN' (N et N' se trouvant sur la circonférence de
cercle). On a zy.v2 = PP' : RR'. Or, PP': QQ' = PA : QA et RR': NN' = AR : AN. Donc
», : :•„ = QQ' .PA.AN : NN' .AR.QA. Mais QQ' : NN' = QE : NE. Donc -1 = * A . ~ . §| .
xx x v2 QA AR NE
'8) Manuscrit F, p. 8.
:y) G. Mouton „Observationes Diametrorum Solis et Lunae apparentium", 1670; voyez le titre
complet à la p. 59 du T. XVIII. Consultez sur la méthode d'observer d'Auzout et de Picard
la note 2 de la p. 91 qui précède.
PROJET DE 1 680 — 1 68 I , ETC.
14'
[Fig- 44]
§ 1 1 3°). Forfan planeta minori tempore a perihelîo ad aphclium pervenit quam
ab hoc ad illud.
Forian hujusmodi cil planctœ orbita;arétior fcilicet
verfus folem [Fig. 44]. Quo fier, ut, polka excentri-
citate terra.1 dimidia tantum ejus quae fuit vctcribus,
mora longior in hcmilphcrio aphelij quam perihelij
ea elfe poflit quae rêvera obfervatur etiamii celcritas
in perihelio ad celcritatcm in aphelio ponatur in
fubdupla ratione diitantiarum, quod omnino nature
convcniret.
Obfervationibus inveiligandus effet progreflus
Terra; diurnus circa aphelium et perihelium. Et
diftantia; a Sole ex obfervatis folis diametris colligcn-
daî, quod jam fatis accuratc prafKtum a Moutono et
Picardo 19).
§ 12. Note ajoutée plus tard (Man. F. p. 8): 14 Dec. 1688. Hasce omnes difficultates
abilulit Clar. vir. Neutonus, fimul cum vorticibus Cartellanis; docuitque planetas
retineri in orbitis fuis gravitationc verfus folem. Et excentricos neceffario fieri figura?
Ellipticae. Valeat igitur et Wardi, Pagani et Bullialdi prima hypothefis.
Pour la machine Planétaire ?I).
§ 13 3I). AOC [Fig. 45] orbita planeta; elliptica, puta Mercury, qua; huic prorfus
fimilis cft fecundum Keplerum, atquc omnium maxime a circulo recedit. Focus alter
E. Sit ABC circulus circumfcriptus centrum habens D. Et oporteat ex anomalia
média invenire coequatam. Id hoc modo proxime affequemur. Sit arcus CH a;qualis
anomalia; média,' data?. — En marge: Vide an fimile quid invenerit Bonaventura
Cavallerius apud Ricciolum 33). — Et ex foco ubi fol ponitur, jungatur EH, et huic
3°) Manuscrit F, p. 8.
3I) Nous empruntons ce titre à la p. 24 du Manuscrit F.
3*) Feuille collée sur la p. 23 du Manuscrit. Voyez sur ce § et le suivant les p. 125 et suiv. de
l'Avertissement,
3i) Huygens fait allufion au Scholium III (p. 535) à la Prop. 3 „Plancta.> iter est per lineam
Ooidem id est Ouiformem, seu Ellipticam; seu Orbis illum deferens non est perfectus circulus,
sed Ellipsis" du Caput V „De Ilypothesi Kepleri, & Bullialdi" de la Sectio Secunda „De motu
H4
PROJET DE 1 680 — I 68 I , ETC.
parallela ngatur DK, ac jungatur EK. Erit jam arcus KC anomalia excentri proximè.
Nam quia DK parallela eft EH, erit triang. DEH a?quale trianguloDHK quod infen-
iibiliter differt a feftore DHK, arcui HK infiftente. Quare addito utrinque feftore
DKC, fit fpatium EKC a;quale proximè feétori DHC, ideoque arcus KC proxime
anomalia excentri conveniens anomalia.* médise HC.
Angulus autem KDC œqualis eft angulo HEC qui habetur hoc modo, fcilicet fa-
ciendo ut fumma laterum ED, DU ad eorum difierentiam, hoc eft, ut EC ad EA,ita
longitudinis Saturni Iovis et Martis ejusque Theorica, & Hypotlieseos Fundamentis" du Liber
Septimus „De quinque Planetis minoribus" (les deux autres étant suivant l'auteur, comme
suivant les anciens, le soleil et la lune) de la Pars Prior Tomi Primi (Bononia;, ex typ. hter. V.
Benatij MDCLI) de 1' „Almagestum Novum, astronomiam veterem novamque compledens
etc.", auctore P. Ioanne Baptista Ricciolo Societatis Iesu Ferrariensi, Philosophie, Theologitt
& Astronomia.* professore.
Riccioli y cite le „Directorium générale uranometricum" de 1632 de B. Cavalicri, ouvrage
que Huygena connaissait d'ailleurs aussi lui-même (voyez la p. 202 de notre T. XX).
Dans le passage en question Cavalieri tire en efièt (pour employer les lettres de notre Fig.
45) la droite DK parallèle à EU, CH étant l'„anomalia média" donnée, et observe,
comme Iluygens le fait ici, que l'espace EKC est à peu près égal au secteur DHC. Ensuite il
raisonne différemment.
PROJET DE I 680 — 1 68 I , ETC.
145
tangens 4- ang. HDC ad aliam qua; eft tangens ^ differentia; angulorum E et H in
triangulo EDH. Proporrio autem CE ad EÀ eft conftans ac data, cujus proinde loga-
rithmum tantum opus eft auferre a logarithmo tangentis 4- anguli HDC five ~ ano-
malia; média?, reliduum erit tangens [lifez: logarithmus tangentis] i difFerentia;
angulorum E et H, qua; \ differentia addita dimidia; fumms, hoc eft i anguloIIDC,
efficiet angulum HED, feu KDC. Jamque fimili plane ratione invenietur hincangulus
E in triangulo KED, nempe auferendo dictum logarithmum rationis CE ad EA a
logarithmo tangentis 4- ang. KDC. nam reliquum erit tangens i differentia; angulo-
rum KED, EKD, qua; 4- differcntia addita ad 4- fummam, hoc eft ad 4 angulum KDC,
dabit angulum KEC.
Non eft autem KEC angulus anomalia; coequata;, fed dufta KP perpend. in AC,
qua; iecet ellipfin in N, erit N locus planeta; in orbita,ideoque angulus NEC anomalia
coequata. Qui facile invenitur auferendo à logarithmo tangentis anguli KEC loga-
rithmum rationis BD ad DO, qua; conftans eft. Nam reliquum erit tangens [ou plutôt:
logarithmus tangentis] anguli quîefiti NEC.
§ 14 34). LDE [Fig. 46] orbita planetae circularis. S fol. SA excentricitas. E
aphelium.
Anomalia média accipiatur arcus EP
five angulus PAE.
Jungatur SP cui parallela fit AT. Erit
planeta in T. duétaque ST, angulus ano-
malia? coequata; TSE. Ducta TMN per-
pend. in LE, erit Keplero planeta in
I^T punfto ellipfeos M.
Sit 35) AL [Fig. 47] orbita planeta;
cujus centrum C. Sol S. In refta per SC
fiât ut excentricitas SC ad radium CA ita
CE, ad lubitum fumta, ad ED. quo radio, ac centro E defcribatur circulus DM. In-
telligatur porro circulo AL fuper centro fuo C mobili affixum efle immobiliter
circulum DM, incifum dentibus sequalibus fuper circuli piano erectis, qui proinde
circulus neceflario quoque fuper centro C movebitur. Ponatur autem moveii verfa-
tione a?quabili tympani KH axem ad C direclum habentis cujufque dentés congruant
dentibus rota; DM; fatis enim conveniunt, etfi ob excentricitatem hujus rota; non
femper tympano ad redtos angulos fubjiciantur.
[Fig. 46]
î4) Manuscrit F, p. 19.
35) Manuscrit F, feuille collée sur la p. 22.
«9
146
PROJET DE I 680 — I 68 I , ETC.
Dico hoc motu planetam insequaliter ferri in fua orbita idque ita ut exigic hypo
thefis noftra, Kepleriana; proximè œquipollens.
[Fig. 47]
Ponatur ex. gr. arcus DO efie | circumferentiœ centro E radio ED deferiptre;
cjufque arcus dentés tranfijfle verfatione tympani HK, unde refta CO erit neceflario
in recta CAD, etfi non ita ut punftum O fit in D, fed interius in R, quod CD non fit
aequalis CO, fed duobus CE, EO. Quantus igitur eft angulus OCD, tantus quoque
erit angulus quo reéta CAD mota erit circa centrum C. ideoque fi faciamus angulum
DCT aequalem angulo OCD, erit CT recta in quam promota erit CAD. adeo ut
plancta proceiïerit ex A in punctum N, ubi recta CT fecat circumferentiam AN
centro C deferiptam. Apparet autem ob eandem angulorum œqualitatem arcum DM
quem recta CT abfcindit in circumferentia ODM efle sequalem arcui DO. Unde
junctâ ME erit et angulus MED îequalis DEO, ut proinde quoque 45 gr. Itaque fi
fiât arcus AL 45 gr. jungaturque CL, erit haec parallcla EM. In triangulis igitur
CEM, SCL erunt anguli zequales E et C. Sed et latera eorum circa hos angulos lunt
proportionalia ex centro, nimirum CE ad EM, quse eft ajqualis ED, ut SC ad CL
qua; aequ. CA. Ergo etiam œquales anguli MCE, LSC, ac proinde latera CM, SL
parallela. Ideoque N locus planète debitus medio motui AL, fecundum hypothefin
nofiram. Sed AL 00 DO. unde &c.
Quod fi cympanum quovis alio loco velut in P ponatur a:que difiante à centro C
verfus quod cympanum dirigitur, collocetur vero punclum D, quod in rota ODM
maxime a centro C diilat, fub tympano, et planeta rurfus in A, loco aphelij fui. apparet
PROJET DE I 680 — l68l, ETC.
147
[Fig. 48]
sequali verlatione tympani in P atque in D, eolciem angulos tranfire circa centrum C.
Quare ubicunque collocetur tympanum idem ièquctur planeta; motus, fi qucm admo-
dum diximus planeta collocetur in aphelio cum D punclum rota; ODM maxime a
centro C remotum, direfte tympano ruppofitum eft, dentés autem tympani ad C
punrium dirigantur.
His confiât ratio Machins noftra; Planetaria;. Sed cum in uno eodemque axe fint
cympana omnia, non poterit ille nifi ad duorum planetarum centra débite collocari.
AP 3<s) orbita planeta; [Fig. 48].
Ad dividendas orbitas inaequaliter
fit C centrum orbita;, S fol, hoc eft
CS excentricitas. Centro S radio
SD oo CA fiât circumferentia,qua?
in partes sequales dividatur. Et per
divifionum puncla ducantur refta;
ex C, hse facient in orbita AP partes
inœquales quasfitas, quas nempe
œqualibus temporibus planeta per-
currit, fed pofitu contrario quam
funt reipfa: nempe in A maximas,
in P minimas.
Utraque haec methodus eundem
motum dat planeta?, qui refpondet hypothefi Cepleri tam prope ut invifibilis fit dif-
ferentia etiamfi orbis Saturni bipedalis fit diametri.
Ponendo PSA [Fig. 49] efTe ellipticam Kepleri orbitam, noftra methodus planetam
[Fig- 49]
36) Manuscrit F, p. 22.
i48
PROJET DE I 680 — 1 68 I , ETC.
ponic in Q, cum Keplero eft in R, facla QR perpendiculari ad AP. Sed ellipfes tam
parum a circulis recedunt ut non poffit in machina animadverti differentia. Et fortafle
nos propiores veritati.
Hic non eft necefle ut tympani K axis exacte dirigatur verfus C; quia etiamfi hoc
non ita fit, tamen finguli dentés tympani tranfire cogunt totidem dentés inœquales
orbita; AP, quoniam ha;c fuper centro iuo C convertitur.
Ut rôtis a;qualiter divifis inasqualis motus planeta; exhibeatur. fit PA orbita plane-
ta;, S fol, C centrum orbita;. unde SC excentricitas. Ut SC ad CA ita fit CE, pro
arbitrio adfumta, ad ED. Et centro E radio ED fiât circumferentia RD, qyse in partes
squales dividatur, et dentibus incidatur a;qualibus, qui aptentur dentibus item sequa-
libus rota; GHLK. qua; converfa motu îequabili, circumducat rotam RD mobilem
circa centrum C, et affixam orbita? AP. Jain fi planeta affigatur huic orbita?, ut fit in
aphelio cum punctum D rota; ED eft fub axe rota; GL, movebitur planeta motu
œquabili qui requiritur.
§ 15 37). Diftantiae planetarum a Sole in partibus quarum femidiameter orbita;
telluris eft 1 00000.
Aphelia
Media, feu potius radius orbita; Perihelia
"5 1005207
951000
896793
% 5447°8
5IQ65°
494592
d" 166465
15235°
!38235
J 101800
100000
98200
Ç 72900
72400
71900
£ 46655
38806
30657
Excentricitates in partibus qualium
Excentricitates in partibus qualium orbis
femidiametri
cujufque orbita; 1 00000
magni [l'„orbis magnus" est l'orbite de la terre]
femidiam. 1 00000 qua; funt differentia;
mediarum et apheliarum, vel mediarum
et periheliarum diftantiarum.
5700
54207 b
4822
25058 %
9263
141 15 </
1800
1800 $
694
500 Ç
21000
8149 $
37) Manuscrit F, p. 12. Les „distantiae planetarum" et les „excentricitates" sont empruntées aux
p. 732 et 764 de r„Epitome" de Kepler.
PROJET DE I 680 — I 68 I , ETC. 1 49
Aphelia et Nodi ad annum 1681 completum. hoc efl: ad 1 Jan. 1682. St. Jul. 38).
5°-44; %]&
I°.23'.I2"
7. 7. 20 05 apog. 0 39). Ergo aphelium telluris in 7.7.20 '-ys 1 00000
^1600 i2°49'.48"-^ 1600 12. 25.22 ^
81 2. 21.31 81 55- 4
1681 15. 11. 19 +» 13. 20.26 V<fl>4°)$
Ç 1600 1. 14.22 us 1640 i3°.22.45 n nodus Ç afcendens
81 1. 45-^2 41 32- 7
1681 2. 59. 44 us Horroxio 4I) 1681 1 3^54.52 fecundumHorroxiumÇ in
circa 5 gr. us 0 41).
4 1600 28. 59.54 Çl 16. 44.32 V
81 1. 3°-23 53-4Q
1681 30.30.17 ni 17. 38.12 V<a o"
% lÔOO 6.52. I =Q= 5. 25.58 55
81 I. 3.42 4.44
1681 7.55.43^ 5. 30.42 <Z5 cfo 3£
b 1600 2540-57-3(5^ 20. 59.59®
81 1. 42.10 36.27
l68l 27. 39.46+^ 21. 36.26 55 cftj "fr
1 Jan. merid. 1682 43) fc 2.39 Çl $ 7.34 n\
% 14-55® 5 "-55 "l
4 25.40 us $ 11.29.2455
38) Ce tableau est emprunté aux Tables Rudolphines de Kepler.
3?) On voit ici que Huygens se base sur une table qui indique la longitude de l'apogée du soleil
au lieu de donner celle de l'aphélie de la terre.
4°) Le signe <Po désigne le noeud ascendant.
41) On trouve en effet la longitude 5°o'o" de as pour l'aphélie de Vénus (année 1640 ou plutôt
fin de 1639) dans le Cap. XV et la longitude I3°22'45" de H pour le noeud ascendant de la
même planète (même année) dans le Cap. VIII de „ Venus in Sole visa" de J. Horrox, traité
publié en 1662 par Hevelius conjointement avec son observation à lui „Mercurius in Sole
virai Gedani" (Gedani, S. Reininger).
42) Ici Huygens a pris par erreur de plume 25 au lieu de 24. Pour la longitude de l'aphélie de
Saturne au 1 janvier 1682 il aurait donc dû écrire 26°3o'46" -t-t. Cette erreur s'est perpétuée
dans la „Descriptio" du planétaire publiée en 1703.
43) Manuscrit F, feuille collée sur la p. 23.
1 50 PROJET DE 1 680 — I 68 I , ETC.
Anni 44) tropici longitudo, five periodus Telluris fub Ecliptica dierum 365 h. 5
min. 4o'i5"46". at fub fixis dierum 365. \\.6.^'.i6".^2\ :"'•
Periodus Mercurij fub Ecliptica dies 87 h. 23.1424"
Veneris „ „ 224 17-4455
Marris fub fixis ann.Aegypt.i, diebus 321. h.23.3i'56"49"'
five diebus 686.
Jovis fub fixis ann.Aegypt.i 1, d. 317. 14 h. 49^1 "56"
Saturni fub fixis ann. Aeg.29, d. 174. 4 h. 58'. 25' 30"
§i6*5). Set$ d. h. d. h.
365 5-5° 8723 15'
ce qui conduit à la proportio revolutionum 105 190 — j — 25335 Cen douzièmes parties
d'heure, voyez aussi le nombre 105 190 à la p. 188 qui suit].
Développement de ce rapport en une fraétion continue:
4+s+i ,
A B C+T+' ,
F I + i
r +
i
T + f
Si incipias in D, hoc eft, fi tantum 2 + | confideres, reliftis cœteris deorfum, erit
ergo D 30 3 unde C 00 1 § feu f , B do i + £ feu £, A 00 6 + f feu 476 . Ergo quotiens
primus 4 + /5 feu xfë . Unde numeri dentium 191 et 46.
Si incipias à C, fiunt numeri dentium 137 et 33.
Si incipias à B, fiunt numeri dentium 54 et 13.
Eligendi 137 et 33 vel potius 191 et 46.
Quo inferius incipies eo propiores verse proportioni fient numeri, nec poffibile eft
fie inventis propiores ac fimul minores reperire.
25335 105 190 33 dentés minoris rota?/ 137 5V
Tôt dentés deberet habere rota major qua? annuas converfiones facit. Ergo annis
68 uno dente promovenda. Simulque rota minor progreditur uno dente ex 33. hoc
eft gr. 10 min. 55. Ergo anno uno deficiet tf a loco è foie debito 9'. 38". En marge:
cum rota annua habet dentés pauciores debito, fed tamen convenientes dentibus
rota? Mercurij 33, fequitur inde ut converfione rota? annuse non tantum promoverit
rota Mercurij quantum debuifTet. Ergo promovenda.
44) Manuscrit F, p. 14.
45) Manuscrit F, p. 14 — 18.
PROJET DE I 680 — 1 68 I , ETC. 1 5 I
Quod fi numéros dentium 83 et 20 retinuifTem antehac inventos 4<5), debuifiet
major habere 83^. Unde annis 16 retroagenda uno dente, qui in minori rota habente
20 dentés efficiet gr. 18. Unde, annis fingulis, 42' excederet Ç locum ex Sole debitum.
hoc eft plus quam quadruplum ejus quod fit adfumtis numeris 137 et 33.
Veneris 365. 5 h. 50' i Ç 224 d. 17^ h.
ce qui conduit à la proportion 105190 64725 ou I + I
1 + t + *
a + *
Numeri dentium 13 et 8 vel 26 et 16.
Le nombre i3^|T correspond plus précisément à 8. Donc:
Singulis 68 1 annis uno dente promovendae rotœ, qui dens facit 45 gr. in orbita Ç,
unde annis fingulis circiter 4' déficit Veneris locus.
Marris. Periodus Terra fub fixis 365. h. 6. 9'. 26". Periodus J fub fixis 686. 23.
ce qui conduit à la proportion 98925 52597 ou * + I
1 + 7 + 1
4 J'
Numeri dentium y^ et 42. Plus précisément le rapport est 79: 423-^.
Singulis 316 annis uno dente promovendse rotas, qui dens facit in orbita Martis
4°-33 • Unde annis fingulis fere 52" déficit locus </.
Romeri 47 et 25. Si fumantur numeri Romeri 47 et 25, fingulis 93 annis retro-
agendœ rota? dente uno, qui in rota Martis facit y0.^9h Unde annis fingulis locus
Martis excedit verum ex foie fere 5 min.
Jovis. Periodus terra? fub fixis 365. 6 h. 9'.26".
Ann. Egypt (365)
„ 3*7 "• I4*49'3^ ce clu' conduit au rapport
623897 52597 on îl + t + 1 Rotarum dentés 83 et 7. Plus pré-
5 + 1
4 + 1. cifément le rapport vaut 83 : 7 -j|
ï*
46) On voit à la p. 13 du Manuscrit F qu'avant de recourir aux fraftions continues Huygens avait
tâché de trouver des nombres approximatifs en considérant les logarithmes des termes du
rapport.
47) En négligeant la dernière fraction écrite i, Huygens trouve successivement en remontant les
fractions |, J?, ||, |§. Auprès de la fraclion | il nota: Sumfit Romerus pro [§■] | five i.
On voit que Huygens avait vu les calculs de Roemer. Celui-ci ne semble pas s'être servi de
fractions continues. Voyez encore sur ce sujet la Pièce de la p. çy du Manuscrit F intitulée
„Avantages de ma machine par dessus celle de M. Romer", qui a déjà été imprimée aux p.
377 — 3"8 de notre T. VIII: consultez la troisième ligne d'en bas de cette p. 377 et la note 4.
I52 PROJETDEl68o — l68l,ETC.
Donc: Singulis 361 annis dens unus rctroagendus qui in rota Jovis efficit 4°2o'. Unde
fingulis annis Jupiter excedet verum locura 43". Una periodo 8'. 30" circiter.
Saturai. [Periodus terrae fub fixis] 365. 6 h. 9'. 26".
Ann. Egypt. (365)
29 174 d. 4 h. 58. 25" ce qui conduit au rapport
i5493-6:52597ou29 + è + i
5 + £. Rotarum dentés 59 et 2 vel 1 1 8 et 4. Plus pré-
cifement: 59 : 2 T~. Donc: In annis 339 unus dens promovendus, qui in rota fc facit
6°. 6'. Unde uno anno ferè 1*5" déficit locus fc.
([ et $ 29 d. I 2h. 44' 365.5 h. 50' ce qui conduit pour la lune et la terre au
rapport 8505 105 190 ou
12
+ 1
2 + 1
T + 1
ï + 1
5 + i
J + I
4*
ou à peu près 136 : 1 1 (plus précifément 136 : 11 -^ou 136 — : 11 ou plutôt 136 — ^: 11).
Par conféquent, en prenant 1 36 et 11 pour les nombres des dents:
In annis 2o| uno dente promovenda luna? orbita. qui facit 32 gr.
Plus bas: Dentés 235 et 19 multo praeftarent. Huygens écrit encore: Ponendo ^ pro
ultima fradtione fiebant numeri 1546 et 125 quorum prior non habet partes aliquotas
prêter 2 et 773. Ideo proximum fumfi i qui dat 1781 et 144. quorum prior fit ex
137 et 13.
Observation générale sur les calculs qui précèdent: Multo melius haec post folia 36.
Comparez à la p. 163 qui suit, l'observation par laquelle se termine la présente Pièce.
Dentés rotse annuse
137. ^ 33* In annis 68 uno dente promovenda? hoc eft in orbita ^gr. 10.55 •
Ergo in anno déficit 9.3 8".
13. ? 8. vel 26.16. In annis 681 promovenda 450. In anno uno déficit 4'.
42. d" 79. In annis 3 1 6 promovenda 4°33'. In anno deficiunt 52".
"j.% 83. Inannis36i rctroagenda 4°2o'. In anno excedet verum locum 43'.
4. fr 1 1 8. In annis 339 promovendus fo locus 6°6'. In anno déficit 1 '.5".
PROJET DE l68o — I 68l, ETC.
15:
Duo circuitus in anno.
164 — 79. Annis3QOgr.4yprom.
13 — 16.
2 1 — 79.
1 1 — 26 1 . In 12 annis 1 .40 pro-
mov. in annis 599 uno
dente.
6 — j| — 324. In 30 annis 1 .30
retroag. in annis 1338
uno dente.
136— 11
Unus circuitus in anno.
191. Ç 46 In annis 104 uno dente retro-
agenda. hoc ert fere 8 gr. in rota
13. î 8 vel 52 et 32.
42. d* 79
29. % 344 Annis 1757 uno dente promo-
venda. hoc eft i°.2'.47".
11. \i 324 Annis 1338 uno dente, hoc eft
fere i°.7' retroagenda. hoc eft
periodo una fere 1.30". in anno
3"-
1 36. (£ 1 1 In annis 2o| uno dente promo-
venda luns orbita.
Si squales dentés facias, Annulus fuper piano affigendus.
Rota; axis annui in longitudinem extendends.
Annulus paulo altïor inperihelïo quam apheliofacienâus.
In Mercurio neceflario aequales dentés faciendi.
In omnibus orbitis melius convenient iibi invicem dentés.
Facilius dentés squales elaborantur quam insquales.
Artificiofius videbitur squales fecifle.
Poierit circum affigi annulus, et rota tota fuperimpom
orbita.
Si insquales dentés facias, In Mercurio tamen squales faciendi qui differet a csteris.
In omnibus orbitis minus exacte con vcnien t quam fi squales.
Difficilius elimantur.
Melius et facilius circum affigitur annulus.
Facilius concentrics rots ordinantur.
Non opus extendere in longum rotas annuas.
Divifio fatis facilis, et ab organopoeo peragi poteft.
La pièce +9) de plaque A A [Fig. 50] entre ^ fe j fe doit mettre la dernière de toutes.
Moulure de cuivre autour de la plaque de devant, afin que la glace ne touche point
aux planètes.
48) Manuscrit F, p. 23.
49) Manuscrit F, p. 21.
i54
PROJET DE 1 680 — I 68 I , ETC.
IJig- 5o]
§ 1 8 5°). Pour attacher un horloge,
il faut faire un pignon de 5 dens, qui
prenne la grande roue annuelle de 73
dents qui fait aller les jours. Et ce pig-
non doit faire un tour en 25 jours.
Ainfi chaque dent du pignon parfera
en 5 jours, et en pareil temps chaque
dent de la dite roue annuelle. Et ainfi
elle fera un tour en 365 jours, parce
que 5 fois 73 font 365.
Le pignon peut bien eftre auffi de 6
dents et faire un tour en 30 jours, ou
de 4 dents et tourner en 20 jours.
Le pignon A [Fig. 51] aura une
queue creufe BCDE qui embrafîera
fon axe et fera fixe fur cet axe par une
vis F qui percera un coftè de la queue.
Et relâchant la vis le pignon roulera fur fon axe en forte que, le pignon A tournant par
le moyen de l'axe gênerai des planètes lors qu'on le fera aller avec la main, l'axe du
pignon A n'ira pourtant que lentement fuivant le mouvement de l'horloge. Et par ce
moyen les dents du pignon demeureront toufjours engrenées dans la roue annuelle
de 73.
La visF aura une queue alfez longue [Fig. 5 1 ]
pour venir a la circonférence de la
boete.
La pendule pourra cftre d'environ
1 8i pouces, pour faire 2 fécondes en
3 vibrations. Ajouté plus tard : J'ay pris
le balancier a refiort fpirale pour plus
grande commodité. Comparez le § 2 1 qui
fuit.
O
axe du pignon A, et non pas l'axe gênerai
Il y aura une roue horizontale annulaire ou plus toit perpendiculaire et platte d'en-
viron un pouce et demi de diamètre ou feront marquées autour les 1 2 heures, qui
paroifixont par une ouverture la moins grande qu'il fe pourra entre les orbites de
Jupiter et Mars.
5°) Manuscrit F, p. 23.
PROJET DE l68o — 1 68l, ETC. 155
Le pendule fera un peu de bruit, il faut tafcher d'y remédier. (En marge: il faut mettre
des morceaux de drap fous les pieds de l'horloge contre la grande plaque). Les mi-
nutes et fécondes auront de me fine leur ronds et trous pour paroiftre. peut eitre a
coftè l'un de l'autre.
Peut eftre un volant pefant, dont le pignon de 6 dents engrènera dans la roue
annuelle de 73 ; par ce moyen le mouvement des planètes fera plus égal et fans fecous-
ses, quand on tournera le grand axe.
§ 19 5I). Il faut bien applatir les deux plaques.
River les pieds, qui les tiendront enfemble, a la plaque de devant, après avoir perce
les placques l'une fur l'autre, et avoir fait les trous parfaitement correfpondants l'un
a l'autre.
Il faut avoir égard ou l'on placer[a] bien ces pieds devant que de faire leur trous.
C'eft a dire en forte qu'on puifle commodément démonter et remonter la machine
après que la plaque de devant aura eftè couppée en fes 7 parties.
Pour la remonter, il faudra placer et attacher ces 7 parties une à une, en commen-
çant par l'extérieure et plus grande, et ainfi de fuite. Et pour cela il faudra que les
pieds de chaque partie foient ordonnez vers fa circonférence intérieure pluftoft que
vers l'extérieur; parce qu'on y pourra regarder plus facilement pour les faire entrer
dans leur trous. Toute fois les trous eftant percez bien jufte, comme il faut, il y pourra
aufil avoir des pieds vers la circonférence extérieure des pièces.
En remontant la machine il faudra placer la plaque de derrière perpendiculaire-
ment fur un coftè, pour pouvoir ferrer les pieds avec leur vis, quand ils feront pafîez.
Il faut achever tous les mouvements fans coupper encore la plaque de devant, ou
du moins fi on perce les orbites d'y laiffer des endroits non percez, a fin qu'elle tiene
toute enfemble. Mais il fera malaise de faire entrer tous les pieds dans leur trous de la
plaque de derrière. Et peut eitre il fera mieux de coupper la plaque de devant, aupa-
ravant que de l'attacher fur l'autre, mais il faut que les pieds foient bien d'égale hau-
teur et la plaque de derrière bien droite.
Peut eftre il feroit bon de la fortifier par quelques règles fur le champ.
Chaque orbite mobile doit eftre retenue par fa circonférence extérieure contre fa
pièce de la plaque de devant, et en démontant la machine elles y demeureront jointes.
Il fuffira que les orbites foient retenues en 4 endroits.
Le cercle des jours aura plus affaire de roulettes qu'aucun autre. Mercure, Venus
et la Terre n'en auront point ni peut eftre Mars.
SI) Manuscrit F, p. 24 — 26.
■56
PROJET DE l68o — 1 68l, ETC.
La roue D [Fig. 52] et le petit tuyau dans lequel tourne le bout de la manivelle M
tiendront au coftè de l'octogone. L'axe PT tiendra a la grande placque, et fon bout
P demeurera en dedans du coftè de l'octogone comme aufîl le bout H du grand arbre.
[Fig- 52]
Le pignon A qui engraine dans la roue 73 aura une plaque ronde attachée NO, et
l'axe RP qui le traverfe paflera librement dans un tuyau depuis T jufqu'a P, ou eftle
coftè de l'octogone ou l'on tourne le grand axe. Et ce tuyau en T, aura attaché une
roue platte dentée de l'horloge. En preflant fortement le tuyau du coftè P, les deux
ronds feront ferrez l'un contre l'autre, et alors le pignon A eftant agité par l'horologe,
entraînera la roue 73, avec tout le grand axe. de forte qu'il faut effectuer cette pres-
fion du tuyau lors qu'on voudra laifler aller la machine d'elle mefme par l'horloge.
Et quand on la voudra faire aller par la manivelle du grand axe, alors on relâchera la
dite preflion, afin que la roue 73 tourne fans entrainer la roue platte de l'horologe,
laquelle ira fon chemin, mais feulement le pignon A.
Il feroit bon (en marge, s'appliquant atout l'alinéa: Cecy aurait eu trop d'embaras)
qu'en ouvrant le trou pour appliquer la manivelle a l'axe, cela fit en mefme temps
relâcher la preflion du tuyau PT, et qu'elle revinft, lors qu'on ramènerait la petite
coulifle qui ferme ledit trou. Pour cela, D fera une plaque ronde pofée en dedans
contre le coftè de l'octogone de la boete. laquelle plaque aura un trou E, qui refpon-
dra au bout du grand arbre annuel. A coftè de cette plaque, qui fera dentée autour, il
y aura un trou rond dans le mefme coftè de l'octogone, par ou l'on fera entrer le bout
de la manivelle M, denté autour, et ayant un creux quarrè en dedans, qui puiffe
prendre le bout du grand arbre lors qu'on appliquera la manivelle au trou E. La den-
PROJET DE I 680 I 68 I , ETC. 1 57
turc du bout M tournant dedans un petit tuyau percé de coftè et d'autre engrainera
d'un collé dans celle de la roue D, et de l'autre collé dans le pignon P, qui entre a vis
fur l'axe PF, et lors qu'il tourne par le moyen de l'arbre dente M, il ferre le tuyau et
fa roue dentée contre le rond NO, qui eft attaché au pignon A. En mefme temps la
roue D bouche le trou E. Et alors ayant tiré la manivelle M, l'horloge fait aller toute
la machine par le moyen du pignon A, et le trou E fe trouve fermé. Et pour le rou-
vrir, il faut remettre la manivelle INI, et la tourner, ce qui fera en mefme temps des-
ferrer le pignon a efcroïie P, avec le tuyau PF, et le pignon A; de forte que ce pignon
tournera par le moyen de la roue 73, lors qu'on agitera le grand arbre en appliquant
la manivelle en H, et l'horloge ne lahTera pas d'aller fon train, faifant tourner lente-
ment avec luy le tuyau PT par fa roue dentée attachée au bout T. afin qu'en remet-
tant la manivelle en M, elle engraine dans la roue D et dans le pignon P, il faut faire
les dents de ces deux minces vers l'entrée. Ainfi le pignon de la manivelle retrouvera
les tnesmes creux d'où il eftoit forti en le retirant. En marge: non pas dans la dent de
la roue qui aura ferré les plaques.
Pour divifer en parties égales les anneaux des orbites, il faut prendre une bande de
papier qui fafTe juitement leur tour, et ayant eftendu droit cette bande la divifer éga-
lement félon le nombre de parties requis, et les marquer avec de l'encre. Puis coller
la bande autour de l'anneau attaché fur l'orbite ou du moins fermé et a peu près
arrondi.
Pour divifer la bande en parties égales quand le nombre eft premier, ou avec peu
de parties aliquotes comme 191, 365, il faut calculer combien vaut une partie, en
difant par ex. 191 donne 1, que donne la longueur delà bande prife fur l'efchelle, et
ayant prife cette partie, ainfi trouuée, fur la mefme efchelle, on Porte de toute la lon-
gueur de la bande. Le refle qui font 190 parties on les divife en 10, puis chaque
dixième en 19. Ou en adjoutant la valeur d'une partie, en forte qu'il y en ait 192 on
divife le tout en 6, puis les parties qui font de 32 en 4, puis en 4 et puis en 2. On
peut de mefme ofter la valeur de 2, 3, 4, 5 ou plufieurs parties.
Devant que coupper la plaque de devant, il faut en faire une de mefme avec toutes
les orbites et centres, et avec le grand arbre et (es roues marquées, afin de la garder
pour modelle, pour quand il faudra faire de pareilles machines.
Pluftoft le cofté de derrière; ou encore mieux a tous les deux coftez.
Faire le cercle de l'ecliptique mobile, pour la preceffion desaequinoxes,carcen'efl
que de cette preceffion que vient le mouvement des aphélies, qui a l'égard des fixes
ne changent que très peu ou point.
Marquer au delà de ce cercle des lignes vers fpica virginis, prima arietis et autres
grandes ertoiles.
Voir ou mettre le grand arbre, en C ou en D [Fig. 53]. Refp. en C. En Ali la
charnière pour ouvrir toute la machine en la faifant fortir de fa hoete. Au mefme
endroit charnière pour la glace qui la couvre.
i5»
PROJET DE I 680 1 68 I , ETC.
[Fig. 53]
En marge: J'ay trouvé meilleur d'attacher la machine dans la boete, et l'ouvrir par
derrière.
Pour éviter le bruit de la pendule, il faut la faire avec des petites
vibrations a la manière angloife.
Il valoir mieux de laifler entière la partie de la plaque de devant
qui contient les orbites de Mercure, Venus et la terre, pour y
adjufter les roues dentées et les piliers, et puis les couper avec le
compas tranchant.
La glace avec fa bordure s'appliquera par devant fans tenir
avec une charnière, elle aura un anneau octogone plat d'un i
pouce, qui entrera jufte dans la boete octogone de bois, et fera
attaché par une °u deux vis a tefte platte dans les coftez de déifias et deiïbus. On
n'aura pas befoin d'ofter cette glace que rarement, et elle eft trop grande pour l'ouvrir
a charnière. La forte placque appuiera dans la boete, et celle de devant fera tant foit
peu moindre, afin de laiffer entrée a l'anneau de la bordure delà glace.
On pourra fortifier la boete avec du fer dans les angles. La boete appuiera fur une
confole belle et dorée, ce qui foulagera la boete. Elle pourra eftre de cuivre. Propor-
tions des corps des planètes gravées par dehors.
Les pages 39 — 43 du Manuscrit F (comparez la note 55 qui suit) ont été publiées par nous aux
p. 612 — 620 du T. XVIII. Il y est question de la forme des dents d'un pignon qui engrène dans
une roue de champ à dents plates, ainsi que de celle des dents d'une roue de champ engrenant
dans un pignon à dents plates. Comme on peut le voir dans le dit Tome, ces considérations de
Huygens se rattachent à des considérations antérieures de Rômer.
§ 20 52). En oftant la terre avec le cercle de la lune hors de fon trou, l'on y pourra
placer une Terre de cette grandeur [Fig. 54] et qui puiffe tourner fur fon axe, pour
montrer les faifons et les jours et les nuicts. Il y faut graver le cercle
equateur, et le méridien et le parallèle de la France ou Hollande. En fai-
sant un petit globe léger de bois ou autre matière, et feulement la partie
vers le pôle auflral, jufqu'au 23 degré, de plomb, fi avec cela la queue B
eft fort libre dans fon trou : cette terre gardera tousjours fon axe paral-
lèle a foy mefme, comme il faut. Et l'on pourra toutefois la tourner fur
fon axe, fans qu'elle retombe.
L'axe de la terre tiendra a la branche A et fera immobile, fur lequel la terre tournera.
Note ajoutée plus tard: Elle fera d'argent et creufe.
Si l'on prenoit l'orbite de Saturne pour celuy de la Terre en cecy, il faudroit 30
tours de manivelle pour reprefenter les faifons de l'année au lieu qu'il n'en faudra
qu'un feul.
[Fig- 54]
52) Manuscrit F, p. 46 — 47.
PROJET DE I 680 — I 68 I , ETC.
!59
Petite plaque platte et ronde a l'endroit de noftre demeure fur la terrelle, pour
reprefenter le plan de l'horizon et le lever et coucher du folcil.
[Fig. 55]
Avoir de mefme un Saturne avec l'anneau de cette grandeur [Fig. 55]. La queue
fera attachée a une branche qui portera l'axe, comme a la Terre. L'anneau tiendra
au globe et par le petit poids attaché au tuyau K, l'axe de
Saturne et de l'anneau demeurera parallèle a luy mefme. l'Axe
doit eftre incliné fur le plan de l'ecliptique de 31 degrez.
Note ajoutée plus tard: Saturne et fon anneau d'argent, la
plaque ronde autour de luy qui porte fes 3 fatellitesde cuivre.
Faire incliner Saturne et l'anneau de 31 degrez. L'axe de la
plaque ronde de Saturne aura un poids perpendiculaire attaché
qui tiendra cet axe toufjours parallèle a foy mefme.
Peut eftre fans ferrer ou lâcher la roue N [Fig. 56 53)] par
le moyen d'une plaque, qui demande beaucoup de façon, il vaudra mieux de faire feu-
lement un tuyau a cette roue N qui ferre un peu fur l'arbre FH. Il faudra un peu plus
[Fig- 56]
;3) Les petites figures à gauche représentent Saturne et Jupiter avec leurs satellites. Ici Jupiter en
a quatre et Saturne trois. Un quatrième et un cinquième satellite de Saturne furent découverrs
en 1684; voyez la p. 194 qui suit.
l6o PROJET DE l68o — l68l,ETC.
que le double de la force qu'il faudroit autrement, a tourner la manivelle, car fi je
repoufie une dent du pignon B, avec autant de force qu'il faudroit contre une dent de
la roue A, pour faire tourner les planètes, il faut que la roue N avec fon tuyau ferre
afiez pour retenir l'arbre FH, au quel le pignon B eft attaché, contre la dite preifion
de la dent de ce pignon; parce qu'autrement il paroit que la roue N agitée par l'hor-
loge ne pourroit pas entrainer l'arbre FH afiez fort pour que le pignon B, attaché a
cet arbre, fift aller la roue A. Donc aufli en tournant la roue A par le moien de la
manivelle en M, la peine de faire tourner l'arbre FH dans le tuyau de la roue N, fera
un peu plus grande que fi la dent de la roue A eftoit retenue par une force égale a celle
qu'il faut contre cette dent pour faire tourner les planètes. De forte qu'en faifant aufii
tourner les planètes, la force devra eftre double et un peu plus, que fi l'arbre FH tour-
noit fans empefchement ou frottement. Notez qu'en aggrandifiant le pignon B l'on
ne gagne rien. L'arbre FG pourra eftre court par ce moyen. Il faudra voir fi la force
a la manivelle fera grande devant l'application de l'horloge.
On peut faciliter le mouvement de la manivelle en la mettant a l'arbre d'un pignon
qui engraine dans une roue double attachée au grand axe, et faifant deux tours de
manivelle pour une année. Cela feroit venir le trou de la manivelle au milieu du coftè
ou comme on voudroit, et ce petit axe ne feroit plus de biais.
En marge: Notez qu'a quelque endroit difficile le tuyau courreroit rifque deglifier.
Mais on pourra faire une vis qui eftant ferrée attache le tuyau de la roue N au grand
arbre, et que l'on lâchera quand on voudra tourner la manivelle.
A eft la roue de 73 dents qui fait aller le cercle des jours. Elle engraine dans le
pignon B attaché ferme fur l'axe FG aufii bien que le volant EE. Une plaque pareille
D tient au tuyau F4 enfilé fur l'arbre FH qui eft quarré en cet endroit. En tournant
la plaque ronde en M pour découvrir le bout de l'arbre ML on trouvera moyen de
ferrer une plaque contre la roue N, libre autrement. Et alors l'horloge fera aller la
roue A et partant tout le mouvement planétaire. Mais en relâchant la roue N, du
mefme mouvement qui referme le trou en M, l'on fera tourner la roue A par le moyen
du grand arbre LM, et elle fera tourner l'arbre I IF avec le volant EE, fans que cela
fade rien a l'horloge, qui ne laifiera pas d'aller fon train.
La roue N entre par fon cofté dans l'horloge, et engraine là dans un pignon dont
l'axe eft couché horizontalement. En marge: vis fans fin dans l'horloge prenant dans
la roue N.
§ 21 5+). Il vaudra mieux de faire cette horloge avec un balancier a refibrt fpirale
pour avoir moins d'embaras en l'ouvrant. Car aufii bien il ne s'agit pas d'une grande
S4) Manuscrit F, p. 46 — 47.
PROJET DE I 680 — I 68 I , ETC.
l6l
^6 M
exactitude pour ce qui eit des heures. Faire les temps du balancier en forte qu'on
puifle toujours appliquer un pendule de 1 8 pouces.
Sufpendre le balancier par un fil de foye mais en forte que les deux pivots ne puis-
fent fortir de leur trous lors qu'on voudra coucher la machine. Le fil 3 ou 4 fois plus
long qu'il n'ell reprefentè icy [Fig. 57]. Un petit contrepoids B qui foit égal a la
pefanteur du balancier.
En faifant ce balancier grand, j'auray
un effay de la juttefle de ces horloges a
relTbrt fpirale 55).
§22 5<5). Le pignon B ayant 4 dents
doit tourner en 20 jours. Ainli a chaque
5 jours palTera une dent de la roue A 73.
Grand trou dans la plaque de derrière,
par lequel puiïïe pafler la platine ronde
ou font gravées les heures.
Proportions des corps des planètes au
Soleil fe pourront placer entre Mars et
Jupiter vers en bas. ou pluftofl: fur une
des plaques a coftè fur la boete.
^^/ohV Ik^JUV
4
Fils de foye au foleil et à la tene.
Quelques fixes marquées de celles qui font près de l'Ecliptique comme l'Epi de la
Vierge. Seulement des lignes droites qui y tendent et marquent leur latitude.
Marquer le point ou les cercles dente/, font le plus dittants des centres des orbites.
Car lors que ce point eit fous le grand axe alors la planète doit eftre fixée a l'endroit
de fon aphélie. Puis pour trouver fon lieu on cherchera par les tables Rudolphines le
jour de fon oppofition avec le foleil.
Et ayant défait la vis qui tient le pignon au grand axe, on tournera le point fixe de
la planète a ce lieu d'oppofition, et alors on ferrera derechef le pignon au grand axe
par fa vis. Ainfi l'on placera feparement chacune des planètes.
55) Les deux derniers alinéas ont déjà été cités à la p. 508 du T. XVIII; nous y avons reproduit
aussi la présente Fig. 57.
5,s) Manuscrit F, p. 47 — 48.
21
\6i
PROJET DE I 680 — I 68 I , ETC.
Peut dire les trous des jours et des années [Fig. 58] vers en haut [Fig. 58 bis]
entre % et h ^n de les avoir près du trou des heures. Ou les mettre tous trois vers
en bas. Mais alors on ne
[Fig. 58 bis] peut adjouter de pen-
dule. Entre Jupiter et
Saturne vers en bas, Ton
mettra la proportion des
planètes entre elles et au
ibleil. Les corps despla-
netesgravez pour expri-
mer des globes. Autour du ibleil graver des
rayons partants du centre, pour faire paroi-
stre fon corps [Fig. 59].
La glace un peu diftante de
la plaque afin que la petite
terre portiche et le Saturne
puifle eftre enfermez deflous.
[Fig- 59]
11 faut voir ii cela n'ofte pas trop le jour a l'ecliptique.
On peut faire ouvrir tout l'ouvrage pour voir le dedans en attachant des pièces
coudées a la plaque forte de derrière qui faflent la charnière a collé de la plaque de
devant, ou feulement une pièce large. Il faudra un peu rogner la plaque de derrière
du coftè qui ouvre, parce qu'autrement elle ne pourroit pas entrer. La glace fera a la
mefme charnière comme aux montres de poche.
Confole deflbus [Fig. 60] ou un pied jufqu'a terre. Il faudra y attacher la boete
avec des vis. et l'attacher de plus a la muraille par en haut, a fin
que fi la confole manquoit la machine ne tombe point. L^ 'S- "°J
Sur la plaque de derrière fera grave combien en cent ans les
places des planètes furpaflent ou manquent des véritables, félon
quoy l'on pourra les redrefler.
Corpora Colis et planetarum multo majora exhibentur quam
proportione horum orbium efle deberent, quippe invifibilia alio-
qui futura. Uti et circulus lunœ quo circa terrain defertur. qui
circulus diametrum fere duplo minorera habet quam fit diameter
folis. Sunt enim a Terra ad Solem diametri terra: circiter duo-
decics mille, a terra ad lunam diametri terra? triginta. cujus dis-
tantiae duplum diameter nimirum lunaris orbis erit, circiter %
diametri folis. Sunt autem proportiones omnium planetarum inter fe atque ad folem
quales hic expreflœ cernuntur.
PROJET DE I 680 — 1 68 I , ETC. I 63
Vide poft folia 34 quae ad emendarionem hujus automati fpeftant 57).
En février 1682 Hiiygcns écrit à J. Gallois (T. VIII, p. 342): J'avois emporté avec moy,
en quittant Paris, la machine Planétaire que monfeigneur Colbert avoit agréé que je
ilflc conltruire, et qui n'eftoit que commencée. Dans fa lettre à Colbert du 27 août de la
même année il dit que le prix de la machine, telle qu'elle avait été conftruite à la Haye, eft de
620 efeus, dont il y en a 520 pour le compte de l'horloger [van Ceulen], et le relie
pour ce que j'y ay debouriè icy et a Paris.
,7) Consultez l'Avertissement suivant.
LE PLANETAIRE DE 1682.
Avertiffement.
Ainfi que Huygcns l'a annoté à la p. 48 du Manufcrit F — voyez le premier
alinéa de la p. 163 — c'ell: une trentaine de pages plus loin J) qu'il commence à con-
fidérer ce qui fe rapporte ,,ad emendationem automati". Il prend diverfes valeurs
„fecundum Riccioli Aftronomiam reformatam" 2) de 1 664 qui d'ailleurs ne lui ap-
prend pas, fi nous voyons bien, beaucoup de chofes nouvelles. La principale différence
entre la nouvelle conftruétion et celle d'avant 1682 c'efl: que Huygens, comme on le
voit au § 1 de la Pièce II qui fuit, prend maintenant les périodes de Mars, de Jupiter
et de Saturne „fub Ecliptica" au lieu de les prendre „fub fixis". C'efl à cela furtout
que vifent ses paroles (Pièce II, § 2): „Haec in conitruétione Machina; Planetaria;
fecutus fum" 3).
Difant en février 1682 avoir emporté en partant de Paris la machine „qui n'eftoit
que commencée" 4) Huygens ajoutait qu'il avait mis un habile ouvrier [favoir van
Ceulen] à la Haye au travail à peu près depuis fa rentrée dans cette ville, c. à. d.
x) Plus précisément, à la p. 8 1 .
2) P. 83.
3) Voyez aussi ce qu'il nota à la p. 91 du Manuscrit (§ 1 de la Pièce II qui suit).
4) T. VIII, p. 342. Voyez la lettre citée à la fin de la p. 163.
1 68 AVERTISSEMENT.
environ depuis feptembre 1681. Les pages confidérées plus haut du Manufcrit F
datent apparemment foit en partie du dernier temps de fon féjour à Paris et en partie
de plus tard, foit toutes du commencement de fon féjour à la Haye. Cetre dernière
hypothèfe parait la plus probable, puifque les nouveaux calculs fe terminent à la p.
1 1 o du Manufcrit et qu'aux p. 1 o 1 et 1 1 2 fe trouvent refpeftivement les dates du 8
février et du 16 avril 1682.
Les „remarques fur la conftruétion d'un autre planetologe femblable au premier"
(Pièce IV qui fuit) fe trouvent dans le Manufcrit F aux p. 1 17 — 1 18 et font par
conféquent poftérieures au commencement de la conltrudion de l'automate par van
Ceulen 5). Le premier planetologe" dont il y eft queftion n'eit donc pas le modèle
parifien inachevé mais le planétaire achevé ou prefqu 'achevé 5) de la Haye et les re-
marques ne femblent pas avoir eu de conféquences pratiques, vu que van Ceulen ne
conftruifit que ce feul exemplaire.
Quant aux remarques hiftoriques de la Pièce I, elles font empruntées en partie à
r„Almageftum novum" de 1 65 1 de Riccioli, en partie à quelques autres fources.
Nous nous contentons de reproduire ici deux vues d'enfemble du planétaire de
1682 puifque la „Defcriptio", comme nous l'avons dit au début de l'Avertiflement
précédent, date de beaucoup plus tard et eft donc publiée plus loin dans le prélent
Tome: c'eft là qu'on trouvera les figures plus détaillées fe rapportant à l'intérieur de
l'automate.
s) Comparez la note 1 de la p. 182 qui suit.
LE PLANETAIRE DE 1682.
I. Remarques historiques sur les planétaires antérieurement construits.
II. Corrections à apporter au projet d'un planétaire de i 680 — 1 68 1 .
III. Exécution du projet corrigé X la Haye en i 682.
IV. Remarques sur la construction d'un autre Planetologe semblable au
premier ').
') C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce.
p.
REMARQUES HISTORIQUES SUR LES PLANETAIRES
ANTÉRIEUREMENT CONSTRUITS.
[1682]
Riccioli Almageftum Novum Parte 1 pag. 505 3).
Ioannulus Torrianus, vulgo IannellusCremonenfisCaroliquintiartifex automaton
conrtruxit conitans cupreis anulis deauratis mille quingcntis quibus ad unguemomncs
coelertes motus reprasfentavit 3).
Aliud Chriflianus rex Daniîe mifit ad Moscovitarum imperatorem quod ille irridens
remisit +).
Ferdinandus quoque Casfar fed ex ingenio Maximiliani fabrefaétum mifit Solimanno
Turcarum Imperatori munus gratiffimum.
Per rotulas papyraceas conatus Petrus Apianus in opère quod aftronomicon Ca>
1) La Pièce eft empruntée à la p. 104 du Manuscrit F. Voyez sur sa date l'Avertissement qui
précède.
2) C'est en effet à la page indiquée (et en partie à la p. 504) de P„Almagestum novum" que se
trouvent les remarques hiftoriques reproduites par Huygens. À cette page se termine le Cap.
VIII („Indicantur Hypothèses quibus Planetarum quinque Minorum motus Explicari, ac de
Machinis quibus reprœsentari soient") de la Seftio Prima C„De Planetis Minoribus in Com-
muni") du Liber Septimus („De quinque Planetis Minoribus"). Les cinq planètes considérées
ici par Riccioli (pour qui, de même que pour les anciens, le soleil est une planète tandis que la
terre n'en est pas une) sont Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne.
Riccioli écrit: „Ex pradictis autem hypothesibus prïccipuè verô ex an tiqua seu Ptolemaica
& Alphonsina multi conati sunt fabricare machinas & Automata, quibus Planetarum motus per
armillas varias ac circulos oculis ad quoduis momentum temporis subijcerent, & Archimedis
vitream smularentur sphœram; Prœcipuè Ioannulus Torrianus etc." Huygens ne cite pas Ric-
cioli littéralement.
3) Il s'agit, pensons-nous, du planétaire de Giovanni de Dondi, savant italien du 14'"™ siècle, lequel
fut prêt en 1364 et que Charles-Quint fit réparer par Torriani; comme ce dernier l'accom-
pagna en Espagne lorsqu'il s'y retira après son abdication, il semble probable que le planétaire
qui aujourd'hui n'existe plus, fut également transporté dans ce pays. — Il est vrai qu'il est rap-
porté que Torriani aurait de plus construit un autre planétaire.
4) Chez Riccioli: „Automaton Dano remisit, denuncians illi frustra ipsum de Coelo sollicitum,
esse, cùm de terra inter ipsos armis certandum esset".
\J2 LE PLANÉTAIRE DE 1682.
làreum infcripfit, dicavitque Carolo quinto et fratri ejus Ferdinando Imp. 5).
Item Franfîfcus Sarzofus Cellanus Arragoneus in opère quodam /Equator Plane-
tarum 6).
Item J. Schonerus in œquatorio aftronomico 7).
Jo. Fernelius in fuo Monalofpha.Tio 8).
Qui omnes Ptolemrei et Alphonfinis Tabulis nituntur.
Felicius nuper (ait Ricciolus) P. Bonav. Cavallerius in fua Rota Planetaria Lans-
bergij tabulis et hypothefibus fubnixa 9).
Keplcrus miferetur Apiani diligentia?, cujus intérim ingenium multum laudat.
Comment', de Stella Martis cap. 14.
Le paflage de Kepler de 1609 cité par Riccioli commence comme fuit: „Iam quis mihi fontem
porriget lacrymarum, quibus ex merito fuo deplorem miferabilem Apiani induftriam, qui in fuo
opère Ca:fareo, Ptolemsci fidem fecutùs, tôt bonas horas impendit etc." Il y parle généralement de
la „automatopoeoruin x.cvoTs/vt'a".
Nous obfervons qu'en 161 8, dans fon „Epitome Aftronomiïe Copernicanœ", Kepler s'exprime
fur les planétaires avec plus de modération quoiqu'ici aufïi fans aucun enthoufiafme. Il y parle fort
brièvement (p. 7) des „Automata coeleftia, quibus interdum prêter nudam delettationem fua etiam
confiât militas, coelo prafertim nubilo".
Prêter hos à Ricciolo recenfitos inveniojufti Burgij organopoei apud Hafliœ Land-
gravium, automaton exiguum a Rotmanno in epiftolisad Tychonemmemoratum IO).
Item Alexij Silvij facerdotis Poloni cujus defcriptio legitur apud Claudium Cle-
mentem lib. 2 Mufei fect 2, cap. 5. Hic dicitur fphreram Archimedis non tantum
imitatus fed et iliperafle. Item fphsram Poflidonij planetarum motus referentcm
apud Ciceronem lib. 2 de natura deorum ").
5) Chez Riccioli: „Carolo V Imp. & Fratri eius Ferdinando Roman. Régi". Riccioli ajoute qu'
Apianus y faisait voir les mouvements „in planisphœrijs".
L'„Astronomicum cjesareum" d'Apianus parut à Ingolstadt en 1540.
(5) Chez Riccioli: „in suo illo Aequatore Planetarum".
:) Une liste des oeuvres deSchoner se trouve dans „Johann Schôner, professor of mathematicsat
Nuremberg, a reproduction ofhis Globe of 1523 long lost, hisdedicatory lettertoReymer von
Streytperck etc. with ncw translations and notes on the globe by Henry Stevens of Vermont,
edited with an introduction and bibliography by C. H. Coote", London, H. Stevens, 1888.
Parmi ces oeuvres: „Aequatorium astronomicum. Babenberge impressum in aedibus Ioannis
Schoners Anno Virginei partus 152 1" et „Equatorij astronomici omnium ferme Vranicarum
Theorematum explanatorii Canones, per Ioannem Schôner Charolipolitanum Francum, Ma-
thematices studiosum ordinati. Impressum Nuremberge per Foedericum peypus, 1522".
8) „Monalosphœrium sive astrolabii genus; generalis horarii structura et usus", Paris, 1526.
9) Cavalieri publia en 1646 a Bologne, sous le pseudonyme Silvio Filomanzia, un „Trattato délia
ruota planetaria perpétua e dell'uso di quellaetc."
'°) Voyez les Additions et Corrections.
' ') Dans le livre cité Cicéron mentionne tant le planétaire récemment construit de Posidonius que
celui, plus ancien, d'Arcliimède (comparez la note 13 de la p. 173): „(,)uodsi in Scythiam aut
in Britanniam sphœram aliquis tulerit hanc, quam nuper familiaris noster eifecit Pofidonius,
cuius singulaj conversiones idem efliciunt in sole et in luna et in quinque stellis errantibus,
REMARQUES HISTORIQUES SUR LES PLANÉTAIRES, ETC. 173
Une petite feuille féparée qui fe trouve dans les „Chartœ aitronomica?" (f. 200) et qui n'cft pas
de la main de Huygens donne le texte de l'endroit de Clemens qu'il indique:
Claudius Clemens in Musei exitruclione et inrtruclione, libro edito Lugduni anno
1635 I"). lib. 1. fett. 2. cap. 5. poft recitatum epigramma Claudiani de Sphaera Ar-
chimedis I3) hœc addit I4): Hanc Sphsrara, prour. eam Archimedes machinatus eft,
quod efficitur in cœlo singulis diebus et noctibus; quis in illa barbaria dubitet, quin ea spha?ra sit
perfecta ratione? Ili autem dubitant de mundo, ex quo et oriuntur et fiunt omnia, casune ipse
sit effectus aut necessitate aliqua, an ratione ac mente divina, et Archimedem arbitrantur plus
valuisse in imitandis sphxr» conversionibus quam naturam in efficiendis, prœsertimquummul-
tis partibus sunt illa perfecta quam hœc simulata sollertius". Nous ajoutons que Cicéron fait
aussi mention de la sphère d'Archimède dans ses Tusculanœ Disputationes I, § 61 (éd. M.
Pohlenz, 191 8) disant qu'elle montrait — comme celle de Posidonius — le mouvement de la
lune, du soleil et des cinq planètes: „cum Archimedes lunœ solis quinque errantium motus in
sphœram inligavit, elFecit idem quod ille, qui in Timœo mundum œdificavit, Platonis deus, ut
tarditate et celeritate dissimillimos motus una regeret conversio. quod si in hoc mundo fieri
fine deo non potest, ne in spha?ra quidem eosdem motus Archimedes sine divino ingenio po-
tuisset imitari".
I:) „MVSEI sive BIBLIOTHEC/E tam priuats quàm publies Extructio, Instructio,Cura, Vsus.
Libri IV. Accessit accurata descriptio Régis Bibliothecœ S. Laurentii Escurialis: Insuper Para-
mesis allegorica ad amorem literarum. Opus multiplici eruditione sacra simul et humana refer-
tum; prseceptis moralibus et literariis, architectural et pictura:subiectionibus,inscriptionibuset
Emblematis, antiquitatis philologie monumentis, atque oratoriis schematis utiliter et amoenè
tessellatum. Auctor P. Claudius Clemens Ornacensis in Comitatu Burgundis è Societate Iesu,
Regius Professor Eruditionis in Collegio Imperiali Madritensi". Lugduni. Sumptibus Iacobi
Prost. MDCXXXV.
13) „Iratus Iupiter in sphœram Archimedis pulcherrimo epigrammate inducitur à Claudiano".
14) Tout ce qui suit se trouve en effet chez Clemens à l'endroit indiqué. Le Cap. V cité est inti-
tulé: „Globus & sphsra in medio Bibliothecœ ne deesto".
L'épigramme bien connu de Claudianus, auteur du quatrième et cinquième siècle de notre
ère, (cité par Clemens) est le suivant:
Iuppiter in paruo cùm cerneret rethera vitro
Risit, & ad superos talia verba dédit.
Iluccine mortalis progressa potentia cura:?
Iam meus in fragili luditur orbe labor?
Intra poli rerûmque fidem legémque virorum
Ecce Syracusius transtulit arte senex.
Inclusus varijs famulatur spiritus astris,
Et viuum certis motibus urget opus.
Percurrit proprium, mentitur signifier annum.
Et simulata nouo Cynthia mense redit,
làmque suum voluens audax industria mundum,
Gaudet, & humana sydera mente régit.
Quid falso insontem sonitus Salmonea miror?
Aemula naturs parua reperta manus.
I "7\ LE PLANÉTAIRE DE I 682.
fubfecuta ipium fecula vehementer defiderarunt, ac tandem féliciter, im6 etiam per-
feétiore ratione proximè fuperiori anno Alexius Sylvius, facerdos natione Polonus,
infignium mathematicorum judicio infignis mathematicus, nobis familiariter notus,
Madrid in collegio Imperiali Societatis Iefu abfolvitet reliquit: quoties eam video,
fatiari videndo non poflum, novaque fcmper voluptate et admiratione afficior. Eft
autemhujufmodi.
Ponderum lapfu ac vario rotarum implexu diurnas, animas Solis et Lima? conver-
fiones, latitudines, fynodos, oppofitiones, afpeftus, tanta fide cxhibet, ut in fumma
motuum anomalia per plura fœcula nullus error qui fenfui obnoxius fit, deprehendi
pofllt : rotulis quibufdam induftria fingulari reftituentibus motum, ubi fcrupulis, qui
negligi folent, coacervatis, temporis lapfu a vero deflexerit. Tardifllmas quafdam rao-
tiones cochlearum beneficio conftruxit, qua? id efficiant, ut rota una, foie et luna
diurnos curfus agentibus, per duodecim annorum millia converfionem unam non
abfolvat. Sed et hoc admiratione dignum eft, eandem machinam ingeniofum illud
Ariftarchi Samij exhibere commentum, quod avorum noftrorum aetate Nicolaus
Copernicus inftauravit; foie nimirum quiefcente, et fpha?ra terra; loco converfa,
eadem evenire omnia, qua; in ftantis terra? hypothefi contingerent.
F. Berthoud, dans son „Histoire de la mesure du temps par les horloges" de l'an X ou 1802,
en donne (T.I, p. 31) la traduction libre suivante:
Jupiter, ayant vu la fragile machine
Qui fait mouvoir les deux sous une glace fine,
Dit aux Dieux, en riant: Un vieux Syracusain
A tâché d'imiter l'ouvrage de ma main!
Des décrets éternels, de cet ordre immuable
Qui régit l'Univers par un art admirable,
Archimède prétend contrefaire les lois.
Un esprit qui conduit mille astres à la fois,
Enfermé dans le sein d'un nouvel édifice,
Règle leur mouvement, en soutient l'artifice.
Dans ce monde apparent, le Soleil j'aperçois
Chaque an finir son cours, la Lune chaque mois.
Ce mortel, enivré de l'ardeur qui l'inspire,
Les voit avec plaisir soumis à son empire.
Du fils d'Eolc en vain ai-je détruit les feux:
Un autre veut encor se comparer aux Dieux!
Nous rappelons que l'ouvrage d'Archiméde, qui semble être le plus ancien de tous les plané-
taires — nous en avons aussi dit un mot à la p. 599 du T. XVIII — , est également mentionné
au premier siècle de notre ère alors qu'il se trouvait à Rome dans le temple de la déesse Vesta,
dans le sixième Livre des Fastes d'Ovide:
Arte syracusià suspensus in aère clauso
Stat globus, immensi parva figura poli.
IL
CORRECTIONS À APPORTER AU PROJET D'UN
PLANÉTAIRE DE 1680— 1 68 1.
[l682]
§ i1). Alia eft proportio temporum periodicorum planetarum fub fixis, alia fub
Ecliprica.
L'alinéa fuivant eit biffé, nous ne voyons cependant pas de raifon pour le fupprimer: Ego in
machina planetaria [celle de Paris] fecutUS fum [pour Mars, Jupiter et Saturne d'après les p.
151 — 152 qui précédent] proportiones periodorum fub fixis. Propterea Ecliprica; cir-
culum mobilem feci, ut fecundum prœcefîionem sequinodiorum tranfponi poiîlt, in
fingulos circiter 72 annos, gradu uno, contra ordinem fignorum. Hoc idem necefTe
eft, ut nofcatur in quo gradu Ecliptica; planeta; verrentur. Et hac ratione Itella.1 fixa;
immobiles manent ut lune rêvera. Sed converfiones magni axis fingula; totidem annos
fidereos valent, quorum 72 die uno excedunt totidem annos tropicos feu fub Eclip-
rica. Proinde in annis 72 omnes planeta; retroagendi motu unius diei quippe qui in
telluris orbita gradui uni refpondet, verfato nempe axe communi tantillum, ut rota
dierum uno die regrediatur. Vel in univerfum totidem gradibus retroagenda motu
manubrij tellus, (quo czeteri planeta; etiam proportionaliter rétrocèdent), quot gra-
dibus punctum aîquinoctij transijt in pracedentia. Quibus telluris gradibus proxime
refpondent totidem dies in rota dierum. Hoc modo vera motuum coeleftium reprœ-
fentatio habetur. fimulque motus apheliorum per Eclipticam fere exhibetur, cum
reipfa punéta Ecliptica; ad punfta Apheliorum rétro ferantur, aphelijs fere refpeftu
fixarum immotis.
Poterat alioqui etiam fie ordinari machina ut proportiones periodorum fub Eclip-
rica rotarum dentibus tribuerentur, qua ratione Ecliptica immobilis maneret, fingu-
lseque converfiones axis magni refponderent annis totidem tropicis. Tune vero fixis
ftellis motus in confequentia concedendus quantus eft punclorum Ecliptica* in prœ-
cedentia etfi rêvera hoc motu ftella; careant.
') Manuscrit F, p. 91.
176
LE PLANÉTAIRE DE 1682.
Periodus Mercurij multo melius lie numeris noftris repreefentatur, melius etiam
periodus Veneris. Multo quoque melius periodus Lunse. In Marte ijdemnumeriden-
tium manent. In Jove et Saturno alij fliere inveniendi.
En marge: Hoc fecutus fum [favoir dans le planétaire exécuté à la Haye] *).
§ 2 3). Hsec in conrtructione Machina? Planetarise fecutus fum.
Anni tropici longitudo, five periodus Telluris fub Ecliptica eft dierum 365. h. 5. m.
49'. 15". 46".
87. h. 23.14.24".
Periodus fub
Ecliptica
/ Mercurij dierum
l Veneris
Martis
Jovis
Satumi
Qualium temporum Periodus Telluris fub
Ecliptica eft 105190 [§ 3 qui fuit] taliuin
Periodus fub Ecliptica
224. 17.44.55.
686. 22.20'.
an. d. h.
4330. 1.26' five 11.315. 1.26'
au. d. h.
1 0747. 1 1 .45' five 29. 1 62. 1 1 .45'
, Mercurij 25335
Veneris 64725
Martis 1 97 8 3 6 [§ 3 qui fuit]
Jovis 1247057
Saturni 3 095277 fec. Riccioli
1 Menfis fynodici 8505
Hafce aberrationes quœfivi — voyez le § 3 — ex motibus annuis Solis et Planeta-
rum quales apud Ricciolum in Aftronomia refonnata. E quibus etiam numéros den-
tium fimplicius inveniflem. Vide calculum poft 7 pag. (§ 4 qui fuit).
^ promo vendus o .7 '.47 ".
Ç promovenda 3°.37'
d" promovendus o .24' [§ 3 et § 4 qui fuivent]
% promovendus o .19"
b promovendus o .1.34'
[luna] promovenda i°.3i' in orbiculo fixo.
Vide poft 6 folia [§ 4 qui fuit] ubi Riccioli numéros fecutus fum.
In annis 20
2) Consultez aussi sur ce sujet la „Descriptio" avec les notes que nous y avons ajoutées.
s) Man. F. p. 95.
CORRECTIONS X APPORTER AL' PROJET D'UN PLANETAIRE DE I 680 — I 68 1 . 1 77
Aphelia
mêmes lignes et
mêmes nombres
de degrés qu'au
§ 15 de la p. 148
qui précède; feu-
lemencauprèsdes
205944" de Vé-
nus Huygens
n'annote pas feu-
lement : Hor-
roxio circa
50 ss 4) mais
aufîî: Ricciolo
imo 6.31 '33"
Nodi ascendentcs Declinationes Semidiametri
mêmes (Ignés et mê-
mes nombres de de-
grés qu'à la p. 149,
excepté pour Mer-
cure où Huygens
écrit I4°!2q'47" V
lèc.Gallet5),etoù
il ajoute: Mercurij
nodusdescendens
14.51.35" m ex
Hevelij obferva-
tione 6) et meo
calculo •").
5 <S°54 o
Ç 3.22. o
£ 1.50.30
S
% 1.19.20
î? 2.32' o
Orbium
Planetarum
Excentricitates
in ijfdem partibus
mêmes nombres qu'au § 15 delà p. 1 48.
§ 3. Nous ne croyons pas devoir reproduire tous les calculs des pages confidérées du Manulcrit
F. Voici comment Huygens calcule pour Mars la période par rapport à l'écliptique 8).
a. h
Il commence par noter 686. 23.3 1 .56 Peiïodus £ fub fîxis. C'eft la période ( où il eût
pu écrire 57" au lieu de 56") qu'on trouve aufîî aux p. 150 et 151 qui précèdent et que nous avons
dit être tirée des Tables Rudolphines de Kepler.
«[■(5»»] F-
Motus annuus £ fub Ecliptica dierum 365 6. 1 1. 17'. 8" five 1910. 17'. 8".
1910. 17 8"
60
365
360.60
360e
"477f
80340
7884000
55188000
4) Voyez la note 41 de la p. 149 qui précède.
5) „Mercurius sub Sole visus Avenione die 7 Novembris 1677. Observante Joan. Car. Gallet I. V.
D. Pncposito S. Symphoriani Avenionensis". On peut consulter sur cette observation le Jour-
nal des Scavans du 20 Dec. 1677 (cité aussi dans la note 12 de la p. 121 du T. XV).
6) Voyez la note 41 de la p. 149 sur le livre d'Hevelius „Mercurius in Sole visus Gedani anno
Christiano MDCLXI, d. III Maji, St.n."
7) Voyez la p. 325 qui suit où Huygens, en janvier ou février 1682, corrige en i4°22'n\ la valeur
23
1^8 LE PLANÉTAIRE DE I 68 2.
Par conféquent, en divifant 55188000 par 80340,
a j h
I9i°.i7' 8" 365 3600 686.22.20' periodus J fub
Ecliptica.
Sur la même page Huygens note pour le mouvement diurne de Mars
31'. 26". 39"' diurnus <f
Ceft, peut-on dire, la valeur de Kepler: dans r„Almageftum novum", Lib. VII, Sect. II, p. 534,
Riccioli écrivait pour le
) o gr. 31 '.26". 39"'. 1 1 lv.4 1 v. 1 iVI d'après Kepler
Motus médius <$ ab a:quinoctio \
) o gr. 31 '.26". 39"'. 8Iv.2iv.5VI d'après Boulliau;
il eft vrai que dans l'„Aftronomia reformata", Lib. VII, p. 327, il n'écrit que la valeur d'après
Boulliau (en omettant les 5VI et cette fois fans nommer Boulliau en cet endroit), mais Huygens,
comme on voit, fe contente de reproduire les trois premiers nombres.
Quant à l'angle 6 (Igna 1 i°i7'8", ou I9i°i7'8", Riccioli à la page citée de l'„Aftronomia re-
formata" donne cette valeur au mouvement de Mars par rapport à l'écliptique en 365 jours im-
médiatement après avoir écrit le „motus médius ab a;quinoctio" d'après Boulliau; c'eft en effet le
multiple de cette dernière valeur par 365. Mais en prenant le multiple par 365 de la valeur de
Kepler on trouve également I9i°i7'8".
Periodus Marris fub Ecliptica 686.22}
24.12
1 97836 en douzièmes parties d'heure.
Dans la même unité on a Periodus $ fub Ecliptica 1 05 1 90 (comparez la p. 150 qui précède).
C'eft donc le rapport 105190 : 197836 qui détermine celui des nombres des dents des roues qui
s'engrènent. Ce rapport donne la fraction continue
1 + L , , tandis que celle, correspondante, de la p. 151
1 + è + 1 C'tait » + T + 1
T + 1 7 + !
T + 1 a + 1
2 2+1
4
En négligeant la dernière fraction partielle \ de la première fraction continue, on trouve fuc-
ceflîvement, en remontant, les fractions i, |, À, |-|, ££. Comparez la note 47 de la p. 151
s'appliquant à la deuxième fraction continue.
I4°i6'42" n\ de la longitude de Mercure, vu du soleil, donnée par Hevelius (il s'agit ici de
l'année 166 1), et discute la question de savoir combien cette longitude varie par an (Man. F,
p. 99). Mais cette variation est trop faible pour pouvoir conduire à la valeur i4°5i'35" 111
du présent texte pour 1677 ou 1682. Huygens parle apparemment ici (Man. F, p. 95) d'un cal-
cul antérieur qui nous est inconnu.
8) Man. F. p. 92.
CORRECTIONS X APPORTER AU PROJET D'UN PLANETAIRE DE I 68 O I 68 I . I 79
Huygens peut donc conclure ici auflî: dentés 42 et 79.
C'eft pourquoi il difait au § 1 : In Marte ijdem numeri dentium manent.
Plus précifément il trouve 197836 105190- — 79 ^.2-^1^. Bon.
Donc: In 220 annis uno dente promovendus Mars qui facit 4^ gr. circiter ce qui
correfpond à 24V en 20 ans, voyez le § 2 qui précède et auflî le § 4 qui fuit (tandis qu'à la p. 151
le calcul donnait 42 ^-i^, d'où fe tirait la conclufion: fingulis 3 1 6 annis uno dente promo-
venda; rota?).
Le Manufcrit F contient des calculs du même genre pour Jupiter, pour Saturne 9) et pour la
Lune.
§ 4. Au § 2 Huygens difait que les „numeri dentium" peuvent être trouvés „fimplicius" que
d'après le calcul du § 3.
Aux p. 103 et 104 du Manufcrit F il écrit à cet effet:
Secundum Ricciolum médius motus 0 in anno communi dierum 365
S. o I II III IV V VI
II. 29. 45. 4O. 3O. 56. 5. I.
s III
ce qui donne à Huygens qui prend feulement 11 3 1, le nombre 7770843 1 '".
Nous obfervons qu'en donnant, à la p. 69 (Lib. I, Cap. XIX) de fon „Aftronomia reformata",
cette valeur au „medius motus folis" en 365 jours, Riccioli cite auflî la p. 540 (Lib. III,Cap.XVII)
s o 1 11 111 IV v VI
de fon „Almageftum novum" où il écrivait il. 29. 45. 40. 50. 38. o. o, ce qui aurait fourni à
s
Huygens, en prenant feulement 11 51"', le nombre 77708451"'.
S o 1 11 m
Mars. 6. 11. 17. 8. 6 [voyez le § 3], ce qui conduit au nombre 41 3 17686"'.
9) Pour Saturne le rapport 4665 600000"" [c.à.d.3600]: I5845i474""[c.à.d. I2°i3'34"i7'"54""32v,
qui eft le motus médius annuus f> fub Ecliptica lecundum Riccioli aftronomiam
reformatam pag. 301] conduit à celui des nombres des dents. En prenant 206 pour le pre-
mier de ces nombres (voyez la fuite de la préfente note), nous trouvons pour le deuxième
" 555*
Or, à la p. 230 du Manuscrit F, datant de 1685 ou 1686, Huygens écrit:
I2°i3'34" motus annuus ft Ricciolo, hoc eft dierum 365.1 r29045'4i" motus
annuus Telluris;ce qui conduit au rapport du dernier au premier 1295141" : 44014" ou
206 : 7 + T4jT. U dit donc: Pofitis in rota Saturni dentibus 206 deberet rota annua
ifti inferta habere taies dentés 7TTI4Ï; damus autem tantum dentés 7. Ergo cum
anno uno deficiunt rota.» annuae f^^ unius demis, manifcftum eft in annis 1444
deficere dentem unum, hoc eft uno dente poft tôt annos promovendam efte
rotam annuam cum quo dente etiam Saturnia; rota; dens unus progreditur, qui
cum efficiac 5§5 ambitus totius hoc eft 1 gr. 44 min. hinc fequitur ut in annis 20
promovenda fit rota Saturni 1 min. 1 4 sec. [1 min. 34 sec. suivant le § 2 qui précède].
l8o LE PLANÉTAIRE DE 1682.
s
En prenant avec Kepler 365 X 3i'26" . . . . 1 iVI [§ 3], ce qui nous donne 6. 1 1°. 17'. 8". 22",
Huygens aurait obtenu le nombre 413 17702"'.
77708431 41 3 17686 79 dentés
Le calcul donne pour le quatrième terme de cette proportion 42 + ^45 dentés, ce qui s'ac-
corde à fort peu près avec le réfultat du § 3: d'après le préfent calcul il faut toutefois écrire:
In 226 annis (au lieu de : in 220 annis) uno dente promovendus Mars. Ce qui conduit à 24'
(au lieu de 24J') en 20 ans; comparez les §§ 2 et 3.
En prenant les nombres 77708451 et 41317702 dont il était queftion plus haut, on trouve le
même nombre de dents 42y|5.
Suivent des calculs analogues pour Saturne, Jupiter, Vénus et Mercure.
bJO
III.
EXÉCUTION DU PROJET CORRIGÉ À LA HAYE EN 1682.
Comme nous l'avons dit dans rAvertiffement, nous nous contentons de reproduire ici[Fig.6i
et 61 bis] deux vues d'enfemble du planétaire de 1682, duquel nous avons parlé aufîî au début de
l'Avertiflement précédent (p. 1 1 1). Voyez en outre la note 5 de la p. 343 du T. VIII et la figure
vis-à-vis de la p. 525 du T. XVIII.
IV.
REMARQUES (leçon alternative: AVIS) SUR LA CONSTRUCTION
D'UN AUTRE PLANETOLOGE SEMBLABLE AU PREMIER ■).
[1682]
Il faudrait laiffer la plaque de devant EF [Fig. 62] entière jufqu'a ce que toutes
les roues marchafTent. Ce ferait un grand abrégé a ce travail. A cette plaque il faut
[Fig. 6a]
attacher des fupports provifionels A, B, pour porter l'arbre CD, chargé de toutes
les roues ou pignons qui engrainent dans les cercles dentez des planètes, et dans la
roue des 300 ans.
Apres que tout ira de cette manière l'on choifira fur cette mefme placque les en-
droits ou l'on pourra mettre les pieds, en forte que chaque pièce, comprife entre deux
orbites, tiene apart a la placque de derrière que l'on mettra après.
Pour fortifier cette placque [de devant] il faut y attacher par deffous l'autre plaque
dans la mefme fituation qu'elle fera par après par deflus. Cela fera que par après cette
plaque de derrière ne forcera ni ne contraindra pas celle de devant autrement qu'elle
n'a fait pendant qu'on a ajuftè les dens des roues.
Il faut devant toute chofe marquer les orbites des deux coftez de cette plaque de
devant, en perçant fubtilement leur centres, pour eilre affurè que l'un cofté refpond
') Manuscrit F, p. 117 — 1 18. Les dates du 16 avril 1682 et du 31 août 1682 se trouvent respec-
tivement aux p. 112 et 135. Le 19 février 1682 Huygens écrivait déjà à Gallois (T. VIII, p.
342) à propos de la machine planétaire que construisait van Ceulen qu' „il ne s'en faut que fort
peu maintenant qu'elle ne soit achevée".
REMARQUES SUR LA CONSTRUCTION d'un AUTRE PLANETOLOGE. I 83
jufte a l'autre. Puis marquer fur le code de dedans les places des anneaux plats qui por-
tent les roues dentées, miles fur le champ. Les endroits des pieds eftant marquez il
faut coucher la plaque de derrière fous la plaque de devant du collé de devant, c'eft
a dire en forte qu'elle foit appliquée contre la face de la plaque de devant qui paroiftra
aux yeux, et percer les trous des pieds a travers toutes les deux bien perpendiculaire-
ment afin qu'ils refpondent exactement. L'on rivera les pieds a la plaque de devant,
mais on ne limera la rivure qu'a la fin que tout fera preft a eftre doré.
Puis il faut percer la plaque de derrière aux endroits ou les pignons des planètes
attachez a l'arbre CD doivent paffer; après quoy l'on pofera cette plaque et on Pat
tachera, par les pieds fufdits, a l'autre plaque, en mettant des eferous a leur bouts,
qui font a vis. Tant plus gros feront lespieds tant meilleurs, furtout aux grandes pièces.
Puis l'on ajuftera deux fupports fur la plaque de derrière en forte qu'ils portent l'arbre
CD, juftement dans la mefme fituation qu'il avoit eftant dans les fupports AB, et que
cet arbre tourne librement dans tous les quatre. Apres quoy l'on oftera les fupports
A13, en laiffant l'arbre couché dans les deux autres qu'on vient de mettre, et qui font
pour demeurer.
En dernier lieu l'on couppera la placque de devant aux orbites des planètes avec
un compas a verge, dont le pied qui couppe foit quarrè au bout, et mefme un peu
plus large par en bas ainfi Up . Il faudra, pour arrefter le pied du centre, attacher
quelque rouleau qui ait un trou au milieu, ou ce pied entre. Il faut faire cette couppe
par le cofté de dedans.
La plaque de derrière doit eftre forte, ou l'on pourroit mefme la fortifier le long
de l'arbre par une règle mile fur le champ. Il faut confiderer mefurer et compaffer
exactement les roues dentées et les pignons, que les dents s'ajuftent parfaitement, en
laiiTant premièrement les roues de champ hautes et baiffant peu a peu les dents.
Il faut tant foit peu plus de diftance entre les plaques que je n'en ay mis, ce qui a
fait la roue de champ de Saturne trop baffe, qui ne fouffroit pas que le pignon fut
affez gros; d'où il a falu avec peine rapetiffer la roue de Saturne.
Les roues des jours et des années peuvent eftre concentriques a celle de Jupiter.
Sur la roue platte de Saturne il faut river la roue de champ pen-
!ËL- ^ant (lue ^ roue platte eft encore unie au rond dont on la veut
couper, autrement elle fe retire.
Pour bien adjufter le chafîls de cuivre qui tient la glace, il faut le
tenir bandé avec un bafton par le milieu et faire qu'ainfi il conviene
juftement a la boete [Fig. 63], mefme avec autant de poids attaché
que la glace peut pefer. Puis il faut couper et egrugir la glace qu'elle
entre jufte dans le chaffis, le quel elle tiendra alors en eftat, et il fe fermera bien.
11 vaut mieux de n'ouvrir pas la machine mefme par devant, mais feulement la glace.
i84
LE PLANÉTAIRE DE 1682.
parce que la charnière eft malaifée a ajufter pour le grand poids de la machine. L'on
peut fuspendre la boete en forte qu'on la tourne le derrière devant pour voir la ma-
chine par derrière. Alors la plaque de devant tiendra la boete en eftat, au lieu que
c'eft autrement le fonds.
Chacune des grandes roues plattes tourne contre 5 ou 6 pièces dont il y en peut
avoir 3 ou 4 d'arreftees pour tousjours, et rivées fur la plaque de devant, mais les
autres doivent eftre de deux morceaux dont celuy de defTous ABC [Fig. 64] foit rivé
a la mefme plaque, et celuy que l'on met deffus, DEF, foit atta-
[Fig. 64] chc a vis fur l'autre, ou il entre auflî avec deux pointes, par ce
moien l'on ne voit point le bout de la vis fur le devant de la
plaque.
Au lieu que la roue fixe, dans la quelle engraine le pignon de
la Lune, eft attachée entre les orbites de la terre et de Venus on
devroit l'attacher entre les orbites de la terre et de Mars la fai-
fant dentée en dedans, ce qui feroit tourner le premier pignon a rebours, mais le
fécond qui porte la terre avec la Lune tourneroit comme il faut [Fig. 65], et l'on
n'auroit pas befoin du troifiefme pignon, comme a cet heure. Et l'on auroit pourtant
la juftefle de la période que donnent les deux pignons
inégaux. Outre qu'il y a bien plus de place entre les
orbites de la Terre et de Mars pour attacher la roue fixe
qu'entre celles de la Terre et de Venus. Cette roue
auroit auflî les dents plus grandes. Elle doit eftre un peu
élevée de la plaque, afin que les pièces CCC fous et
contre lefquelles coule l'anneau de la terre, puiffent eftre
deflbus elle. Il fera bien mieux d'avoir par ce moyen, et
la roue, (dentée en dedans), et les pignons, attachez a
une mefme pièce, qui dans ma machine tienent a deux
pièces différentes.
[Fig- 65]
Il faut faire inégales les dcns des roues fur le champ, qui portent les planètes, fui-
vant noftrc méthode, lefquelles roues par ce moyen feront concentriques aux orbites
de leur planètes, et par tout d'égale hauteur. Les divifions inégales des planètes Mars,
Venus et la Terre fe feront fur des cercles de cuivre, que l'on fera embrafïer les cer-
cles de champ, pour y tranfporter les divifions. Pour Mercure feul il faut des dens
égales comme nous avons fait, et une roue de renvoy.
Voyez auffi, à la p. 354 qui fuit, l'alinéa des „Penfées méfiées" qui commence par les mots:
Je pourrois ajufter mon automate dans une fphere armillaire etc.
■ . ï<»»<
DANS DIX MILLE ANS . . .
OPINION DE HUYGENS SUR LA SOBRIÉTÉ
DU STYLE QUI CONVIENT AUX AUTEURS
POUVANT ESPÉRER QUE LEURS OEUVRES
SERONT DURABLES.
24
DANS DIX MILLE ANS . . . OPINION DE HUYGENS SUR LA
SOBRIÉTÉ DU STYLE QUI CONVIENT AUX AUTEURS POUVANT
ESPÉRER QUE LEURS OEUVRES SERONT DURABLES.
[?] ■)
§ i . Cogita i oooo annos. Item qualia ha?c Chinenfibus quondam apparitura.
Le mot „ha.'c" défigne apparemment les œuvres occidentales — ou plus généralement la civili-
fation occidentale — du dix-feptième fiècle ainfi que, peut-être, de quelques (lècles précédents et
fuivants.
§ i. Si quem citas, adjiciendum unde cognoicatur vel commendetur.
§ 3. Verba recitare aliorum humile, nifi admodum celebrium. Prœftat tuis verbis
referre fummatim quid dixerint.
A condition, pourrions-nous ajouter, de rendre fidèlement les opinions des auteurs cités, pour
ne pas induire en erreur le favant chinois qui nous lira dans dix mille ans . . .
§ 4. Hiftoria eorum qua? contigerunt, (fed miffis minimis) non ingrata erit leftori.
Hoc modo vendicandum quod tibi debetur.
§ 5. Quid Cartefius dixiffet cogita, qui paucos citât parce laudat. quid Galilcus qui
liberalius. inter utrumque.
Nous aurions pu remarquer dans le T. XX qu'en critiquant la théorie de Stevin fur l'égalité des
1 2 intervalles de la gamme Huygens n'a pas cité la brochure de 1659 de D. Rembrantz. van Nierop
„Wis-kon(tige Mufyka, vertoonende de oorfircke van 't geluyt, de redens der Zanghtoonen telkon-
ftigh uytgereeckent etc." où l'on trouve la même critique (les deux derniers chapitres font intitulés:
„VII. De redens der toonen na Symon Stevin"; „VIII. Aenmerckinge op de redens der toonen van
Symon Stevin"). Il eft vrai que nous ne pouvons pas démontrer que Huygens a connu cettebrochure.
§ 6. Refutare particulatim errores obfcuriorum nec opus eft nec humilitate caret.
Quod fi vivorum, minus offendet fi rationem reprebensionis addideris, quam fi tantum
improbes. Hoc quidem fublimius *), fed intolerabilius. Ergo leniter quantum potefi.
Acerba enim decertatio non commendat fcriptoris indolem, fed ingenuitas et huma-
nitas. Carpe ergo modefte, non nimis adieveranter. Utere illis videtur,puto, non video.
Excufa etiam errantes. Ne videare infenfus 3).
Huygens nous en aurait peut-être voulu d'avoir publié (T. XX, p. 8) fa critique de 1656 d'un
livre de Meibomius, laquelle commence par les mots „Homo plane ineptus eft".
') Chartœ aftronomica;, f. 126. La date de cette feuille eft incertaine.
2) Comparez les 1. 8 — 1 1 de la p. 262 du T. XIX.
3) Comparez le premier alinéa de la p. 505 du T. XVIII.
1 88 DANS DIX MILLE ANS . . . ETC.
§ j. Multi ita fcribunt quafi in annum unum vichira, nec nifi fibi contemporaneis
lcgenda. Aliquid addcre fe dicunt ne pagina vacet. Feftinatione opcrarum typographi-
carum fe premi profitentur. Styli tenuitatem excufant. Quae omnia frivola et inepta.
Vide quid Archimedes, quid Cœlàr, alij quorum fcripta a^tatem tulerunt. quid in quo-
que placeat.
§ 8. Libri omnes philofophici, et mathematici, nifi nova quœdam inventa autobfer-
vata contineant, non diu fupcrftites crunt. Ergo qua; talia non funt,jungantur talibus
ne perçant, fi quidem mereantur.
§ o. Non erit meditandi finis fi plane perfecta atque exacla confcribere coneris.
Itaque fi dubitcs utrum hoc an illo ordine proponas, aut quid e duobus proféras, ne
diu délibéra fed alterutrum fequere, non enim res magnas et cognitione dignas, levibus
obftaculis remorari oportet. Nimium délibéras 4).
§ 10. Et qua? defperat nitefcere pofïe relinquit 5). hoc omnino fequendum.
§11. Non folum ut intelligi pofiîmus opéra danda ell, fed et ne pofiimus omnino
non intelligi. Quintilianus 6).
§ 1 2. Non femper opus omnia exequi per quœ tibi fuit eundum ut in fententia
confirmareris. Nec tibi ipfi objicere quicquid occurrerit. Scd ifla tamen fervanda ad
ufum.
§ 1 3. Allufiunculai quaedam ad antiquas fabulas apud eos qui de fcientijs tractant,
ut aftronomia aut phyfica, ut Ceplerus fere perpetuo, et Verulamius cum mytholo-
gum agit, inepta; et infipida;. Nihil taie apud prifci cevi fcriptores; an qui talia nuga-
bàntur, propterea neglefti perierunt ?
N'oublions pourtant pas que r„Horologium ofcillatorium" de 1673 était précédé, non fans le
confentiment de Huygens, de la longue et fort mythologique „Hadriani Vallii Daphnis, ecloga ad
Chr. Hugenium" (T. V, p. 292—298 et T. XVIII, p. 82—83).
Voyez aufîî, à la p. 219 qui fuit, I'„'allufiuncula" de 1684 au fil d'Ariadne. Mais il efl vrai que
dans les oeuvres fcientifiques de Huygens des allufions de ce genre font à bon droit fort rares.
■*) Comparez la p. 479 du T. XX.
5) . . et qux
Desperat tractata nitescere posse, relinquit. — Horace, de Arte Poëtica, vs. 149 — 150.
6) Nous ne trouvons cette sentence ni dans les „Institutiones oratoria;" ni dans les „l)eclama-
tioncs". Fort probablement Huygens a cité de mémoire. D'après le Catalogue de Vente de
1695 il possédait les „lnstitutiones oratoriœ" (Libri Miscellanei in Octavo n° 8o)et aussi les
Oeuvres de Quintilien en traduction française (Libri Miscellanei in Quarto n° 284, Quintilien
de l'Institution de l'Orateur et les grandes & entières Déclamations, 2 voll. Paris, 1663).
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA.
:^^^^^r^^éw^^0^^à^^^^^-^^^w-
Avertiffement.
Nous avons dit quelques mots à la p. 19 qui précède de l'idée, non exécutée, de
Huygens de 1 662 d'obferver les affres avec des lunettes fans tuyau „laiflànt feule-
ment [le côté] d'en bas [du tuyau]", ainfi que des obfervations effectives, fans aucun
tuyau, qui eurent lieu en France en 1663 et auxquelles Huygens aflifta. C'était à
Iffy, à la maifon de campagne de Thévenot, qu'on obfervait de cette façon fuivant
les idées d'Auzout '). Huygens écrit tant à Moray qu'à fon frère Confiant yn qu'à
travers le petit ais où l'objectif eil enchâffé pafle auffi, à angles droits, un petit tuyau
par lequel un obfervateur placé auprès de l'objectif vife l'allrc défiré, mettant ainfi
l'objectif lui-même dans la bonne pofition, après quoi l'on trouve aifément le lieu qui
convient au même infiant à l'oculaire placé fur un pied portatif. Il ne dit pas fi l'ob-
fervateur mentionné fe trouvait fur une échelle ni à quel objet fixe le petit ais de
l'objectif de la lunette aérienne de 35 pieds était attaché. Etait-ce à un arbre, à un
mât, à un coin de la maifon? Et quel était le mécanifme par lequel l'obfervatcur fixait
Tais dans la bonne pofition? Nous ignorons ces détails. Dans fon difeours de 1667
fur l'expédition de Madagafcar Auzout mentionne -) „la machine pour fe feruir des
Lunetes fans tuiau", et dans l'Aitrofcopia Huygens parle en termes généraux 3), à
') T. IV, p. 433 et 452, T. VIII, p. 508 („Mr. Theuenot dit — en 1684, à propos de l'Àstro-
scopia — qu'il auoit desia pratiqué cette manière"). Voyez aussi la note 51 de la p. 20 qui
précède.
:) P. 32 qui précède.
•"' ) P. 2 1 3 qui suit.
io:
AVERTISSEMENT.
propos de cette invention antérieure,d'un mécanifme trop compliqué qui jufqu'ici s'eft
montré impraticable4). Auzout lui-même, encore en 1684, n'était pas de cet avis5).
Suivant la lettre de Huygens d'août 1683 à fon frère Conrtantyn, ce fut en lifant
un écrit de cette année de Hautefeuille — quoique cet écrit 6) ne fe rapporte pas à
une lunette fans tuyau — qu'il conçut l'idée de fa nouvelle conftruftion. Mais il eft
évident qu'en ce temps il a
dû longer également aux lu-
nettes fans tuyau de 1662 —
1663 ainfi que peut-être à
celles de 1 66j — 1 668 dont il
était queftion dans la note 37
de la p. 17 qui précède.
Dans le Manufcrit F 7) il
notaenfuite:
„évpyy,x\e 28 Nov. 1683.
lunette d'approche fanstuyau,
pour les aftres. fil de foye.
contrepoids pour hauffer faci-
lement la traverfe auprès de
l'oeil.
La pièce de bois b [figure]
griffe le long du maft eltant
taillée a queue d'aronde. deux
règles de bois attachées fur le
mafl laiffent entre deux la
couliffe" 8).
4) machinatio quaxlam difficilis nimium etc.
5) Voyez, à la p. 488 du T. VIII, sa lettre à Justel de juin 1684, lue en ce même mois à la Royal
Society.
rt) T. VIII, p. 440, „Invention nouvelle pour se servir facilement des plus longues Lunettes
d'Aproche: et quelques autres moyens de les perfectionner". Voyez sur le contenu de cet écrit
l'endroit cité, ainsi que les p. 495 — 496 du même T. VIII, où il est aussi question d'un article
antérieur, de 1682, de Boffat sur les télescopes.
• ) P. 177.
AVERTISSEMENT. I <•)[
En décembre 1683 Huygens écrit à B. Fullenius y) avoir obfervé la lune avec la
nouvelle lunette fans tuyau, la diftance des lentilles entr'elles étant de 36 pieds IO).
En avril 1685 il eft queftion d'une obfervation avec un objectif de 84 pieds de foyer,
iupporté par un mat de 61 pieds IJ), en octobre 1686 d'un mât de 105 pieds et d'une
lentille de 125 pieds I2), en mars 1687 de l'emploi d'une lentille de plus de 200
pieds I3).
Nous obfervons en paffant qu'il n'eft pas vrai, comme il eft dit à la p. 10 du T. XV
dans un Avertiflément où il eft queftion de „la manipulation de ces inftruments [c.à.d.
de télelcopes] énormes", que Huygens pouffa „la longueur des tubes jufqu'a 122
pieds": à l'endroit cité 14) il eft en vérité queftion d'un „telefcopium ped. 122" de
1686, mais c'eft d'un télefeope fans tube qu'il s'agit.
La lettre de Huygens à Caffini à laquelle celui-ci répondit le 16 février 1684 I5)
eft perdue. D'après la réponfe Huygens y avait parlé de la nouvelle méthode „de fa-
ciliter l'ulage des grands verres", mais fans précifer la nature de fon invention. Caffini
délire apprendre à la connaître puifque Campani venait de lui envoyer ,,4 obieétifs
très excellents". Au moment de recevoir cette lettre, c. a. d. le 3 mars, Huygens était
en train d'écrire l'Aftrofcopia, comme il le dit à la p. 227 qui fuit. Caffini a-t-il pu
deviner, d'après les termes de la lettre perdue, que Huygens obfervait fans tuyau?
Cela ne paraît nullement improbable. Le 9 mars le père Conftantyn, écrivant à H. de
Beringhen à Paris l6), dit que fon fils „fauue la difficulté qu'il y aurait a fabriquer, à
conftruire et employer des Tuyaux de Lunette affez longs pour mettre ayfement en
pratique l'ufage de ces grands verres objectifs qui vous font venus de Rome en
france". Si cette lettre, comme celle de Caffini, a mis feize jours pour arriver à defti-
nation, Caffini a pu favoir pofitivement le 25 ou le 26 mars 1684 qu'il s'agiffait
8) On lit encore dans la figure: poulie, verre, charnière à boule, queue, contrepoids, fil
de foije, oculaire.
Voyez sur „la coulisse" la note 29 de la p. 196 qui suit.
>) T. VIII, p. 475.
IC) De 34 pieds dans une observation du 30 décembre (T. XV, p. 145).
") T. XV, p. 156.
I2) T. IX, p. m.
'3)T, IX, p. 125.
»*)T.XV,p. 159.
•5) T. VIII, p. 482.
'«) T. VIII, P. 483.
25
I y 4 AVERTISSEMENT.
d'obier varions fans tuyau. Mais comme il écrit à Huygens au commencement de juin
1 684 '•") avoir trouvé déjà le 2 1 mars avec une des lentilles italiennes — celle de 1 00
pieds de foyer — , en obfervant fans tuyau, deux nouveaux fatellites de Saturne — il
s'agit de Thetys et de Dione, quatrième et cinquième fatellites, tandis que Huygens
retrouvait avec quelque peine (voyez la p. 205 qui fuit), Japet et Rhéa, découverts
à Paris refpectivement en 1671 et 1672 l8) — A. Wolf a peut-être raifon de dire:
„A telefcope in which the objeclglass and the eyepiece were in feparate pièces was
independently [nous foulignons] introduced by Caffini" I9), contrairement à la re-
marque de Conftantyn frère 20).
Dans l'Aftrofcopia, donc déjà avant d'avoir appris la découverte des deux nou-
veaux fatellites, Huygens reconnaît la fupériorité des inftruments italiens de con-
ftr action récente 2I).
Quant à la première manière de Caflîni d'obferver fans tuyau, celle de mars et
avril 1684, elle avait le grand avantage que l'obfervateur n'était pas dérangé par le
vent: l'objectif était attaché dans une fente à la tour orientale de l'obfervatoire ~).
■')T. VIII, p. 492.
I8) Comparez la p. 35 du T. XVIII.
Iy) A. Wolf, A history of science, technology, and philosophy in the i6th and iylh centuries, Lon-
don, G. Allen & Unwin, 1934, p. 165.
:o) T. VIII, p. 526, lettre du 13 août 1684: „ Après tout la pensée d'observer sans tuyau neluy est
asseurement venue qu'après avoir veu vostre Traitté [ceci est impossible], ou avoir eu quelque
vent de l'invention". Dans sa lettre du 10 août à son frère Huygens lui-même avait d'ailleurs
écrit dans le même sens.
21) P. 21 1 qui suit.
22) Outre la lettre de Cassini à Huygens du 5 juin 1684 (notre T. VIII, p. 492) on peut consulter
dans le livre de C. Wolf (p. 164 et suiv.) une note manuscrite de Cassini sur ce sujet, publiée
pour la première fois en cet endroit. Suivant Bigourdan (ouvrage cité à la p. 13 qui précède)
Cassini était placé ,,il 27 mètres en contre-bas de l'objectif".
Il est évident, vu les dimensions de l'observatoire, que cette méthode ne pouvait pas servir
pour des objectifs dont la distance focale était supérieure à 100 pieds.
Bientôt après Cassini observa encore sans tuyau d'autres façons, comme il ledit dans le Jour-
nal des Sçavans du 22 avril 1686 dans son article „I\Touvelle découverte des deux Satellites de
Saturne les plus proches, faite à l'Observatoire Royal". „IYous avons employez [les objectifs de
Campani] sans tuyau", y dit-il, „d'une manière plus simple que celles que l'on a proposées
avant 6c après, dont nous parlerons en une autre occasion, & nous avons veu depuis tous ces
Satellites par celle de 34 pieds [il a été question plus haut de deux objectifs plus anciens de
Campani de 17 et de 34 pieds; le genre féminin du mot „celle" nous parait être une erreur de
plume] & continué de les observer aussi parles verres de .Monsieur Borelli de 40 et de 70 pieds
AVERTISSEMENT. 1 95
Dans l'Alrro (copia Huygens parle lui-même *3) de la difficulté provenant du vent;
voyez encore fur ce fujct les p. 5 1 , 88 etc., datant de 1 686, de notre T. IX. En 1 693
il va jufqifà dire qu'il a eu tort d'avoir obfervé fans tuyau pour des longueurs infé-
rieures à 80 pieds; ce n'eft qu'à partir de cette longueur „ou les tuyaux ne peuvent
aller" qu'il faut fe fervir de fa méthode 24).
A Paris on s'avifa en 1685 de fe procurer pour les obfervations la tour de bois de
Marly, haute de 1 20 pieds. Du Hamcl écrit le 23 mai de cette année à Huygens 25)
— après avoir mentionné les obfervations fans tuyau — qu'on va faire venir la dite
tour „en cas qu'on ueuille fe feruir de tuyau". Suivant lui la tour devait donc fervir
uniquement à y appuyer de longues lunettes, un peu comme Huygens dit dans l'As-
trofcopia :<5) qu'on peut appuyer (on mât contre une tour îr). Il eft. cependant certain
que la tour de Marly était aufll employée pour obferver fans tuyau: voyez p.e., outre
la note 22 qui précède, la p. 1 67 du livre de C. Wolf où il eft queftion des efcaliers de
la tour fervant à „y porter les objectifs", ainfi que la lettre du 5 décembre 1686 de
de la Hire à Huygens 2fi) où il parle à propos de la tour des „couli{Tes par les coftez
pour eleuer le uerre obieélif a toutes fortes de hauteurs". Ces couliiïes font apparem-
[voyezsur Borellilanote 18 de la p. 241 qui suit], & par ceux que Mr. Artouquel[Hartsoeker]
a nouvellement travaillez de 80 de 155 & de 220 pieds Nous avons placé ces grands verres
tantost sur l'Observatoire, tantost sur un grand mats [voyez, à la p. 101 du T. IX, ce que de St.
Didier rapporta à Huygens sur cette méthode d'observer, analogue à la sienne], tantost sur la
tour de bois [comparez l'alinéa suivant du texte] que S.M. a fait transporter pour cet effet de
Marly sur la terrasse de l'Observatoire. Enfin nous en avons mis dans un tuyau monté sur un
support fait en forme d'échelle à 3 faces, ce qui a eu le succez que nous en avions espéré".
23) P. 225 qui suit.
24) T. X, p. 488, lettre du 1 septembre 1693 au frère Constantyn. Voyez aussi l'opinion exprimée
par W. Molyneux (T. VIII, p. 529): „When I say a thing isimpracticable (as I said of his
astronomia compend.) I do not mean 't is absolutely impossible to effect, etc." Le frère Con-
stantyn écrit en novembre 1690 (T. IX, p. 545) qu'on veut „faire dresser un mast aussi haut que
je voudray dans une basse-court de Gresham-College", ce qui pourtant n'eut pas lieu en ce
temps, puisqu'il mentionne encore ce projet en 1692 (T. X,p. 220, 23 1,232). Voyez l'opinion
favorable exprimée par Newton dans ses „Opticks" de 1-04 (T. VIII, p. 489).
;5)T. IX, p. 10.
**) P. 227 qui suit.
") Comparez ce que proposait Hevelius dans le Chap. XXI de sa «Machina coelestis, pars prior"
de 1673.
**) T. IX, p. 113
I 06 AVERTISSEMENT.
ment du même genre que celles dont Huygens fe fervait 29). Il n'avait donc pas tout-
à-fait tort en écrivant en août 1684 à fon frère Conftantyn 3°) ne pas douter „que
dans la fuite du temps [les Parifiens] ne foient bien ailes de fuivre [fa] méthode".
Rien n'indique cependant qu'à Paris on aurait, du vivant de Huygens, réglé la po-
fition de l'obje<5tif par. un long fil. Voyez auffi à ce fujet la p. 101 du T. IX déjà citée
danslanote2 2.Maisconfultezauffilap. 236 qui fuit fur un article de de la Hire de 17 15.
Dans fon avis au lecteur, Huygens dit avoir ajouté à fa brochure l'addition que
contient cet avis 3I) lorfque l'Aflxofcopia avait déjà été imprimée fans cependant
avoir été publiée. Avant d'écrire cet avis, donc avant la publication officielle, il avait
toutefois déjà envoyé des exemplaires de fon petit ouvrage à diverfes perfonnes 3î);
cela refTort du fait que Caffini le remercie de fon premier envoi le 5 juin 1684 33),
tandis que l'addition ne lui eff. envoyée par Huygens que le 6 juillet 34). La rédaction
des „Nouvellcs de la République des Lettres" connaiffait cette dernière en publiant
leur n° de mai 1684: cette publication a dû en réalité avoir eu lieu un peu plus tard.
Un des premiers exemplaires incomplets fut adreffé au marquis de Louvois 35).
Comme il refTort de la lettre de Huygens qui accompagnait la brochure, il fe propo-
fait encore en mai 1684 de retourner à Paris: il dit attendre toujours l'honneur des
ordres du marquis.
29) Peu importe que le mot „coulisse" est employé dans deux sens différents. Chez Huygens (p.
192 qui précède et note 4 de la p. 213) ce mot désigne la longue pièce debois qui glisse dans
la rigole régnant tout le long du mât. Ailleurs c'est la rigole elle-même qui est désignée par le
mot „coulisse". Il en est ainsi tant dans les „Nouvelles de la République des Lettres" d'Am-
sterdam de mai 1684 (p. 313 — 315) où l'Astroscopia ou „Moyen abrégé d'observer les Astres
sans Télescope" est annoncée que dans l'annonce ou extrait (avec figure), qui parut à Paris
dans le n° du 4 décembre 1684 du Journal des Sçavans: il est question dans ce dernier d'„un
mast de Navire ou Arbre, au haut duquel soit une poulie avec une coulisse qui règne tout le
long par laquelle passe une pièce de bois d'où sort un bras en situation horizontale etc."
Dans la lettre citée de de la Hire le mot „coulisse" peut avoir l'un ou l'autre sens, celle de
rigole semblant la plus probable; mais, comme nous l'avons dit, cela n'a aucune importance.
3°) T. VIII, p. 525.
31) Le brouillon d'une partie de cette Pièce se trouve à la p. 191 du Manuscrit F.
3*) B. Fullenius remercie Huygens de l'envoi de sa brochure le 23 mai 1684 (T. VIII, p. 489).
33) T. VIII, p. 492.
34) T. VIII, p. 506.
35) T. VIII, p. 488. Lettre de Huygens du 18 mai 1684.
AVERTISSEMENT. I 07
Le tout premier exemplaire envoyé en France, femblc-t-il, fut celui que Huygcns
adreda h Cl. Perrault et qui était apparemment deftiné à l'Académie des Sciences: il
eft mentionné dans les Regillres fous la date du 17 mai 1684 3<5). Ce n'eft que le 25
août que Perrault remercie Huygens de „la feuille contenante l'addition"" 37).
Une feuille du portefeuille „Mufica" 38} donne la lifte des perfonnes qui reçurent
l'Aftrofcopia v;).
D'après la lettre du 19 juin 1684 à fon frère Conftantyn 4°) les premiers exem-
plaires de l'Aftrofcopia, dépourvus de l'addition, avaient une autre préface, puifqu'il
écrit: ,Je fais imprimer de nouveau la préface ad Leélorem ... et l'on mettra cette
dernière a la place de l'autre".
La lunette aérienne de Huygens comme celle, antérieure, d' Auzout et comme celles
qu'on employa à Paris en et après 1684, ne pouvait fervir utilement qu'à contempler
la lune et les planètes (ou, le cas échéant, les comètes). Ne difpofant pas de lentilles
comparables à celles de Campani — voyez auffi fur ce fujet l'AvertifTement fuivant —
Huygens n'a jamais réufTi à voir le quatrième et le cinquième fatellite de Saturne. Il
eft donc évident qu'après 1 68 1 il n'a pas pu découvrir à la Haye — comme cela avait
jadis été le cas pour l'anneau et le premier fatellite de Saturne — de nouvelles parti-
cularités invifibles ailleurs. Ceci fuffit pour expliquer qu'il n'a pas noté beaucoup
d'obfervations faites avec fon nouvel infiniment. Il écrit d'ailleurs en diverfes occa-
35) Voyez la note 1 de la p. 507 du VIII.
37) T. VIII, p. 531.
38) Portefeuille „Musica", f. 1. Il a été question de cette feuille aux p. 1, 88 et 154 du T. XX. On
y trouve aussi une ébauche grossière du rhombe ou losange dont il est question dans l'addition
à l'Astroscopia (fig. 66 qui suit).
39) Louvois. Cafïlni. Perraut. Abbe la Roque, de Volder. du Hamel. Dierkens. Pater.
Frater Z. et droiïart. Ellemeten. St. Annelant. Dewilm. Pr. Borghefc. Hudde. S.
Didier. C. d'Avaux. van Durven. Leeuwenhoeck. Schuijlenburg. Cortehoef.
Boile. Wren. Hooke. Covel. Voiïius. Viviani. Campani. Wallis. Café. Fullenius.
Vegelin. Hautefeuille. Beringen. Baile. Thevenot. MufTenbroeck. Hevelius. Gul-
denstolp. Juftel. P. Richot.
Et encore une fois à part: Guldenstolp. Gaegh. vanDurven.Leeuwenhoeck. Voyez
la p. 88 du T. XX sur la visite de Leeuwenhoeck et des frères van Durven à Huygens en juin 1684.
4°) T. VIII, p. 502.
1 9 8 AVERTISSEMENT.
fions que le jardin de la inaifon paternelle du Plein, où le mât était drefte, n'eft pas
allez grand pour permettre toutes les obfervations 4I). Notons encore que Karl,
lantgrave de Heffe depuis 1675, le futur mécène de Papin, ayant vu ,,1'appareil des
grandes Lunettes" à la Haye, voulut en avoir un pareil 42); quoique Huygens dife:
„je crois qu'il faudra travailler'" pour le lui procurer, nous ne voyons pas que le prince
ait reçu ce qu'il défirait 43).
En 1 684 et dans les années fuivantes ni Huygens ni les aftronomes français, anglais
ou allemands ne pouvaient prévoir qu'on réunirait dans la fuite à fabriquer des len-
tilles achromatiques, qui rendraient fuperflues les lunettes exceffivement longues,
tant celles à tuyau que les aériennes.
Nous avons déjà dit quelques mots dans le T. XV 44) fur la mefure du diamètre
apparent de Jupiter dont Huygens compara d'abord, le 1 8 juin 1 684 45), l'image vue
4 ' ) Voyez e.a. les p. 94, 1 1 1 et 1 25 du T. IX. C'est ainsi que Huygens écrit à Cassini (p. 94 citée) :
„Je vous envie un peu la belle commodité que vous avez de pouvoir observer de tous costez
avec les plus grands verres, au lieu que les nostres demeurent presqu'inutiles faute d'un lieu
couvert, et d'une hauteur suffisante. Etc.".
4=) T. IX, p. 31.
43) En général Huygens ne travaillait pas pour autrui. Le [ Nov. [1687] il écrit (Manuscrit F,
p. 331): Un homme de la part de Waefberghe libraire a Amsterdam m'eft venu de-
mander fi je feavois quelqu'un qui pufr. fournir a un feigneur allemand un verre
objectif de lunette de 150 palmi d'Italie, c'efi: a dire de 1 00 pieds, avec un oculaire
de 27 pouces environ. Il a voit la grandeur de l'un et l'autre marquée par des cercles
fur un papier, autour defquels en dedans ertoit eferit en allemand et en dehors en
françois que c'eftoient la les grandeurs des verres pour l'un et l'autre bout de la
lunette. Je luy dis que j'en faifois de tels pour mon ufage mais non pas pourd'autres.
Et luy nommay Hartfoeckcr a Paris ou Campani a Rome. De l'autre coftè du
papier eftoit marque un tube faicl de plufieurs pièces. Seroit ce de la part de He-
velius peuteftre?
44) T. XV, P. 37 et 52.
45) Lettre du 19 juin au frère Constantijn; comparez la note 40 de la p. 197.
AVERTISSEMENT. 1 99
à travers le télefcope aérien avec la lune vue a l'oeil nu qui fe trouvait dans le voifi-
nage de la planète 4<5) et qu'il oblerva un peu plus tard 4<") en introduilant dans le
télefcope fa „vergette platte de cuivre . . . qui va en diminuant", ce qui permet de
remarquer ,,1'endroit de cette verge qui couvre justement la planète".
Il ne pourfuivit pas cette recherche, puifqu'il avait en fomme pleine confiance dans
les réiultats déjà antérieurement obtenus par cette dernière méthode lefquels cepen-
dant font moins exafts qu'il ne croyait +s).
4(5) Comme il l'avait fait en 1656 pour la planète Saturne (T. I, p. 424) et en 1659 pour la planète
Mars (T. XV, p. 64).
4~) Lettre à son frère du 26 juin 1684, T. VIII, p. 505.
48) T. XV, p. 37. On peut consulter aussi la p. 192 du même Tome, où toutefois le chiffre 1,28 de
la septième ligne qui se rapporte à la planète Jupiter, est apparemment une faute d'impression
pour 1,78.
CHRISTIANI HUGENII
C O N S T. F
ASTROSCOPIA
COMPENDIARIA.
TUBI O P TI C I
MOLIMINE LIBERAT A.
H A G M-C O M I T U M,
Apud ARNOLDUM L E E R S , Bibliopolam.
CÏD. ÏD. C. LZXX1V.
26
AU LECTEUR.
Notre nouvelle Afirofcopie, imprimée mais pas encore publiée, nous par ai j] ait en
tout point parfaitement achevée, lor [que, comme cela arrive fou-vent, une réflexion
ultérieure nous fournit les moyens de rendre notre méthode encore meilleure et plus
commode. Il nous a paru bon d 'ajouter ici f addition qui s'y rapporte, mais puifque
tout ceci a été trouvé plus tard, nous confeillons de ne la lire qu après avoir pris con-
naijfance de la defeription et des figures du traité lui-même.
Dès que des vifiteurs, moins accoutumés aux obfervations aftronomiques, nous
l'ont arrivés pour voir notre invention et contempler les Planètes, l'expérience nous
a appris qu'ils avaient quelque peine à amener dans leur champ vifuel l'aftre qu'ils
déliraient voir, comme il en avait été aufli auparavant lorfqu'ils étaient venus pour
regarder à travers de grands télefeopes à tuyaux. Mais dans ce dernier cas nous avions
pris l'habitude de chercher l'aftre nous-mêmes, de forte que le fpeclateur n'avait qu'à
appliquer fon oeil, à notre invitation, au télefeope relié dans la bonne pofition. Or,
nous ne pouvions maintenant nous fervir de la même méthode, puifque la lentille
oculaire ne pouvait être fixée en un endroit déterminé. Il fallait donc ici aufli trouver
un moyen de la tenir en place. C'eft ce que nous avons fait h l'aide d'un petit appa-
reil attaché au foutien à deux pieds repréfenté dans la grande figure [Fig. 6j~], comme
on peut le voir dans la figure ci-jointe [Fig. 66~\.
Dans cette dernière aa cil l'ais tranfverfal à l'extrémité fupérieurc du foutien et
faifant partie de lui. bb eft un rhombe pliable en cuivre, dont deux côtés font pro-
longés jufqu'à une longueur double. La longueur des côtés eft de 54 pouces, leur
largeur un peu fupérieurc à un demi-pouce, leur épaifleur d'un peu plus d'un dixième
de pouce. Une vis de fer /relie ce rhombe au milieu de l'ais tranfverfal; au-defïbus
d'elle fc trouve une pièce de cuivre ou de fer g et en outre une plaque quelque peu
convexe de cuivre mince grâce à la prefTion de laquelle le déploiement du rhombe a
lieu avec lenteur et continuité. Au fommet de ce dernier et perpendiculairement à
lui un axe ou plutôt une petite colonne c, longue d'un pouce et demi, fait faillie. A
l'autre extrémité de cette colonne eft attachée une plaque mobile, longue de 4 pouces,
large d'un demi-pouce, invifible dans la figure puifqu'elle eft recouverte par la pièce
de bois d de même longueur dans laquelle elle eft encadrée. Une deuxième plaque de
cuivre e eft également encadrée dans cette pièce laquelle a par devant une rainure
dans fa furface plane. Cette dernière plaque foutien t par un petit axe mobile la verge
portant la lentille oculaire enfermée dans fon petit tuyau. Or, pour obtenir que le
Fig. 66]
ADLI'XTOREM.
I "tâchât a r jam perfecla abfolutaquc omnibus numerh nova Aftrofcopia nofîra;
typifque excufa, nondtim tanicn édita ' erat;cum fecundh cogitationibus, ut fît, a lia
quœdam nobis in mentem venere, quibus ea melior commodiorque fîeret. Quœ cum
aucîaru vice hic adponere vifum fit, fimul hoc monemus, ut, fient pofierius reperta
fuere, ita ultimo loco, pofîquam reliqua deferiptio ac delineatio percepta fuerit,
legantur.
Cum primum fpectatores invento nottro, ac Planeris naéti fumus, telefcopicis ob-
fervarionibus minus aiïuetos, docuit experientia, eos quidem per fe difiieilius flellse
confpeétum confequi; ficut antehac quoque, ubi in grandiores tubos inciderant,
eveniebat. Quod autem hic fieri folitum, ut, reperto prius fydere, ac manente tubo,
tantummodo oculum ei fpe&ator jufïus admoveret, id non perinde nobis uuncimitari
licebat; cum lens oculo proxima, ubi defigeretur, non haberet. Itaque hic quoque
ratio fuit excogitanda, qua pofitum iuuin fervaret ocularis lens. Quod quidem prsefli-
timus machina; exigu» opéra, qua; fulcro bipedi, in deferiptione defignato affigitur;
ut in figura adjefta videre eft.
Tranfverfarii namque in fummo fulco pars ei\ aa. Rhombus plicatilis ex sere bb,
binis lateribus ad duplam longitudinem produétis. Longitudolaterumpollices5ilati-
tudo paulo major pollice dimidio ; craffitudo parte ejus décima. Hune rhombum trans-
verfarii medio applicitum tenet cochlea ferrea /*, fuppofitâ seris vel ferri particulâg,
ac preterea orbiculo ex sere tenui, leniter convexo, cujus preflu lentus sequabilifque
efficitur motus rhombi ac diductio. Porro ex angulo ejus fuperiore, axis feu columella
prominet c, perpendiculariter infiftens, longitudine fefqui pollicis. Cujus capite altero
lamella mobilis adhœret, 4. pollices longa, dimidium lata; qua; hic confpici nequit,
quippe teéta capulo ligneo d, paris longitudinis, cuiconfertaeft. Huic demum capulo,
piano ac parte anteriori leviter incifo, inferitur lamella ahera œnea e, qua; fuper axi-
culo mobili bacillum fuftinet, cum affixa oculari lente, tubulo fuo inclufa. Ut autem
204
AU LECTEUR.
rhombc avec fa charge (bit en équilibre indifférent par rapport à Taxe/, certains poids
égaux entr'eux hh font attachés aux extrémités des côtés prolongés.
Ceci ayant été ainfi arrangé, la lentille oculaire relie en place en quelqu'endroit
qu'elle ait été amenée par la main de l'obfervateur, la pièce //demeurant toujours
verticale. De cette façon, lorfque Tartre a été trouvé, le vifiteur moins expérimenté
prend aifément la place du premier obfervateur et jouit du même fpeétacle. En effet,
le fil qui joint les deux lentilles fait que le foutien, légèrement incliné du côté de
l'obfervateur, garde fa pofition quoique repofant fur deux pieds feulement, et en
même temps le fil cil tendu par le poids du foutien et des objets que nous avons dit
y être attachés, de forte qu'on ne peut défirer dans cette affaire rien de plus apte ni
de plus commode.
La hauteur du foutien eft de 4 pieds 9 pouces, Ion poids de 2| livres. Celui de la
lentille oculaire, avec le petit tuyau et la verge, d'une demi-livre. Celui du rhombe
avec les poids hh, de 2^ livres. Je donne ces chiffres pour mettre tout-le-monde en
état d'imiter avec d'autant plus de facilité notre conftruction qui a fait fes preuves.
Nous ajouterons maintenant encore une autre remarque grâce à laquelle notre
méthode d'obferver eft rendue plus parfaite. Il eft permis de n'en tenir aucun compte;
cela n'entraînera pas de conféquences fàcheufcs. Cependant elle n'eft nullement nég-
ligeable pour un contemplateur diligent du monde ftellaire. Voici h quoi elle revient.
Lorfque je cherchai attentivement les fameux fatellites caffiniens de Saturne et que
j'eus de la peine à les voir, furtout pendant les nuits pas tout-à-fait noires, je com-
pris que l'obftacle gifait dans une certaine faible luminoiité fe propageant de l'air à
l'oeil; il ne s'agit pas de la lumière qui vient par la grande lentille, mais de celle qui
paffe à côté. Pour exclure cette faible lumière inopportune, je favais bien qu'il était
utile d'entourer la lentille, comme je le faifais déjà en obfervant la lune, de mon an-
neau de papier. Mais pendant que je m'occupai de ceci, un autre remède plus efficace,
à ajouter au premier, me vint à l'efprit, favoir la coarétation, par l'interpofition d'une
lame perforée, de la pupille de l'œil qui fin on eft largement ouverte dans les ténèbres.
Auflltôt que j'en fis l'expérience, je vis diftinctement les trois lunules de Saturne,
tandis qu'en écartant la petite ouverture, je n'aperçus que celle du milieu, c. à. d. la
mienne. Toutefois comme un aftre déterminé eft moins aifément trouvé avec une
pupille ainfi réduite que lorfqu'elle efi: largement ouverte, j'ai attaché cette lamelle
ronde perforée, large d'un demi-pouce, par un petit bras mobile de la figure d'un A
grec — il efr. indiqué dans la figure par la lettre k — au fond du petit tuyau par lequel
on regarde la lentille oculaire et qui a une ouverture plus large, de telle manière qu'il
efi: poffible de placer l'ouverture plus étroite devant l'autre après que l'aftre a été
trouvé au moyen de cette dernière.
L'un ou l'autre de mes lecteurs pourrait croire que par cette contraction de la vue
le champ doit paraître bien plus obfcur. Il eft pourtant certain que fi le diamètre de la
petite ouverture a au diamètre de la grande lentille un rapport égal à celui des deux
diftances focales, le champ d'un pareil télefeope n'eft aucunement plus obfcur que
AD LFXTOREM. 205
rhombus cum impofito oncre œqualiter librctur fuper axe/, adjiciuntur in produdis
lateribus extremis pondéra paria ////, quantis ad hoc opus cil.
Quibus ita fe habentibus, quoeumque perducla fiierit obfervan ris manu lensocularis,
capulcWlemperdeorfumconvcrlb,ibi fponte fua confiftit; atque ita, invento fydere,
facile imperitior fpeétator in prioris locum fuccedit, eodemquc fruitur fpcclaculo.
Facit enim funiculus utramque lentem conjungens, ut pofitum fuum fulcrum fervet,
fpecratorem verfus reclinans, etfi duobus tantum pedibus infirtat; (imulquc fulcri
pondère, eorumque quae ipii impofita docuimus, idem funiculus intenditur; adeo ut
nihil aptius commodiusve hac re optari queat.
Altitudo fulcri ell pedum 4. poil. 9. Gravitas ejus librarum 2f Lentis ocularis, cum
tubulo & bacillo, gravitas libra dimidia. Rhombi cum ponderibus hh, librîe i\. Qua?
propterea adicribo, ut conftruétionem noltram, experientia comprobatam, co facilius
cuivis imitari liceat.
Nunc vero aliud prxtcrea addemus, quo perfeftior évadât ha:c noitra obfervandi
ratio, quod licet, omiflum, nihil plerumque noccret, curiofo tamen fyderum infpec-
tori nequaquam eft negligendum. Ncmpe cum Saturni comités illos Cafllnianos dili-
gentius requirerem, eofque difficulter adfcquerer, prsefertim noctibus non admodum
obfcuris, intellexi in caufa eiTe lucemtenuemquandam,abacreadoculummanantcm;
non eam qua; per lentem majorem advenit, fed quœ extrinfecuscircumlatera praeter-
labitur. Huic importuna: luculae excludenda?, non nihil quidem conducere feiebam, fi
circulum illum papyraceum, quo in luna obfervanda utebar, etiam hic lenti majori
circumponerem. Scd aliud efficacius remedium, circa ha;c occupato incidit, priori illi
jungendum; ut nempe, perforata; laminœ oppofitu, oculi pupilla ardtaretur, qua-'alio-
qui per tenebras late patere folet. Cujus fimul ac experimentum feci, jam clare très
Saturni Lunulas confpexi; cum amoto exiguo foramine média illa noflra tantum cer-
neretur. Quia vero, ita reduftâ pupilla, minus facile propofitum fydus inveftigatur,
quam cum tota patet, ideirco orbiculum illum perforatum, ac femipollicem latum,
brachiolo quodam mobili, ac Gra;co A haerentem fimili, cui in figura hac adfcriptum
eft k, ita conjunximus tubuli fundo per quem lens ocularis infpicitur, quique latiori
foramine pervius efi, ut non ante quam hoc foramine fydus inventum fucrit, fuperin-
ducatur alterum illud anguftius.
CrcdidifTet fortafie aliquis hac oculi contraclione non parum vifum obfcurari.cum
tamen certum fit, fi diameter exigui foraminis, ad diametrum apertura? lentis majoris
eam rationem habeat, quam habent inter fe focorum utriufque difiantise, nihilo ob-
feurius telefcopio ejufmodi omnia cerni, quam fi apertus ac liber oculus relinquatur.
2o6
AU LFXTEl'R.
lorsque l'oeil eft libre et grandement ouvert -). Néanmoins il eft préférable de doubler
cette fort petite ouverture, ou même de l'agrandir encore un peu davantage, pour
que l'examen de l'objet qu'on fe propofe foit moins difficile et que l'étoile trouvée ne
quitte pas trop tôt le champ par la rotation diurne du monde. Dans notre télefeope
de 34 pieds de longueur le diamètre de la petite ouverture eft d'environ Tg pouce.
Elle eft éloignée de i\ pouces de la lentille oculaire, cequieftprécifémentladiftance
focale de cette dernière. C'eft à cette parfaite égalité qu'il faut avoir égard, puifqu'
autrement un varte efpace ne peut être embrafle du regard comme on le délire géné-
ralement. Par une flexion du bras deltoïde, ce que notre figure n'indique pas, on peut
régler la diftance de la lamelle perforée, qui chez nous fe trouve éloignée d'un demi-
pouce du fond du petit tuyau.
2) Comme Huygens le dit un peu plus loin, la petite ouverture doit se trouver à la distance/, de
l'oculaire,/! étant la distance focale de cette dernière.
On peut raisonner comme suit. Supposant pour un moment une marche inverse des rayons,
il faut que le faisceau émanant du point A qui passe par l'oculaire (F, A ou* étant le rayon de
la petite ouverture) tombe tout justement en entier sur l'objectif. Il faut donc que le rayon
AB ,, rompu par l'oculaire, atteigne l'objectif en B2, vu que tous les autres rayons du faisceau
lui sont (à fort peu près) parallèles, bien entendu s'il se trouve, comme nous le ferons voir, que
F,C, ne diffère pas appréciablement de /*, .
d Ca =/'i +/*2,/'a étant la distance focale de l'objectif. Soit en outre Ca B2 =;•. En
considérant cette fois la marche directe des rayons, il faut, d'après ce que nous venons de dire,
que AF, soit l'image, produite par l'oculaire, de la droite B2 Ca. Par conséquent
F, C, -£■</,+/.)
(0
(ce qui ne diffère pas appréciablement de fr , puisque f2 surpasse énormément /', ) et de plus,
vu que B2 C , A est une ligne droite:
*:r-FICs:/'1 + /*... (2)
Il résulte des équations (i) et (2) qu'on a
2x: ir=f\ :f\,
ce qui est l'équation du texte.
Comparez le dernier alinéa de la p. LI du T. XIII où nous avons cité ce que Iluygcns dit dès
1653 sur ce sujet ou, si l'on veut, sur l'„anneau oculaire" ou «pupille de sortie".
AD LECTOREM. IOJ
Sed pneifait duplicare tantillamhanc latitudinem, vcl pauloctiamaugereamplius,quo
minus ditlieilis lit rei videndœ inquifitio, nec nimium cito inventa ftella elabatur, ob
nnindi converiïonem diurnam. Nobis in telefcopio 34pedcslongo, foraminuli diame-
ter decimam fextam circiter pollicis partem habet. Ipfum vero duos polliccs cum
dimidio ab oculari lente abeft, quanta eft pracite in hac lente foci diftantia. Quod
diligenter curandum, quia alias non poterit amplum fpatium, ut folet, uno obtutu
comprehendi. Facile autem deltoidis brachii flexu, qui quidem in fchematc noilro
confpici nequit, quantum opus eft, lamella perforata removetur, quœ nobis femipollicc
à tubuli fundo extat.
208 AU LECTEUR.
Quant à l'anneau placé à l'entour de la grande lentille, que Ton diamètre foit égal
a environ une quarante-cinquième partie de la longueur du télefcope. Puifqif il était
néceflaire de rendre l'inveitigation de l'aftre un peu moins expéditive par l'obftacle à
la vue que prél'ente cet anneau circulaire, il nous a femblé utile de placer fur la verge
ou queue de la lentille oculaire un ftylet vertical m dont le fommet eft élevé au-defïus
de Taxe des lentilles d'une longueur égale au rayon de la circonférence extérieure de
l'anneau. Nous obtenons ainfi que fi l'on place d'abord l'oeil en un endroit tel que
l'étoile fe trouve fur le prolongement du rayon vifuel qui va au point le plus élevé de
la marge extérieure de l'anneau, et qu'enfuite on meuve, ayant pris en main la pièce
de bois //, la lentille oculaire avec la verge qui y efl: attachée jufqu'à ce que le fommet
du (tylet ;// fe trouve fur la même droite; nous obtenons, dif-je, quclorfqu'on regarde
enfuite par le tuyau oculaire, la même étoile fe montre dans le télefcope, ou du moins
qu'il ne s'en faille guère. Par la pratique et l'exercice ces opérations deviennent faciles,
de même que les autres qui fe rapportent a notre méthode d'obferver.
Nous obfervons encore qu'en avril 1686 (T. IX, p. -7) Huygens dit avoir empêché par l'addi-
tion d'une „piece de bois de travers" que le vent fade „fortir la chorde hors de la poulie" et qu'en
feptembre de la même année (T. IX, p. 94) il écrit à Caiîini: Le cercle de papier dont il faut
entourer le verre lors qu'on observe la lune [et dont on peut aulîî fe fervir dans d'autres
obfervations] est beaucoup plus fujeét. [que le fil] a eltre agité par le vent, mais j'y ay
remédié en feparant ce cercle d'avec le verre et le fichant a part fur la traverfe qui
les porte tous deux. Voyez dans l'Appendice I de la p. 232 qui fuit une figure repréfentant
l'objeftif avec fon cercle de papier attaché à la traverfe.
AD LECTOREM. 200.
Poito circulus lenti magnas circundatus, celefcopii partem longîcudinis quadrage-
Gmam quintam cîrciter diametro aequet. Cujus circuli objeclu quia paulo impeditiorem
reddi neceiie erat ailri inveftigationem, vifum fuit imponere bacillo, feu caudse lentis
ocularis, ftylum ;/;, perpendiculariter erectum; cujus apex cantundem fupra axem
lentium attollitur quantus eft circuli illius femidiameter. Iliuc enim fit, ut fi oculum
prius ibi collocemus, unde cum fummo margine circuli in eandemrectamlineam ftella
conveniat; tumque, apprehenfo capulo </,maveamus lentem ocularem cum adjunclo
bacillo, donec in candem quoque reétam quadret extremum ftyli ///; fit inquam ut,
ad tubulum ocularem vifum referenti, ltella cadem per tclefcopium içfe confpicien-
dam det, vel certe parum ablit. Ufu vero & exercitationc tum haec, tum c&'tera qua.»
ad banc obiervandi rationcm pertinent, facilia fiunt.
27
MET! ÏODE SIMPLIFIEE D'OBSERVER LES ASTRES, DELIVREE DE
L'INCONVÉNIENT DU TUYAU OPTIQUE.
Le fort général de toute invention nouvelle, c'cfb de provenir d'une origine mo-
dèle et de s'accroitrc et fe perfectionner enfuite par les foins et l'induitrie des hommes.
Nous remarquons que ceei s'applique éminemment à l'admirable art d'étendre la vue.
Il elt connu ') combien cet art était au commencement chétif, pour ne pas dire
nul, au moment où certains de fes rudiments, obfcurément préfentés, virent le jour
dans les livres du néapolitain Porta. Les conftru étions de certains de nos compatriotes
furpaflerent ce début a tel point qu'ils méritèrent bien d'être confidérés comme les
premiers inventeurs de ce genre d'inflruments. Mais à leur tour ils furent énormément
dépafles par Galilée qui réullit à trouver avec fa lunette bien des chofes remarquables
au firmament que nul avant lui n'y avait pu voir. Il pouvait fembler qu'aucun infini-
ment furpafTant les fiens ne ferait poffible. Pourtant, s'il revenait à la vie en ces jours,
qui ofera révoquer en doute qu'il reconnaîtrait comme beaucoup meilleures que les
(iennes les lunettes conltruites après lui? Tant les nôtres avec lefquelles nous avons
les premiers vu les véritables figures et l'anneau de la planète Saturne, que celles,
italiennes, meilleures encore, qui leur fuccédèrent et qui font dues à des cou Itruéteurs
fi éminents. C'eft en fe fervant de ces dernières que l'illuftre Dominique Caillni a
lîgnalé d'autres phénomènes céleftes nouveaux: les révolutions des globes planétaires
autour de leurs axes, ainfi que l'exiltence de deux fatellitcs de Saturne outre le pre-
mier, mieux vifible, que nous avions découvert auparavant.
Or, fi l'on fe demande par quelles améliorations cet art s 'elt développé avec con-
tinuité jufqu'a ce degré de perfection, l'on ne trouvera pas autre choie que l'augmen-
tation delà longueur des tuyaux et la plus grande exactitude avec laquelle on elt par-
venu a donner aux furfaces de ce qu'on appelle les lentilles la forme convexe de feg-
ments de grandes fphères. Il eit vrai que certains penfeurs ingénieux ont conçu
quelques autres méthodes et Amplifications, (avoir d'une part la taille des lentilles
fuivant des figures de lèctions coniques, de l'autre la concentration des rayons de
lumière par réflexion fur des miroirs; mais il elt établi que ces efforts font reités vains
ou du moins que, pour des raifons dont l'expofition ferait déplacée en cet endroit, ils
ont beaucoup moins produit que l'on n'en attendait et qu'ainfi il n'y a qu'une feule
bonne méthode actuellement connue pour perfectionner les lunettes, lavoir l'allon-
gement des tuyaux. D'ailleurs plus je me rends compte de la nature de la queition, plus
aufli luis-je d'avis que probablement à l'avenir même on ne trouvera pas moyen de
pourfuivre une autre voie.
Ceux qui fe font appliqués à fabriquer des lentilles convenant à de longs tuyaux
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA,
TUBI OPTICI MOLIMINE LIBERATA.
Quod plerifque omnibus accidit novis inventis, ut, à parvis ortainitiis, cura &trac-
tatione hominum audiora liant ac perfeétiora, id vcl praecipue, in admirando illo
proferendi vifùs artificio, ufu veuille animadvertimus. Notum eft cnim quàm fiierit à
prima origine tenue ae pêne nihili,cum rudimentaejus quaedam, in Porta? Neapolitani
libris, obicure expolka eonfpiccrentur; quibus tantum praecelluere noftratium homi-
num conatus, ut non fane immerito primi ejus inventoreshaberentur. Hos vero rurfus
longiflime praevertit Galilanis, tôt tantifque rébus, tubi fui opéra, in cœlo deprehenfis,
quarum nihil quidquam ante ipliim fuerat perceptum. Videbatur nihil prœftantiusiis,
quae tibi paraverat, organis repertum iri. At, fi nunc in vitam redeat, quis dubitet quin
luis ipfe multo praepofiturus fit ea quee deinde exftiterunt; tumnoftra, quibus Saturni
planetx veras figuras annulumque primi confpeximus; tum magis etiam, qua:hisfuc-
cefTerunt Italica, ab egregiis artificibus elaborata. Quibus ufus Vir ClariiTimus Domi-
nicus Caffînus, alia inluper nova phamomena cœlo deduxit; planetariorumgloborum
in fêle revolutiones, comitefque Saturni duos, prater eum quem nos repereramus,
reliquis manifeftiorem.
Quod fi attendamus quibus accefiionibus in tantum hacars continue creverit, nihil
aliud reperiemus nifi auctam tuborum longitudinem, lentefque, quas vocant, vitreas
in fphara majoris convexitatem diligentius conformatas. Etfi enim modos quofdam
alios, compendiaque inveftigaverint viri fubtiliflimi; jam conicarum le&ionum pra-
feriptis figuris, qua vitro inducerentur; jam fpeculorum rellexionibus radios lucis
colligendo; certum eft hac omnia vel fruftra iuifïe, vel votis & expec/tatione longe
minora, ob caufas quas exponere non eft hujus loci; unamque adeo rationem, qua
proficeretur, hactenus cfle relictam, tuborum produétionem. Et fane, quanto magis
rei ipfius naturam intueor, tanto propius eft ut exiftimem, nihil alia via ne impofte-
rum quidem elle fperandum.
Optime igitur operam fuam ij collocafie videntur, qui parandis tubi majoris lenti-
') Comparez, aux p. 586 — 590 du T. XIII, les Appendices I et II, datant de 1684 ou 1685, à la
Troifiéme Partie de la Dioptrique de I luygens.
2 I 2 METHODE SIMPLIFIEE D OBSERVER LES ASTRES, ETC.
me femblent donc avoir pris une peine fort utile, et leur zèle n'a certes pas manqué
de fuccès. Mais un grave inconvénient d'un autre genre s'eft préfenté à eux, favoir
celui réfultant du grand poids et de la grande marie des longs tuyaux; pour les mou-
voir il fallait nécellàirement avoir recours à des machines; or, ces machines fe con-
ftruifent et fe manient difficilement déjà pour les lunettes actuelles de trente ou
quarante pieds de 1< >ngueur -) ; s'il faut aller plus loin, elles donneront encore beaucoup
plus d'embarras 3). La difficulté clt fi férieufe qu'il pourrait prefque fembler y avoir
ici au progrès un invincible obltacle. C'eft pourquoi je penfe faire une chofe éminem-
ment agréable à ceux qui s'adonnent à ces études et à l'obfervation du ciel en publiant
ma nouvelle découverte, en montrant comment les difficultés font entièrement fup-
primées, et comment on peut, en le fervant pour les oblcrvations des plus grands
télefeopes, épargner dans une grande mefurc le temps, la peine et les frais. Je fais bien
qu'outre d'autres proportions tendant à ce but, celle que nous préfentons ici, favoir
l'emploi de lentilles fans tuyau, eft venue à l'efprit d'autres perfonnes il y a déjà bien
des années; mais je fais aufli qu'ils n'ont pu réalifer ce projet que par un mécanifme
trop compliqué qui jufqu'ici s'eft montré impraticable. Quant à notre conftruétion h
nous, que nous allons expliquer, nous l'avons trouvée pratiquement utile et nous nous
en fervons journellement avec grand avantage. Voici en quoi elle confille.
En un lieu ouvert on plante un mât vertical. Celui dont nous nous fommes fervis
d'abord avait une longueur de cinquante pieds: il permettait l'emploi de télefeopes
de 70 pieds et davantage, quoique non pas pour des a tires de hauteur quelconque,
auquel cas il aurait dû à fort peu près égaler le télefeope en longueur. Avant que
d'ériger le mât on aplanit un de fes côtés au rabot et on y attache deux règles paral-
lèles, diftantes cntr'elles d'un pouce et demi: celles-ci forment une efpèce de rigole
allez large depuis le bout du mât jufqu'à un endroit diftant du fol de trois pieds. On
attache en outre au mât près du bout une poulie fur laquelle paffe une corde d'une
longueur double de celle du mât et d'une grofleur égale à la moitié de celle du petit
doigt. Pour pouvoir au befoin monter dans le mât on y cloue à diftances égales des
planchettes triangulaires. Appareillé de cette façon le mât cil érigé, la partie inférieure,
plantée dans la terre, ayant été enduite de poix et entourée de fable afin d'empêcher
la pourriture. Il fert à élever h la hauteur qu'on délire la grande lentille du télefeope;
ce qui fe fait comme fuit.
Une coulifle de deux pieds cil découpée d'un côté de telle manière qu'elle puific
fe mouvoir fort librement dans la rigole dont nous avons parlé 4). A fou milieu efl:
attaché une planche d'un pied perpendiculaire au mât, au bout de laquelle cil fixée à
2) Voyez p.c. ce que Huygens écrit en 1668 (T. VI, p. 208) :„Monfieur de Montmoreft éternel-
lement après a faire des machines pour bracquer de* lunettes, ayant un verre de 30 pieds de
Monsieur d'Espagnet, et jamais pourtant il n'en efl: encore venu a s'en servir ni l'essaier".
ASTROSCOPIA COMI'RNDIARIA, ETC.
bus incubuerunt. Quorum diligentiae fucceflus bac in parte non defuit. Sed aliunde
non exiguum oblatum fuit incommodum, nimia tuborum longiorum gravitas ac moles;
quibus movendis neceflario machina: in auxilium advocanda: fuerunt. I \x vero & in
iis quse nunc extant, pedum triginta aut quadraginta, longitudinibus difficile con-
Itruuntur traclanturque; &, fi ulterius progrediendum lit, multo plus exhibiturae fint
negotîi. Adeo ut hic velut'obex quidam lixus fui fie videatur ad majora tendentibus.
Quare rem inprimis gratam me faéturum arbitor haec itudia colentibus, fyderumque
oblervationi intentis, ii, quod nuper inveni, oftendero qua ratione impedimentum
omne ac tsedium tollatur ; magnoque temporis, opéra1 & fumptuum compendio, maxi-
ma quseque celefcopia ad haec fpectacula adhibeantur. Scio inter caetera qux in hune
fincm propolita iuere, hoc quoque, quod hic adferimus, aliis in mentem jam a multis
annis venifle, ut fine tubo lentes difponerentur; ied quod volebant eflïcere eos nc-
quiifle, nifi machinatione quadam difficili nimium, quaeque propterea adhuc exitum
non habuerit. Nos autem qute docebimus, reipfà utilia eïïe invenimus, idque magno
commodo noftro quotidie experimur. Ea vero lie le habent.
Loco patente & undique aperto, malus in terrain defigitur, ad perpendiculum
erechis. Nofter, quo primum ufi fumus, pedum quinquaginta altitudinem habebat;
telefcopiis nempe pedum 70 & amplius furTecturus, quanquam non in omni fyderum
fupra horizontem afeenfu. Deberet enim non multo infra totam telefcopii longitudi-
nem produci. Hujus, priufquam erigatur, latus unum dolabra complanatur, atque ibi
régulée bina? affiguntur inter iè parallela?, ac felquipollice disantes, itâque canalem
eHicientes, interius paulo latiorcm, qui à fummo malo ad imum fere pertingat, reliquis
tantum pedibus tribus vacuis. Praeterea in ipfo mali cacumine, orbiculus imponitur,
circumaxemmobilis,inqueeumfunisduciturduplamalilongitudinc,craffitudineminimi
digiti dimidia. Utquc eo, li forte opus fit, afeendi poiïit, triangula lignea aequalibus
(patiis defigimtur, quibus feandentis pedes infiftant. Ita demum paratus malus erigitur,
parte ea, qua terra tegendus, illita pice, circundataque arena, quo minus putredinc
corrumpatur. Ufus mali eft, ut lens major ejus opéra in altum tollatur quoufque opus
cft; quod fit hoc modo.
Aflerculus bipedalis uno latere ita inciditur, ut intra canalem, quemdiximus, liber-
rime moveri queat. Hujus medio afrigitur brachium itidem ligneum, pedem unum à
malo exftans, cujus in extremo aliud fefquipedale, média item fui parte, conjungitur
3) Voyez p.e. ce que Huygens écrit en 1686 fur „une Machine pour l'usage des grandes Lunettes"
(T. IX, p. 52). Mais consultez aussi la fin de la note 22 de la p. 194 qui précède.
4) On a déjà vu dans l'Avertissement que Huygens donne le nom de „coulisse" non pas à la rigole
formée de deux règles de bois", mais à la pièce de bois qui se meut dans elle. Cela paraît aussi
par le brouillon de l'Astroscopia, écrit en français, qu'on trouve aux p. 185 — 188 du Manu-
scrit F (où les dates du 17 décembre 1683 et du 2 mai 16845e trouvent respectivement aux p.
180 et 193). Contre son habitude il a écrit ce brouillon au crayon. L'écriture est fort effacée,
à dessein sans doute, et les p. 185 — 187 ont été utilisées de nouveau, de sorte que l'écriture à
2 I 4 METHODE SIMPLIFIEE D OBSERVER LES ASTRES, ETC.
fon tour, également par le milieu et à angles droits, une deuxième planche d'un pied
et demi; comme la première, elle cil horizontale. C'elt cette traverfe qui porte la
lentille comme nous le dirons en détail. Le tout eft tiré en haut au moyen de la corde
lufmentionnée laquelle cil attachée aux deux extrémités de la coulifle. Paffant en haut
furla poulie, puis redefeendant, la corde, fans toucher terrc,afes deux extrémités reliées
cnfemble. Or, cette corde porte aufli un poids de plomb aufli lourd que la traverfe
mobile avec la lentille placée fur elle. Ce poids elt attaché à la corde en un endroit tel
qu'il atteint le bout du mât lorfque la lentille fe trouve tout-à-fait en bas. Cette der-
nière eft donc élevée avec beaucoup de facilité à la hauteur requife et y demeure
lorfqu'on lâche la corde. Le poids fe termine en cône des deux côtés pour ne pas être
entravé par les planchettes triangulaires que nous avons dit être clouées tout le long
du mat.
Or, voici comment cette grande lentille du télefeope eft mife en place et fermement
attachée. Elle eft d'abord enfermée dans un anneau ou cylindre creux long de quatre
pieds et fabriqué d'une lame de fer. A ce cylindre, ou plutôt à un deuxième cylindre
dans lequel le premier eft inféré, une verge d'un pied de longueur et de la groffeur
d'un doigt elt attachée au dehors fuivant une génératrice; elle ne dépaffe le cylindre
que d'un côté. Cet enfemble repofe fur un petit globe de cuivre de la grandeur d'une
noifette formant corps avec la verge et tournant fort librement dans un fegment
fphérique creux placé fous lui dans lequel il eft à demi enfermé fans en pouvoir fortir.
Ce fegment eft compofé de deux parties lcfquellcs, au-deflus d'un pied cylindrique,
font tenues enfemble et peuvent être ferrées par une vis, mais fans exercer aucune
preffion fur le petit globe. De cette façon la lentille avec la verge qui y cft attachée
cft rendue mobile. Et afin qu'elle foit en équilibre indifférent un poids d'une livre
environ y eft fufpendu au-deffous de la verge; il y eft attaché dans une fituation in-
variable par un fil de cuivre affez gros d'une longueur d'un demi pied. On peut aifé-
encre contribue à rendre le brouillon illisible. Celui-ci est intitulé: Manière nouvelle pour
le fervir avec facilité des plus longues lunettes d'approche pour les obfervations
(nous remarquons que ce titre rappelle celui de l'écrit de de Hautefeuille de 1683 cité dans la
note 6 de la p. 192 qui précède). Aux p. 187 — 188 on lit e.a. . . . corde que l'on y attache
et qui pafle par une poulie Wxce au Commet, a cette coulifle eft attaché ... a angles
droits un bras d'un pied de long ... de mesme qu'une traverfe d'un pied et demy
qu'il porte au bout jointe a angles droits, qui eft la pièce qui doit porter le verre
objectif. Il y a aufli des . . . [mot illisible] clouez tout le long du malt pour en cas de
befoin y pouvoir faire monter quelqu'un. Dans la figure cy jointe le malt eft abja
pièce de bois ou coulifle [nous soulignons] cd, le bras qu'elle porte ce".
ASTROSCOPIA COMPENDIAR1A, ETC. 215
rectis angulis. Utrumque vero horizonti parallelum extenditur. 1 Inic tranfverfo bra-
chio Ions imponitur ea qua dicemus ratione, atqueomniafurfumadducuntur,adnexis
aflerculi extremis ad funcm ante demonftratum; qui ab imo malo ad fummum afeen-
dens,ac fuperorbiculum tranfiens,inde defeendit rurfusac,priufquam terramattingat,
in fui ipfius caput akerum inncétitur. Habct autem t'unis is adjeéhim plumbum, pondère
cequali quantum cil braehii mobilis cum lente impoiîta; coque loco deligatum, ut ad
fummum malum peràngat, cum lens in imo confiflit. Ita ha?c facillime ad eam quae
requiritur altitudincm crigitur 6k, omiflb fune, iponte ibi fufpenfa manet. Forma
plumbi parte utraquein coni apicem définit, ne obhan'eat ad triangulaqiurpcr malum
defixa diximus.
Cîeterumlensha'ctcleicopiimajorcollocaturaptaturquehocmodo.Primuminannu-
lum feu cylindrum cavum, è terri braclca fabricatum, ipta includitur, longum digitos
quaternos. I Iuic cylindro, flve alteri potius in quem hic inleritur,bacillus pedalis, digiti
cratîitudine, extrinfecus fecundum latus affigitur, totus in partem unam prominens.
Haec omnia globulo ameo infiftunt, avellana; nucis magnitudîne, qui bacillo coha^ret,
1 1 6 MÉTHODE SIMPLIFIÉE D'OBSERVER LES ASTRES, ETC.
ment par une courbure convenable de ce fil aménager les chofes de telle façon que le
centre commun de gravite de la lentille et du poids coïncide avec celui du petit globe
et qu'ainfi la lentille demeure en repos dans une fituation quelconque et peut être
mile en mouvement par le plus léger attouchement. C'cft dans ceci que confifte la
partie principale de l'invention. En effet, le pied du petit globe ayant été placé dans
une ouverture qui fe trouve dans le bras tranfverfal fufmentionné (or, on y fait deux
ou plufieurs ouvertures pour que la lentille puiffe aifément être dirigée vers toutes
les plages du ciel), un fil, ou une corde fort fine, eft attaché à la verge ou queue, lequel
cil dcltiné à joindre la grande lentille avec celle qui eft proche de l'oeil et a donc la
longueur du télefeope ou plutôt lui eft quelque peu fupérieur: lorfque la lentille a
été hiffée, le fil, de quelque manière que la main le tire, lentement et fans aucun effort,
lui communiquera le mouvement à fon tour et la dirigera de cette façon vers un aftre
arbitrairement choifi. Ce qui certes ne ferait pas pofiiblc fans cet équilibre indifférent.
11 fout encore obferver que pour que la queue ou verge que nous avons attachée à la
lentille devienne parallèle au fil tendu, ce qui eft abfolument néceffaire, nous fixons à
fon extrémité inférieure un ftylet de cuivre de la longueur d'un doigt que nous cour-
bons vers le bas jufqu'à ce que fa pointe foit fituée au-deffous de la verge autant que
le centre du petit globe; alors feulement le fil dont nous avons parlé y efl attaché.
Nous dirons plus loin pourquoi nous faifons ufage en cette occafion d'un ftylet flexible.
Il s'agit maintenant d'expliquer comment la lentille oculaire eft mile en rapport
avec l'autre, ce qui n'exige pas beaucoup de paroles puifque l'agencement eft à peu
près le même que pour la grande lentille. En effet, la lentille oculaire cft également
enfermée dans un tuyau ou cylindre court; elle eft également jointe à une verge ou
queue poffédant elle aulfi fon petit globe fur lequel elle s'appuie. Il eft vrai qu'au lieu
de ce dernier on peut fe fervir ici d'un petit axe tranfverfal. Au-deffous de la verge
un petit poids de grandeur convenable eft de nouveau attaché pour faire équilibre.
L'obfervateur prend en main une anfe munie d'un petit globe ou axe. La verge eft
dirigée vers la grande lentille placée en haut, cette verge étant reliée au même fil que
l'autre d'où il defeend. Il eft manifefte que dès qu'on y met la main et qu'on tend
quelque peu le fil, les lentilles deviennent parallèles entr'elles. Toutefois le fil n'eft
pas attaché de la même manière à l'extrémité de cette verge qu'il l'était à la verge
fupérieure qui gouverne la grande lentille: il paffe par une ouverture et eft enfuite
enroulé fur une cheville telle que celles au moyen defquelles on tend les cordes des
luths et qui fe trouve au milieu de la verge fur un de fes côtés. Par une rotation de
cette cheville on peut pendant l'obfervation allonger ou raccourcir le fil jufqu'à ce
que l'intervalle entre les deux lentilles foit exactement adapté à l'oeil de l'obfervateur,
cet intervalle ayant d'abord été pris à peu près de la longueur convenable ce qui eft
très facile.
En outre, pour que l'obfervateur puiffe tenir l'oculaire immobile, ce qui eft de pre-
mière néceflité, il difpofe d'un foutien de matière légère repofant fur deux pieds et
portant à l'on extrémité fupérieure un ais ou bâton tranfverlhl fur lequel, debout ou
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA, ETC. 1 \J
inquc fubjcclo fui moduli cavo liberrime volvitur; ita tamen ut excidere nequcat.
Cavum partibus duabus conftat, quse, fuper pcdiculo tereti, cochlea junguntur ad-
ftringunturque, ièd ita ut globulum nihil prorfus premant. Lcns igitur, cum bacillo
fibi adlixo, hoc modo mobilis eflicitur. Quae porro ut a^qualiter librata confiftat, pondus
unius libra? circiter infta bacillum appenditur, filo ameo cralïiore femipedali conjunc-
tum atquc infîxum. Cujus flexu facile ita pondus temperatur, ut centrum commune,
fuae lentifque gravitatis, cum centro Sphcerula? conveniat, atque hoc paclo quoeunque
pofitu lens fuipenia maneat, attacluque leviffimo moveatur. Qua in re potiffima ver-
iatur inventi pars. Pede enim globuli in foramen tranfverfi brachii, quod iupra defig-
navimus, immiflb, (duo autem vel plura ejufmodi foramina fiunt, ut in omnem cseli
partem commode lens obverti poflit) filum vel funiculus tenuiflimus bacillo, fi vecauda;
cxtrema.% illigatur; junclurus nempe lentem majorem cum ea qua? oculo proxima
ponitur, ac proinde futuri telefcopii longitudinem asquans, vel potius paulo excedens.
Hinc, ubi fublata ad malum fuerit lens, quoeunque id filum, manu leviter traétum,
circumferetur, lentem una movebit, eamquc hoc modo ad aftrum quodeunque recta
opponet. Quod certè abfque hoc libramento fieri non poffet. Cœterum ut extentofilo
cauda feu bacillus, quem lenti adpofuimus, parallelus fiât, quod omnino necelTe eft,
infigitur parti ejus extrême ftylus œreus digiti longitudine, cuideorfum flexo, donec
cufpide fua tantundem ac centrum globuli infra bacillum defeendat, itademum filum,
quod diximus, adneclitur. Cur autem ftylo flexili hic utamur poltea dicetur.
Jam vero 6k de oculari lente explicandum, quomodo cum priore componatur ; quod
multis verbis non indiget, fiquidemeademfereomnia,quce in majori lente, obfervanda
funt. Similiter enim tubo, feu cylindro brevi, ha?c quoque includitur; item bacillo feu
cauda? conjungitur; quœ porro globulum fuum cui innitatur habet. Sed hujus loco
axiculus tranfverfus adhiberi potell. Infra bacillum vero pondus exiguum rurfus ap-
penditur, quanto opus efi: ad faciendum libramentum. Porro capulus, globulum vel
axiculum ferens, manu obfervatoris apprehenditur; bacillus verfus lentem, majorem
fublimè pofitam, direftus eft, filo eidem, quod inde defeendit, illigatus. Adducla vero
manu, contentoque leviter filo, parallelas inter fe fieri lentes perfpicuum eft. At non
codem modo, bacilli hujus extrema parte, filum adneftitur, ac fuperiori illi, qui lentem
majorem dirigit; fed per foramen trajectum, inde verticillo involvitur, cujufmodi funt
quibus teftudinum chordas intendunt; qui verticillus medio bacillo h latereinfixus eft.
Hujus converfione, inter obfervandum, fili longitudo producitur contrahiturve, donec
intervallum inter lentem utramque, oculo fpeftatoris exaéte conveniat, poftquam
antea prope verum fuerit repertum, quod eft facillimum.
Caîterum, quo pofiit obfervator immotam detincre lentem fibi proximam, quod
apprime necefle eft, fulcrum quoddam prcefto eft è levi materia compaftum, duobus
pedibus infiftens, ac fuperiori parte tranfverfum habensbaculum,cuibrachiautraque,
28
2 I 8 MÉTHODE SIMPLIFIÉE D'OBSERVER LES ASTRES, ETC.
afiïs, il peut appuyer les deux bras, tout en tenant d'une main la lentille comme nous
l'avons dit. Cette méthode eft beaucoup plus expéditive et pratique que lorfque le
foutien a un troilième pied et que la lentille oculaire eft placée fur lui.
Or, pour trouver ailément de nuit et dans les ténèbres avec notre télefeope des
étoiles déterminées, nous nous fervons d'une lanterne, telle qu'elles font aujourd'hui
univerfellement connues, qui projette au loin fa lumière au moyen d'un verre convexe
ou d'un miroir. En dirigeant fes rayons fur le mât et fur la lentille qui y eft attachée,
on peut aifément, auflitôt que le cylindre qui l'entoure eft aperçu, donner au rayon
vifuel une direction telle que l'étoile eft recouverte par la partie centrale de la lentille
et qu'après avoir également mis en pofition la petite lentille, on la voit à travers l'une
et l'autre. Ceci le fait bien plus rapidement qu'on ne pouvait le faire jufqu'ici avec
des télefeopes a tuyau, de forte que de ce chef auffi cette nouvelle manière d'obferver
eft de beaucoup préférable. IVlais lorfqu'on veut regarder la lune, point n'eft befoin
de lanterne, puifque la grande lentille peut être aperçue à la clarté de l'aftre lui-même.
Pour cette obfervation on l'entoure d'une couronne de papier dont le diamètre exté-
rieur eft un peu plus que le double de celui d'un cercle qui couvrirait exactement la
lune, ceci à caufe de l'amplitude du difque lunaire, afin que lorfqu'on en contemple
une partie, aucune autre partie ne puifte envoyer à l'oeil des rayons n'ayant pas paffé
par la lentille. Sans cette précaution les ombres et les lignes plus obfcures que le refte
qu'on voit dans la lune paraîtraient trop peu noires.
Nous avons dans ce qui précède complètement expliqué la manière de fe fervirde
notre télefeope aérien et fa conftruction aucunement compliquée. Par notre fil, com-
parable à celui d'Ariadne, nous avons trouvé une iïïue là où jufqu'ici on l'avait cher-
chée en vain. D'ailleurs, pour qu'on entende mieux cette explication, nous préfentons
ici au lecteur une figure [Fig. 67] dans laquelle
ab eft le mât.
cd la couliffe mobile dans la rigole.
e le bras qui y eft attaché à angles droits.
jf la traverfe qui porte la lentille.
gg la corde fans fin.
h le plomb attaché à la corde.
a la poulie au haut du mât.
i le cylindre creux contenant la lentille principale.
kl la verge attachée au cylindre.
m le petit globe de cuivre formant'corps avec la verge et pouvant tourner dans le
fegment fphérique.
;/ le poids de plomb attaché avec un fil de cuivre.
/ le ftylet court et flexible attaché au bout de la verge.
0 le petit tuyau portant la lentille mineure ou oculaire.
p la verge attachée h ce petit tuyau.
Q un petit axe mobile.
[Fig. 6-].
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA, F.TC. 2 1 Q
livc itantis five fedentis, innitantur; dum altéra manu, quomodo diximus, lcntem
fuftinet. I\ lui toque expeditior cil: hœc ratio, atque ad ui'um accommodatior, quam fi
tertius pes fulcro accédât, inque ipfum lens ocularis imponatur.
Ut vero noétu, atque in tenebris, ftellœ quaevistdefcopionofr.ro facile reperiantur,
lumine utimur laternœ inclufo, quales jam vulgo nota: funt, vitri convexi vel fpeculi
opéra longe lucem projicientes. Hujus radiis ad malum lentemque in eo hœrentem
direclis, ubi circulus ipfam continens confpeclus fuerit, facile eo transfertur vifus, ut
ftclla ipfi média lente tegatur, fimulque admota lente minori, per utramque fe fpec-
tandam prsebeat. Ac fane multo citius hoc peragitur, quam faclum fit haclenus telef-
copiis tubo initruclis. Adeo ut hoc quoquenomine longé praMtet nova hœcobfervandi
ratio. Lunam vero contemplari volentibus, lucerna nihil opus eft, quod iplius aftri
luce lens confpici poffit. Sed hic ob difei lunaris amplitudinem; ne partem quampiam
intuenti, ab alia parte lux, aliaque via quam per majorem lentem, ad oculum accidat;
circulus papyraccus lenti huic circumponitur, paulo majore quam dupla diametro ad
cum quo tota Luna tegeretur. Quod nifi fiât, dilutiores apparent umbra tractufque ii
qui, cseteris obfcuriores, in ejus globo confpici folent. Atque ita jam telefcopii noftri
aërii rationem omnem & apparatum explicuimus, non fane operofum; filoque illo,
velut Ariadnaso, unde haftenus inventus non erat, exitum reperimus.
Cœterum quo clarius ea, quze diximus, intelligantur, delineationemhic fubjicimus,
in qua
Malus eft, a b.
Ajjerculus in canali mobilis, c d.
Brachhtm ipfi ad angulos retlos infîxum, e.
Bacitlus tranfverfus in quem lensimponitur, ff.
Funis in fe rediens, g g.
Plumbum fient innexum, h.
Orbiculus in fummo malo, a.
Cylindrus cavus lentem primariam continens, i.
Bacillus cylindro affixus, k l.
Globulus aneus bacillo hœrens & infubjeclo cavo volubilis, m.
Plumbum filo œneo junclum, n.
Stylus brevis ac flexilis, extremo bacillo in fer tus, l.
Tubulus minorent feu ocularem lentem fer ens, o.
Bacillus tubulo affixus,p.
Axiculus mobilis, a.
2 20 MÉTHODE SIMPLIFIER o'OBSERVER LES ASTRES, ETC.
R Tarife qu'on tient en main.
S la boule de plomb.
T la cheville fur laquelle le fil s'enroule.
u [ou V] des pinnules qui fe croifent et font ainfi une ouverture par laquelle patte
le fil.
lu [ou LV] le mince fil de foie.
X le foutien fur lequel s'appuie l'obfervateur 5).
V la lanterne.
Les triangles placés tout le long du mat et permettant d'y monter ont été omis pour
ne pas encombrer la figure.
Refte à examiner en détail quelques objections qui pourraient peut-être porter à
douter ceux qui n'ont pas encore fait connaiiïance avec notre télefeope. Ils craindront
en premier lieu que, puifque le fil qui relie les deux lentilles doit fe courber par la pe-
fanteur, cette courbure, quoique faible, ne foit pourtant, dans ces longueurs de cent
ou deux cents pieds, un obftacle à leur parallélifme.
En effet, s'il fallait faire ufage d'une corde allez lourde, fa courbure gênerait beau-
coup et cet inconvénient ne pourrait guère être écarté, même par une forte tenfion.
Actuellement, la grande lentille étant fufpendue et maintenue en équilibre comme
nous l'avons fait, c'eft en la tirant par un très léger fil de foie que nous la dirigeons;
le poids de ce fil, pour une longueur de cinquante pieds, ne furpafle pas une demi-
drachme; il fupporte pourtant, avant que de fe rompre, un poids de fept livres. Par-
tant fa courbure ne nuit aucunement ni dans la dillance confidérée ni même dans une
beaucoup plus grande diftance des lentilles, quoique nous ne le tirions qu'avec une
force modérée équivalente à deux ou trois livres: il faut noter que la perfection géo-
métrique n'efi: ici nullement néceïïaire, comme cela efi: connu à tout expert.
Il efi: en effet certain qu'autant qu'une corde efi: plus légère qu'une autre, autant
diminue la force de la tenfion qui fait l'une et l'autre fe rapprocher également de la
ligne droite; de forte qu'une corde de cinquante pieds et pefant une once, exige une
force de quarante huit livres là où notre fil, de longueur égale, n'en demande que
trois 6). Ceci efi: trop évident pour qu'il foit néceffaire de le démontrer: le cas où
feize cordelettes d'une demi-drachme font tendues chacune par un poids de trois
livres efi identique avec celui où elles compofent enfemble une corde d'une once et
que celle-ci eft tendue par la fomme des poids, c'eft-à-dirc par feize fois trois livres.
s) La lettre X fait défaut dans la Fig. 67. Nous avons jugé inutile de l'ajouter comme cela a été
fait ailleurs dans cette figure bien connue, reproduite ici pour la première fois d'après le dessin
original de Huygens.
rt) La drachme dont il était question plus haut est donc la huitième partie d'une once.
ASTROSCOPIA COMPEND1 \RIA, ETC. 22 1
Capulus manu tenendus, r.
Mans plumbea, f.
l'erttctllus eut filttm involvitur, t.
Pinnulcc decujjatim pofïtcc, atque ita for amen efficientes quo j'tlum trajieitur; u.
Filum tenue bombycinum, l u.
Fukrum eut fpeclator itmititur, x.
Laterna, y.
Triangula per malum difpofita, quibus confeendi pofllt, omifïa font, ne figuram
obfcuriorem redderent.
Supereft ut nonnulla, qua? fortaffe nondum expertis icrupulum injicerc poflent,
paulo accuratius examinemus. Vercbuntur primum ne, fubfidcnteliloquodadutram-
que lcntem pertingit, fiexus ejus, quanquam exiguus, in magnis tamen illis, pedum
centum aut ducentorum, longitudinibus impediat pofitum earum parallelum. Etpro-
feclo, fi fune graviore opus foret, non parum noceret curvatura ejus, nullaquc fere
tendendi vehementia fuperari pofTet hoc incommodum. Nunc verô, fufpenfa librata-
que lente majori ut h nobis faélum eft, leviflîmi tantùm fili bombycini traélu eam
dirigimus; cujus pondus in pedes quinquaginta femidrachmam non fuperat;quodque
idem appenfas libras feptem fuflinet priufquam rumpatur. Quare fiexus ejus nequein
hac, ncque in multo majori lentium diftantia quidquam officit, etfi non nifi modica
vi trahatur, duabus tribu! ve œquipollcnte libris; utique cum geometrica perfeélio
nequaquam hic requiratur, ut cuilibet experto notum.
Etenim certum eft eadem ratione, qua funis fune levior eft, vim tenfionis diminui,
qua utrumque ad recfam lineam œqualiter accédât. Ut proinde funiculus quinquaginta
pedes longus, atque unciam pendens, vi librarum quadraginta ofto opus habcat, ubi
tlhim noltrum, longitudine pari, non nifi tribus libris indigebit. Atque hoc per fe clarius
cfi: quam ut demonftratione comprobetur. Idem enim eft prorfus cum fexdecim funi-
culi femidrachmales trahuntur finguli trium librarum pondère, atque cum uncialcm
funiculum fimul componentes, is à conjundlis itidem fexdecies ternis libriscontenditur.
2 22 METHODE SIMPLIFIEE D OBSERVER LES ASTRES, ETC.
Mais on peut auffi confirmer plus amplement par des raifonnements géométriques,
ainfi que par des expériences, ce qui fe rapporte à la courbure du fil. Faiblement courbé
le fil tendu a à fi peu près la forme d'une parabole qu'on peut admettre qu'il en eft
vraiment ainfi fans aucune erreur. Lorfque notre fil, long décent cinquante pieds, eft
tendu horizontalement avec une force de deux livres et demie feulement, nous trou-
vons que la flèche de l'arc parabolique eft environ d'un quart de pied. Soit abc [Fig.
68] le fil parabolique, db la flèche, ade étant une droite. PuifTent les droites ae et cf
toucher la parabole, lefquelles font coupées par ce et #/ parallèles à db. Nous obfer-
vâmes, en regardant du point a fuivant la droite ae, que la grandeur de la droite ce
était d'un pied, d'où réfulte pour db celle d'un quart de pied. Or, af eft égale à ce.
Le fil eba tire donc une lentille placée en c de telle manière qu'elle fe met a angles
droits non pas par rapport à la droite provenant de l'oeil qui eft en a, mais par rapport
a celle qui part du point /. Il en réfulte que l'oeil eft éloigné d'un pied de fon vrai
lieu; ce qui dans cette diftance de 150 pieds ne peut pas nuire. En effet, l'angle de
déflexion cae ou acf n'eft que de deux cinquièmes d'un degré, de forte qu'aucun
remède — nous en indiquerons un néanmoins — n'clt néceffaire. Or, fi l'on prend
une diftance gh double de celle précédemment confidérée, favoir de trois cents pieds,
de forte que le fil courbé eft gbh, la mefure de la concavité fera kb égale à quatre fois
celle de la précédente db, mais l'angle de déflexion ne fera que le double, c. à. d. f
d'un degré, comme on le voit aiféinent en tirant la tangente gl qui rencontre la per-
pendiculaire hl. En effet, cette hl fera le quadruple de kb ou ce, mais la diftance gh
était le double de ac; c'eft pourquoi l'angle de déflexion //g/ peut être confidéré comme
le double de l'angle précédemment trouvé cae.
Cette erreur de 48 fécondes n'eft encore d'aucune importance; on peut la négliger
fans inconvénient. Cependant, pour qu'il ne refte aucun motif pour difeuter, je ferai
voir quelle eft la correction qu'on peut apporter, laquelle remédie en même temps à
toute autre déclinaifon de la lentille.
À cet effet il faut dès l'abord dans la mife au point de la grande lentille fupérieure,
ajouter à la méthode décrite ce que nous dirons maintenant. Lorfque la lentille a été
mife en équilibre conformément à nos préceptes et fixée à la hauteur qui convient à
l'oeil, il faut d'une main faifir le fil attaché a la verge et le tenir près de l'oeil, de
l'autre tenir la lanterne également proche de lui. Il faut enfuite, en fe retirant lente-
ment et en allongeant ainfi le fil tendu, obferver fi une double image de la flamme appa-
raît vers le milieu de la lentille: il s'agit d'images réfléchies par fes deux furfaces. S'il
en eft ainfi au moment où le fil a pris la longueur entière qui convient au télefeope en
queftion, cela indique que la lentille a abfolument la bonne pofition par rapport à
l'oeil. Mais ï\ une feule réflexion de la flamme eit aperçue, la lentille eft mal placée;
plus mal encore, fi l'on ne voit ni l'une ni l'autre. On peut y remédier dès qu'on a
reconnu dans quel feus la lentille décline: le ftylet de cuivre attaché a l'extrémité de
la verge et portant d'autre part le fil doit être un peu fléchi dans ce même fens;
enfuite il faut, comme au début, effayer la réflexion de la lanterne; cetteopération alter-
ASTROSCOP1A COMl'ENDIARIA, ETC.
223
Sed ukerius quoque hœc, quae ad fili flexum attinent, geometriae rationibus, cxpe-
rimentifque expendi poffunt. Nempe contentum fîlum, flexu illoexiguo,parabolicam
lineam cam propc exprimit, ut pro vcra abfque errore habeatur. Cujus parabolse pro-
funditatem, in longitudine pedum centumquinquaginta, invenimus pedis unius circiter
quaitam partent; cum lilum horizonti parallclum tenderetur, ncc nifi vi librarum
duarum & femis. Sit fili parabola a b c, profunditas cjus d Z>, duéta nimirum recta a de.
Porro tangant parabolam reclœ ae. cf: quibus occurrant ce,aj\ parallèle d b.
Intuenti igitur ex a punclo, fecundum reclam ae, notatum fuit fpatium ce fieri
pedis unius; unde fit db pedis quarta pars. Ipfi vero ce ajquale efl af. Itaquc
lentem in c poiitam ira trahit filum eba, ut non ad oculum, qui efl: in a, fed ad /
[Fig. 68]
punflum directe oppofita lit. Ut proinde pedis unius intervallo à vero loco oculus
abfit: quod in illa pedum 150 diflantia nihil obefle potefl. Fit enim angulus deflexio-
nis cae vel ac ftantum duarum quintarum unius gradus; adeo ut remedio, quod
tamen dabimus, non fit opus. Sumpta autem g h diflantia prioris dupla, feu pedum
trecentorum, ut filum incurvum fit gb A, erit cavitatis menfura kb, prioris db qua-
drupla quidem, fed angulus deflexionis tantummodo duplus, hoc eil, f unius gradus;
ut facile perfpicitur, duéta tangente gl, quœ cum perpendiculari h /conveniat. Ipfa
enim h l quadrupla erit ad k b five c e\ diflantia vero g h ad ac erat dupla. Quare an-
gulus deflexionis hgl, antea inventi cae, duplus cenferi potefl.
Ha?c verè, fcrupulorum 48, aberratio nullius adhuc moment! efl, neque neglecla
nocebit. Attamen, quo minus caufandi locus hic fuperfit,oltendamjamqua?namadhi-
beri poflit correclio, atque ejufmodi quidem ut, una opéra, omnem aliam lentisdecli-
nationem reftituat.
Igitur femel ab initio, ad fuperiorem lentis magna; praeparationem, hoc quod
dicemus, adjungatur. Nempe lente quemadmodum pracepimus librata, atque ad oculi
altitudinem defixa, filum caudae adnexum manu altéra capiatur, eaque oculo admo-
veatur; altéra lucernam juxta teneat. Tum paulatim recedendo, extentumque filum
producendo, obfervetur an duplex flamma; imago circa mediam lentem appareat, ab
utraque nimirum fuperficie ejus reflexa. Id fi contingat ubi jam tota fili longitudo
exierit, quanta nimirum futuro telelcopio debetur, indicio efl rectiflime lentem ad
oculum converti. Quod fi altéra tantum flamma; reflexio confpiciatur, malè collocata
224 METHODE SIMPLIFIÉE D OBSERVER LES ASTRES, ETC.
native doit être répétée jufqu'à ce qu'on voit coïncider les deux images de la flamme.
Quant à la tenfion du fil, elle doit être modique, telle que nous l'avons preferite plus
haut, correfpondant à une force de deux ou trois livres; c'eft à cela qu'il faut s'habi-
tuer. Lorfque la pofition de la lentille aura une fois été corrigée de cette façon elle
lêrvira pour toutes les oblérvations. Qu'on n'objefte pas avec une fubtilité exceffive
que par la direction oblique que poffède le fil lorfqu'il eft dirigé vers les aftrcs, fa cour-
bure duc à la gravité eft rendue un peu moindre que lorfqu'il était horizontal. En
effet, cette différence cil minime, furtout pour un fil fi léger; d'ailleurs, comme nous
l'avons déjà dit, un parallélifme géométrique exaft des deux lentilles n'eft pas requis.
11 faudrait dire qu'une bien plus grande difficulté provient du vent qui rend le fil
finueux et l'écarté latéralement, furtout dans le cas des grandes longueurs dont nous
avons parlé, fi l'on ne pouvait répondre à cette objeéfion que le vent eft également
ennemi des tuyaux, lcfquels tremblent et vacillent fous fes coups à la grande incom-
modité de l'obfervateur, de forte qu'il a fouvent fallu abandonner les obfervations
pour cette raifon. D'ailleurs il faut favoir, afin de fupporter ce mal avec plus de réfig-
nation, que lorfque les vents fouffient, la pellucidité de l'air eft fouvent troublée à ce
point, même quand il paraît ferein, que par cela feul l'obfervation télefeopique eft
abfolument empêchée, ce qui ne peut être inconnu aux gens expérimentés. Il arrive
même parfois qu'on applique les télefeopes en vain lorfque le ciel elt tranquille et
tout-à-fait clair et que les étoiles fcintillent auffi fortement que poffible; c'eft lors-
qu'une certaine vapeur humide fe trouve dans l'air laquelle caufe une ondulation et
un tremblement tels que ceux-ci privent le regard de celui qui veut obferver les
planètes de toute acuité. Dans ce cas on ferait tenté de douter de la bonne qualité des
lentilles elles-mêmes, n'était le fait que dans un autre temps et par un ciel plus pur
on en avait conltaté la bonté. La même vapeur, foit dit en pafTant, intercepte allez
fouvent par fon adhéfion à la grande lentille une partie des rayons de lumière, ce
qu'on peut prévenir en chauffant un peu la lentille auprès d'un feu.
Confidérons encore une fois ce que nous avons dit fur la néceffité d'illuminer cette
même lentille fixée au haut du mât. Il pourrait femblcr que lorfqu'elle eft fort éloig-
née, p.e. de deux cents pieds et davantage, elle recevra à peine la quantité de lumière
néceflaire pour la rendre vifible à l'obfervateur, même lorfque la lanterne eft pourvue
d'un verre convexe fuivant notre prefcription.Maisdanscecason pourra augmenter
la quantité de lumière, foit en agrandiffant la mèche de la lanterne, foit en fe fervant
d'une lentille plus large et moins courbée laquelle, même lorfqu'elle reçoit de la lumière
en quantité égale, la difperfera moins et par conféquent la lancera mieux au loin.
Il apparaît donc que fous ce rapport la longueur du télefeope eft fans conféquence
et qu'on peut avec la même facilité fe fervir de n'importe laquelle. 11 eft d'autre part
évident que la hauteur du mat fait une certaine différence. Or, nous avons à notre
difpofition plulîeurs moyens pour obvier aux inconvénients qui pourraient en réfulter.
Nous pouvons en effet, après avoir planté un premier mat, ériger à côté et à l'aide de
lui un deuxième mât deux fois plus long que nous pouvons affermir en le joignant au
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA, RTC. 2 25
erit, iî neutra, pejus. I lie vero jam remedium adhibebitur, ubi cognitum fuerit in quam
partem lens declinet. Stylus enim aeneus extremse caudse adjectus, filumque innexum
habens, in partem eandem parumper fledendus cil; ac rurfus, ut ante, lucerna.* reflexio
tentanda; idque ita repetitis vicibus faciendum, quoad utraque flammula; imago in
unum convenire conipiciatur. Tenfione autem fili utendum mediocri, qualeni fupra
definivimus, duarum aut trium librarum vim referente, eique quatenus lieet adfues-
cendum. Hoc modo correrta femel lentis pofitio ad omnes obfervationes valebit.
Neque hic (ubtiliter nimium objiciat quifquam quod obliquo fili afccnfu, cum ad altra
dirigitur, paulo minor efficitur rlcxus ejus à gravitate ortus, quam cum filum idem
horizonti parallelum extenditur. Eft enim differentia haec perexigua, prœfertim in
tanta fili levitate; & lentium parallclifmus, ut jam diximus, ad gcometriaelcgesexaclus
non requiritur.
Multo magis ventus obefle dicendus foret, filum finuans atquc in latus impellens,
prefertim in magnis, quas diximus, longitudinibus; nifi quod tubis quoque idem ven-
tus adverfus eft, qui conculTu ejus tremunt ac vacillant, magno fpeélantis incommodo;
ut propterea fa?pe obfervationibus fuperfedendum fuerit. Sedquoœquioreanimohœc
difpendia feramus, feiendum eft, flantibus ventis, femper fere aeris pelluciditatem
adeo turbari, etiamfi ferenus videatur, ut hoc uno omnis telefcopiorum profpeftus
impediatur; quod exercitatis ignotum efTe nequit. Imo 6k tranquillo interdum ac
prorfus fereno cjelo, fcintillantibus cum maxime fyderibus, fruftra tamen telefcopia
adhibentur; humido vaporc quodam aerem obfidente, quo fit ut ad Planetarum cor-
pora refpicienti, undatio quaedam trcmula & fluemans omnem vifus aciem intercipiat.
Pofletque,ubihocaccidit, ipfa lentium bonitas fufpecla efle, nifi alio tempore ac puriore
cxlo fuiffet cognita. Idem vapor, ut hoc quoque obiter admoneam, non raro, lenti
majori adha?refcens, radiorum lucis partem avertit: cui malo, calefafto modice ad
ignem vitro, occurritur.
\''ideamus nunc 6k illud quod de illuftranda lente eadem diximus ad malum fubrefta.
Qux fi valde procul diftet, puta ad ducentorum 6k amplius pedum intervallum, vix
videtur tantum luminis, ut ab obfervatore cerni pofllt, acceptura,etiamfilucernacon-
vexo vitreo juvetur, uti prœcepimus. Sed hic intendere amplius lumen licebit, vel
aucto lucernœ ipfius ellychnio, vel latiori lente adhibitaleniufquecon vexa, queelueem
29
2 26 MÉTHODE SIMPLIFIÉE D'OBSERVER LES ASTRES, ETC.
premier par des poutres tranfverfales. Le plus fort affemblage de ce genre fera celui,
de forme triangulaire, où deux mâts plus courts, diftants entr'eux de deux ou trois
pieds, font joints de la manière indiquée à un troifième de hauteur double. De cette
manière nous atteindrons ailement une hauteur de cent pieds. Et nous parviendrons
à des hauteurs bien plus grandes encore, foit en nous fervant d'une baie plus folidc
des mâts et des poutres, (bit en appuyant la partie inférieure de ces bois contre une
tour ou contre l'angle d'un édifice élevé; de telle manière, bien entendu, qu'il n'en
refaite aucune difficulté pour l'élévation de la lentille par le moyen de la rigole con-
tinue dont nous avons parlé. Mais on peut auffi drefïer le mât fur une tour ou fur le
faîte d'une maifon; dans ce cas c'eft là que doit fe tenir celui qui eft en charge de la
corde pour hauflèr ou baiffer la lentille.
Et que perfonne ne s'imagine que nous traitons ces détails avec trop d'empreiïe-
ment et avec un foin fuperflu attendu qu'il ferait peu probable qu'il fût befoin de ces
grandes hauteurs. En effet, pendant que j'écris ces lignes, j'apprends par une lettre
de Caffini que quatre lentilles fort excellentes, dont la plus grande eft deftinée h un
télefeope de cent quarante pieds, ont été achevées à Rome par Giufeppe Campani et
envoyées au grand Roi de France. Bien qu'elles n'aient pas encore été utilifées pour
des obfervations agronomiques, on peut être certain qu'elles ont été examinées de
jour dans de longues falles ou galeries d'où la lumière était exclue. Maintenant, par
notre préfente invention, ces lentilles-ci, ainfi que d'autres correspondant à de plus
grandes longueurs, s'il en vient, pourront faire preuve de leur utilité.
Que fi nous fongeons aux méthodes par lefquelles d'autres ont tâché d'augmenter
l'efficacité des télescopes, il pourra fembler que c'eft avec peu de peine que nous
avons obtenu ou obtiendrons le réfultat qu'ils ont cherché en vain. Car foit qu'ils
aient pourfuivi leur but par des figures de lentilles hyperboliques ou elliptiques comme
Defcartes 7), foit par des miroirs concaves comme Newton, foit autrement, il s 'agi (Tait
toujours d'obtenir des amplifications confidérables des objets obfervés à l'aide de té-
lefcopes affez courts, maniables à caufe de la modicité de leurs maffes.
On trouve aux p. 134 — 136 du T. VII l'article (lettre) de Huygens „touchant la Lunette Ca-
toptrique de M. Newton" publié dans le Journal de* Sçavans de février 1672. Une ligure de cette
lunette fe trouve vis-à-vis de la p. 129 du même Tome. Voyez auflî fur les lunettes catoptriques
le T. XIII.
Or, cette confection précife, fcrupuleufement exacte, des furfaces était éminemment
néceffaire; d'autre part on ne pouvait vraiment parvenir au but fans faire ufage de
grandes lentilles ou de grands miroirs, puifque toute conftruclion eft fatalement gâtée
par une ttop grande obfcurité : il faut que les premières ouvertures par lefquelles entre
la lumière foient prifes d'autant plus grandes que l'agrandiffcment fous lequel l'ob-
fervatcur aperçoit les objets eft plus confidérable. Quant h nous,lnous n'avons pas
■ ) Comparez la p. 24H du T. XVII.
ASTROSCOPIA COMl'RNDIARIA, F.TC. 0.1J
tranfmiflam, etiamfi pari quantitate accipiar, minus tamen diffundet,longiufqucproinde
ejaculabitur.
Quantum igitur ad hœc attinet, nihil admodum referre liquet quaenam fuerit telcs-
copiî longitude, fed a?que facile qualiacunque in ufum deduci. Aliquodtantumdifcri-
men in varia malialtitudinepolitumeire.Cujusquidcmparandtepluresmodifuppetunt.
Poflumus enim, uno rtatuto malo, alium ejus opéra duplo altiorem juxta attollcre, ac
fimul finniorem reddere, tranfverfis fihulis utrumque conferendo. Aciirmiflimaquidem
fuerit compages hujufmodi, fi duo mali humiliores, cum tertio dupla.' altitudinis, binis
ternii've pedibus inter le diilent, in triangulum difpofiti, atque uti diximus religati.
Qua ratione facile ad centum pedum altitudinem perveniemus. Ad multo majores
vero, vel validiori malorum ac trabium fubitruftione utendo, vel ad turrim aut œdi-
ficii altioris angulum inferiora ligna applicando; ita ut nihil tamen obftet, quo minus,
ab imo ad fummum, lens primaria adducatur, per continuum canaliculum, uti diximus,
afeenefens. Sed & fuper turri aut domus culmine erigi malus poteft, ut ibi adftet iscui
funis cura demandata elt, ad evehendam demittendamve lentem.
Nec vero prœpropera aut fupervacua cura haec à nobis agitari quis putet, quod
verifimile non fit his altitudinibus opus fore. Ecce enim,dum hœc feribo, Calîini literis
certior fio, lentes quatuor, quarum maxima telefcopio pedum centum quadraginta
deitinata fit, à Jofepho Campano, eafque praeftantiflimas Roma; eiT'e perfedas, & ad
magnum Galliae Regem mifias. Etfi enim ad cœleftium obfervationem nondum fuere
admota?, non dubitandum tamen interdiu inllitutum fuilTe earum examen, in atriis
porticibufve prœlongis unde lux exclufa effet. Nunc vero, hoc noftro in vento, militas
fua tum his lentibus, tum fi quee has longitudine excedentes prodeant, conftabit.
Quod fi cogitemus quibus modis telefcopiorum efficaciam alii augere iluduerint;
quse fruftra illi qua?(iverunt, ea nos levi hac opéra confecutos elfe videri poilit. Sive
enim figuris lentium hyperbolicis ellipticifve, ut Cartefius,fivefpeculiscavis, utNeu-
tonus, five alia qua vis ratione id aggreffi fînt, hue omnia redibant ut brevioribus
telefcopiis, ac minori molimine ufurpandis, multum amplificarentur res vifas. Nam
neque accurata illa ac fcrupulofa fuperficierumformatiodcvitaripoterat,nequeetiam
lentium fpeculorumve magnitude quoniam obfcuritate nimia, quicquid machinati
fuerimus, inutile reddi neceife eil, nifi pro ratione percepti augmenti crefeant aper-
228 MÉTHODE SIMPLIFIÉE D 'OBSERVER LES ASTRES, ETC.
diminue les longueurs, mais nous avons obtenu qu'elles ne font plus gênantes, ce qui
revient à peu près au môme.
Si quelqu'un demande jufqu'où j'eitime qu'on peut utilement prolonger les téles-
copes et fi l'on peut cfpérer qu'en les conftruifant en dimenfions fupérieures à celles
dont il fut queftion plus haut, nous pourrons nous approcher encore dix fois davan-
tage de la lune et des autres aftres qu'avec nos télefeopes de trente pieds à l'aide
defquels nous avons parcouru 149 parties de ce long chemin, c. à. d. tout le chemin
à une feule partie près,- je répondrai que je ne puis en vérité impofer des limites pré-
cifes à cet art, mais que pour parvenir au réfultat fufénoncé le plus grand effort pos-
iible aux hommes ne fuffira pas, partant qu'il peut encore moins être queftion de ce
dont d'autresn'ont apparemment pas défefpéré,favoird'obtenirque nous contemplions
la lune et les autres Planètes pourainfi dire de près et que nous apercevions de nos
yeux s'il font habités par des êtres vivants ou bien qu'il ne s'y trouve rien que de vaftes
folitudes.
„Autresfois — dit J. Chapelain dans fa lettre du 24 août 1656 à Huygens, T. I, p. 483 ■ — Mon-
(ieur Defcartes fe promettent de faire des verres d'vne fabrique fi parfaitte qu'on pourroit voir par
leur moyen dans le difque de la lune fi elle eftoit habitée et quelle feroit la forme des animaux fil
y en auoit. Jay veu la lettre ou eftoient ces paroles entre les mains d'un nommé Ferrier qui eftoit
fon Amy et fon ouurier". Il s'agit de la lettre de Defcartes à Ferrier du 13 novembre 1629.
En effet, je fais en premier lieu combien dans la taille des lentilles la difficulté de
leur donner la bonne forme croît avec la grandeur, et de même la difficulté de trouver
du verre libre des défauts qui compromettent le plus le fuccès. En effet, plus les
rayons font radémblés de loin, plus aufli ces défauts fe font néceflairement fentir. En
outre il eft établi, fuppofé que les dites difficultés ne comptent pour rien, que les
objets obfervés ne font agrandis qu'en raifon des diamètres d'ouverture de la lentille
extérieure 8); or, ces diamètres ne croiffent pas proportionnellement aux longueurs
des télefeopes mais, fi je vois bien, proportionnellement à leurs racines carrées [voyez
l'alinéa fuivant]. De forte que lorfquc, pour un télefeope d'une longueur de trente
pieds, l'ouverture donnée eft de trois pouces, telle environ que l'expérience permet
de la prendre, une autre ouverture, convenant à une longueur de trois cents pieds, ne
fera que de neuf pouces et demi; par conféquent tout ne paraîtra qu'environ trois
fois plus grand dans ce télefeope immenfe que dans celui de trente pieds. Mais s'il
faut décupler ragrandiflement de ce dernier, il faudra une longueur de trois mille
pieds. Il cil manifefte qu'on ne pourra parvenir à ce réfultat par aucun effort humain,
ne fût-ce qu'à caulè de l'altitude.
8) Voyez, à la p. 533 du T. VIII, ce que Huygens écrivit en août 1684 sur ce sujet à 13. Fullenius
en réponse à une lettre que nous ne connaissons pas.
ASTllOSCOl'lA COMPENDIARIA, ETC. 2 20
curas quibus primum lux fubintrac. Nos vcro longitudines quidcm non imminuimus,
fed ne obellent eflccimus, quod fere codem redit.
Si quis vero jam requirat quoufque & quo opéra? pretio extendi porro telefcopia
polie exiftimem, & num produdtis longe ultra moduineorumquaepauloantediximus,
fperandum lit adhuc dceuplo propius ad lunam cœtcraque aftra nos acceffuros, quam
quo triginta pedes habentibus proccilîmus; quibus tanti itincris partes centum qua-
draginta novem, una duntaxat reliqua, confèéhe funt: refpondebo me certosquidem
arti terminos prsefinire non poffe; hue tamen, quo dixi,necmaximohominumconatu
perventum iri. multoque minus futurum, quod aliqui videntur non dcfpcraffe, ut lu-
nam ac Planetas caeteros velut è propinquo infpiciamus, & utrum animalibus habi-
tcntur, an prêter vaftas folitudines nihil habeant, viili penetremus. Primum enim, in
parandis lentibus, fcio quantopere crefcat cum magnitudine formandi diflîcultas;
ipfiufque inveniendi vitri quod vitiis iis careat, qua? maxime huic operi infefta funt.
Quanto enim ulterius radii eolligentur, tanto magis ha:c vitia fe prodant ncceiTe eft.
Conftat prœterea, ut jam iila nihil obllent, non amplificari res vifas, nifi pro ratione
diametrorum apertura? lentis exterioris. Quœ diametri nequam crefcunt cum telefco-
piorum longitudine; fed, quantum video, rationem longitudinum fubduplam lequun-
tur. Adeo ut dataapertura pollicum trium, in telefcopio triginta pedes longo; quantam
circiter experientia concedi finit; alia, ad treccntos pedes, non nifi novem unciarum
& femis fit futura, ac propterea tantum triplo majora fere omnia fint apparitura,
praegrandi hoc telefcopio, quam illo pedum tricenum. At fi decuplo cxceffu idem
fupcrandum fit, jam ter mille pedum longitudine opus erit, quoquidemnullahumana
ope perveniri pofie, vel folius altitudinis caufa, manifeftum eft.
230 METHODE SIMPLIFIEE D OBSERVER LES ASTRES, ETC.
Sans doute les ouvertures dont nous avons parlé pourraient être beaucoup plus
confidérables et croître dans une plus grande proportion s'il n'y avait que ce feul
obftacle que la courbure de la figure fphérique efl: peu propre à réunir les rayons;
mais il y a en réalité encore une autre aberration des rayons, provenant de la nature
même de la réfraction, dont Newton a fait voir l'exiftence il y a quelques années 9)
par certaines belles expériences, e. a. parcelles fur les couleurs des prifines de verre.
Cette deuxième aberration a elle aufli fes lois; c'eil d'après elles, fi je les comprends
bien, qu'on peut calculer la proportionnalité dont je viens de parler, celle des ouver-
tures aux racines carrées des longueurs.
C'efl bien peu avant !a compofition de l'Aftrofcopia que Huygens était parvenu à établir la pro-
portionnalité dont il eft ici queftion. On peut confulter la p. 621 de notre T. XIII où l'on verra
que les recherches qui conduifirent à cette loi datent des premiers mois de 1684. Voyez aufiî les p.
484 et fuiv. du même Tome: Huygens y démontre la loi aux p. 486 et fuiv.
9) La lettre de Newton „containing his new theory about lightand colours" est de 1672; voyez
p.e. la p. 156 de notre T. VII.
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA, ETC. 23 I
Sanc majores multo forent, & majori proportione crefeerent, ea% quas diximus,
aperturse, ii nihil aliud obftaret quam figura.* fphericae parum idonea, in colligendis
radiis, curvatura. Nunc vero alia qua*dam, ex ipiarefraétionisnatura,oriturradiorum
aberratio, quam ante annos aliquot Neutonus egregiis quibusdam experimentis &
prifmatum vitreorum coloribus comprobavit. Haec vero & ipfà leges fuas habet, qui-
bus, ii refte eas perfpicio, fubdupla illa, quam dixi, aperturarum ad longitudines ratio
colligitur.
APPENDICE I
A L'ASTROSCOPIA COMPENDIARIA.
1686.
La figure [Fig. 69] de l'objeftif avec fon cercle de papier attaché à la traverse, dont nous avons
parlé dans le dernier alinéa de la p. 208 qui précède, fe trouve à la p. 227 du Manulcrit F qui porte
la date Sondag [dimanche] 5 Maj. [1686].
[Fig. 69]
On lit dans la figure: Dubbelen ringh van blic, met 4 krammetjes. Dan noch cen
enckele, oui 't papier tuflehen beyden te vatten en met wiggen of fchroefjés vall te
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA. APP. I. 233
maecken. Schrocvcn met moertiens is beft. — Opcningh vccl grooter als 't glas, en
een kleijncn ring van papier 0111 het glas. — Dick koperdraet ontlaeten en aen den
dubbelen blicken ringh gekloncken.
Dans le Man. F on lit encore à droite de la figure:
Het papier, daer het tuifehen de blicke ringen gevat werdt moct met ecn perka-
menten ringh gellerckt werden. Et en bas: door geboort, là où la traverfe cft percée.
APPENDICE II
À L'ASTROSCOPIA COMPENDIARIA.
[1692] 0.
Malus
ac rurfus
[Fig. 70]
[Fig. 70] qui in Aftrofcopia compendiaria adhibetur, ira ordinatus ut demitti
erigi pollit, et hyeme fub tcclo collocari. ita funis, perafta obfervationc,
auferetur, ac malus inclinabitur
ne vento expofitus maneat.
AB, CD ftipites in terram dc-
fixi pedes 4. extantes pedibus 7.
in fummis capitibus incifi, ut axis
maliincavitates iftas inferi qucat,
et eximi cum libuerit.
In imo malo pondus affigen-
dum, quo facilius erigatur. Ju-
vante nimirum fucula E qua?
manubrio H verfatur. F eft troch-
lea.
Videndum qua parte affigen-
dx régula? cava?,interquas pegma
lentem fuftinens furfum adduci-
tur. an jacente malo, fubtusjaccre
debeant, ut minus a pluvia cor-
mmpantur?
Debenthœ régula: feptentrio-
nem fpe&are.
Ergo fucula E quoque eodem.
Sed tune tranfverfariumK quan-
tum poteft demittendum ne peg-
matiobfit. An pegma feparandum
in partes duas, ne impediant ante-
rides 2).
') Manuscrit II, p. 63. Les p. 60 et 75 portent respectivement les dates du 2 I Mai. 92. et du
[6 Jul. l6iJ2.
2) Arc-boutants, contreforts. Le mot efl dans Vitruve.
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA. APP. II.
a 35
Yidendum quam in partem reclinatus malus horto minus incommodet: vcl an
erechis dcnuo, port excmptum tunem, melius pluviae lie exponatur quam jacens. Nam
a vento nihil puto timendum. Si malus ereclus rclinquatur poterit fucula E fpectarc
ad aurtrum, ac régula: ad boream, manente tranfverfario K.
Oportct curare omnino ne fbnis EFG rumpi aut elabi poflit, quia malus concidens
ftangeretur. Prœrtaret ut pondus L malum in aequilibrio ponerct. ita periculo vacaret,
nec fucula E opus haberemus. Tune diligenter affigendum pondus L.
Dirtantia DB rtipitum parte inferiore, lit paulo major quam AC, ut poflit pondus
L malum cingens inter BD recipi.
[Fig
[Fig. 72]
[Fig- 73]
es
pegma alterum quo ad
orientem et occidentem
convertatur lens.
coulifle et traverle
(ou pegma)
236
ASTROSCOPIA COIWPENDIARIA. APP. II.
[FiS- 74]
[Fig- 75]
.. J
adaugendam mali fie vulgo, fed
longitudinem (à minus^firma
gauche: vinculum junftura.
ferreum).
Voyez la p. 336 qui fuit fur un mât employé longtemps auparavant dans un but agronomique
par Philippe de Ilefle; ce qui, foit dit en pallant, explique l'intérêt de Karl de Heilé pour le mat
de Huygens, p. 198 qui précède.
Confultez les p. 302 — 304 qui fuivent fur la comparaifon avec un télefeope catoptrique de
1723 d'un télefeope aérien offert en 1691 par les frères Huygens à la Royal Society.
A la p. 61 de fon „IIefperi et Phofphori nova phxnomena five obfervationes circa planetam
Veneris etc." (Roms, Salvioni, 1 72 H) Fr. Bianchini dit f 'être fervi, en 1726 àjRome, de la méthode
du fil de foie de Huygens. Déjà dans les „Memoires de mathématique et de phyfique de l'Aca-
démie Royale des Sciences" de 171 3 fe trouve la „Defcription" par Bianchini, qui cite Huygens,
„d'une machine portative propre à foutenir des verres de très grands foyers". Les mêmes Mémoires,
de 1715, contiennent un article de de la Hire intitulé: „Methode pour fe fervir des grands verres
de lunette fans tuyau pendant la nuit", méthode qui eft également une modification de celle de
Huygens. L'auteur dit avoir donné un mémoire fur ce fujet à l'Académie déjà en 1695.
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN
VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS
OU
MÉMOIRES SUR LA TAILLE DES
LENTILLES POUR LUNETTES
À LONGUE VUE.
Avertiffement.
En 1685, donc bientôt après avoir conftruit le télefcopc fans tuyau dont traite
l'„AuTofcopia compendiaria", Huygens entreprit la rédaction du traité De Telefco-
piis et Microfcopiis que nous avons publié comme Pars Tertia de fa Dioptrica aux
p. 434 — 585 du T. XIII: il y rappelle (pour le citer dans notre traduction) „que nous
avons réuflî, il y a peu de temps, a faire difparaître par notre invention le grand incon-
vénient résultant du trop grand poids et des trop fortes dimenfions des tubes ')" en
ajoutant „que plufieurs peribnncs ont commencé a cultiver l'art de polir de fort
grandes lentilles 2), laquelle étude, après un long intervalle, nous avons aufîî repris
nous-mêmes ')".
En effet durant fon féjour à Paris de 1666 à 1681 3) Huygens ne s'était guère
occupé de la taille des lentilles pour lunettes à longue vue, mais peu après fon retour
à la Haye il recommença, enfemble avec fon frère Conftantyn, ce travail auquel ce
dernier avait continué de fe vouer 4). Il efr. vrai qu'étant arrivé a Paris il fe propofait
T) T. XIII, p. 440.
:) „Amplissimae lentes", expression qui ne désigne sans doute pas seulement des lentilles de dia-
mètres assez considérables, mais surtout des lentilles de grandes distances focales: comparez au
début des „Mémoires" (p. 254 qui suit) l'expression „schotels van grootte lenghde", c. à.d.
écuelles ou formes de grande longueur, où longueur désigne la distance focale.
5) Interrompu par des séjours en Hollande de 1670 — 1671 et 1676 — 1678.
4) On peut consulter dans nos T. XIII et XV un grand nombre de passages où il est question des
„Ientilles et lunettes fabriquées par les frères Huygens"; le lecteur, comme cela se conçoit, y
est souvent renvoyé à la Correspondance.
240 AVERTISSEMENT.
d'abord de travailler lui-même a cette fabrication : voyez la note 1 de la p. 262 du T.
XIX où il eft queftion des „Campanini" 5), dont il eft fi fouvent traité dans la Cor-
refpondance des années 1666 — 1672 6). Ce qui l'empêchait (ùrtout de donner fuite
à fon projet, c'était la mauvaife qualité du verre dont il difpofait, celui de la verrerie
du faubourg St. Antoine •"). Oldenburg, en 1 669, lui promet du verre anglais de
Lambeth „fans veines, meilleure que celle de Venife [?] et fort propre pour les téles-
copes", mais nous ne voyons pas qu'il l'ait reçu 8). D'autre part il y avait à Paris des
gens du métier dont quelques-uns pouvaient fort bien être chargés de fabriquer des
formes et des lentilles à grande diftance focale, la qualité du verre dont nous avons
parlé rendant toutefois impoflible la concurrence avec les meilleures lentilles italien-
nes. Ce furent e.a. Menard et fon fils — Iluygens connaîtrait Menard depuis
1663 9) — qui travaillèrent pour lui ou plutôt pour l'Académie des Sciences IO). En
novembre 1668 Iluygens écrit: „I1 y a un de nos commis de l'AfTcmblee qui travaille
alfez bien a faire des grands objectifs" JI) et le 5 janvier fuivant „nous avons icy des
gens qui commencent a bien travailler" I2). En juin 1669 il fait „travailler depuis
quelques femaines" à un „verre de 60 pieds" I3). Les „maiil:res lunettiers . . . ont
chacun leur manières et méthodes qu'ils ne veulent pas que d'autres feachent" I4).
Il n'en était cependant pas tout à fait ainfi du maître ou „ouurier" Lebas mentionné
5) Le passage cité dans cette note ne date-t-il pas de la fin de 1666? La remarque „beaufrère et
soeur mal" semble correspondre à la lettre de Huygens du 5 novembre 1666, T. VI, p. 83 et la
„loupe" est peut-être celle mentionnée à la p. 81 du même Tome.
(5) Chr. I luygens envoie des Campanines de Paris, Constantyn en fabrique à la Haye. En octobre
1671 (T. VII, p. 106) Chr. Iluygens reçoit de la Haye un tour et des outils (voyez aussi sur
ce sujet les p. 216, 219, 222 du T. VI, datant de 1668). Il continuait de s'appliquer à la micros-
copie; voyez p.e., pour ne citer qu'un seul passage, la note 1 de la p. 439 du T. XIX. Sur les
Campanines on peut consulter p.e. la p. XC du T. XIII.
"") Voyez les p. 148, 151, 155, 158 (nous ne connaissons pas le Mémoire de Huygens pour la ver-
rerie), 170, 206, 207, 300, 460, 480, 497 du T. VI, datant de 1667 — 1669.
8) T. VI, p. 533, T, VII, p. 3.
9) T. IV, p. 289.
IO) T. VI, p. 87, datant de 1^66. En février 1669 (T. VI, p. 377) nous apprenons que Menard est
mort de sorte qu'il n'y a plus „de fort bons maistres" à Paris; mais le fils Menard continue le
travail.
") T. VI, p. 300.
'*) T. VI, p. 334.
I3) T. VI, p. 460. Il ajoute que le „polimcnt" gâte souvent la figure des lentilles.
"») T. VI, p. 170, janvier 1668.
AVERTISSEMENT. 24 1
pour la première fois en janvier 1672 '5) et dont Huygens dit qu'il „a promis que je
le verrais travailler". Les p. 31 1 et 316 — 319 du T. VI, datant de juin 1673, con-
tiennent en effet des renfeignements détaillés fur la méthode de Lebas, fur lcfquels
nous reviendrons. Néanmoins, Lebas n'avait pas communiqué à Huygens „tout lbn
l'ecrct" ,<5) et la veuve qui lui luccéda tenait, elle aufîi, „fort fccrette" leur méthode
„pour le partait poli du verre" '•").
Évidemment Huygens connaiflait auffi les lentilles de J. A. Borelli, mais il ne con-
naiflait apparemment pas fa méthode d'opérer lS).
Revenu en Hollande en août 1 68 1 , Huygens put profiter de ce qu'il avait vu et
entendu a Paris en même temps que de l'expérience que fon frère Conitantyn avait
acquife entretemps à la Haye: Conftantyn avait profité du travail de quelques arti-
fans. Les lettres que Conftantyn lui adreffa pendant fon féjour à Paris ne nous font
15) T. VI, p. 133. En août 1675 (T. VI, p. 485) Huygens fait mention de deux lunettes construi-
tes par Lebas et se trouvant à l'Observatoire, comme celles de Campani et de Divini. 11 y parle
aulli de Borelli. On peut comparer la note 22 de la p. 194 qui précède qui toutefois se rapporte
à 1684; on y trouvera aufll le nom de Hartsceker qui en séjournant à Paris en 1678 — 1679
s'était occupé de microscopie mais pas encore de la taille de lentilles pour des lunettes à longue
vue; comparez la note 1 de la p. 58 du T. VIII.
I4)T. VI, p. 480, juillet 1675.
,:) T. VIII, p. 241, novembre 1679.
I8) À la p. III du Manuscrit I Huygens écrit: Offre de Borelli des verres de Telefcopes.
Tranfact Philos. Nr. 1 28. Sept. 1676. Ou il dit d'avoir communiqué fon Inven-
tion a un de l'Académie Royale. Le prix qu'il met a fon verre. 1 500 liv. les grands
de 50, 60, 65 pieds, les moindres de 6 jufqu'a 1 2 pieds, pour un escu le pied,
de 12a 18 pour \ piftole le pied, de 1 8 à 26 pour 1 piftole le pied. N°. 140 des
mêmes Transactions. Jul. 1678.
On trouve en effet à l'endroit indiqué des Philosophical Transactions de i676,auxp.69i —
692, un article intitulé „An intimation given in tbe Journal des Sçavans, of a sure and easie
uay to make ail sorts of great Telescopic Classes, together with a générons offer of furnisliing
industrious astronomers with them". L'article se termine comme suit : „Since Monsieur Borelli
hath found this way of working Classes, lie entrusted the secret of it to a person of the Acade-
my above-mentioned [l'Académie des Sciences à Paris dont Borelli était membre]; and hepur-
poseth to publish the same hereafter, with some other considérable Observations touching the
same Classes".
Dans les Philos. Trans. de 1678, à l'endroit indiqué, p. 1005 — 1006, se trouve un „lixtract
of a Letter written by Signior Borelli, about the price of his Télescopes: Communicated to
[leçon alternative: by] Sir Jonas Moore [leçon alternative: Moor]".
3'
242 AVERTISSEMENT.
pas parvenues Iy) mais les réponles de Huygens, où le trouvent les noms dccesarti-
làns, l'ont confervées =°).
Les Mémoires fur la Taille des Lentilles pour Lunettes a longue vue, écrits en
néerlandais, paraiflcnt maintenant pour la première fois dans cette langue (ainli que
dans une traduction françaife). Jufqu'à prélent ils n'ont encore vu le jour que dans
les „Opufcula polhima" de 1703 dans la traduction latine de H. Boerhaave; dans les
Tomes précédents nous les avons donc plulieurs fois cités fous le nom „Commcntarii
de fbrmandis poliendifque vitris ad Telefcopia" 2I). Il n'y a évidemment aucune rai-
fon pour réimprimer cette traduction latine dans les „Oeuvres Complètes". Dans les
notes nous fignalons quelques petites erreurs de Boerhaave. Une d'elles eft allez im-
portante pour que nous en fafïîons mention ici: il confond parfois, fans doute par
inadvertance, la diftance focale des lentilles foit avec leur diamètre, foit avec le rayon
de courbure de leurs furfaces. „Glafen van 36 voet" 22) p.e. (lentilles de 36 pieds)
ne font pas des „vitra quorum diameter triginta fex pedum" 23), mais des lentilles a dis-
tance focale de 36 pieds. Ailleurs — nous ne citons que ce feul endroit — il traduit
„fcer langhe glafen van 1 20 voet of meer" H) (très longues lentilles, favoir de 1 20
pieds et davantage) par „ vitris majoris Spha^ra.1 v.c. 1 20 aut plurium pedum" -5), ce
Iy) Nous avons dit plusieurs fois (e.a. dans la note 3 de la p. - du T. XVIII et dans la note 22 de
la p. 161 du T. XX) que les lettres du père Constantyn — et il en est de même pour celles du
frère Lodewijk — font également défaut ainsi que, ce qui est bien regrettable, celles que
Huygens adressa de Paris à son père.
2°) On y trouve les noms des maîtres suivants : Cornelis Langendelf (T. VI, p. 205, T. VIII, p. 4 13,
415) que Huygens désigne une fois par l'expression „votre Menard" (T. VI, p. 152), Dirck
(prénom?), lunetier de PAchtcrom — une rue de la Haye — (T. VIII, p. 390,41 1), peut-être
identique avec le„schoorsteenveger" (ramoneur), dont il est question aux p. 341, 362, 385
du T. VIII (à moins que cette dernière expression ne désigne un italien). IVlusschenbroek et
Hartsoeker (T. VIII, p. 64), ainsi qu'Oosterwijk (T. VIII, p. 89, voyez sur lui le T. XVIII)
ne sont mention nés en 1678 qu'à propos des microscopes. Apparemment Constantyn mentionna
aussi Spinoza plusieurs fois dans ses lettres, comme les réponses le font voir.
2I) Nous avons toutefois cité aussi le titre néerlandais à la p. 250 du T. XVII.
) P- 255 Mi'" suit.
IJ) Opuscula postuma, p. 268, 1. 1 1 d'en bas.
24) P. 250 qui suit.
AVERTISSEMENT. 243
qui femble indiquer qu'il entend parler de lentilles biconvexes, dont les rayons de
courbure des deux furfàces auraient été de 1 20 pieds (ou davantage), tandis qu'en
réalité il eft queition de lentilles à diftance focale de 1 20 pieds, ce qui n'eft pas tout-
à-fait la même choie 2<î).
La raifon pour laquelle Huygens écrivit en néerlandais eft-elle la même que celle
pour laquelle la Brève Inftruction au fujet de l'emploi des horloges pour trouver les
Longitudes orientales et occidentales (T. XVII) fut compofée par lui dans cette
langue? Voulait-il en premier lieu être entendu par les gens du métier néerlandais?
Dans ce cas il aurait dû publier les „Memorien,\ Il femble que, quelle que fût la fa-
cilité avec laquelle il écrivait le latin et le français, la véritable caufe eft qu'il ne vou-
lait pas cette fois le donner la peine d'écrire dans une langue étrangère. De plus, il
correfpondait fans doute en français avec fon frère Conftantyn de même qu'avec les
autres membres de fa famille; mais en taillant leurs lentilles conjointement les frères
causaient évidemment en néerlandais î7) et les expreflîons techniques néerlandaifes
leur étaient donc les plus familières; c'elt ce qu'on voit par le fait que les p.
293 — 300 du T. XVII font écrites en néerlandais et que dans fes lettres Huygens fe
fert parfois, à propos de la taille des lentilles, de quelques mots appartenant h la même
langue l8).
Le 19 avril 1685 :9) Conllantyn écrit que fon frère a fans doute commencé à rédi-
ger les Mémoires, ce que Chriftiaan confirme dans fa réponfe du 23 avril 3°). En août
de la même année nous voyons Conftantyn en train de les copier 3I). Il eft donc clair
IS) Op. post. p. 270, 1. 13 d'en bas.
z6) L'indice de réfraction du verre n'étant pas toujours précisément 1,5: comparez la note 3 de
la p. 252 qui suit. D'ailleurs les deux surfaces d'une lentille „de 1 20 pieds" peuvent aussi avoir
des rayons de courbure inégaux : voyez la note 1 de la p. 294 qui suit sur une lentille biconvexe
de 1 24 pieds dont les deux surfaces avaient apparemment des rayons de courbure de 204 et de
85 pieds respectivement. Il est vrai qu'en général les lentilles biconvexes de Huygens étaient
sans doute de forme symétrique, comme les lentilles conservées le font voir.
2") Ou plutôt en flamand, comme ils disaient eux-mêmes.
:R) P.e. dans la lettre du 4 avril 1682 à Constantyn (T. VIII, p. 346) „le Schuerschijf met de
blockies" (traduit dans la note 1 de cette page par „le plateau à roder carrelé"; il s'agit, pensons-
nous, du disque à roder muni de petites pierres bleues). Constantyn dans une de ses lettres de
1684 (T. VIII, p. 527) désigne la chambre du tour ou plus généralement le lieu où les frères
fabriquaient leurs lentilles par le mot „Draeycamer".
*») T. IX, p. 590.
*°) T. IX, p. 6.
")T.IX,b.59i.
244 AVERTISSEMENT.
qu'ils furent achevés en 1685. Mais nous remarquons dans le Manufcrk que certaines
additions y ont été faites par après, p.e. le paffage qui fe rapporte au verre de Bois-le
Duc32) fur lequel on peut confultcr au(Ti l'Appendice IV datant du 5 février 1686.
Nous imprimons ces paffages en italiques.
Dans le T. XVII nous avons publié les Pièces datant d'avant 1666 fur la Taille des
Lentilles pour Microfcopes et Lunettes à longue vue 33); dans les Mémoires de 1685
il s'agit exclufivement de ce dernier genre de lentilles, plus précifément de la taille
des obje&ifs, ainfi que, en premier lieu, de la fabrication et de l'achèvement des for-
mes 34).
Petites remarques fur la traduction françaife. Nous écrivons indifféremment,, forme"
ou „écuclle" quoique Huygens, en français, dife toujours „forme" (à moins qu'il ne
dife „platine", p.e. à la p. 1 48 du T. VI). Le mot néerlandais „mal" qui fe trouve
déjà dans la première ligne des Memorien, a été traduit par nous par „platine", con-
formément à la terminologie de l'Appendice III qui fuit 35). Quant au verbe „flijpen",
nous Pavons rendu diverfement dans le préfent Tome, de même que dans le T.
XVII 3<s), félon que le fens femblait l'exiger 37). Ecrivant en français, Huygens em-
ploie fouvent, outre le mot „polir", le mot „doucir", mais non pas, comme nous le
faifons tant ici qu'au T. XVII, le verbe „roder": il parle de „former" la lentille (ou
plutôt „le verre") avant que de procéder au douciffage. Nous traduifons „beytel" 38)
par „cifeau" quoique Huygens (p.e. dans l'Appendice III qui fuit) écrive „outil
d'acier". Le „looper" 3y) — en latin „capulus" ou „capula" 4°) — auquel nous avons
laide dans le T. XVII fon nom néerlandais 4I) a été défigné ici par l'expreffion „mo-
lettc", forme moderne de „mollette" qu'on trouve e.a. à la p. 432 du T. VIII 42).
32) P. 263 qui suit.
33)T. XVII, p. 287— 304.
34) Schotelen ofte formen.
35) Dernier alinéa.
3<)T. XVII, p. 293, note 6.
") De même le verbe „opslijpen".
38) P. 257 qui suit.
35>) P. 267 qui suit.
4°) Chez Boerhaave „manubrium", mot qui d'ailleurs dans sa traduction a plusieurs sens.
41) T. XVII, p. 252 et ailleurs.
42) D'ailleurs à la p. 317 du T. VII et ailleurs Huygens écrit „mo!ette".
AVERTISSEMENT. 245
Dans L'Appendice III Huygens parle de „tbrmes de leton". Nous aurions donc
pu traduire généralement „coper" par „laiton": il s'agit de cuivre jaune. Néanmoins
nous avons écrit „cuivre" puifque Huygens le (crt prefque partout de rexprellion
„formes de cuivre" (voyez p.e. l'Appendice II qui fuit). Qu'il s'agit bien de
cuivre jaune, cela reflbrt des p. 1 06 et 112 du T. IX où le frère Constantyn parle de
certaines formes de cuivre rouge difant: „je croy qu'a cela il n'y auroit point de mal",
tandis que Chriitiaan répond que le cuivre rouge cfl: „plus mol, et par confequent
moins propre a bien doucir les verres" comme l'expérience le lui a appris.
Dans l'Avertiflement des p. 248 — 258 du T. XVII nous avons donné un aperçu
des méthodes des frères Huygens d'avant 1666. Nous y avons dit e.a. que ce ne fut
pas avant 1665 qu'ils ("occupèrent de la fabrication des formes au tour43); les détails
fur cette fabrication nous manquent. Mais on peut y voir comment avant ce temps
Msachevaientlzs formes, e.a. d'après les confeils de van Gutfchoven. Il f agiiïait alors,
du moins dans le cas des formes de Caspar Calthoff 44) habitant alors Dordrecht, de
formes de fer forgées; mais celles-ci fachevaient e.a. au tour. Pour le rodage et
douciïïage des lentilles 45) Huygens se servait de sable 4<5) (comparez le troifième alinéa
de la p. 249) ; de tripoli pour le polissage qui fe faifait fur du papier collé dans la forme
avec de l'amidon47). Il fallait polir à la main: différents appareils ne fatiffaisaient pas48).
Quant à la nouvelle méthode de 1 666 — antérieure au départ pour Paris — pour
tailler et polir des objectifs de 8 ou 1 o pouces de diamètre49), dont Huygens ne donne
43) T. XVII, p. 248, note 2.
44) Non pas Kalthoven, comme nous l'avons écrit à la p. 254 du dit Tome. Ce maître est appelé
Caspar KaltofFpar le Marquis de Worcester dans son „Century of Inventions" de 1663. Nous
avons en effet fait voir dans notre article, mentionné aux p. 542 et 550 du dit Tome, que
Partisan néerlandais Calthoff(qui d'ailleurs retourna en Angleterre aprèsson séjour à Dordrecht)
est identique avec ce KaltofF-là.
45)La p. 153 du T. VI, datant d'octobre 1667, nous apprend que déjà avant 1666 à la Haye Huygens
faisait „une vis au derrière de la forme pour l'attacher sur le tour". Ici il n'est pas question de
l'achèvement de la forme, mais de l'emploi de cette dernière pour le fabricage des lentilles.
*") T. XVII, p. 293, 299.
4") T. XVII, p. 253,296.
48) Fig. 24 — 29 des p. 301 — 304 du T. XVII. Voyez à la p. 304 la remarque „nihil boni prœstat".
«) T. VI, p. 23.
246 AVERTISSEMENT.
pas de détails 5°), il en parle encore dans une lettre de 1 66~ 5I) fans qu'on puiffe voir
en quoi elle confifte. Il eft parlé dans cette lettre de polir ,,sur le plomb"5*), mais
comme I ïuygens dit avoir apporté de Hollande une grande lentille — il elt queilion
dans une lettre de septembre de verres de 8 pouces ou plus de diamètre, la fabrication
dcfquels eil ou ferait „quelquc ebofe d'extraordinaire" — fort bien doucie, la nouvelle
méthode (dont plus tard nous n'apprenons plus rien) n'était apparemment pas une
méthode pour polir. Confiftait-elle — voyez la note 45 qui précède — dans le rodage
et doucissement des lentilles dans des formes tournantes*?)"*.
Comme nous l'avons dit plus haut, Huygens ne travailla guère lui-même a Paris,
mais il importe d'examiner en quoi les méthodes des Memorien de 1685 se rattachent
a des procédés d'autrui, procédés nouveaux, ou du moins inconnus aux deux frères
avant 1666, et qui font certainement en partie des procédés parifiens. Cet examen
ne (aurait être que fuperficiel, mais il nous femble être de notre devoir d'hiftorien
de ne pas nous y dérober.
Préparation des platines devant servir e.a. à achever les formes d'après le procédé
de la Fig. 78. Deux platines fervent à cet effet, l'une convexe, l'autre creuse'4) ou
concave. Il f'agit bien entendu de plaques, ou plutôt de règles, de cuivre bordées au
moins d'un côté, l'une et l'autre, par des arcs d'une circonférence de cercle, ou plutôt
par des furfaces cylindriques. D'après la p. 254 qui fuit les deux platines font
frottées l'une fur l'autre avec de l'émeri pour donner aux deux furfaces en queftion
la forme cylindrique exacte. Ceci nous femble provenir de Lcbas de Paris, puifque
Huygens écrit en juin 1 673 a propos de ce maître55): „I1 fait premièrement la règle
de fer de près d'un pouce en quarrè, et me fine une féconde règle creufe pour
perfectionner l'autre en les frottant l'une contre l'autre avec de la poudre d'emeril.
Pour tourner la forme, il fe fert etc.".
5°) T. XVII, p. 258.
SI) T. VI, p. 163 datant de décembre 1667.
sa) Voyez aussi sur le polissage sur du plomb la p. 205 du T. VI.
53) Ceci n'était peut-être pas chose fort commune: en juillet 1675 (T. VII, p. 4H0) Huygens écrit
à propos de Lebas apparemment comme un fait digne d'être mentionné: 11 fait tourner la
forme dans la quelle il achevé ses occulaires.
5')) C'est le mot généralement employé par Huygens.
iS) T. VII, p. 31 1. Il est vrai que Lebas se sert de „fer" et Huygens de «cuivre".
AVERTISSEMENT. 247
Diamètre des formes. Memorien (p. 254 qui fuit}: „Le diamètre des formes doit
être inférieur de peu au triple du diamètre de la lentille qu'on veut tailler". Ceci ne
provient-il pas également de Lebas? Huygens écrit56): „En poli liant [le verre]
commence a reluire par tout également, et c'eft un des avantages des grandes formes,
a ce que dit l'ouvrier, car dans les petites toul jours les bords demeurent un peu moins
polis". Van Gutfchoven en 1653 n'avait recommandé les formes grandes par rapport
aux lentilles que dans le cas où ces dernières font petites5").
Formes de cuivre jaune (Memorien, p. 256). Comme nous l'avons dit plus haut
les frères, avant 1666, travaillèrent d'abord dans des formes de fer; à partir de 1658
il eft aufli queftion de formes de ^metari", c.à.d. de cuivre jaune58), dont d'autres fe
fervaient'également58). En 1667 Huygens lemble préférer le fer5y). Eft-ce donc ici
le fentiment de Conftantyn travaillant à la Haye qui a prévalu? (Il cil: vray qu'en
1 686, Appendice IV qui fuit, il eft de nouveau queftion d'une forme de fer.) Ou bien
eft-ce, ici auili, furtout l'influence de Lebas qui „fait ses formes de cuivre, bien grandes,
jufques a contenir deux fois et demi le diamètre du verre"60)?
Achèvement de la forme au tour. La Fig. 78 de la p. 257 qui fuit qui fe rapporte
à cet achèvement reflemble exactement à la Fig. 86 de l'Appendice III datant de
1 682 (il y eft queftion d'une forme de laiton). En 1 682 Huygens était de retour à la
Haye. Il femble donc f agir ici d'une méthode dont on fefervaitdansccttcdernière ville.
Méthode pour empêcher la déformation de la forme par la prefjîon. On voit que
le paflage de la p. 259 qui fe rapporte à ce fujet eft imprimé en italiques: c'eft donc
un paflage ajouté après coup. Il eft vrai que déjà en 1673 Huygens écrivait61), après
avoir vu que Lebas mettait fous la forme, pour l'empêcher de plier elle-même,
„quelques ronds de carton qui obéi (lent tant foit peu quand on travaille le verre":
„Peut-eftre ne feroit-il pas mauvais d'y mettre par derrière une groftè croufte de
5rt) T, VII, p. 3 18, juin 1673.
57) T. I, premier alinéa de la p. 223.
58) T. XVII, p. 255.
v-0 T. VI, p. 153, datant d'oiftobre 166-. Il écrit à son frère Constantyn : „lJour la convexité de
\ostre lentille il est vray qu'elle e>t tant soit peu moindre que de celles que j'ay faites dans la
forme de fer, ce qu'il faut attribuer au changement qui est arrivé à celle de cuivre qui s'est
usée par le travail".
6o)T. XV 11, P. 311.
'■ T. VII, p. 31 H.
048 AVERTISSEMENT.
plaftre pour la fortifier". Mais ce n'eft qu'en avril 168262) qu'il écrit: ,Je cafle . . .
pour jamais les 3 pieds fous la forme [il efl queftion de ces pieds à l'endroit des
Memorien qui précède immédiatement le paflage ajouté], parce que je vois que lors
qu'on preflédcflus pour polir, elle plie entre chaque deux pieds, et que cela empefche
que le milieu du verre ne puifle toucher. J'ay pol'è maintenant la forme fur un cercle
de terre à potier etc."
Ceci porte à croire (car comment Huygens aurait-il pu mentionner les 3 pieds
dans ses Memorien après les avoir cafles pour jamais?) que l'œuvre était déjà écrite,
au moins en partie, en avril 1682 et que la rédaction de 1685, dont il était queition
à la p. 243, confirta à l'écrire au net et à lui donner la forme définitive.
Achèvement ultérieure de la forme en la frottant avec une pierre munie de
morceaux (Témeri et prêtée par un bâton, pouvant lui-même être preffé par un rejjbrt.
Ce paflage de la p. 261 a été lui aufli ajouté après coup. La méthode du bâton qui
prefle n'était pas inconnue aux frères Huygens travaillant en 1658 ou 166063).
D'autres la connaiflaient avant eux: voyez le paflage du Journal de Beeckman que
nous avons cité dans la note 3 de la p. 297 du T. XVII. Mais en ces endroits il ne
s'agïflait pas du perfectionnement de la forme; ce que le bâton preflait, c'était —
comparez la p. 269 qui fuit — la lentille décrivant fa route fur la forme tout achevée.
Nous ignorons fi le bâton à reflbrt avait été antérieurement employé pour l'opération
dont il f'agit ici.
Du choix du verre. C'eft dans cette partie (p. 263) qu'a été intercalé, comme
nous l'avons déjà dit, le paflage fur le verre de Bois-le-duc. Vers la fin de juin 1685
Confiant yn parle de la pofllbilité d'avoir du verre de cette verrerie, à commencer par
un échantillon 64). Cet échantillon fut apparemment obtenu en ou avant le commen-
cement de février 1686 <5s) et à la fin d'avril les frères en reçurent une bonne quan-
tité <S6). Comme Huygens ne mentionne que ce verre-ci et le verre vénétien (car
c'eit de Venife que venaient les glaces; comparez la p. 256 du T. XVII) nous ne
croyons pas devoir citer tous les partages des lettres où il eft queflion d'autre verre.
«) T. VIII, P. 346.
rt3) T. XVII, p. 297 — 300. Voyez-y les Fig. 21 et 22.
«4) T. IX, p.! 5.
65) Appendice IV qui suit.
66y\\ IX, p. 76.
AVERTISSEMENT. 249
Nous nous contentons de mentionner le verre anglais ,,pour les grands objectifs"
dont il eft parlé en 1682 6~) et qui eft dit être „bon" et avoir „fbrt peu de points",
mais „d'une couleur fort fombre et noiraftre" 68).
Mefure de fépaijjeur du -verre. À la p. 267 Muygens dit qu'on mefure mieux
cette épaifieur avec des poucettes qu'avec un compas crochu. Cette remarque a-t-elle
quelque rapport avec l'obfervation de Conltantyn d'avril 1685 Ô9) que les „petites
fonnes pour les oculaires nous trompent a chaque fois" puisqu'il paraît douteux fi fon
frère a „une méthode feure de mefurer avec le compas la longueur de leur foyer"?
Doucijfage avec de fémeri. Cette méthode de doucir femble être empruntée à
Lebas, puifque Huygens écrit en 1673"0), en foulignant ces mots: ,,11 doucit [le
verre] avec de la poudre d'emeril très fine". En 1669 Muygens doucifiait encore
avec du fable (Appendice II qui fuit).
Au reste les frères ont taché de trouver eux-mêmes la meilleure méthode, témoin
le pafiage intercalé de la p. 273 et les paroles de Conftantyn dans fa lettre du 1 août
1685"1): ,Je laifferay ouvert [en copiant les Memorien] l'endroit ou il faut parler
du changement de l'emeril jufques a ce que nous nous foyons encore mieux déter-
minés par l'expérience etc."
Polijfage. Le poliffage fur papier dont nous avons parlé plus haut (p. 245) n'eft
plus recommandé dans les Mémoires, ni généralement le polifiage fur quelque chofe
de mol. Sur ce point Huygens fe montre en 1 685 d'accord avec Lebas 71). Mais il ne
compofe pas comme lui ■") le fond fur lequel la lentille à polir décrira fes va-et-vient.
Nouvelles machines de Huygens pour le poli j] âge. Il eft déjà quellion d'une ma-
chine de ce genre en août 1683 r+) où l'on voit que les frères avaient délibéré fur fa
«0 T. VIII, P. 385 et 390.
68) On pouvait d'ailleurs se procurer aussi à Londres du verre „parfaitement blanc et presque
sans points", mais c'était une espèce de verre italien puisque la verrerie avait un directeur de
cette nationalité (T. IX, p. 121, 1 687).
«'0 T. IX, p. 8.
7°) T. VII, p. 311.
-')T.IX,p.59i.
72) T. VII, p. 31 1 (juin 1663): „Apres que [le verre] est douci, c'est maintenant le grand secret
de luy donner le poli dans la mesme forme, sans y coller rien, car il est certain [d'après Lebas]
que le papier ou quelqu'autre chose que ce soit de mol, gaste les verres quand il faut polir
longtemps".
73) Même endroit.
74) T. VIII, p. 430.
250 AVERTISSEMENT.
conftruction; le premier deffin de Conftantyn de ce temps fait défaut, mais on en
trouve un deuxième à la p. 432 du T. VIII ainfi qu'un de Chriitiaan du même mois
(T. VIII, p. 434) et un de feptembre 1685 (T. IX, p. 26). Conftantyn voyait une
difficulté notable dans le premier projet „qui e(t que la pointe de fer attachée au le-
vier et qui prefle le verre [voyez cette pointe dans la Fig. 8 1 ] demeurerait tous-
jours perpendiculaire fans la pouvoir faire pancher tantoft d'un cofté, tantoft de l'autre
comme nous [en polifïant à la main] faifions pour empefcher le tremblement" 75).
Bientôt r<s) il reconnaît que Chriitiaan a „evité ou furmonté la difficulté". C'eft ce
qu'on peut lire à la p. 285 qui fuit en coniidérant ce que Huygens y dit fur la main
artificielle M de la Fig. 84.
Un deflin de 1692 d'une autre forme de la machine a déjà été publié par nous à la
p. 8 1 6 du T. XIII. Nous ajoutons aux Memorien la traduction françaife du texte latin
corrcfpondant imprimé dans le T. XIII.
■5) T. VIII, P. 431.
7<5) T. VIII, p. 430, également août 1683.
MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES
POUR LUNETTES À LONGUE VUE
[1685]
MEMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR
LUNETTES À LONGUE VUE.
[1685]
DE LA FABRICATION DES ECUELLES OU FORAI ES.
Il faut d'abord faire une platine ') en cuivre 2) dont la rigidité doit être propor-
tionnée à la grandeur de l'écuelle. À cet effet on trace une partie de la circonférence
de cercle délirée fur une plaque de cuivre, ce qui fe fait au moyen d'un bâton pourvu
d'une pointe de fer vers le bout et ayant une longueur égale à la longueur [ou diftance
focale] délirée de la lentille fuppofée biconvexe 3). Ou bien, lorfqu'il s'agit de fabri-
quer des écuclles de grande longueur 4), on fe fert du calcul fuivant. Suppofez que la
droite ae [Fig. jô'] touche l'arc ab, partie de la circonférence de cercle correfpondant
à l'écuclle ou forme et poffedant par exemple un rayon de 36 pieds, autrement dit un
diamètre de 72 pieds. Prenez des parties égales ae, ee d'un pouce chacune, jufqu'au
delà de la demi-largeur de la forme; comme 72 pieds font à 1 pouce, ainfi foit ceder-
') La platine dite convexe — „bolle mal" par opposition à la platine concave ou „holle mal"
dont il sera question plus loin — qui consiste en une plaque ou plutôt une règle de cuivre,
plane de deux côtés, de la figure ggbacg, limitée d'un côté par la circonférence de cercle bac
[Fig. 79] doit servir (voir l'alinéa suivant) à fabriquer, à l'aide du tour, une écuelle ou forme
de bois, laquelle servira de modèle pour la fonte de la forme ou écuelle de métal dans laquelle
s'opérera le rodage, et aussi le polissage, des lentilles. Voyez la note 6 sur l'achèvement de la
figure de l'écuelle au tour.
2) Au lieu de „cuivre" nous aurions aussi pu écrire „laiton". On peut voir à la p. 292 qu'en 1669
Huygens parle d'une „lbrme de cuivre" (ce n'est pas, soit dit en passant, de la „platine" qu'il
s'agit ici, mais d'une écuelle ou forme), tandis qu'en 1682 (Appendice III qui suit) il se sert
de l'expression „forme de leton". C'est bien toujours de laiton ou cuivre jaune qu'il s'agit:
comparez la p. 245 de l'Avertissement.
3) En effet, lorsque les deux surfaces de la lentille biconvexe ont le même rayon de courbure, ce
qui est évidemment le sens du texte, et que l'indice de réfraction du verre est 1,5, la distance
focale est égale au rayon de courbure (voir les p. 13 et 89 du T. XIII). Boerhaave dans sa tra-
duction latine admet à tort que les mots „aen weder sijden geslepen" s'appliquent au bâton;
il traduit: „utrinque fascia lœvigatus".
4) C. à. d. servant au rodage et polissage de lentilles à grande distance focale, et possédant par
conséquent elle-aussi un grand rayon de courbure.
MEMORIEN AENGAENDE I IET SLIJPEN VAN GLASEN
TOT VERREKIJCKERS.
[168.5]
VAN 't maecken der schotelen ofte formen.
[Fig. 76]
INIen moct voor ecrft cen mal maecken van Coper 2), ftijf genoegh naer de grootte
vandeichotel,treckendchetgcdecltevandenciixeldiemenbegeertopeenCopercplaet,
door middcl van een ftock vande gerequireerde lenghde daer van men het glas begeert
(zijnde aen weder fijden geflepen 3) endeeen
ijferepennetieop'teijnde.01tewel,omfcho-
tels te maecken van grootte lenghde 4), door
uijtreeckeningh aldus. . . neemt dat de rechte
linie^/t3 [Fig. 76] is een tangensaendenboogh
ah, gedeelte van des fchotels circel, bij
exempel van 36 voet radius of 72 voet
J 4 1 J J diameter. Stelt de gelijcke deelen ac\ ee ieder
van een duym, tôt wat verder als de halve
breedte der fchotel en gelijck 72 voet tôt 1 duym, foo zij defe tôt een anderc klcijner
254 MEMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
nier à une autre ligne plus petite, favoir la première ligne ef à partir de a. Le qua-
druple de cette première ligne conftitue la ligne e/fuivante; la troiiième ^/vaut 9
fois la première, la quatrième 16 fois et ainfi de fuite drivant les nombres carrés.
Retranchant enfuite des lignes eg, fuppofées longues d'un pouce, les nombres qui
expriment la longueur des 5) lignes nommées ef, lefquelles font trop petites pour être
prifes entre les pointes d'un compas, on a les parties fg; après les avoir portées au
moyen d'une règle divifée fur les lignes gg, on tracera par les points jf l'arc aff, et
l'on fera la même chofe de l'autre côté de la ligne ad. Cette platine ayant été limée
de manière à lui donner la forme de la circonférence tracée, il faut enfuite tracer et
limer à fon image une autre platine concave et les frotter l'une fur l'autre avec de
l'émcri jufqu'à ce qu'elles s'emboîtent exactement l'une dans l'autre; à cet effet l'une
des deux platines doit être clouée fur une planche.
Pour pouvoir fondre les formes il faut fabriquer au tour une forme de bois d'après
la platine prénommée, du moins lorfqu'il s'agit de fondre une forme de cuivre afTez
concave. Car pour fabriquer des écuelles de 20 ou 30 pieds ou davantage, il fuffit de
faire couper d'une planche plane un cercle de la grandeur et de l'épahTeur défirées.
Cependant même dans ce cas on aura befoin des platines pour achever au tour les
formes fondues, comme il fera dit plus loin 5) 6).
Les formes ne peuvent guère être d'un cuivre trop épais. Nous avons conftaté
qu'une forme d'un demi-pouce d'épaifleur et d'un diamètre de 14 pouces, fervant à
fabriquer des lentilles de 36 pieds 8), avait une épaiffeur convenable, étant attachée
avec du ciment dur de poix et de cendres fur une pierre ronde de l'épahTeur d'un
pouce; ce dont nous parlerons plus loin 5) 9).
Le diamètre des formes doit être inférieur de peu au triple du diamètre de la len-
tille qu'on veut tailler IO). Nous indiquerons plus loin la mefure exaéte des diamètres.
Pour fabriquer des lentilles courtes [c. à. d. à petite diftance focale] la forme doit
avoir des dimenfions un peu plus grandes par rapport a la lentille pour permettre aux
mains pendant le poliflage un mouvement affez ample.
5) Nous imprimons en italiques dans le texte néerlandais, et généralement aussi dans la traduction
française, les parties visiblement ajoutées plus tard; la couleur de l'encre les distingue nette-
ment du texte primitif.
") Voyez sur la correction de la figure de Pécuelle (note 1) à l'aide du tour et des platines con-
vexe et concave les p. 257 et 259 qui suivent [Fig. 78 et ~9~\.
7) Le mot „hebben" fut intercalé à la place de deux mots biffés'précédant le mot „\vij"; les mots
„sterckte badde" remplacent également une leçon primitive.
8) C. à. d. des lentilles dont* la distance'Yocale est de 36 pieds. Boerhaave, nous l'avons déjà dit
dans l'Avertissement, parle à tort de „vitra quorum diameter triginta sex pedum".
y) Voir la p. 258 qui suit.
IO) Voyez cependant, à la p. 208 qui suit, la remarque finale de l'Appendice IV.
MEMORIEN AENGAENDE HET SL1JPEN VAN GLASEN TOT VERREK1JCKERS. 255
Unie, welcke is ef\ d'eerlle van a af te rekenen. defe 4 maclis voor de volgende ef en
9 mael genomen is voor de dcrde ef, en 16 mael voor de vierde en soo voorts vol-
gens de quadraet gecallen, als men nu de getallen 5) defer 5) deekjes ef, die te klcijn
lijn om met de paflcr gevat te wcrdcn, af treckt van eg, die cen duijm langh geftclt
werden, lbo heeft men de deeltjens/g, welcke op een vcrdceldt liniael genomen en
geltelt op de linie gg, foo fal men door de punten/'den boogh ^trecken en van
gelijcken doen aen d'andere fijde van ad. Defe mal fijnde afgevijlt, volgens de ge-
trocken circumferentie, foo moet naer defelve een andere holle mal getrocken en
gevijlt werden, en die beijde met ameril in malkander gefchuyrt tôt dat net in een
komen te paflen, fijnde daer toe een derfelve malien op een planck gefpijckert.
Om de fchotels te gieten moet men volgens de voors. mail een forme van hout
draeijen om de fchotel van Coper naer te gieten, indien die eenighfins wat diep hol
fal fijn. Want voor fchotels van 20, 30 of meer voeten, is het genoegh een rondt van
een vlacke planck te doen maecken vande groote en dickte die men begeert. doc h de
malien fijn nochtam noodigh tôt het draeyen der gegotene fchotels, als gefeght fal
werden 5) rt).
De fcbotels konnen niet licht te dick van Coper wefen. wij hebben 7) bevonden
dat eene van \ duijm dickte en van 14 duym diameter, dienende om glafen van 36
voet 8) te maecken, bequaeme fterckte hadde r), fijnde vall gefet op een ronde ileen
van een duijm dickte met harde cernent van pick en affe: waer van hier nae noch
gefeght fal werden s) 9).
De diameter van de fchotels behoort te wefen weijnich minder als drijmael den
diameter van het glas dat men wil flijpen IO). van welcke diameters haer maet hier
nae fal gefeght werden. In korte glafen moet de fchotel naer advenant wat grooter
wefen om de handt genoegfame bewegingh in 't flijpen te geven.
2 5 6 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
La forme ayant été fondue on fera fabriquer, afin de la pouvoir monter fur le tour,
une épaifle plaque ronde de cuivre [Fig. jj~\ d'un diamètre de 3 à 4 pouces pourvue
d'une vis s'adaptant à l'axe de cuivre du tour.
On attache cette plaque ronde avec de la foudure d^étain à la face poftérieure de
F écuelle, laquelle doit en cet endroit avoir été rendue par la lime bien plane et bien
parallèle à la circonférence de devant, pour qu étant placée fur le tour l écuelle tourne
fur elle-même ou peu s'en faut Ia).
Pour tourner maintenant les écuelles diaprés la figure requife ou cloue la platine
concave fur une planche bien plane, attachée à une tête de bois placée fur le tour
devant l'écuelle, le côté concave de la platine fe trouvant du côté qui ne regarde pas
cette dernière [Fig. 78 et 79]. Tout contre cette platine-là on fait mouvoir la platine
convexe, laquelle eft attachée avec de petits clous (dont on lime les têtes de manière
a les rendre plates, afin qu'ils ne faillifïent pas) au côté inférieur d'une planchette
dont le mouvement efl: guidé, outre par la platine convexe, par deux goupilles dont
la longueur, pour autant qu'elles font en faillie, égale Ion épaifleur. À un côté de la
même planchette, qui doit dépaffer la platine concave de manière à atteindre à peu
près l'écuelle, le cifeau I4) avec lequel on veut achever cette dernière, eft attaché
avec une vis à bois I5); on peut, fuivant les exigences de l'inftant, faire mordre le
cifeau fur l'écuelle on bien l'en tenir écarté. Le tranchant doit être placé fuivant un
diamètre de l'écuelle.
Or, pour favoir fi la platine concave eft parallèle à la furface de l'écuelle montée
fur le tour avec la queue fufdite I7), on laiffe toucher, du côté oppofé à celui où fe
trouve le tourneur, l'extrémité du cifeau à un point de cette furface, enfuite, après
avoir déplacé le cifeau avec fa planchette jufqu'au côté oppofé au précédent, où il fe
trouve a égale diftance du centre, et après avoir tourné l'écuelle de 1 8o°, on regarde
fi le cifeau touche de nouveau l'écuelle au même point. S'il en eft ainfi, c'eft bien.
Mais s'il en eft autrement, on peut y remédier en modifiant quelque peu à coups de
") I! manque un mot dans le manufcrit par fuite d'une déchirure.
12) Toute cette partie imprimée en italiques a été intercalée plus tard (comparez la note 5), mais
elle correspond quant au sens avec une partie biffée à la page précédente du manuscrit, où
Huygens a écrit en marge: „dit pag. sequ." c. à. d. ceci à la page suivante).
13) Leçon primitive (au lieu de: „nœ de liguer"): „verder".
M) Huygens écrit: ,,1'outil d'acier" (p. 293 qui suit).
1 5) Huygens écrit „vis de bois" (même endroit).
Irt) On lit dans la Fig. 78: steert (queue), schijf (disque), bril (lunette), schotcl (écuelle), vaste
mal (platine fixe), schuy vende mal (platine mobile), schroef (vis), beijtel (ciseau), planckje
bovenop de schuijvende mal (planchette attachée à la platine mobile), hooft van de draeijbanck
(tête du tour).
ir) Comparez le début de la note [6.
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS.
'■57
|Tig. 77] De fchotei gegoten fijnde [al men oui defehe op de draeybanck
t( fetten doen maecken een /krcke koperefchîjf[¥vg. 77] van 3 a
4 duym diameter met een [chroef daer aen die pa(l in de koopere
b<<.< -van de draeybanck^ defe fc/ii/ fibuàccrt mcn met tin fouduer.
achtcr tcgen de fchotei, die op die phets wel plat gevijlt moet vvcfen
en parailel met de voorste circumferentie, opdatfe redit loope op
de dracijbanck of altijdt niet [verre] ") daer van dacn '-).
Om nu de fchotels nae de liguer I3) te draeycn, fpijckert mcn de
holle mal op een cffen planck, vaftgemaeckt op een houten hooft
dat op de draeybanck voor de fchotei ltaet, de holle (ijdc van de
felve mail Uaende vande fchotei af [Fig. 78 et 79]. Tegcns defe
mail doet men de bolle mail fchuijven, lîjnde vaft gemacckt met fpij-
ckertjes (die men de hoofden vlack af vijlt om niet uyt te fteken)
tegen de onderfijde van een planckje, twelck behalven op defe laetfte
mal noch op 2 pcnnetjes fchuijft die fooveel als defe dickte uytftee-
ken. Op dit felve planckje 't welck over de holle
mal moet heen komen, tôt dicht bij de fchotei,
werdt de beijtel, daer men mededraeijen wil,met
een bout fdiroef van ter lîjden vaft gemacckt, en
naer eyfch van of aen de fchotei gebracht. de fnee
moet in den diameter van de fchotei komen.
En om te weten of de holle mal parailel leght
met de fuperficie van de fchotei die met de voors.
ftecrt op de draeybanck ftaet; fo laet men hct uijt-
terfte van de beijtel raecken aen een punt van de
felve fuperlicie naer de buytekant nae de fijde van
den dracyer, en dan den beijtel verfehoven heb-
bende met fîjn planckje tôt aen de tegenoverftaende
iijde, even veer van 't center, en draeyende de
fchotei een halve tour om, fier men of de beijtel
weder aen \ felfde punft vande fchotei raeckt. t
welck gefehiedende, is hct wel. Maer indien niet,
foo kan mcn het helpcn met het hooft een wcynigh
te verkloppen. Maer het is beft de holle mal, als
die maer aen een z.ijde is vaft gefpijckert, te exa-
33
258 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
marteau la polkion de la tête l8). Ce qui vaut le mieux c'eft d'examiner de la manière
indiquée fi la platine concave ell bien centrée alors qu'elle n'eil encore clouée que
d'un feul côté: finon, on peut mieux la centrer et achever enfuite le clouage. Il faut
en tout cas examiner la choie pendant le tournage ce qui fe fait (ans peine; car fi la
platine concave n'était pas bien centrée, l'écuelle prendait une forme pointue ,J)) au
milieu, foit en faillie foit en creux. Les trous dans les platines où paffent les clous
doivent être larges et éloignés du côté limé, afin que par l'enfoncement des clous et
la dilatation correfpondante du cuivre la figure des platines ne foit pas gâtée.
La lunette (note 1 6) ainfi que le tour doivent être forts et rigides, incapables de
vaciller, finon il en réfulterait des raies et des inégalités dans la figure de l'écuelle.
L'écuelle ayant été achevée au tour auffi bien que poffible, on la l'épare de la queue
en plaçant cette dernière fur des charbons ardents qui font fondre la foudure.
Comme cet achèvement des écuelles au tour, ainfi que la foudure et la fonte finale
de cette dernière, donnent beaucoup d'embarras, il importe de lavoir qu'on peut
obtenir des écuelles plates, ainfi que des écuelles pour de très longues lentilles, lavoir
de 1 20 pieds et davantage, fans les fabriquer au tour: après qu'elles ont été fondues,
on peut d'abord aplanir leurs furfaces fur la meule dont les tailleurs de pierres fe fer-
vent pour polir le marbre, et pour rendre enfuite l'écuelle tant foit peu concave,
autant qu'il en clt befoin, on peut fe fervir de pierres avec de l'émeri; on prendra
d'abord une pierre égale à la moitié de l'écuelle environ, et enfuite une autre pref-
qu'égale à cette dernière, et l'on mefurcra la concavité calculée avec un fil de fer fous
une règle. Pour frotter et achever ainfi les écuelles avec de l'émeri après qu'elles ont
été aplanies à l'aide de la meule ou tournées fur le tour, on commence par les attacher
avec du ciment dur de poix et de cendre au difque de pierre qui a îépaiffeur d'un
pouce et efl prefqu égal eu grandeur à la forme; à cet effet on chauffe d'abord la
forme pour quelle s* unifie plus fortement au difque. Celui-ci efl fupporté par trois
petits pieds faifant corps avec lui et dont la longueur eil comparable à la largeur d'un
brin de paille. Le difque de pierre rcfle attaché à la forme, après que celle-ci a ac-
quis la figure quelle doit avoir; ceci efl nécef] aire pour maintenir fa rigidité durant
le rodage et le polij/age: fans ce foutien l écuelle, quoique repofant fur trois pieds,
plierait par f effet de fou propre poids, ce que nous avons confia té par le fait que
lorsque nous déplacions ou étions les pieds, les lentilles y adhéraient tantôt plus tantôt
vu lins. Il ne faut donc aucunement négliger ce moyen de rendre les écuelles rigides
en les tenant fermement attachées; c'eft un point fort confidérable.
I8) Comparez la lin de la note 16.
ly) Iioerhaave dans sa traduction donne à tort, croyons-nous, un antre sens au mot „punt" disant
que l'écuelle pourrait devenir concave ou convexe „ad hoc illudve punctum".
MEMOIUEN AENGAENDE UET SEIJl'EN VAN GLASEN TOT VI.RRKKIJCKKRS.
*59
mineren op de voors. manier of die redit ttaet, konnende anders gerecht vverden en
dan voorc vait gefpijckert. iMen mœt defe proefaltemet in 'tdraeyeneensnemen, 't
welekc fonder moeijte gefchiet. Want indien de holle mail niet reeht en llondt foude
de fchotel eenighiins met ecn
[Fig. _o] punt ly) in midden holof bol
vverden. De gaten in de mal-
ien daer de fpijekertjes door-
gaen, moeten ruijm fijn, en
niet dicht aen degeflepe kant
derfelve, op dat door het in-
llaen der fpijckcrs de figuer
van de malien niet valsch en
werde door \ uijtfetten van
't kopcr.
Den bril ibo vvel als de
draeybanck moeten iterck en
itijf vvefen, fonder te konnen
dreunen, alfoo anders ilaghen en ongelyckheden in de fchotel komen.
De fchotel alfoo Ibo net als mogelijck gedraeijt lijnde, doet men de lteert daer af,
leggende die op heete koolen,die de foudure doen fmelten.
Dit draeyen der fchotelen, en vaft en los fouderen, veel moeyten hebbende, Ibo is
te weten dat men vlacke fchotels, als mede tôt feer langhe glafen van 1 ao voet of
meer kan hebben fonder die te draeijen, doende defelve, naer dat gegoten fijn, vlack
flijpen op de fteenhouwerfmolen, daer fij de marmeriteenen op flijpen. Want om de
fchotel foo weijnigh als van nooden is uyt te hollen, dat kan men met lleenen met
ameril te weegh brengen; eerrt met half foo groot ontrent als de fchotel, en daernae
met bijnae van de fchotels groote. metende de berekende diepte met een yfere fnaer
onder een liniael. Om de fchotels aldus met ameril te fchuren, nae dat op de mol en
geflepen fijn, of op de draeybanck gedraeijt, foo plackt men die eerft op de ronde
fchijf van rteen, die een duyrn âick en weinigh kleijnder als de fchotel «,met hardt
cernent van pick en as, warmende ecrfl de fchotel om te heter -cafl te houden. Aen
defe fteen fijn 3 pootjes een itroobreetnijtltekende,gelaeten,omopteftaen. Y>/è/w
fleen blijft voorts aen de fchotel vafl, nae dat defe perfect gemaeckt is, want dit is
nndigh om defelve te flijven in ""t flijpen en polijflen. Want fonder dit foo foude de
fchotel, al hocvcel op 3 pooten rufîende, door haer eyghen gewicht doorbuijgen t welck
uv/ bevonden hebben door het verfclieijde klemmen der glafen naer dat men depoten
verfette ofwegh nam. foo dat dit opplacken en ftijven der fchotels geensins moetver-
fuijmt werden, en een feer confîderabel point is.
260 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
Pour préparer les pierres a émeri dont il était queflion plus haut, l'on pile du bon
émeri et l'on choiiit en le triant des morceaux de la grandeur de petits pois.
En fui te on prend une bande de papier épais qu'on lie avec une ficelle tout autour
de l'écuelle de forte qu'il s'élève partout d'un pouce au-deffus d'elle. Il fout pofieder
un diique de pierre un peu plus petit que l'écuelle. Après avoir mêlé une quantité
fuffifante de poix avec autant de cendre qu'elle en peut contenir, on chauffe la pierre
et on y verfe, avec une cuiller, un peu de la poix préparée, laquelle on verfe en fuite
aufli fur toute l'écuelle qui doit d'abord avoir été enduite de fa von; il faut en outre y
avoir mis trois petits morceaux de bois dont la hauteur indique l'épaiffcur déiîrée de
la couche de poix. On prend alors la pierre par deux des quatre manches de bois, ou
plutôt de pierre, qu'on y a collés avec du ciment, ou bien on la tient fufpenduc à
une ficelle qui pu (Je aujji en je croifant au-dejjous de fécuelle, et on la met fur la poix
qu'on a verfée dans cette dernière; enfuite on laifTc refroidir le tout après quoi l'on
peut enlever la pierre de l'écuelle, foit directement par un mouvement gliflant foit
après avoir donné avec un marteau de bois quelques gentils coups contre le bord.
Ceci étant fait, on répand fur la poix attachée a la pierre un certain nombre des mor-
ceaux d'émeri dont nous avons parlé lefquels on y fixe, en appuyant quelque peu,
avec une petite pelle plate en fer, épaifie d'un tiers de pouce environ, qu'on a fait
légèrement rougir au feu et qu'on paffe fur toute la pierre en fe gardant toutefois de
faire fondre £ émeri trop profondément. Après cela on chauffe un peu auprès du feu
la pierre tout entière et on la met ainfi fur l'écuelle de forte que la croûte d'émeri en
acquiert la forme. Avec cette pierre, lorfqu'elle s'eft refroidie, on frotte l'écuelle à
fec jufqu'à ce que toutes les raies circulaires provenant du tournage aient difparu. £/
pour mettre en œuvre une plus grande force on attache la pierre à unlongbdton un
peu courbé, fixé en haut ou prejje de haut en bas par un rejjort; on peut confier ce
rodage à deux valets. Grâce à la grande quantité de cendre mêlé à la poix l'émeri
relie longtemps tranchant. Autrement, le ciment n'étant pas affez dur, il arrive que
par la chaleur du frottement les petits morceaux d'émeri fe déplacent quelque peu et
glifi'ent par conféquent fur l'écuelle fans y mordre. C'efr. pour cette raifon furtout
que le ciment doit être dur, qu'il doit contenir autant de cendre que poffible.
Lorfque cet émeri commence à s'émouffer, on répand un peu de poudre d'émeri
fur l'écuelle de forte que l'enfemble redevient quelque peu tranchant. Toutefois fi les
morceaux d'émeri font une fois bien durs, ils relient toujours tranchants.
Or, pour donner la dernière perfeétion à l'écuelle et furtout pour l'y maintenir
toujours par après fans qu'elle fe déforme, on prend la même pierre ronde 10) et après
en avoir ôté par fufion la poix et l'émeri, on y attache différents morceaux, longs
environ d'un pouce, de la pierre à aiguifer bleue dont fe fervent pour polir le cuivre
les horlogers et les graveurs.
3) Boerhaave traduit, apparemment par inadvertance: „tollatur de lapide".
MEMOR1EN AENGAENDE 1IKT SLIJl'l.N VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS. l6\
Ora de voorlchreven lleenen met ameril gercet te maeckcn,lboftamptmcngoede
•ameril, en fift daer uyt (hicken lbo groot als kleijne erweeen.
Voorts neemt men een reep dick papier, en bint diemeteen touwrondomdekant
van de fchotel, lbo dat een duijm brcet boven de fuperficic uijtfteeekt. Dan hecft mon
een ronde fchijf van fteen, een weynigh kleynder als de (chotel: cnhebbendcccnbc-
hoorujcke quantiteyt gefmoltcn pick met afTche gemenght lbo veel als daer in magh,
maeeke men de fteen wann en doet daer op, met een lepel, wat van defelve pick,
gietende die voorts over de ganfche (chotel, die eerft met feep gefmeert moet lijn,
en drij kleijne ftuckjes van hout daer op geleght, van foodaenighe hooghtc als men
de piek diek wil hebben. Als dan fet men de fteen (vattende die bi) twee vande vier
houte, of liever fteene, handvatten, die men daer te vooren hecft op geplackt met
cernent, ofaen een tout jeu Jutngende dût in 7 kruijs onder de [chotel doorgaef) op de
pick die op de (chotel gegoten is, en laet ailes te faemen kout werden, lbo dat men
de fteen van de fchotel kan ichuijvcn, of met een weynich te kloppen tegen de kant
met een houten hamer, los maecken. 'T welck gedaen fijnde, rtroyt men op de pick
die op de fteen vaft lit, van de voors. ameril en doet die daerop vaft iitten met een
weynigh te douwen met een plat ijfere fchoppie, outrent | duijm dick,'t welck eenigh-
lins glocijende gemaeckt is en daer men de heele lteen medeovergaet.dochlettende
dat de ameril niet al te diep in en fmelte. Daer nae warmt men de ganfche fteen een
weynigh tegen het vier, en fet die lbo op de fchotel, waer van alfoo de korft van
ameril de form krijght. Met defe fteen koudt geworden fijnde fchuyrt men de fchotel
droogh, tôt dat al de ringhen van 't draeyen daer uyt fijn, en om meerder kracht te
gebruijcken fet men op de fîeen een langhe fîoek die ivat gebogen is en boven rcafî ge-
maeckt, of van boven met een veer aen gedruckt vuerdt, en men fet i knechts hier
aen, om te fchuren. De menichte van afTche in de pick gemenght maeckt dat defe
ameril langh fcherp blijft, want anders foo gebeurt door dien het cernent niet hard
genoegh is, dat de ftuckjes ameril door de warmte van t fchuren eenighfins haer verfet-
ten, en foodanigh dat fonder de fchotel te vijlen daer over glijden. Daer om voor al
het cernent hardt moet wefen met foo veel afTche daer in als moghelijck is.
Als de ameril begint ftomp te werden, doet men een weynigh poeijer van ameril
op de fchotel, daer mede die weder eenighfins fcherper werdt, doch als 't cenmael
wel hardt is, foo blijft de ameril altijdt lmjdende.
Om nu de fchotel de laetfte perfeftie te geven, en voornementlyck om die voorts
altijdt fonder te verloopen te onderhouden, foo neemt men defelve ronde fteen :0),
en de pick en ameril daer af gcfmolten hebbende, befet men die met ftucken, outrent
een of twee duijmbreet langh, van blaeuwe flijpftcen daer mede de horloge maeckers
en plaetfmjders het koper polijstcn.
Q.62 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES A LONGUE VUE.
Ces petites pierres bleues doivent d'abord être mifes en place, avec d'aflez petits
intervalles, et légèrement attachées à l'écuelle avec de l'amidon fluide ou du favon.
En fuite il faut de nouveau lier circulairement autour de l'écuelle une bande de papier
et puis verfer entre les pierres du fable fec jufqu'à | de leur hauteur ou jufqu'à §
d'icelle ii elles ne font que d'un pouce. On agite alors l'écuelle jufqu'à ce que le fable
foit également réparti, ou bien ïon fouffle à cet effet avec unfoufflet. Il faut avoir bien
égard à ne pas mettre les pierres dans l'écuelle avec leurs filaments debout mais toutes
couchées, vu qu'autrement elles ne s'ufent pas affez en paflant fur l'écuelle. Sur elles
on verfe du ciment dur et pendant que celui-ci eft encore chaud 2I) on y pofe le dis-
que de pierre, en fuite on laifle refroidir le tout. Avec ces pierres bleues on porte
l'écuelle à la perfection, ce qu'on reconnaît h ce fait qu'étant efluyée et fèche elle
reluit partout également lorfqu'on la regarde obliquement à la clarté du jour.
Lorfquon met de côté ces difques couverts de pierres bleues il faut que les pierres
[oient vers le haut et qu aucun objet ne fe trouve fur elles afin qu'elles refient où elles
font fans fe déplacer du tout. Pour la même raifon il faut au [fi avoir foin de les gar-
der en été dans une cave, put fque fous f influence de la chaleur elles fe déplacent aujji
par leur propre poids. Ce fi pourquoi ici \aufji il faut faire le ciment auffî dur que
poffible avec des cendres ou de la pierre pilée.
DU CHOIX DU VERRE
Le verre le plus blanc eft afïurément le meilleur, à caufe de fa clarté, fil poffede
les autres qualités requiies. Mais souvent le verre entièrement blanc a un certain
manque d'homogénéité ou bien des veines; il peut arriver auffi qu'il fuinte et fe mouille
fpontanément. C'eft pourquoi généralement c'eft le verre qui, vu de côté, fe montre
jaunâtre, rougeâtre ou glauque qui eft le meilleur. Chez nous on n'a pas de verre
fupérieur à celui provenant de glaces brifées.
N.B. Depuis que ceci fut écrit nous avons pu nous procurer du verre très bon et
fort clair d'une verrerie établie à Bois-le-Duc. La matière eft celle dont on fabrique
des bocaux; elle fe montrait la meilleure lorfquelle avait été en repos durant un ou
deux jours fans être agitée ou employée pour la fabrication, comme il en était à
foccafion de certains jours de fête. On f ai fait les pièces pour nous de la même manière
quon fabrique celles defiinées aux glaces et miroirs, f avoir de fphères creufes coupées
en bas, puis ouvertes latéralement, en fuite coupées en haut et réduites à la forme
plane en les laifjant repofer dans une grande chaleur fur une fur face plane. Ces
pièces avaient une épaifjeur de \ou\ pouce. Nous leur faifions donner des fur faces
plus rigour eu fement planes a iu/i qu'une épaifjeur uniforme à l'aide de la meule des
tailleurs de pierre. Dans la verrerie chaque pièce coiitait un ducaton'1^.
') Boerhaave traduit, apparemment par inadvertance: „Deindc supra lise funditur ca?mentum
durum calidum valde [nous soulignons], & discus lapideus rotundus his imponitur etc."
:) Boerhaave omet cette dernière phrase, non sans raison nous semble-t-il.
MEMORIEN AENGAENDE HET SL1JPEN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS. 263
Defc lleentjes moetcn cerfl geleght werden, en eenighfins valt gemaeckt op de
fchotel, met natte lli jfsel of feep en dat redelijck dicht bij malkandercn, dan weder
een papieren randt om de fchotel gebonden en tufîchen de licencies gegoten droogh
landt tôt op f vande hooghte vande fteentjes, of op twee derde part, als le maervan
een duijm lijn, en dan fehudt men de fchotel tôt dat het landt over al gelijck gaet
litten ofmen blaefl met een blaefbakk. Doch moct welgclet werden dat de fteentjes
geleght werden op de fchotel niet endelinghs draets, macr aile over (ijds, alfoo ander-
lins niet wel af ncmen in \ fchuijven. Hier over giet men van het harde cernent, en
noch heet lijnde ") leght men de ronde lleen daer op, en laet ailes kout werden. Met
defc brenght men de fchotel voorts tôt perfeftie, dewelcke men daer aen kent, dat
droogh af geveeght lijnde, overal gelijck blinkt, als men die fchuijns tegen den dagh
liet.
Defefchijven met blaeuwe fîeen weghfettende moeten defteenen bovenflaen, fonder
dat daer iets op legghe, op dat die blijven fonder eenighfins fich te verfetten. En men
moet ooek om de felve reden verdacht jtjn van defelve in de fomertijdt in een kelder te
bewaeren, om dat alleen door haer eyghen gewïght fïch verfetten door de warmte.
Daerom moet men ooek dit cernent f'oo hard maecken met ajjche of geftampte jteen
ah V moghelijck is.
VAN DE VERKIESINGHE VAN 'T GLAS.
Met witlle glas is wel het belle, om reden van lijn klaerheydt, als het de andere
behoorlycke qualiteyten heeft. Maer dickwils heeil het gansch witte eenighe onge-
lyckheydt van fubilantie ofte aderen, of het fweet en werdt vochtigh van (ich zelfs.
Daerom is het belle gemeenlyck, dat wat geelachtigh, rofachtigh, of feegroen van
couleur is, als men daer van ter fîjden door liet. Men heeft hier te lande geen beter
als dat van gebroocke fpiegels.
Ar.j5. Urij hebben federt feer goed en klaer glas gekregen ttijt een glafhuijs tôt
f.hertogenBofch, fijnde de materie de felfde daer de drinkglafen af gemaeckt wer-
den, doch de befie wanneer die een dagh ofpvoee, fonder roeren ofdaer uyt te wercken,
gefîacn hadde, als bij feeffdagen. Men maecken de flucken voor ons, als die daer men
fpiegels van jlijpt te iveten van holle bollen onder den bodem af gefneden en van ter
h'jden geopent en dan boven a f gefneden en op een plaet laten plat werden indehitte.
Defe flucken die | dnym en £ duijm dick waren lieten wij op de fleenhouwers mar-
mermolen plat en van eenparige dickte ftijpen. leder fluck ko fie in V glafhuijs een
duc a ton J1).
264 MÉMOIRES SIR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
Pour découvrir le mieux les veines du verre il faut regarder a travers fort oblique-
ment à Tencontre de la lumière du jour avoifinant a un lieu obfcur. De cette façon
on examine les morceaux de glaces polies; mais comme il arrive rarement qu'on en
trouve d'aflez épais et qu'il faut donc prendre des morceaux de glaces non polies, on
leur fait d'abord donner par un lunetier une épaifleur uniforme et des furfaces planes
fuffifamment polies pour pouvoir examiner de la manière fufdite fi la matière cft bonne.
Il y a quelquefois des veines dans le verre qui ne nuifent en rien, n'étant que comme
des fils fins. Nous pofledons de très bonnes lentilles où il y en a de tels.
Il exifte aufii du verre dans lequel on ne voit pas de défauts en fe fervant de la
méthode décrite, lefquels on aperçoit cependant lorfqu'aprèsle poliflage on l'examine
par réflexion; ce qui fe fait comme fuit. Dans une chambre obfcure on place la lentille
debout fur une table, eftrade de fenêtre ou ailleurs, la furface fufpeéte étant celle
qui efl: la plus éloignée de l'obfervateur. Prenant alors une chandelle en mains, on la
laifie fe réfléchir dans la lentille de telle manière que la réflexion de devant occupe
t au jours le milieu du verre, et l'on marche à reculons jufqu à ce que la réflexion de
derrière commence à r en-ver fer la chandelle et que la lentille cft entièrement lumineufe;
cefl alors quon diflingue le mieux les veines et autres défauts du verre ainfi que
/"imperfection réfultant de la taille. Lor [qu'il fagit d'une lentille à grande di fiance
focale, de 40 pieds ou davantage, on fe fert d'une petite lunette de 2 à 4 pouces pour
découvrir les défauts par la réflexion fufdite.
DE LA PRÉPARATION DES VERRES ANTERIEURE AU RODAGE DES SURFACES.
Pour les lentilles de grande diltance focale, de 30 pieds et davantage, on fe fert
le plus fouvent de glaces non polies, en confidération de leur épaifleur. Le verre de
ces glaces étant encore rude, on laifle égalir par un lunetier les furfaces et l'épaifleur
d'un morceau notablement plus grand que la future lentille, faifant donner en même
temps à ce verre un poli fuperficiel. Ceci dans le but de voir fil ne f'y trouve pas de
veines ou du moins fi l'on peut les éviter de forte qu'ils ne viennent pas dans l'ouver-
ture de la lentille. Pour ce liflage on emploie des plaques de fer fondu lefquclles font
à vendre chez les marchands de fer et qu'on fait aplanir au moyen de la meule des
tailleurs de pierre. Enfuite on trace fur le morceau de verre avec un compas à diamant
une circonférence de cercle du diamètre voulu, puis encore une autre circonférence
concentrique avec elle et plus large de la demi-largeur d'un brin de paille. On trace
en outre deux mêmes circonférences fur l'autre côté du verre, précifément oppofées
aux premières, au moyen du verre-à-circonférences dont nous parlerons ci-après.
Lorfqu'il elt néceflaire de couper de grands morceaux on peut le faire avec un fer
chaud. Sinon on coupe avec de fortes poucettes, en les ouvrant tout jufte autant qu'il
le faut pour embrafl'er l'épaifleur du verre. Il ne faut pas couper en dedans de la
circonférence extérieure mais enlever les inégalités reliantes fur une pierre à aiguifer
tournante, d'abord les arêtes vives, enfuite les inégalités moyennes; ceci pour qu'il
MEMORIF.N AENGAENDE HET SLIJPF.N VAN GLASEN TOT VERRRKIJCKERS. l6$
Ora de aderen in het glas beft te ontdecken, moct met] daer heel fcheuijns door fien,
tegen den dagh daer een donckere plaets naeft aen raeckt. Aldus examineert mcn de
ftucken van geflepen fpiegels, maer om dat men die felden dick gcnoegh vindt, en
daerom ftucken van ongeflepen fpiegels moet ncmen, foo doet men die eerft door een
bril maecker eenpaerigh van dickce plat slijpen, en uyt den rouwen polijften, om te
konnen fien, op voorsehreven manier, of de ftoffe goet is.
Daer fijn fomtijdts aderen in 't glas die fonderlingh geen quaet en doen, fijnde alleen
als fijne draeden. Wij hebbcn feer goede glafen daer foodaenighe in fijn.
Daer is oock glas daer men op voorgaende manier geen fouten in en fiet, dewelcke
men evenwel gewaer werdt, als mcn 't felvc geflepen fijnde door de reflexie exami-
neert; \ welck aldus gefchiedt.
Men fet het glas op een tafel, venfterbanck of diergelijcke in een donckere kamer,
recht over endt, en met de fuperficie die fufpeift is achter. Dan een keers in de handt
nemende laet men die in het glas reÛe&eren, maeckende dat de voor/îe reflexie altijdt
in mi d den van V glas kowe, en men gaet foo langh achterwaerts, tôt dat de achter fle
reflexie de keers begint om te keeren en V geheele glas vol licht is, wanneer men de
aderen en fauten befl kan bemercken, oock de imper feclie aijt het (lijpen ontflaan.
Als t een langh glas is van 40 voet of daerboven, gebruijckt men een kleijn verkij-
ckertje van 3 tf 4 duijm om in de voors. reflexie de fauten te ontdecken.
VAN HET PREPAREREN DER GLASEN EER MEN DIE SLIJPT.
Als het glas rouw is van ongeflepen fpiegels, 't welck om de dickte wille meefte
part gebruyckt werd rot langhe glafen als van 30 voet en daer boven, foo laet men
een ftuck, dat vrij grooter is als 't glas wefen fal, door den brille maecker vlack flypen
en van égale dickte, en uyt den ruwen gepolijft. om te fien of er geen aderen in en
fijn, en of men die mijden kan, datfe niet binnen d'openingh van 't glas en komen.
Tôt dit fiijpen gebruijckt men yfere gegoten plaetcn die men bij de ijlcrkramers te
koop vindt, en op de fteenhouwerfmolen laet plat maken. Dan treckt men met een
diamant palier een circel op het fluck glas hebbende den begeerden diameter, en noch
een circel uijt hetfelfde center, die een half ftroobreet wijder is. Men treckt oock twee
diergelycke circels op d'ander fijde van 't glas, recht tegenover d'eerlle, doormiddel
van het Circelglas, daer hier nae van gefeghtjTal werden.
Als er groote ftucken af te breecken fijn foo'rkan men het met een heet ijfer doen.
anders breeckt men de glafen afmet een ftercke handfchrocf, die maer foo wijdtopen
gedaen werdt dat fe pas de dickte van 't glas kan vatten. Men moet niet binnen den
uytterften circel afbreccken, maer de refterende ongelyckhcijdt op een draeyfteen
34
266 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
ne le produife pas d'éclats. On rode le contour de part et d'autre jufqu'à la circon-
férence extérieure.
Enfuite l'on place une molette de bois fur le verre qu'on a quelque peu chauffé
au préalable et, dans une écuelle de concavité convenable, on donne aux deux côtés
du contour au moyen de fable à récurer et d'eau le profil déliré; plus il fera achevé,
mieux cela vaudra. Une écuelle de 6 pouces de rayon convient à des difques de verre
de 2, 3, 4 et 5 pouces de largeur. Ceci étant fait, on prend un ciment de réfine et de
cire, deux parties de la première contr'une partie de la deuxième, avec lequel on colle
fur le verre une plaquette de cuivre pourvue de différentes petites cavités; et avec
un bâton d'une longueur de 14 a 15 pieds portant à fon extrémité inférieure une
pointe de fer et qui, en haut, eft prellé par un reflort, on Me le verre avec du fable
à récurer et de l'eau fur une plaque plane de 1er fondu, dans le but de rendre fon
épaifleur parfaitement uniforme; à cet effet on place la pointe dans une des cavités
fe trouvant dans la partie épaifïe du cuivre. Quant à la plaque de fer, après avoir été
rendue ronde par un forgeron, elle a été aplanie au moyen de la meule des tailleurs
de pierre, celle qui leur fert à polir le marbre.
On mefure l'épaifTeur du verre, pour voir fi elle elt partout égale, avec des poucet-
tes à large ouverture *3) : cet inftrument eft beaucoup plus utile qu'un compas crochu.
Vers la fin de ce liffage il eft préférable d'employer de l'émeri trié puifque le fable
fait des creux trop profonds. Il eft en outre néceflaire que la pointe de fer du bâton
prefïe précifément au milieu du verre, c.à.d. au centre du profil, ou contour, inférieur,
pour qu'il ne refte pas dans le verre de faufle figure cylindrique ou en forme de dos'4).
Car il faut lavoir que lorfque la pointe prefïe fur quelque point en dehors du centre
du verre, celui-ci n'acquiert pas par ce moyen une figure plane, mais bien une figure
gibbeufe ou cylindrique. Même ii la furface était d'abord parfaitement plane, elle
fera changée en la dite figure fauffe. Ce dont la raifon eft bien digne de remarque.
On obfervera cette méthode de la preiîion centrale également dans le douciffage et
dans le polifïagc: c'eft dans cette matière un des points les plus néceffaires. Or, pour
obtenir qu'une des cavités de la plaquette de cuivre foit placée vis-à-vis du centre
du profil inférieur, on fe fert du verre-à-circonférences qui n'eft autre chofe qu'une
pièce de glace polie fur laquelle ont été tracées avec un diamant huit ou dix circon-
férences de cercle toutes concentriques et diftantes l'une de l'autre d'environ £ de
pouce; leurs grandeurs correfpondent environ à celles des lentilles qu'on taille. On
place cette lame tranfparente fur l'autre verre et l'on déplace ce dernier jufqu'à ce
qu'on voit que fon profil fe trouve partout à égale dirtance de la circonférence de
cercle qui en diffère le moins en grandeur. Alors on retourne les deux enfemble et
-') Bocrhaave ne tient pas compte dans sa traduction des mots „met breede becken".
-•») On pourrait aussi parler de «montagnes". Huygens dit en 1668 (T. VI, p. 208) que c'est de
cette expression que lui et son frère se servaient.
RIEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERRHKIJCKERS. 167
afflijpen; écrit de fcherpe kanten, en dan in middcn, op dat or geen Ituckjcs uyt en
springhen. Men llijpt aen weder lijden toc aen den buytenlten circel.
Vborts (et men een houte loopertie op \ glas, een weynigh gewarmd lîjnde, en
nien llijpt aen weder lijden met fchuijrtandt en water een ponriîl daer acnhoefijnder
hoe beter, in een fchotel van bequaeme diepte. Een van 6 dnym radius is bequaem
voor glafen van 2, 3, 4 en 5 duijm breedte. Dit gcdaen iîjndeplackt men met cernent
van hars en was, 1 dclen van 't eerile tegen 1 deel van 't laetlte, een kopere plaetje op
het glas, hebbende vericheijdc gaeten ofputtjeus, en met een llock van 14 a 15 voet
langh daer onder die y (ère peu in lleeckt, en die vanbovenmeteen veeraengedruckt
werdt, flypt men het glas op een vlackc gegoten ijfere plaet met fchuyrfandt en water,
om het t' eenemael gelijck van dickte te maecken, door het fetten van de pen in een
der gaeten die ontrent het dicke eijnde itaen. Defe plaet is op de iteenhouwers molen,
daer fe de marmerfteenen op flypen, plat gemaeckt, nae datfe door een fmidt rondt
atgehackt is.
Men meet de dickte van 't glas, om te lien of die overal gelijck is, met een hand-
fchroefje met breede becken 23), want dit veel nutter is als met een kromme palFer.
In 't laetlle van dit plat flijpen is 't belt gefifte ameril te befighen, om dat het fandt
al te grove putten maeckt. En het is noodigh dat de ijfere pen van de ftock juijft in
midden van het glas drucke, dat is in 't midden van 'tonderfte pourril, op dat er geen
valfche cylindrifche of rughachtige liguer over in blijve. want men moet weten dat
als de pen op eenigh punt buyten 't center van 't glas druckt, het felve daer door
geen platte fuperficie fal krijghen, maer een bultighe of cilindrische. jae al waer het te
vooren perfect plat, foo fal het defe valfche figuer krijgen. waer van de reden feer
aenmerckens waerdigh is. Ende dit in midden perfTen fal in "t opflijpen en in 't po-
lijlten van gelijcken waer genomen werden, fijnde een van de noodfaeckelijkfte poinc-
ten in defe materie. Om dan te maecken dat een der puttjens van 't koopere plaetje
in 't midden tegen over 't onderite pourfîl kome, foo gebruijckt men het Circel glas,
't welck anders niet is als een ltuck geflepen fpiegel glas, waerop acht of tien circels
getrocken fijn met diamant, aile uyt een felfde center en ontrent | duyms van mal-
kander; hebbende de groote ontrent van de glafen die men flijpt. Defe doorfchijnighe
plaet leght men op het glas, en men verfchuijft het tôt dat men liet dat het pourfil
van 't glas parallel komt te ftaen met de naefte der opgefchreven circels. Dan keert
menfe 't faemen om, en men leght het fpiegelglas op een tafel. en door het opleggen
268 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES A LONGUE VUE.
Ton place la lame de glace fur une table; et ayant chauffé par impofition d'un petit
charbon ardent la plaquette de cuivre pour qu'elle puifle être déplacée fur fon ciment,
on mefure la diftance d'une des cavités jufqu'à l'une ou l'autre des circonférences de
cercle, et on déplace la plaquette jufqu'à ce que la dite cavité fe trouve au milieu de
cette circonférence, vu qu'alors elle correfpond aufti avec le centre du profil inférieur
du verre. Sur le verre-à-circonférences ont été collés avec de l'amidon, à l'intérieur
des circonférences, trois petits morceaux de cire d'abeilles, pour que les deux verres
ne fe déplacent pas trop facilement l'un fur l'autre et que d'autre part ils ne
f'injurient pas.
Il ne iérait pas mauvais fi les petites cavités dans la dite plaquette de cuivre y avaient
été faites avec un poinçon triangulaire et'que la pointe qui doit être introduite dans
l'une d'elles avait également cette forme, ce qui empêcherait la rotation du verre;
mais ceci eft furtout nécefTaire dans le rodage ultérieur dont nous parlerons tout de
fuite.
Après avoir donné au verre des furfaces planes il faut examiner fi le profil eft bien
rond, c.à.d. d'un diamètre partout égal, ce qu'on mefure avec un compas. Et fil
n'en eft pas ainii il faut donner au verre un nouveau profil. En cas de befoin on peut
commencer par roder un peu le profil au moyen de la pierre tournante là où il eft
plus large qu'ailleurs, car finon il pourrait arriver que dans l'écuelle-à-profil le verre
ferait moins rodé en ces endroits et que le réfultat ferait encore une fois une forme
imparfaitement ronde. Le profil doit être travaillé de manière à être fuffifamment
lifle: ceci contribue à la perfection du travail ultérieur.
DU RODAGE ET DOUCISSAGE DES LENTILLES.
Le verre ayant été liffé comme nous l'avons dit on enlève la plaquette à cavités
et l'on y colle avec le ciment fufmentionné une autre petite plaque de cuivre ou
plutôt d'acier grande comme un efealin au centre de laquelle on a fait une petite
cavité triangulaire dont la profondeur eft quelque peu fupérieure à une ligne; à cet
effet on a frappé la plaque avec une eftampille d'acier aflez mince pour pouvoir
entrer dans la tige d'une plume d'oie. Au fond de la cavité on a frappé avec un poin-
çon pointu un centre à l'aide duquel on place la petite plaque juftement au-deflus de
la partie centrale du cercle qui correfpond au profil inférieur; ceci au moyen du
verre-à circonférences et d'un compas dont une des pointes eft légèrement courbée,
comme nous l'avons enfeigné un peu plus haut. La plaque ayant été bien centrée de
cette manière, on laiffe tomber tout autour d'elle quelques gouttes de ciment fondu
pour qu'elle ne coure aucun rifquc de quitter fa place. On fait enluite ufage pour la
taille d'un bâton [Fig. 80] dont l'extrémité inférieure eft munie d'une pointe ou
ftylet d'acier, triangulaire comme la cavité fufmentionnée, mais pouvant f y mouvoir
avec aifance; ce ftylet fe termine en une petite pointe ronde finement limée et doucie
avec une petite pierre à aiguifer. À fon bout fupérieur ce bâton porte également une
RIT.MORIKN AENGAENDE HKT SLIfPEN VAN GLASFN TOT VERREKIJCKERS.
î6i)
van een kooltie vicr het place je warm gemaeckt hebbende, op dat het op fijn cernent
verfchuijven kan, foo meet men uijt een der putjes tôt de circonferentie van d'een
of d'ander der circels, en men verfchuyft het plaetje tôt dat men dit putjen in 't mid-
den defer circel vindt, als wannecr het dan ooek noodsaeckelijck in 't midden van \
onderfte pourfil van 't glas komt. Op de circel plaet fijn, met ftijffel, 3 ftuckjcs bij-
was geplackt, binnen de circels, op dat de glafen niet te glad over malkander fouden
fchuijven, noch ooek malkander niet quetfen.
Het waer niet quaedt dat de putjes in 't voors. kopere plaetje met een drykantigh
flempeltie geflagen waeren, en de yfere pendiedaerinkomtmededrijkantigh waer,
om het draeyen van 't glas te beletten doch dit is noodiaeckelijker in 't verder opflij-
pen van 't glas daer wij nu van gaen fpreecken.
Men moet lien, naer dat het glas plat geflepen is of het pourfil wel ronde is, dat is
overal van gelijcke diameter, 't welck men met een pafler meet. En indien niet, foo
moet men 't noch eens pourfiliren, en foo het noodigh is, het pourfil daer het breeder
als elders valt, op de draeyfteen wat af nemen, want het anders op die plaetfen in de
pourfil fchotel minder af neemt, en daer door onrondt werdt. Het pourfil moet rede-
lijck fijn gefiepen fijn, dewijl dit contribueert tôt de fuijverheyt van 't verder werck.
[Fig. 80]
Het glas als gefecht is plat geflepen iijnde foo doct
men het plaetje met de putties daer af, en men plackt
met het boven gemelte cernent een ander kleijn kopere
of lie ver ftale plaetje daer op, foo groot als een fchel-
lingh daer in midden een triangulair gaetje of puttien
in geflagen is ruijm een linie diep, met een llaele ftempel
niet dicker als dat men die in een ganfefchacht fou kon-
nen (leecken. In 't midden in de grondt van 't puttien is
met een punt flempeltie een center geslagen, van waer
men het plaetjen recht in midden 't onderpourfil van \
glas ftek, door middel van 't Circel glas en een pafler
diens eene punt wat krom gebogen is; even alskortste
voren is geleert. En als het nu recht in midden geftelt
is, foo laet men cenighe droppelen gefmolte cernent daer
rondom op het glas vallen op dat het geen noodt en
hebbe van af te fchuijven. Voortsgebruijcktmenomte
flijpen een dock [Fig. 80] met eenijferepinnetieonder
aen dat drijkantigh is als het voors. puttie, maer ruijm
daer in beweghen kan, fijnde ooek heel onder aen met
een rondachtigh puntjen, dat wel fijn gevijlt en met een
flypfteentic facht gemaeckt is. Boven aen hceft defe ftock
2~0 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES A LONGUE VUE.
pointe de ter; celle-ci ell de forme cylindrique et longue de 5 ou 6 pouces; ellepaffe
par le trou d'une planchette clouée à une folive. Le centre de l'écuelle doit fe trouver
précifément fous ce petit trou.
Cette manière de roder ell beaucoup meilleure que celle où l'on ne fait ufage que
de la main, tant par la preflîon précifément centrale exercée fur le verre (la preffion
latérale fait reluire les côtés bien plus fortement) que par le fait qu'on évite ainfi
l'inconvénient provenant de la chaleur de la main, laquelle eil capable de caufer une
faible dilatation de la partie fupérieure du verre et par conféquent une adhéfion à
l'écuelle de la partie inférieure tendant à prendre une forme concave. Mais lorfqu'on
fait la taille avec le bâton le verre ne fe montre jamais rebelle à moins qu'on ne l'ait
tenu éloigné quelque temps de l'écuelle de forte que dans l'air il foit devenu un
peu plus chaud qu'elle: lorfqu'on l'y remet, la partie inférieure fe rétrécit par la
froideur de l'écuelle ce qui caufe de l'adhéfion. Alors il faut attendre jufqu'à ce que
le verre ait de nouveau acquis la température de l'écuelle. On peut également remar-
quer chez les grands verres quelque réfifîancc au mouvement gliflant lorfqu'on élève
plus que d'ordinaire la température de l'air de la chambre par des réchauds ou autre-
ment. C'eit pourquoi il elt préférable de mettre le feu dehors.
On donne d'abord au verre dans l'écuelle la bonne forme avec de l'émeri trié par
du cambrai alTez greffier, cet émeri ayant été égalifé par un verre précurfeur. 11 faut
prendre garde de travailler aufïi dans les parties non centrales de l'écuelle puifque de
cette façon fa figure fe gâte le moins ou même s'améliore de nouveau, laquelle finon
devient par ufure de plus en plus concave. Pendant le rodage le verre fe montrera
rebelle au mouvement auffitôt que l'émeri commence à s'affiner; alors il faut en prendre
du nouveau pour pouvoir continuer. D'ailleurs à mon avis cette adhéfion n'eft pas
autrement nuifible. Dans chaque changement de matières on fe fert d'un méchant
verre précurfeur vu la poffibilité de la préfence de quelques gros grains capables de
de faire des filions.
Lorfque le verre a acquis la bonne forme (ce qu'on reconnaît au fait qu'il fe montre
partout également liffe lorfqu'on le regarde obliquement vers le côté d'où vient la
lumière) il faut de nouveau mettre en état l'écuelle avec des pierres bleues et de l'eau,
ce qui fe fait en moins d'un demi quart d'heure; alors elle reluit de nouveau partout
également lorfqu'on la regarde obliquement vers la lumière.
Ceci étant fait, on prend une quantité d'un demi dé d'émeri de 40 fécondes 2S),
avec lequel on doucit durant i d'heure. Enfuite également i d'heure avec une quan-
tité égale d'émeri de 1 00, puis i d'heure avec de l'émeri de 200 fécondes, enfin encore
i| heure avec de l'émeri de 400 fécondes, en en prenant une quantité moindre (de
forte que pour une lentille de 5 pouces de diamètre une quantité égale à une faféole
•5) Nous supposons qu'il est question d'émeri nyant été broyé ou pilé durant 40 secondes: plus
on y aura mis de temps, plus la matière sera devenue fine.
MEM0RIEN AENGAENDE MET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS. 1J I
mede een yfere pen die rondt is, en 5 of 6 duijm langh, padercnde door een gaetje
van een planckje dat aen den balck gefpijckert is. De fchotel moet rccht midden
onder dit gaetje ltaen.
De le manier van flijpen is veel beter als met de handt, ibo om het juijftin midden
drucken op 't glas, fonder eenighiins over de kanten te douwen, (waer door dekan-
ten veel fchoonder nyt gepolyft vverden) als omdat het ongemack hier door vermijdt
werdt, dat van de warmte vande handt onftaet, welcke het glas, van boven,machtigh
is ietwes te doen uijtrecken, en daer door d'onderile iijde te doen klcmmen, dcvvijl
die fich hol fetten wil. Doch met de ftock flij pende klemt het glas noijt, ten waer als
men het van de fchotel genomen heeft, waer door eenighfins in de lucht warmer
werdt als de fchotel is en als men 't daer weder op fet foo krimpt d'onderfte iijde door
de koude van de fchotel, 't welck doet klcmmen ; en dan moet men wachten tôt dat
het glas weer de temper van de fchotel gekregen heeft. Men kan ooek eenighe traeg-
heijt in groote glafen gewaer werden, als men door vierin caffbren ofanders de lucht
der kamer warmer maeckt als te voren. Daerom het befr, is het vier buijten te fetten.
Men formeert voor eerft het glas in de fchotel met ameril door redelijck grof ka-
merijeks gefift maer met een voorlooper geeffent. obferverende dat men al vrij wat
verre over de kanten van de fchotel llijpe, om dat hier door des felfs figuer minder
verloopt, of felfs weder geredreiïeert werdt, deweîcke anders hoe langhs hoe holder
uijtflijt. In 't fonneren fal het glas terftondt beginnen te klemmen foo haeft de ameril
eenighfins fijn werdt, en dan moet men \veeranderenemen,omtekonnen voortgaen.
Anders foo kan dit klemmen niet fchaedennaermijngevoelen. Men heeft een quaedt
glas tôt voorlooper in ieder veranderen van ftoffen, om offer eenighe grove greijnen
in waeren, die fchrabben fouden maecken.
Geformeert fijnde, ("t welck men fcheuijns daer over nae 'tlichtfiende,kanbeken-
nen als het egael glad fich verthoont) moet men de fchotel weder perfeft maecken
met de blaeuwe fleenen en water, 't welck in minais | quartier uijrsgedaen is, foo
datfe weder gelijck blinckt als men daer fcheuijns over nae 't licht fiet.
Dan neemt men van de ameril van 40 fecunden î5) | vingerhoedt, en men fiijpt
daer £ uijrs mede. Dan van gelijcken i uijrs met ameril van 100 fecunden gelijcke
quantiteyt. Dan met die van 200 feconden noch i uijrs. En eyndelyck met ameril
van 400 fecunden noch i| uren, nemende minder van defe itof, (ibo dat voor een
glas van 5 duym diameters een turckfe boon grootte genoegh is) en noch van tijdt
272 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES X LONGUE VUE.
fuffit) qu'on diminue encore progreffi veinent; par ce moyen la furface du verre devient
très fine et liffe. Apres ce temps on verra fort bien à travers la lentille les contours
de la flamme d'une chandelle et aufîi plus ou moins à la clarté du jour les carreaux
des fenêtres, ce qui eft figne que le verre a fufhTamment été douci pour être poli.
Mais lorfque le verre n'a pas encore pareille clarté, on peut conclure qu'on a pris
trop de matière, et l'on doit encore continuer à doucir en diminuant la quantité
d'émeri. L'eau de puits eit la meilleure pour doucir.
N.B. Cette méthode de prendre chaque quart d" heure de la matière plus fine fe fi
trouvée défe&ueufe, puifque dans lepoliffage la fur face des grands verres par ai j] ait
avoir des ronds marqués par le tripoli. C eft pourquoi il vaut mieux doucir jus-
quau bout avec la première matière de 40 ou 1 00 fécondes en la diminuant chaque
quart d'heure ou demi-heure, de forte qu'il nen refte que fort peu la dernière
demi-heure, ce qui rend le verre très fin. Il eftpoffible que le changement de matière
aurait eu plus de fuccès fi nous en avions pris chaque fois une plus grande quantité,
en diminuant progrefjivement la dernière. Nous avons aufii douci quelquefois durant
£ d* heure avec de fémeri de 50, et | d'heure avec celui de 400 fécondes, puis encore
i d* heure avec celui de 45 fécondes.
Dans le cas des grandes lentilles, la main doit faire un tour d'environ 2 4- pouces
de diamètre. Il convient de faire en forte que le verre dépafTe le centre de l'écuelle
environ de la largeur d'un doigt et fon bord de pas moins que la largeur d'un brin
de paille, de plus de cette largeur lorfque l'écuelle ell petite comparativement au
verre: ceci conferve la figure de l'écuelle. 77 en était ainft par exemple dans le cas
de nos lentilles de 100 pieds dont le diamètre eft de 8| pouces. Pour doucir de pareilles
lent/Iles, comme nous le f ai fions, dans une écuelle de 1 5 pouces, il ne faut dépaffer le
centre que de la largeur d'un doigt, mais le bord d environ 3^ pouces. En opérant
ainfi, le verre de la lentille devenait bon; mais lorfquon ne dépafjait le bord en
douciffant que de la largeur dun brin de paille et le centre de beaucoup, les parties
du verre éloignées du centre ne voulaient pas devenir lui fiantes par le polifjage, ce
qui eft figne que la figure de f 'écuelle fe gâte par cette manière de doucir. À mon avis
il ferait bon de dépajjer beaucoup les bords dans cette opération, ceci pour toute
grandeur des verres, afin de mieux conferver la figure de V écuelle.
On doit fentir que le verre exerce toujours une certaine preflion fur l'écuelle et
ne fe meuve pas fur elle fans aucune réfiftance; ("'il en cil ainfi on peut y porter remède
en diminuant l'intervalle des tours.
11 ne faut qu'appuyer la main fur le bâton fans exercer une grande force, et cela
jufqu'à la fin, car une forte preffion fait ailément venir des raies dans le verre. Il ne
faut doucir ni trop fèchement, ni avec de la matière trop humide; mais il faut faire
en forte qu'il ne fe produit pas d'endroits fecs fur l'écuelle.
Il faut avoir un tablier d'une 4 heure pour mefurer le temps pendant l'opération
et mettre une marque de craie chaque fois qu'il feft écoulé.
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS. 273
tôt tijdt dacr van wegh doende, waer door het glas feer fijn en gladt werdt. Defen
tijdt om fijnde fal men de vlam vande kccrs wcl omgetrocken door het glas lien, of
eenighfîns de ruijten vande venfters bij dagh, 't welck cen teijcken is, dat het glas
fijn genoegh is om gepolijft te werden. maer defe klaerheydt niet hebbende fooishet
een teijcken van datmen al te veel itof genomen heeit, en men moet noch continue-
ren te fiijpen, en itof wegh doen. Het putwater is bert om te fiijpen.
N.B. Defe manier van ieder quartier uijr jijnder fiofte nemen is bevonden niet
g( et te fijn; al foo, in V polijfien, de fuperficie van groote gla fendais met ver fcheijden
ringhen fich vcrtlioonden, door de tripoli gemarqueert. Daerom het befi is met de
eerfle (lof van 40 of 1 00 feconden tôt het eijnde toe voort te fiijpen, doende nochtans
ieder quartier of ha If uijr veat (lof voegh, foo dat in V laetfie ha If uijr maer heel
weijnich over blijve, waer door het glas feer fijn werdt. miffchien fonde het veran-
deren van floffe beter gefuccedeert hebben, indien voij veat meerder van elcks geno-
men hadden, en van de laet/le weghgedaen. IV ij hebben ooek Joint ijdts geflepen \ uijr s
met ameril van 50 feconden, en | uijr s met die van 400 fécond, en dan noch £ met
die van 45 ;/;/'//.
In groote glafen is de tour van de handt outrent i± duijm diam. en men moet
maecken dat het glas outrent een vingerbreedt over 't center van de fchotel paiïere,
en over de kant van de fchotel niet min als een ftroobreedt, maer wcl meer, als de
fchotel nae proportie van 't glas kleijn is want dit conferveert de figuer van de fcho-
tel. gelijch in onfe glafen van 200 voet, welckers diameter is 8| duym. om die in een
fchotel van 15 duijm te fiijpen,foo moet men maer een vingerbreet over" t center der
fchotel paffer en en outrent 3^ duijm over de kant. Dit doende wierdt het glas goet;
maer als men maer een flroobreet over de kant fleep en ver over het center, dan voilde
het aen de kanten niet blinckent werden met polijflen, tvuelck een teijcken is dat de
figuer van de fchotel door dit ilijpen bederft. Het fonde met aile grootheydt van
glafen, foo ick meen, goedt fijn ver over de kanten te fiijpen, om de figuer vande
fchotel beter te bewaeren.
Men moet voelen dat het glas altijdt ecnighfms tegen de fchotel aen flijpt, en niet
al te glad daer over en gae; 't welck men kan remedicren met de touren dichter op
malkander te doen volghen.
Men moet de handt maer op de ftock laeten leunen fonder anders te douwen, en
dat tôt het laetfte toe, want door hard douwen komen lichtelijck fchrabben in tglas.
Men moet niet te droogh noch tenat fiijpen, maer foo datter geen drooghe plaetfen
op de fchotel en komen.
Men heeft een fandtlooper van 4- uijr, waer mede men den tijdt meet in 't fiijpen,
teyckenendc ieder reijs met krijt als die uytgeloopen is.
35
2~4 MÉMOIRES SLR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES X LONGUE VUE.
DU POLISSAGE DES LENTILLES.
Apres que la lentille a été rodée et doucie il faut de nouveau mettre l'écuelle en
état avec les pierres bleues ce qui eit bientôt fait. Nous le faifionsauflî parfois lorfque
la lentille n'avait été doucie que d'un feul côté — alorsquelerodageetledoucifîement
nous prenaient 5 ou 6 heures — enlevant la matière de l'écuelle avec un couteau et
l'y remettant par après. Mais maintenant ceci eft devenu inutile attendu que nous
exécutons les mêmes opérations en i\ heures feulement; d'autre part le verre fadapte
mieux à préfent a l'écuelle grâce à la taille au bâton et gâte donc moins fa figure.
On détache en fuite du verre la petite plaque de cuivre pour l'y coller de nouveau
d'une autre manière qui eft la fuivante. On a un difque d'ardoife [Fig. 81], telle que
la plus épaiïïe dont on fe fert pour couvrir les maifons, ou plutôt encore un difque
taillé de pierre bleue, lequel on aplanit fur la plaque de fer. Nous avons toujours pris
le diamètre un peu inférieur à celui du verre. Sur ce difque on colle avec du ciment
compofé, comme précédemment, de deux parties de réfme et d'une partie de cire,
un autre difque égal de gros drap, en prenant bien garde d'enduire l'ardoife ou la
pierre chaude fort également, avec un morceau de linge, d'une très fine couche de
ce ciment. La même précaution doit être prife en frottant avec le ciment le verre
chauffé: toute épaiffeur inégale et toute dureté doit être évitée. C'eft pourquoi il eft
auffi recommandable de prendre pour chaque collage un nouveau difque de gros drap
puifqu'on ne peut pas, en grattant, enlever affez également le ciment une fois qu'il
fy trouve. Ces deux difques ont au milieu un trou rond d'un pouce de diamètre
environ où entre la partie concave d'une petite plaque ronde de fer dont le bord
repofe fur l'ardoife et y eft collé avec le ciment fufdit. Cette cavité eft de forme
conique, l'angle au fommet ou extrémité inférieure étant de 80 ou 90 degrés; mais
il eft bon de lui donner, en cette extrémité, quelques coups avec un petit poinçon
vertical terminé en défions par une petite furface plane; de cette façon la pointe de
l'inftrument polifteur qui doit entrer dans la cavité fera moins fujet à réchapper vers
le haut. Il faut bien prendre foin à ce que le defious de ces petites plaques ne touche
pas le verre collé par en-dcftbus au difque de bure. Mais plus il en eft proche, mieux
cela vaut.
Pour coller ainfi le verre, il faut y porter une certaine quantité du ciment dont
nous avons parlé et, après avoir chauffé le verre, le répandre fur lui avec un morceau
de linge en une couche égale et pas trop fine, excepté au milieu où il faut laifier vide
de ciment la grandeur d'un efealin. Mais il faut porter fur ce petit cercle la fuie
provenant de la flamme d'une chandelle; toutefois pas en une feule fois pour que le
MERIOIUEN AENGAENDE HET SL1JPKN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS. 275
VAN T POLIJSTEN DER GLASEN.
Naedat hcc glas opgeflepen is, moetmen de fchotel weder perfeét maecken met de
blaeuwe lien en, \ welck feer haeft gedaen is. Wij plachten dit noch wel cens te vooren
ce doen als het half op geflepen was, doen wij 5 of 6 uren daer mede befîgh waeren,
doende met een mes de ftof vande fchotel, en dan weer op, maernu dat maer 1^ uren
daer toe befreden, is fulx onnoodigh. behalven dat het glas nu beter in de fchotel part
door het llijpen met de ltock, en daarom defïelfs liguer minder bederft.
Yoorts doet men het kopere plaetje van 't glas af, oui dit weder anders op te
placken op de volgende manier. Men hecft een ronde fchijf [Fig. 8i],gemaeckt van
een leij daer men de huijfen mede deckt van de dickite, of liever van blaeuwe llccn
gehouwen, defe flijpt men plat op d'yfere plaet. Den diameter hebben wij altijdt wat
minder genomen als die van 't glas. Op deze fchijf werdt met cernent als vooren, van
2 deelen hars en 1 deel was, een gelijcke fchijf van dicke pij -6~) geplackt. wel lettende
dat het cernent met een docckje op de warme leij offteen wel gelijck geftreecken
werde en feer dun. Gelijck ooek op het warme glas moet geftreecken werden, om
aile mogelijcke dickte en hardicheijdt voor te komen. Hierom is het ooek beft tôt
ieder opplackcn een nieuwe fchijf van pij c6) te nemen om dat men het cernent, dat
daer eens op is, niet gelijck genoegh kan afschrabben. Defe beijde fchijven hebben
een rond gat in 't midden van ontrent een duijm diameter, waer in komt de hollig-
[Fig. 81]-)
Comparez les Fig. 20 et 22 (p. 295 et 300) du T. XVII.
heydt van een rondt ijfere plaetje, daer van den boordt op de leij ruft, en met het
voornoemde cernent vaft geplackt werdt. Defe holligheijdt is van Conifche figuer
hebbende een hoeck van ontrent 80 of 90 graden. maer in de grondt is het goedt
met een recht itempeltje, dat onder een kleijne plattigheijdt heeft, daer in te flacn,
waer door de peu van 't polijft infiniment die daer in komen moet, te minder noodt
heeft van opwaerts te glippen. Men moet wel letten dat het onderfte van dit plaetje
Ifi) Leçon primitive: „dick buffels leer".
2") On lit dans la figure: ijserc plaetje (petite plaque de fer), lcy (ardoise), pij (gros drap),
glas (verre). Leçon primitive au lieu de „pij": leer of pij (cuir ou gros drap).
276 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
verre n'éclate pas par la chaleur. Cette fumigation a pour but de faire voir fi le verre
eft libre de toute grifaille. À cet effet on obfervc la réflexion d'une chandelle fur le
petit cercle au côté oppofé à celui qui porte la fait: par l'effet de ce fond noir on voit
fort nettement f il refle encore dans le verre quelque chofe de grifâtre. Il ne faut pas
enduire de ciment l'anneau de laine ou de gros drap, au contraire il faut en détacher,
après l'avoir chauffé, le ciment fil f'y en trouve, et coller ainfi l'étoffe libre de
ciment fur le verre dans une pofition bien centrale autant qu'on peut en juger avec
l'oeil. Puis il faut lai (Ter refroidir l'enfcmble. On doit en fuite centrer la petite plaque
de fer au moyen du verre-à-circonférences [Fig. 82]: l'extrémité inférieure de la
cavité doit correfpondre précifément au centre du profil inférieur du verre. À cet
effet il eft néceffaire de chauffer la petite plaque par impofition d'un petit charbon
ardent afin de pouvoir la déplacer quelque peu. Le verre ayant été collé, on le prend
en mains et on le frotte une quarantaine ou une cinquantaine de fois fur un linge
préalablement frotté, lui, avec du tripoli et tendu fur l'écuelle, en prenant bien foin
qu'il n'y ait rien dans le tripoli qui puiffe rayer le verre. Par ce frottement l'afpérité
du verre eft corrigée furtout vers les bords, laquelle pourrait trop ufer, fi l'on n'y
prenait garde, le fond fur lequel la lentille doit être polie.
Pour compofer ce fond on prend de la poudre obtenue par le mélange de 4 parties
de tripoli et d'une partie de vitriol de Chypre. Pour une lentille de 5 pouces de
diamètre un poids de 6 ou 8 as, donc un volume tel que celui de deux grands pois,
fuffit. On frotte ce mélange fur l'écuelle avec une pierre à aiguifer, après y avoir
ajouté 8 ou 10 gouttes de vinaigre. Il devient tout de fuite fin. Enfuite on l'étend
également fur l'écuelle avec une brode de peintre, plus largement du moins qu'il ne
le faut ftri clément en confidération de l'amplitude du parcours décrit par la lentille
durant le poliffage. En étendant la pâte on fait d'abord des paffes parallèles dans une
certaine direction, et enfuite dans une direction perpendiculaire à la première, tout
ceci plus d'une fois pour que le fond foit parfaitement égal. Ce fond doit être mince,
MEMORIEN AENGAENDE IIF.T SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERREK1JCKERS. 2~J
[Fig. 82]
niet op het glas en raecke, 't welck ondcr tegen de fchijf van pij geplackt werdt.
maer anders hoc naerder hoe beter.
Om dit glas aldus te placken, moet mon daerop w at cernent van \ boven verhaclde
doen en het glas wann gemaeckt hebbende het felve met een doeckje gelijckelijck
daer over ftrijcken en redelijck vet. behalven in t midden daer men de grootte van
cen fchellingh fonder cernent moet laeten, en berooeken die in de vlam van de keers,
maer niet in een reijs om 't glas niet te doen door de hitte in ftucken fpringen: defe
beroockinghgefchiedt om in 't polijften te konnen oordelen of het glas fuijveris van
aile graeuwigheijdt, als men de reflexie van de keers op de tegenoverjijde van defe
plaets waerneemt, want van voegen defe fvoarte grondt, foo fiet men J'eer fcherp of
daer noch eenige graeuzvicheijt over is. Aen 't rond van laeken of pij 28) en moet men
geen cernent doen maer felfs af fchrabben, warni gemaeckt lijnde, foo daer ietaenis,
en placken dat aldus op het glas, foo recht in midden als men met het oogh kan oor-
delen, en laeten het te faemen van felfs koudt werden. Dan moet men het ijfere
plaetjen voort recht fetten door middel van het circelglas, [Fig. 82], foo dat het
onderfte van 't puttje recht in 't midden van 't onderfte
pourfil van 't glas kome. waer toe nodigh is, om het
plaetje een vveynigh te konnen verfchuijven, dat men
het vvarm maecke door 't op leggen van een kooltje
vier. Het glas op geplackt lijnde foo vrijft men het
ecnighe 40 of 50 ftreecken met de handt, opeen doeck
daer Tripoli in gevreven is, en over de fchotel gefpan-
nen, wel lettende datter niets in fij dat het glas foude
konnen fchrabben. door dit vrijven werdt de ruvvig-
heijdt van "t glas -voornamelyck aen den boordt wegh
genomen, die anders de grondt daer men op polijften
moet te veel wechflijten foude.
Om nu defe polijft-gronde te leggen foo neemt men
een kleijn weijnigh van een poeijer gecompoieert van
4 deelen tripoli, en 1 deel vitriool de Cyprus. Tôt een
glas van 5 duym diam. is 6 of 8 afen of foo veel als 2
groote erweten genoegh. Defe compofitie vrijft men
met 8 of 10 droppelen afijn, op de fchotel met een
vrijfïïeen; ende is terstond fijn. Dan ftrijckt men defelve met een fchildersborftel ge-
lijck over de fchotel, of altijdt vrij breeder als de baen daer het glas moet opgepolijft
werden. vegende ecrft parallèle ftreecken eene wegh, en dan kruijfwijs daer over, en
dat aldus meer als eens, op dat de grond gelijck legghe, die voel dun moet leggen dock
;8) Leçon primitive au lieu du dernier mot: leer (cuir).
2~ S MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
et pourtant pas trop mince, car fînon il fufe trop par le poli jf âge de forte que le
cuivre efl mis à nu fuivant de larges bandes, ce qui exige la pofition d'un nouveau
fond. Par conféquent il efl préférable quau début le fond /bit plutôt un peu plus
épais et plus ré fi fiant: vers la fin il fufe tout-de-même fuffif animent pour donner à
la lentille la vraie figure de reçue lie.
Lorfque la pâte a été étendue, on la fèche en plaçant fur elle une poêle de fer plate
et oblonguc avec du feu. Celle-ci a une longueur d'environ 10 pouces ou un pied et
une largeur de 6 pouces. Comme la préfente figure l'indique [Fig. 83] la poêle eft
pourvue d'un bord oblique et en deffbus de 4 petites fphères fur lefquelles elle peut
repofer; elle a en outre un manche latéral qui permet de la faifir. Quand on voit en
foulevant la poêle que fous elle le fond commence à fècher, on peut l'enlever tout à
fait, permettant à l'humidité reftante de févaporer fpontanément, afin que l'écuelle
ne devienne pas plus chaude et qu'il ne faille par conféquent pas la biffer refroidir
durant un temps trop confidérable. Lorsqu'elle f'eft complètement refroidie, il faut
commencer le poliffage après avoir enduit de tripoli, par paffes parallèles, le parcours
que la lentille doit décrire et en avoir enlevé en lbufflant la poudre fèche, fil f en
trouve. Ce tripoli doit d'abord avoir été pulvérifé avec de l'eau fur une pierre et
enfuite amaffé de nouveau et fèché, car (mon il y a toujours dans les pièces de tripoli
quelques petits grains durs qui raient le verre. On libère le verre de tout ciment ou
graille en le frottant avec un morceau de linge imbu de tripoli et d'eau ou avec un
peu du mélange iufdit de tripoli et de vitriol; car il importe beaucoup que le verre
foit propre et dégraiffé pour que dans le poliffage le tripoli aie prife fur lui.
Avant que de porter la lentille fur le fond, il eft bon d'en avoir une autre, un
méchant verre, de la ligure de l'écuelle ou à peu près, avec lequel on repaff e toute la
route que la bonne lentille doit parcourir pour voir fil ne f'y trouve pas de grains
de fable ou de parties dures et pour les écarter ou brifer dans le cas où il y en aurait.
Alors feulement on commence à faire des paffes avec la bonne lentille, la mouvant
d'abord avec la main par ci par là, l'ôtant enfuite de l'écuelle pour voir, en regardant
les zones de tripoli qui f'y trouvent, fi celui-ci y a eu partout une prife égale. S'il
n'en eft pas ainfi, c'eft figue que la forme ou bien la lentille font encore trop chaudes;
il faut alors attendre et faire un nouvel effai jufqu'à ce qu'on conftate que le tripoli
prend fur tout le verre par lignes droites. En agiffant autrement on gâterait sûrement
la figure de la lentille. Lorfque l'écuelle eft trop chaude le verre touche au milieu
plus que vers fes bords puifque la furface fupérieure de l'écuelle a été dilatée par la
chaleur et qu'elle eft par conféquent devenue moins concave. Lorfqu'au contraire
le verre eft trop chaud, il eft mieux en contact avec la forme froide vers fes bords que
MEM0RIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS. 279
even wel niet al te dun, want anders foo (lijt die in t polijften te veel en komen heele
ftreepen daer in daer het koper bloot werdt,foo dût dan noch wel een nieuwe grondt
moet geleyt werden. Daerom is 7 beter, dût de grondt in V begin liever watdicker en
ftercker z//\ want defefce doch in V eijnde wel dun genoegh wegh fl/'/'t, ont het glas de
redite figuer van de fchotels te geven.
Dcfe grondt aldus gefchildert fijnde wordt voorts gedrooght, door cen vlackc
btngwerpighe ijfere pan met vier [Fig. 83], daer op te fetten; fijnde outrent ioduym
[1% 83]
of een voet langh en 6 duijm breedt, en hebbende rondom een fcheuijns opgaendc
boordt, met 4 kleijne bolletjes van onder om op te ftaen, en een fteel aen 't eene endt
om bij gevat te werden. gelijck defe figuer aanwijft. Als men de pan opligbtcnde fiet
dat de grondt daer onder bcgint te drooghen, dan kan men die voort af fetten, lae-
tcnde de reft vande vochtigheijdt voort van fich felfs uijt roocken, op dat de fchotel
niet wanner en werde, en men te langher defelve moete laeten itaen koelen. Als nu
de fchotel t' eenemael koudt geworden is, moet men het polijften beginnen, hebbende
eerft de baen met parallèle ftreecken \ran tripoli befchreven, en het lofîe ftof daer van
afgeblaefen. Defe tripoli moet eerst met water fijn gevreven werden opeen fteenen
dan weder tôt een malTa gemaeckt en gedrooght, want anders in de ftucken tripoli
altijdt eenighe harde fandties fitten die het glas fchrabben. men maeckt het glas fchoon
van aile cernent of vettigheijdt, vrijvende het felve met een doeckje met tripoli en
water of met een weijnigh van de voors. tripoli met vitriool gemenght. Want hier is
veel aen gelegen dat het glas wel fchoon en fchracl zij, op dat in 't polijften de tripoli
daer beter op vatte.
Eermen 't glas op de baen brenght, is het goedt een ander ondeugende glas te
hebben, van de form van de fchotel of daer ontrent, 't wclck men ovcral over de baen
vrijft om te fien of cr geen fandtjes of hardigheijt op en fitten, en die daer foude
moghen wefen wegh of aen rtuck te douwen, dan fet men voorts het rcchte glas op
de baen en men fchuijft het voor eerft met dehandt fachtjens gins en wcer, en dan weer
af nemende fiet men aen de ftreecken van tripoli die daer over fitten ofhct overal
egael gevat heeft. Indien niet, foo ift een teeckcn dat de fchotel of 't glas noch te
warm fijn, en men moet wat wachten, en weder op de felfde manier beproevcn, tôt
dat men fiet dat de tripoli met rcchte ftreepen over 't geheele glas fit. anders foude
men feeckerlijck de figuir van 't glas bederven. Als de fchotel te warm is raeckt het
glas in 't midden meer als aen de kanten om dat door de warmte de bovcnfte fuper-
ficie van de fchotel uijtgcreckt is en min hol werdt. Macr het glas te warm fijnde en
280 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES X LONGUE VUE.
dans fa partie centrale, puifque la furface inférieure du verre fe rétrécit alors par le
froid tandis qu'il n'en eft pas de même pour fa furface fupérieure.
Polir avec les mains ferait un fort grand travail, impoifible même dans le cas de
grandes lentilles de 5 a 6 pouces ou davantage. C'eft pourquoi nous avons en premier
lieu conçu et mis en œuvre un appareil [Fig. 84] pour ferrer le verre contre l'écuelle
autant que cela cil néceflaire, afin d'être délivrés de cette partie de la peine. Il confifte
d'abord en un bâton CC dont la longueur eft quelque peu fupérieure à la largeur de
l'écuelle A, tandis que fa feétion droite eft un carré dont le côté mefure environ il
pouces; fes deux bouts font courbés vers le bas de telle manière que les extrémités
ou manches font de nouveau parallèles au bâton lui-même. Son centre porte une
pointe de fer dont le bout eft au niveau des dites extrémités19). Cette pointe eft ap-
puyée fur la cavité de fer que nous avons dit être attachée à l'ardoife à la partie
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS.
28l
tegen cen koudcr fchotel aen komende, foo raekt hct mccr acn de kanten als in mid-
den, om dat lijn ondcrlle fuperficie in krimpt door de koude en de bovenite niet.
1 let polijiten mec de handen ibude iecr grooten arbcydt lijn, jae onmoghclijck in
groote glafen van 5 of 6 duijm en daer boven. Daer om hebben wij eerfl: een machine
[Fig. 84]
[Fig. 84] bedacht en in 't werck gcftelt om het glas, foo veel als noodigh, tegen de
fchotel acn te drucken, ende alfoo van dit deel der moeijte ontflagen te wefen. Defe
beftaet vooreerft in een hout CC wat langer als de fchotel A brecdt is,en ontrent ii
duijm vierkant. doch de twee cijnden of handvattcn nedervvaerts geboghen heb-
bende,'en weder parallel met de lenghdc der ftock. In midden van dit hout ltecckt
een ijfere pen, wiens punt gelijck komt met het onderfte der voorfeijdc handvat-
tcn iy). Defe pen druckt in het ijfere putje, 't geen wij gefeght hebben op de leij
:;/) Ce „pen" ou pointe n'est plus visible dans la Fig. 84 puisque la machine fut corrigée plus tard
(voir la suite du texte) et que c'est à cette nouvelle forme de l'appareil que la figure correspond.
La pointe doit se trouver sous la main M.
36
282 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES X LONGUE VUE.
inférieure de laquelle eft collé le verre ou lentille B avec un anneau de gros drap entre
les deux. Et pour que la pointe exerce une preffion fufhTante, on difpofe d'un arc DD
fait d'une planche de pin. Son épaifTeur eft de § pouce, fa longueur d'environ 5 pieds;
au milieu fa largeur eft de 7 pouces, mais vers les bouts il s'amincit pour fe termi-
ner prefqu'en pointe. Cet arc eft fermement attaché au plancher avec un crampon. À
la corde FI F qui le tend on attache une autre corde en deux endroits dont la dis-
tance II égale la longueur du bâton CC3'); cette corde paflë par les courbes des
manches et au-deffus du bâton; enfemble avec l'arc DD il peut être tendu autant
qu'on le défire au moyen de la cheville G fur laquelle la corde venant de C eft en-
roulée et qui tient à une petite pièce de bois à laquelle la corde venant de I eft attachée
par en-delïbus. La forme A eft placée fur une folide planche carrée attachée d'un
côté à une table et repofant de l'autre fur le bâton P. Afïis et tenant le bâton CC
par les deux manches nous faifions exécuter à la lentille, en la tirant, un aflfez lent
mouvement de va-et-vient fur l'écuellc A, prenant foin de la tourner un peu après
chaque période de 20 ou 25 pafïës. De cette manière elle fe trouvait être entière-
ment polie en 2 à 3 heures. C'était un grand travail puifque le verre, ainfi prefTé,
gliflfe fort lentement fur l'écuellc.
Au lieu de l'arc DD j'ai depuis eu F idée de me fervir d'un rejjbrt compofé de
deux planches de pin cefi et ocy fermement attachées à V extrémité ce à un billot
coupé obliquement \Fig. 85]. Ces planches ont chacune une longueur d' environ . . .
pieds 32), la même que la table fervant au poUjfage fous laquelle elles font placées
dans le fens de la longueur, d'où rè fuite qu'elles ne donnent pas d'embarras comme
le faifait l'arc DD qui dépaffait de beaucoup la table d'un côté comme de l'autre.
À l'extrémité oc ces deux planches ont une largeur de 8 à 10 pouces et une épaiffeur
de . . .pouce 3a). Aux bouts (2 et y elles fe terminent prefqu'en pointe, ccy étant po fée
fur le plancher, on donne une certaine tenflon à la planche ce fi en tirant fon ex-
trémité /3 vers le bas avec la corde fieÇ qui paffe par une poulie e vijfée dans le
plancher et eft enfuite enroulée et fixée fur la goupille % également attachée au
plancher. Au bout y de la planche ocy eft fixée en-deffous avec une corde la traverfe
de bois èè, dont les extrémités font attachées aux cordes èCCG et êG, dont la
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS. 28;
vaft te iijn, dacr hct glas B, met cen rondt van pij :,°) tuflchen bcijde, van onder
teghen gepkckt is. En om ccn genoeghfaeme pcrflingh ce maecken, loo hccft mcn
ecn boogh, gemaeckt van ccn gcrcijncn honte planck, van i duijm dick, outrent 5
voct langh, en in midden - duijm breedt, maer nae de enden bijnae (pics toelopende.
als hier DD. Defe werdt in de midden tegen de vloer vaft gebonden aen ecn kram.
Ende aen hct touw FIF, dat dacr op gcfpanncn werdt, maecktmen ecn ander touw
vaft op twee plaecfen, welckers diftancie II gelijck is aen de lenghdc der ftock CC 31);
loopende dit touw door de bochten der handvatten over defelvc ftock heen,cn wer-
dende te raemcn met den boogh DD naer believen ftrack gcfpanncn, door middel
van de pen of fteck G, daer hct touw van C komende omgewondcn is, en dewclcke
in cen houtje ftecckt dacr het touw van I komende onder aen vafl: is. De ichotel A is
gefet op cen ftercke vierkante planck die aen d'ecn iijdc aen een tafel vaft is, en met
d'andere fijde ruft op de ftock P. Vattende nu het hout CC bij bcijde de handvatten
en neder fittende foo trock men hct glas met redclijck langhfaemc ftreecken gins en
weer over de fchotel A, keerende het ieder 20 of 25 ftreeeken een weijnigh om, 't
welck 233 uren duerde eer het volkomen gepolijft was, ende was ecn grooten
arbeijdt dcwijl het glas aldus geperft lijndc feer traegh over de fchocel fchuijft.
//; plaets van den boogh DD, hebbe daer nae bedacht een veer van 2 gereijne
planken te faem geflelt ufi en ccy, op een fcheuijns blockjen aen V eijndt et, wel vaft
gefpijckert [Fig. 85]. Defe plancken fijn entrent ijder . . . voet langh, te weten 3I)
foolanghahdepolijfttafel;onder dewelck
Jij inde lenghde geplaetft fijn\ waer door
geen embaras geven, gelijck den boogh
DD, die aen weder fijden ver uijtftack.
aen V eijnde ce zijn defe planken 8^10
duijm breedt en . . . duijm dick 32). naer
/3 en y gaen fe bijnae j'pits toe. oty op de
vloer leggende,fbo fpant men het eijnde $
van de planck ctfi nederwaerts met het
touw (3eÇ, dat door een catrol e, die in de
vloer gefchroeft is door gaet, en dan om
de pen <f, die mede in de vloer vafl ftaet, gevoonden en vaft gemaeckt werdt. Onder
het endt y van de planck ccy werdt vaft gemaeckt met een touw het dwarshout èè,
aen welcker eijnden vaft fijn de touw en è CCG, en èG. waer van V eer fie pafjeert
[Fig- 85]
3°) Le çonprimitive: „buffels leer" (cuir de buffle).
r'') Il n'y'a plus de lettres II dans la Fig. 84.
") Les mots „ontrent ijder . . . voet langh, te weten" et „en .
omis par Boerhaave dans sa traduction latine.
duym dick" ont à bon droit été
284 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
première pajje par les manches et ati-dejjus dupolijjoir CC. La traverfe èè nefi
foulevée que peu du plancher de forte que les cordes è C refient longues et que le polis-
folr CC a de Fefpace pour exécuter un mouvement 0 [dilatoire pendant le poliffage.
Le r effort efl attaché au plancher avec les deux clous S-, mais ceux-ci n y font pas
enfoncés jufqu à la tête parce que le r effort doit pouvoir f élever un peu en ce lors-
qu'on tend la corde (2eÇ.
Or, pour rendre quelque peu plus aile le mouvement périodique de la lentille, nous
avons ajouté à l'appareil décrit ci-defTus encore cet autre difpofitif [Fig. 84]. M efl:
une folide main de bois ou de fer avec, en defïbus, une ouverture carrée de forte qu'elle
peut tenir le bâton facilement fans le ferrer. Cette main a une queue par laquelle
elle eft attachée à la planchette LL avec un coin qui pafle par un crampon de fer
attaché à la planchette et dont la fur face inférieure efl de niveau avec le dejfous de M.
Cette planchette a une largeur d'environ i\ pouces et une épaifîeur d'un demi-pouce;
fa longueur eft égale a environ ii fois le diamètre de l'écuelle. Elle peut faire des
mouvements de va-et-vient fur le billot H attaché à la table O et de hauteur telle
que la planchette fe trouve environ un pouce au-deffus de la furface de l'écuelle.
Les petits crochets de bois x, ainfi que les goupilles 2, empêchent le mouvement
d'être autre que droit en rendant impoffible le foulèvement de la partie poftérieure.
En outre nous avons pofé fur le milieu du billot H un folide axe de fer qui tourne
dans deux ouvertures rondes et porte en fon point milieu un petit rouleau de bois
d'un diamètre d'environ \\ pouce, fermement attaché à lui par une goupille de fer
qui le traverfe. A travers deux trous forés dans ce petit rouleau, lefquels font élargis
à une de leurs extrémités, paffent des cordons folides avec des noeuds qui n'émergent
pas du rouleau. Ces cordons font l'un et l'autre enroulés fur lui de quelques tours;
l'un d'eux eft attaché à une goupille courte fixée dans la planchette LL, l'autre eft
enroulé fur la cheville N au moyen de laquelle il eft tendu à volonté. Une manivelle
de fer Q eft attachée à l'une des extrémités de l'axe fufmentionné; elle eft longue de
5 pouces environ et a un manche de bois avec lequel on peut la tourner alternative-
ment dans l'un et l'autre fens, ce qui fait que la planchette LL eft tirée avec force
tantôt d'un côté tantôt de l'autre et la lentille B de même de telle manière qu'elle
dépaffe le bord de l'écuelle des deux côtés environ d'un tiers de fa largeur; en même
temps, comme nous l'avons dit plus haut, la lentille eft preffée contre l'écuelle par
le bâton CC et le reffort T)D. La pointe qui la preffe a une pofition un peu oblique
par le fait que le bâton CC fe meut affez lâchement dans la main M. Ceci eft néces-
fairc pour que le verre gliflè fur l'écuelle fans trembler. Cette obliquité de la pointe
doit toutefois être faible et en cas d'excès on peut augmenter la grofjeur du bâton
CC au milieu afin que la main M y ait une prife plus ferme. Dans le de fous de la
planchette LL on fixe deux petites goupilles de fer qui heurtent de part et d'autre
contre le billot H et empêchent ainfi quelle ne foit tirée plus loin que ne V exige le
mouvement de la lentille fur Vécuelle. Cette dernière, ou plutôt la pierre à laquelle
elle eft attachée, a été ferrée entre le billot H et une goupille qui tient a la partie
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPF.N VAN GLASEN TOT VKRRF.KIJCKERS. 285
door de eijnden en over hct polijft hout CC. Het hout èê werdt maer "voeijnich vande
vloer gelicht, wacr door de touwen è Clangh blijven, en het polijft hout CCruijmte
heeft om in V polijften gins en weer te gaen.
Met de 1 fpijckers 9" is de vecr aen de vloer va fi, doch defe fpijckers enfijn niettot
het hooft toe in geklopt om dût de veer in oc wat rijfen moet als men het toww (2eÇ
fpant.
Om dan dit gins en weder trecken gemackclijker te maecken, foo hebben vvij tôt
de voorfchreven machine noch defe andere bijgevoeght [Fig. 84]. M is een ftercke
houte of ijfere handt, van onder vierkantich hol, foo datfe de ftock CCruijmen fon-
der klemmen kan omvatten. Defe heeft een fteert daer mede fij vaftgemaeckt wierdt
non hct planckje LL, met een wigghe die door een ijfere kram gefteecken werdt,die
op hct planckje vaft is, wiens onder fie fuperficie met de voorfte beck van M gelijck
kr>mt. Dit planckje is outrent i\ duijm breedt, i duym dick; en ontrent anderhalf-
macl de fchotels diameter langh. Het kan gins en weder fchuijven op het block H, t
welck op de tafel O vaft is en foo hoogh dat het planckje een duijm ontrent boven
de fuperficie van de fchotel verheven is. De houte hacckjes tt, en pennetjes £,belet-
ten dat het anders als recht gae, als mede dat het achter niet op en lichte. Voorts is
midden over \ block H een ftercke ijfere as geleght, die in i ooghen draeijt, en in
midden een houte rolletje van ontrent \\ duijm dick heeft, met een ijfere pennetie
dat dwars door gaet wel vaft daer aen gehecht. Door twee gaten in dit rolletie geboort
en aen d'een fijde vvijdt uijtgeholt fteecken ftercke touwtjes met knopen daer voor
die evenwel niet buyten 't rolletie uytfteken; en dan ieder van defe eenighe touren
om het rolletje gewonden, en het eene vaft gemaeckt aen een korte pen die in 't
planckje LL vaft fteeckt; het andere op de fteck N gewonden zijnde, door welcke
dit touw naer believen gefpannen werdt. Voorts is aen het een cijnde vande voors.
as een ijfere fwengel Q, ontrent 5 duijm langh, met een houte handvat, waer bij nu
dus, en dan weder contrarié omgedraeijt fijnde, foo wierdt het planckje LL met
kracht gins en weder getrocken en met eenen het glas B foo dat aen weder fijden
ontrent i over den boord der fchotel komt, terwijl het door de ftock CC, en veer
DD, als voorfeijt is, tegen de fchotel geperft werdt. De pen die daer op druckt valt
een weijnich fcheuijns over, door dien de ftock CC eenighe ruijmte heeft in de handt
M. En dit is noodigh om het glas fonder beven over de fchotel te doen fchuijven.
Doch evenvoel moet dit overleggen vau de pen feer weijmgh fîjn, en als het te veel is
kan men de dickte van de flock CC in V midden verhooghen, om foo veel dieper in de
handt M gevat te werden. Menfïeeckt 1 ijfere pennetjes van onder in '/ planckje LL,
devoelcke ten weder fijden tegen het block H feuijtcnde bcletten dat het niet ver der
en werdt getrocken als het glas op de fchotel van noode heeft. De fchotel, of lie ver
de fteen daer defelve op vaft is, werdt geperft tuffehen het block H, en een pen die
2 86 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
oppofée de la planche, au moyen d'un coin enfoncé entre les deux. En opérant on
eil afîls fur un petit banc rond ou efcabelle, et lorfqu'un des bras eft fatigué on tourne
avec l'autre; comme on n'cft pas obligé de mouvoir le corps entier cette manière de
polir eft beaucoup moins fatiguante que celle où il fallait tirer avec les bras tantôt
dans un Cens tantôt dans l'autre. Plus tard nous avons confinât cette manivelle en
plus grande longueur et telle quon peut la tourner en tenant Vun ou Vautre des deux
bouts ce qui permet aujfî d'opérer avec les deux mains fimultaném eut .
Pour tourner un peu la lentille après chaque période de 20 ou 24 pafTes, comme
cela eft néceïïaire, on la fait avancer d'une main jufqu'au contour de l'ardoife tandis
qu'on la tourne de l'autre, ce qui fe fait fans peine.
Il cil également néceffairc de déplacer un peu l'écuelle toutes les fois qu'on a fait
25 ou 50 pafTes. Un déplacement de la demi-largeur d'un brin de paille fuffit. Il fe
fait vers ce côté-là de la route parcourue par la lentille où pour le moment celle-ci
ne fe trouve pas; après 25 ou 50 nouvelles pafTes il fe fera du côté oppofé. Au com-
mencement du poliflage on voit le tripoli amafle par ci par là en petites plaques fur
la route de la lentille, mais celles-ci f'effacent bientôt et le chemin du parcours
devient entièrement égal.
Lorfqu'on aperçoit que le tripoli n'a pas afléz de prife fur le verre ce qui fe recon-
naît au fait qu'il ne f'y attache pas en lignes droites et fines, il faut de nouveau mettre
la poêle plate contenant du feu au defTus de la route de la lentille jufqu'à ce qu'on
fent qu'en ces parages l'écuelle eft un peu plus chaude ou du moins un peu moins
froide qu'ailleurs. Alors il faut de nouveau „écrire" fur l'écuelle avec du tripoli et y
pafTer la lentille à la main pour voir fil prend également, et ne continuer le polifTage
que fil en eft ainfi. On enduit auflî parfois de la même manière la route de tripoli
fans chauffer l'écuelle, ceci pour mieux entretenir la route et auflî pour faciliter quel-
que peu la prife. C'eft ce qu'on peut répéter à chaque période de 200 ou 400 pafTes.
N.B. Depuis que nous avons pris du vitriol au lieu de vert-de-gris ce que nous
difons ici du chauffage de Vécuelle n eft plus néceffaire puifque le fond fur lequel fe
meut la lentille y prend maintenant toujours avec beaucoup plus de fermeté qti au-
paravant^.
On peut aufll, toutes les fois qu'on a fait 200 pafTes, enlever la lentille de la forme;
à cet effet il faut défaire le coin qui ferre la main M contre la planchette et foulever
le bâton CC qui prefle le verre. Alors on nettoie une bande du verre en y pafTant
un doigt ou un petit morceau de linge ou de cuir bien propre, pour voir combien le
travail efl avancé.
M) D'après le deuxième alinéa de la p. 296 qui suit cette remarque a été ajoutée en 1686 (date
de l'Appendice IV) ou plus tard.
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GL ASEN TOT VERREK1JCKERS. 287
acn d'overfijde in de planck lteeckt, met een houte wigghe tuflehen beijde in te dou-
wen. Men fit op een rondt banckjcn of fchabel als men dit werck doet, en als den
eenen ami moede is, foo draeijt men met den anderen; macr dewijl men niet van
noode heeft het lijf verder te beweghen foo vcrmocijt defe manier van polijften veel
min als doen men de ftock CC met d'annen gins en weer mort trecken. ÏVij hebben
daernae defe fwengel lang gemaeckt en draeyende op beijde eijnden om al foo met 2
luinden te gelijek te kotmen draeijen.
Om het glas ieder 20 of 24 ftreecken wat om te draeijen 't vvclck noodigh is, foo
treckt men het felve met d'ecne handt bij de buijtenrte circonferentie vande leij,
terwijl het met d'andere voort gewonden werdt, 't welck fonder moeijte gefchicdt.
Het is 00k noodigh de fchotel aile 25 of 50 ftreecken een wcynigh te verfetten,
alleenlijck een half ftroobreedt defelve verruckende, aen die fijde der baene daer het
glas niet en is; en 25 of 50 ftreecken daer nae, wederom contrarie defelve verfchuij-
vende. In 't cerfte van 't polijften, fiet men de tripoli op de baen hier en daer met
klcijne plackjes vaft fitten, doch defe gaen daer nae wegh, en de baen werdt t' cenc-
mael effen.
Als men gewaer werdt dat de tripoli niet genoegh op \ glas en vat, fittende niet
eenparigh met rechte en fijne ftreepen daer over, foo moet men de platte pan met
vicr weder over de baen fetten, tôt dat men even voelt dat de baenietwes warmer
of min koudt is als d'andere deelen van de fchotel. Dan moet men weder met tripoli
daer over fchrijven, en ftrijcken het glas met de handt daer over, om te fien of het ge-
lijek vat; en dan eerft voort polijften. Men fchrijft ooek wel altemets met de tripoli
over de baen fonder de fchotel te warmen, en dat om de baen te beter te onderhouden
en ooek het glas ecnighfins beter te doen vatten, men kan het ieder 200 of 400 itree-
cken repeteren.
N.B. Sedert dat wij vitriool in plaets van fpaenfgroen genomen hebben, foo is V
geen hier gefeght werdt van V verwarmen der fchotel onnoodigh, dewijl de gemaeckte
baenen nu altijdt wel vatten op V glas en veel va (1er houden als te vooren 33).
Aile 200 ftreecken kan men ooek het glas eens afnemen, maeckende de wigghe los
die de handt M aen het planckje hecht, en lichtende dan de itock CC van het glas af.
Dan veeght men een ftreep daer over, met een vinger ofeen fchoon doeckje ofleertje
en men fiet hoc het vordert.
288 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
Pour épargner la peine de compter les partes une roue de bois Y d'un diamètre
de ~ ou 8 pouces eft parallèlement attachée à une planche fixée contre le mur; cette
roue qui tourne fur fon axe avec facilité a 24 dents dont l'enfemble affecte la figure
d'une fcie. Elles font pourtecs par l'aiguille de cuivre SX attachée par un petit rond
au reiïbrt de fil de cuivre RST qui eft cloué en R fur la planche. Ce rcrtbrt eft tiré
par un cordon qui part de T, traverfe l'ouverture ronde V et fe prolonge enfuite
jufqu'au bout de la planchette LL à laquelle il eft attaché. Par ce moyen la roue Y
eft avancée d'une dent après chaque couple de partes, et toutes les fois qu'une des
deux aiguilles Z ou A qu'elle porte vient en contact avec le fil de cuivre r Z et le
laifTe de nouveau échapper, on entend réfonner la fonnette r attachée à ce fil, par où
l'on fait qu'il s'eft fait 24 partes et que la lentille doit être tournée d'un certain angle.
On peut en outre attacher au billot H à côté de la planchette LL un compteur a
3 ou 4 index arrangés fuivant le fyftèmc des nombres décimaux, et lier fon cordon a
l'extrémité de cette planchette: par ce moyen on connaîtra le nombre des partes fans
aucune peine de compter ou de noter.
Une lentille d'un diamètre de 5 ou 6 pouces exige environ 3000 partes pour deve-
nir parfaitement reluifant des deux côtés.
Il faut bien obferver fi l'on ne remarque plus de parties grifàtres au de taches au
milieu de la lentille : ailleurs le verre paraîtra limpide beaucoup plus tôt. On les recon-
naît par la réflexion d'une chandelle ou de la clarté du jour, l'autre côté de la lentille
ayant été enduite de fuie.
Lorfqu'on eft d'avis que la lentille a été fuftifamment polie, il faut, pour l'enlever de
l'ardoife et du cuir, la chauffer fur un réchaud jufqu'à ce que le ciment devient fi mou
qu'on peut la détacher de lui. On ôte alors le ciment qui y refte avec un petit linge
chaud et enfuite avec un autre petit linge imbu d'huile ou de fuif, enfin avec d'autres
morceaux de linge plus propres ou bien avec une ferviette également neuve.
Si après tout on trouve que le polirtage eft encore imparfait (car en ceci on fe
trompe fouvent) on peut continuer à polir après avoir de nouveau collé la lentille
comme auparavant et l'avoir nettoyée et dégrairtee comme il a été dit ci-dertus. À ce
but on peut aurti renouveler le fond de l'écuelle fi le premier a péri ou eft devenu
défectueux par ablution ou ufure, pourvu qu'aucune autre lentille n'ait entretemps
été polie fur la même forme.
Pour la dite ablution des fonds il faut verfer fur eux un peu de vinaigre 34).
-• ) En 1673 (T. VII, p. 318) Huygens écrit que Lebas nettoie „la forme de l'Emeril . . . en y
mettant du vinaigre meslè d'un peu d'eau forte".
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERREKIJCKERS. 289
Om de moeijtc van t tellen te ontgaen, is op een planck die tegen de muer vast
gemaeckt is, een houte radt V van 7 of 8 duijm diameters, plat tegenaen geleghtdat
op fijn as leer lieht omdraeijende, heeft 24 tanden, faeghfgewijs ingesncdcn. Dele
tanden werden voort geitooten door het kopere ftiftje SX, twelck met een ooghje
vaft is aen de veer van koperdraet RST, die in R op de planck gefpijckert is. Defe
veer werdt getrocken door een touvvtje dat van T door het oogh V gaet, en daer
van daen voorts tôt het eijnde van 't planckje LL, daer het aen vait is. Hier door
werdt dan het radt Y ieder twee ftrcecken een tandt voort gefet, en telkcns als een
der 2 pennetjes Z of A, die daer op daen, tegen het koperdraet TZ aen komen, en 't
felve weder laeten flippen, foo klinckt de bel T die aen dit koperdraet vait is. Waer
door men weet dat er 24 ftreecken gepafleert fijn, en dat het glas wat omgefet
moet werden.
Behalven dit foo kan men noch een Paileller (hebbende 334 wijsers met thiende
voortganck) op het block H neffens het planckje LL vast maecken, en fijn touwtje
aen \ uyterste van dit felve planckje binden, waer door men fonder eenighe moeijte
van tellen of aenteyckenen kan weten hoe veel ftreecken men gepolijft heeft.
Een glas van 5 of 6 duijm diameter heeft al outrent 3000 ftreecken van nooden
om wel fchoon te fijn, dat is te feggen aen ieder fijde.
Men moet wel toonen of men in 't midden van 't glas, alwaer het aen d'ander
fijde beroockt is, geen graeuwicheijdt of ftippelen aen de reflexie van de keers of
lichten dagh meer gewaer en werdt, want de andere deelen van 't glas al veel eer
fchoon gelyckenen.
Als men vindt dat het glas genoegh gepolijrt is, foo moet men het om van de leij
en leer af te krijgen, over een caffoor met vier warm maecken tôt dat het cernent
foo weeck werdt, dat men 't glas kan affchuijven. Dan vrijft men 't geen daer noch
aen fit met een warm doeckjen af, en daer nae met een ander doeckje dat met olie of kaers-
fmeer vet gemaeckt is, en dan voorts met fchoonder doeckjes of een ichoone fervet.
Soo men het glas niet fchoon genoegh uytgepolijft bevindt (want hier in bedrieght
men fich al veeltydts) foo kan men het noch meer polijften, plackende het weder als
te voren op, en wel fchoon af vegendeen fchrael maeckendealshierbovenisgefeght.
Men kan oock wel een nieuwe grondt op de fchotel hiertoe leggen indien d'eerfte
afgewaiïchen of anders onbequaem is, mids dat ondertiuTehen geen ander glas op de
fchotel geslepen zij.
Om defe gronden af te waflchen, moet met wat azijn daer op gieten 34).
Traduction du texte latia de 1692 (Manufcrit H) imprimé à la p. 816 du T XIII (comparez la
fin de T Averti (Tement qui précède): Le reflbrt de la table pour polir pourrait être attaché
en haut avec des foliveaux [au lieu d'être attaché au plancher], pour que les bâtons qui
37
290 MÉMOIRES SUR LA TAILLE DE LENTILLES POUR LUNETTES À LONGUE VUE.
prêteraient alors la lentille puiffent être plus longs que ne le font à préfent les cordes
qui tirent trop obliquement vers les bords de la forme.
Ceci ferait furtout utile, ou plutôt devrait néceffairement être fait, fi nous voulions
polir des lentilles concaves. Dans ce cas on achèverait d'abord leur furface convexe,
et enfuite la furface concave en mouvant récuelle de métal fur le verre immobile.
Après tout, nous pourrions cependant aufli exécuter cette partie du travail en nous
fervant de la traction de cordes comme jufqu'ici.
On pourrait aufli rehauffer la table d'un ou deux pieds, et le fiège de l'opérateur
en même temps, pour qu'il puifle tourner la manivelle avec moins de peine.
Les. p. 817 et 818 du T. XIII contiennent encore quelques remarques en français, également
tirées du Manufcrit H, qui fe rapportent à ce fujet.
APPENDICE I
AUX MEMORIEN AENGAENDE MET SLIJPEN VAN GLASEN
TOT VERREKIJCKERS.
1667 lX
A. 17 INIars 166-. Il faut taire des pièces de verre quarrees de 10 pouces et de
l'epahTeur de 4 lignes et tafeher de les rendre les plus plâtres et unies que Ton pourra,
et que la matière foit bien blanche et tranfparente, (ans que pourtant elle foit fujette
a jetter du fel et fe ternir par après. Et qu'elle n'ait auffi guère de petits points et
furtout nulles veines. La quelle dernière qualité ne pouvant elbre jugée que lors que
le verre cft poli, il faudra faire travailler ces pièces des 2 coftez comme l'on fait les
glaces & miroirs. Mais il fuffira de commencer par une ou 2 pour veoir fi la matière
eft bonne, après quoy l'on en fera d'avantage. Il faut tafeher de faire le moins de
levées pour chafque pièce quarree qu'il fera poflible et le meilleur feroit (i l'on n'en
faifoit qu'une.
B. 2 Nov. 1667. L'on mettra dans le fourneau un pot apart avec de la matière
pure et rafinee au poflîble (en marge: manganefe, foude), et on la laiiïera plus long-
temps au feu qu'a l'ordinaire, afin qu'elle fe purge des petites bulles ou points dont
les glaces de miroir font remplies. Il faut aufll faire en forte qu'elle foit plus blanche
et tranfparente que les glaces ordinaires fans pourtant élire fujette a jetter du fel et fe
ternir par après; et furtout qu'elle n'ait point de veines comme l'on en voit fouuent
aux glaces, quand on tient un papier derrière. La matière ellant cuite, l'on en fera
des plaques de 10 pouces en quarrè et efpaiffes de 4 lignes environ et l'on fera le
moins de levées pour chacune qu'il fera poifible parce que les veines s'engendrent
par la. On en polira quelques unes pour juger de leur bonté.
') Les deux Pièces sont empruntées a la p. 152 du Manuscrit C.
APPENDICE II
AUX MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN
TOT VERREKIJCKERS.
1669 ").
Manière de tailler les verres ordonnée a un Ouurier.
1 669. Formé avec du grez. Douci avec du fable fin de Belleville. Molette de bois
en hemifphere. avec 3 efpaiflfeurs de drap.
Poli avec moitié potée d'eftain moitié mine de fer méfiez enfemble fur 2 draps et un
cuir couchez fur la forme de cuivre.
La forme eftoit raijee par quarrez. Eftoit de diamètre de 10 pouc. le verre de 6
pouc. pour une lunette de 45 pieds, convexe de deux coftez également.
2) Manuscrit D, p. 233. La p. 235 porte la date du 21 Novembre 1669.
APPENDICE III
AUX MEMORJEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN
TOT VERREKIJCKERS.
[l682]3).
.Méthode excellente et éprouvée pour donner la forme fpherique parfaite aux for-
mes de leton qui fervent au travail des verres des tclefcopes.
aa la forme de leton attachée au tour, bb
[Fig. 86] ^ — 7 — [Fig- 86"] platine creufe attachée devant la
lunette du tour, ce platine convexe mobile
fur la quelle efl: attachée une planchette. Et
fur cette planchette eft attaché l'outil d'acier
par une vis de bois d qui le ferre de codé.
Les platines bb et ce eftant appuyées fur
un mefme plan cette dernière glifle contre
1' autre.
3) Manuscrit F, p. 107. Les p. 101 et 112 portent respeftivement les dates du 8 février et du
16 avril 1682.
APPENDICE IV
AUX MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN
TOT VERREKIJCKERS.
1686.
Le 5 février 1686 nous avons commencé à former une excellente lentille de 1 24
pieds ') de h matière de Bois-lc-Duc, pour faire un effai de la bonté de cette matière.
D'abord nous égalifàmes les furfaces du verre fur l'écuelle de fer. Après cela nous
rodâmes le verre fur cette écuelle au moyen de l'arc qui permet d'aplanir les „dos".
La première fois nous polifïions un peu feulement, uniquement dans le but d'exami-
ner la matière. Le jour fuivant nous eflayâmes de polir davantage mais le contaél avec
l'écuelle fut trop étroit vers le milieu, je crois à caufe du gel qui avait apporté quelque
changement (bit à l'écuelle foit au verre. Plus tard, lorsqu'il s'agiflait de donner par
le rodage une nouvelle courbure à un des côtés qui avait en ce moment un rayon de
courbure de 85 pieds, nous avons d'abord rendu la furface à moitié plane fur la forme
de fer, enfuite nous lui avons donné la figure défirée, avec de gros grains d'émeri,
dans une forme de 204 pieds. Enfuite nous avons formé [l'autre côté] avec le même
émeri dans une écuelle de 85 pieds, mais feulement après avoir brifé les plus gros
grains à l'aide d'un verre précurfeur. Après que [l'un et l'autre côté de] la lentille
avait reçu la bonne forme, nous l'avons polie i d'heure avec de l'émcri de 40 fécon-
des, puis avec de l'émeri de 1 00, puis de 200, chaque fois de nouveau i d'heure, enfin
1 ~ heure avec de l'émeri de 400 fécondes. Durant le polifîage nous avons bien ferré
la lentille contre l'écuelle, auquel but nous avons pris peu de diftance entre les cordes,
de forte qu'on entendait toujours le raclcment du verre fur la forme jufqu'à ce que fa
furface fut, à la fin de l'opération, devenue extrêmement lifîe.
') D'après la suite cette lentille biconvexe à distance focale de 124 pieds n'était pas de forme
symétrique: les rayons de courbure des deux côtés (c'est ainsi du moins que nous croyons
devoir comprendre le texte) étaient respectivement de 204 et de 85 pieds. En effet, la formule
-. = (n — 1) (■= — f- j-~) donne, pour /'= 124, R, = 204 et R2 — 85, n (indice de ré-
fraction) = 1,54. L'épaisseur de la lentille (qui, d'après la p. 262 qui précède, où il est question
du verre de Bois-le-Duc, était 4 à ^ pouce, en d'autres termes de 53 à jS pied) pouvait être
négligée dans ce calcul.
APPENDICE IV
AUX MEMORIEN ÀENGAENDE HETSLIJPEN VAN GLASEN
TOT VERREKIJCKERS.
1686.
Den 5 Febr. 1 686, een excellent goedt glas geflepen van 1 24 voet '), van de
Boflche (lof, om te proeven of die goedt was. Eerfl: op d'yfere fchotel evcn dick gc-
maeckt. Daer nae op de felve gedraeijt met den boogh aen weder fijden om de rug-
gen wcgh te krijgen. Voor d'eerfte reijs maer vveynigh gepolijfl: om alleen de itof te
examinerai, 's Anderen daegbs geproeft meer te polijften doch vatten te veel in 't
midden van t glas, foo ick geloof om de vorfl die eenighe verandering aen de fchotel
of aen 't glas gemaeckt hadde. Daer nae om de fijde van 85 te verflijpen, eerfl: ecn
lhick weeghs plat gemaeckt op d'ijfere fchotel, daer nae voort geformeert inde fchotel
van 204 voet met de grove ameril. En doen met defelfde ameril geformeert inde
fchotel van 85. maer met een voorlooper eerfl: de grofste greijnen aen ftuck gebroo-
cken. Nae dat geformeert was en de ameril redelyck fijn gevvorden, doen met die van
40 feconden i uijrs geflepen; daar nae met die van 100 feconden, en van 200 ieder
mede i uijrs. Endelijck met die van 400 feconden ii uijr. In 't flypcn altijdt dicht
tegen de fchotel aen gehouden, met de touvven dicht op een te maecken, foo dat men
't glas altijdt hoort fchuiren op de llof tôt in 't cijnde dat die op \ alderfijnfle ge-
komen is.
206 MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN, ETC. APP. IV.
Je parcourus la forme entière avec le verre précurfeur chaque fois que j'y avais mis
une nouvelle forte d'émeri. C'eft ainfi qu'on évite toutes les raies.
Je polifïai la première furface avec du cuir de buffle entre le verre et l'ardoife (en
marge: N.B. nous nous fervions encore en ce moment de vert-de-gris au lieu de vi-
triol -) qui eft infiniment meilleur). La lentille reluifait de ce côté autant vers les
bords qu'au milieu.
Avant le polifTage j'avais frotté le verre fur le linge enduit de tripoli. Nous obfer-
vions que l'ardoife lé tournait de préférence vers le même côté que durant le polifTage
précédent; nous penfions devoir conclure que ceci provenait d'une certaine inégalité
dans la prelîion du cuir de buffle (en marge: le cuir de buffle 3) ne fut pas trouvé bon),
d'autant plus que le verre criait lorfque l'ardoife était tourné de ce côté, de forte que
peut-être beaucoup de lentilles afTez minces ont été gâtées de cette manière. Nous
collâmes un anneau de gros drap fur l'ardoife au lieu du cuir de buffle pour nous fer-
vir de celui-ci dans le polifTage de l'autre côté.
Je ne fis que 900 pâlies en polifTant le premier côté, ce qui me fembla fuffifant;
mais il eût été bon d'en faire un peu davantage.
Je rodai l'autre côté dans la même écuelle de 204 pieds qui avait déjà fervi à ce
but 4) en preffant toujours affez vigoureufement avec le bâton ce qui apparemment
fait du bien, et je me fervis de matière à polir fine, égalifée par le précurfeur.
Je ne mis pas l'écuelle en état après le rodage puilqu'elle n'avait pas été employée,
penfai-jc, pour donner au verre une forme entièrement nouvelle; mais j'avais oublié
d'avoir dernièrement rodé l'autre côté dans la même écuelle, comme cela a été dit
plus haut. Par conféquent j'éprouvai maintenant, en me fervant de la matière de 200,
une certaine réiillancc au mouvement. Toutefois, après avoir mis le réchaud hors de
la chambre, je ne fentis plus cette réfiftance en me fervant de la dernière matière de
400. Je rodai de la même manière (expliquée ci-deffus) que pour l'autre côté. Lors-
que je mis l'écuelle en état pour le rodage, il fembla y avoir au milieu une certaine
convexité ou du moins une moindre concavité, attendu que ce fut là que la teinte
brune difparut en premier lieu de forte que l'écuelle y reluifait plus que vers les bords;
j'ai compris plus tard que cette circonftance était due aufli au fait qu'avant le rodage
l'écuelle n'avait pas été mife en état avec la pierre. Je pris cette fois un peu plus de
temps que d'habitude pour mettre la forme en bon état. Enfuite je frottai le verre
contre le linge et le polifïai en partie le même foir, mais je fus obligé de préparer une
nouvelle route pour le parcours du verre puifquela première s'ufait en montrant de
a) Comparez la p. 286 qui précède.
3) Comparez la note 30 de la p. 283 qui précède, ainsi que celles des p. 275 et 277.
4) Si ceci signifie que Huygens et son frère finirent par donner aux deux surfaces de la lentille une
courbure de 204 pieds, la distance focale de la lentille ne peut apparemment plus avoir été de
1 24 pieds; elle w du être d'environ 189 pieds.
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN, ETC. APP. IV. 297
Yder verfcheijde ameril die ick op de fchotel dede, liep ick over met de voorloper
brengende die over de heele fchotel. Hier door worden de fchrabben gemijdt.
Defe lijde polijfte ick met buffelfleer tuflehen het glas en de leij (en marge: N.B.
Wij befichden doen noch fpaenfgroen 2) in plaets van vitriooldieongclyckbcteris).
Blonck even foo veel acn de kanten als in midden. Ick had het glas over den doeck
met tripoli gevreven voor het polijften. Wij remarqueerden dat de leij affeéteerde te
ltaen even lbo gedraeyt als wij die in 't voorgaende polijften van dit glas gefien had-
den. waer uijt belloten dat dit moft komen van eenige ongelycke druck van het buf-
felsleer (en marge: buffelsleer 3) niet goedt gevonden); te meer om dat het glas plaght
te fleuyten als de leij dus gedraeijt ftondt, foo dat hier door miflehien veel glafen die
wat dun waaren bedorven fijn. Wij plackten een rondt van dicke pij op de leij in
plaets van 't buftels leer, om te gebruijcken in 't polijften van d'andere fijde.
Defe eerrte lijde polijfte ick maer 900 ftreecken en fcheen doen genoegh te fijn.
maer het waer beter geweelt noch wat meer te geven.
De andere lijde fliep ick maer weder rouw in de eyghe fchotel van 204 voet daer
fe in geflepen geweelt was +), altijdt redelijck hard met de llock druckende 't welck
apparent goedt doet: en gebruijckte de fijnder fonneer ftof, met de voorlooper ge-
effent. Ick maeckten de fchotel niet op nae het rouw flijpen, om dat het geen formeren
van nieuws geweefl: was. Doch en bedacht niet dat ick deander fijde in defe fchotel
nu laetst gefonneert hadt als boven gefeijdt is. Waer door ick ooek in 't flijpen met
de rtof van 200 nu eenich klemmen gewaer wierdt. Even wel nae dat het kaffoor met
vier buijten de kamer gefet hadde, foo en voelde geen klemmen meer met de laetfte rtof
van 400. Dit flijpen dede ick op de felfde manier als gefeght is van d'ander fijde. Als
ick de fchotel opmaeckte voor het polijften, foo fcheen daereenighe bolligheydt, dat
is minder holligheydt, in 't midden te fijn, dewijl daer ten eerlten de bruijnicheydt
wegh ging en meer blonck als naer de kanten, 't welck ick daer nae bedacht heb mede
daer van daen te komen dat de fchotel voor het op flijpen niet op gemaeckt was met
de fteen. Ick was wat langer als ordinaris om die nu te deegh op te maecken. Daer
nae vreef ick het glas over den doeck, en polijften het een ftuck weeghs dien avondt,
maer moft een nieuvve baen maecken om dat d'eerfte met breede ftreepen afsleet.
3«
298 MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN, ETC. APP. IV.
larges lignes. Le lendemain je continuai le poliflage jufqu'à 1 200 pafles, le contact
n'étant pas aufli bon qu'il aurait pu l'être. De plus les relies des petites plaques blan-
ches 5) demeuraient vifibles, et la lentille fe montrait aflez capricieufe et fujette à
tourner, de forte que je doutais fort fi elle ferait bonne (en marge: la rotation fpontanéc
du verre pendant le poliflage n'eft pas un ligne certain de non-réuiïite). Les bords
n'étaient que tolérablement achevés lorfque je ceflai d'opérer. Le verre était collé fur
du gros drap, lui feul ayant été enduit de ciment. Cette fois il ne cria pas. Je n'avais
centré le verre fur la molette qu'avec le compas, non pas avec le verre-à-circonfé-
rences; c'eft donc peut-être à caufe d'une petite excentricité que la lentille fe mon-
trait quelque peu rebelle et fujette à tourner. Je l'aidai de la main à parcourir fa route
également pour toutes les parties du bord. Attendu qu'il y avait deux routes, que le
poliflage s'effectuait par deux parcours de différentes amplitudes, cà et là un fillon fe
produifait dans le verre. Pour éviter cet inconvénient, il ferait peut-être bon de ne
pas „écrire" fur l'orbe avec le tripoli mais de l'y frotter avec de la peau de chamois
ou autrement; de cette façon il ne relierait pas fi aifément fur l'orbe des grains de
fable tels qu'en contient le tripoli. Je crois aufîi qu'il eft bon de bien achever le profil
pour qu'il n'arrive pas que pendant le poliflage de petits morceaux de verre fe détachent
et raient la lentille; d'autre part ceci eft évidemment bon pour empêcher l'ufure de
la route. On peut aufli commencer par faire parcourir celle-ci par un précurfeur. Je ne
fais pas bien pourquoi dans le poliflage le premier côté de la lentille devenait fi égale-
ment luifant aux bords et au milieu, mais j'eftime que pour obtenir cet effet il ferait
bon d'effectuer la dernière mife en état de l'écuelle par un faible mouvement des
pierres, parce que, lorfque dans ce mouvement on dépafle largement les bords, l'écuelle
devient un peu moins concave qu'elle ne l'était durant l'opération précédente de forte
que pendant le poliflage les bords du verre n'y touchent pas bien. C'eft pourquoi il
eft préférable de rendre, autant que poffible, l'écuelle plus concave avant le poliflage.
En poliflant la préfente lentille on voyait toujours au milieu un endroit brun où le
tripoli était plus mince, excepté vers la fin, de forte que ceci n'eft pas aufli mauvais
figne que nous l'avions cru. Cet endroit n'avait pas de convexité ou „dos"; lorfqu'il
s'en produit c'eft un fort mauvais figne, mais je penfe que la faute en a été fouventau
cuir de buffle, furtout dans le cas de lentilles minces. Je crois qu'en changeant de ma-
tière on pourrait polir de très grandes lentilles dans des écuelles dont les dimenfions
ne furpafleraient les leurs que de peu; vers la fin il faudrait fe fervir d'une matière
rendue fine par le poliflage d'une autre lentille fur une autre forme.
5) Comparez le troisième alinéa de la p. 286 qui précède.
MEMORIEN AENGAENDE HKT SLIJPEN VAN GLASF.N, ETC. APP. IV. 299
's ander dacghs polijllen ick voort tôt 1 aoo toe, vatte wat fchraelen blcvcn de reften
vandc witte plackjes s) altijdt noch over, oock affcctccrde en draeyde het glas noch
al eenighlins, lbo dat ick feer twijffelde of het glas goedt foude fijn (en marge: het
draeijen van t glas in 't polijllen is geen feecker teycken van niet te deugen). De
kanten waren noch maer taemelijck klaer doen ick er uytfcheijde. Het vvas op de pij
geplackt, alleen het glas met cernent bellreecken iijnde. Het fluijte nu niet. Ick had
het glas maer met de pafler recht gefet op defe looper en niet met het circclglas, foo
dat het miflchien ora dat niet perfeét recht en ltondt, noch foo wat draeijde en affec-
teerde (en marge: \ glas recht te fetten met het circclglas oui te polijllen). Ick hielp
het met de handt, op dat het ontrent over aile lijden gelijck langhs de baen gaen
foude. INIet defe i baenen en het polijllen in 2 wijten quam hier en dacr een fchrap
in 't glas. Waer tegen miflchien goedt foude iijn niet te fchrijven over de baen met
de tripoli maer die met een feem leer of anders dacr over te vrijven. want aldus niet
foo licht van de fanden die in de tripoli lijn, op de baen fouden blijven fitten. Ick
geloof dat het oock goedt is het pourfil fijn te llijpen opdat geen fluckjes van 't glas
in 't polijllen af en breecken en fchrabben maeken behalven dat dit oock apparent
goedt is om de baen te conferveren voor het afslijten. Men kan oock met een voor-
looper de baen eerfl overgaen. Ick weet niet wel waerom de eerfle lijde van t glas in
't polijllen foo gelijck aen de kanten en in midden fchoon wierdt, doch geloof dat om
hier toe te geraecken goedt foude fijn het laetlle op maecken van de fchotel te doen
met kleijn mouvement van de fteenen, om dat, als men wijdt over de kanten fchuijrt,
de fchotel eenighlins vlacker werdt als fe was in 't flijpen; waer door in 't polijllen
de kanten van 't glas niet wel en komen te raecken. Daerom moet men lie ver foo
veel als moghelijck is de fchotel lien holder te maecken voor 't polijllen. Men fagh in 't
polijllen van dit glas alwaerts in \ midden een bruijn plackje daer de tripoli dunder
fat. Doch even wel in 't lefte niet, foo dat dit oock al fulcken quaedt teycken niet en
is als wij gemeent hadden. Het hadde geen rugghe, welcke te voorfchijn komende is
een feer quaedt teijcken, doch geloof dat het buffels leer hier van dickwils d'oorfaeck
geweeil is, voornamelijck in dunachtige glafen. Ick geloof dat men met het vcrande-
ren van floffe, feer groote glafen in fchotels die weynigh grooter waeren foude konnen
flijpen, nemende in 't eijnde ilof die met een ander glas op een andere fchotel fijn
geflepen waer.
— .^c—
APPENDICE V
AUX MEMORIEN AENGAENDE IIET SLIJPEN VAN GLASEN TOT
VERREKIJCKERS.
[1692]').
[Fig. 87]
Appliquer la forme à un arbre
girant de cuivre [Fig. 87] qui fufir
mobile dans un creux quarrè fiche
dans une tefle immobile furie tour.
Morceau de cuir épais en tre le bafton
et la lentille, afin qu'elle f applique
mieux au creux de la fonne en
tournant.
1 On lit dans la figure: genou par une
petite boule, cuir, lentille, forme.
') Manuscrit II, p. 51. Les p. 49 et 54 portent respectivement les dates du 16 mars et du 2a avril 1692.
APPENDICE VI
AUX MEMORIEN AENGAENDE MET SLIJPEN VAN GLASEN TOT
VERREKIJCKERS.
[I692]0.
Il (croit bon de faire en forte que le bord d'un verre de lunette qu'on doucit fut
coupe perpendiculairement fur la furface de la forme, a fin de mieux doucir vers les
bords. Car j'ay remarque que quand nous travaillions des verres ou le pourfil avoit
laiffè quelque endroit dont f'eftoit levé un éclat fort mince, le verre ne fe trouuoit
pas bien douci à cet endroit du bord, mais on y appercevoit un peu de gris. Cela me
fait croire que le contour ou pourfil du verre eftant perpendiculaire fur la forme, il y
entremit plus difficilement des grains d'emeril plus greffiers que le reftedela matière,
qui autrement font caiïez fous les bords du verre et y gaflent le douci plus que vers
le milieu ou ils n'arrivent que défia cafTez.
Pour cela, après avoir fait le profil oblique
a noftre ancienne manière, on pourrait met-
tre le verre fur le tour, et avec la pointe de
diamant faire l'entaille abc [Fig. 88] en forte
que cb fut perpendiculaire a la furface. Ou
avec un compas a pointe de diamant, car il
faut fi peu que rien. Ou avec un cercle de
cuivre et de l'cmeril.
[Fig. 88] 0
') Manuscrit H, p. 69. Les p. 60 et 75 portent respectivement les dates du 21 mai et du 16
juillet 1692.
2) On lit dans la figure le mot verre.
APPENDICE VII
AUX MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT
VERREKIJCKERS.
Les dates des lentilles conservées font voir, ce qui reflbrt auffi de la Corrcfpon-
dance et efl: en harmonie avec le fait que les Memorien furent rédigés en 1685, que
ce fut furtout en 1683 — 1686 que les deux frères rappliquèrent à la taille.
Ont-ils réuffi à produire avec la nouvelle machine de 1683 — 1685 décrite dans
les Memorien des verres fupérieurs à ceux qu'ils fabriquaient auparavant?
Il femble bien qu'il faille répondre affirmativement à cette queftion.
Qu'on relife ce qui a été dit aux p. 23 — 25 du T. XV fur les trois objectifs de
Conftantyn confervés à Londres et portant les dates du 4 juin, du 26 juin et du 23
juillet 1686, le premier defquels a fervi a James Pound pour obferver au début du
dix-huitième fiècle, la première fois en 171 8, les cinq fatellites alors connus de Saturne,
tandis que Chriitiaan en 1684 — voyez la p. 194 qui précède — n'en voyait que
trois1). Les deux ouvrages cités à la p. 23 du T. XV, favoir l'„Oratio de fratribus
Chriftiano atque Conllantino Hugenio, artis Dioptricœ cultoribus" de 1838 de
P. J. Uylenbroek et l'article „Iets over de kijkers van de gebroeders Chriftiaan en
Conltantijn Huijgens" de 1846 de F. Kaifer contiennent fur ces objeétifs des détails
que nous ne croyons pas nécefîaire de reproduire dans le préfent Appendice.
Nous nous contentons de citer ici le dernier des articles de Pound, celui de 1723,
où il compare le télefcope huguénien avec le nouveau télefcope à réflexion de
Hadley2): „Mr. Bradley, the Savilian Profeflor of Aftronomy, and myfelf, hâve
compared Mr. Hadley's Télefcope (in which the focal Length of the Object Métal
is not quite 5 Fcet and i) with the Hugenian Télefcope, the focal Length of whofe
Objecl Glass is 1 23 Feet: And we find, that the former will bear fuch a Charge, as
to make it magnify the Objecl as many Times as the latter with its due Charge: and
thatit rcprefents Objects as diftinét, though not altogether fo clearand bright; which
may beoccafioned partly from the Différence of their Apertures (that of the Hugenian
') Nous observons en passant que si Christiaan — qui observait en 1687 à la Haye, d'après la
p. 193 qui précède, avec un objectif de plus de 200 pieds — avait vu les cinq satellites, en
cette année ou plus tard, il aurait sans doute noté ce fait.
:) Philosoph. Transactions N° 378 (juillet — août 1723), p. 382: „A letter from the Rev. Mr.
James Pound to Dr. Jurin concerning Observations made with Mr. Hadley's Reflefting
Télescope". Cet article a été cité aussi à la p. 25 du T. XV.
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPF.N VAN GLASEN, ETC. APP. VII. 303
being foraewhat the larger) and parriy from fcvcral little fpots in the concave Sur-
face of the Object. Métal, which did not admit of a good Polish. Notwithftanding
this Différence in the Brightness of the Objecls, vve were able, with this reflccling
Telefcope, to fee whate-ver -voe hâve hiîherto difcovered by the Hugenian [nous
foulignons]; particularly the Tranfits of Jupitcr's Satellites, and their Shades, ovcr
the Difk of Jupiter; the black Lift in Saturn's Ring, and the Edge of the Shade of
Saturn caft on his Ring. We hâve also feen with it lèverai Times the 5 Satellites
of Saturn".
Ce pafTagc fait bien voir que même en 1723 on ne poffédait en Angleterre aucun
telefcope fupcrieur à celui des Huygens 3).
Une feuille des „Charta? aftronomica?"4) fait voir qu'en 1722 on défirait dans le
même pays avoir a fa difpofition encore d'autres objectifs huguéniens: 'fGravefande,
après avoir évalué en livres fterling les objectifs de différentes diftances focales ajoute:
„24e Decembr. 1722. De Engelfchen hebben teegens de Prijzen niet, maer vvilden
de Glaefen in Engelandt hebben om die te probeeren. 't geen goedtgcvonden is
hun te weigeren", c.à.d. „Les Anglais n'ont pas d'objection contre les prix [36 livres
pour les objectifs de 1 20 pieds et davantage], mais ils déliraient avoir les lentilles en
Angleterre pour en faire l'eiTai, ce qu'on f'eft accordé à leur refufer".
Nous ne croyons pas devoir traiter dans le préfent Appendice, comme cela a été
fait au T. XV, des lentilles antérieures a 1683. Celle qui porte l'infcription „Chr.
Hugenius f. ped. CXXIV, 5 Feb. 1686"5) fe trouve toujours à l'Obfervatoire
d'Utrecht, mais les deux verres du Laboratoire de phyfique del'Univerfitéd'Amfter-
dam,datésl'unle 3omai 1 683, l'autre le 25 octobre 1 683,lepremier fignépar Chriftiaan,
le deuxième par Conftantijn rt), ont été tranfportés au „Nederlandsch Hiftorisch Na-
3) L'oculaire, tout aussi bien que Pobjeftif, avait été offert par eux à la Royal Society. Dans
le Catalogue des Instruments de cette Société, cité par Uylenbroek, on lit:
X" 22. Huygens Aé'rial Télescope:
1. An objectglass of 122 feet focal length [signé C. (c. à. d. Constantyn) Huygens], with
an eye-glass of 6 inches, and original apparatus for adjustment, made by Huygens and
presented by him [il est question de Christiaan, mais il faudrait plutôt entendre
Constantyn; voyez la note 24 delà p. 195 qui précède] to the Royal Society in 1691.
2. The apparatus for using Huygens's obje&glass construéted by Hooke.
3. Additional apparatus, by Dr. Pound, presented by Dr. Bradley.
4. Ditto by Cavendish.
(Les N° 23 et 24 se rapportent aux objectifs huguéniens de 170 et de 210 pieds, offerts à la
Société respectivement par Newton et par Gilbert Burnet, le dernier en 1724).
304 MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN, ETC. APP. VII.
tuurwetenfchappelijk Mufeum" de Leiden, où fe trouvent maintenant auffi les autres
lentilles huguéniennes confervées dans cette ville "). Une table contenue dans l'ar-
ticle de F. Kaifer cité plus haut donne leurs dates, leurs diamètres, leurs diftances
focales etc. L'auteur difeute auffi e.a. la queftion de l'authenticité de celles d'entr'elles
qui ne portent pas de fignature. Les objeétifs à grande diflance focale n'ont d'ailleurs
jamais été mis a l'épreuve — ce qui aujourd'hui n'aurait évidemment qu'un intérêt
hiitorique — comme cela fut fait jadis par Pound et d'autres en Angleterre.
Nous obfervons encore qu'en Angleterre on ne f'eft peut-être pas fervi, en em-
ployant le télelcope fans tuyau, du „fll comparable à celui d'Ariadne" (p. 218)
comme on l'a fait e.a. à Rome en fe fervant d'objectifs italiens (p. 236).
Robert Smith reproduilit dans le troifième livre de fon ouvrage de 1738 „A com-
pleat fyrtem of opticks" (voyez le titre complet à la p. XLIV du T. XIII) une bonne
partie des Memorien de Huygens en fe bafant fur le texte latin de 1903 des „Opus-
cula polhima" (la traduction de Boerhaave) et auffi fur la Manière de tailler et de
polir les verres extraite de Huygens et d'autres auteurs par Samuel Molyneux, fils de
William. Le livre de Smith 8) fut traduit, avec des additions, dans plufieurs langues;
en hollandais par „een liefhebber der wifkonll en natuurkunde" („Volkomen zamen-
ftel der Optica of Gezigtkunde", Anifterdam, I. Tirion, 1753), en allemand par
A. G. Kâftner (,,Vollfïândiger Lehrbegriff der Optik", Altenburg, 1755), en français
par L. P. Pezenas („Cours complet d'optique", Avignon, Vve Girard etc., Paris,
Ch. A. Jombert etc. 1767). La traduction nécrlandaife, pas plus que les autres, ne
tient compte du manuferit néerlandais de Huygens des „Memoricn" 9).
Sur la verrerie de Bois-le-Uuc (p. 262 et 294) on peut confulter la p. 166 de notre T. IV.
«) F. 142.
s) T. XV, p. 25— 26.
«) T. XV, p. 26.
~) Lesquelles en 1925 se trouvaient à l'Observatoire de Leiden (T. XV, p. 2(î).
8) Qui con rient aufîi une bonne partie de P„Aftrofcopia compendiaria".
9) La même remarque,soitditen paflant,s'appliqueàlatradu<fr.ion néerlandaise dans le même livre
(laite d'après le texte de Smith) d'une bonne partie du Traité des Couronnes et des Farhélies
de Huygens (notre T. XVII): ici aussi on n'a pas songé a se servir de l'original néerlandais.
ASTRONOMICA VARIA 1680-1686
39
Avertiffement.
Nous réunifions fous ce titre quelques brèves remarques de Huygens qui n'ont
pas trouvé leur place dans le T. XV; et en outre une Pièce fur l'équation du temps
et quelques autres fur certains paflages de Mercure devant le foleil, auxquelles fe
rattachent une notice fur un paflage de Vénus et une autre fur la parallaxe de Mars.
Equation du temps (Pièce II). Après ce qui a été dit fur ce fujet dans le T. XV, il
ne nous femble pas néceflaire d'y revenir. Dans quel but Huygens a-t-il rédigé ces
pages? L'hypothèfe la plus probable n'eft-elle pas celle que nous avons émife à la p.
1 29 qui précède, favoir qu'il fe propofait vaguement d'écrire un jour un traité com-
plet d'aftronomie?
PaJJages de Mercure devant le foleil (Pièce III). Nous avons dit un mot à la p. 39
qui précède fur le paflage de Mercure de 1677 que ni Huygens ni Romer ne purent
voir à caufe des nuages ') mais qui fut obfervé par Gallet à Avignon, des réfultats
duquel Huygens eut connaiflance 2). La feuille féparée publiée aux p. 72 — 73 du T.
XV fe rapportait au pafl'age de 1661, troilième paflage obfervé, e.a. par Hcvclius et
par Huygens lui-même '). Les pages du Manufcrit F et la feuille des Chartac aftro-
') T. VIII, P. 41 et 46.
a) T. VIII, p. 49.
3) Voyez la note 14 de la p. 261 du T. XIX. Les'deux premiers passages observés étaient ceux
de 163 1 par Gassendi à Paris et de 165 1 par Shakerley aux Indes d'après la note 2 de la p. 72
du T. XV. Ce#dernier n'est pas mentionné,, par Huygens qui n'en eut sans doute pas connais-
sance. Dans l'observation de 1661 Huygens regarda ^seulement le disque du soleil a travers le
télescope, sans le faire venir dans une chambre obscure (T. III, p. 280).
308 AVERTISSEMENT.
nomica? publiées ici contiennent des remarques à la fois fur l'obfervation de 163 1
par Gaflendi, difcutée par Schickard, fur celle de 1661 par Hevelius, et fur celle de
1677 d'après Caffini commentant l'obfervation de Gallet.
Le but des obfervateurs tant de la féconde que de la première moitié du dix-fep-
tième fièclc des pafTages de Mercure et de Vénus devant le foleil n'était pas, comme
on pourrait le fuppofer, de déterminer des parallaxes, bien que J. Gregory dans fon
„Optica promota" de 1663 parle de cette poffibilité4). En 1666 Huygens appelle la
parallaxe du foleil „inobfervabilis" 5); voyez auffi fur ce fujet les dernières lignes de
la p. 46 qui précède. Dans le „Syftema Saturnium" de 1659 il avait, il eft vrai, réuflî
à trouver pour la „mediocris Solis diftantia" de la terre la valeur de 1 2543 diamètres
terreftres ce qui eft à fort peu près exact et correfpond a une parallaxe folaire de
8",2 6). Mais cette exactitude était fortuite. Pour obtenir ce réfultat Huygens n'avait
mefuré aucune parallaxe; il avait déduit la grandeur du foleil par rapport à la terre,
partant auffi fa diftance à cette dernière, de l'hypothèfe quelque peu hardie, mais nul-
lement malheureufe, que le diamètre de la terre eft la moyenne arithmétique de ceux
de Vénus et de Mars •"). Il le bafait fur la plus ou moins grande „concinnitas" du
fyftème folaire 8). Nous avons cru pouvoir traduire ce mot „concinnitas" par „har-
monie".
Le père H. Fabri dans fa réplique de 1661 „Pro fua annotatione" dit non fans
raifon (en écrivant toutefois par mégarde un nombre erroné) : „Qu6d autem folis a
terra diftantiam 25429 terrce diametros complecti velis, quando id demonftraveris,
I Iugeni, nobis perfuadebis" 9).
Le phénomène de la parallaxe eft, il eft vrai, mentionné dans la Pièce III, favoir
dans la brochure de Schickard de 1 632 cité dans le § 1 , mais c'eft feulement pour dire
4) Prop. 87.Problema.„Ex ckiorum planetarum conjunftionc corporali,utriusquc planeta: paral-
laxes in vestigare" avec le Scholium: „llocproblema pulcherrimum habet usum,sed forsan labo-
riosum, in observationibus Veneris, vcl Mercurii particulam Solis obscnrantis: ex talibus enim
Solis parallaxis investigari poterit".
s) T. XV, p. 378.
«)T.XV,p. 192.
7) Tandis qu'en réalité les diamètres de Vénus, de la Terre, et de Mars sont entr'eux comme les
nombres 97, 1 00 et 54.
8)T. XV, 1. 14 de la p." 347.
9) T. XV, note 9 de la p. 399.
A V BRTISSEMENT. 3 09
qu'elle n'éloigne pas „notabiliter" la planète „à vero fitu". Voyez auflî la lettre du
22 août 1 66 1 de Huygcns à Hevelius l0) où il dit que pour eux deux, l'un a Londres,
l'autre à Dantzig, „parallaxeos dift'erentiam nullam fenfibilem intervenire exîftimo".
Ce qui a porté Gaflendi à faire fon obfervation de 1631, que Scbickard eût faite
également li l'état du ciel l'eût permis, c'eft — voyez la note 1 de la p. 3 19 — la lec-
ture de la ,Joannis Keppleri Mathemat. Caes. Admonitio ad curiofos rerum cocles-
tium" de 1 630 ' '), où l'auteur ne parle des parallaxes qu'à la fin, difant (fans exhorter
les aitronomes à les mefurer): „Parallaxis diurna, fi qua futura eft, Solaris quadrupla
erit in Venere, in Mercurio fefcupla circiter. Atque ea utrobique adjuvat & prolongat
(ùum phaenomenon. Cum enim Septentrionalem Solis oram perltringat uterque Pla-
neta, parallaxis eos in Auftrum promovens, centro Solis propiùs admovebit".
Les deux raiibns pour lefquelles Kepler engage les aftronomes à obferver les pas-
sages des planètes fur le difque du foleil I2) font 1. la poffibilité de mefurer leurs
diamètres mieux qu'auparavant; il donne le confeil de les „applicatione tubi fuper
papyro depingere" (comparez la note 3 de la p. 307 et auffî,p. 336, l'Appendice qui
fuit), comme le fit GafTendi. 1. la poflibilité d'apporter des corrections aux temps et
lieux des paffages fuivant les „Tabulae Rudolphinaî" ou d'autres tables, furtout dans
le cas de Mercure: „Etfi enim hic Mercurii fub Solem ingreffus, frequentiores habet
occafiones; tamen & majus aliquid, quàm in Venere, de fide calculi longitudinis, in
dubio ponendum eft: quia nos deficiunt obfervationes idoneœ, Planetâ ut plurimum
latente fub Sole. Itaque calculi defectum circa copulas omnes, fuppleat induftria
obfervandi fingulas, quaî obfervari polTunt".
Comme on le voit dans la Pièce III, c'eft furtout la pofition exacte des noeuds de
l'orbite de Mercure paiTant devant le foleil aux heures indiquées par les horloges qui
intéreflait tant Huygens que les autres aftronomes. Quant au diamètre apparent, il
IO) T. III. p. 3.3.
M) Ce fut Tannée de sa mort. Nous citons P„Admonitio" d'après la deuxième édition: „Joannis
Keppleri Math. Caes. Admonitio ad Astronomos rerumque coelestium studiosos, de raris miris-
que Anni 1631 phamomenis, Veneris puta et Mercurii in Solem incursu: Exccrptaex Epheme-
ride Anni 1631. & certo Authorisconsilio huic prxmissa, iterumqueeditaàjacobo Bartschio".
Francofurti, ap. G. Tampachium, Anno MDCXXX.
,2) Kepler était d'avis qu'en 1639 Vénus ne se montrerait pas sur le disque du soleil, de sorte qu'après
163 1 son premier passage aurait lieu en 1761. Ce fut pourtant sur le soleil que Horrox vit
passer Vénus en 1639 (Pièce IV qui suit). Quant au passage de Vénus devant le soleil du 6déc.
163 1 prédit par Kepler et que Gassendi ne put voir, il eut lieu pour l'Europe, ce que Kepler
n'avait pas prévu, avant le lever du soleil.
AVERTISSEMENT.
parut trop petit a Gaflendi pour le pouvoir mefurer pendant le paflage. Huygens, lui,
n'en a jamais pris la mefure I3), comme il le fit pour les autres planètes I4). Pour
Hevelius, la mefure du diamètre de Mercure pendant le paflage était une chofe fort
importante à laquelle il s'appliqua; voyez p.e. les p. 1 8 1 et 3 1 o de notre T. IV; dans
fon „Mercuiïus in Sole vifus Gedani" de 1662 il écrit I5): „conilanter credidi, fi
adhuc femel Mercurius in Sole féliciter confpiceretur!(ut annuente Divino numine
nunc accidit) atque ejus corpufeulum, in Solis difeo, satis fuperque jam cognito,
exquifitè notaretur, procul omni dubio genuina Mercurii corporis magnitudo, exacte
omnino, remotâ omni fufpicione, nobis innotefeeret, etc."
Dans fon „Venus in foie vifa"de 1639, publié, à la demande de Huygens, par He-
velius à la fuite de fon ouvrage cité de 1662, J. Horrox parle aufîi de la poffibilité de
parvenir par cette obfervation à une connaiflance plus profonde de l'orbite de Vénus
(Hevelius écrit en marge, p. 112: „Motus Veneris œqualis, hactenus nondum fatis
exploratus eft") et de la grandeur de fon diamètre apparent (Hevelius en marge, p.
113: „Eft res magni moment i Veneris diametrum apparentem rectè habere explo-
ratam").
Les trois §§ de la Pièce III qui fuit, d'ailleurs inédits, ne nous femblent pas, malgré
l'application de Huygens, lui avoir fourni des connaiflances bien certaines: au § 2 on
le voit conduit a mettre en doute la thèfe de Kepler que le noeud afeendant d'une
planète, vue du foleil, diffère en longitude de 1 8o°, en ne tenant pas compte de la
petite variation annuelle, de fon noeud defeendant, autrement dit lui efi: „directe
oppofitus" ce qui équivaut à dire „interfectionem plani orbitae Mercurii, itemque
aliorum planetarum, et plani Ecliptica? fieri in linea recta per folem tranfeuntem".
Nous avons dit plus haut aux p. 124 et 132, qu'en 1682 Huygens n'était pas encore
perfuadé du mouvement elliptique des planètes, maisjugeaitpoffible que leurs orbites
font des circonférences de cercle excentriques. Ici il envifage en outre la poffibilité
que les plans des orbites, pour autant qu'on peut parler de plans, ne fe coupent pas
exactement, ou à fort peu près, fuivant des droites paffant par le foleil. On conllatera
qu'en 1686 il avait abandonné cette idée 1<s).
I3) T. XV, p. 30 et p. 376.
,4) T. XV, Systema Satumium.
■5) P. 90.
1<s) Note 10 de la. 350 p. qui suit.
AVERTISSEMENT. 3 I I
Dans la Pièce V il eft queftion de la mefure de la parallaxe de Mars par Caffini,
tant — en 1672 — par la mefure iimultanée, en deux endroits fort éloignés l'un de
l'autre, de la pofttion de la planète parmi les étoiles fixes, que — également en 1 6y 1 —
par l'obfervation de Mars à Paris à diverfes heures du même jour.
Dans la Pièce IX Huygens cite, ou plutôt croit citer, le „Syftema mundi Coper-
nicanum demonltratuirr' de P. Megerlin, profefleur de mathématiques à l'univerlîté
de Bàle. Il poiïédait ce livre d'après le Catalogue de vente de 1695 I7); était-il relié
avec d'autres écrits (du même auteur?)? Les titres des ouvrages de Megerlin ,8) font
connaître fon défir d'établir des relations entre les données agronomiques, notam-
ment les conjonctions des planètes, et les périodes des événements importants d'ici-
bas. Ce dernier mot n'eft d'ailleurs pas tout-à-fait correct, puifque, autrement que
les aftrologues du Moyen-âge et de la Renaiflance — autrement auffi que Caffini qui
eft tychonien Iy) — Megerlin eft partifan du fyftème héliocen trique. Indépendam-
ment du paffage cité par Huygens fur le „tempus mundi conditi" il eft certain que
Megerlin tenait à la chronologie biblique d'après laquelle, fuivant beaucoup de théo-
logiens et autres favants, tant chrétiens que juifs, la création du monde aurait eu lieu
il y a quelques milliers d'années feulement 20). Dans la Pièce fuivante (§ 4 de la p.
17) Libri miscellanei in duodecimo, 175. P. Megerlino [sic] Systema mundi [sans date]. Voyez la
note 2 de la p. 334. Nous n'avons pas trouvé le passage cité dans cet ouvrage de Megerlin, ce
qui nous amène à supposer qu'il a en réalité été tiré d'un autre écrit (du même auteur?).
18) Note 2 de la p. 334.
,9) Il eft vrai que Cassini dit que „les hypothèses des Coperniciens & desTychoniciens — les seules
receuës des Astronomes modernes — sont équivalentes". Nous citons le Chap. XXXVI „La
parallaxe du Soleil" des „Elemens de l'Astronomie vérifiez par Monsieur Cassini par le rapport
de ses Tables aux Observations de M. Richer faites en l'isle de'Caïenne". Voyez encore sur
Cassini la note 1 2 de la p. 179 du T. XX.
Nous observons que Romer était également tychonien: comparez la note 9 de la p. 505
du T. XVIII.
:o) Il est vrai que le Cap. IV des „Commcntarii chronologici in tabulam mathematico-historicam
etc." de Megerlin est intitulé „De Epocha Mundi incerta", mais en le lisant on voit qu'il ne
s'agit ici que d'une incertitude minime: le deuxième alinéa du chapitre commence comme
suit: „Mundum non extitisse ab anerno, sapientiores etiam ex Ethnicis agnoverunt,inter quos
tamen nonnulli principium ejus extenderunt ad multa seculorum millia: At ne saïu'ta Dei
Ecclesia in ejusmodi errore quoque hœreat, visum eft Deo benignissimo per Mosen . . . etc."
3 1 1 AVERTISSEMENT.
343) nous entendrons Huygens dire qu'il eft permis de fe demander, apparemment
en dehors de toute idée biblique fur la création. „quid planetas ad folem adduxerit" 2 ').
Ici il croit devoir qualifier Megerlin de „au<5lor judicij haudquaquam exadti" **).
1) Dans la Pars Tcrtia des „Principia Philosophise" de Descartes se trouve un chapitre (CXIX)
intitulé: „Quomodo Stella fixa mutetur in Cometam vel in Planetam".
2) On trouvera aussi lenom de Megerlin dans l'ouvragede 1941 „Geschichtcderexakten Wissen-
schaften in der Schweizerischen Aufklà'rung (1680—1780)" par Eduard Fueter, H. R. Sauer-
lânder & Co, Aarau— Leipzig. L'ouvrage de Fueter est le n° XII des „VerorTentlichungcn der
Schweizerischen Gesellschaft t'iir Geschichte der Medizin und der Naturw issenschaften" ou
,,1'uMications de la Société suisse d'histoire de la médecine et des sciences naturelles".
ASTRONOMICA VARIA 1680-1686.
1. Petit poème de Huvgens en son propre honneur (date inconnue).
II. De l'Equation du temps ') (1680).
III. Passages de Mercure devant le soleil en 1631 d'après Gassendi et
Schickard2), en 1661 d'après Hevelius, en 1677 d'après Gallet et
Cassini (168 1, 1682 . . .).
IV. Passage de Vénus devant le soleil en 1639 d'après Horrox (1 682).
Y. Mesure de la parallaxe de Mars par Cassini, et remarque de Cassini
DE I 680 SUR LES DISTANCES DES PLANÈTES (i 682).
VI. Petitesse du soleil, et de la terre, par rapport aux dimensions du sy-
stème SOLAIRE (1682).
VII. Conjonctions de planètes (i 682).
VIII. Déplacement dans le cours des siècles du pôle de l'Equateur sur la
voûte céleste (suivant Megerlin, d'après Huygens) et critique de la
pensée de cet auteur (1684, i 685 ou 1686).
IX. Remarque sur les grandeurs différentes ou égales de la réfraction
ATMOSPHÉRIQUE DANS LE CAS DE LA LUNE ET DU SOLEIL (1685 OU l686).
') C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce.
2) La citation de Schickard est précédée par une citation du même auteur sur les mérites de Kepler
40
ASTRONOMICA VARIA 1680-1686.
P.
[?]
Ad fuperas tendifle domos, divamque juvabit
Uranien ftudijs demeruifTe meis.
Annulus in lento Saturni Sydere, et a;quis
Hora mihi primùm currere jufla rôtis
Ingenij vivent monumenta, infcriptaque coelo
Nomina viéluri poft mea fata canent 2).
') Charta; astronomica;, f. 127.
2) Leçon alternative: legent. Leçon alternativedu dernier vers: Nomina longsevo (ou ven-
turo) tempore fama vehet.
IL
DE L'ÉQUATION DU TEMPS. ')
[l68o]
Le temps de chaque jour naturel ou apparent, fcavoir d'un midy a l'autre, eft celuy
d'une révolution entière de l'equatcur, par le méridien et de plus d'une partie de
l'equatcur qui pafle le méridien en mefme temps que l'arc de l'ecliptique quelefoleil
a parcouru entre les deux midis.
Or cette partie de l'ecliptique eftant tantoft plus grande tantoft plus petite a caufc
du mouvement inégal du folcil, et ayant des inclinaifons différentes a l'égard de
l'equatcur a caufe de l'obliquité de l'ecliptique; il en arrive que cette partie de l'equa-
tcur qui pafle le méridien enfemble avec la dite partie de l'ecliptique, eft aufli de dif-
férente grandeur en différent temps; et partant les jours naturels neceflairement
inégaux.
L'on a befoin dans les calculs d'aftronomie de comparer ces jours inégaux avec des
jours égaux de moyene longueur, qui font chacun d'une révolution entière de l'equa-
tcur, et d'un arc du mefme de 598". fcavoir égal au moyen mouvement journalier du
foleil dans l'ecliptique. Et pour fe figurer ces jours égaux, il faut s'imaginer un foleil
qui partant du principe d'Aries en mefme inftant que le vray foleil faffe fou tour
annuel dans l'equateur, et cela d'un mouvement tousjours égal, qui feroit journelle-
ment de 59.8 ".
Une horloge très jufte eftant une fois accordée à la mefure et a l'heure de ces jours
moyens, marquerait en fuite tousjours midy, quand ce foleil imaginé rctourneroit au
méridien, le véritable foleil ayant alors bien fouvent dcfla pafTè le méridien, ou n'y
eftant pas encore arrivé. Et la différence peut aller en ce fiecle ou nous fournies jufqu'a
une demie heure et un peu d'avantage. Ce qui dans le calcul du mouvement de la lune
fur tout eft fort confiderable, parce qu'en une demie heure elle fait un arc d'environ
15 minutes. Et il ne faut pas efperer de pouvoir jamais trouver la véritable théorie de
cette planète fi on n'emploie au calcul de fon mouvement la véritable équation du
temps. En quoy prefque tous les aftronomes et mefme les plus habiles ont failly qui
fe fatiguoient en vain à forger des epicycles les uns fur les autres, pour reprefenter
l'irrégularité du cours lunaire; Tycho Brahe ayant osé introduire une équation de
') La Pièce est empruntée aux p. 27 — 30 du Manuscrit F. La p. 39 porte la date du 16 no-
vembre 1680.
DE L EQUATION OU TEMPS. 3 l ~
temps particulière pour la lune, différente de celle qu'il eftabliflbit pour les autres
planètes, ce qui eft très abfurde.
Pour bien comprendre donc en quoy conlifte l'équation du temps, concevons une
horloge ajuftée, comme il a efté dit, à la moyene mefure des jours, ce que j'ay montre
comme il le fait par le moyen des eftoiles rixes.
pp. « -, Soit maintenant [Fig. 89] AB l'equateur,
AC l'ecliptique, A leur interfeftion ou le prin-
cipe d'Aries. ME un méridien fixe fous lequel
paflent les degrez des dits cercles par le mouve-
ment journalier, du code B vers A. Soit donné
un efpace de temps apparent, par exemple de-
puis le midy du 1 o avril 1 680 jufqu'au midy du
1 2 e Juin de la mefme année; et que l'on veuille
feavoir combien il s'eft ecoulè de temps égal
dans cet efpace. Ou bien en prenant pour Epo-
que ou commencement commun du temps apparent et de l'égal le midy du 10 Avril,
qu'il faille réduire le moment du midy apparent du 12 Juin au temps égal. Il s'agit
en tout cela de feavoir, lors qu'on aura accorde l'horloge fufdit avec le foleil, au midy
du 1 o avril, quelle heure il marquera lors que le foleil fera au midy le 1 2 e Juin.
Soit M le lieu du foleil dans l'ecliptique au midy du 10 avril. C le lieu du foleil au
midy du 1 2e juin, et l'afcenfion droite de C foit B. Et parce que l'horloge commence
du mefme midy du 10 avril, concevons que le foleil imaginaire de l'Equateur com-
mence alors d'aller depuis E, afcenfion droite du foleii en M. Il faudrait maintenant
feavoir la quantité de l'arc ED, que je fuppofe que le foleil imaginaire a fait dans
l'intervalle donné, c'eft a dire dans le temps que le vraij foleil eft venu de M en C,
car alors je diray que C eftant parvenu (par le mouvement qu'on appelle du premier
mobile) au méridien fixe NME, et en mefme temps le point B; le point D ou foleil
imaginaire, en cas que l'arc ED foit plus grand que EB, aura encore befoin du temps
qu'il faut pour pafTcr l'arc BD, pour venir au méridien. Prenez qu'il faille 5 minutes,
donc au midy apparent du 12e Juin, il fera encore 5 minutes devant midy a l'horloge.
Et ainfi l'on voit que, quand BE, différence des afeenfions droites des lieux du foleil
aux deux tenues du temps apparent donné, eft plus petit que l'arc ED,qui eft le mou-,
vement égal qui convient a l'intervalle du mefme temps apparent; il faut ofter du
temps apparent autant qu'il en convient a l'excès de l'arc DE fur BE, pour avoir le
point du temps égal, ou l'heure de l'horloge. Et au contraire fi l'arc ED euft efté plus
petit que BE. Tout cecy eft fort connu des aftronomes, et c'eft la defïus qu'eft fondée
la règle des Anciens 2), qui eft: Pour réduire le temps apparent au temps égal, ayez
2) On trouve cette règle, énoncée un peu plus sommairement, vers la tin du troisième livre de
PAlmageste de Ptolémée. Et aussi dans l'alinéa ou „seftio" du livre 3 de la première partie du
Nouvel Almageste de Riccioli que Iluygens cite un peu plus loin.
31 S ASTRONOMICA VARIA l68o — 1686.
pour les deux extremitez du temps apparent donné le lieu moyen et le véritable du
foleil, et l'afcenfion droite du véritable lieu. Puis prenez la différence des lieux moyens,
oftant tousjours le premier en date du dernier; et adjoutant 360 degrez quand le
dernier eft de moins de degrez que le premier. Prenez de mefme la différence des
afeenfions droites, et conférez entre elles ces 2 différences, qui fi elles font égales, il
n'y a point d'équation a faire, mais 1. fi la différence des afeenfions droites eft plus
grande que la différence des lieux moyens, alors il faut adjouter l'excès converti en
temps, au temps apparent, pour avoir le temps égal. 2. Mais fi la différence des
afeenfions droites eit plus petite que la différence des lieux moyens, il faut fouftraire ce
qui défaut converti en temps, du temps apparent pour avoir le temps égal. Que s'il faut
réduire le temps égal au temps apparent (comme le temps d'une Eclipfe calculée par les
tables, au temps apparent qu'elle fera obfervee) 3. la règle alors eft, que la différence des
afeenfions droites eftant plus grande que la différence des lieux moyens, l'on doit fous-
traire l'excès, converti en temps, du temps moyen, pour avoir le temps apparent, car
alors R arrivera au méridien NME quand B ne fera pas encore en ce méridien, et partant
l'heure de l'horloge plus avancée que celle du véritable foleil. 4. Mais fi la différence
des afeenfions droites eft plus petite que la différence des lieux moyens; il faut adjou-
ter l'excès, converti en temps, au temps égal, pour avoir le temps apparent. Ce font
la les véritables règles, et il faut bien prendre garde quand on en a befoin de ne pas
s'y abufer, en adjoutant ce qu'il faut fouftraire, ou au contraire.
De conftituendis Epochis Tabularum duse liint auétorum fententiae. Alij enim ad
Tempus appareils eas referunt ut Alphonfini, Ptolemaeus, Copernicus. Alij ad Tempus
xquale five médium ut vocant, in quibus Tycho, Longomontanus, Lansbergius,
Keplerus, Bullialdus 3) &c. Itemque Ricciolus, ut patet ex ijs qua; feribit Almag.
parte 1. lib. 3. cap. 33. feét. 3 4). In exemplo fuo errât in computando temporis in-
tervalle ab obfervatione ad finem anni. Sed reéte intelligit pag. 256 ejufdem partis 5)
ubi Epocham Lunaris Longitudinis conitituit. Ipfa vero methodusipfiusomniumque
qui ad tempus médium Epochas accommodant prorfus erronea eft. Copernicus autem
reéte fuam Lunae Epocham conftituit, credo Ptolemaeum fecutus. Et hase fola vera
eft ratio.
3) Voyez sur Tycho Brahé, Kepler et Boulliau les p. 523 — 524 du T. XV. Consultez aussi la
note 1 8 de la p. 33 qui précède.
4) Comparez sur ce passage la note 1 qui précède. Riccioli y cite les noms de tous les astronomes
qu'on vient de lire dans le texte.
5) Lib. 4. cap. 24. „De Constitucndis Epochis Lunarium Motuiim".
III.
PASSAGES DE MERCURE DEVANT LE SOLEIL EN 1631 D'APRÈS
GASSENDI ET SCHICKARD, EN 1661 D'APRÈS HEVELIUS,
EN 1677 D'APRÈS GALLET ET CASSINI.
[l68l, 1682 ..]
§ 1 '). Ex IV . Schickardo. De Mercurio in Sole vifo anno 1631, 7 Nov. St.
Novo »).
De Keplero loquens et 3) quid in Mercurio primus praftiterit egregium ac fingu-
lare. 1 °. Ellipticum iter indagavit, cujus caufa Epicyclus prifcis falfo credcbatur augeri
et minui. 20. Orbitam illam circa verum folem, velut cor mundi, ordinavit, quam
omnes alij referunt ad médium ejus locum, quod punclum eft merè imaginarium, nullo
iigno naturali difcriminatum, adeoque docendi faltem gratia conficlum. 30. Bifeclio-
nem excentricitatis ingeniosè animadvertit, qua; nos à multa irregularitate libérât 4).
') Le § 1 est emprunté aux p. 75 — -9 du Manuscrit F. Les p. 55 et 101 portent respectivement
les dates du 16 février 1681 et du 8 février 1682.
2) Le titre de la brochure de W. Schickard citée par Huygens est le suivant: „W. Schickardi
Pars Responsi ad Epistolas P. Gassendi Insignis Philosophi Galli de Mercurio subsoleviso,
& alijs Novitatibus Uranicis. Quod Astronomie felix faustumque sit!" Tubinga, Typis Th.
Werlini : Impensis Ph. Brunnl, Anno 1 63 2 mense Augusto. Voyez sur Schickard ( 1 592 — 1635)
la note 11 de la p. 25 1 du T. IV.
Les epîtres de Gassendi sont intitulées: „Mercurius in Sole visus, et Venus invisa Parisiis
[voyez sur ce dernier sujet la note 12 de la p. 309] Anno 163 1. Pro voto, & Admonitione
Keppleri [voyez notre Avertissement]. Per Petrum Gassendum, cujus heic sunt ea de re
Epistolœ Duœ cum Obseruatis quibusdam alijs". Parisiis, Sumptibus Seb. Cramoisy, via Iacoba;à,
sub Ciconiis. MDCXXX1I. La première épître est dédiée „Pra?claro, & amico viro Willelmo
Schickardo, in Academia Tubingensi Professori Hebraico".
3) Ce qui suit (premier alinéa) est une citation littérale (ou à fort peu près littérale) de la p. 24
de la brochure de Schickard. Huygens souligne quelques mots. Seule la remarque finale, écrite
en marge, est de lui.
4) Ceci se rapporte au soleil. A la p. 330 de son „Ad Vitellionem paralipomena, quibus astrono-
mie pars optica traditur" de 1604 Kepler écrit: „Deprehensus ... est à me primo, per subtilem
obseruationem diametri visibilis . . . Solem dimidio solùm spatio eius Eccentricitatis quod illi
ab Albategnio & Tychone tribuitur, à nobis recedere". Anciennement on pensait que la distance
du soleil à la terre est inversement proportionnelle à la vitesse de son mouvement apparent.
320
ASTRONOMICA VARIA l68o — l686.
[Fig.pi]
40. Nodos ab abfidibus merito removit, quorum combinatio latitudini tôt peperit
crrores5). Inclinationem fîxam et uniforme angulo conflantem introduxit, qua? fim-
plicitati naturae magis elt confentanea. — En marge: Sed cujufnam plani refpectu?
Nam non magis planum Eclipticae idem manet reipeétu (ïxarum, quam planum orbi-
tarum in quibus (inguli planetarum reliquorum 6).
Reprchendit vero in eodem Kcplero •") i°. quod Menfura Orbitse non eft prscife
canta. a°. quod aphelij locus aliquantum a vero abfit. 30.
nodi pauxillum exorbitant. 40. Haud recle judicat plane ta?
fitum in Ellipfi ex orthogonali contaftus. Quodpostremum
pfeudographema nemini animadverllim, quia fons e(l alio-
rum$ inde procul dubio featurierunt etiam errores a?qua-
cionum. Tradidit illud Airronomiœ Copernicana? lib. 6.
fol. 76o,aiïerens in elongationibus maximis lineam ex cen-
tro B in planetam M [Fig. 91] efîe orthogonalem ad vili-
vam TM, et angulum BMT reftum 8). ideoque incidere
BM in n locum Zodiaci tov TM, five tribus iignis inde
diftantem; iic exui planetam inœqualitate fecunda y). Ego
autem nego angulum TMB reclum e(Te &c.
Les Fig. 91, 92 et 93 de Huygens correfpondent à celles de Schic-
kard.
5) A la p. 3 1 de sa brochure Schickard parle — voyez la p. 322 qui suit — de „Tycho & Longo-
montanus, qui nodos Apsidi jungunt" ce qui conduit à de grandes erreurs.
6) C'est à bon droit que Huygens se demande avec quel plan celui de l'orbite d'une planète pour-
rait bien faire un angle absolument constant. C'est seulement depuis Laplace qu'on connaît
dans les systèmes planétaires un plan invariable; mais il n'est pas question d'une constance
absolue des angles des plans des planètes avec ce plan-là.
:) Ce deuxième alinéa est emprunté aux p. 24 et 25 de la même brochure. Huygens omet une
des objections de Schickard, et la citation est au début un peu moins littérale que la précédente.
— Schickard prouve longuement, d'après Apollonius, que dans la Fig. 91 MB n'est pas nor-
male à l'ellipse lorsque B est le centre.
8") C'est ce qu'on trouve en effet à l'endroit indiqué (édition de 1635).
v) D'après la p. 758 de l'„Astronomia Copemicana" l'„ina?qualitas prior" résulte du fait que la
planète se meut dans une courbe excentrique par rapport au soleil, tandis que I'„insqualitas
secunda" est due au fait qu'on ne regarde pas la planète du soleil, mais de la terre; or, lorsqu'on
sait — ou croit savoir — que la longitude de la planète vue de la terre diffère précisément de
900 de celle vue du soleil, il est évident qu'il n'y a plus d'incertitude de ce chef.
PASSAGES DE MERCURE DEVANT LE SOLEIL EN I 63 I, ETC.
321
trum Iblis C. M Mercurius excedens e foie.
[Fig. 92]
De loco excedentis Mercurij ex 0'°). VC [Fig. 92] filum perpendiculare percen-
Arcus VM obfervatus 32^ gr. ").
Angulus \TCE inter verticalem et
eclipticam BE,computatus S^°A7 •
undeME <n°\j'.
Qualium ergo femidiameter 0
adfumicur 15' f, talium fubtenfa
DM prodit 6i min. pro ^ latitu-
dine borea. Nam de parallaxi fecu-
rior fum &c.
Nous citons un peu plus longuement:
„Nam de Parallaxi fecurior fum
qu5d Planetam vix notabilitcr de-
jecerit à vero fitu (prcefertim in alti-
tudine 22 grad. fupra horizont.),
quoniam infra . . . Mars, in paulô
majori diitantiâ, nullam fenfibilem
probabitur admififfe". Voyez ce que
nous difons fur la parallaxe à la p. 338 de
l'AvertiHement.
Porro locus nodi S\> ex obfervatione qurerendus ,2). Eft autem mihi duplex, unus
appareils tantum, qui nobis e terra fpeélatur ifque ambulatorius, quia brevi tempore
in quemvis Zodiaci locum cadere potell quoties planeta latitudine caret, ubicunque
verfetur longitudinis ratione. alter verus in Orbita, e foie quafi centro a?ftimatus,
tardigradus ille qui demum feculo fentitur movifle locum.
Pro Sh apparentis inquitîtione affumantur ex Ephemeride duo loca ^ vicina: nec
obftat quod ibi erronea Tint, prseftant enim nihilominus analogiam et obliquitatem
itineris, alter cum latitudine BK, alter cum latitudine FH. lineœ HKA parallelam
ducit MN, quîe verum locum nodi oftendit N. — En marge: opus tantum adfumere
angulum MND 6°.54' quanta eft inclinatioorbis^ [favoirfurle plan de l'ecliptique].
IO) Le chapitre de Schickard ,,Locus excedentis Mercurij" commence à la p. 27. Seul, l'alinéa du
texte „Qualium etc." est exactement ciré (Huygcns écrit toutefois „borea" au lieu de„boreali").
") Gassendi dit regretter de ne pas avoir mesuré cet arc ou angle exactement: „Aut fallor, aut
fuit inter 32. & 33 gradus. Memini enim non longé abfuisse à gradu 35, etc."
,:) Ceci, et la suite, à la p. 29 de Schickard.
4>
322
ASTRONOMICA VARIA l68o — 1686.
Pro inveniendo loco nodi vero, feu ex foie fpectato ').
EDB [Fig. 93] ecliptica? portio. S Sol. T terra. ONM orbita £• N nodus.
TS eft 98859 qualium femidiameter
[Fig- 93]
orbis magni 1 00000. Ex eo nempe quod
conjunclio incidit in 7 Nov. h. 9. 2'f.
SM diftantia inter folem et ^ ex Rudol-
phinis 31338. Unde TD 6752 1 proximè.
Ang. TDM reclus. Ang. DTM obfer-
vatffi latitudinis eft 6' 20". Mine latus
erectum DM 1 24. In triangulo DRM
reclus eft D. et MRD 6°. 54' quanta
Keplero eft planorum orbita? Ecliptica.'
inclinatio. Ergo DR 1025. In triangulo
SDR latus SD erat 3 1 338. Ang. R rectus.
Ilinc ang. ad solem DSR 1.52'. qui
differentiam oftendit inter loca Ç et nodi.
Cum igitur planeta emigrans fuerit re-
perta in 14.29'ni, cui, reduftione ad
eclipticam, punchim D respondet adcoque terra, ex foie intuenâo per l'ineam ST,
verfata lit in 14.29 oppoiiti y [en marge: at ex centro Q erat terra m I443']: patet
lineam SN, quse plana ecliptics et orbis Mercurialis conneclit, incidere in 1 a°37' V,
aut potius, ut fcrupulafe agamus, quia punëtum D non in medio, fed in ara folis
depréhenfum, ab ejus centro diflitit 14' [en marge: locus enim ^ M ex folis S eentro
fpectatus i'uit magis verfus V quam e limbo apparuiffet unde emigrare videbatur];
cadet linea SN tanto pofterius, nempe in 1 2°.5 1 ' y. adcoque verus nodus <fo direéte
fpeclatus contra folem, referendus erit ad 1 2°.5 1 ' oppoiiti ni (quamvis oblique vifus
ex T poffit in alio quovis gradu apparere) quod fie reperiffe fuit opéra? pretium.
Keplero in 1 3.9' y. Tychoniet Longomontano, qui nodos apiidi jungunt, in 1.38/.
ut totis 18 gr. et 47' a vero aberrent [chez Schickard: aberrant].
En marge: 1,52 12.51
1.38 14.20 V locus O.
') Ce qui suit est emprunté en majeure partie aux p. 30—31 de Schickard. Toutefois, au début,
I luygens ne copie pas le texte. Schickard écrit que „dato tempore" la distance de Mercure au
soleil est 31338 d'après les „Rudolfin»", mais c'est I luygens qui dit que cette distance se con-
clut „ex co quod conjunctio incidit in 7 Nov. h . o.2'4-" tandis que — comme on le trouve
un peu plus bas — Gassendi prit 7 h. 58 "comme le „vcrumtempusconjuctionis" et que Schickard,
d'après son calcul à lui, prend 8 h. 4'.
Kepler avait prédit dans son „Ephemeris Anni 1631" que la conjonction aurait lieu le 7 Nov.
[63] „hoià paulô plus unà post meridicm".
PASSAGES DE MERCURE DEVANT LE SOLEIL EN 1 63 I ETC.
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En marge: Cognito DTN angulo, lurïeciiïet tàcere ut diftantia SD ad DTitaangu-
lum DTN ad angulum DSN: adeo ut non opus habeamus tôt triangulorum (uppu-
tatione.
SD TD L DTN /
En marge: 3 1 3 3 S — 67521 ^l' IO J I°52'45" /_ DSN
1 63 1 . Verum tempus conjunctionis hora 8, min. 4 ante meridiem Lutetiae Par.
fecundum Schickardum. GafTcndo hor. 7.58'.
[Fig. 94]
Erravit Schickardus in his, nec recle rationem
inijt. Erat enim ipfi Terra ex ccntro Oin 14.43'V
&c. ut in fchemate pag. fequentis [Fig. 94]. Recla
SD non tranfit per M. MD eft recta perpendicu-
laris in planum eclipticae vel potius arcus circuli
magni 61 min. qui circulus fit eclipticae circulo
ad rectos angulos.
14.29' ni
H'
fecundum Schick. 14.43111 centrum O emi-
grante ^ ex difeo Q. BE sol, S centrum ejus. M
locus Mercurij. D locus reductus ad Eclipticam.
SD, DT funt lineae recta;. T terra.
SD TD ZDTC/ZDSC
31338 67521
H
XO IO
i .52'. 45" /_ DSN inventus pag. prœced. [voyez
une des remarques marginales qui pré-
cèdent]
30. 10 /_ DSC
1.22.35 L CSN
14.43. ° "*" locus terra; ex Sole
13.20. 25 V locus nodi N ex centro O quem
Schick.male collegit in 12.51 V.
14.23. 27 ex calculo meo [nous ne trouvons pa<
ce calcul ; dans notre § 1 qui fuit Huygens
écrit „i 4.24 V fecundum Caflinumatque
etiam ex meo calculo"]
1.3. 2 motus Nodi Borealis in annis 46.
Convenu cum Cafllno [qui trouve
63' ou 64']. Sed is non vere dicit lo-
cum nodi (ponens Boreum Auftrino oppofîtum) ab obfcrvatione Hevelij ad obfer-
obfcrvatio Gaflendi 1 63 1 7 Nov,
obfervatio Gallet 1677 7 Nov.
ASTRONOMICA VARIA l68o — 1686.
vationem Gallctij ncmpe in annîs 1 61 rétro ceiîifTe [comparez le § 3 qui fuit]. Erat enim
ex calculo meo [apparemment le calcul qui fuit] in Hevclij obfervatione locus Nodi
Auftrini five defcendentis ex Sole in I4°.22' n\ [dans le § 2 qui fuit Huygens écrit égale-
ment i4°22'V pour le noeud afcendant „fecundum locum ex obfervatione Hevelij a nobis col-
leftum"]. Nam I levclius maie rationem colligere invenit [Huygens a fans doute voulu écrire
invenitur] nodi defcendentis in 14.16.42'. qui nec ex foie nec ex terra ibi videri
potuit. Nam ex Terra apparuiffet in recta TN, qua; locum in Ecliptica multo ante-
riorem loco folis ortenderet
ncmpe in i2o.50.48" Tauri.
[Fig- 95]
SD
45»
TD
554
MTD /
12" /
ZlNTD
-37
45'[^NSDfiveRSD][Fig.o5]
1.13'
.37' locus 0 et ^ fecundum Bullialdum 2)
45' ^RSD
i.i4°.22cU5 Mercurij ex foie,
2) Boulliau n'eut pasroccasion,lc3mai 1 661, d'observer, comme Hevelius, le passage de Mercure
devant le soleil: voyez la p. 290 de notre T. III. Nous ne voyons pas où il a noté que ce jour,
au moment de la vraie conjonction, le soleil et Mercure se seraient trouvés en I3°37'Q.,
autrement dit que la terre, vu du soleil, se serait trouvée en ce moment en i3°3,"'n\.
C'est, comme on le voit, de cette valeur attribuée par lui à Boulliau que Huygens tire, en y
ajoutant l'angle RDM ou NST, la longitude du noeud descendant N de Mercure vu du soleil;
il considère apparemment cette longitude I4°22'l1\ comme correcte, puisqu'il l'oppose à celle
d'IIcvelius.
PASSAGES DE MERCURE DEVANT LE SOLEIL EN I 63 I ETC. 325
hoc eft 14.22 Scorpij nodus <{¥ Mercurij ex Sole. Hevelio I4°.i6.42.
i2°.49'.48" / 16003) TS 101058 SM45792 s.
i° 44. 49 à 60 compl. fit TD proxime 55266
35 4 menfes. intervallum SM 0 et *j5 45792
14.35.22 / aphelium ^ Angulus MTDcxobfervationc4°.27'.MD72.
13.37. ° °V Z. MRD 6.54' inclinatio orbis 5.
30. 58. 22 ♦).
§ 2 s). 1 2°5 1 ' V cfl Mercurij anno 1 63 1 . 7 Nov. St. nov. hor. 9.2'i. Ex Schickardo
ad obfervationem Gaffendi.
4 1' 1 2 in annis 29 ex Rudolfinis
0.42" in 6 menfibus
13.32.54 V • Sb Mercurij 1 66 1. 3 maj. i66i.3Maj.
28.25 m annis -° ex Rudolfinis 1 63 1 . 7 Nov.
56 in 8 menfibus 29. 6 menfes
14. 2.15 V nodus cfb Mercurij 1682 1 Jan.
l30'32 54 V Mercurij Sh anno 1661.3 maJ- ex motu
Rudolfin.
debebat efle 14.22 fecundum locum ex obfervatione Hevelij a
nobis colleclum
49' differentia
Obfervante Gaiïendo Mercurium in Sole, erat nodus ascendens ex foie vifus in
I 3°2o' X [d'après le calcul de Huygens à la fin du § 1 qui précède]. Ergo tune nodus defeen-
dens, ex foie, in 130. 20' n\ fi dire&e opponuntur. Rurfus obfervante Hevelio Mercu-
rium in Sole annis interjectis 29^ erat nodus defeendens in n\.°ii' m nempe ex foie
fpecuuus . etfi ipfe maie ponat in 14. 16. 42".
Ergo, in annis 294, motus nodi defeendentis fuifïet i°a'. qui motus ex Tabulis
Rudolfinis tantum eft 41 '.54".
Ergo motus verus nodorum ^5 effet fefquialtero fere celerior quam fecundum tab.
Rudolfinas. quod non intelligo qui fieri poflît.
3) Longitude de l'aphélie de Mercure, vu du soleil, en 1600 d'après les „Tabulae Rudolphinae".
Huygens en tire d'après les mêmes tables la longitude de l'aphélie 6oi ans plus tard, donc pour
le 1 ou plutôt le 3 mai 1661.
4) En prenant la différence des longitudes de l'aphélie de Mercure, vu du soleil, et de Mercure
lui-même, également vu du soleil, l'un et l'autre au moment de la vraie conjonction du 3 mai
166 1, on obtient évidemment l'intervalle de ce moment, vu du soleil, entre l'aphélie de Mer-
cure et Mercure lui-même.
5) Le § 2 est emprunté à la p. 99 du Manuscrit F. Voyez sur la date la note 1 de la p. 319 qui
précède.
326 ASTRONOMICA VARIA l68o— l686.
Videtur in dubium revocandmn illud Kepleri adfumptum, nodum afccndentem
defcendenti directe oppofitum efle, (îve interfeétionem plani orbitse Mercurij (itemquc
aliorum planctarum) et plani Eclipticce iieri in linca reéla per folem tranfeuntem 6).
Haec fane pofitio nihil habet veri, fîquidem progrcdientibus continue nodis nullum efl:
rêvera planum orbita? planctaria,1. Via enim planetae eil linea qu&> nunquam in feipfam
redit. Unde jam liquet non recte hoc fuifle pofitum, quod dixi obfervante Gaflendo,
cum nodus afcendens ^ effet in i3°.2o' V, nodum proinde defcendentem fuill'e in
13.20' n\.
Rectius ergo motum nodorum ^ inveftigabimus conferendo obiervationem novis-
fimam in foie confpecti, quœ fuit menfe Nov. 1677 die 7 hor. 1 2. 39. 14", cum illa
Gaflendi qua? item menfe Novembri die 7 contigit cum in utraque ^ fuerit circa
nodum afccndentem.
Necefle effet in tabulis Epochas poni etiam nodorum dcfcendentium quia, fi fuma-
mus opponi ipfos nodis afcendentibus, falfa eft pofitio; neque recte hinc locus loci
[lisez nodi] defcendentis colligetur.
Ex obfervatione illa anni 1677 7), colligitur locus nodi afcendentis fecundum
Caflinum atque etiam ex meo calculo [ceci fe rapporte fans doute au calcul par lequel notre
préfent § 2 fe termine] in 14.24 X, dicit enim in annis 46 qui funt ab obfervatione Gas-
fendi ad hanc, progreflum elfe nodum 63' vel 64'. Erat autem in illa Gaflendi in
13.20' V, nam Schickardus erravit ponens I2°5i' V, at in obfervatione Hevelij erat
nodus defcendens jam in 14.22' m. Ergo procefliflet tantum 2' in annis 16 nodus
afcendens fi ponatur femper directe oppofitus nodo defcendenti.
En marge: inclinatio minima diltantia
Q orbis £ a centro 0
fin6°.54'-_rad 4.71/ . . .
1 20 1 4 1 00000 2471/2060 . . 34'2o" a centro 0 ad <fh
' apparentem
6) Comparez au § 3 qui suit ce que disait Cassini dans son article de déc. 1677 du „Journal des
Sçavans".
7) Nous observons en passant que le passage de 1677 de Mercure devant le soleil fut aussi observé
par Halley à Sainte-Hélène.
PASSAGES DE MERCURE DEVANT LE SOLEIL EN I 63 1 ETC.
i5°.38'.27' in. locus ©
34. 20
15. 4. - n\ locus nodi apparentis
1 . 1 3.5S diftantia SI a terra ex foie
15.38.27 X terrce locus
16—. locus SI ex foie 14. 24'. 29'
locus SI in obfervatione Gaffendi 1631 13. 20. 15
i°. 4'. 14 motus Sh iu 46 annis
[ces64'correfpondenteneffet aux 63' ou 64 de Caflini. Le calcul de la p. 323 donnait i° 3' 2" au
lieu de i° 4' 14" ce qui fait peu de différence].
§ 3 s). 2 in © 1677. 7 Nov. 12 h. 39'. 14" vera conjunftio Avenionc [c. à. d. à
Avignon] 9).
Diftantia minima g a centro 0 4'.-'. 30" liora 0.35'. 50". Tune latitudo g borea
afeendens 3'. 55". longitudo n\ i5°.38'.27". Emerllo 3 h. 26'. 56".
Ex Ileckero IO) 15. 38. 11
7-
Ex Rudolf. Reinerij ") 7 d
Ex calculis Heckeri
Bullialdi
Ricciolii
Huygens omet la citation des Tables de Lansbergen qui don
nent un „defectus" de 23 h. 27'.
5 h. 35' tempus tranfitus fecundum Gallet.
8 h. 3'
6. 9
4. 18
8. 17.
Difterentia ab obfervata
[conjunctione]
- h. 24' Exe.
5. 9. Exe
3. 39. Exe
7. 38. Exe
[Fig. 96]
8) Le § 3 est emprunté à la f. 210—211 des Chartœ astrono-
mie»?. Vu l'identité du calcul final .avec celui du § 2, la date
de la feuille ne diffère probablement pas beaucoup de 1682.
9) Le temps de la conjonction, et toutes les autres données qui
suivent, sont empruntés au „Journal des'Sçavans" T. V, de
l'an 1677. L'article de Gallet se trouve dans le n° du 20
décembre de cette année. Il est intitulé „Mercurius sub Sole visus Avenione die 7 Novembris
1677. Observante Joan. Car. Gallet I.V.D. Prrcposito S. Symphoriani Avenionensis". Il est
suivi par les „Reflexions de M. Cassini sur les observations de Mercure dans le Soleil".
IO) Job. Hecker, „Ephemerides motuum cœlestium ab 1666 ad 1680, ex observationibus correctis
Tyclionis Brahe et Io. Kepleri hypothesibus physicis etc." Gedani 1662, Paris 1666. „Supple-
mentum ephemeridum" Gedani 1670. „Traclatus de Mercurio in Sole viso etc." Gedani 1672.
") Vincenzo Renieri ou Reinerius: „TabuIa? Medicea? universales, quibus post unicum post-
apluvreseon orbis canonem, planetarum calculus exhibetur, juxta Rudolphinas, Danicas, Lans-
bergianas, Prutenicas, Alphonsinas et Ptolemaicas". Florentin 1639.
ASTRONOMICA VARIA l68o — 1686.
Nodus liorealis LFig. 96] ab anno 1631 Gafîendoobfervatusadhuncannum 1677
procefîit 63 vel 64min. ut Cafîînus colligit, fcilicet (patio 46 annorum, exafte (atis ut
Tabula? Rudolfinae quas etiam conveniunt in tempore Epochse nodorum Xî).
Scd in Hevelij obfervatione 1661. 3 Maj. invenit Cafîînus nodum auftralcm/>r0-
motiorem quant in hac obfervatione anni i6jj (en marge: non eft proueétior, nam
Hevelio eft in 14.22' m. et in hac 14.24' ><). de forte (ait) que les (en marge: fcri-
bcndum puto que [i les) noeuds de Mercure a l'égard du foleil font oppofez precife-
ment l'un a l'autre, il paroit qu'ils ont rétrogradé depuis l'an 1 661, comme font ceux
de la lune, et que par confequent leur mouvement eft tantoft direct tantoft rétrograde.
Que fi leur mouvement efî uniforme il s'enfuit que la ligne des noeuds de ^ ne pafîe
pas par le centre du 0. mais que elle en efî; éloignée vers le limite feptentrional en-
viron 255 du rayon de l'orbe de ^.
[Fig- 97J
Oportet igitur Cafîinum maie colle-
gifîe locum utrumque hujus nodi in
obfervatione Gafîendi et hac. Nam dis-
tantiam refte ponit 63 vel 64 min. Vel
tantum errant in loco obfervationis
Hevelianae.
Ad Hevelij obfervationem ^ in ©.
Ut conftaret angulum apparentem or-
bital ^ cum Ecliptica [Fig. 96] asquari
Inclination] <J fcilicet 6'. 54".
Sn [Fig. 97] parallela TMm. 2 efî lo-
cus Mercurij (exeuntis è Sole) in Eclip-
tica nempe 140. 29' ni. /_ DTCeft 14'.
DCStf [lisez TCStfJeft linea reda. Ergo
tf locus folis in Ecliptica eft ulterior
quam D, iftis 14'. adeoque in 14.43 W-
unde locus terra? ex foie in 14.43 V«
i4°29' 111
H'
I4°43' n\ 0 ccntrum emigrante *j?
[comparez la p. 323].
SD TD I
31 33^ 67521- - 14730' Z. DSC
I2) Ceci, et tout ce qui suit, se trouve en effet dans l'article de Cassini cité clans la note 9 qui précède.
PASSAGES DE MERCURE DEVANT LE SOLEIL EN I 63 I ETC. 329
1.52.45" L DSN
30 L DSC
[calcul prefqu'identiquc à celui du
1.2 2. 45 £_ L.MN
14.43. o V
locus terra; ex centro 0
1 63 1 obfervatione GaflTendi 13.20. 15 locus nodi N ex centro 0 . quem Schi-
locus Sh 1677 14-23.17 ckardus maie collegit in 12.51 V non
bona methodo ufus.
motus £}> ^ 1. 3.12 convenit cum Caffini.
1 . 5.22" motus nodi in 46 annis fecundum Keple-
rum Rudolfinis.
o. 2.10" differentia.
42
IV.
PASSAGE DE VENUS DEVANT LE SOLEIL EN 1639
D'APRÈS HORROX.
[1682].
À la p. 131 du Manufcrit F Huygens rappelle que Ç in Sole obfervata ab Horroxio anno
1639, 24 Nov. ft. vet. hora 6.46 iub meridiano Uraniburgico quo tempore conjun-
élionem centrorum S et Ç colligit contigifle. nam obfervatio peracta hora 3.15
Liverpolise in Anglia1). En 1695, année de fa mort, Huygens — voyez l'Appendice XII au
Cofmotheoros — a écrit quelques pages fur les paflages de Vénus.
À la p. 81 du Manufcrit K — la Pièce date probablement de 1663 ou 1664 — Huygens parlait
également de l'obfervation de Horrox en ajoutant: W. Crabtrius eodem tempore in Anglia
obfervavit hora 3.35' Ç notabili intercapedine a finiftra iolis margine. Diametrum ad
Solis diametrum obiervabat ut 7 ad 200.
') En 1661 Huygens avait rapporté de Londres le manuscrit de Horrox que Hevelius publia à sa
demande en 1662 avec son propre ouvrage „Mercurius in Sole visus Gedani". Voyez les p.
315 et 438 du T. III.
V.
MESURE DE LA PARALLAXE DE MARS PAR CASSINI, ET REMAR-
QUE DE CASSINI DE 1680 SUR LES DISTANCES DES PLANÈTES.
[1682].
Manufcrit F, p. 159'). CafTini de cornera anni 1680-). Que par les mefures qu'il a
prifes des diftances des Planètes, il trouve qu'autour de la terre il pourrait y avoir
des cercles 64 fois plus grands que celuy de la lune, fans toucher aux orbites de Mars
ni de Vénus3).
Il a mefurè la parallaxe de Mars en comparant iapofition entre des fixes prochaines
a diverfes heures, par la lunette et des filets au foyer, et comptant avec les pendules4).
Ce n'eft qu'en novembre 1688 5) — comparez le § 3 de la p. 410 qui fuit — que Huygens par-
lera de „la parallaxe du foleil . . . félon que Mr. Cafîini [F] a eftablie par diverfes méthodes dans
l'examen des obfervations faites [en 1672] à la Cayene et a Paris en mefme temps". Et en 1694 —
p. 832 qui fuit — il citera la lettre de Flamfteed à CafTini de juillet 1673 fe rapportant aux valeurs
de la parallaxe de Mars et de celle du foleil, lettre fur laquelle Oldenburg avait d'ailleurs déjà attire5
fon attention en août 1673 (T. VII, p. 353).
t) A cettte page est mentionné le discours d'ouverture apparemment récent de juin 1682 de
Burcherus de Volder nommé professeur à l'université de Leiden.
:) Nous avons donné à la p. 277 du T. XIX le titre complet de cette brochure de 168 1 deCassini
sur la comète de décembre 1680 et des premiers mois de 1681.
3) Ceci (p. 28 de la brochure citée) est vrai, mais on peut en conclure que Cassini ne connaissait
pas encore les vraie> dimensions du système planétaire: en prenant 64 fois la distance de la lune
à la terre on trouve 24 à 25 millions de K.M., tandis que les plus courtes distances de Mars et
de Vénus à la terre sont respectivement de 57 et de 41 millions de K.M. Au lieu de ,,64 fois"
on dirait maintenant „ioo fois".
4) C'est dans le Chap. XXXIV „Seconde méthode de chercher la parallaxe" du Traité „Les Ele-
mens de l'Astronomie vérifiez par M. Cassini par le rapport de ses Tables aux observations de
M. Richer faites en l'isle de CaVenne etc." (Mémoires de l'Académie Royale des Sciences
depuis 1666 jusqu'à 1699, T. VIII) que Cassini raconte comment en ,,1672, vers le temps de
l'opposition de Mars au Soleil" il a cherché „la parallaxe de Mars par la méthode que nous
avons employée [depuis] pour trouver celle de la Comète de l'an 1680". On en trouve le
compte-rendu dans la partie „Recherche de la Distance de la Comète à la Terre" de la brochure
citée dans la note 2. Cette partie fut lue à l'Académie Royale le 18 janvier 1681.
;) Manuscrit F, p. 327.
VI.
PETITESSE DU SOLEIL, ET DE LA TERRE, PAR RAPPORT AUX
DIMENSIONS DU SYSTÈME SOLAIRE.
[l682].
Auprès d'une petite figure de la p. 100 du Manufcrit F1) repréfentant, femble-t-il, fous la
forme de circonférences de cercle concentriques, les orbites de cinq planètes, Huygens note:
Sciendum eit fi ad hanc orbium cœleftium magnitudinem caetera vera proportione
referantur, Terram fore ea parvitate ut omnino videri nequeat, Solem exigui punéti
inltar duploque fere foie minorem orbitam lunse, extremorum vero comitumjovis et
Saturni orbitas non majores hujufmodi circellis°o.
Ceci fe rapporte au planétaire: voyez la note * de la p. 601 qui fuit.
A la même page:
Periodi Saturniorum Comitum 2) Digreflloncs Satumiorum Comitum
proximi \\ dierum proximus ....
fecundi 16 dierum fecundus 3.16" 3).
tertij 80 dierum
Digrefîiones Jovialium a Jovis centro 4) in femidiametris ipfius Jovis, fecundum
Caffinum
proximus 5 (Vf) tertius 1 3 (6 'j§)
fecundus 8 (4'^) quartus 23 (12'^)
') La date du 8 février 1682 se trouve à la p. 101 du Manuscrit.
2) Comparez la p. 780 qui suit. En 1682 on ne connaissait pas encore les deux satellites inté-
rieurs: Cassini [es découvrit deux ans après. Le secundus du présent texte — celui que Huy-
gens avait découvert — devint alors le quartus, et ainsi des autres.
3) D'après Huygens lui-même dans son „Systema Saturnium". Comparez la note 4 de la p. 836
qui suit.
4) Comparez la p. 780 qui suit, ainsi que le § 3 de l'Appendice X au „Cosmotheoros".
VII.
CONJONCTIONS DE PLANÈTES.
[1682].
Par différents calculs qui occupent les p. 133 et 135 du Mnnufcrit F, Huygens trouve:
1682. Inter 16 et 1- Sept, conjunctio J et %. Saturnus circiter 2 gr. foli propior.
Inter 21 et 22 Sept, conjunctio J et fo. Jupiter circiter 1^ gr. a foie remotior.
1 3 Oct. conjunctio % et h- cT circiter 1 o gr. propior foli.
Toutefois (Manufcrit F, p. 159):
La féconde conjonction de fr et % en 1683 entre le 29 et 30e Janvier fuivanc les
Ephemerides d'Argolus1) au i%7°58 ^\. La précédente efl: marquée par le mefme au
30 Oft. 1682 au io°55Q..
') Consultez sur ces Ephémérides, datant de 1638, la note 7 de la p. 497 du T. V.
VIII.
DÉPLACEMENT DANS LE COURS DES SIÈCLES DU PÔLE DE
L'EQUATEUR SUR LA VOÛTE CÉLESTE (SUIVANT MEGERLIN,
D'APRÈS HUYGENS) ET CRITIQUE DE LA PENSÉE DE CET AUTEUR.
[1684, l685,OU l686.]')
Stella polaris hodierna in extremkate cynofurse, tempore mundi conditi2) non
era: Polaris; (cd lucida in cauda draconis; qua? hodie diftat a polo 24 gr. Sic etiam
ab hoc noftro tempore poft 24 (fi qua erunt) fsecula, ftella in crure finiftro Cephei :
et poft 97 faecula, illa quœ eft in dextra ala cygni, ftella erit polaris, quamvis hodie
ultra 45 gr. a Polo diftet. Megerlinus, prof. math. Bafileenfis, in fyftemate mundi
Copemicano demonftrato. Huic validiffimo argumento alia plura addit leviora, et
quœdam plane nullius ponderis, auctor judicij haudquaquam exafti -).
') .Manuscrit F, p. 205.
2) Les deux dernières phrases du présent alinéa font l'effet d'avoir été ajoutées après coup. Petrus
Megerlin (1623 — 1686), d'origine allemande, devint en 1674 professeur de mathématiques
à l'université de Jîàle. Il était fort connu comme astrologue et fit paraître en 1682 à Amsterdam,
chez H. Wetstenius, son „Systema mundi Copernicanum argumentis invictis demonstratum
et conciliatum Theologiœ", ensuite en 1683 à Baie, chez J. L. Konig, son „Theatrum divini
Regiminis, a mundo condito usque ad nostrum seculum, delineatum in tabella mathematico-
historica, qua secundum revolutiones conjunftionum & oppositionum magnarum Saturni ce
Jovis post oclo proximé secula redeuntes, Historia Ecclesiastica & Politica per omnes Mundi
partes omnesque Provincias Europse in suas periodos & secula accuratè distributa, 11110 intuitu
conspicienda proponitur, cum Indice Ilistorico-Chronologico locupletissimo rerum gestarum
annos & scriptores, horumque libros & capita sive sediones indicante. Adjectus est Commen-
tarius Chronologicus etc. cum Cyclis Planetarum et Eclipsium".
Voyez une citation de Megerlin dans la note 20 de la p. 31 1 qui précède.
IX.
REMARQUE SUR LA GRANDEUR DIFFÉRENTE OU ÉGALE DE LA
RÉFRACTION ATMOSPHÉRIQUE DANS LE CAS DE LA LUNE ET
DU SOLEIL.
[1685 OU 1686.]')
Si fol et luna eundem locum obtineant ex ccntro terra; fpeclanti, tune refraftio
iblem altius efferet quani lunam. et tamen volunt plerique Solis et fixarum minorem
efle refradtionem quam Luna;.
At iî Sol et Luna aequali angulo fub piano horizontali deprefîi fint, uterque a;qua-
liter a refrarïione attollitur. Et fie dicendum œqualem efle utriufque refraftionem.
') Manuscrit F, p. 219.
APPENDICE I
AUX ,,ASTRONOMICA VARIA 1680—1686'
[?]■)
Ex Kepler i refponfwne ad Jo. Bartfchwm1'). Apud Philippum Heflia? landgra-
vium3) tubum fe vidifTe narrât 50 pedum longitudine qui trocheaad defixam malum
attollebatur, nullaque lente erat inftructus, fed in fumma parte foramen habebat pilï
magnitudine. Hoc radios folis tranfmittebat imaginemque ejus in charta alba depin-
gebat in qua maculas folis diftin&e confpiciebantur4).
Ex Admonitione ad a(îronomos*~). Anno 1607 le deceptum fuiffe ait, maculam
folis pro Mercurij planeta accipiendo, publicèque venditando5).
') La Pièce est empruntée à la f. 109 des „Chartœ astronomica;".
:) Bartsch adressa une lettre ouverte à Kepler le 1 septembre 1628. Kepler y répondit le6 novembre
1629 („Ad epistolam Jacobi Bartschii responsio. De computatione et editione ephemeridum".
Typis sagancnsibus). L'une et l'autre lettre (la première en raccourci) se trouvent en traduction
allemande dans l'édition de 1930 „Johannes Kepler in seinen Briefen" par M. Caspar et W.
von Dyck.
3) Il s'agit, pensons-nous — d'après la Tab. 43 „Das Hessische Haus" du „Genealogisches I Iandbuch
der Europâischen Staatengeschichte" par Ottokar Lorenz, Stuttgart & Berlin, Cotta, 1908 —
de Philippe de Butzbach (f 1643), fils de Georges le pieux (Georg der Fromme f 1590), lui-
même fils de Philippe I (Philip der Grossmùtige, 1509 — 1567).
4) Il a été question plus haut (p. 309) de l'„Admonitio ad curiosos rerum coelestium" de 1630
de Kepler. On a vu qu'il y engage les astronomes à regarder les planètes passant devant le soleil
„applicatione tubi super papyro [depicïos]"; ce que Huygens n'eut pas l'occasion de faire en
163 1 (note 3 de la p. 307).
5) Dans sa brochure „Pha?nomenon singulare seu Mercurius in Sole" de 1609 (Lipsiœ, impensis
Th. Schureri BihIiopola?J. Il est aussi question de cette erreur de Kepler — encore dépourvu
de télescopes — dans l'article de 1632 cité plus haut (p. 319) „Mercurius in Sole visus etc.
anno 1631" de P. Gassendi; p. 16: „Hinc Kepplerus optimo jure canat jam palinodiam de
viso aliàs, seu à se, seu ab alijs, in Sole, Mercurio. Nempe dicere possumus hoc nobis primùm
fuisse concessum . . . (^uem putârat . . . conspeftum sibi Mercurium, Maculam demùm fuisse
agnovit". W. Schickard dans son article de la même année, cité a la p. 319 qui précède, fait
également quelques réflexions sur ce sujet.
APPENDICE II
AUX „ASTROMOMICA VARIA 1680-1686".
M
Faufle équation de Cepler pag. 286 inft. aftron. ').
11 s'agit de r„Epitome Aftronomiœ Copernicana?", édition de 1635. La p. 286 fait partie de la
Pars Tertia „De Anno et Partibus ejus, deque Diebus & eorum incrementis vel decrementis" du
Lib. III „De Dorïrina primi motus, di<ftà Spluvrica". À la queftion Die regulam gêneraient, quœ fit
utilis etiam in doàrina Theorica Aequali Temporu [lie]? Kepler répond:
„Tempus eft conftituendum quando Solis Apogaeum, de quo libro VI, in principium Cancri
incidit ... Et hoc tempus fine ivquatione fumptum, eft ftatuendum pro Radice, ad quam ca?tera
per arquationem comparentur. Tune propofito quovis tempore apparenti, quaeritur afcenfio recla
loci Solis, qusritur etiam motus médius Solis ab xquinoftio: difFerentia utriufque eft a?quatio tem-
poris . . .
Verbi caufa, fit anno Chrifti 1260. completo, Apogœum Solis in o. Cancri: Et fit tempus aequan-
dum Anno 1457. 3 Sept. H. 1 1.6. Colligitur igitur ad hoc tempus locus Solis, At [liiez: ut] lib. VI
difeemus, 19.27 Virg. cujus & Afcenfio refta 170.19. At motu Medio Sol elongatur ab xquinoftio
171.27. Hic igitur difFerentia eft temp. 1 m. 8. id eft, H. o, M. 4. Se 20 2). Tantumeftauferendum
apparenti tempori, ut feiatur, quot œquatoris tempora inde ab anno 1260. lapfa fint . . ."
Habendus locus folis verus anno 1 260 completo et ejus afceniîo recta.
Item locus iolis verus anno 1457. 3 Sept. h. 11. 6' quem dicit eiïe 19.27' Virg.
Et afcenfio recta hujus loci, quam dicit effe 170.19.
Tum auferendum prior afcenfio recta a pofteriore et difFerentia comparanda cum
motu medio folis quantus convenu intervallo dato nempe annorum 196 completo-
rum augufto menfe completo et 2 diebus. horis 1 1 .6'. qui motus médius eft 8'. 30.
25- i3r 3)
At Keplcrus tantummodo loci folis veri anno 1 457 & afcenlionem reclam compa-
rât cum loco folis medio ab Arietis principio. hoc eft 170.19 aufert ab 171.27 et
différenciant i°.8' convertit in tempus. h. e. m. 4'. s. 20' 2) quod ait auferendum ab
apparenti tempore ut fiât médium. Abfurdum. Refte enim fi anno 1 260 completo
locus folis etiam effet in principio 05. Sed nunc apogeum tantum hic ftatuitur, non
vero locus folis.
') Chartae astronomicae, f. 230 — 232.
2) À i°8' correspondent, uous semble-t-il, 4 min. et 32 (non. pas 20) sec.
3) s = sextans= 6o°.
43
338 APPENDICE II AUX „ASTRONOMICA VARIA I 680 — I 686".
Le calcul de Huygens conduit en effet à une différence i°8'. Bene crgo Kcplerus fi tempore
Epochœ, hoc eft, anno 1 260 completo, solis locus fuiffec in principio 2c,ubi et apog.
0 ponitur. Sed erat in 9 [s]. \^°.\' in *p.
Huygens difcute auffi un paffagc de Mouton 4) voulant eftablir l'Epoque du moyen mou-
vement du foleil, qu'il fait bien, mais . . . etc.
4) G. Mouton „Observationes diametrorum solis et lunx apparentium", 1670.
QUE PENSER DE DIEU?1)
') Voyez aussi e.a les §§5, 6, 8, 9, 15 de la Pièce „De racioni impervijs" qui suit (p. 514 et 06)
ainsi que la Partie III de la p. 1. ^OH«5io;
QUE PENSER DE DIEU?
[1686 et 1687?] :)
§ 1 '). Les paiens et barbares attribuoient à Dieu un corps femblable au corps
humain, les philofophes luy attribuent une ame femblable a l'ame humaine et des
affections femblables aux noftres, feulement différentes en perfection. Ils luy donnent
une manière de penfer, de vouloir, d'entendre, d'aimer. Que pouvaient-ils faire autre
chofe? Avouer qu'il furpaffe de bien loin l'homme d'avoir une idée de Dieu.
§ 2 ;). C'eft une imperfection, dit des Cartes, d'eftre divifible; pour prouver que
Dieu n'eft point eftendu +). C'eft une pauvre raifon, car pourquoy eft ce là une im-
perfection?
Il eft, dit-il, de la nature de l'infini de ne pouvoir eftre compris par nous qui fouî-
mes finis 5). Ce ne font que des paroles. Qu'eft ce a dire que nous fommes finis? car
2) Voyez les note» 3, 7 et 10 sur la date des §§ 1, 2, 4 et 5 qui suivent. Ces §§ — et il en est de
même du § 3 — peuvent fort bien être tous de 1686 ou 1687.
3) Charta: astronomica?, f. 124. La feuille n'est pas datée; mais comme Huygens y dit que „Sa-
turne . . . suit le mouvement de la matière [du tourbillon] "les §§ 1 et 2 ne peuvent pas être
postérieurs à 1687 : comparez la note 7 et voyez sur ce sujet la p. 121 qui précède.
4) On lit dans la Quatrième Partie du Discours de la Méthode: ^Suivant les raisonnements que je
viens de faire, pour connaître la nature de Dieu autant que la mienne en était capable, je n'avais
qu'à considérer, de toutes les choses dont je trouvais en moi quelque idée, si c'était perfection
ou non de les posséder, et j'étais assuré qu'aucune de celles qui marquaient quelque imperfec-
tion n'était en lui, mais que toutes les autres y étaient . . . Mais, pour ce que j'avais déjà connu
en moi très-clairement que la nature intelligente est distincte de la corporelle, considérant que
toute composition témoigne de la dépendance, et que la dépendance est manifestement un
défaut, je jugeais de là que ce ne pouvait être une perfection en Dieu d'être composé de ces
deux natures, et que par conséquent il ne l'était pas".
Dans le Cap. XXIII de la Pars Prima des „Principia Philosophiœ" Descartes écrit: „Multa
sunt, in quibus etsi nonnihil perfectionis agnoscamus, aliquid tamen etiam imperfectionis sive
limitationis deprehendimus; ac proinde competere Deo non possunt. Ita in naturà corporeà,
quia simul cum locali extensione divisibilitas includitur, estque imperfectio esse divisibilem,
certum eft Deum non esse corpus".
5) Nous lisons dans la troisième des ^Méditations touchant la philosophie première, dans lesquel-
les on prouve clairement l'existence de Dieu et la distinction réelle entre l'àme et le corps de
l'homme": „Quand je pense que je suis maintenant, et que je me ressouviens outre cela d'avoir
été autrefois, et que je conçois plusieurs diverses pensées dont je connais le nombre, alors j'ac-
quiers en moi les idées de la durée et du nombre, lesquelles, par après, je puis transférer à toutes
les autres choses que je voudrai. Pour ce qui est des autres qualités dont les idées des choses
342 QUE PENSER DE DIEU?
il ne parle encore que de noftre ame ou penfee. Cela ne peut rien fignifier finon que
noftre ame ne comprend point l'infini, et que pour cela elle ne le comprend point.
Cherchons a prouver qu'il y a un autheur fumme intelligens, mais d'une intelli-
gence tout a fait autre que la noftre, non pas par ces idées, mais par la confideration
des chofes créées, ou il parait tant de art et de prudence, fur tout en ce qui regarde
les animaux.
§ 3 6). Le doute fait peine a l'efprit. C'eft pourquoy tout le monde fe range volon-
tiers a l'opinion de ceux qui prétendent avoir trouvé la certitude, jufques la qu'ils
aiment mieux les fuivre en fe laiffant abufer.
Il ne faut pas croire fans qu'on ait raifon de croire; autrement que ne croit on les
fables et les comptes [fie] des vieilles, et pourquoy les Turcs n'ont ils point raifon de
croire à l'Alcoran?
corporelles sont composées, à savoir, l'étendue, la figure, la situation et le mouvement, il est vrai
qu'elles ne sont point formellement en moi, puisque je ne suis qu'une chose qui pense; mais
parce que ce sont seulement de certains modes de la substance, et que je suis moi-même une
substance, il semble qu'elles puissent être contenues en moi éminemment. Partant il ne reste
que la seule idée de Dieu, dans laquelle il faut considérer s'il y a quelque chose qui n'ait pu
venir de moi-même. Par le nom de Dieu, j'entends une substance infinie, éternelle, immuable,
indépendante, toute connaissante, toute puissante, et par laquelle moi-même et toutes les autres
choses qui sont (s'il est vrai qu'il y en ait qui existent) ont été créées et produites. Or ces avan-
tages sont si grands et si éminents, que plus attentivement je les considère, et moins je me per-
suade que l'idée que j'en ai puisse tirer son origine de moi seul . . . encore que l'idée de la
substance soit en moi de cela même que je suis une substance, je n'aurais pas néanmoins l'idée
d'une substance infinie, moi qui suis un être fini, si elle n'avait été mise en moi par quelque
substance qui fût véritablement infinie".
Dans la Pars Prima des „Principia Philosophiœ" Descartes écrit Cap. XVIII: „quia summas
illas perfectiones, quarum ideam habemus, nullo modo in nobis reperimus, ex hoc ipso rectè
concludimus cas in aliquo à nobis diverso, nempe in Deo, esse . . . quia Dei sive entis summi
ideam habemus in nobis, jure possumus examinare à quànam causa illamhabcamus;tantamque
in eâ immensitatem inveniemus, ut plané ex eo simns certi, non posse illam nobis fuisse indi-
tam, nisi à re in qua sit rêvera omnium perfectionum complementum, hoc est, nisi à Deo realiter
existen te". Cap. XIX : „est de naturà infiniti ut a nobis, qui sumus finiti, non comprehendatur . . .
nihilominus tamen ipsas [perfectiones] clarius & distinctius quamullasrescorporeasintelligere
possumus".
En 1691 (T.X,p. io4)HuygensécriraàG. Meier:„inmetaphyficis...necExiftentiam
Dei neque . . . etc. unquam mihi demonftrafle vifum [Cartefium]" — voyez aussi la
note 2 de la p. 522 qui suit — et en 1692 à Leibniz (T. X, p. 302): „Nous n'avons nulle-
ment cette idée entis perfe&ijJimT '. Ceci se rapporte apparemment, outre aux passages
déjà cités, au Cap. XIV de la Pars Prima des „Principia Philosophia;" où Descartes écrit : „Con-
siderans deinde inter diversas ideas quas [mens] apud se habet, unam esse entis summé intelli-
gentis, summe potentis & summè perfecti, etc."
s) Chartœ astronomie^, f. 128. Feuille sans date.
QUE PENSER DE DIEU? 343
§ 4 "). Quod (1 adcaufastantarumreruminveffigandasexspatiarilibeat qu'il s'offre
une quantité de belles (peculations. Quid Planeras ad Iblem adduxerit. Quomodo
corpora globofa effefta fuerint. Pourquoy les tourbillons qui portent les lunes aillent
du incline feus que le grand tourbillon ■"). Pourquoy Taxe de la terre et Saturne font
inclinez au plan de leur orbites.
Que quoyque Dieu ait ainii difposè ces chofes, pourtant il eft certain qu'il agit par
les loix immuables de la nature, et qu'il eft autant permis de rechercher danscebafti-
ment du monde la fuite et l'efficace des caufcs naturelles que dans la production du
flus et reflus de la mer 8), du tonnerre, de l'arc en ciel 9) et autres choies de cette forte.
§ 5 I0). Le Roy Alphonfe !I) eft accusé d'avoir dit qu'il auroit pu donner de bons
avis a Dieu, touchant l'ordre et la difpofition des Orbes Celeltcs.Je crois qu'il a voulu
dire; voiant les abfurditez et les embaras de toutes ces fpheres folides et excentriques
dans le fyfteme de nos Aftrologues Juifs et Arabes; que ce n'eftoit pas là la véritable
conftitution de l'univers, ni un ouvrage digne de la divine fageffc. Car quelle appa-
rence qu'il fe foit vante I2) de pouvoir corriger le vray ouvrage de Dieu!
Voyez encore fur les différents paragraphes de cette Pièce les Additions et Corrections à la fin du
préfent Tome.
7) Chartae astronomie», f. 194. Ce que Huygens dit ici sur les tourbillons indique (comparez la
note 3) qu'en ce^moment il croit encore aux vortices déférentes. La f. 194 citée n'eft donc
pas postérieure à 1 687 puisque les „Principia" de Newton de cette année l'amenèrent à conce-
voir les tourbillons autrement. Voyez aussi sur les tourbillons la note 3 de la p. 348 qui suit.
8) Voyez sur ce sujet les p. 178 — 179 du T. XX.
9) Consultez sur ce sujet le T. XIII.
I0) Chartx astronomie» f. 122. Cette feuille n'est pas datée. Elle est de 1687 au plus tôt puisqu'elle
contient aussi les mots: Tourbillons détruits par Newton etc. Voyez la p. 437 qui suit.
Dans cette feuille il est en outre question de la „Pluralité des mondes",c. à. d. du Traité de
Fontenelle dont nous avons dit aux p. 301 et 634 du T. IX qu'il est de 1688; mais ce Traité a
en réalité été publié en 1686.
") Voyez sur le roi Alphonse X et les Tables Alphonsines la p. 259 du T. XIX.
I2) Nous avons corrigé „ventè" en „vanté". Ailleurs Huygens écrit „vanter"; voyez p.e. la 1. 13
de la p. 455 du T. XIX.
PENSEES MESLEES
44
Avertiffement
Dans la Pièce des Chartas aftronomica} qui porte le titre „Penfees méfiées" Huygens
fait à la fois des remarques fur fon planétaire et fur l'univers réel dont le planétaire
repréfente une petite partie. Le § 59 qui fuit — ladivifion en §§ eft de nous, comme
d'habitude — fait bien voir combien il eft convaincu de l'immenfité de l'efpace —
ou plutôt de la partie finie de l'Efpace — parfemé d'étoiles '), en dehors duquel,
l'Efpace étant infini J), il peut toutefois y avoir „d'autres chofes créées dont l'idée
ne tombe point en noftre penfee".
Les mots „Penfees méfiées" ne fe trouvent que fur la double feuille 1 97 — 1 98 des
Chartae, mais nous avons cru pouvoir publier fous le même titre les f. 191 — 193 et
195 — 196 auxquelles il convient tout aufîi bien et qui nous paraifient dater du même
temps.
La f. 197 porte la date du 1 2 feptcmbre 1 686; il eft vrai que cette date y eft inti-
mement liée aux noms Smith et Chamberlain, de forte que nous ne pouvons pas
affirmer que le texte de la feuille eft précifément de ce jour; mais nous croyons du
moins être en droit de dire que ce texte n'eft fort probablement pas poftérieur au 1 2
feptcmbre 1686 et que la date 1686 peut être adoptée comme vraifemblablcment
') Voyez la note 16 de la p. 351 qui suit.
2) Consultez, outre le § 59 cité dans le texte, la fin de la note 6 de la p. 195 du T. XVI.
34H AVERTISSEMENT.
exacte. Ce qui fait voir, indépendamment de la date infcrite, que Huygens a rempli
les feuilles en queftion de Tes „penfees meslees" avant d'avoir lu les „Principia" de
1 687 de Newton, c'eft que dans ces feuilles il a toujours des tourbillons la même con-
ception que lorfqu'il lut à l'Académie Royale, en 1 669, fa Pièce fur la pefanteur 3).
La remarque marginale qui fait partie de notre § 5 montre qu'en écrivant la préfente
Pièce il n'était pas encore bien convaincu, comme il le fera après la lecture des „Prin-
cipia", de la vérité de la deuxième loi de Kepler. Voyez auffi au § 16 ce qu'il dit fur
le mouvement des comètes réfultant „de leur embrafement comme aux fufées", et
plus loin (§ 50) fur „lcur chemin droit ou prefque droit".
Nous aurions pu procéder à un nouvel arrangement des „Penlées méfiées", comme
nous l'avons fait pour la Pièce précédente que nous avons intitulée „Que penfer de
Dieu?", dont pluiieurs paragraphes font d'ailleurs imprimés une deuxième fois dans
le préfent Tome, avec leur contexte. Le § 4 p.e. de cette Pièce eft identique avec le
§ 40 de la préfente Pièce, dont il a été tiré. En formant un tout de ce qui fe rapporte
au planétaire, un autre de ce qui a trait au fyftème folaire réel, d'autres encore des
remarques cofmologiques et de celles fur l'Auteur du monde, etc. nous aurions géné-
ralement pu rendre les penfées de Huygens mieux lifibles. Tout bien confidéré, il nous
a cependant paru préférable de les publier comme elles fe fuivent et fans aucune
retouche (malgré les répétitions qu'on y trouvera) nous contentant d'y joindre quel-
ques notes explicatives.
Nous attirons fpécialement l'attention du leftcur fur les §§ 27 et 44 où Huygens
dit que les vues fur les dimenfions de notre fyftème planétaire qu'on trouve dans fon
„Syftema Saturnium" de 1659 ont été confirmées par la mefure des parallaxes de
Mars et de Vénus par Cafllni et Picard4). Il eft vrai que dans le § 27 le paflage en
queftion eft biffé et que dans le § 44 il n'eft queftion que de la parallaxe de Mars. Ce
paflage du § 27 a-t-il été biffé parce que l'accord n'était pas complet? Voyez fur les
dimenfions du fyftème planétaire d'après Huygens et d'après Calfini rcfpeétivement
la p. 308 et la note 3 de la p. 331 qui précèdent.
•') Voyez cette Pièce aux p. 631 — 644 du T. XIX et comparez la note ~ de la p. 343 qui pré-
cède. Il est question des tourbillons dans les §§ 18, 35, 50, 58 qui suivent. Consultez sur l'his-
torique des idées de Huygens sur les tourbillons les p. 437 — 439 du présent Tome.
4 i I'. 31 1 et 331 qui précèdent. Voyez aussi la note 14 de la p. 602 qui suit.
Smith et Chamberlain '). 12 Sept. 86.
PENSEES MESLEES )
[i686]0
$ 1 -?). En traçant la figure de l'orbe lunaire autour de la terre, que je place fur un
morceau de l'on grand orbe il faut marquer le mouvement journalier de la terre, et en
quel efpace du grand orbe elle fait un tour de 24 heures.
§ 2 4). Que je ne m'arrelteray pas a produire les raifons pour le mouvement de la
terre, mais que je fuppoferay le fyfteme félon Copernic.
Kepler a réduit le fylteme a une merveilleufe (implicite et facilité a concevoir 5).
§ 3. Je n"ay pu représenter les aphélies ni les noeuds mobiles ni le mouvement
journalier de la terre.
Ni le mouvement des aequinoxes a l'égard des fixes.
Ni le mouvement du fbleil fur fon axe.
Ni les mouvements des fatellitcs de Jupiter ou de Saturne.
Ni l'obliquité de l'anneau.
') Nous ignorons de quel Smith et de quel Chamberlain il est question. S'agit-il peut-être de Peter
Chamberlain (T. VI, p. 94, notes 12 et 13) mort en 1682, avec qui Huygens avait jadis été en
correspondance, ou bien plutôt de Edward Chamberlain (T. VII, p. 527) encore en vie?
Puisqu'une date précise est donnée, on pourrait se figurer que Huygens fut visité ce jour par
MM. Smith et Chamberlain.
;) C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce, Charta.' astronomica; f. 197 — 198.
Comparez sur la date l'Avertissement qui précède.
3) On voit Huygens toujours occupé en esprit à perfectionner son planétaire; mais nous ne trou-
vons pas qu'après van Ceulen en 1681 — 1682 il aitengagé aucun autre ouvrier à réaliser ses
projets.
4) Ici, c'est à la future Description du planétaire que Huygens songe; comparez les p. 1 1 1 — 1 12
qui précédent.
5) Ce qui ne veut pas dire qu'avant d'avoir lu les „Principia" de 1687 de Newton, Huygens était
pleinement convaincu de la réalité du mouvement elliptique des planètes; comparez les p. 1 13,
1 24 et 1 29 — 1 32 qui précèdent. Il semble bien, à en juger par les termes dans lesquels il s'ex-
prime, que vers 1686 il ait été de plus en plus porté à admettre la réalité des orbites elliptiques
ainsi que la vérité de la loi des aires de Kepler; mais voyez cependant sur ces sujets le § 5 qui
suit.
35 O PENSEES MESLEES.
Les corps du foleil ce des planètes excédent beaucoup leur véritable proportion,
comme autli les orbites des fatellites.
En marge: Il faut dire comment on met les planètes a leur place, au jour donne qui
fert d'Epoque.
§ 4. Du plaifir que donne le mouvement des planètes en les faifant aller auec la
manivelle.
§ 5 6). En expliquant mon inégalité du mouvement des planètes ") je parleray de
la fauffe concluiion de Kepler, qui veut que le foleil les meuve, et inégalement félon
les diftances.
En marge: Si l'on ne pourrait pas mettre la célérité d'une mefme planète fuivant la
règle qu'elles gardent entre elles pour leur mouvement périodique 8).
§ 6y). Raifon a chercher pourquoy les planètes a peu près dans un mefme plan et
chacune dans ccluy qui paffe par le foleil10).
Pourquoi elles tournent en elles et avec leur compagnons toutes d'un mefme fens,
et le mefme que le grand tourbillon.
§ 7. Contre la contiguïté des tourbillons de Defcartes. fon erreur en parlant des
rt) Comparez le § 48 qui suit. La théorie de Kepler suivant laquelle le soleil meut les planètes
— nous l'avons mentionnée aussi dans le dernier alinéa de la note 7 de la p. 276 du T. XIX —
action dont l'intensité diminue avec la distance, est exposée par lui dans le Liber Quartus de
l'„Epitome Astronomia: Copernicana?". Il y parle d'une certaine analogie avec les actions
magnétiques. La moitié de chaque planète serait, pour ainsi dire, amie, l'autre ennemie du soleil.
P. 519: „corpore Solis converso, virtus etiam illa convertitur quemadmodum magnete con-
verso . . . cumque Sol illà virtute sui corporis arripuerit planetam, seu trahensillum,seurepel-
lens, seu dubius inter utrumque, secum etiam circumducit illum".
7) Voyez sur la théorie de Huygens de l'inégalité du mouvement des planètes les p. 121 — 124
qui précèdent.
8) Comparez les p. 120 — 121 et 128 — 129 qui précèdent : la règle des vitesses que les planètes
(se mouvant approximativement dans des circonférences de cercle concentriques) „gardent
entre elles" d'après Kepler, s'exprime par l'équation vt : v2 = —j== : — , où vx et va sont les
vitesses, et r, et r2 les rayons correspondants. Voyez aussi la note 25 de la p. 353 qui suit.
y) Ceci ne fait plus partie de la Description du planétaire. Huygens songe apparemment à la pos-
sibilité d'une publication de plus grande envergure; comparez la p. 129 qui précède.
,0) Huygens ne songe plus (comparez le § 49 qui suit) à la possibilité, admise pour un moment en
1682 (p. 310 qui précède), que les orbites des planètes pourraient être telles qu'il ne serait pas
permis de se les figurer approximativement comme des courbes fermées situées dans des plans
passant tous par le soleil. Mais voyez cependant ce qu'il dit encore sur ce sujet dans la ,,Des-
criptio automati planetarii" à la p. 623 qui suit.
PENSEES MESLEES. 35 1
comètes, qu'il croit eftre apperciïes aulfi toll qu'elles paflent les confins de noftre
tourbillon avec les voifins").
§ 8. N'ayons pas l'orgueil de nous croire feigneurs de toute la nature. C'elt défia
plus que nous pouvons demander d 'eftre &c. Vid. D. Pouwer Magnetical Exper.
pag. 164").
§ 9. Accouihimons nous a imaginer des nombres qui aient autant de chifresque le
globe de la terre peut contenir de grains de fable'3).
§ 10. Vereri videntur ne veritas veritati contraria inveniatur. vel ne fafta Dei
diclis non confentiant.
Le fujet du verbe -videntur" femble être : les théologiens ou philofophes Ce demandant com-
ment il faut accorder les „fa<fta Dei", c.à.d. le monde tel que nous le voyons et tel que les lunettes
et les calculs des agronomes le font connaître, avec les „difta Dei", c.à.d. avec la Bible que beau-
coup ont coutume d'appeler „la parole de Dieu".
§11. Que nous fommes dans le ciel I4). cecy après la grande reprefentation.
Que ce qui fembloient élire des chimères elt devenu vérité. Democrite ■ 5). Brunus,
mais en quoy il a erré16).
") Comparez le § 16 qui suit, ainsi que les p. 290, 295, 304 et 308 du T. XIX.
'*) «Expérimental Philosophy, in Three Books': containing New Experiments microscopical,
mercurial. magnetical. With some Déductions, and Probable Hypothèses, raised from them in
avouchment and illustration of the new famous Atomical Hypothesis". By Henry Power, Dr.
of Physick. London, printed by T. Roycroft, for John Martin, and James Allestry, at the Bell
in S. Pauls Church-yard. 1664. On trouve en effet à la p. 164 (dernière page du Chap. IV des
„Magnetical Experiments", intitulé „That the World wasnot made Primarely, nor Solely for
the use of Man, nor in subserviency unto Him and his Faculties") ce qui suit: „Let us not
therefore pride our selves toomuch in the LordshipofthewholeUniverse,'t is more, Iam sure,
than \ve could challenge from our Creatour, that he hath made us such Noble Créatures as we
are, that he hath given us such a large Inheritance, as the whole Globe of the Earth, that he
hath Subjugated ail things therein to our use and service; and lastly, that he hath endued our
Soûls with such spiritual and prying faculties, that we can attempt and reach at the Superiour
and more mysterious works of his Création, and therein to admire those things we are not
capable to understand. As for the Earth being the Centre of the World, 't is now an opinion
so generally exploded, that I need not trouble you nor my self with it. Etc.".
13) Les nombres en question sont ceux qui, suivant Huygens, pourraient servir à se faire une idée
de la multitude des étoiles: comparez le § 59 à la p. 371 qui suit.
H) Comparez les §§ 28 et 37 qui suivent.
'5) Nous avons déjà cité dans la note 2 de la p. 190 du T. XVI le passage de Plutarque ou Pseudo-
Plutarque („De Placitis Philosophorum" II C. 1): „Democritus et Epicurus . . . infinitos Mun-
dos in spatio undequaque infmito posiros existimarunt".
I<5) Dans le Cap. 11 du Lib. VI de son „De Immenso et Innumerabilibus, scu de universo& Mundis",
Giordano Bruno fait mention du „Democriti innumeris de mundis sensus". Huygens est d'avis
352 PENSEES MESLEES.
§ 1 2. Argument de la vertu centrifuge pour le fyfteme nouveau '•").
§ 1 3. Que la grandeur des corps celeftes et des efpaces qu'ils occupent et leur mouve-
ments ne font pas tant voir l'exigence d'une fupreme intelligence que les chofes
particulières que nous voions icy dans les plantes et animaux, leur génération, leur
confervation. Et furtout dans l'intelligence des hommes.
§ 14. En marge18): .... compendio quodam in automato quo planetarum motus
imitati fumus cernuntur, vel certc in ejus explicationc commemoranda funt, multis
ut puto rem gratam faéhirus fum fi formam fabricamque ejus machinationis noftra?
verbis ac figuris expofucro. Scimus fama Archimedese in hoc génère machina; plures
poftca addudtos [autre leçon: permotos] ut fimile quidefficereaggrederentur'9), inter
quibus Pofidonius philofophus recenfetur-0) qui ....
§ 15. En marge21):
180 160
180 160
32400 25600 totuplex lux folis ad
25 lucem lunse.
8 1 0000 totuplex lux luna? 8 1 0000
ad lucem Jovis vel Sirij. 77777777
20736000000 totuplex lux folis
lucis Sirij.
(voyez le „Cosmotheoros" à la p. 8 17 qui suit) que Bruno a eu tort d'affirmer à son tour que le
nombre des étoiles est infini. Il devait aussi lui déplaire que Bruno appelle l'univers ^immobile";
voyez la note 2 de la p. 507 qui suit.
'") Le „systeme nouveau" est peut-être celui des tourbillons, tels que Huygens les concevait
alors, par opposition à l'idée de Kepler dont il était question dans le § 5 qui précède. Suivant
Huygens, en 1686, il faut, pour retenir les planètes dans leurs orbites, une vertu centripète
(expression dont il ne se sert d'ailleurs pas) résultant directement dans chaque vortex déferons
de l'existence de la vertu centrifuge. Voyez le § 4 de la p. 632 du T. XIX ainsi que les §§ 35 et
58 qui suivent.
Mais il est également possible que le „systeme nouveau" est simplement celui de Copernic:
voyez, à la p. 769 qui suit, ce que Huygens dit dans le „Cosmotheoros" sur la force centrifuge
en parlant d'un livre de Kircher.
IS) Le présent §, où le sujet du verbe „cernuntur" l'ait défaut, se trouve par hasard, semble-t-il,
sur la feuille considérée des Charta? astronomie»;. C'est apparemment un fragment d'un projet
de la Description du planétaire.
'9) Voyez les p. 171 — 174 qui précèdent.
:o) Voyez sur Posidonius la note 10 de la p. 172 qui précède.
21) Comparez les §§ 30 et 56 qui suivent, ainsi que la p. 815 du Lib. Il du „Cosmotheoros".
PENSEES MESLEES. 353
§ 16. Defcartes (voyez pag. 12-) n'a donne, comme il me femble, du mouvement
a toute la matière qui environne les fixes, c'elt a dire il n'a fait (es tourbillons auflî
grands qu'ils pouvoient cftrc et qui fe touchent, que pour trouver du mouvement
aux comètes, y adjoutant que la matière aux extrémités des vortex fait Ton tour en
un mois peuteltre, et qu'ainfi elle elt beaucoup plus ville que celle devers Saturne21).
En marge: fi cette matière celeite cil capable d'accélérer le mouvement des Comètes,
comme veut des Cartes, elle devroit auili en allant contre leur mouvement les arrefter
ou beaucoup retarder, mais j'en ay vu qui alloient contre le mouvement du tourbillon.
Moy je cherche le mouvement des Comètes de leur embrafement comme aux
fiifees*3).
Mais comment ne font elles pas emportées par la matière etherce qui porte les
planètes, car j'en icay qui font aile contre le flux de cette matière. Je refpond que c'eft
la grande liquidité de cette matière qui fait aifement place a un corps qui reçoit du
mouvement d'ailleurs, quoyqu'il emporte d'autres corps qui font une fois en train
d'aller avec elle :4). Elle leur peut accélérer et diminuer mcfme un peu leur mouve-
ment fuivant l'équation phyfique de Kepler [cettederniérephrafeaétéajoutéeaprèscoup].
Malgré cette dernière affirmation nous croyons pouvoir dire — comparez ce que nous avons dit
à la p. 112 qui précède — que Huygens ne voit aucunement comment le tourbillon solaire pour-
rait bien régler le mouvement des planètes conformément à l'équation de Kepler.
§ 17. Suivant la proportion de Kepler des temps périodiques avec les diftances du
foleil15), la matière près du foleil devroit tourner incomparablement plus ville [en
marge: comme il elt aifè de voir en fuppofant cela et cela, fans faire le calcul] que ne
font les taches [ajouté dans l'interligne: 285 fois et plus]. Et la matière auprès de la
Terre (la terre mefme ou fa furface) devroit tourner auffi beaucoup plus vifle qu'elle
ne fait. 1 5 ou 1 6 fois, en fupputant par la période de la Lune. D'où vient donc qu'on
22) „Renati Des-Cartes Principia Philosophie. Ultima Editio cum optima collata, diligenter rc-
cognita, & mendis expurgata". Amstelodami, apud Danielem Elzevirium, Anno MDCLXXII.
À la p. 127 citée par Huygens commence le Cap. CXXXVI de la Pars Tertia: „Explicatio
apparitionis comœ". À la p. 120, dans le Cap. CXXIX de la même Pars il est question des„vor-
ticum extremitates, ubi materia coelestis tam cito movetur, ut incra paucos menses integrum
gyrum absolvat, quemadmodum suprà dictum est".
Voyez aussi le § 7 qui précède et les §§ 35 et 58 qui suivent.
= 3) Comparez les p. 292, 294 et 305 du T. XIX.
24) Comparez la note 1 de la p. 288 ainsi que les p. 305, 309 et 310 du T. XIX.
25) Comparez la note 8 de la p. 350 qui précède: il s'agit de l'équation z\ : v„ = — = : —7= qui
V '"1 V ?'a
pour les planètes (en supposant leurs orbites circulaires et concentriques) résulte de la troi-
sième loi de Kepler, et que Huygens applique aussi à la matière des vortices déférentes qui à son
avis les charrient.
45
354
PENSEES MESLEES.
ne fappercoit point de ce grand mouvement de la matière etheree. Eli ce que cette
matière cft remuée autrement près de la terre, ou que la proportion ne continue pas
jufques la. ou que la furfàce de la terre e(t capable d'arrefter le mouvement de cette
matière. Si cela cil et de incline au foleil, c'eir. bien tout le contraire de ce que Kepler
veut que le foleil meuve les planètes.
§ 1 8. Ce n'eft pas le mouvement circulaire du vortex qui a concentre la matière du
foleil ni la terre, mais un autre mouvement très rapide et presque en tous Cens, fuc-
celli vement, qui fait la pefanteur. Ce mouvement peuteftre a fait tendre vers le centre les
parties groflîeres qui en eiloient beaucoup éloignées, et quiparconfequentn'avoient
pas beaucoup de viteiïe en circulant, et c'elt de la que le foleil et la terre tournent fi
lentement fur leur axe. Ou parce qu'en tendant vers le centre cette matière n'a retenu
que peu de fon mouvement circulaire.
§ 19. Ce font des conjectures.
[Fig. 98]
e.
§ 20. Je pourrais ajufter mon automate dans une fphere armillaire [Fig. 98] ou
ion plan toucherait aux deux tropiques et la faire tourner avec cette fphere en 24
heures. La terre defcendant fous le plan de
l'horizon marquerait le lever du foleil. L'axe
de la petite terre ferait toufjours parallèle a
l'axe véritable de la terre, et tendant un fil
de la terre par la planète, ce fil prolongé
in arquer ait au ciel le lieu vijible de la pla-
nète, soleil et lune, et leur hauteur par des-
lus l'horizon, l'heure de leur lever &c.
Mais l'idée ne ferait point vraye.
Quand le fil venant de la terre (a la quelle
il doit eftre attache) et pafiant par la planète,
ferait horizontal, la planète ferait dansnoflre
horizon. S'il penchoit vers la terre, la planète
ferait (bus noftre horizon; et s'il s'elevoit,
elle feroit au deflus du mefme horizon.
Au cercle mobile aa qui porterait la ma-
chine, il faudrait attacher vers le pôle une
roue bb de 365 dents, qui feroit remué par une autre d de 61 dents enfermée dans
bb, et qui tournerait 6 fois en 24 heures. Cela feroit qu'en 24 heures la machine feroit
un tour et encore g.£y d'un tour de l'orient vers l'occident, parce que 6 fois 6 1 dents,
font 3^)6 dents, qui engrainent dans les 365 dents de la roue bb.
PENSEES MKSLEES.
355
Cela doit eftre ainfi, afin que le 11 1 qui vient de la terre par le (bleil, refponde tous
les midis au méridien fixe. L'axe ou pluilofl les deux petits bouts d'axe, fur lefquels
tournerait le cercle aa, doivent eltre fixement attachez au méridien ee, comme aufii
toute l'horloge dont la roue d fait partie.
En marge: l'horologe ayant un mouvement égal fera que l'ecliptique et les lieux des
planètes indiquez par le lil s'accorderont avec les véritables dans le ciel, et l'équation
du temps y fera compriie. Mais cette horloge s'écartera du foleil fuivant l'inégalité
du temps égal au temps apparent.
Au défi us du pôle il y aurait un cercle divifè en deux fois 1 2 heures avec un indice
pour les montrer, cet indice tournerait par le moyen de l'horloge, mais non pas en
mefme efpace des temps que le cercle aa portant la machine.
Les cercles equateur, horizon ni [lisez n'y] doivent point cftre, parce qu'ils emba-
rafleroient trop les opérations ou il faut tendre le fil. Il ne faut que le cercle aa et le
méridien iixe et deux pieds ou il y ait des coches pour l'y faire entrer et une autre
coche au bas.
On pourrait fufpendre iimplement la machine de cette façon, et pour la mettre a
toute heure dans fa véritable pofition, il faut la tourner jufqu'à ce que le fil de la terre
par le foleil viene au méridien fixe, et mettre alors l'indice qui eft au pôle fur les 1 2
heures. Puis tourner derechef la machine jufqu'a ce que cet indice foit fur l'heure
prefente. car alors le plan de la machine fera parallèle au plan de l'ecliptique. &c.
Dans le couvercle on peut faire une petite ouverture pour défaire la vis, quand on
veut tourner avec la manivelle.
§21. On pourrait fufpendre auffi un
octogone en y mettant aux coftez d'en
haut et d'en bas deux vis pour l'attacher
au cercle mobile aa. Mais on ne pour-
rait point ouvrir derrière. En failant
que la machine puifie tourner fur les
pivots hh [Fig. 99], alors on pourrait
ouvrir le couvercle de derrière en le
mettant premièrement parallèle avec
le cercle aa.
Propofer au frère de Z[eelhem].
X
[Fig- 99]
H
§ 22. Parmi toutes les connaiffances que les hommes fe font acquis par leur indufirie
je n'en trouve point qui mérite tant d'eftre admirée, foit qu'on regarde les chofes
qu'elle embraffe ou la manière et les moyens qui ont elle emploiez pour y parvenir,
que celle qui regarde les mouvements et la dirtance des aftrcs. Car pour ce qui eft de
la recherche j'ay fouvent admiré ingens ftudium de ceux qui olim aftronomiam exco-
356 PENSEES MESLEES.
luerunt, quamquam non fatis digno opéra; pretio tantos labores fubierint cum in ob-
fervandis fideribus tum in motuum legibus cxquircndis.
Qua; de cocli fiderumque rationibus longo ftudio vigiliifque et noftro prœfertim
hoc aevo deprehenfa funt, ejufmodi mihi videntur ut ab omnibus naturae rerum non
plane incuriofis cognofci mercantur. Mitto enim vetera illa etfi prœclara quo pafto
fyderum loca ortufquc atquc obitus definiantur, cclipfium tempora ad calculos revo-
centur quae omnia poterant aftronomia; ac mathematicarum ihidiofis relinqui. Nunc
vero cum mundi totius fonnamordincmacmagnitudineminvefHgaverint,quiditella;
inerrantes quid planetse [autre leçon: vaga;] fint quoque loco inter coeleftia corpora
haec noitra quam incolimus terra cenfenda fit oftendunt idque ijs rationibus quibus
pafiim docli ingenioque prœftantiflimi viri affentiantur, quifnam aut phyfices fhidiofus
aut paulo fuper vulgus sapere cupiens non ha;c cujufmodi fint fibi infpicicnda cxifH-
met. Qua; quoniam omnia ....
Ici fe termine la feuille à laquelle aucune autre ne fait fuite.
§ 23. En marge: Cum variarum rerum cognitionem feientiamque [autre leçon: mul-
tarum rerum cognitionem variafque feientias] induflria hominum confecuta fit [autre
leçon : fibi pepererit] nihil in his majus aut admiratione dignius mihi videtur five rem
ipsam qua; cognofeitur ipecles five rationem modumque quibus ut eo perveniretur
utendumfuit quam qua; circa fyderum motus atque diftantias coelefHumque ipatio-
rum menfuras verfatur, menfuris numerifque definivifîe.
Etenim ad inveftigandi rationem quod attinet, û quisexilitatemhumanicorpufculi
ad eoeleftium regnorum amplitudincm comparet, an non merito mirctur artes eas
quarum fiducia tantum opus aggredi nos acari et formica; 2Ô) auii fimus. An non divi-
nam quandam rem effe fatebitur geometriam cujus potifiîmaî hic partes funt qua;
triangulis circulifque ingeniofe confiais ex minimis maxima colligere docet. Jam foler-
tiam in excogitandis fabricandifque inftrumentis, ftudium diligentiamque in adminis-
trandis, quis non agnofeat; qua; fyderum apparentia intervalla ac vifas diftantias
explorando Gcometriae et Arithmctica? ratiocinijs materiam [autre leçon copiam] con-
ferunt [autres leçons comparât, fuppeditat (lisez comparant, fuppeditant)].
Ici aulîî l'on constate qu'en proclamant l'excellence des feiences mathématiques Huygens, en
\-rai difciple d'Arcliimède, place la géométrie au premier plan: comparez les p. 75 du T. XVIII,
208 et 217 du T. XX.
26~) Il nous semble que Huygens, en s'exprimant ainsi, est encore sous l'influence de H. Power
qu'il citait au § 8 qui précède. En effet, à la page 164 déjà citée Power s'exprime ainsi: „What
are we then but like so many Ants or Pismires, that toyl upon this Mole-hill,and could appear
no otherwayes at distance, but as those poor Animais, the Mites, do to us through a good Mi-
croscope, in a pièce of Cheese?"
PENSEES MESLEES. 35-
§ 24 -"). Ayant trouuè et tait exécuter depuis peu une machine automate qui re-
prefente les mouvements des Planètes dont la conftruction cil d'une façon particulière
et allez (impie a raifon de Ton effèét, au relie d'une grande utilité a ceux quieftudient
ou obfervent le cours des aftres. Plufieurs de ceux qui l'ont vue m'ont exhorte et
folicitè d'en donner la description a fin que l'invention ne perift pas avec le feul
modelle qui en a eftè fait, mais que l'on pull en tout temps en faire baftir de fem-
blables. Et je le fais d'autant plus volontiers [autre leçon: Quorum equidem defiderio
co libentius obfequor] que cet ouvrage contient [autre leçon: cil comme] un abbregè
de toute l'aftronomie, et qu'il offre une manière facile pour en apprendre tout le
détail. Je fcay que plufieurs f'abftienent de l'eftude de cette noble feience effrayez de
fa trop grande difficulté, qui provient en partie de l'obfcuritè des autheurs qui en ont
traite, et vel maxime de ce qu'ils expliquent non feulement le véritable fyfteme de
l'univers, mais encore l'anciene doctrine [autre leçon: hypothefes] de Ptolemee, et
les imaginations peu raifonnables de Tycho Brahe, chargant ainfi l'efprit de plufieurs
idées confufes et fuperflues. Ils verront donc icy [autre leçon: Il eft donc important de
faire voir] qu'en farreftant uniquement au fyfteme véritable la chofe n'a rien d'em-
baraffant, mais qu'elle eft aifée et naturelle. Il eft vray que l'on n'eft parvenu a cette
parfaite connoitTance que par le long et rabotteux chemin des fuppofitions des anciens,
et qu'il faut mefme admirer et leur induftrie et leur grand travail.
Mais il nous eft permis de jouir du fruit de leur inventions fans errer par les me fines
deftours qu'ils ont fuivi. Apres que le baftiment eft achevé l'on ofte les échafaudages
pour contempler la beauté de tout l'ouvrage. Or l'on ne feauroit plus nier que ce
baftiment de l'aftronomie ne foit achevé depuis que Copernic l'a rectifié de nouveau
en fe fervant pourtant des vieux matériaux, et que Cepler et en fuite les heureux ob-
fervateurs de ce fiecle y ont mis le comble et la dernière main lS).
Tous ceux qui font verfez en l'aftronomie, pourvu que d'ailleurs ils aient l'efprit
fain et libre de préjugez, ne fcauroi[en]t plus révoquer en doute ni le mouvement
de la Terre en 24 heures, ni fon mouvement autour du foleil panny les autres planètes.
§ 25. Le fyfteme que j'appelle icy le véritable c'eft celuy qui eftablit le mouvement
de la terre autour du foleil et autour de fon propre axe, commencé par quelques
anciens philofophes, par Copernic, et perfectionné d'avantage par Kepler.
Je fcay que neceffairement le peuple ignorant fera éternellement contraire a cette
opinion, et qu'elle doit luy paroitre abfurde. Mais ceux qui eftudient les mouvements
celeftes la trouvent fi bien confirmée par une infinité d'arguments que fils ont le
jugement fain et libre de préjugez ils doivent reconnoiftre que c'eft la mefme vérité
et que l'on ne feauroit autrement rendre raifon des apparences fans pofer des chofes
abfurdes dans la nature.
a?) Charta: Astronomie^, f. 192.
;8) Comparez la note 5 de la p. 349 qui précède.
358 PENSEES MESLEES.
Pour moy j'eftimc la connoiflancc de ces choies et de ce que Ton fcait maintenant
des diftances et grandeurs des corps celeftes non feulement l'une des plus belles, des
plus agréables et des plus merveilleufes ou les hommes puiflent parvenir, mais aufli
celle qui nous fait d'avantage concevoir la grandeur et la majefté de l'autheur du
monde, et dont l'ignorance ert necefiTairement accompagnée de beaucoup d'opinions
abfurdes.
Partant je croy la peine bien employée, li je puis faciliter le moyen difeendi cupidis
pour participer a un bien fi confiderable.
§ 26 :^). Préface. Beauté du fujedt. que quoy qu'il femble affez expliqué par d'autres
j'ay creu utile d'eferire mes penfees.
Syfteme fimplement deferit et expliqué. Temps périodiques a peu près. Proportions
des orbites. Planètes vont plus vide près du foleil. prefque dans un mefme plan. Lunes,
leur orbites font trop grandes a proportion [dans le planétaire], feraient invifibles et
beaucoup plus les corps. Diftances en diamètres du foleil, certaines. Mouvement des
globes planétaires fur leur axe. Ce que ce mouvement produit fuivant l'inclinaifon
des axes au plan des orbites.
Expliquer cet effecldansla terre, comment il produit la variété des faifons et le jour
et la nuit et leur diverfes longueurs.
Je n'ay point marqué des eftôiles fixes, a caufe de leur diftance immenfe. Comment
elles font difpofees cy et la par l'cftcndue infinie. Nous en parlerons après.
Que c'eft la l'abbregè de l'aftronomic. ailée maintenant a comprendre, mais com-
bien il a couftè de temps et de travail devant que de le demefler. Notre bonheur.
Qu'on trouvera peut eftre que je parle avec trop d'aflurance de la certitude de
cette feience pendant que pluficurs doutent encore fi l'on peut comprendre la vérité
en ces chofes et que d'autres tienent qu'elle eft entière dans l'hypothcfe de la terre
immobile. Auxquels je refponds que ceux qui &c.
Je renvoie donc ces gens aux autheurs que je viens de nommer ou ils trouveront la
confirmation de cette hypothefe Copernicaine par &c.
Et d'autre cofté ils trouveront la réfutation de tout ce qu'on luy oppofe.
En marge: Et au contraire les impoffibilitez de la Ptolemaique et les abfurditez de
la Tychonicne qui demande le mouvement du ciel en 24 heures; et de lademitycho-
niene qui accorde ce mouvement la a la terre, mais qui la retient au centre donnant
comme l'autre le mouvement annuel au foleil 3°), contre lequel nous apporterons cy
défions un nouvel argument qui ne femble pas des moins convainquants '').
2y) Cliarta? astronomie», f. 193 — 194.
3°) Voyez ce qui a été dit à la p. 130 qui précède sur Longomontanus.
;îI) Voyez le § 35 qui suit.
PENSEES MESLEES. 359
§ 2-. Laiflant donc de traiter plus particulièrement touchant ces arguments je
continuera? a tracer l'idée que je me fuis propofee.
Les proportions par figure des corps planétaires comme placez contre le Ibleil.
Exprimées en nombres. En paflant, de la grandeur eminente du Ibleil, et en Cuite de
T>etr.
Que j'ay donné le premier 3î) ces proportions fort différentes des autres ailrono-
mes. que je remets de les prouver par après avec la méthode pour les diamètres ap-
parents. Ces autres font certaines. Que la moins certaine cil celle de la terre; que je
diray par ou je l'ay déterminée. — Biffé: que je vois qu'on l'approuve r,),mais qu'elle
a elle confirmée par les parallaxes de d et $ par Cafîini et Picard 3*) — que de cette
proportion de la terre il s'enfuit la diftance du ibleil de mille diamètres plus grande
qu'aucun ne Peuft pofée. Ancienement combien on faiibit cette diitance petite et le
ibleil par confequent 35).
§28. En marge 3<5): Nec reiidis terra; damnatos fedibus imis
elle homines credas vilemautmiferefcere fortem.
quamcolimus vehitur média inter fidera tellus.
coelo habitas, tecumque domus, tecum arva feruntur
filvœque.
§ 29. Grande idée exprimée par figure imaginée, mieux que par les nombres. Orbite
terreftre de 40 pieds de rayon, le diamètre du ibleil eftant de 4 pouces comme dans
la figure précédente et les planètes de mefme.
Petite portion de cette orbite avec la terre, [Jl^ig. 1 00]
l'orbite de la lune et la lune mefme dans leur
proportions [Fig. 100].
§ 30. Idée par le mouvement égal d'un bou-
let de canon ") mieux que par les chutes. Re-
flexions fur ce que c'efl que la Terre comparée
a ce vallc baftiment. Cela paroiflra encore plus
3:) Dans le „Systema Saturnium" de 1659.
3') Le mot est difficilement lisible et incertain. Huygens eût pu écrire: „que tous ne l'approuvent
pas"; voyez la citation de Fabri à la p. 308 qui précède.
34) Nous avons cité ces lignes dans l'Avertissement en indiquant pour quelle raison elles peuvent
avoir été biffées. Voyez sur la parallaxe de Vénus la note 14 de la p. 602 qui suit.
35) Voyez le Traité d'Aristarque cité dans le § 44 qui suit.
36) Les vers qui suivent ne se trouvent pas, comme on pourrait le croire, dans le traité „DeIm-
mensoet Innumerabilibus" de Giordano Bruno (ni dans son „De Monade, Numéro et Figura").
360 PENSEES MESLEES.
merveilleux en imaginant la diftance des eftoiles fixes. L'orbite de la terre comme un
point a cette diftance. Par la hauteur du Pôle égale en toutes les faifons, par la diftance
invariable des fixes entre elles, et de celles qui (ont proches avec la lunette. Hook r,:!).
Mieux que luy en fuppofant qu'elles font des foleils, et en prenant une petite parcelle
du foleil par un trou a mettre un cheveu et s'en éloignant jufqu'a ce que cela paroifle
comme une des plus grandes fixes, fuppolant qu'elle foit égale au foleil.
§ 3 1 . En marge: Pour paroiltre dans une meime furface ce n'eft pas le moindre ar-
gument qu'elles foient ainli placées 39). Leur inégalité pluftoft eft un argument au
contraire. Ne paroiflent que comme des points par les lunettes. Erreur de ceux qui
leur donnent des diamètres conliderables. J'ay montre quelle en peut élire la caufe.
Selon eux l'orbite de la terre feroit une parallaxe confiderable 4°).
§ 32. Combien petit le foleil paroitroit aux premières fixes, aufli petit qu'elles a
nous. Donc ne peuvent pas cftre efclairecs par le foleil que comme la terre par une
des fixes. Partant elles ont leur propre lumière. En difant qu'elles ont leur propre
lumière comme le foleil, et qu'elles ne font pas moindres que luy, c'eft dire que ce
font des foleils.
§ 33- Quand je penfe a l'excellence et a la fublimitè de ces connoifiances et combien
elles font au defïus de la capacité du commun des hommes, je doute s'il ne feroit pas
mieux de ne les expofer pas publiquement a tous. Et j'ay fouvent fouhaitè qu'il y euft
Nous ignorons d'où Iluygcns les a pris, si tant est qu'ils ne sont pas de lui-même (ce que nous
ne pensons pas à cause de l'écriture peu soignée).
37) Comparez la p. 807 qui suit du Lib. II du „Cosmotheoros".
•>8) Huygens entend sans doute parler de la brochure de R. Hookede 1674 „An attempt to prove
tlie motion of the earth from observations", qui constitue aussi la première des „Lectiones
Cutlerianse or a Collection of Lectures physical, mechanical, geographical and astronomical
etc." by Robert Ilookc, London, Printed for J. Martyn, Primer to the Royal Society, at the
Bell in S. Pauls Church-yard. 1679. L'auteur y décrit ses efforts (vains, il est vrai) pour décou-
vrir la parallaxe de certaines étoiles due au mouvement de la terre autour du soleil; il reste
persuadé, malgré l'opinion de Tycho Brahé, de Riccioli,deTacquet et d'autres, que ce manque
de succès n'est pas dû à l'absence de toute parallaxe, mais seulement à sa petitesse (selon lui,
pour une étoile déterminée, la parallaxe „may be about 27 or 30 seconds"). Il est presque
superflu de dire que Ilooke suppose, de même que Huygens, que les étoiles sont des soleils (p.
C>: „supposing ail the tixt Stars as so many Suns"): la remarque de Huygens „Micux que luy"
se rapporte à la méthode de Hooke d'évaluer les grandeurs des étoiles, basée sur l'estimation
de leurs parallaxes et sur l'évaluation également incertaine, ou plutôt fautive, de leurs diamètres
apparents.
î9) Comparez les p. 190 et 192 du T. XVI.
4°) Voyez les p. iyo et 234 237 du T. XV.
PENSEES MESLEES. 36 I
moyen de communiquer ces penfees feulement a ceux que Ton voudroit, en excluant
les autres. Mais j'ay pensé depuis qu'ils s'excluent eux inclines, par ce qu'ils rejettent
d'abord ces fpeculations comme abfurdes, ne concevant pas qu'il fe puifl'c faire qu'on
puifle parvenir a connoiftrc la difpolition ni la mefure de chofes (î éloignées. — En
marge: Ces reflexions peut élire ailleurs.
§ 34. Reflexions phyfiqucs fur les fixes. Contre Kepler qui veut un grand cfpace
autour du foleil en comparaifon de celuy qui efl: autour des autres fixes. Il croioit que
c'eltoit icy la principale partie du monde a cause de fes proportions des corps réguliers
rencontrées dans les diitances des planètes. Ce qui ctt vain aufli bien que les propor-
tions des corps planétaires qu'il avoit fuppofees fàufles comme il a reconnu luy me fine
depuis les lunettes trouvées 4I).
§ 35. Contre des Cartes que les tourbillons ne font pas contigus. Frivole preuve
qu'il donne du mouvement du vortex plus vifte au défi us de Saturne, qu'il le vouloit
à caufe des Comètes, ou il fe trompe 4-) comme je feray voir un peu après. — En
marge: contre D. Rembrantz 43).
Eftabliflement des tourbillons. NecefTitè, parce qu'autrement les corps circulants
s'éloignent du centre. Confirmez par le mouvement de toutes vers le mefme coftè.
Argument contre Tycho que le tourbillon du foleil elideroit et abforberoit le tour-
billon de la terre.
Apparemment nous avons affaire ici à un argument de Huygens lui-même — comparez la fin du
§ 26 qui précède — contre le fyftéme de Tycho Brahé. Brahé, lui, ne parle pas de tourbillons.
Huygens veut dire que, dans le fyftème de Brahé, le foleil devrait être pourvu d'un fi puiffant tour-
4I) De même que Copernic, Kepler place le soleil au milieu du monde terminé par la sphère des
étoiles fixes, nullement comparables au soleil. Dans l'„Epitome Astronomie Copernicanœ" il
s'exprime comme suit (Lib. Quartus, Pars 1 „De partibus Mundi praecipuis" p. 439): „Quoad
calorem, Sol foens mundi est: ad hune focum Globi in intermedio sese calefaciunt: fixanim
sphrera continet calorem, ne diffluat, veluti quidam mundi paries, pellis aut vestis . . . fixarum
sphxra glacies est seu sphœra crystallina, comparare loquendo". Il donne une évaluation du
diamètre de la „spha:ra fixarum"; p. 492 : „Sicut diameter Saturai, extima? sphjerœ mobilium,
continet in se diametrum corporis Solaris bis millies circiter : Sic etiam diameter sphœrœ fixarum
contineret diametrum Saturai in se ferè bis millies". Mais à côté de cette „superficies extima"
il existe aussi suivant lui (p. 596) une superficies intima fixarum" à grande distance du soleil.
Il est fort connu que Kepler mit les distances des planètes du soleil en rapport avec les cinq
corps réguliers dans son „Mysterium cosmographicrm" (ou „Prodromus dissertationum COS-
mographicarum, continens mysterium cosmographicum de admirabili proportione orbium
coelestium, etc.") de 1596; idée à laquelle il resta toujours attaché quoique plus tard avec quel-
que réserve.
4:) Comparez les §§ 7 et 16 qui précédent, ainsi que le § 58 qui suit.
43) Comparez la note 1 de la p. 288 du T. XIX. Rembrantz van Nierop admettait les tourbillons
contigus de Descartes, comme nous l'avons dit aussi à la p. 130 qui précède.
46
36a PENSEES MESLEES.
billon qu'il eft inconcevable que ce tourbillon laiflerait la terre entièrement en repos et ne trouble-
rait pas le cours de la lune.
En marge: confirmez parce que les plus proches ont leur périodes plus courtes.
C. à. d. les planètes plus proches du foleil. Il s'agit toujours de l'équation z\ : va = -y= :~=
(note 25 de la p. 353 qui précède). Mai-; en vérité cette confirmation de l'exiitence des tourbillons
n'eft pas bien éclatante puifquc Huygens ne peut pas dire— voyez la p. 121 qui précède — pour
quelle raifon les vitelTes de rotation diminueraient dans les tourbillons fuivant cette loi.
§ 36. Que les planètes font femblables a la Terre. Leur mouvement fur leur axe.
Les lunes de Jupiter et Saturne, découvertes par moy et Caflmi. Regardent Jupiter
et Saturne d'un mefme vifage comme la noftre 44).
§ 37. In coelo fumus 4S).
§ 38. La lune différente, fans mers ni nues ni atmofphere. Nues dans Jupiter. Qu'il
y a vrayfemblablement des créatures et animaux dans les Planètes, mefme des raifon-
nables. Argument des arbres fruitiers, arbres dans une ifle 4<s).
Grandeur de Jupiter et Saturne.
Ces habitans ont la pefanteur. la vue, la génération, car ils periroient par les feuls
accidents.
Anneau de Saturne, quelles apparences il fait aux Saturnicoles.
§ 39. Planètes encore au de la fj peuteftre. Obferver pour cela les eftoiles près de
l'Ecliptique par les lunettes.
§ 40 4:). Quod fi ad caufas tantarum rerum inveftigandas exfpatiari libeat qu'ils
s'offre une quantité de belles fpeculations. Quid Planetas ad folem adduxerit. Quo-
modo corpora globofa effefta fuerint. Pourquoy les tourbillons qui portent les lunes
aillent du mefme fens que le grand tourbillon. Pourquoy l'axe de la terre et Saturne
font inclinez au plan de leur orbites.
Que quoyque Dieu ait ainfi difpofè ces chofes, pourtant il efi: certain qu'il agit par
les loix immuables de la nature, et qu'il eft autant permis de rechercher dans ce bas-
timent du monde la fuite et l'efficace des caufes naturelles que dans la production du
flus et rerlus de la mer, du tonnerre, de l'arc en ciel et autres chofes de cette lorte.
44) Voyez sur le dernier sujet le § 54 qui suit.
45) Comparez les §§ 1 1 et 28 qui précèdent.
4<s) Comparez, à la p. 543 qui suit, le troisième alinéa du § 3 de la Pièce „Verisimilia de Planetis".
4") Nous avons déjà publié ce § 40 plus haut comme § 4 de la Pièce „Que penser de Dieu?". Com-
parez l'Avertissement de la présente Pièce.
PENSEES MESLEES. 363
§41. Que quand nous voions dans le fysteme du monde des choies qui font d'une
certaine façon, qui auroient pu eltrc autrement; il me femblc que nous en pouvons
tirer un argument certain qu'elles ne font pas de toute éternité. La terre efl spheriquc
par exemple, ayant pu eflre cubique, ovale ou irrégulièrement difforme. Donc il y a
eu une caufe de fa rondeur, e'eft a dire quelque caufe naturelle ou loy du mouvement
qui l'a ainfi arrondie, donc il y a eu un temps que fa matière n'eftoit pas encore
ainfî conglobée, donc ce globe eit tel depuis un temps défini. La terre efl d'une cer-
taine grandeur, ayant pu élire plus grande ou plus petite. Elle tourne d'un fens dans
un certain temps, ayant pu tourner de l'autre fens, ou ne point tourner, ou tourner
plus lentement ou plus vifle, donc il y a eu des caufes de tout cela, donc il y a eu
un temps que tout cela n'eftoit point. — En marge : hœc omittenda, omittenda.
Le foleil de mefme eit rond, d'une certaine grandeur, tourne en 27 jours fur fon
axe, cet axe décline de 7 degr. de l'axe de fon tourbillon qui emporte les planètes, les
quelles chofes auroient pu eflre autrement, donc le foleil auffi n'a pas elle toufjours.
Or le foleil et la terre et les autres planètes de mefme ayant eu un commencement,
les hommes, animaux, plantes &c. ont eu un commencement. Ces raifonnements nous
mènent a la contemplation de Dieu, en qui il paroit, par ce que je viens de dire, qu'il
ne faut rien concevoir qui pourrait eflre autrement qu'il n'efl, parce qu'il doit eflre
éternel. — En marge: biais pour parler de la production des hommes et animaux.
§ 42. Que s'il n'y avoit rien dans la nature que des foleils et des globes autour d'eux,
compofez de terre d'eau et entourez d'air, l'on pourrait concevoir comme quelques
uns ont fait que Dieu n'avoit qu'a donner Amplement du mouvement a la matière
pour produire noflre fyfleme et tous les autres. Et ceux la n'auraient point befoin de
fuppofer une divinité fi on leur accordoit que l'efpace la matière le mouvement font
de toute éternité +8). Mais quand on confidere les animaux et les plantes, l'admirable
conflruction de leur parties pour chaque ufage, la manière eflonnante de leur géné-
ration, il me paroit impoffible que le feul mouvement donne a la matière puifTe eflre
caufe de tout cela fans la coopération d'un Eflre infiniment intelligent et puiflant. De
forte que la grandeur des deux et ces inconcevables diftances des aflres dont j'ay
parlé cy deflus prouvent bien moins a mon avis l'exiflence d'une providence que
l'oeil d'un homme ou d'un autre animal ou l'aile d'un oifeau.
En marge: l'esprit humain.
§ 43. Quelle merveille n'efl ce pas de plus que la première plantation des animaux
fur la terre, et qui peut la concevoir fans une opération particulière de Dieu. Qu'ils
4S) L'éternité du monde, ainsi que celle de la terre, est un dogme d'Aristote (comparez la note 27
de la p. 1 8 1 du T. XX) sans toutefois que ceci le conduise à ne point „supposer une divinité".
364 PENSEES MESLEES.
me difent ceux &c une manière potîlble comment la chofe s'eft paiïee dans ce com-
mencement.
En marge: contre Lucrèce 49). Ne pouvoient eftre enfants 5°).
4S*) Lucrèce (T. Lucretius Carus), dans le Lib. V de son „Dc rerum natura" se dit convaincu que
l'origine des choses n'est pas divine; il est d'avis — ou semble être d'avis — que, puisque le
temps est infini, tout ce qui existe a pu, et dû, se former par des combinaisons fortuites sans
l'intervention d'aucun facteur intelligent'ou spirituel:
v. 195 — 199 Quodsi jam rerum ignorem primordia quœ sunt
hoc tamen ex ipsis coeli rationibus ausim
confirmarealiisque ex rébus redderemultis,
nequaquam nobis dlvinitus esse paratam
naturam rerum.
v. 416 — 431 Sed quibus ille modis convectus materiai
fundarit terram et coelum politique profunda,
solis lunai cursus, ex ordine ponam.
nam certe neque consilio primordia rerum
ordine se suo qiurque sagaci mente locarunt
nec quos quacque darent motus pepigere profecto
sed quia multa modis multis primordia rerum
ex infinito iam tempore percita plagis
ponderibusque suis consuerunt concita ferri
omnimodisque coire atque omnia pertemptare,
quocumqueintersepossent congressa creare,
propterea fit uti magnum volgata perœvom
omne genus coetus et motus experiundo
tandem conveniant ea quaeconvecta repente
magnarum rerum fiant exordia sa?pe,
terrai maris et coeli generisque animantuin.
Toutefois en un autre endroit de son poème Lucrèce s'écarte de ce système en douant ses atomes
d'une certaine préférence ou inclination: nous parlons du fameux „exiguumclinamen prinei-
piorum" du vers 292 du Lib. II, que le poète justifie par les mots (Lib. II, v. 284 — 286)
... in seminibus . . . fateare necessest
esse aliam praeter plagas et pondéra causam
motibus, etc.
D'ailleurs la pesanteur elle-même n'est-elle pas chez Lucrèce, comme chez Démocrite et
Kpicure, une tendance inhérente à la matière? Comparez, à la p. 435 qui suit, la préface de
Huygens au Discours de la Cause de la Pesanteur tel qu'il fut publié en 1690.
Nous observons encore que Lucrèce ne nie pas les dieux mais qu'il est d'avis qu'ils ne s'oc-
cupent point de notre monde; Lib. II, v, 646 — 648:
omnis enim per se divom natura necessest
immortali œvo summa cum pace fruatur
semota ab nostris rébus seiunctaque longe.
5°) C. à. d. les premiers hommes qui aient paru sur la terre ne pouvaient être de jeunes enfants qui,
sans parents, auraient péri. Comparez la p. -09 qui suit.
PENSEES MESLEES. 365
$ 44. 5') Proportion des orbes Planétaires dans une figure fans lune ni fatellites.
Lieux des aequinoxes (ont a peu près dans un mefme plan que la terre.
Proportions avec le folcil et les planètes par figure. Jupiter un peu plus petit.
Que j'ay montre dans mon traité de Saturne comment ces grandeurs fe connoiffent
par les diamètres apparents et par les proportions lufdites des Orbes. La feule gran-
deur de la Terre elt aucunement incertaine, les autres certaines entre elles. Comment
j'ay défini celle de la terre, qui eft le grand problème parmy les aftronomes 5-) (en
marge: que j'ay excédé tous les autres. Ricciolus 5î) que l'on m'a allègue, peu exacte-
ment) que les oblcrvateurs par la parallaxe de Mars l'ont confirmée 54). qu'autrement
il y auroit eu quelque raifon de faire la terre plus grande que J Ç ou ^ a caufe qu'elle
a un fatellite 55). Abfurdité (i l'on mettrait le folcil avec quelques uns feulement 600
fois plus grand que la Terre. Ariftarchi menfura 56).
Grandeur des demidiametres des orbites en diamètres de la Terre par nombres.
Que par une figure imaginée je vay exprimer mieux que par nombres la grande Idée
du Syfteme Planétaire dans une grande plaine. Orbite terreftre de 40 pieds de rayon
pour y mettre au milieu le (oleil cy defTus de 4 pouces et demi, et la terre comme elle
y eft comme un grain de mouftarde. Petite portion de l'orbite terreftre icy reprefentée,
avec le chemin de la lune et fon corps. Révolution journalière de la terre combien
elle occupe de fon orbite.
§ 45. Reflexion fur la petitefle de la Terre et des hommes. Et d'un autre cofté de
leur grandeur, de l'efprit par lequel ils comprennent ces chofes en recompenfe. Qu'il
•SI) Chartx astronomica:. f. 195 — 196.
;") Comparez la p. 308 qui précède, ou consultez directement le „Systema Saturnium".
53) Voyez la p. 362 du T. XV sur la valeur peu exacte obtenue par Riccioli, par la méthode de la
dichotomie de la lune, pour la distance de la terre au soleil.
54) Nous avons cité ce passage à la fin de l'Avertissement qui précède.
55) La teire est en effet plus grande, non seulement que Mercure, mais aussi que Vénus et Mars.
Comparez la note 7 de la p. 308 qui précède. Cependant Huygens n'aurait pas obtenu dans le
„Systema Saturnium" une si bonne valeur pour la distance de la terre au soleil, autrement dit
pour la parallaxe du soleil, que celle qu'il a obtenue en effet, s'il avait fait (par hasard, pour-
rait-on dire) sur la grandeur de la terre une hypothèse plus exacte.
56) Dans le Traité „Aristarchi de magnitudinibus et distantiissoliset lu nae liber cuinPappi Alexan-
drin! explicationibus quibusdam, a Federico Commandino Urbinate in latinumeon versus etc.".
Pisauri, apud C. Fransischinum — J. Wallis en donna une nouvelle édition en 1688 en publiant
en même temps, pour la première fois, le texte grec — Aristarque arrive à la conclusion (Prop.
XV et XVI) que le rapport des diamètres du soleil et de la terre est compris entre — et ^63, donc
celui des volumes entre -6^59 et ?%5°7, c. à. d. entre 254 et 368. Nous ignorons pourquoi
Huygens parle ici de ,,600 fois" ce qui est d'ailleurs du même ordre de grandeur. Il cite pro-
bablement de mémoire.
366 PENSEES MESLEES.
y parait quelque chofe de divin. Que nous (bavons [que nous] fommes dans le ciel
parmy les aftres placez comme il faut pour mefurer tout. Reflexion fur noftre bonheur
d'eftre nez dans ce (îccle ou nous joui (Ton s du travail de tant d'autres. Que n 'auraient
fait ces grands hommes de l'antiquité . . . Anaxagore 5") . . .
§ 46. Les autres orbites des Planètes, leur globes comme deftus. Mefure des Cercles
des Satellites de Jupiter et Saturne. Reprefenter les 1 intérieurs avec les globes et
anneau fur une portion de leur orbite. Dire la mefure des cercles, leur fyftemes entiers
en petit.
Idée de la grande diftance par un boulet de Canon allant également de toute force
que je mets aller aufïi ville que le fon, quoyquc l'on dit que la vitefle d'un boulet eft
moins grande. 3 ans et plus en chemin entre la terre et le foleil S7bis). 30 ans du
(oleil a Saturne. &c.
§ 47. De la diftance des fixes, par défaut de parallaxe. Cette diftance objectée a
Copernic. C'cft une des beautez de fon fyfteme [alinéa biffé].
Par la fuppofition des fixes égales au foleil. cent mille fois plus éloignées que la terre
n'eft du foleil. Ce font les plus proches et qui feait combien de millions d'autres dis-
perfees dans l'univers [alinéa également biffé].
§ 48. Du tourbillon autour du foleil 5lî). ce qu'eft le foleil. fon mouvement, taches.
Planètes nagent dans la matière. Dcmonftration de cecy. Parce que fans cela qu'eft
ce qui retiendrait les planètes de s'enfuir, qu'eft ce qui les mouvrait. Kepler veut a
tort que ce foit le foleil &c. 5y). Argument d'icy pour Copernic. Périodes propor-
tionnez aux diftances. Autre argument pour Copernic.
§ 49. Rai fon a chercher pourquoy les planètes a peu près dans un mefme plan, et
le plan de chacune paiïant par le foleil (nous favons comment elles font, mais non
pas la raifon pourquoy). Pourquoy elles tournent toutes d'un mefme fens en elles et
leur compagnons, et dans le mefme que le grand tourbillon. Pourquoy les Exccntri-
citez ne fe redrefient point. Je remarqueray en paflant que ces choies fourniflent un
argument contre l'eternitè de la terre. Car toutes ces chofes et ces autres &c. ont eu
quelque caufe, donc un commencement, donc elles ne font pas éternelles.
§ 50. Des Cartes trompé en ce qu'il a voulu qu'une Comète foit appercue des
qu'elle entre dans noftre tourbillon. Il s'en faut beaucoup, vu la vafte diftance qu'elle
a alors. On les voit difparoitre en peu de jours. Que toute fa théorie des Comètes eft
mal conçue 6o). qu'elles naiffent apparemment du foleil ou du moins près du foleil de
57) Le célèbre physicien et astronome vivant et enseignant à Athènes au temps de Périclès (cin-
quième siècle avant notre ère) '.loin on possède un grand nombre de fragments.
57bi')Plus tard Huygens corrigea le chiffre 3 en 25: voyez l'Appendice IX au „Cnsmotheoros".
58) Il s'agit toujours d'un vortex deferens; comparez l'Avertissement.
59) Comparez la note 6 de la p. 350 qui précède.
(5°) Comparez le § 7 qui précède.
PENSEES MESLEES. 367
quelque manière que ce (bit 6l). Parce qu'autrement ii elles cltoient ce que des Car-
tes veut, il faudrait qu'il en vinft une grande quantité, puis quenousen voions 11 fouvent
et près de nous. Leur chemin droit ou prefque droit bien imagine de Kepler 6i).
Elegans theorema Wrennij dans cette hypothefe rt3). que je crois que c'eft une ma-
tière qui brufle r>4). que la queue (en marge: la queue s'explique difficilement) e(t une
vapeur très rare, mais qui elt grofiiere en comparailbn de la matière etherée. ainfi elle
continue lî facilement le mouvement qu'elle avoit dans la comète et quelquefois fe
courbe un peu 6s). — Comètes pourraient rencontrer la Terre. — En marge: Cecy
après avoir parlé des fixes.
§51. Revertamur ad fixas. Defaifons nous de l'imagination d'eftre au milieu de ces
rixes efparfes. Confierons nous . . .
§ 52. Les Planètes apparemment femblables a la terre, tournent en elles mefmes,
ne refplendiffent que de la lumière du foleil. Jupiter et Saturne fi fort excédents la
terre et ellant beaucoup plus accompagnez, anneau, fatellites femblables a notre lune.
Nues dans Jupiter. Probable qu'il y a des animaux, et de raifonnables mais très
différents de ce que nous fommes en figure grandeur.
Quelle diverfitè nouvelle et de chofes différentes des noflres n'y verrait on pas fi
on y eftoit porté. Apparemment rien de femblable en figure vu la diverfitè grande
d'icy a l'Amérique. Qu'il y a la pefanteur dans toutes les Planètes parce que c'efl
elle qui ell caufe de la rondeur des globes, mais que cette pefanteur peut eftreouplus
grande ou plus petite que chez nous. Les mouvemens des animaux pour aller de lieu
en lieu, ou en marchant, rempant, nageant ou volant, mal aise d'imaginer d'autre
moyen, et que pourtant il y en peut avoir, animaux mortels, nourriture, génération
différente.
Qui eft ce qui ne s'imagine le plaifir qu'il y aurait de pouvoir connoiflre de près ce
qui fe paffe dans quelqu'une feulement de ces planètes ou terres inconnues. Cepen-
dant combien peu confidere-t-on les merveilles qui s'offrent icy fur la terre que nous
habitons. Elles font affurement [autre leçon: apparemment] autant dignes de remar-
que que celles qui font dans aucun[e] des autres terres, et la mefme admiration que
nous aurions d'entendre raporter les chofes de Jupiter a quelqu'un qui viendrait de
ce pais la, aurait un habitant de Jupiter, fupposè qu'il y en ait, a entendre quelqu'un
6l) Comparez les p. 294 et 305 du T. XIX. Voyez cependant aussi les p. 307 et 309 du même
Tome.
6;) Voyez les p. 276 et suiv. jusqu'à la p. 3 10 du T. XIX.
«) Voyez les p. 285 et 30- du T. XIX.
fi4) Comparez le § 16 qui précède.
65) Comparez la p. 309 du T. XIX.
368 PENSEES MESLEES.
de nous raconter ce qu'il y a à voir icy fur la terre. J'ay trouvé en moy que cette
reflexion fert a reveiller dans mon efprit l'attention pour la contemplation des choies
naturelles et a chafTer cette infenfibilitè que fait naître l"accoutumence. Je m'imagine
la relation que feroit ce pèlerin revenu de la terre dans Saturne ou Jupiter. Comment
premièrement il leur dépeindrait la différence de choies celelles vues d'icy. Puis de
nos Eléments, arbres, animaux, hommes, leur figure, arts. Sciences, baftimens. Nou-
riture. gouvernement, gueres. Mœurs [?]. Religion.
Qu'ils ont la vue pour contempler ces merveilles qui afliiremcnt n'ont pas eftè
laites pour nous fculs et nofïre contemplation. Car la plus grande partie n'eft point
appercue ni feue de nous, et de ce qui cil expose a noflxe vue y en a-t-il un parmi
cent mille qui les contemple avec quelque attention, et comme elles méritent.
§ 53- Quelle aftronomie en Saturne et en Jupiter, anneau, quelles apparences, qu'il
cit malaise de ("imaginer qu'ils aient les feiences comme nous, ni ce qu'ils pourraient
avoir en recompenfe. S'ils ont l'aftronomie ils ne peuvent l'avoir fans inftruments ni
fans géométrie femblable a la noftre. Que la lumière et la chaleur qu'ils reçoivent du
foleil leur fuffit parce qu'ils y font proportionnez. Et que de mefme ceux de Venus et
Mercure n'ont pas trop chaud ni ne font pas éblouis des rayons du foleil. C'eft une
erreur d'examiner tout cela par raport a nous, de croire que nous fouîmes les bien
tempérez.
§ 54. De la lune, qu'il n'y a point de mers rivières ni nues, ni atmofphere. Objec-
tion de quelques eclipfes. Phocyl. p. 264 66).
De mes lunettes de 1 25 pieds, qu'il pourrait y avoir pourtant quelque cfpece
d'animaux et plantes nourries d'une autre fubftance que d'eau que le foleil ne peut
refoudre en vapeurs.
Lunes des planètes tournent aufll le mefme coftè a leur principaux. Cela parait par
l'extrême de Saturne.
Il s'agit ici du satellite japet qui resta ,,1'extreme" jufqu'à la découverte de Pboebe par W, H.
Pickering vers 1900. Cassini („Histoire de la découverte de deux Planètes autour de Saturne, faite
à rObfervatoire Royal", Journal des Sçavans du 15 mars ) 6~j} remarque qu' „il y a apparence
qu'une partie de [la] furface [du fatellite nommé] n'eft pas (i capable de nous réfléchir la lumière
rt'') Huygens cite le livre II LNZEAHN02 Y^iv.--^,. AtauyâÇovaa Id est Dissertatio Astronomicaqua?
occasione ultimi lunaris anni 1 638 deliquii Manuductio sit ad cognoscendum I Statum Astro-
nomia?, prœsertim Lansbergians. II Novorum Phenomen&jn Exortum 6v Interitum". Aurore
Ioanne Phocylidc Holwarda, Franeker», Typis Idzardi Alberti,ejusdemque& loannis Fabiani
Theuring, impensis. 1 640. (Nous ajoutons que Holwarda, cité e.a. à la p. 83 du T. XVIII, pu-
blia en outre, à Ilarlingen, une „Friesche Sterre-konst" en 1652 et 1653). A la p. 264 nommée
1 lolwarda parle en effet, à propos des „Lume deliquia", d'un „vaporosus Luns undique cir-
cumfusus orbis", c. à. d. d'une atmosphère.
PENSEES MESLEES. 369
du Soleil qui la rend vilible que l'autre partie". Ceci permet de conclure à „une expolition du même
hémisphère à Saturne, à peu près comme celuy de la Lune à la Terre". Mais Huygcns a-t il le
droit d'en conclure qu'il en eft de même pour tout autre fatellite? Il femble bien que non.
§ 55- J'a>' Pai"l^ jufqu'icy du (cul fyfteme autour du foleil, des globes qu'il enferme
et de l'eftendue qu'il peut avoir. Qui eftant grand comme nous avons fait voir, ce
n'eft qu'une minima pars mundi. Pour avoir la véritable idée du monde il faut palier
en fuite aux eftoiles fixes que l'on eftime aujourd'hui et avec beaucoup de rai ("on eitre
autant de foleils, ou cftre chacune femblable a un foleil, en forte que l'opinion des
anciens Philofophes Democrite 6r) et des modernes le Cardinal de Cufa 68), Bru-
nus 69) et autres qui ont paflez auparavant pour des chimères font devenues des
veritez ou fort probables.
Touchant les quelles il faut premièrement feavoir que quoy qu'elles nous femblent
toutes dans une mefme furfacc de fphere, il eft pourtant fort peu vraifemblable qu'elles
feroient de cette manière, car on feait que cette apparence ne prouve rien parce
qu'elle fait paroiftre la lune, le foleil, et les planètes dans cette mefme furface de fphere
quoy qu'elles n'y foient point. De plus eftant confiant que les fixes ont leur propre
lumière comme le foleil, et n'y ayant rien qui empefche de croire qu 'elles ne
foient auffi grandes que luy, l'on peut dire que ce font en effecl: autant de foleils, et le
noftre un de leur nombre. Elles ne font donc pas dans une mefme furfacc fpherique
parce qu'autrement noftre foleil y feroit auffi ce qui n'eft point. Or la grande diftance
des fixes (en marge : opinion de Kepler 7°) que le foleil eft entouré d'un bien plus grand
efpace que les fixes, fes raifons nulles) paroit premièrement de ce que tout le grand
orbe que la terre parcourt n'eft pas affez grand pour caufer aucune vifible parallaxe
ou variation de vue dans ces eftoiles, quoyqu'il y en ait qui ont cru en avoir trouve
de . . . qui fi elle y eftoit fe feroit appercevoir de plus d'une manière quand mefme les
*') Voyez la note 15 de la"p. 351 qui précède.
68) „D. Nicolai de Cusa Cardinalis utriusque Juris Doctoris, in omnique Philosophia incompara-
bilis viri Opéra. In quibus Theologiœ mysteria plurima, sine spiritu Dei inaccessa, iam aliquot
seculis uelata & neglecta reuelantur. Prœterea nullus locorum communium Theologiœ non
tractatur. Item in Philosophia prœsertim in Mathematicis, difficultates multœ, quas ante hune
autorem (ceu humanse mentis captum excedentes) nemo prorsus aggredi fuit ausus, explican-
tur et demonstrantur. Etc". Basileœ, ex officina Henricpetrina, MDLXV.
La première partie débute par le Traité „De docta Ignorantia", où l'auteur parle e.a. (p.
40 — 41) des „aliarum stellarum habitatores, qualescunque illi sint .. . suspicantes in regione
Solis, magis esse solares claros & illuminatos, intellectuales habitatores, spiritualiores etiam
quam in Luna . . . suspicantes nullam inhabitatoribus carere, quasi tôt sint partes particulares
mundiales unius universi, quot sunt Stella;: quarum non est numerus . . . nisi apud eum qui
omnia in numéro creauit".
6S0 Voyez la note 16 de la p. 351 qui précède.
7°) Voyez la note 41 de la p. 361 qui précède.
47
3^0 PENSEES MESLEES.
fixes ne (croient que également disantes, mais fi elles font difperfecs et les unes font
beaucoup plus éloignées que les autres il arriverait que les distancesapparentesde quel-
ques prochaines changeraient a la vue, fur tout entre quelqu'une des plus proches
de nous et une qui ferait plufieurs fois plus éloignée, ce qui pourtant ne s'appercoit
point, non pas mcfmc avec les telefcopes •"').
En marge: Ces raifons plus fuccinftement ou renvoier a Des Cartes et autres.
§ 56 7-). Une manière de compter en quelque forte la diftance des fixes eft de
fuppofer une des plus claires égale au foleil et voir la quantième partie elle fait de la
lumière du foleil. Premièrement la quantième fait la lune du foleil, faifant un petit
trou qui éclaire (eftant oppose au foleil au bout d'un tuyau) autant que la lune pour
lire des lettres. Puis comparer la lune a cette eftoile en regardant une parcelle de la
lune par un petit trou au bout d'un pareil tuyau. Cela ira pour le moins a 1 00000
fois la diitance du foleil. Ces diftances font en raifon fous double des clartez.
En marge: 30' Soo de fon 1 00000 ma'l verder waer, dan foude fijn diameter
60" 1"' fijn. op 57 voet is 1 voet een gra?d, i duijm een minut,
108000'" 355 duvm een fécond. Tïïèôo duijm een terce. fulcken gœtje
koft men maecken van de fon door te fien met een buys van
57 voet. maer men kan 't foo kleyn niet mœcken en noch min meten.
§ 57. Cette grande diitance a eftè objeftee a Copernic devant qu'on euft l'inven-
tion des Telefcopes, parce que jugeant alors les diamètres apparents des fixes (pre-
mière grandeur) de 2 ou 3 minutes on concluoit qu'elles eftoient chacune plus grande
en diamètre que le grand orbe de la terre. Or cela cette depuis que les diamètres font
imperceptibles par les plus longues lunettes, a moy toufjours ri).
§ 58. Il ne fera pas hors de propos de parler icy de l'opinion de Dcfcartcs r3) tou-
chant l'cftendue et difpolition des Tourbillons autour de chaque eftoile fixe dont il a
donne une idée qui me femble peu véritable. C'eft qu'il entafle et enclave ces tour-
billons les uns avec les autres faifant leur extérieures furfaces qui le touchent, ce qui
me parait peu jufte vu la grande diftance des fixes ou foleils entre elles. Car elle
m'empefche de croire que la circulation du tourbillon par exemple autour de noftre
foleil parvient' jufqu'a moitié chemin de l'cfpace qui cil: entre le foleil et les plus pro-
chaines fixes, mais je tiens plufloft qu'il en cft comme d'un petit tourbillon au milieu
de l'eau de quelque grand étang, qui eft bien loin de fe faire l'en tir vers les bords. Et
ainfi je coniidere plufieurs tourbillons des fixes au ciel comme plufieurs petits tour-
billons dans un lac, qui laifient l'eau entre deux fort en repos quant a eux, la dillem-
"') Voyez la note 40 de la p. 360 qui précède.
"2) Comparez le § 15 qui précède où nous renvoyons aussi à d'autres endroits.
"3) Comparez les §§ 7, 16 et 35 qui précèdent.
PENSEES MESLEES. 37
blance ellant feulement que les tourbillons dans le lae font dans une feule furface et
ceux du ciel dilperfez dans un efpacc cltcndu de tous collez. 11 paroit qu'il n'a pas
conliderè la petitefTe du fylleme planétaire a l'égard de la diilance des fixes quand &c.
Voyez pag. 2 rétro ou je parle des Comètes.
§ 59. Or ce font icy des plus proches félon qu'il paroit, jufqu'ou iront les plus
éloignées. Car qui feait quel peut eftre leur nombre, puis que l'efpace du monde ell
aflurement infini. Pour ne voir aux yeux que 1 ou 3 mille elloiles et 20000 par les
lunettes concluons nous qu'il n'y en a guère d'avantage. Ce n'elr pas a nous a donner
des limites a la nature, et il faut feavoir (autre leçon: qui ne voit) que a quelque gran-
deur et eilendue nous la bornions, toute cette grandeur ne fera que comme rien a
l'égard de l'efpace au delà, et y aura moindre proportion qu'un grain de fable a toute
la malle de la terre. Le relie feroit il donc vuide et n'aura-t-il pour ainfi dire créé qu'un
grain de fable qui pouvoir, créer une infinité de chofesencomparaifon.L'eflcnduedu
monde citant infinie, fi le nombre des elloiles ell fini, il cil croiable qu'au de la il y a
une infinité d'autres chofes créées dont l'idée ne tombe point en notre penfee. Ce-
pendant rien n'empefchc de pofer (autre leçon: imaginer) le nombre des elloiles fi
grand que l'on veut, car de ce peu que nous en voions il n'y a point de confequence
a tirer pour leur multitude. Ainfi je ne conçois pas feulement leur nombre qu'elles
peuvent avoir par des milions et miliafiesni par ces nombres avec lefquels Archimcdc
a furpalTè la multitude de grains de fable dans la fphere&c.Je me figure des nombres
qui s'ecriroient avec autant de chifres qu'il y entrerait de grains de fable dans le globe
de la Terre ou dans ce monde d'Archimede. Que fi ces elloiles ou folcils ont chacune
auffi leur planètes autour d'eux, et dans ces planètes chacune autant de variété de
créatures comme icy fur la terre, quelle magnificence incomprehenfiblc n'en refuke-
t-il point de cet ouvrage immenfe, et de la puiflance et fagefïe éternelle qui en ell le
maitre et l'architefte.
CONSIDERATIONS SUR LA FORME
DE LA TERRE.
CONSIDERATIONS SUR LA FORME DE LA TERRE.
[FIN l686 OU UN DES PREMIERS MOIS DE I 687] *).
Ad ha?c mentis oculos œgrè et quafi caligantes plerique
attollunt haud aliter atque ad lucis radios ij qui è diuturnis
tenebris emerfere -).
P [Fig. 101] polus boreus. Si pendilla fecundorum fcrupulorum [Fig. 102] brc-
viora funt circa cequinoclialem quam circa polos aut in noftra patria aut Gallia, ut
[Fig. 101]
[Fig. 102]
') La Pièce eft empruntée à la p. 259 du Manuscrit F. Les p. 239, 261 et 271 portent respe<5tive-
ment les dates de septembre 1686 (citation d'un journal de cette date), de 168- et du 13 mars
1687. La présente Pièce est donc antérieure à l'apparition des „Principia" de Newton. Nous
croyons aussi devoir observer qu'il n'avait pas été question de la forme de la terre dans l'article
du A'um. 1-9 (janvier 1686) des „Philosophieal Transactions" („A discourse conccrning gra-
vity audits propertiesetc.")danslequel E. Ilalley annonçait l'apparition prochaine de l'ouvrage
de son illustre compatriote.
- Nous avons déjà cité à la p. 3 1 du T. XVIII ces lignes que Huygens lui-même place en tète de
la présente Pièce. C'eft, disions-nous, probablement à Platon, et non pas à Shakespeare, qu'il
emprunte l'expression „mentis oculi".
Cette expression se trouve d'ailleurs aussi chez Cicéron „de Oratore" Lib. III § 163.
2j6 CONSIDÉRATIONS SUR LA FORME DE LA TERRE.
aliqui fe obfervarione comperiffe affiraiant 3), caufa ejus erit motus telluris diurnus
circa axem fuum qui vi centrifuga plus adimit de gravitate corporum in magno cir-
culo latorum quam de eorum qui minores circuitus faciunt. Sed ex eadem caufa,
fequerctur etiam pcrpcndicula hic terrarum aut in Gallia non tendere ad Terrai cen-
trum fed plumbum fufpenfum pauxillum verfus meridiem recedere. Quo fieret ut
libellai planum defcenderet infra horizontem, cum feptemtrionem verfus fpeftamus.
liquidem Telluris forma fpha?rica eft. Hoc autem non contingit. Ergo formam fpha?-
ricamtellusnonhabet,fedfphaîroidislatifiverL'pot<Jfo^,etfitantillumafphaîrareceden-
tis. cujus forma? caufa credenda eil eadem illa converfionis diurna? vis centrifuga.
Malgré le mot „ergo" Huygens comprend évidemment, aufïï bien que nous, qu'il n'eft pas pos-
fible de conclure logiquement des confidérations qui précèdent à l'exiftence d'une forme précifé-
ment fphéroïdale, c. à. d. ellipfoïdale.
Vis gravitatis efteftrix globum facere conatur. fed vis centrifuga, ex motu diurno,
à centra magis rejicit partes ejus prout a?quatori propiores.
Nec aliqua obfervatione contrarium probari pofTe arbitror. In Jovis planeta vero
manifelto ejufmodi figura apparet, quod faepe obfervatum a me et alijs. nec mirum
cum tantus globus tam rapido motu convertatur horarum decem feilicet 4).
3) Voyez les p. 635 — 636 du T. XVIII sur l'observation bien connue de 1672 — 1673 de Richer
à Cayenne. II ressort de la lettre du 1 mai 1687 de Huygens à de la Hire (T. IX, p. 130) qu'il
connaissait le „Traité du mouvement des eaux etc." de 1686 de Mariotte, où fe trouve rap-
portée ,,1'observation duSr. Varin" lequel avait mesuré la longueur du pendule à secondes dans
l'île de Corée prés du Cap- Vert, observation dont Huygens dit qu'elle „ne garde point de pro-
portion avec celle de Mr. Richer". Voyez encore sur l'observation de Varin l'Appendice II à
la p. 405 qui suit.
4) Dès 1665 Cassini avait trouvé 9 h. 56 m. pour la durée de la rotation de Jupiter: voyez la note
1 de la p. 156, ainsi que la p. 157, du T. XV, et la Fig. 1 17 de la p. 412 qui suit, représentant
la planète aplatie par la rotation.
DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
48
DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
[1686 ou 1687]
Tel eft le titre de la Pièce publiée en 1693 dans les „Divers ouvrages de mathématique et de
phyfique par Meflieurs de l'Académie Royale des Sciences". Dès feptembre 1686 Huygens fe pro-
posait d'envoyer cette Pièce à de la Hire comme nous l'avons rappelé, d'après le T. IX, à la p. 619
du T. XIX. Toutefois l'expédition, à d'AIencé, n'eut lieu qu'en juin 1687 '). La Pièce, auiïî bien
que celle qui précède, eft antérieure à l'apparition des „Principia" de Newton. C'eft en fubftance
le Mémoire du 28 août 1669 déjà publié aux p. 631 — 640 du T. XIX 2) et faifant partie du débat
de cette année à la dite Académie fur la caufe (ou „les caufes") de la pelanteur; mais Huygens en
avait modifié le texte en bien des endroits comme nous l'avons dit aufîï à la page nommée du T.
XIX.
Il n'y a pas lieu de tenir compte ici 3) de tous les petits changements apportés au texte qui n'en
altèrent pas le fens 4), d'autant plus que le même Mémoire ou Difcours eft publié au (fi plus loin
dans le préfent Tome dans la forme que Huygens lui donna en 1690 et qui fe rattache en grande
partie à celle, antérieure, de 1687 — 1693.
Ce qu'il convient d'imprimer ici c'eft feulement la partie de la Pièce de 1687 — 1693 dont le
texte, nous l'avons dit dans la note 2 de la p. 636 du T. XIX, diffère beaucoup de celui de 1669;
en le comparant avec le texte correfpondant du Difcours de 1690 on pourra conftater d'autre part
qu'en cette dernière année, ou plutôt en 1689, Huygens ne reproduifait pas le texte de 1687 — 1693
fans modifications.
Or la raifon 5) pourquoy des corps pelans que nous voyons defcendre dans l'air,
ne fuivent pas le mouvement fphérique de la matière fluide, eft affezmanifefie; parce
qu'y ayant de ce mouvement vers tous les codez, les impulfions qu'un corps en reçoit
fe luccedent fi fubitement les unes aux autres, qu'il y intercède moins de temps qu'il
ne luy en faudroit pour acquérir un mouvement feniible.
Mais comme il fembleque cette feule raifon nefuffit pas pour empefcher que les corps
les plus menus que l'oeil puifle appercevoir, comme font les brins de poufflere qui vol-
tigent dansl'air,ne foient point chaflez çà & là parla rapidité de ce mouvement, il faut
')TIX,p.95.
5) Dans la 1. 17 de la p. 635 du T. XIX le mot „centre" eft une faute d'imprefîion pour „cofté".
3) Voyez d'ailleurs fur ce fujet les notes des p. 633 — 639 du T. XIX.
4) Exemple: la publication de 1693 commence par les mots: „Pour trouver une cause intelligible
de la pefanteur", tandis que le Mémoire de 1669 avait: „Pour chercher une cause intelligible
de la pesanteur".
5) Comparez la 1. 10 de la p. 636 du T. XIX.
380 DE LA CAUSE DK LA PESANTEUR.
ajouter que ces petits corps ne nagent pas dans la feule matière liquide qui caufe la
pefanteur, mais, qu'outre celle-cy, il y a dans les efpaces qui font autour de nous encore
d'autres matières de differens degrez, dont quelques-unes font compofées de particules
plus groflleres, qui cftant différemment agitées & réfléchies entre elles, mais ne fui van t
pas le mouvement rapide de noftre matière, peuvent aufîi empefeher ces corpufcules
de la fuivre & d'en eltre emportez. L'on fçait qu'il y a autour de la Terre première-
ment les particules de l'air, lefquelles on fera voir un peu plus bas eftre plus groflleres
que celles de la matière liquide que nous avons fuppofée. On a de plus des raifons qui
font croire qu'il y a encore une matière dont les particules font plus menues que
celles de l'air, mais d'un autre codé plus groflleres que celles de noftre matière liquide.
Car j'ay trouvé dans les expériences du vuide, outre la pefanteur de l'air, encore celle
d'un autre corps invifible, qui fait fentir fon poids là ou il n'y a point d'air, ayant veû,
non fans étonnement, que ce poids foûtient l'eau fuspenduë dans un tube renverfé au
dedans d'un vaifleau de verre dont l'air a eflé tiré, & qu'il fait couler l'eau d'un fiphon
recourbé dans le vuide de mefme que dans l'air, pourvu que l'eau dans ces expériences
ait eflé purgée d'air, ce qui fe fait en lalaiflant pendant quelques heures dans le vuide.
Voyez une difcuflîon fur cette expérience de Huygens de 1673 aux p. 242 — 246 de notre T.
XIX (Appendice à „la Machine Pneumatique"). On peut voir aufîi aux p. 560, 563, 585 et 595
du même Tome qu'à un moment donné, antérieur à 1687, Huygens identifia P„air fubtil" qu'il
croyait avoir découvert par cette expérience, avec l'éther luminifère. On remarquera que dans la
préfente Pièce il ne parle toutefois que d'„un autre corps invifible" fans dire que ce „corps" ferait
identique avec l'éther. Cette identification ne lui paraiflait fans doute pas bien certaine.
Il paroifl: par là premièrement que les particules du corps pefant & invifible font
plus petites que celles de l'air, puis qu'elles parlent au travers du verre qui exclut
l'air, & qu'elles y font appercevoir leur pefanteur. Il paroifl; de plus qu'elles doivent
eflre plus groflleres que les particules de la matière fluide qui caufe la pefanteur, afin
que le corps qu'elles compofent ne fuive pas le mouvement de cette matière, parce
qu'en le fuivant il ne feroit pas pefant. Il peut y avoir autour de nous encore d'autres
fortes de matières de differens degrez de ténuité, quoy que toutes plus groflleres que
n'efl: la matière qui caufe la pefanteur; lefquelles contribueront donc toutes à em-
pefeher les petits brins de pouflicre d'eflre emportez par le mouvement rapide de cette
matière, parce qu'elles ne fuivent pas ce mouvement elles-mefmes.
L'alinéa qui fuit a été fupprimé dans le Difcours tel qu'il fut publié en 1690. Voyez la p. 432
qui fuit fur la raifon, affez évidente, de cette fuppreffion.
Et quoy que par là ces matières doivent avoir de la pefanteur, fuivant l'explication
que nous en donnons, il n'efr. pas néceflaire toutefois de s'imaginer leurs particules
comme eflant entaflecs les unes fur les autres, puis que l'on fçait que l'air ne laifle
pas de pefer, bien que fes particules foient difpcrfées avec beaucoup d'autre matière
entre deux: car c'eft ce que je pourrois prouver facilement; comme aulli qu'il fuffit,
pour produire l'effet de la pefanteur, que les particules d'une matière pefante, quoy
DE LA CAUSE DE LA l'KSANTK.l'R. 38 I
que réparées les unes des autres, foient remuées en des fens différera, qu'elles s'en-
trechoquent, & qu'elles frappent contre les furfaces des corps qui leur fontexpofez.
Il ne faut pas au relie trouver étrange ces differens degrez de petits corpufcules,
ni leur extrême petitefle. Car bien que nous ayons quelque penchant à croire que
des corps à peine vilibles font déjà prcfquc aufïi petits qu'ils peuvent l'eftre, la railbn
pourtant nous dit que la mefme proportion qu'il y a d'une montagne à un grain de
fable, ce grain la peut avoir à un autre petit corps, & ecluy-cy encore à un autre; &
cela autant de fois que l'on voudra.
Cette extrême petiteffe des parties de noftre matière fluide fe doit encore fuppofcr
nécessairement à caufe d'un effet confidérable de la pefanteur, qui cft que des corps
pefans enfermez de tous collez dans un vaifleau de verre, de metail, ou de quelque
autre matière que ce foit, fe trouvent peler toujours également. De forte qu'il faut
que la matière que nous avons dit causer la pefanteur, pafïe tres-librement au travers
de tous les corps que nous eftimons les plus folides, & avec la me fine facilité qu'à
travers de l'air.
Il s'enfuivroit auffi, s'il n'y avoit pas cette liberté de paffage, qu'une bouteille de
verre peferoit autant qu'un corps de verre folide de la mefme grandeur; & que tous
les corps folides d'égal volume peferoient également, puis que, félon nous, la pefan-
teur de chaque corps cil réglée par la quantité de la matière fluide qui doit monter en
fa place.
Ce qui fait donc la différence de pefanteur entre les corps terreltres, comme les
pierres, les métaux, &c. c'efr. que ceux qui font plus pefans contiennent plus de parties
qui empefehent le partage libre de la matière fluide : car il n'y a que celles-là en la place
defquelles cette matière puifTe monter. Mais comme l'on pourroit douter fi ces parties
doivent eftre folides, parce qu'eftant vuides elles devraient, par la raison que je viens
de dire, faire le mefme effet; je demontreray icy, qu'elles font néceffairement folides;
& que par conféquent la pefanteur des corps fuit précifément la proportion de la ma-
tière qui les compofe, & qui s'y tient arreftée. En quoy M. Defcartes a elle d'un autre
fentiment, aufli-bien qu'en ce qui regarde la liberté avec laquelle cette matière tra-
verfe les corps qu'elle rend pefans. Nous examinerons cy-aprés fes raifons.
Huygens eût aufïï pu s'exprimer comme fuit: „Je démontrerai que la pefanteur des corps fuit
précifément la proportion de la matière qui les compofe [c'eft ce qu'il favnit déjà en 1668; voyez
les p. 625 et 627 du T. XIX]; par conféquent elles (c. à. d. les parties ou particules qui compo-
fent les corps) font néceflairement folides".
Nous avons dit à la p. 316 du T. XIX que la matière chez Huygens eft„plus ou moins femblable
à une collection de petites billes pleines ou creufes et de petites poutres [ou polyèdres6)] de formes
tf) Il faut pourtant observer que Huygens n'a apparemment aucune prédilection pour des atomes
à surfaces planes. Voyez la p. 386 du T. X (lettre à Leibniz de 1693) ainsi que les remarques
h de la p. 321 et/ de la p. 431 du même Tome (notes à des lettres de Leibniz de 1692 et 1693).
382 DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
diverfes, ou plutôt à une fcrie de collerions de ce genre". Il paraît maintenant que, en tout cas
depuis 1668, les particules crcufes doivent être exclues, du moins celles qui enfermeraient de toute
parts des efpaces vides; mais celles que nous avons défignées par 1' 'expreflîon particules- fquelctte (T.
XIX, p. 4; voyez auffi les p. 386 et 685 du même Tome) ne font nullement exclues.
Pour prouver ce que je viens de dire, je feray remarquer icy ce qui arrive dans le
choc de deux corps quand ils fe rencontrent d'un mouvement horizontal. Il eft cer-
tain que la réfillancc que font les corps à eftre meus horizontalement, comme ferait
une boule pofée fur une table bien unie, n'eft pas caufée par leur poids vers la terre,
puis que le mouvement latéral ne tend pas à les éloigner de la terre, & qif ainfi il n'eft
nullement contraire a l'action de la pefanteur qui les pouffe en bas.
Il n'y a donc rien que la quantité de la matière attachée enfemble que chaque corps
contient, qui produife cette réfiftance; de forte que fi deux corps en contiennent
autant l'un que l'autre, ils réfléchiront également, ou demeureront tous deux fans
mouvement, félon qu'ils feront durs ou mois. Or l'expérience montre que toutes les
fois que deux corps refléchiffent ainfi également, eftant venus à fe rencontrer avec
d'égales viteffes, ces corps font d'égale pefanteur. Il s'enfuit donc que ceux qui font
compofez d'égale quantité de matière font auffi d'égale pefanteur; ce qu'il falloit
démontrer.
J'ay dit que M. Defcartes cftoit en cecy d'un autre fentiment, comme encore en
ce qui regarde le paffage libre de la matière qui caufe la pefanteur, au travers des
corps fur lefquels elle agit. Cela paroift, pour ce qui eft de ce dernier point, de ce
qu'il veut que cette matière fluide foit empefehée par la rencontre de la Terre, de
continuer fes mouvements en ligne droite, & que pour cela elle s'en éloigne autant
qu'elle peut [comparez fur ces lignes et les fuivantes la Pièce de Huygens„DeGravitate" de 1668,
p. 625 — 627 du T. XIX, que nous avons déjà citée plus haut]. En quoy il fcmble n'avoir pas
penfé à cette propriété de la pefanteur que j'ay fait remarquer un peu plus haut. Car
fi le mouvement de cette matière eft cmpefché par la Terre, elle ne pénétrera non
plus librement les corps des métaux ni du verre. D'où il s'enfuivroit que du plomb
enfermé dans une phiole perdrait fon poids, ou que du moins, ce poids ferait diminué.
De plus, en portant un corps pefant au fonds d'un puits, ou de quelque mine pro-
fonde, il y devrait perdre de fa pefanteur; ce qui ne fe trouve point par expérience.
Quant à l'autre point, M. Descartes prétend que quoy-qu'une maffe d'or foit, par
exemple, vingt fois plus pefante qu'une portion d'eau de mefme grandeur . . . Etc.
Voyez la 1. 1 5 de la p. 638 du T. XIX.
CONSIDERATIONS ULTERIEURES SUR
LA FORME DE LA TERRE.
M^^jf^J^W0\^ÏS^^^^l\
mSm
Avertiffement.
Huygens nous apprend en 1688 ') que Newton lui avait fait don d'un exemplaire
de Tes „Principia" dont nous savons que l'impreffion fut terminée en juillet 1687.
La préfente Pièce montre en effet qu'en novembre 1687 le livre de Newton lui était
connu 2): il le reçut apparemment immédiatement après la publication.
Ce furent, paraît-il, les confidérations de Newton fur la forme de la terre ") qui
attirèrent en premier lieu fon attention. Ceci s'explique fort bien par le fait qu'il
venait d'écrire lui-même une page fur ce problème: c'eft la Pièce de la p. 375 qui
précède.
Dès les §§ 1 et 3 de la préfente Pièce — la divifion en §§ ert de nous, comme d'ha-
bitude — Huygens parle de l'„a;quilibrium canalium ut apud Ncutonum". Or, le
calcul du § 1, où iln'efr. pas encore queftion de cette méthode des canaux, mais feule-
ment du rapport que les axes de la terre, fuppofée fpéroïdale, c. à. d. de la forme d'un
ellipfoïde aplati vers les pôles, doivent avoir entr'eux pour qu'en un endroit déter-
miné, d'ailleurs arbitrairement choifi, de fa furface, cette furface foit perpendiculaire
à la réfultante de la force centrifuge et de la pefanteur dirigée par hypothèfe vers le
centre de la terre, ce calcul, difons-nous, lui avait fourni pour la différence de lon-
') T. IX, p. 305, lettre du 30 décembre 1688 au frère Constantyn.
2) Dés le mois de juillet il en connaissait d'ailleurs plus ou moins le contenu p?r la lettre de Fatio
de Duillier du 24 juin (T. IX, p. 167).
3) Dont Fatio n'avait rien dit.
49
386 AVERTISSEMENT.
gueur des deux axes a (rayon de l'équateur) et b (demi-diflance des pôles) la valeur
ji5 a. Mais les confidérations du § 4 (donnant auffi, au début, cette fraction jf 5)
font voir que fi le calcul du § 1 donne pour le rapport des deux axes la même valeur,
quel que soit le point choifi fur la furface de la terre, il n'en cil pas de même pour les
longueurs abfolues de ces axes correfpondant aux différents points: ce calcul n'efl
donc pas probant et la furface de la fphère déformée par l'effet de la force centrifuge
n'efl: apparemment pas exactement fpbéroïdale.
Par conféquent I luygens abandonne l'hypothèfe de la forme exactement fpheroï-
dale qu'il avait déjà émife dans la Pièce de la p. 375 et qui efl aufîi celle de Newton
dans la Propofition „Invenire proportionem axis Planeta^addiametroseidcmpcrpen-
diculares" 4).
Il n'en trouve pas moins dans les §§ 1 o — 1 2, en le fervant cette fois de la méthode
des canaux du favant anglais 4), la valeur y£ïï a pour la différence entre les grandeurs
a et £, la fection de la terre par un plan paffant par l'axe de rotation étant „proxime
ellipfis", ceci dans le cas de la rotation lente en 24 heures 5) telle que nous la con-
naiflbns. Mais fi la terre tournait 1 7 fois plus vite, elle prendrait la forme déjà indiquée
dans la Fig. 1 06 de la remarque finale, ajoutée plus tard, du § 4 — voyez auffi le § 6
et la remarque finale ajoutée au § 7 — d'un enfemblc de deux conoïdes paraboliques
ayant leurs fommets aux pôles et tel que le diamètre de l'équateur ferait le double de
la diftance des pôles (donc a — b = \ a).
Newton, lui, avait trouvé 4) une valeur —-^ a au lieu de ?iïï a pour l'aplatiffe-
ment (lequel efl en réalité à fort peu près ^Jô a).
C'efl que Huygens n'accepte pas l'attraction univerfelle de toutes les particules
matérielles fuivant la loi de Newton du rapport inverfe des carrés des diflances (ni
d'ailleurs fuivant une autre loi); par conféquent il ne croit pas à la proportionnalité
dans l'intérieur de la terre — la denfité étant fuppofée confiante — de la pefanteur
à la diftance du centre. „Un corps pefant au fond d'un puits, ou de quelque mine
profonde", difait-il dans la Pièce de la Caufe de la Pefanteur 6), „y devrait perdre de
fa pefanteur, ce qui ne fe trouve point par expérience". Il ofe en conclure, ou du
moins il croit pouvoir bafer fon calcul fur la fuppofition, que la pefanteur refte con-
fiante jufqu'au centre de la terre. Pratiquement ceci revient, peut-on dire, à admettre
la loi de Newton — du moins pour les rotations lentes où l'écart de la forme fphérique
4) „Pbilofophiœ naturalis principia mathematica" de 1687, Lib. III, Prop. XIX, l'rob. II.
5) Ou plutôt en 23 h. 56 min.
6) Fin de l'avant-dernier alinéa de la p. 382 qui précède.
AVERTISSEMENT. 387
eft faible — en y ajoutant lliypothèlè que la denfké efl: partout en raifon invcrfe de
la diffamée du centre.
Aux confidérations fur la forme de la terre font joints (§§ 8 et 9) des calculs fur
la longueur variable du pendule à fécondes, ou inverfement fur la variation de la pé-
riode d'ofcillation d'un pendule détermine, gardant par hypothèfe fa longueur, lors-
qu'on le tranlporte, du pôle p.e., en d'autres endroits de la furface du globe terreftre.
La connaùTance de cette variation, nous le difons auffi à la fin de l'Appendice I, était
néceflaire pour corriger le calcul des longitudes baféc fur l'indication des horloges
tranlportées du Cap de Bonne Efpérance a Texel dans l'expédition de 1686 — 1687.
On peut confulter fur ce fujet la Partie „Réfultats de quelques expéditions mariti-
mes" du T. XVIII. Dans ces calculs il n'eft pas queftion de la forme de la terre: elle
y eil confédérée comme fphérique. 11 y efl: parlé de la grandeur de la pefanteur appa-
rente, c. à. d. de la pefanteur vraie diminuée de la compofante verticale de la force
centrifuge due à la rotation de la terre, et cette pefanteur vraie y efl: luppofée partout
la même. On peut obferver que Huygcns lui-même ne fe fert point des exprefllons
„pefanteur vraie" et „pefanteur apparente"; l'on ne trouve chez lui — §§ 1 et 4 —
que les expreffions „pondus abfolutum" et „gravitas abfoluta"; au § 1 il donne la
définition de cet adjeétif.
Au § 9 Huygcns énonce fans preuve la règle que les diminutions de la longueur du
pendule mathématique à fécondes lorfqu'on le tranfporte d'abord du pôle en un pre-
mier endroit, enfuite du pôle en un deuxième endroit de la furface terreftre, font
proportionnelles aux carrés des rayons des cercles parallèles à l'équateur correfpon-
dant à ces deux endroits. C'efl: ce dont il donnera dans le „Difcours de la Caufc de
la Pefanteur" de 1690 une longue démonftration géométrique; on le voit bien plus
facilement en partant de la formule — comparez la p. 97 du T. XIX — t = % \/ -,
qui fait voir que, lorfque g devient g — /cos /3, /étant l'accélération centrifuge et
/3 la latitude de l'endroit confidéré, il faut, pour que t conferve fa valeur, que / auffi
f l
foit multipliée par 1 — - cos /3, de forte que fa diminution eft -/cos /3. Or, pourdeux
endroits différents, les produits/, cos /3, et/2 cos/32 font proportionnels aux carrés
des rayons des cercles parallèles correfpondants puifque leurs facteurs font l'un et
l'autre proportionnels à ces rayons.
Au § 1 3 Huygens intercale une remarque fur la cartographie : il veut placer „chaque
388 AVERTISSEMENT.
lieu en fa longitude et latitude" en prenant „les degrez des méridiens égaux entre eux
et aux degrez de l'equatcur et dans chaque parallèle les degrez aufTi égaux et dans la
vraije proportion aux degrez de l'equatcur". En d'autres tenues il propofe ce qu'on
a coutume d'appeler la projection de Flamfteed; on pourrait donc auffi appeler celle-
ci la projection de Huygens (bien qu'elle foit en réalité plus ancienne); nous nous
fommes toutefois fervi de l'expreiîîon ufuelle „projection de Flamsteed" dans le T.
XVIII à propos de la carte de Huygens [Fig. 1 29 de la p. 640] de l'expédition de
1 686— 1 687 déjà mentionnée plus haut.
Quoique la remarque conlidérée fe trouve fur une page occupée en majeure partie
par des calculs fur la véritable forme de la terre, il femble bien que Huygens n'ait en
vue ici que la repréfentation de notre planète confidérée comme exactement fphéri-
que: auffi longtemps que les longueurs des degrés du globe terreftre n'avaient pas été
mefurées en des pays de latitudes fort différentes, les cartographes ne pouvaient
guère faire autre chofe que s'en tenir à la terre fphérique. Ce n'eft qu'après la confir-
mation par des obfervations du dix-huitième fiècle del'exiflence d'une forme fphéroï-
dale et la mefure de fon aplatiffement qu'on a pu fonger férieufement à tracer des
cartes conformes à cette réalité où, cela va fans dire, la place de chaque endroit ferait
indiquée, comme auparavant, par fa longitude et fa latitude 7).
7) M. Bougucr („La Figure de la Terre, déterminée par les observations de MM. Bouguer & de
la Condamine, de l'Académie Royale des Sciences, envoyés par ordre du Roy au Pérou, pour
observer aux environs de l'équateur", Paris. Ch. A. Jombcrt, 1749, Première Section III § 15,
p. 15): „ ... la longueur des degrés de latitude va en augmentant depuis l'Equateur jusqu'au
Pôle".
Au lieu de j^6 a (p. 386 qui précède) Bouguer trouve T^ a pour l'aplatissement.
Dans le dernier chapitre („Du changement que doit apporter dans toutes les Régies ou Mé-
thodes précédentes le défaut de rondeur de la Terre") de son „Nouveau traité de navigation,
contenant la théorie et la pratique du pilotage" de 1753 (Paris, II. L. Guerinet L. F. Delatour)
Bougucr donne une „Table de la grandeur des degrez du Méridien, de celle des Arcs de Lati-
tude, & des Corrections qu'il faut appliquer aux Latitudes croissantes [voyez l'Appendice III
qui suit] des Cartes réduites".
En juillet 1775 fut lu à l'Académie Royale des Sciences un „Mémoirc sur une question de
géographie pratique, si l'applatissement de la terre peut être rendu sensible sur les cartes, et si
les géographes peuvent 1a négliger sans être taxés d'inexactitude?" par Robert de Vaugondy,
géographe ordinaire du Roi (publié en 1775 chez l'auteur et chez A. Boudet à Paris). Vu la
petitesse et l'incertitude de la valeur de l'aplatissement, de Vaugondy pense que l'Académie
peut continuer à regarder comme bonnes ses cartes où cet aplatissement est négligé. Dans
son Avertissement il nous apprend que „la première [carte] sur laquelle l'auteur prétend avoir
fait sentir l'applatissement de la terre" est celle de la mer Méditerranée par Bonne, maître de
mathématiques et ingénieur-géographe.
CONSIDERATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE,
entremêlées de quelques confédérations fur les variations de la longueur du pendule
à fécondes etc. et fur la cartographie.
[novembre et décembre 1687]
§ 1 '). Si terra fphœrica eft, invenimusinlibcllodeCaufisgravitatis,diminutioncm
ponderis abfoluti five quod effet in terra quiefeente, effe fub œquatore in E [Fig. 1 03]
-1- 2>i
In /\° DCZ datur angulus C 00 490 + 900 3). Unde în puncloDinveniturdimi-
nutio do -'- ponderis abfoluti; nec refert ad hoc an D punctum intelligatur in fuper-
ficie Terra? fpha:ricse an Elliptica; VDY. dummodo DO eadem maneat.
CE DO fin. compl. 400
1 00000 -T- 65606 — -jy^j
Ex cognita ratione laterum KD ad DU et angulo KDH 490 quœritur ang. DKH.
Et primo latus HK. Operatio ex régula noftra, qua? ante folia aliquot 4).
') Les §§ 1 — 9 sont empruntes au Manuscrit F, p. 298 — 303. La date du 6 novembre 1687 se
trouve à la p. 297 et celle du 3 décembre 1687 à la p. 31 1.
2~) Par „libellus de Causis gravitatis" il ne faut pas entendre précisément la Pièce „De la Cause de
la Pesanteur" — voyez la Pièce de la p. 379 qui précède — telle que Iluygens l'avait envoyée à
d'Alencé en juin 1687. En effet, dans cette Pièce, Huygens s'était contenté de dire, comme
dans son discours académique de 1669, que la vitesse de la matière fluide qui, à son avis, cause
la pesanteur, est „à peu prés 17 fois plus grande que celle d'un point de la Terre situé sous
l'Equateur". Ce n'est que dans un alinéa ultérieur du „Discours" tel qu'il fut publié en 1690
que Huygens ajoute (voyez la p. 462 qui suit) qu' „il faut que le mouvement de la Terre, tel
qu'il est maintenant, oste une partie de la pesanteur, qui soit à la pesanteur entière comme 1
au quarré de 17". Comparez ce qu'il disait déjà en 1659 (T. XVI, p. 304).
3) En d'autres termes: la latitude de l'endroit considéré est de 490. C'est apparemment à la ville
de Paris que Huygens songe, quoique la „latitudo Paris a Notre Dame" du § 9 qui suit soit un
peu plus petite.
4) Cette règle trigonométrique se trouve en effet à la p. 292 du Manuscrit F. Nous l'avons publiée
aux p. 455—456 du T. XX.
39°
CONSIDERATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE.
KD -r DM -
-881 --,- 1
/. 88 1 ..
2,04498
l.i ..
0,30103
fumma
3,24601
\ fummse
1. 62301
log. fin. 24.30'
9.61773
l.i..
0,30103
[Fig.103]
11*54177
2.94399 1. 879 di(T. laterum,
8,59778 1. tahg.anguMcujufdam,
8,59686 cujus hic log. (inus.
s.
2,945111. 880 HK
9.87780 1. fin. 490.
0.30103 1. 2 x» HD
10.17883
7.23372 1. fin 6' min. ang. DKH
vel KDW. vel panxillo
minoris. hoc cft 6' — 6".
Les pôles de In terre font en P et Q.
49e
ZDCZ
90*-
o. 5'. 54" CDZ
9.81607 log. fin. 40.54 anguli Z
7.23372 p. fin. 5'54"]
5.00000 [l. fin CD 30 1 00000]
I39- 5-
180. o.
54
o
12.23372
40.54. 6 L Z
2.41765 [différence de 12.23372 et 9.8 1607]
1. 26iiCZ
In punclo D talis effet perpendiculi h centro C declinatio, nempe 5 min. 54'. Sed
fuperficics liquidi ita fate hic componet ut perpendiculum ipfi fit ad angulos rectos.
Producatur perpendiculum WD in Z. dabitur jam ratio CO ad OZ quee eft lateris
tranfvcrfi ad reftum, fi ellipfis ell VDY.
75471 OC 00 fin 490 OC ad OZ ut latus tranfverfum ad latus rectum. Supponi-
tur i latus transverfum do 1 00000.
OC OZ il.tr. I
100346 i 1. rect.
75471' -7573^5- -iooooo/ •>+ 5
1 001 73 i 1. maj. 5). 173 differentia CV et CY. ?is 6).
261ICZ
75732IOZ
5) Legrandetlcpctit diamètre d'une ellipse étant respectivement désignés par2« et ib, on a:
latus rectum = -.-, latus transversum = b, donc a = [/ (latus rect.) (latus transv.).
6) Comparez sur cette fraction le § 2 qui suit.
CONSIDERATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE.
39 !
§ 2. Sed fecundum sequilibrium canalium ut apud Ncutonum ■") debebat clic ex-
ceflus [CV — CY] T)-H meo calculo.
Comme ce calcul — voyez fur le réfultat le § 12 qui fuit — fe trouve aux p. 313 et fuiv. du
Manuscrit F, il parait probable que le présenc paffage, emprunté à la p. 209, date d'un peu plus
tard que la majeure partie du texte de cette page.
Imo
1 00000 -_ _
171 1 °° 5
78 . . . correéto calculo invenio ctiam ^4
Ceci s'applique au calcul du § 1. Pour l'angle DKH ou KDW de la Fig. 103 Huygens avait pris
d'abord (d'ailleurs, (i nous voyons bien, fans achever le calcul) 6' au lieu de 5'54*. Nous nous fouî-
mes contentés de reproduire dans le § 1 l'on „calculus accuratior" où il fe fert de cette dernière
valeur, et où il trouve pour la fraction confidérée y0Vô3ôo c# *• <*• 5 - k •
Ses calculs (§ 2 et § 12) lui fourniflent donc l'un et l'autre la fraction jj-% (et celui du §4 donne
le même réfultat).
Ergo CV — CY oo jk-g i axis minons CY.
Ceci dans l'hypothèfe — du moins dans le cas du calcul du § 1 — d'une forme fphéroidale.
Mais les §§ qui fuivent (§ 4, §7, §12) font voir que le calcul de Huygens ne conduit pas précisé-
ment à cette forme adoptée, nous l'avons dit, par hypothèfe.
§ 3. Ut pondus abiblutum ad pondus in
E ita EH ad I IG [Fig. 1 04J.
EC CQ EH
Ibb
a b b —
HN
bb
a
EN
ib — EG.
a
Comme EH = /;, il s'enfuit que
ib"
HG = — b + —
a
ib
DoncEH:HG = I
a
EH
I.
Il en réfulte qu'à un rapport q^ = ||gcorres-
pond le rapport - = 1 — ^=7%, autrement dit que
et fui van ts.
g* ^conformément aux §§ précédents
7) Prop. XIX, Probl. III du Lib. III des „Principia" de 1687. Au lieu de la fraction ,£g Newton
y trouvait ^éjï' comme nous l'avons dit auffi dans l'Avertiffement.
39 2
CONSIDERATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE
Nous n'avons pas voulu omettre la Fig. 104 avec le petit calcul correfpondant quoique nous ne
voyions pas pourquoi Huygens donne au calcul cette tournure.
On voit auflî dans la Fig. 104 un canal newtonien ESP (où SE =\a). Huygens écrit: EX di-
minutio gravitatis in tubulo SE. Il faudrait donc écrire enfuite que cette diminution du poids,
due à la force centrifuge, eft telle que l'eau de la partie SE fait équilibre à celle de la partie SP, et
b
tâcher de tirer de là une valeur pour le rapport -. Le calcul ébauché par Huygens et que nous ne
croyons pas devoir reproduire, eft apparemment incorrect et il ne peut y avoir attaché aucune va-
leur: ce calcul le conduit au réfultat a 00 b.
§ 4. Si terra effet fphœrica, tum gravitas abfoluta ad vim centrifugam in E [Fig.
1 05] fieut 289 ad 1 . Sed vis centrifiiga in E ad eam qna? in D eft ut EC ad DO. Ergo
gravitas abfoluta ad vim centrifugam in D habet rationem compofitam ex 289 ad 1 et
ex EC ad DO.
M ou plutôt Y eft un pôle de la
terre, V un point de l'équateur.
Ergo CD
CD-
1 -r
DO^
OZ —
OC-p
OC-^-
^ A ex^EC -
/28o-
CX^CD -
CA = 289 CD —
289 = Ca —do
CA = 289 — r- I
ZC = 289 — i — 1
CZ = a88— r— 1
OZ = 288-^289
1
DO
1
DO
hoc eft
, nam CD 00 EC.
DO
CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE. 393
Ergo hinc forma ellipieos pcr D conitituendœcognofcitur. cujuslatustranfvcrfum
ad rectum uc 288 ad 289, hoc elt in qua CY ad CV ut I/288 ad J/289, hoc clt ut
288I ad 289 proximc, hoc eft Ut 577 ad 278, proxime [conformément auréfultatdu
calcul du § 1 : voyez le § al.
Et punctum D in fphœroide habebit clevationem poli 49°.5'.6" [lisez 49°5'54 ]•
Elr quidem punctum D et fuperficies liquidi ibi collocati in fphœroidc per D deferipta,
centrumque habente C punctum, et rationem lateris transveriî ad rectum datam ac
conftanter eandem, fed fi aliud punctum in circumferentiaED tt affignatur ut x, in-
venietur etiam hic fuperficiem liquidi in fpha;roide efle, centrum C habente, et ratio-
nem lateris tranfverfi ad rectum eandem quam fphœroides VDY, fed non erit huic
eadem fed fimilis, quippe quœ per t traniibit manente eodem centro C.
Videndum ergo an pofita ellipfi VDY, et proportione KD ad DH ea qua? gravitatis
abfolutœ ad vim centrifugam in D puncto, an inquam, fumto alio in ellipfi eadem
puncto Ô, et facto ut ficut DO ad Sp ita DH ad ÔA, et Ô/a oo DK, an tune QÇ parallela
[xX, occurrat ellipfi VDY ad angulos rectos.
Remarque ajoutée plus tard: Hoc nonpoterit fieri, quiapag. 13 (numération de Huygens,
correfpondant à la p. 3 1 2 du Manufcrit F) inventum eft lineam hanc curvam non efie ellip-
rT7. ^-| fin. Sed hoc per œquilibrium canalium. Hoc tantum itaque poflumus
ut oitendamus, in fingulis terraî fphsericœ punctis, aquse fuperficicm
componi fecundum fuperficies fphasroidum fimilium circa centrum
C et axem CYM conftitutorum, quarum fphœroidum forma ac
proportio axium cognofeitur. Et quia omnes vix a fphsera telluris
diverfa? funt, fequitur ipfam hanc fpha;ram ejufmodifphïeroidisfor-
mam affeclare. quam tamen non perfecte aïïequitur. Fit enim alius
natune curva atque ea uno cafu, 'cum nempe vis centrifuga fub
squatore poniturgravitati œqualis, fit parabola [Fig. io6]utapparet
pag. 12 et 13 8).
§ 5. Pedes | diam. terra? 19600000 9).
[196so8y00° =] 33390. tôt pedibus terra femidiameter fub œquatore fuperat i
diametrum ad polos.
C'eft apparemment par erreur que Huygens prend ici *■£= au lieu de la fraction trouvée jf $.
Cette dernière lui aurait donné 33901 ou, fi l'on veut, 33900 pieds.
8) Voyez les §§ 10 et 1 1 qui suivent.
9) D'après la „Mesure de la Terre" de 1671 de J. Picard la longueur mesurée d'un certain degré-
est de 57060 toises — comme Huygens le dira dans l'Appendice I qui suit — ou 6 X 57060
pieds, ce qui conduit, en supposant les longueurs de tous les degrés égales entr'elles, à une valeur
d'à peu prés 196 15800 pieds pour le demidiamètre de la terre.
50
394
CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE.
[3JLL9Q =j tff miH. anglic. [ou plutôt, pour ^3,6.78 mill. angl.] 10>
12 | — 5 - ^1/2^. tôt milliaribus gallicis pedum 12000 [ou plutôt 2£g ou 2,825
mill. gall.]
-'M
§ 6. Sit VL qo VC [Fig. 107] referens gravitatem abfolutam, VG vim centrifu-
gam in V puncto, five diminutionem gravitatis [l'une et l'autre évidemment en grandeur,
non pas en direction]. Erit LGCM gravitas tota ca-
nalis CV. five □ NM, fefta VG bifariam in N.
Tota vero gravitas canalis CY eft | | VY.
Ergo hsec ajqualia, nempe CD VY et QZ1 NM.
Ergo VN do VC — CY. Ergo VG 00 dupla
différend» VC — CY.
Hinc fi VC 00 2 CY, oportet vim cent rifugam
VG ipfi VL five VC, hoc eft, ipfi gravitati abfo-
lutse œqualem efie.
Nulla ergo figura ex materia liquida gravi verfus
centrum et circa axem revoluta formari potefi: in
qua femidiameter VC major fit quam dupla CY.
Si enim efiet ejufmodi, jam deberct vis centrifuga
major effe gravitate abfoluta. ac proinde gravia in V pofita à centro C aufugerent.
§ 7. Cum KD ad DH [Fig. 1 08] ut gravitas
abfoluta ad vim centrifugam in D, tune recta;
KH parallelum erit perpendiculumin D, nempe
PD. Ideoquc fuperficies liquidi in D feie com-
ponct opÛoyovuç ad PI).
DK 00 VC. DM 00 §VG. ErgoKDadDH
ut gravitas abfoluta ad vim centrifugam in D.
Da parallela KH deberet amoccurrereellipfi
ad angulos rectos ")•
[Fig. 108]
I0) Comparez I. Newton „Philosophia; naturalisprin-
cipia mathematica" 1687, Prop. XIX duLib. III:
„cùm Terra; semidiameter mediocris juxta nupe-
ram Gallorum mensuram, sit pedum Parisiensium
196 16800 seu milliarium 3923, posito quod milliare sit mensura pedum 5000 . . ."
") Les équations écrites et celles qui suivent font voir que le cas particulier considéré par Huygens
est le suivant. La terre est censée tourner avec une vitesse telle que la force centrifuge à l'équa-
teur est pour tout corps égale au vrai poids. Suivant le § 6 l'axe CV [Fig. 108] serait alors le
double de l'axe CY. Il est vrai que suivant la fin du § 4 la terre dans ce cas n'aurait pas la forme
CONSIDÉRATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE. 39.S
DO — A C OC DO
qu. OC \bb oo xx b — \/ ïpF-r- V\bb b OZ
qu. OD bb hoc [lavoir OC : OZ] elt ut latus tranfverfum ad rectum
l-bb 30 qu. DC . . . fed DC ad C A ut 2 ad 1 .
Ergo qu C A oo T75 bb
Ergo £ — |/ Tr5 ££ -|— £ — — 1 ad 4
\b — ]/ jbb 00 b
ybb 00 jbb quod abiurdum. Ergo VDY non
poteft elle Elliplîs.
Si punctum D proxime ad Y accipiatur, apparebit facile DO fieri âuplam A C.
nam quia vis centrifuga in V ad eam quœ in D, liait VC ad DO hoc elt ut KDad DO
(nam KD fumitur 00 VC) atque etiam ut KD ad DH, ideo DO 00 DH. Sed ut KD
ad DH ita DC ad C A • Et fumpto puncto D proxime ad Y fit KD dupla DC. Ergo
tune et DH dupla A C, ideoque et DO dupla A C. Ergo convexitas curvse ad Y erit
quanta circumferentiae radio TY deferipta?.
Remarque apparemment ajoutée plus tard:
Curvœ YDV naturam aequatione exprefl'am habemus folio ab hinc 40. 12) quaean-
gulum ad V cum reéta CV facit 45 gr. Et cui ad datum punctum D tangens ducitur,
ponendo ut VC ad CD ita lit OZ ad CZ. Sed et aliter ut ibi oftenditur. Imo curva
ha;c nihil aliud elt quam parabola, vertice Y, axe YT. latus rectum 00 2CV.
d'un sphéroïde, mais cette remarque linale du § 4 date de plus tard. Ici Huygens suppose appa-
remment que même dans ce cas limite la forme sphéroïdale subsisterait. Et il admet de plus que
la vraie pesanteur est la même en chaque point de la surface. Il s'agit d'examiner si, dans ces
hypothèses, la résultante de la force centrifuge et de la pesanteur en un point donné de la sur-
face est normale à cette dernière; ce qui paraîtra ne pas être le cas, de sorte que l'ensemble des
hypothèses se montrera inadmissible.
Le point choisi D est tel que DO = b = la moitié de VC ou 2b, l'axe CY étant égal à b. La
force centrifuge en D est donc la moitié de celle en V, autrement dit la moitié du vrai poids en
D (ou ailleurs): DH = JKD(ou $VC). — VL(ou VG) est dans la Fig. 108 égale à VC comme
dans la Fig. 107; mais ceci n'importe guère. — Le triangle CDa est semblable au triangle DKH,
donc „DC ad CA ut 2 ad 1". Quant à l'équation ^bb 00 xx, d'où résulte ~Lbb 00 qu.DC,elle
x2 y2
provient, peut-on dire, de l'équation de l'ellipse tj-J- = 1 en y prenant}- (ou OD) = />,
de sorte que, pour x = OC, x2 = £ b2.
Or, en supposant AD normale à l'ellipse, on aurait DS: DO = b2:^b2 (rapport des carrés des
axes) — nous avons ajouté la lettre S à la figure — ce qui, en prenant DS = £ — 4C = /; —
V
7b2
L — , conduit à l'équation absurde „çbb 00 7bbn.
\6
396
CONSIDÉRATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE.
§ 8. Longueur du pendule fous le pôle a celle du pendule fous l'equateur comme
289 ad 288.
En laiiïant donc le pendule fous l'equateur de 289 au lieu de 288, il ira trop lente-
ment, et le nombre de fes vibrations en 24 heures au nombre des vibrations qu'il feroit
s'il eftoit de 288, fera comme |/ 288 ad ]/ 289. C'efl: a dire comme 288 à 288^
allez près ou comme 288^ a 289 ou comme 577 a 578.
[Fig. 109]
20.0000 1.
\ 19.63650 1.
s' / - 2.46090 1.
17.17560
s. ex 20.00000
578 -t— 577 86400/86250I
Doncfi,efl:antde 288, il faut 86400 vibrations en 24 heures,
qui feront autant de fécondes, il fera, citant de 289, 86250^ vi-
brations en 24 heures. C'efl: a dire qu'il retardera de 1 49^ fécon-
des, qui font allez près 2§ min.
§ 9. Latitudo Paris. 48.51 50" a Notre Dame.
Ex régula. Sicut qu. EC ad qu. DO [Fig. 109] ita diminutio
penduli in E ad diminutionem ejus in D I3).
qu. radij
qu. fin. compl. 48°.5i'
_ 1 _
259
20.00000 fuivant ma règle
19.63650 do bis 9.81825 1. s.c. 48°.5 1'.
2.17609 1. 150
1.81259I. 65" five i'.5* retardement
[en un jour] a Paris. ,5).
- 2.82440 1. 5gïï accourciflement a Paris ,+).
[Longueur du pendule à Paris] 3 p[ieds]. o [pouces]. 8i li[gnes]
440^ lig. pendule a Paris
2.
3
44 1 £ li. pendule fous le pôle
i| accourcilfement fous l'equateur
439I lig. pendule fous l'equateur
440e
| lig. excès du pendule a Paris fur celuy fous
l'equateur. et tant foit peu d'avantage. Mr. Richer avoit trouve ii lig. l6).
Drus l'alinéa qui suit cette dernière équation Huygens fait une autre hypothèse sur la posi-
tion du point D. La recherche du rayon de courbure en Y fait voir que hi courbe VSY ne peut
être une ellipse.
,2) § 10 et suiv.
I3) Voyez sur cette règle l'Avertissement qui précède.
M) Appelant x raccourcissement à Paris et j3 la latitude de cette ville, on a d'après la règle
: 2B9 = D°2 : EC2,donc x = 5 * 5 cos;/3,d'où log.r = 2 logcos/3 + log - » - = — 2.8i
440.
CONSIDKRATIONS ULTÉRIEURES Sl'R LA FORIWL DK LA TERRE
397
9.-8934 1. qu. fin. compl. 52e
19.57868
2.46090 [1. 289]
17.11778
20.00000
2.88222 . . 7g3 [accourciffement du pendule à la latitude 520]
c numéros vibrationum AC penduli [Fig. 1 10]. [AC = £, AB = a].
a | ]/ ab cl — ~ numerus vibrationum AB.
a a — \/ab eu *
1 / a
Suivent des calculs fur le retardement du pendule pour toutes les latitudes de
i° à 890. Ils font analogues à celui pour le retardement à Paris. P.e. pour 520:
520 9>78934
2
19.57868
2.17609 L1- i5°]
I.75477 1. 57 [donc un retardement journalier de 57"
à la latitude de 520].
Nous avons fait mention aux p. 639 et fuiv. du T. XVIII des obfervations de
Huygens dans les pages fuivantes du Manufcrit F fur le rapport de de Graaf fur
l'expédition de 1686 — 1687 au Cap de Bonne Efpérance,
IS) Lorsqu'on transporte à l'équateur une horloge marchant bien au pôle, la longueur du pendule
restant par hypothèse la même, elle retardera en un jour de 6~^ ou 150", ce qui d'ailleurs a
été calculé au § 8. Ailleurs le retardement journalier sera de 150 cos2 ,5 secondes.
,(S) Voyez sur l'observation de Richer la note 3 de la p. 376 qui précède où nous renvoyons aussi
à l'Appendice II de la p. 405 qui suit.
I98
CONSIDERATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE.
§ 10 '•"). 3 Dec. 1687. Sit YC 00 b. CV 00 X [l'un et l'autre apparemment dans une
figure analogue à la Fig. 11 1 ; dans la Fig. 1 1 1 Huygens prendra YC 00 b~\. p vis centrifuga in
V aequalis gravitati abfolutae.
[Fig. ni]
px — \px oo bp
x oo ib
[c. à. d. CV = «YC. Fig. m]
Cum ponatur vis centrifuga in V aequalis
gravitati abfolutae: erit \px vis centrifuga
canalis VC. qua? ablata à pondère canalis
CV, quod eft px, relinquitur \px pro
preffione canalis VC ver fus C, quae aequalis
débet effe preffioni canalis VC verfus C,
quse aequalis débet elfe preffioni canalis
YC verfus C, qua? eft bp. Mine fit CY 00
\Q V. Ita femper fequitur ratio C V ad CY
ex data ratione vis centrifuga? in V ad
pondus abfolutum.
Sit a 00 VC [Fig. \\\\.p pondus ab-
folutum cui aequalis vis centrifuga in V
punfto.
a
y
Ipy
p / — vis centrifuga in D.
Potuiffem ponere a etiam pro pondère
ablbluto, loco p.
DC D0 * I *
t / — : — py pyy
V**+yjTT-y- -Vla\/xx+w
momentum gravitatis quod vis centrifuga in D, in canali DC,aufert a pondère abfo-
luto tendente verfus C. Sit DS hoc momentum ratione CV ponderis abfoluti. Jam
in punétis intermedij canalis DC erit hoc momentum ut applicatae in A° CDS.
Pondus abfolutum minus § DS ducitur in DC: tumque hoc produétum efficic totum
pondus aquae in canali DC, premens verfus C: quod aequari débet ponderi YC canalis
verfus C prementis in quo nulla vis centrifuga unde hoc pondus fit ex YC ducta in
/>feuVC11!).
Ex preffione aequali in canalibus DC, YC quaefivi puncriim D in curva YDV, po-
nendo CO 00 x et OD 00 y, unde fit œquationaturameurvaeexprimens. Huiccurvae
tangentem ex methodo duxi MD, fit OM— — — .
laax
'") Les §§ 10 — 14 sont empruntés aux p. 311 — 314 du Manuscrit F.
,8) Ou plutôt: p aurait été égale à VC, si Huygens avait pris „a pro pondère absoluto".
CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORR1K DK LA TERRE.
399
Calcul:
pyy
- a \/ xx + y y
DC ] xx + y y
m.
Ajouté un peu plus tard
V4 — laayy + a* oo ^aaxx
yy — an oo lax Parabola
. . pyy
p \/ xx + yy — | ^- oo §
4
<r//>
\/ XX + TV DO
i<w + àw
<«
Y4 — 2^7 — 4<7<7.r.r + r/4 oo o
d'où fe tire la fouitangente OM écrite plus haut fui van t la règle que Huygens démontre dans la
Pièce académique de 1667 I9).
OINI OD OD OZ
— y4 + aayy I laax
iciax
y —
• / _ yy _|_ aai
VC - DC
VC
CO OZ
— a-
^CldX
a — | xx -r yy -
— X — i — -
— vv 4- an
Ajouté plus tard: Haec omnia brevius poterant peragi (i animadvcrtiflem parabolam
efle.
[Fig. 1 1 2]
§ 1 1 2°). Hic quafi tota Tellus ex aqua compofita effet ponimus. Et aquas canalium
DC, CY [Fig. 1 1 2] fefc mutuo fuftinere feu aequilibres effe ut altéra alteram non
pellat loco.
In Canali C Y nulla eft aqua; vis centrifuga.
At in canali CD; qua? quantum faciat ad pre-
mendum (ecundum CD, et pro particularum
diitantia ab axe CY, confideravimus in hoc
calculo. Vis centrifuga aquse in canali CD
contentée sequatur neceflario vi centrifuga;
aquce fi impleatur ea canalis DO, qua? efl:
«vv
Cp pondus abfolutum, CV oo a. n vis
I9) „Regula ad inveniendas tangentes linearum
curvarum", T. XX, p. 243 — 255.
2°) Dans ce § il n'est plus supposé, comme au § 10, que la force centrifuge à l'équateur soit égale à
la pesanteur.
400 CONSIDERATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE.
centrifuga in V), ut facile apparet fi imaginemur quafi particula? canalisDO fingulx
in fuas vires centrifugas ducantur, hoc enim idem eft ac fi dimidia DOducaturin vim
centrifugam extremse particule D.
a
/fiy
— vis centrifuga in D, fecundum OD.
DC DO
]/ xx + yy y — / — y j DS vis centrifuga in D fecundum ca-
a I a [/ xx -\- yy [ m
\/xx + yy
nalem CD [comme au § 10]
— J •? J — = vis centrifuga CD
a \/ xx + y y
jjyy
p | / xx + yy eft pondus ex gravitate in canaliDC. § prefiio reliqua canalis DC.
il
. nyy
p y xx +yy — ^ oo bp pondus canalis YC.
, /■ , nyy
p \/ xx + yy oo bp + § -^
Cv
xx + yy oo bb H — -^j— + ?
bnyy nny*
ap * aapp
Sit p oo a 2I) a*xx + ât4jy oo <sr4££ + bnaayy + £ «z;^4
, , bn »»y4
xx oo bb — yy H w + t — a
JJ aaJJ 4 #4
fiyy uyy
Natura curva; ]/ xx + yy oo b -f- | -=^- five |/ xr + 3^ — ^ -^ do b. xx oo
'nyy
qu. £ + i -^ — vj». Bon. Hinc enim, fi j> — 0, fit £ oo VC — §«, five £ oo tf — §tf.
_ ClC-r
yy
Sit» oo i#. fit£ oo |^quia£oo <? — ^«quando^oo aS\x.xxoo qu. & + £ — — 37.
Sit y oo T909o a. yy oo f^oVô <^- ^l x °° I ^ proxime. Ergo cum y fere a^qualis
a fit # major quam | #. Ergo figura jam tune ad verticem V rotunditatem habet
quando virtus centrifuga oo ~ ponderis abfoluti.
2I) Comparez la note précédente. Ici Huygens prend „a = pondus absolu tuin", ce qu'il ne fait
plus dans les dernières lignes de ce § ni dans les §§ 1 2 et 14.
CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DL LA TERRE.
40I
k*yy
an
xx + yy oo b + a— - fcd /> 00 a — \— quia rf/> — \an 00 />/>, hoc cil quia
preflïo canalis VC débet aequilibris elle canali CY.
Lrgo [/ xx + y y 00 a — \- ' " . Ita non opus elt b.
y y
1 lie li 11 20 p fit | xx + yy do 4<? + §• , unde parabola ut viderc e(t pag. 12
[c. à. d. à In p. 31 1 du Manufcrit F, § 10 qui précède], cujus latus reéhim oo ia. vertex Y,
axis YC.
aan aann nyy nnyy nny* _.
%\2. xx do aa 1- i \- -^ — i — — + \ — - -y y. JNatura curvœ
P PP P PP 4<utpp
un
meliusquam pag. praecedenti. Cette équation provient de la fubftitution de a — \ — à Z>dans
bmy 11 n y*
l'équation du ^ 1 1 xx -f- W = bb 4- — — 4- i .
n ■* ' -- ' ap ' *aapp
Si 77 minima, fit xx oo aa — yy fere, hoc eir circulus proxime.
<y4
Sit » oo |/>. fit ** oo ■& ** — f yy + ^ ^-. Sit^ ,%% a. xx oo T% — f §§§§ +
iSoooooooo
■*•* ~-^ iSoooooooo
.v oo T%. Et 3^ ad .r oo i ad -i.
77
Si- oo Tqô vel fimilis fractio exigua fit xx oo T9595<sw — T9e?ô yy proxime. Ellipfis.
Si- oo ^fpfit-VA- oo %\\aa — \\%yy- Ellipfis cujus latus rectum ad tranfverfum ut
288 ad 289. ldeoque axis minor ad majorera ut 2884. ad 289 proxime, hoc eft ut 577
ad 578.
\
§ 1 3. Pour faire une Carte Platte du demy globe de la Terre dans laquelle les degrez
des méridiens feront égaux entre eux et aux degrez de
[F ig. 1 1 3] l'Equateur. Et dans chaque parallèle les degrez aufiî égaux
et dans la vraije proportion aux degrez de l'Equateur.
On placera facilement dans cette carte [Fig. 1 13] chaque
"N lieu en fa longitude et latitude.
v On aura fur une mefmc efcelle les lieues de leur longi-
» tude. Celles des Latitudes auront pour efcelles la partie de
/ leur méridien comprife entre les parallèles qui enferment
''• ces lieux **\
/ y
S 22) ^Projection de Flamsteed", comme nous le disons aussi dans
l'Avertissement.
51
402 CONSIDÉRATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE.
Les quarrez feront de 10 degrez.
Cette carte pourra reprefenter allez bien la figure des Terres, mais celle qui efl avec
des méridiens parallèles et les degrez de Latitude croiflants fuivant les fecantes des
latitudes s3) font plus commodes pour prendre la longitude et latitude des lieux qui y
font marquez et ils ont les rumbs n) exprimez par des lignes droites.
a an nyy aann nnyy nny*
•N ^ • • P P PP PP aaPP
Sit az do y y
4ppxx \ppaz <\apz ^ppaa \paa
nn un n nn n
c- aP r
Sit - DO / jrr rr
» r , WZ jr , r , \ffxx i . ,
2#jz - 4/x + -^— — \ff + 4/<v — tftf + — do zz hyperbola.
, r a aa
p } .
- DO -
;; a
Si f DO a [c. à. d. fi la force centrifuge à L'équateur eit égale à la pefanteur] fit
iaz — aa -f \xx do zz
a — 2X do z
aa — lax do yy parabola [comparez le § io].
Sit n do \p. ergo # oo 4/, 2^ do /!
1 o^z — yaa + 1 6a- x do 22
5<z — \/ 1 6#«sr 4- 1 6xx do 2
5<sr — 4 [/ aa -\- xx do z hyperbola. bon.
!J) C'estce qu'on appelle généralement la projection de Mercator. Comparez sur cette projection
l'Appendice III qui suit.
24) Ou loxodromes.
APPENDICE I
AUX CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME
DE LA TERRE >).
[1687 OU 1688]
Le préfent Appendice a été mentionné dans la note 9 de la p. 393 qui précède.
57060 toifes de Paris a un degré de l'Equateur félon M. Picard 2).
55021 toifes de Paris à un degré — félon Snellius, ex Picardo 7).
6538594 toifes diameter terra? Picardo
3
1 96 1 578 2 pedes parifienfes femidiametri terra?, Picardo.
1 9595 1 54 pedes parifienfes § diam. terra» Snellio.
H4
282 1702 176 linea? femid. terrai
4401 linea? penduli fecundorum
1 242959808528. La racine carrée de ce nombre eft 1 1 1488 1.
fécond. /
44c4 1114881 — /2531
/ — . — 2
5062 ... 1 h. 24'. 22"
tempus duarum vibrationum penduli a?qualis femidiametro terra? fecundum Snellij
menfuram.
1 h. 25'. 54" tempus idem fecundum menfuram Picardi.
h h
^4 -1— i-25'-54" 864o° — 5!54-
Le quotient de (86400)2 par (51 54)* efl 281. Donc: ^T diminutio gravitatis fub Aequa-
tore fecundum menfuram Picardi.
') Manuscrit F, p. 315. Cette Pièce — où il n'est question que de la grandeur de la diminution
de la gravité auprès de l'équateur par l'effet de la force centrifuge dans le cas d'une terre par-
faitement sphérique — fait suite aux Considérations de 1687 sur la forme de la terre; elle date
soit de décembre 1687 (voyez le début du § 10), soit du commencement de 1688: la date du
27 mars 1688 se trouve à la p. 320 du Manuscrit.
2) Ces valeurs se trouvent en effet dans la „Mesure de la Terre" de Picard déjà mentionnée dans
la note 9 de la p. 393 qui précède et antérieurement.
404 CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE. APP. I.
Les pages fuivantes 316 — 319 du Man. F. contiennent des calculs fe rapportant à des horloges.
Il eft queftion de l'expédition de 1686 — 1687 au Cap de Bonne Efpérance, déjà mentionnée par
nous à la fin du § 9 qui précède.
C'eft ici qu'on trouve (p. 316) la phrafe déjà publiée dans la note 9 delà p. 178 du T. XX:
Te gelyck de Lcngden gevonden en cen bewijs van \ draeyen deraerde. T eenigh
waerncmelijk effeft van dit draeijen. C. à. d.: Trouvé (îmultanément les longitudes et une
preuve de la rotation de la terre. Seul effet obfervable de cette rotation.
Iluygensy dit aufîi (même page): Als men de grootheyt der aerde naar Picardi maete
neemt, komt de wegh nae de horologien ietwes dichter bij die van de ftuyrluijden,
en evenvvel in de lengde tuflehen de Caep en Texel geen merckelyck vcrfchil.C.à.d.
Si l'on prend la grandeur de la terre d'après la mefure de Picard, la route indiquée par les horloges
fe rapproche un peu plus de celle des pilotes; cependant cela ne fait pas de différence appréciable
pour la longitude entre le Cap et Texel.
APPENDICE II
AUX CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME
DE LA TERRE •).
[l688]
Le préTent Appendice a été mentionné dans la note 16 de la p. 397 qui précède.
Nov. 88.
Dans les Obfervations phyfiques et mathématiques des P.Jefuites faites a Louveau
au royaume de Siam. 1 686. la longueur du Pendule (impie de 36 pouces 6 lignes tout
au plus après plufieurs expériences. La remarque dit que la mefme longueur a elle
trouvée par M. Varin en rifle de Goree proche le Cap Verd, qui eft environ fous le
mefme parallèle que Louveau.
La différence des Méridiens entre Paris et Louveau eft de 6h. 34.46' . partant la
différence des Longitudes ()SA.^i^'.o". La longitude de Paris depuis rifle de Ferroeft
fuppofée de 2 2d.3o'.o d'où la Longitude de Louveau fera de 1 aid. 1 1^.0. Il y a des
cartes modernes qui font cette Longitude de 145 degrez. Hauteur du Pôle de Lou-
veau i4d.42.3o".
') Manuscrit F, p. 32;
APPENDICE III
AUX CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME
DE LA TERRE •>
[l685]
Le préfent Appendice, antérieur en date, fe rattache au § 13 qui précède. Il traite de la projec-
tion de Mercator laquelle fe rapporte — eft-il befoin de le dire? — au cas d'une terre fphérique.
In de Caerten met wa (Tende graden [Fig. 114] — comparez la note 7 de la p. 388
qui précède — , iijn de ruijten van meridianen en parallelen gemaeckt gelijcformigh
aen de ruijten door de felve op de globe
[Fig. 114] gemaeckt. te weten als men de ruyten
quafi minimas confidereert.
De meridianen werden in deze caerten
parallel geftelt, daerom de ftucken der
parallèle circelen vergrootingh krijghen,
als bij exempel die 60 gr. van den aequator
affijn werden dubbel van t geenhij was 2),
daarom moet de hooghte van de ruijten
op die parallel circel ooek vcrdubbelt
werden, dat is 1 mael foo hoogh fijn als
de ruijten op den œquator a die vierkant
fijn. Want foo fullen die ruijten gelijck-
formigh fijn aen die van de globe op defe
parallèles, alhoewel veel grooter. Hier-
door komen aile ftreecken recht in plaets van de kromme ftreecken 3) tôt groot ge-
mack in t vaeren.
De ftukken nu der parallelen als yè [Fig. 1 15] werdende rpj_ 1 1 =(]
vergroot nae de proportie van de radius tx.fi of ocè tôt de ra-
dius 7<J, foo werden ooek de hooghten der ruijten nacr de
') Manuscrit F, p. 21 1.
2) Les cinq derniers mots ont été ajoutés après coup. Lisez plutôt;
„van 't geen sij warcn".
3) Les rurabs ou loxodromes. Comparez la p. 237 du T. XVII.
CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE. API'. III. 407
felve vergroot dat is me de reden der fecans ta. tôt dcn radius a/3. Dacroin als men
den radius a(3 gclijck ltelt aen AB de wijdte van een graed der aequinofrien, foo isac^
de hooghte der ruijte die op de plaetie der parallel yè moet komen, en foo overal,
volgens de taugeutcn der boghen tufîchen iedcr parallel en den aquinoctiael.
Oui dat de dillantien vergrooten hoe verdcr van den aquator hoc nieerder foo is
noodigh 0111 die in mylen te konnen afpaflen, dat men een fchale hebben tôt defe
reductie, waer toc beit is ieder hooghte van ruyt als AL, LM, MN in 15 gelijcke
deelen te deelen, als ieder hooghte een graed begrijpt, want dan ieder deel eenduyt-
fche mijl is en defe wailende deelingen dicnen tufîchen ieder 2 parallelen voor de
begeerde fchale.
Men kan dcefe fchale oock netter verdelen volgens de différentiel! der vervol-
gende fecanten van 4 tôt 4 minuten.
APPENDICE IV
AUX CONSIDÉRATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME
DE LA TERRE.
[1688 et 1689]')
Calcul, infpiré par les „Philofophiae Naturalis Principia Mathematica" de Newton, fur les gran
deursde la pefanteur à la fnrface du fuleil et de la planète Jupiter et fur la valeur de la force cen
trifuge, caufe de raplatilfement, à l'équateur de cette dernière.
Huygens commence par vérifier dans ce que nous appelons le § 1, le fait que, fuivant la loi de
Pattraftion de Newton, la pefanteur de la lune eft égale à la grandeur de la force centrifuge réful-
tant de fon mouvement autour de la terre.
§ 1. Vim Ccntrifugam Lima? axmipollere ipfius gravitati in rcgione fuaqua verfus
Tcrram nicitur. Ex Neutono, cujus calculus cumhocmeoconvenit. vid. pag. 406 2).
Periodus luna; ad fixas dicrum 27. hor. 7. min. 43. Terra; circa Solemdicrum 365.
h. 6. m. 0'.
Diir.anr.ia luna; femidiametrorum terra; 60. Vis centrifuga corporum fub a?quinoc-
tiali circulo eft T|^ gravitatis eorum.
Gravitas in tcrram decrefeerc ponatur in ratione contraria quadratorum a diftantijs
a centro, quoniam hoc idem circa planetarura gravitationcm verfus folcm ponendo,
fequitur eorum in fuis cuique orbitis œqualcm effe vim ccntrifugam dicta; in folem
gravitati, unde manent in orbitis fuis, quas cllipticas effe oftendit Ncutonus, obfer-
vavit Ceplcrus.
Si luna 24 horis periodum abfolveret, effet ejus vis centrifuga fexagccupla vis cen-
trifuga' corporum fub œquinoétiali. Sed eft ea periodus d. 27.11.7. min. 43'.
Ergo ad terra; revolutionem proximè ut 27^ ad 1. Et quadrata ut 747^ ad 1.
Ergo vis centrifuga Luna; ad vim ccntrifugam corporum fub rcquatorc ut *£7 ad
') La Pièce — dont nous avons déjà parlé à la p. 251 du T. XVI — eft empruntée aux f. 3, 4, 24
et 25 du Manuscrit G. Le début date de novembre ou décembre 168K, puisque la dernière date
qui se trouve dans le Manuscrit V est Nov. 88 (p. 327), tandis que la première du Manuscrit
G (p. 8r) est 20 Dec. 1688. Mais les §§ 6 et 7 sont de 1689.
:) A la p. 406 de la première édition de l'oeuvre de Newton se trouve la Prop. IV. Theor. IV du
Liber Tertius („De Mundi Systemate"): Lunam gravitare in terrain, & vi gravitatis retrahi
semper à motu rectilinco, & in orbe suo retineri".
CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE. API>. IV. 409
1 . Atqui vis centrifuga iub xquatore eft 3|5 gravitatif ex tractatu noftro de Caufis
gravitatis. Ergo vis centrifuga luna; cil ad gravitatem corporumfuba;quatorc ut 5|5
in fi£7 ad i . Hoc cil ut 3-3^3 ad 1 , hoc cil proximè 5-550 ad 1 .
Sed gravitas in rcgione luns ad gravitatcm in terreilri aequatoreeft itidcmut T565
ad 1, quia décrétât in ratione contraria quadratorum a diftantijs, quarum diftantiarum
ratio cil quai 60 ad 1 . ltaque vis centrifuga Lunae œquatur prorfus cjus gravitati qua
vertus terrain deprimitur, ac proinde in orbita fua permanet.
§ 2. Ad qiuerendam gravitatem corporum qua? in fuperficie Jovis verfus centrum
ejus.
Ponamus cum Neutono terra; £ diametrum ex Sole videri 20" [A la p. 1 v du Manu-
ferit Huygens ajoute: Si terra? diameter ex Sole eft 20" erit diftantia proxime 1 0000 dia-
metrorum terra; 3)]. Etfi ego longe minorem pono, faltem duplo 3).
Jovis | diametrum ex Sole 19".
Eft autem ex temporibus periodicis diftantia Jovis a foie ad diltantiam terra; a Sole
ut 52 ad 10. Satellitis extimi periodus dierum 16J. Diftantia maxima a Jove ex Sole
8'i3".
Datur vis centrifuga Luna; 3/^ gravitatis terreftrium. Datur et ratio vis centri-
fuga.1 extimi fatellitis Jovis ad vim centrifugam lunae. Ergo datur ratio vis centrifuga;
hujus fatellitis, qua; eadem eft gravitati ejus in Jovem, ad gravitatem in fuperficie
Terra;. Sed datur etiam ratio gravitatis in Jove ad gravitatem diéti fatellitis. Ergo
datur et ratio gravitatis in fuperficie Jovis ad noftram hanc in Terra,
ratio diftantia; diftantiam
terra; a 0 — ; — Jovis a © diftantia
fatellitis
10 j 52 8'i3"(493") 2563" diftantia satellitis
ex Sole fi apud terram
20" terra; 4- diameter ex 0 effet pofitus Jupiter
60
1 200" femidiameter orbis luna; ex 0
2563" — | — 1 200" ita effet vis centrifuga fatellitis a Jove ad vim
centrifugam luna; a Terra, fi luna, ut ipfc, periodum expleret diebus i6|. Sed eft
luna; periodus dierum i"j\.
273- i6| dies periodus extimi Jovialium. ratio diametrorum 2563 — ,— 1 200
747£ 280/5 rati° quadratorum periodorum inverfa 747^ — , — 280/^
[produits] 191 4846 , 336600
. Voyez le début du § 3 qui suit, ainsi que celui du § 5.
52
410 CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE. APP. IV.
Ergo nunc fane ut 19 14846 ad 336600. Ergo fie quoque gravitâtes utriufque in
Jovem ac Terrain. Sed Satcllitis gravitas verfus Jovem elr. ad gravitatem eorporum in
Jovis fuperiieie ut 390 [carre de 19 |. I diameter Jovis ex Sole] ad 243049 [carré de
493 , diilantia fatellitis a Jove, ex Sole]. Et gravitas lunae ad gravitatem eorporum in
luperfieic Terras ut 1 ad 3600.
390 — — 243049 [1914846011] 191 5000/1 193433 gravitas in Jove
1 — | — 3600 [336600 ou] 337000 A 2 1 3200 gravitas in Terra
1 1 934 - 1 2 1 32 1 y«B ad 1 [liiez 1 ad 1 j'g]
Ergo tantillo major [lifez: minor] tantum in Jove quam Terra. Sed ex veris diame-
tris alia proportio oriretur.
§ 3. Eadem gravitas in jove verioribus diametris Jovis et Solis.
Sit 10' Terra; 4- diameter ex © feu parallaxis horizontalis 0, iecundum Cafiinum
quœ fecundum nos paulo minor 4).
I 9 1 4846 (ut pag. pra:C.) — T - I 68000 [produit de 600 par ;8or95 ou plutôt 280]
52 - 42 60". diameter % ex terra, cum foli oppolitus /48V. diameter^: ex 3
24^' 4 diam. % ex 0
588 pro 390
pag. prsec.
588 — — 243049 — 1915/791562^ gravitas in Jove
1 —y— 3600 - 168/604800 gravitas in terra.
Ergo gravitas in Jove ad gravitatem in Terra ut 1 T3Ô ad 1 cireiter.
§ 4. Quanta (it vis eentriiuga in Jove (comparez le § 6 qui fuit).
*) A la p. 327 du Manuscrit F, qui porte la date Nov. 88, Huygens écrit:
La parallaxe du Soleil diftant du Zenit de 22°. 39'. 15' eil de 4', félon que Mr.
Caffini Ta eilablie par diverfes méthodes dans l'examen des obfervations laites h la
Cayene et a Paris en mefme temps [voyez la p. 331 qui précède]. La mefme parallaxe
quand le foleil eil diftant du Zenith de 3-0. 29'. 20' eit de 6 . d'où refulte la Pa-
rallaxe horizontale du Soleil de 10' 1 8'". C'eft a dire que la diftance du Soleil a la
Terre fera de 209 1 4 demidiametres de la Terre, qui félon mon calcul dans mon
Syfteme de Saturne cltoit de 24000 demidiametres [comparez la p. 308 qui précède,
où nous avons dit que chez I luygens en 1659 la parallaxe horizontale du soleil était de 8", 2,
meilleure valeur que celle de Cafiïni qu'il adopte ici].
CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE, AIT. IV . 41 I
52 10 ratio dillantiarum a Solo Jovis et terra'.
24} — | — 10 ratio apparentium diametrorum ex foie.
[produits] 1261 |— 100 ratio diametri Jovis ad diamctrum ton a-.
576 — | - 100 ratio inverfa quadratorum temporum periodicorura.
[produits] -26336 ioooout73^d 1 ratio vis centrifuga in Jove ad vim centri-
fugam in Terra.
Sed vis centrifuga in Terra, nenipe fub aequatore, efl: â|5 gravitatis corporum.
Ergo vis centrifuga (ub Jovis aequatore erit -/ff35 noftrae in terra gravitatis. Et JX s)
gravitatis in Jove, hoc efl fere i.
§ 5- Quanta lit gravitas in fuperficie Solis, verdis ejus centrum.
Sit diitantia Solis a Terra ioooo diam. Terra.*. Secundum Caflinum. mihi erat
1 2000 4). Hinc diamcter terra? fit £% diam. 0.
Si Terra 2j\ dicbus circa © ferretur, effet ejus vis centrifuga ad vim centrifugam
Luna qua ioooo ad 30. Sed nunc eil ut 10000 ad 5460.
226 I diametri 0 diitantia ejus a Terra 13I
226 13I
51076 i8a£
10000 30
510760000 gravitas in Solis fuperficie 54^°
3600 60 in 60
19656000 gravitas
in terra; fuperficie
Ergo gravitas in fuperficie Solis ad gravitatem in fuperficie Terra ut 26 ad 1.
bb aa
16 - 1
92 b- -bl— [Fîg. 116]
/ac,
21
2392^ 00 bb
48 vel potius 49 [racine carrée
4lZ» ^ 2392]
Ergo materia fubtilis 6) velocius fertur circa fuperficiem
Solis quam circa fuperficiem terra in ratione 49 ad 1 .
s) Suivant le § 3 le rapport de la pesanteur de Jupiter à celle de la terre est 791562^ .-604800.
Ici Iluygens prend 376 : 289 ce qui eft à peu prés la même chose puisque le premier rapport
correspond à 378 : 289.
*) Il s'agit de la matière subtile qui, suivant I Iuygens, cause la pesanteur de la terre, celle du soleil
etc. en circulant en tout sens autour du corps céleste considéré : comparez les p. 634 — 636 du
T. XIX et les p. 437 — 439 qui suivent.
4-ia
CONSIDERATIONS ULTERIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE. API'. IV.
Dans la Prop. VIII. Theor. VIII de fon Lib. III Newton avait trouvé pour le rapport des„pon-
dera . . . a;qualuim corporum in Solem, Jovem ... & Terram ... in eorum fuperficiebus verfan-
tium" . . . ioooo: 804^ : 805^.
D'après les §§ précédents 3 et 5 Huygens aurait pu écrire 10000: 503,7 : 384,8.
La vraie valeur de ces rapports (en prenant io8| : 1 pour celui des rayons du foleil et de la
terre) eft environ 10000 : 950 : 370.
§ 6. La force centrifuge dans chaque planète doit égaler la force de fa pefanteur
vers le foleil, à la diftance ou elle eft. Mais les forces centrifuges font en raifon con-
traire des quarrez de leur diftances; comme l'on trouve par les temps périodiques, et
par les loix centrifuges.
Vis centrifuge ratio componitur ex ratione radiorum et ex ratione contraria qua-
dratorum periodicorum.
Comparez le § 4 qui précède.
[Fig. 117]
§ 7. Diameter ad axem Jovis ut 1 o ad 9. Pondus in
Jove ad vim centrifugam fub ejus aequatorc ut 5 ad 1,
fupra inventum.
Au lieu du rapport 5 : 1 nous trouvons fuivant les données
modernes environ 11,5: 1.
Hsec [Fig. 117] effet forma Jovis in oppofitionc 2>.
quod cum obfervatis convenit quantum puto "). Sîepe
autem rotundior apparet quia extra oppofitionem parti-
cula qua?dam obumbrata nobis non cernitur. quae eft ~Q
circiter diametri. Frgo fempermanet paululum ellipticus.
") Nous avons déjà dit dans la note 7 de la p. 269 du T. IX, en ayant égard au présent § 7, que
Huygens a fait un calcul fur la forme de Jupiter. Ce calcul consiste apparemment à dire que le
rapport -L de la force centrifuge équatoriale à la pesanteur conduit à un aplatissement
même que pour la terre le rapport correspondant ^^ conduisait à l'aplatissement y£ïï
-'- de
1 o' Ul-
OBSERVATIONS DE 1689 ')
SUR QUELQUES PASSAGES DES
„PRINCIPIA" DE NEWTON, ET NOUVELLES
CONSIDÉRATIONS DE CETTE ANNÉE SUR
LE MOUVEMENT D'UN CORPS PUNCTI-
FORME DANS UN MILIEU EXERÇANT
UNE RÉSISTANCE PROPORTION-
NELLE AU CARRÉ DE
SA VITESSE.
') Voyez cependant sur la date du § i la note 2 de la p. 416.
OBSERVATIONS DE 1689 SUR QUELQUES PASSAGES DES
«PRINaPIA" DE NEWTON, ET NOUVELLES CONSIDÉRATIONS DE
CETTE ANNÉE SUR LE MOUVEMENT D'UN CORPS PUNCTIFORME
DANS UN MILIEU EXERÇANT UNE RÉSISTANCE
PROPORTIONNELLE AU CARRÉ
DE SA VITESSE.
§ 1. Thcorema nollrum de centri gravitatis quiète vel aequali progreflu perfeve-
rante demonitrare conatur Nevvtonus, et refteincorporibusanteconciirfum,fednon
poft.
Cette obfervation eft empruntée à la f. H 2 ou 10 r. du portefeuille L '). Les feuilles de ce por-
tefeuille traitent furtout de la queftion du „mouvement abfolu" ce qui fuivant Iluygens eft une
expreflion inadmiflîble ; voyez fur ce fujet les p. 213 et fuiv. du T. XVI.
Iluygens parle du Cor. 1 1 II de Newton à fes trois „Axiomata lîve Leges Motus"; nous avons
déjà cité ces trois lois dans la note 1 de la p. 246 du T. XVI. Voici le corollaire en queftion .^Com-
mune gravitatis centrum ab actionibus corporum inter fe non mutât ftatum fuum vel motus vel
quietis, & propterea corporum omnium in fe mutuo agentium (exclufis actionibus & impedjmentis
externis) commune centrum gravitatis vel quiefcit vel movettir uniformiter in directum". Dans
les éditions fuivantes, que Huygens n'a pas connues, ce texte a été modifié, mais le fens eft refté le
même. Ce n'eft d'ailleurs pas de cet énoncé que Huygens parle mais feulement deladémonftration
qui, dans la troifième édition, eft encore exactement la même que dans la première. Il nous femble
probable que ce qu'il entend critiquer font plutôt les vues générales de New ton exprimées dans les
lois et dans le célèbre Scholium qui les précède, où il eft queftion e.a. du "Spatium abfolutum".
') Le ^portefeuille L" ne date que de 1928. D. J. Korteweg d'Amsterdam — f 1941* — qui
a longtemps eu les manuscrits de Huygens à sa disposition, a généralement réarrangé les feuilles
détachées. Il mit e.a. à part deux groupes de feuilles, se rapportant furtout à la question du
mouvement absolu, les marquant respectivement des lettres G et H. Lorsque, vers la fin de 1927,
H. A. Lorentz succéda à Korteweg comme président de la commission-Muygens, le directeur
de la Bibliothèque de l'Université de Leiden y fit rentrer tous les manuscrits. Lorentz qui s'in-
téressait beaucoup à la dite question joignit aux feuilles (î et H quelques mots où il demandait
de les laiffer ensemble. D'ailleurs toutes les feuilles détachées sont désormais conservées comme
elles avaient été arrangées à Amsterdam. Après la mort de Lorentz en février 1928 nous avons
mis nous-mème, en travaillant à ladite Bibliothèque, cette demande et les feuilles G et II dans
une couverture, en donnant à l'ensemble (pour la première fois à la p. 201 du T. XVI) le nom
de „portefeuille L"; la lettre L nous ayant été suggérée par la suite A — K desmanuscrits reliés.
CowhIecj u.%i ur Korteweg notre T. Nv NVu. *\..n» publtl en 1^41 une page * *u mémoire dam la revue him [an
1s p. 8y2 qui luit.
4 I 6 OBSERVATIONS DF. 1 689 SLR QUELQUES PASSAGES DES „PRINCIPIa", ETC.
Toutefois l'obfervation de Huygens — de date incertaine 2) — eft trop brève pour qu'il nous
l'oit poflible de dire comment il eut pu s'exprimer s'il lui avait plu d'être plus explicite.
11 eft à remarquer que, quoiqu'il parle ici de „Theorema noftrum", il n'a jamais donné une dé-
monftration générale de ce „théorème", comme nous l'avons déjà obfervé aux p. 24 — 25 du T.
XVI, et qu'il a dû fe contenter de dire (dans l'a publication de 1669, T. XVI, p. 1 8 i)avoir remar-
qué une loy admirable de la nature ... qui femble élire générale [nous foulignons],
c'eft que le centre commun de gravité de deux ou de trois ou de tant qu'on voudra
de corps [fouftraits à toute influence extérieure] avance toujours également vers le même
corté en ligne droite devant et après leur rencontre. On a vu dans le T. XVI (note 5 de
la p. 221) qu'il a Congé un moment à prendre la „loy admirable" en queftion pour hypothèfe,
c. à. d. à la déclarer généralement indémontrable.
§ 2. Les obi'ervations de ce paragraphe ne contiennent pas de critique. Leur publication ne
l'en qu'à faire voir qu'en 1689 — comme auparavant; confultez p. e. dans notre T. IX le Rapport
du 24 avril 1688 aux Directeurs de la Compagnie des Indes Orientales — Huygens étudiait les
„Principia" dont il reconnaillàit la fort grande importance: confultez fur ce dernier fujet le § 12
de la p. 143 qui précède ainfi que le § - de la p. 310 du T. XIX et la p. 250 du T. XVI ainfi que la
p. 4-5 qui lV.it.
A 3). 39231474 pedes in diametro terra; Pariiïenfes ex menfura Picardi.
196 15737 pedes femidiametri terrse, vocentur a.
Si fuper turri 200 pedibus alta horologium ftatuatur, erit ibi minor gravitas penduli,
quse ad eam quam humi pofitum haberet erit ut aa ad qu. a -f- 200 hoc eft aa -f-
400// + 40000. hoc elt proxime ut a ad a + 400. Ergo fie quoque ofcillationum
celeritas.
1 96 1 5737 — î — 400 - 86400 fecunda in 24 horis A J-" uno die retardabitur.
Ceci ne veut pas dire que I luygens eft convaincu de l'exiftence de ce retard; comparez la p. 278
du T. XVII; il calcule feulement quel doit être le retard — p. e. pour une terre parfaitement fphé-
rique — s'il eft vrai, ce qui ne lui femble guère probable, que la loi de Newton eft encore valable
prés de la furface de notre planète. Comparez fur ce fujet la partie // du préfent § ainfi que les p.
439 — 44° qui fuivent .
2) Comme on peut le voir au T. XVI, les feuilles qui traitent de la question de l'existence, ou
plutôt de la non-existence, du mouvement absolu, ne sont généralement pas datées. II est vrai
qu'une page du Manuscrit F traitant du même sujet (Pièce III de la p. 222 du T. XVI) est cer-
tainement de 1688. Nous sommes d'avis — voyez les p. 197 — 198 du T. XVI — que la feuille
du texte date probablement de plus tard; vu l'incertitude de la date nous avons cru pouvoir
placer l'observation de Huygens ici.
3) Manuscrit G, f. 11 v. Les dates 20 Dec. 1688 et Apr. 1 689 (citation des„Acla Erudito-
rum" de ce mois) se trouvent respectivement sur les feuilles 8 et 27. La première date qui fuit
eft 27 Aug. 1 690 à la p. 53r, mais comme les f. 31 et 32 contiennent les Tables de matière
du Traité de la Lumière et du Discours de la Cause de la Pesanteur, lesquels parurent au com-
mencement de 1690, les pages antérieures sont sans doute de 1689.
OBSERVATIONS DE I 689 SUR QUELQUES PASSAGES DES „PRINC11'Ia", ETC. 417
B +). Neutoni Coroll. prop. i o lib. i .
La propofltionenfeigne qu'une force centripéteagifiantfuruncorpsetdirigéeverslecentred'une
ellipfe parcourue par ce corps (punctiforme) doit, pour pouvoir caufer ce mouvement, être pro-
portionnelle à la diltance du corps au dit centre. D'après le deuxième corollaire les périodes feront
égales pour différentes ellipfes ayant des grands axes égaux.
Il devoir avoir montre auparavant quelle raifon il y doit avoir entre les ecleritez
du corps à l'endroit ou aboutiflent les grands diamètres des Ellipfes, qui ont ces dia-
mètres égaux. Au refte ce corollaire eil véritable.
C 5)- Ad propos. 6 lib. 1. Neutoni 6).
SP'inOT2
Dicit vim centripetam in P e(Te reciproce ut folidum — q^ — [Fig. 1 1 8].
[Fig.1.8].
Commentarium. Ut pofllt dicerc re-
ciproce, neceiTe efr alterum infuper
punclum poni vel intelligi ut p, in quo
vis centripeta comparetur ad vim cen-
tripetam qua; in P. Ut autem ha; vires
inter fe conferantur, oportet fpatia
QSP, qSp œqualia efie; hoc ett f_ZJ SP,
QT sequale | 1° Sp, qt. t unique erunt
vires centripeta; ficut reéta; minimae
RQ ad rq. Nec video quid aliud fibi
velit hsec propofitio; nam fi dicit eiïe
. t, , . . . n Sp2 in qt1 , SP1 in QT2 ,
vim centripetam in P ad vim centripetam in p ficut — — ad ^77" — , hoc eit
ficut RQ in Sp- in qt- ad rq in SP2 in QT2, haec ratio manifeftè eadem eft quee RQ
ad rq, quia Sp.qt sequale SP.QT, adeoque sp2.qt2 «quale SP\QT2. Quidni igitur
dixit vis centrifugas in P et p elfe ut RQ ad rq. aut quare potius eas efle reciproce ut
SP\QT2 ^.qt2 . SP.Q.T Sp.qt , . SP2.QT3 ,
— >^R — ad quam ut reciproce — tyr — a" ~^~^ ve* ut reciProce "or —
Sp3.qt3
qr
4) Manuscrit G, f. I2r.
5) Manuscrit G, f. i5r.
6) Principia de 1687, Prop. VI, Theor. V du Lib. Primus „De Motu Corporum" (la figure est
celle du texte, copiée par Huygens, sauf que la tangente chez Huygens est PR au lieu de ZPIl
et qu'il ajoute les points p, q, r, t et les droites qui les joignent): „Si corpus Prevolvendocirca
centrum S, describat lineam quamvis curvam APQ, tangat vero recta ZPR curvam illam in
puncto quovis P, et ad tangentem ab alio quovis curva? puncto Q agatur QR distantiae SP pa-
rallela, ac demittatur QT perpendicularis ad distantiam SP: Dico quod vis centripeta sit reci-
proce ut solidum
SP quad._X^T quad.
QR
ultimo fit ubi coeunt puncta P et Q".
, si modo solidi illius ea semper sumatur quantitas qua
53
4 I 8 OBSERVATIONS DE I 689 SUR QUELQUES PASSAGES DES „PRINCIPIa", ETC.
An voluit poficis fpatijs QSP, qSp insequalibus, compararc tamen vires eentripetas
in P et p. Hoc erat.
Ponnntur [Fig. 1 1 8^/V] fpatia a.'qualia SBA, SFE.
/**
. Ratio r ad y, quae est virium centripetarum in A et E, (pofitis
fpatijs aequalibus SBA, SFE) com-
ponitur ex ratione r ad x et x ad v.
fed .r ad y ut //z/ ad
[Fig. 1 1 Mis]
r
uu
nn
x
ttss
nn
Ergo
nnruu
nnuu
ttssx
ttss
eil ratio ea-
x r
dem qua? r ad y hoc ert quse vis centripète in A ad vim centripetam in E. Et hoc vult
propolitio 6 lib. i. Etfi dicat fimpliciter vim centripetam efle ut — : ;.
Sed in pra>cipuis problematibus hac propofitione non opus eft. quando nimirum
valor QR invcniri potcll, et | | QT, SP datum ponitur.
D 7). Ad Prop. 9. 1. 1 . 8) Spiralis ha;c fempcr appropinquat puncto S [Fig. 1 19],
circumvolutionibus infinitis numéro, nec unquam ad ipfum pervenit.ac tamen longi-
tudiném certain non excedit.
Demonftratio perobfcura eit, in qua cum dicit, mutetur jam utcunque angulus
PSQ fifc, hoc tantum propofitum habet ut oltendat qualifcunque et ubicunque acci-
QT2
piatur angulus PSQ, femper :u>- elle ut SP. velut (i accipiatur angulus major qSP,
qt2 QTJ
erit hic quoque — ut SP. Nam quia ;XR ut SP, eit-
qt2
que qt2 ad QT2 ut qr ad QR, erit necefîario et —
QT2
ut V\r> hoc cil ut SP.
QR
[Fig. 119]
ÉTÏ
7) Manuscrit G. ('. 15 v.
8) Cette Prop. IX. Probl. IV du Lib. Primus est ainsi conçue: „Gyretur corpus in spirali PQS
sécante radios omnes SP, SQ, &c. in angulo dato: Requiritur lex vis centripetam tendentis
ad centrnm spiralis". Notre Fig. 1 19 est la ligure de Newton copiée par Huygensqui ajoute
les points q, r, r et les droites correspondantes.
OBSERVATIONS DF. I 689 SUR QUELQUES PASSAGES OF.S „PRINCIPIA", F.TC. 4 1 9
QT- OTa.SP9
Itaque cum (empcr fit p^r ut SP, dufto utroquein SP cric v n„ - ut SP3. ideo-
que per propos. 6, vis centripeta ut SP! inverfè.
Poterat autem eundem angulum PSQ velut in duobus locis adfumtum confiderafle,
et utrobique iimiliter duclas PR, QT, QR. qua? figura; proportionales fuhTent. Et
QT\SPS
quia vis centrituga ut ~R inverfè pcr 6. hoc autcm ut SP3, quia QT ut SP, et
ita quoque QR: erit et vis centripeta ut SP3 inverfè.
Démon Axa vi banc eandem propofitionem, ut propoiitionc fexta nihil opus efTet.
fi 0- Prop. i .
Si mobile abfqueattractioncgravitatismoveatur per médium rcfiftcns pro ratione ce-
leritatis, celeritates reliquat poftfingula tempora sequalia funt continue proportionales.
Referatur celeritas in principio motus reclà
[Fig. 1 2o] AB [Fig. 1 20]. Et poil: temporis particulam
.. quandam, lit reliqua celeritas CB, amifTa AC.
g f*£ 2> C Ji Ergo cum refiftentia fit ut celeritas diminuetur
celeritas BC altéra requali temporis pàrticula,
quantitate CD quae fit ad AC ficut CB ad AB. cum effeftus refiftentia? fit ut vis. Quia
ergo ut AB ad CB ita AC ad CD et permutando AB ad AC ut CB ad CD, ctiam
dividendo erit CB ad DB ut AB ad CB. Ergo continue proportionales AB, CB, DB.
Eodemque modo de reliquis celeritatibus EB, FB, poft fingulas temporis particulas
hœc proportionalitas demonftrabitur.
Prop. 2.
Si mobile abfque attradione gravitatis moveatur pcr médium refiftens pro ratione
celeritatis, erunt fpatia temporibus aequalibus peracla in continua proportione geo-
metrica.
Cum enim celeritates initio fingulorum temporum reliquat fint continue propor-
tionales, i\ illis celeritatibus fingula fpatia œquabili motu peracta intelligantur, etiam
fpatia ha?c erunt continue proportionalia. Quum autem fingula? illce temporis partes
in particulas squales innumeras dividi pofiint, fimulquc celeritates initio fmgularum
fint totidem proportionales in continua feric, réfèrent fpatiola proportionalia fingulis
iftis celeritatibus initio tempufculorum œquabili licet motu peracta, réfèrent inquam
fpatia prioribus temporibus motu paulatim déficiente perafta. Cumque in fingulis
9) Charta? mechanicac, f. 84 v.
42 O OBSERVATIONS DE I 689 SUR QUELQUES PASSAGES DES „PRINCIPIa", ETC.
horum fît eadem particularum proportionalium multitudo, etiam componendo fingula;
erunt proportionales.
Sic fere Neutonus propos, i lib. 2 IO).
Prop. 3.
Si fuerit divifa linea AB [Fig. 1 20] in particulas continue proportionales quot-
cunque, puta decem, et mobile, per médium refiftens in ratione celeritatum certo
tcmpore percurrat motu horizontali lineam totam; prima vero décima temporis ejus
particula peragat primam ac maximam particulam AC, etiam fequentibus œqualibus
temporis particulis fingulas reliquas lineae particulas peraget.
Quia enim îequales temporis particulas ponuntur erunt perpra;cedentem,fpatiaijs
temporibus peraéta continue proportionalia. Atqui linea ABnonpoteftin partes decem
continue proportionales dividi, quarum maxima fit AC, nifi uno modo. Ergo cum
decem temporibus œqualibus qualium uno peraéta eft AC, tota AB [percurri] tur,ne
[cette eft] ut fing [ulis reliquorum] temporum pcragantur particula; illœ proportio-
nales in quas divifa eft AB.
jp'^.Adprop.sl. 2.NeutoniI2).Refiftentiamedijeftinduplicatarationeceleritatis.
Demonftrat, fed obfcure admodum, quod hyperbole eft ejus natura? ut acceptis
partibus œqualibus in afymptoto, indeque excitatis parallelis perpendicularibus qua;
hyperbolce occurrant, harum differentia; decrefeunt in duplicata ratione ipfarum fibi
proximarum. quod hoc calculo verum efle invenio.
/^ED^Fis-121^
OBSERVATIONS DE I 689 SLR QUELQUES PASSAGES DES „PRINCIPIA", ETC. 42 I
Cette équation fe montre vraie attendu que dans le cours du calcul quia X millima cil dcleri
poflunt in quibus xx.
Hinc autem fequitur (quod miror Ncutonum non obfervafïe) corpus horizontal!
motu incitatum, etiam in medio rcfîflcntc infinitum fpatium conficere infinito tem-
pore I3). quod contra cil cum reiiflentia eit ut velocitas, ut oilcndi I+).
Illud mirabîle prorfus videtur. Cogita enim globum plumbeum fub aqua in piano
horizontal] projechim an in infinitum fpatium perget moveri?
G I5). Ad prop. 6. 1. 1 Newtoni l6).
A + a [Fig. 122]
[Fig. 122] B + b
' ( AB + aB + Ah
S-\AB
aB + Ab [telle eft la valeur de l'accroifïement in-
finiment petit du rectangle à côtés A et B lorfque A devient A -f- a et
B B + b; en d'autres termes: aB -f Ab eft le „momentum" de la „ge-
nita" AB\
I0) Consultez sur cette ligne la note 1 de la p. 144 du T. XIX; il est possible que les trois propo-
sitions de la présente partie du § 2 soient antérieures à la lecture des „Principia"; comparez la
fin de l'avant-dernier alinéa de la partie F qui suit. La Prop. II. Theor. II du Liber Secundus
des „Principia" est la suivante: „Si corpori resistitur in ratione velocitatis, & sola vi insita per
Médium similare moveatur, sumantur autem tempora Eequalia: velocitates in principes singu-
lorum temporum sunt în progressione Geometrica, & spatia singulistemporibus descripta sunt
ut velocitates".
") Charta? mechanica?. f. 85 r.
12) Prop. V. Theor. III du Lib. II : „Si corpori resistatur in velocitatis ratione duplicata, & sola vi
insita per Médium similare movetur, tempora vero sumantur in progressione Geometrica a mi-
noribus terminis ad majores pergente: dico quod velocitates initio singulorum temporum sunt
in eadem progressione Geometrica inverse, & quod spatia sunt œqualiaquae singulistemporibus
describuntur".
13) Puisque, suivant la démonstration de Newton, la distance parcourue en un temps BG [Fig. 121]
peut être représentée par l'espace BCHG.
14) Voyez la Prop. 2 de la Partie E qui précède.
'5) Manuscrit G, f. 16 r.
I(5) La Prop. VI. Theor. IV du Lib. Secundus De Motu Corporum est ainsi conçue: „Corpora
Sphœrica homogenca & œqualia, resistentiis in duplicata ratione velocitatum impedita & solis
viribus insitis incitata, temporibus qua? sunt reciproce ut velocitates sub initio, describuntsem-
per sequalia spatia, & amittunt partes velocitatum proportionales totis". Ce n'est cependant pas
ce théorème que Huygens a en vue mais le Lemma II qui y est attaché: „Momentum Genita;
a?quatur momentis Terminorum singulorum generantiumin eorundemlaterum indices dignita-
tum & coefficientia continue ductis", au sujet duquel Newton observe dans un Scholium: „In
literis qua? mihi cum Geometra peritissimo G. G. Leibnitio annis abhinc decem intercedebant,
cum significarer me compotem esse methodi determinandi Maximas & Minimas, ducendi Tan-
gentes, & similia peragendi, qua; in terminis surdis a:que ac in rationalibus procederct, & literis
42 2 OBSERVATIONS DE I 689 SUR QUELQUES PASSAGES DES „PRINCIPIA", ETC.
[Le carré b1 étant repréfenté par a, dont x eft l'accroiflèment, tandis que celui de b eft c, ou a]
a — | — a + x b — — b + ic
lac
-[Fig. 123].
-V co
Sed a ut £Z>. Ergo x ut 2&r.
[Fig. 124]
*Ofc:
Cenfetur quadratum AQ
[Fig. 124] excedere qua-
dratum AP duplo rectan-
gulo APQ, negleéto mini-
Ql * ^-* A nio quadrato ex PQ. Hinc ftatim coucludi po-
tcftrcfta AK incrementa minima cfie ut 2 APQ.
//. 'Q jl^ [d'après Huygens; voyez les p. 390 et suiv. qui précèdent]
ExceflTus ÀB fuper AP [Fig. 125] in tellure. f£5 differentia pon-
deris in B et P, itemque longitudinis [penduli].
Differentia ponderis eft proxime dupla differentia1 diftantiarum,
quia pondéra leviora fiunt in duplicata ratione diftantiarum [fuivant
ce que Huygens femhle confidérer ici comme la loi de Newton; ceci ne veut
pas dire que Huygens accepte fans critique ce qu'il propofe ici; comparez notre
remarque à la partie A qui précède et voyez auffi le calcul de la p. 476 du „Dis-
cours de la Caufe de la Pefanteur" où Huygens dit douter fort de l'exiftence
„aux pendules d'une autre inégalité, " c. à. d. autre que celle provenant de la force centrifuge].
F,ft differentia ponderis aqualis curtatio penduli, hoc eft talis pars longitudinis totius.
Âtqui defeétus diurnus temporis penduli noncurtati ad totius diei tempus eft proxime
ut \ curtatio penduli ad totum pendulum. Ergo defeétus diurnus venientis horologij
ex P in B ad 24 horarura tempus, ut differentia diftantiarum AB, AP ad AB.
jig differentia rctardationis in B fi veniat horologium ex P.
3600" in hora . . . 86400' in die [8^°° . . .] 149". tôt fecundis deberet horolo-
gium fub Polo reéte compofitum retardari fub œquatore ex fola caufa distantiae ma-
joris a centro eoque minoris gravitatis; praeter retardationcm ex vi centrifuga qua
150' efficit. Sed in locis intermedijs ut Dnequaquam tant uni cflîciet hac diftantia-
rum differentia quantum vis centrifuga.
transposais banc sententiam involventibus (Data œquationc quotcumque fluentes quantitates
involvente, fluxiones invenire, & vice versa) eandemcelarem:rescripsit Vir Clarissimussequo-
que in ejusmodi methodum incidisse, & methodum suam communicavir amea vixabludentem
praterquam in verborum & notarum formulis [comparez ce que dit Huygens en 1694, p. 488
du T. XX; voyez aussi sa lettre à Fatio de Duillier de février 1692, p. 291 du T. X]. Utriusque
fundamentum continetur in boc Lemmate".
,7) Manuscrit G, f. 25 r. Ceci se rapporte, peut-on dire, à la Prop. XX. Prob. III du Liber Tertius
„De Mundi Systemate" de Newton: „Invenire & inter se comparare pondéra corporum in
regionibus diversis".
OBSERVATIONS DE I 689 SUR QUELQUES PASSAGES DES ,,1'RINCIPIa", ETC. 423
Jj 3. Dans le Manuscrit Ci les feuilles u, 12, 15 et 16 de 1689, d'où nous avons tiré les parties
./, A', C, 1) et G du § 2, l'ont fui vies de deux autres de la même année où Huygens reprend les calculs
de 1668 (T. XIX, p. 10:-- 119 et 144 — 15,") fur les corps en mouvement dans da milieux qui
leur réfutent proportionnellement l'oit à leurs vitell'es foit aux carrés de leurs vitell'es. Ou plutôt:
il ne confidère ici que ce deuxième cas. Dans l'„Addition" au „Difcours de la Caule de la Pefan-
teur" (édition de 1690) Huygens dira exprelî'ément (p. 482 qui fuit) que „ce n'eft qu'à l'occafion
du Traite de Mr. Newton" qu'il a repris l'étude de la théorie de la réfiftanee. 11 s'agit, comme chez
Huygens en 1668 et comme chez Newton dans les propofitions confidérées au § 2 qui précède, de
corps pu nai formes.
Ce ne fut qu'en 1691 que Huygens mit définitivement au net dans ies p. 75 — 81 du Manufcrit
G, en tenant aufîi compte des réfultats de Newton, fa théorie de 1668 „de defeenfu [verticali]
corporum gravium [corps punctiformes]et afcenfu [verticali] per aerem aut materiam aliam, quœ
refiftit motui in ratione duplicata celeritatum, ut rêvera contingit" ; nous avons reproduit ces pages
aux p. 23—45 du T. X.
Ici nous ne tenons compte, partiellement, que du texte des p. irv — i8r du Manufcrit dont il
était queftion plus haut. Huygens fait voir qu'il n'eft pas permis, comme c'était généralement le
cas lorfque la réfiftanee était proportionnelle à la vitefle (T. XIX, p. 80 et p. 113, note 13), de dé-
compofer le mouvement, c. à. d. tant la vitefle initiale que la réfiftanee, fuivant deux axes perpen-
diculaires entr'eux. Dans la Fig. 127 les trois droites AK, AL, AB, dont AL et AB font les deux
axes nommés, font fituées par hypothèfe dans un [>Iiin horizontal. La véritable longueur parcourue
fur la droite donnée fe montrera ne pas être la réfultante des longueurs parcourues fur les deux axes.
A*/ [Fig. 128] étant la diftance parcourue fur la droite AL en un temps donné, il fuflira de faire
voir que la diftance A<? parcourue en ce temps fur la droite AK faifant avec AL un angle de 45°eft
inférieure à A?.
Ejufdem globi eadem débet elfe celeritas terminalis in raedio refiftente in duplicata
rationcceleritatisacfi idem in fimplici ratione
|_r îg. 1 26J celeritatis refifteret. Certa enim quidam ce-
leritas flatus furfum fuilinerc valebit globum
ne décidât, quam proinde globus habere
debebit ne amplius cafum acceleret. Ea vis
ferentis aeris axmipollet gravitati. Sed feien-
dum pofteriorem hypotheiin elle impoffibi-
lem. Etfi forfan alîusgenerisimpedimentum
inveniri point quod eft ut celeritas.
Cum celeritas incipiensper AK[Fig. 1 27]
ad celeritatem incipientem per AL eft ut AK
ad AL, tune reiiftentia aeris et amillîo cele-
ritatis in prima temporis particula per AK
eft ad refiftentiam et amifllonem celeritatis in
eadem temporis particula per AL ut qu. AK
ad qu. AL, hoc eft ut a ad 1 .
Si AR ad AQ [Fig. 1 26] ut j/â ad i,et
AB oo AM, erit fpatium RAODadfpatium
424 OBSERVATIONS DE l68û SUR QUELQUES PASSAGES DES „PRINC1PIa", ETC.
QABC ut iter globi in recta AK [Fig. 1 27] inccptum cclcritatc AK ad iter globi in
recta AL inccptum cclcritatc AL terminali; codem ncmpe temporc AB. Sunt autcm
fpatia illa ut logarithmus rationis AR ad BD ad logarithmum rationis AQadBC.hoc
cil ut logar. rationis BN ad NA ad logar. rationis BM ad MA. hoc eft ut log. rationis
[Fig. 128]
* - . - A
1 + \/ 1 ad \/ 2, ad log. rationis 2 ad 1, five log. 1 ... apparet eandem effe hyperbo-
lam RS et QP feu motâ afymptoto MV in NT. ut ficut R A ad Q A ita fit MA ad NA.
dt-
Ceci s'explique le mieux par la confidération de l'équation du mouvement -7- = — kv2, où v
eft la viteffe, / le temps, et k une confiante. Pour le mouvement fuivant AL (ou fuivant AB) la
viteffe initiale eft parhypothèfe la „celeritas terminalis" d'une chute verticale, c. à. d. \/ r;,où
g eft l'accélération de la pefanteur. Pour le mouvement fuivant AK la viteOé initiale eft donc
k"
V
1 1 v0
Appelant généralement v0 la viteffe initiale on a = — 4" k^ou v = . : — , d'où la dis-
v v0 Ktv0 -\- I
tance parcourues = J vàt = r 1. (kt'0/ 4- 1), 1. étant le logarithme népérien.
Pour les mouvements fuivant AK et AL on a donc refpeclivement sak = r 1. Ç{/2gk.t -\- 1) et
s al = r l.Çy'gk.t 4- 1). En difant que „fpatia illa" font entr'eux comme log. -^r à log. ^ ou
2 4- 1/2 2
log. à log. -, Huygens prend tant les grandeurs .5- et k que le temps confidéré/' égaux à une
même droite qui a l'unité de longueur. Ou voit qu'on trouve en effet dans cette fuppofition
îak : s Ah = l.(l/2 + 0 :'- 2'i puisqu'il s'agit de rapports, peu importe que cefoit le logarithme
népérien qu'on conlidère ou, comme Huygens, celui à bafe 10.
v
L'équation v = r~7~V~" montre auffi que la relation entre les viteffes et les temps ferepréfente
graphiquement par une hyperbole équilatére [Fig. 126], et que les deux hyperboles correfpondant
1 1/2
aux mouvements fuivant AK et AL refpeclivenient, favoir v = — ; — et v = — 7=—; — ou
' 1 4- 1 t y 2 4- 1
OBSERVATIONS DE l68o SUR QUELQUES PASSAGES DES „PRINCIPIa", ETC. 425
— — , font identiques ou plutôt ne différent qu'en pofition. Dans la Fig. 126 AR et les autres
droites horizontales reprélentent des viteffes; MB étant l'axe des temps l'elpace ARDBp.e. corres-
pond à une intégrale jvàt et repréfente donc une diftance parcourue; or, il était bien connu que
de pareils efpaces font entr'eux comme des logarithmes l8).
Tempore toto AB . . . pervenit in recta AL horizontalis tabula?, incipiens in A
celeritate terminali, ufque ad y [Fig. 1 28], fumta Ay do BO. Eodem vero tempore
in refta AK, incipiens celeritate quae lit ad terminalem ut \/ 2 ad 1, perveniet ad J,
fumta A.S fecundum inventa pagina pnecedenti. Nota quod deficiens fpatium èK in
recta AK non cil duplum yL fpatii deficientis in reéta AL [il faut lire: quec?K n'eft pas
égal à yL j/a], ficut effet li ecleritas diminuta in AK et AL eodem tempore, maneret
femper in ratione | 2 ad 1 , feu AR ad AQ in figura pagina? pracedentis [Fig. 1 26].
Set ea ratio minuitur paulatim, ficut apparet quod DB ad CB minorem habet neces-
iario quam AR ad AQ.
On le voit auiïï par les formules: le rapport des viteffes fuivant AK et AL refpeclivement eftre-
- l/k#./ + 1
préfenté par \/ 2 — === , expreffion dont la valeur décroit conftamment Iorfque /"augmente.
Vikg.t + 1
Si polïemus coniiderare (in hac refiftentia qua; eft in dupla ratione celeritatum)
motum per AK tanquam compofitum ex motu per AB et per AL, deberet tempore
AB perveniffe mobile ex A in Ç in diagonio. Sed pervenit in ê. Ergo non habet hic
locum motus compofitio.
§ 4. En publianten 1701 iy) fon „Hiftoria Cycloeidis qua genefis & proprietateslinejecycloei-
dalis prœcipua? . . . recenfentur, etc." Joli. Groningius y ajoutait ce qu'il appelle „ChrifHani Hugenii
Annotata pofthuma in Ifaaci Newtoni PhilofophiaiNaturalisPrincipia Mathemadca". Nous avons
déjà dit au T. X :o) que ce titre eff décevant 2I): quoique le manuferit de ces „ Annotata" — con-
fervé à Hannovre — foit de la main de Huygens, ce ne font pas cependant pour la plupart des re-
marques provenant de lui. Il a copié des remarques de Fatio de Duillier, et de Newton, de plufïeurs
defquelles ce dernier a fait ufage dans la deuxième édition des „Principia". Cela paraît d'ailleurs
chez Groningius lui-même puifqu'en deux endroits (p. no et 128) il écrit entre parenthèfes:
„addit Hugenius . . ." et „in margine adfcripfit Hugenius . . ."; nous ne reproduifons pas ici ces
deux paffages 22) à caufe de leur infignifiance. Les „Annotata" débutent cependant par une remar-
l8) Voyez p. e. les p. 205 — 206 et 264 du T. XX.
'*) Hamburgi, G. Leibezeit.
2°) P. 147, note 2.
3I) La publication de Groningius, où il y a auffi bien des fautes d'impreffion, a été faite, comme
nous l'avons dit à la p. 324 du T. IX, „fans aucune critique et même fans difeernement".
") On trouve le premier dans la note c de la p. 326 du T. IX.
54
426 OBSERVATIONS DE I 689 SUR QUELQUES PASSAGES DES „PRINCIPIa", ETC.
que qui efl: bien de Huygens: c'eft notre N° 2542 de la p. 329 du T. IX: Huygens penfait à tort
que Newton avait admis dans le cas d'une réfiftance proportionnelle au carré de la viteffe la com-
pofition des mouvements dont il était queftion (pour un plan horizontal) au § 3. On trouve enfuite
chez Grôningius les Pièces de Newton qui conftituent nos N° 2540^2541 (T. IX, p. 321 et 328).
Dans le T. IX nous avons attribué à Huygens lui-même la remarque (N° 2543) fur la„aqua ef-
flnens". Ce qui fuit chez Grôningius (p. 1 13 — 1 16) et fe rapporte auftî à ce dernier fujet fe trouve
dans notre édition aux p. 154 — 155 du T. X. Viennent enfuite les remarques de Fatio„Conje£tur£e
de fphalmatis typographicis etc." que nous avons publiées, plus complètement que Grôningius,
aux p. 147 — 155 du T. X.
DISCOURS DE LA CAUSE DE
LA PESANTEUR.
Avertiffement.
Huygens avait-il oublié lorfqu'il publia en Hollande en janvier ou février 1690,
pour la première fois, fon Difcours de la Caufe de la Pefanteur, avoir envoyé ') ce
Difcours à Paris en juin 1 687 pour être placé dans les Divers Ouvrages des membres
de l'Académie Royale (lcfquels ne devaient paraître qu'en 1693 2) )? C'eft ce qu'il
écrit le 30 mars 1690 à de la Hire 3). Quoi qu'il en foit, il efl: certain qu'après l'ap-
parition, en juillet 1 687, des „Principia" de Newton, il ne pouvait guère être fatiffait
d'une publication de fon Difcours 4) tel, ou à peu près tel 5), qu'il l'avait prononcé
en 1669. De fait il avait déjà écrit à de la Hire le 1 mai 1687 avoir l'intention de
joindre au Discours des „reflexions fur ce que Mr. Richer et autres ont obfervè,
touchant la différente longueur des pendules en différents climats". En envoyant le
Difcours à Paris le mois fuivant il n'avait pas donné fuite à ce projet ; mais le fait qu'il
avait fait mention de fon intention avant juillet 1687 porte à croire qu'il a le droit de
faire entendre à la fin de la Préface de l'édition de 1690 que ce qui eft dit dans cette
') En juin 1687: comparez la p. 379 qui précède.
2) Cependant, si nous comprenons bien de la Hire (T. IX, p. 377) le Discours fut déjà imprimé à
Paris avant mars 1690.
3) T. IX, p. 401.
4) Dans le titre de la publication de 1687-1693 le mot „Discours" a d'ailleurs été omis; voyez la
p. 377 qui précède.
s) Voyez sur les changements apportés par lui avant ou en juin 1687 au texte de 1669, la note 5
de la p. 610 du T. XIX, ainsi que la p. 379 qui précède.
430 AVERTISSEMENT.
édition de l'„alteration des Pendules par le mouvement de la Terre" et „a efté adjouté
plufieurs années après [1669]", date en fubftance d'avant la lecture des „Principia",
à laquelle la [deuxième] „Addition" de l'édition de 1 690 eft poftérieure 6). On a vu
plus haut ;) que les premières remarques de Huygens fur la forme fphéroïdale de
notre planète — du moins les premières qu'il ait mifes par écrit — datent, quoique
peu, d'avant l'apparition des „Principia". Que la force centrifuge due à la rotation
de la terre doit avoir pour effet de diminuer la pefanteur, notamment à l'équateur,
c'eft ce que Huygens avait déjà calculé en 1659 8)i et dans f°n Programme de 1666
à l'Académie Royale il avait parlé d'„une belle expérience a faire [avec les pendules]
pour prouver que la Terre tourne" 9). Dans les oeuvres imprimées de fon vivant il
n'a jamais dit avoir prévu la pofllbilité d'un raccourciffement du pendule à fécondes,
ou la marche plus lente d'un pendule de longueur invariable, lorfqu'on fe rapproche
de l'équateur. Il parle au contraire en plufieurs endroits IO) comme fi l'obfervation
de Richer de 167a à l'île de Caïenne M), fuivie d'autres obfervations du même genre
— qui, il eft vrai, ne s'accordaient pas toujours fort bien avec elle I2) — l'avaient
amené, alors feulement, à chercher une explication de ce nouveau phénomène. Cette
modertie nous femblc provenir du fait que tout en ayant prévu la pofjibïlité du phé-
nomène I3) il n'avait cependant pas ofé affirmer [on exifîence ,2).
11 fut décidé en mars 1 689 que la publication fimultanée du Traité de la Lumière I4)
et du Difcours de la Caufe de la Pefanteur auraient lieu chez vander AaàLeidcn I5).
<5) P. 466 qui suit.
7) p. 375.
8) P. 304 du T. XVI.
9) T. XIX, p. 28. Voyez aussi la p. 248, ainsi que les p. 285 — 286 du T. XVII et la p. 482 du T.
XVIII.
1Q) P.e. à la p. 275 du T. IX dans le rapport du 24 avril 1688 aux Directeurs de la Compagnie des
Indes Orientales.
1 ') Voyez sur la publication de Richer la note 3 de la p. 376 qui précède.
12) Voyez la p. 131 du T. IX.
13) Et tout en ayant donné une instruction à Richer avant son départ (T. XVIII, p. 636) et en
1686 une autre au pilote Helder (T. IX, p. 292).
"») T. XIX.
1S) T. IX, p. 312. Le 25 mai 1689 (T. IX, p. 319) le Discours fut remis par Huygens, pour un
autre but, au professeur de Volder à Leiden; mais dans le rapport d'avril 1688 (note 10 qui
précède) il dit avoir déjà traité de la variation de la marche des pendules dans ce qu'il appelle
en néerlandais le „Tractset van de Oorsa;ck der Svva?rte".
AVERTISSOIF.NT. 43 1
Nous croyons donc pouvoir admettre qu'en ce temps r„Addition" auilî avait été
rédigée, qu'elle ert par conféquent antérieure — quoique Huygcns puifle y avoir
apporté des changements dans le cours de l'impreflîon — à Ton féjour de juin-août
1689 en Angleterre pendant lequel il lit la connaiflance personnelle de Newton l6).
On a vu plus haut Ir) que les équations de cette Addition qui ié rapportent à la forme
non-fphérique de la terre l8) avaient été trouvées par Huygcns en 1687. Outre les
deux additions la Préface (fur laquelle nous revenons) était nouvelle. Le 23 décembre
l'impreflîon était prefqu' achevée Iy). Le 6 février 1690 Huygens put envoyer quel-
ques exemplaires à Londres -°).
Quant à la première partie, le difeours de 1669 tel qu'il était devenu en 1687, il
n'eft guère furprenant que Huygens y a de nouveau apporté des modifications, dont
beaucoup de détail. Nous fignalons quelques-unes de ces dernières dans les notes,
mais il nous a femblé inutile d'être complet. I ïuygens a apparemment eu fous les yeux
tant la verfion de 1669 que celle de 1687, puifque parfois il fe rallie à la première.
Voici les changements qui nous femblent fuffifamment importants pour en faire
mention ici :
1 . Là où l'on lit maintenant (p. 1 30; les pages citées ici font celles de l'édition de
1690, indiquées en marge dans le préfent Tome): „A regarder Amplement les corps,
fans cette qualité qu'on appelle pefanteur, leur mouvement efl: naturellement ou droit
ou circulaire", le texte de 1687 avait plus brièvement: „Nous voyons deux fortes de
mouvemens dans le monde, le droit, & le circulaire". Nous avons déjà attiré l'atten-
tion fur ce pafTage à la p. 240 du T. XVI.
2. En difant (même page) que Defcartes a tâché „d'expliquer la pefanteur par le
mouvement de certaine matière qui tourne autour de la Terre", Huygens ajoute main-
tenant: „& c'eft beaucoup d'avoir eu le premier cette penfée". Quoiqu'à préfent il
"*) Voyez sur ce séjour la note 1 de la p. 333 du T. IX, ainsi que les notes 31 de la p. 435 et 34 de la
p. 498 qui suivent.
I:) P. 400 — 402.
I8) Notes 25, 26 et 27 des p. 469 et 470.
'^) T. IX, p. 353.
") T. IX, p. 357.
432 AVERTISSEMENT.
rejette avec Newton le vortex deferens, il continue à approuver — en admettant,
autrement que Defcartes, le vide; voyez la p. 473 — l'idée fondamentale que tout
mouvement eft dû à des chocs de particules.
3. En parlant de Tes théorèmes fur la force centrifuge (même page), Huygens
avait dit en 1669: „que nous examinerons icy quelque jour". En 1687, quoique cer-
tain de ne pas pouvoir retourner à Paris, il avait oublié de corriger ces mots. Dans
l'édition de 1690 il écrit: „que Ton peut voir à la fin du livre quej'ay efcritdu Mou-
vement des Pendules'1 [c. à. d. r„Horologium ofcillatorium" de 1673].
4. A propos de fon expérience de la Fig. 1 29 de la p. 132 — laquelle corrcfpond
h la Fig. 260 de la p. 632 du T. XIX — il dit maintenant que le vaiffeau cylindrique
était „d'environ 8 ou 10 pouces de diamètre" et que „le fond eftoit blanc & uni".
Cela tient au fait que dans la Préface il a cité la Phyfique de Rohault, difant que fon
expérience y eft mentionnée; or, Rohault donne ces détails.
5. Dans la critique de l'expérience antérieure du même genre de Defcartes (deuxiè-
me alinéa de la p. 133) le texte de 1687 avait: „cequcje puis bien croire [fa voir que
les pièces de bois qui fe trouvent dans de la dragée de plomb font amenées au centre
par la rotation], mais c'eft l'effet de la différente pefantcur du bois et du plomb, con-
fiderant tous les corps comme faits d'une mefme matière"; ce qui a été remplacé par:
„ce que je puis bien croire . . . Mais ce qui arrive icy n'eft nullement propre à repre-
fehter l'effet de la pefantcur,- puis qu'on devroit conclure de cette expérience, que
les corps, qui contiennent le moins de matière, font ceux qui pefent le plus, ce qui
eft contraire à ce qui s'obferve dans la véritable pefantcur".
Voilà bien le fentimcnt de Huygens. En 1668 îl était déjà d'avis que „chafque
corps a de la pefantcur fuivant la quantité de la matière qui le compofe" 2I). Ce n'eft
qu'une curiofitè, nous femble-t-il, que plus tard, en confidérant les tourbillons mag-
nétiques, et croyant voir que ceux-ci doivent avoir plus de prife fur de la matière
d'un tiffu plus rare, il fe soit laiffé aller un inftant à foutenir ce qu'il rejette manifes-
tement ici, favoir qu'il en eft de même des tourbillons gravifiqucs **).
6. Comme nous l'avons dit à la p. 380 qui précède, un certain alinéa de 1686 —
1687 de cette page a été omis en 1690. C'eft l'alinéa qui aurait précédé celui de la
') T. XIX, p. 625 et 627. Voyez aussi les p. 381 — 382 qui précèdent.
2) T. XIX, p. 560.
AVERTISSEMENT. 43 3
p. 457 qui fuit: „I1 ne faut pas au refte trouver étranges . . . etc." Or, la raifon pour
laquelle cet alinéa a été fupprimé eft évidente. Huygens y difait qu'il n 'eft nullement
nécellaire de le figurer des particules d'éther ou de matière lubtile qui fe touchent;
de même que celles de l'air, fi compreflible, ne fe touchent apparemment pas îJ). C'eft
en adoptant cette manière de voir que nous avons dit dans le T. XIX -4) que fuivant
1 luygens l'éther luminifère, étant fournis a la pefanteur, doit être plus denfe auprès de
la terre (ou auprès d'une autre planète) que loin d'elle I5). Or, Newton avait forte-
ment infifté fur l'abfènce prefque totale de matière dans les immentités de l'efpace,
puifque les planètes et les comètes n'éprouvent apparemment aucune réfiftance ap-
préciable de la part des corpufculcs qu'elles rencontrent. Huygens, foutenant que la
lumière doit être tranfmife fous forme d'ondes par un milieu matériel, et fe voyant
forcé de précifer cette penfée, en vient à dire dans l'Addition (p. 161) que toutes
les particules de l'éther „fe touchent, mais que le tilTu de chacune [eft] rare" I<5).
D'ailleurs il n'avait pas toujours dit avant l'apparition des „Principia" de Newton
qu'il y a des intervalles entre les particules de l'éther; a la p. 573 du T. XIX, dans
une Pièce fur le magnétifme datant, nous femble-t-il, de 1678, nous lifons tout auffi
bien que dans le „Traité de la Lumière", que „les particules de la matière etheree
fe touchent".
7. Le texte du dernier alinéa de la p. 1 39 a été modifié: comparez la note 14 delà
p. 458 qui fuit. C'eft maintenant feulement qu'il eft dit que „ce qui caufe les diver-
fes peianteurs . . c'eft que ceux de ces corps qui font plus pefants, contiennent plus
de . . particules, non en nombre maïs en volume." Si nous comprenons bien cette
phrafe, les corps plus denfes contiendraient dans un même volume autant de corpus-
cules que les corps plus légers, mais les particules y feraient plus grofles: la matière
étant une, chez Huygens comme chez Newton, la denfité de toutes les particules,
infiniment dures ="), eft et demeure uniforme. Nous ne voyons pas la raifon pour
2*J Comparez les p. 5—6 du T. XIX.
>4) P. 560.
:s) L'éther pourrait d'ailleurs être quelque peu plus dense auprès des corps célestes même dans le
cas où les particules d'éther se touchent, savoir dans le cas où ces particules seraient compressi-
bles. Comparez la note suivante ou plutôt consultez la p. 473 du T. XIX.
2<î) Il n'est pas question en cet endroit de la possibilité — comparez la note précédente — „que
les particules d'éther soient encore composées d'autres parties" (Traité de la Lumière, T. XIX,
P- 4/2>
2") Voyez p.e., sur la dureté des particules suivant Newton, la p. 245 du T. XIX.
55
434
AVERTISSEMENT.
laquelle Huygcns introduit cette égalité du nombre des particules, ni comment elle
eft cenfée fe maintenir dans les corps comprefiîbles; il ell vrai, nous l'avons dit auffi
à la p. 319 du T. XIX, que les corps Çoliàes fortement comprefiîbles et extenfibles
n'étaient pas encore connus au dix-feptième ficelé.
Mais on pourrait peut-être foutenir que Huygens a voulu dire que les corps plus
lourds contiennent plus de particules, non pas nécejjairemetit en nombre, mais néces-
fairement en volume.
8. À la p. 143 la mefure de la terre par Picard eft venue remplacer celle deSnellius.
9. À la p. 144 l'alinéa „I1 y a au refte plufieurs effets naturels qui femblent deman-
der une matière extrêmement agitée . . . etc." a été intercalé. En le comparant avec la
petite Pièce de 1667 „Qu'il y a une matière très fubtile . . . etc.", imprimée à la p.
553 du T. XIX, on conilatera une grande analogie. On peut en outre comparer ce
que Huygens dit ici fur la puiffante action de la gelée, et fur la néceffité d'avoir Re-
cours à une impulfïon violente de quelque matière, qui faffe étendre la glace, en y
introduifant d'autres particules, ou les bulles qui s'y forment, en augmentant l'air
qu'elles contiennent" avec le paflage de 1670, d'ailleurs biffé, de la p. 338 du T.
XIX. Ici auffi nous avons affaire à l'idée fondamentale du N° 2 ci-deffus, favoir que
tout mouvement doit provenir de collifions de particules.
Les auteurs anciens ou modernes cités dans le Difcours font au nombre de 1 1 ;
voyez fur les citations en général l'opinion de Huygens exprimée dans le § 5 de la p.
187 du préfent Tome. Dans la Préface Démocrite, Defcartes, Robault; dans le Dis-
cours Defcartes, Copernic, Picard, Galilée, Richcr; dans l'Addition Newton, Des-
cartes, Kepler, Romer, Grégoire de St. Vincent; comme on a pu le conftater auffi dans
les Nos 1 et 9 qui précèdent, c'efï toujours l'influence de Defcartes qui prédomine.
Vu cependant que les idées de 1 Iuygens fur les particules font plutôt celles de Gas-
fendi 2Î!) et que d'autre part on rencontre déjà des tourbillons dans l'antiquité 2?),
on peut non moins bien parler de l'influence de Démocrite fur lui ou plutôt de celle
28) T. XIX, p. 316. Voyez sur ce qui constitue l'essence des corps suivant Descartes la p. 473 qui
suit ainsi que la note 31 de la p. 498 qui suit.
!S0 Voyez les p. 234 et 620 du T. XIX.
AVERTISSEMENT. 435
du triumvirat Démocritc, Lpieure. Lucrèce. Ce qu'il reproche dans la Préface à Dé-
mocrite, et ce qu'il aurait pu reprocher de même à Epicure et à Lucrèce — voyez
fur ce dernier la note 49 de la p. 364 — c'eft d'avoir confidéré la pefanteur comme
„attachée aux corps terreftres, & aux Atomes mefmes". Qualité inhérente, donc théo-
rie à rejeter! Déjà avant de recevoir l'oeuvre de Newton Huygens écrivait à Fatio3°):
,Je veux bien que [Newton] ne foit pas Cartefîen pourveu qu'il ne nous falTe pas des
fuppofitions comme celle de l'attraction", et dans l'Addition (p. 163): „c'elHquoy
je ne crois pas que IMr. Newton conf'ente" lavoir à fuppoier „que la pefanteur fiift
une qualité inhérente de la matière corporelle". C'elt ce dont il s'ell fans doute entre-
tenu avec Newton lui-même en 1 689 et ce qu'il a dû auffi dire clairement dans le
difeours, d'ailleurs inconnu, qu'il prononça en cette année à Londres fur la pefan-
teur 3I). De fait, Newton déclarera — nous ne citons que ce feul paiïage — dans la
troifième édition de 1726 des Principia îa): „Attamen gravitatem corporibus eflTen-
rialem efTe minime affirme Per vim infitam intelligo folam vim inertia?. Ha?c immu-
tabilis elï. Gravitas recedendo à terra, diminuitur". Mais dans la bouche de Newton
pareille remarque ne lignifie pas qu'il faille néceflairement réduire tout phénomène,
et en particulier celui de la gravitation générale, à des collifions de particules.
Dans les „Penfees méfiées" nous avons entendu Huygens fe déclarer „contre
Lucrèce". Cela fignifie d'une part qu'il n'accepte pas les idées de Lucrèce ou de ces
prédéceffeurs fur la genèle fortuite 33) — et c'était furtout, d'après le contexte, en
cefens-là qu'il fallait interpréter l'exclamation de Huygens dans les „Penfees meslees"
3C) T. IX, p. 190; lettre du 1 1 juillet 1687.
3I) „Je crois voir clairement (p. 159 qui suit), que la cause d'une telle attraction [de toutes les
petites parties] n'est point explicable par aucun principe de Mechanique . . ."
Le discours de Huygens de juin 1689 à la Royal Society est mentionné dansla„Correspon-
dence of Sir I. Newton", ed Edlestone, London, 1850, p. XXXI. Huygens lui-même fait men-
tion de la séance du 22 juin à Gresham collège (T. IX, p. 333), mais non pas de son discours.
D. Brewster („Memoirs of the life, vvritings and discoveries of Sir Isaac Newton", Th. (Ton-
stable, Edinburgh, 1 855, I, 2 1 5) cite à propos de cette séance le «Journal Book of the Royal
Society".
>2) Régula III.
33) Tempérées du moins chez Lucrèce par l'existence, suivant le poète, de forces spéciales dans les
„semina" et plus généralement dans les êtres vivants; voyez la noté déjà citée de la p. 364 qui
précède.
34) Comparez la discussion de Huygens avec Pierre Perrault, p, 332 du T. XVIII.
436 AVERTISSEMENT.
— mais d'autre part, comme la préfente Préface le fait voir, qu'il faut être plus con-
féquent que Lucrèce et ne point admettre du tout, même dans les êtres vivants,
d'autres caufes du mouvement que les „plagae", les chocs des particules 34). On re-
marquera encore pluficurs fois dans la fuite de ce Tome 35) la féparation nette qui
exifte fuivant Huygens entre la période miraculeufe 3<5) de la création — ou plutôt
d'une création — , où il longe furtout 3r) à celle d'êtres vivants — car il n'y a rien
de miraculeux, femble-t-il, dans la genèfe de la terre dont il parle à la p. 152, favoir
qu'elle aurait „eflè aflembléc par l'effect de la pefanteur" —, et le cours ordinaire,
mécanique, des chofes.
Le „Traité de Phyfique de Rohault", cité dans la Préface 38), peut être appelé
cartélien, mais comme dans beaucoup d'ouvrages didactiques et peu originaux on y
fent l'effort de l'auteur pour concilier les opinions autant et plus que poffible i9^> : „Au
relte, on ne trouvera pas que dans tout ce Traité j'aye eu beaucoup de penfées oppo-
fées à celles d'Ariftote; mais il s'en trouvera plus que je ne voudrais, de contraires à
celles de la plu (part de fes Commentateurs". On comprend que Huygens, malgré le
fait que fa théorie eft „raportée prefque entière" par Rohault, ait tenu à la publier
lui-même. Car enfin, la qualité interne et inhérente faifant tendre les corps en bas
— qualité combattue tant par Defcartes que par Huygens — n'eft pas des commen-
tateurs d'Ariftote, mais d'Ariftote lui-même.
Il faut noter à ce propos que Huygens ne fait qu'une diftinction groffière entre
divers penfeurs grecs en parlant brièvement de la qualité interne faifant tendre les
corps en bas & vers le centre de la Terre, ou à un appétit des parties à s'unir au
toufee qui font non pas deux, mais trois opinions différentes +°). À fon avis, parler
35) Voyez les §§ 9 et 15 de la Pièce „De rationi impervijs" qui suit.
3,î) Nous observons, à propos de cette expression, que Huygens lui-même n'emploie pas le mot
„miraculum" pour désigner quelque chose qui se passerait en dehors des lois de la nature. Voyez
la I. 16 de la p. 701 qui suit.
•") Mais non pas uniquement. Voyez les §§ 8 et 9 de la Pièce „De rationi impervijs".
38) Nous en citons ici la quatrième édition de 1682; voyez la note 6 de la p. 446 qui suit.
39) Nous ne soutenons évidemment pas qu'inversement toute tendance conciliatrice — nous son-
geons à Leibniz — serait signe de médiocrité; loin de là!
4°) Nous n'avons pas à nous étendre sur ce sujet dont tant d'auteurs ont traité. Le lecteur néer-
landais pourra consulter p.e. E. J. Dijksterhuis „Val en Worp", Groningen, NoordhofT, 1924,
cité aussi à la p. 106 du T. XVI.
AVERTISSEMENT. 437
plus longuement d'opinions fi erronées ne fierait guère à un auteur épris non d'éru-
dition 4I) mais de la recherche de la vérité +2). Il eft également brefau fujet des „rertau-
rateurs modernes de la Philofophie" antérieurs à Defcartes qui a Ton avis „ne font
allez guère plus loin +3)".
Quoique I Iuygens foit parfaitement clair il aurait peut-être trouvé plus d'adhérents
à fa nouvelle théorie de la pefanteur s'il l'avait débitée dans des termes plus courts et
plus marqués de l'empreinte de la conviction. La ligne „Tourbillons détruits par
Newton. Tourbillons de mouvement fpherique a la place" de la f. 1 11 des „Charta?
aitronomicce" exprime fa volte-face ou demi-volte-face en une fentence propre à fe
graver dans la mémoire. Les tourbillons font morts; vivent les tourbillons! Dans le
préfent Traité au contraire on ne remarque pas nettement la fuite hiftorique de fes
idées. Il parle (p. 134 — 1 35) de la néceffité de ne pas admettre avec Defcartes „une
matière [celle du tourbillon] qui fe mouvroit continuellement & toute d'un mefme
cofté", puifqu'elle chafïèrait tous les corps vers l'axe et non pas vers le centre de la
terre; il faut au contraire que la „matiere fluide" foit „diverfement agitée en tous
fens" de forte que les mouvements „fe faffent dans des furfaces fpheriques [„en tous
fens"] à l'entour du centre"; enfuite, beaucoup plus loin, il parle (p. 1 60) des „Tour-
billons de Mr. des Cartes, qui m'avoient autrefois paru fort vraifemblables, & que
j'avois encore dans l'efprit" et en même temps du fait qu'il n'avait, lui, „point étendu
[comme Newton] l'action de la pefanteur à de fi grandes diftances [fa voir de la terre
à la lune et du foleil aux planètes et aux comètes]". En lifant ces confédérations,
mêlées à d'autres, il n'eft guère poflible de fe rendre nettement compte de l'évolution
des idées de Huygens qui avait été, pouvons-nous dire, la fuivante. En lifant à l'âge
de 1 5 ou 16 ans les Principes de Defcartes, il avait ajouté foi à fon fyftème, c. à. d. il
avait admis les tourbillons unilatéraux et contigus autour du foleil et des autres étoiles.
Nous avons dit plus haut 44) que Rembrantfz. van Nierop, dans fa „Nederduytsche
Afbronomia" de 1653, admet lui aufii ces tourbillons unilatéraux et contigus. Ils fer-
vaient, dans le cas du foleil, à mouvoir les planètes. La terre poffédait également
41) Ou du moins dédaignant de faire montre de son érudition.
42) Pièce des p. 187 — 188 qui précèdent.
43) Voyez la note 3 de la p. 446 qui suit.
44) P. ,"30.
438 AVERTISSEMENT.
fuivant cette manière de voir, un tourbillon unilatéral menant la lune, fans que ce
tourbillon-là ou les tourbillons analogues des autres planètes fuflent bornés (comme
les grands tourbillons que nous avons appelés „contigus") par d'autres tourbillons
du même genre. Chacun des tourbillons nommés, charriant des planètes ou fatellites
ou capable d'en charrier, peut être appelé un vortex deferens. Les comètes n'avaient
point de tourbillons. Quant à la pefanteur que nous obfervons, elle était également
dite par Defcartes être produite par un tourbillon unilatéral autour de l'axe de la terre.
Plus tard, peut-être bientôt, Huygcns remarqua que ce dernier tourbillon ne fatisfait
pas, qu'il fallait le remplacer pas des mouvements touvbiMonnaires eu tous fens fuivant
des grands cercles autour du centre de la terre; mais il continua à croire au vortex
deferens unilatéral menant la lune 45) ainfi qu'aux grands tourbillons unilatéraux
autour du foleil et des autres étoiles. Seulement ces derniers ne lui panifiaient plus
contigus. C'eft ce qu'il dit en 1 669 dans la difeuffion qui fuivit fon dii cours de la caufe
de la pefanteur. C'eft là un point important fur lequel nous l'avons entendu infifter
dans fes „Pen(ees méfiées" de 1 686. Dans le Difcours publié en 1 690 il n'en dit rien,
c'efl pourquoi fon expofé fuccincl: de la fuite de fes idées eft bien incomplet. Les
comètes, fe mouvant encore d'après fon fentiment de 1686 à peu près fuivant des
lignes droites, comme elles l'avaient fait pour Kepler, reliaient toujours dépourvus
de tout tourbillon, et leur paflage au travers des tourbillons étrangers, fans qu'ils
fuffent emportés par ceux-ci,était un phénomène bien remarquable, à peine explicable.
Or, après la lecture des „Principia" de Newton Huygens perdit entièrement fa foi
aux vortices déférentes. 11 comprit que le mouvement — du moins le mouvement
vifible — des comètes eft du même genre que celui des planètes, que ces dernières
ont donc aufîi peu befoin d'un vortex deferens que les premières: le mouvement
acquis et la pefanteur vers le foleil, in vertement proportionnelle au carré de la dis-
tance h cet aftrc, fuflifent pour expliquer la forme des orbites, qui eft une forme ellip-
tique non feulement pour les planètes mais aufîi, malgré Kepler, pour les comètes.
Cependant l'idée fondamentale adoptée par Defcartes — difons plutôt par Gas-
45) Chez Descartes nous ne voyou? pas que le vortex unilatéral causant la pesanteur et le vortex
unilatéral menant la lune soient nettement distingués l'un de l'autre. Dans le Cap. CLI de la
Pars Tertia des „Principia Philosophie" („Cur Lima celerius feratur quam Terra") nous lisons
que „amba: [la terre et la lune, tournant l'une et l'autre autour du même axe ou peu s'en faut]
agantur ab eadem materia coelesti".
AVERTISSEMENT. 439
fendi, puifque Huygens, comme lui, admet le vide et les atomes infiniment durs —
que tout mouvement provient d'un autre mouvement, que tout phénomène phyfique
elt donc dû a des collifions de petites particules, continua à trouver pleine créance
auprès de Huygens. L'attraction apparente ne pouvait par conféquent être expliquée,
a Ton avis, que par des courants matériels. Or, comme Newton avait démontré que
la peianteur terreftre s'étend jufqu'à la lune, il crut devoir interpréter ce lait en éten-
dant au moins jufqu'à la hauteur de la lune fes mouvements tourbillonnaircs en tous
fens fuivant des grands cercles pofledant tous le même centre que la terre. Pour que
le foleil menât, ou plutôt put fembler mener, les planètes, comme la terre femble
mener la lune, il fallait auffi fuppofer autour de lui, et fans doute autour des autres
étoiles fixes, des mouvements tourbillonnaircs en tous fens. Huygens ne difeute pas
la queftion, impofiible à réfoudre, de favoir jufqu'ou ces mouvements s'étendent — on
a vu, Penfees méfiées § 39, qu'il juge pofiible l'exiltence de planètes au delà de Sa-
turne — 4<5), mais vu fa connaiffance de la grande diltance des étoiles entr'elles, nous
pouvons être allures — ou plutôt : nous lavons certainement ■ — que fes nouveaux
tourbillons multilatéraux étaient à fon avis tout auffi peu contigus que les anciens
vortfees déférentes, qu'ils étaient au contraire auffi ifolés l'un de l'autre que ceux
[unilatéraux] qu'on voit parfois dans des courants d'eau ou des étangs +").
Cette croyance aux tourbillons multilatéraux ou fphériques en tous fens était bien
la feule poffible pour Huygens à moins que d'abandonner entièrement fa conviction
du mécanifme univerfel („les voies dont je me fuis fervi", p. 161), autrement dit
celle de l'importance fondamentale des chocs des particules. Auffi la Correfpondance
nous apprend-elle qu'il eft refté dans cette opinion depuis 1687 jufqu'à fa mort. Le
24 août 1 694 4^) il déclare dans une lettre à Leibniz ne pas voir „qu'on ait encore ap-
porté de difficulté confiderable contre la caufe [de la pefanteur] que j'ay expliquée
dans mon difeours".
11 s'enfuivait qu'il ne pouvait être convaincu de l'exactitude de toutes les confé-
quences tirées par Newton de l'hypothèfe („point explicable par aucun principe de
4'5) Comparez la fin de la note 23 de la p. 496 qui suit.
4") A la p. 123 v des „Chartœ astronomica?" (faisant partie des „Chartœ ad Cosmotheoron perti-
nentes") on lit à la fois: Rectifier l'idée des tourbillons et Tourbillons neceffaires, la
terre s'en fuirait du soleil, mais fort diftans l'un de l'autre et non pas comme ceux
de M. des Cartes, fe touchants.
Voyez aussi Pavant-dernier alinéa du deuxième livre du „Cosmotheoros".
♦*)T. X,p.66p.
44-0 AVERTISSEMENT.
Mcchanique", p. 1 59) de l'attraction univerfelle des petites parties. Il ne voyait donc
pas de raifon pour admettre qu'au dedans de la terre la pefanteur décroîtrait propor-
tionnellement à la diftance. On a déjà vu plus haut (p. 386) qu'une pefanteur con-
ltante dans l'intérieur de la terre lui lemblait plus probable.
Aux p. 166 et 167 du Difcours Huygens s'élève contre l'idée qu'il exigerait, en
vertu de la non-fphéricité de la terre, une deuxième inégalité des pendules, provenant
de la loi newtonicnne, inégalité agiffant dans le même fens que la première qui était
celle due à la force centrifuge. Seulement ce qui eft confidéré ici comme „la loi new-
tonienne", ou plutôt ce que nous avons nous-mème pour un inftant défigné par ce
tenne, c'eft l'idée que pour un fphéroïde les pefanteurs aux pôles et à l'équateur,
ainii qu'ailleurs, feraient inverfement proportionnelles aux carrés des diftances du
centre. Huygens calcule que par cette deuxième inégalité, jointe à la première, un
pendule de longueur donnée „iroit plus lentement fous l'Equateur que fous le Pôle,
du double de ce qu'elle retardoit par le mouvement [tournant] de la Terre"; il „doute
fort que l'expérience confirme cette grande variation". Ce qu'il réfute ici, ou du
moins ce qu'il dit coniidérer comme bien peu probable, ne correfpond pas précifément
au réfultat du calcul de Newton fuivant lequel 49) la pefanteur aux pôles d'un fphé-
roïde (de denfité confiante) dépourvu de rotation eft fans doute plus grande que celle
à l'équateur, mais non pas fuivant la proportion inverfe des carrés des difiances au
centre. Il eft vrai qu'on peut dire que le rapport des dites pefanteurs eft chez Newton
du môme ordre de grandeur, quoique plus petit, que celui fuppofé ici par Huygens.
Les p. 167 — 168 font occupées par des confidérations fur la grandeur de la pefan-
teur auprès de la furface de Jupiter et du Soleil et fur les dimenfions du fyftème pla-
nétaire (voyez les p. 409 — 412 qui précèdent). Huygens y attribue la chaleur du
foleil au fait que fes particules „frappent contre les particules de l'Ether 5°) [en
+?) Prop. XIX, Probl. III du Lib. III des „Principia".
En septembre 1690 (T. IX, p. 4H4) Huygens écrit à Papin qu'il n'est pas impossible que les
expériences ultérieures avec les pendules donneront des résultats qui s'écartent quelque peu de
ceux qu'avait fournis le voyage de 1687 du Cap de Bonne Espérance àTexel. Il cite la p. 166
de son Discours et parle de „la diverse pesanteur de Mr. Newton [nous soulignons]" qui „peut
n'avoir pas lieu icy"; comme nous l'avons dit dans le texte, ce n'est pas en réalité de la loi de
Newton qu'il s'agit ici. Comparez la p. 422 qui précède.
AVERTISSEMENT. 44 1
mouvement rapide] qui les environne", apparemment fansfe foucier de l'épuifement
ou du moins la diminution du mouvement de rotation qui, dirait-on, pourrait en
réiulter.
L'Addition fe termine par des conlldérations mathématiques, Ce rattachant aux
calculs et conftructions de Huygens de 1668 ainfî qu'à ceux de Newton, fur le mou-
vement d'un corps punctiforme dans un milieu dont la réfiftance eft proportionnelle
(oie à la première foit à la deuxième puiffance de la viteflé, et fur les propriétés de
la ligne logarithmique employée dans les dites conftructions.
Dans l'édition des oeuvres de Huygens par 's Graveiande 5') celui-ci a fait impri-
mer les démonftrations des théorèmes de Huygens fur la logarithmique telles qu'elles
avaient été données en i"oi par Guido Grandi dans l'ouvrage „Geometrica demon-
ftratio theorematum I Iugenianorum circa logifticam etc." dont nous avons donné le
titre complet à la p. 473 du T. XIV. Nous nous contentons ici d'indiquer dans des
notes les endroits où l'on peut trouver les démonftrations de Huygens lui-même les-
quelles étaient inconnues tant à 's Gravefande qu'à Grandi.
Apparemment Huygens a tenu à conclure fon Difcours de la même façon qu'il
a vait terminé r„Horologiumofcillatorium" et le „Traité de la Lumière", lavoir par une
férié de théorèmes inconteftablement exacts.
Nous avons déjà mentionné à la p. 402 du T. XIX une réimpreffion 52) du Dis-
cours de 1 885 par \V. Burckhardt. Une traduction allemande par R. Mewes a paru
à Berlin en 1893 53).
5°) Comparez la note 1 de la p. 288 du T. XIX.
51) Opéra reliqua, T. I, 1728.
52) Sans aucune note.
53) Chez A. Friedlander. Voyez sur la préface la note 21 de la p. 496 qui suit.
56
DISCOVRS
DE LA CAVSE
DELA
PESANTEVR
Par C H D. Z.
A l E 1 D E ,
Chez PIERREvanderAa, Marchand Libraire.
M D C X C.
PREFACE.
[a Nature agit par des voies fi fecrettes & fi imperceptibles, en amenant vers
la Terre les corps qu'on appelle pefants, que quelque attention ou induitrie
[[qu'on emploie, les fens n'y fçauroient rien découvrir. C'eit, ce qui a obligé les
Philofophes des fiecles paffez à ne chercher la caufe de cet admirable effet, que dans
les corps mefmes, & de l'attribuer à quelque qualité interne & inhérente, qui les fai-
foit tendre en bas & vers le centre de la Terre, ou à un appétit des parties a s'unir au
tout, ce qui n'efloit pas expofer les caufes, mais fuppofer des Principes obfcursôk non
entendus. On peut le pardonner à ceux qui fe contentoient dépareilles (blutions en
bien de rencontres; mais non pas fi bien à Democrite & à ceux de fa Secte, qui aiant
entrepris de rendre raifon de tout par les Atomes, en ont excepté la feule Pefanteur;
qu'ils ont attachée aux corps terreftres, & aux Atomes mefmes. fans s'enquérir d'où
elle leur pouvoit venir :). Parmi les autheurs & reftaurateurs modernes de la Philo-
fophie, plufieurs ont bien jugé qu'il faloit établir quelque chofe au dehors des corps,
pour caufer les attractions & les fuites qu'on y obferve: mais ils ne font allez guère
plus loin que ces premiers, lors qu'ils ont eu recours, les uns à un air fubtil & pefant, 2)
qui en preffant les corps les fift defeendre; (car c'eft fuppofer defja une pefanteur,
& il eft fi fort contre les loix de la Mechaniquc de vouloir qu'une matière liquide &
pefante prefle en bas les corps qu'elle environne, qu'au contraire elle devroit les faire
') Voyez à la p. 364 qui précède, notre note sur Lucrèce. Et comparez ce que Huygcns dit dans
les premières lignes de la p. 404 du T. X, datant de 1693, sur Democrite et F.picure.
2) H. Cardani De Subtilitate Libri XXI, Basileœ 1614 (première édition 1551), p. 85:„aè'rsub
initio motus motum non juvat, nisi parum, succedente tempore aeris motus naturalis ut movetur
validior fit etc.'".
446 PRÉFACE.
monter, eftant fuppofez (ans aucun poids en eux mefmes, tout ainfi que l'eau fait
monter une phiole vuide qu'on y enfonce:) les autres à des efprits & à des émana-
tions immatérielles;3) ce qui n'eclaircit de rien, puifque nous n'avons nulle conception,
comment ce qui efl: immatériel donne du mouvement à une fubftance corporelle.
Mr. Des Cartes a mieux reconnu que ceux qui l'ont précédé, qu'on ne compren-
droit jamais rien d'avantage dans la Phyfique, que ce qu'on pourrait raporter à des
Principes qui n'excèdent pas la portée de nofttc efprit, tels que font ceux qui dépen-
dent des corps, confiderez fans qualitez, & de leurs mouvements. Mais comme la plus
grande difficulté confifte a faire voir comment tant de chofes diverfes font effectuées
par ces feuls Principes, c'efl à cela qu'il n'a pas fort reiïfli dans plufieurs fujets parti-
culiers qu'il s'eft propofé à examiner: defquels efl entre autres, à mon avis, celuy de
la Pefanteur. On en jugera par les remarques que je fais en quelques endroits fur ce
qu'il en a eferit; aux quelles j'en aurois pu joindre d'autres. Et cependant j'avoue
que fes eiïais, & fes vues, quoyque fauffes, ont fervi à m'ouvrir le chemin à ce que
j'ay trouvé fur ce me fine fujet 4).
Je ne le donne pas comme eftant exemt de tout doute, ni à quoy on ne puifle faire
des objections. Il efl: trop difficile d'aller jufques là dans des recherches de cette nature.
Je crois pourtant que fi l'hypothefe principale, fur la quelle je me fonde, n'efr. pas la
véritable, il y a peu d'efperance qu'on la puiffe rencontrer, en demeurant dans les
limites de la vraye & faine Philofophie s).
Au refte, ce que j'apporte icy, entant qu'il ne regarde que la caufe de la Pefanteur,
ne paroitra pas nouveau à ceux qui auront lu le Traité de Phyfique de Mr. Rohault 6) ;
3) Voyez p.e. notre citation de Baco Verulamius dans la note 2 de la p. 629 du T. XIX: il y est
question d'une „emissio spirituum & virtutis immateriata;" causant le „motus gravitatis". Evi-
demment Huygens songe aussi à la „virtus tractoria" de Kepler: dans r„Introductio" de
P„Astronomia nova" de 1609 p.e. Kepler parlait, à propos des marées, de P„orbis virtutis trac-
toria?, qua: est in luna" et „porrigitur usque ad terras". Nous rappelons en outre que dans son
„Traité de Mcchanique" de 1636 Roberval admettait l'„attraction de toutes les parties de la
terre" (T. XIX, p. 1 84 et 62 1 ).
4) Voyez p.e. la p. 244 du T. XVII.
5) Comparez le troisième alinéa de la p. 461 du T. XIX: encetendroitdu„Traitédela Lumière"
publié simultanément avec le présent Discours, Huygens parlait de la vraye Philosophie,
dans laquelle on conçoit la caufe de tous les effets naturels par des raifons de me-
chanique. Nous avons aussi cité ces lignes dans la note 1 de la p. 4 du T. XIX.
rt) Quatrième édition: „Traité de Physique" par Jacques Rohault, Paris, G. Desprez, 1682. La
première édition était de 1671.
PRÉFACE. 447
parce que ma Théorie y eil raportée prefque entière. Car ce Philofophe ayant vu mon
Expérience de l'eau tournante, & ayant entendu l'application que j'en faifois, (ainfi
qu'il le reconnoit avec ingénuité,) a trouvé alTez de vraifemblance dans mon opinion,
pour la vouloir fuivre. Mais parce que parmy mes penfées, il mcfle aucunement celles
de Mr. Des Cartes, & les fienes propres, & qu'il omet plufieurschofesquiaparticnent
a cette matière, dont il y en a qu'il ne pouvoit pas fçavoir, j'ay efté bien aife qu'on
vift comme je l'ay traitée moy mefme.
La plus grande partie de ce Difcours a efté écrite du temps que je demeurois à Paris,
& elle eft dans les Regiftres de l'Académie Royale des Sciences, jufques à l'endroit
où il eft parlé de l'altération des Pendules par le mouvement de la Terre. Le refte a
efté adjouté plufieurs années après: & en fuite encore l'Addition, à l'occafion qu'on
y trouvera indiquée au commencement.
TABLE DES MATIERES
Traitées dans ce Difcours ').
Que mou Explication de la Pefanteur diffère de celle de Mr. Des Cartes p.
La force Centrifuge comparée a celle de la Pefanteur p.
Comment elle peut fervir à caufer la Pefanteur p.
Expérience qui repre fente r effet de la Pefanteur p.
Expérience de Mr. Des Cartes pour la me fine fin p.
Hypothefe pour expliquer la Pefanteur p.
Sa définition p.
Pour quoy on ne s'apperçoit pas du mouvement de la matière qui caufe la Pefanteur . p.
Qif il y a encore df autres matières qui remplirent les efpaces de Pair p.
Que la matière, qui caufe la Pefanteur, paffé par les pores de tous les corps que nous
connoifffons p.
Ce qui fait la différente Pefanteur des corps . . . , p.
Que les Pc fauteurs des corps gardent la mefme proportion que les quantitez de matière
qui les compofent p.
Réfutation de P opinion contraire de Mr. Des Cartes p.
Quelle eft la viteffe de la matière qui caufe la Pefanteur fur la Terre p.
Que la rapidité de cette matière fert à rendre rai f on de p.'ufieurs autres effets naturels p.
Que la mefme rapidité eft caufe de P accélération continuelle des corps qui tombent . . p.
Et de ce que leurs viteffes croiffent dans la proportion des temps p.
De Pobfervation du racourciff'ementdu Pendule à Secondes près de la Ligne Equinoâiale p.
Quelle eft la raifon de cet efet p.
De combien les Horloges à pendule retardent eu allant vers la Ligne Equinoâiale, & p.
comment on peut calculer ces retardements />.
Que la Ligne du Plomb ne tend pas au centre de la Terre p.
Que la Terre if eft pas fpherique ' p.
Expérience des Horloges à pendule pour trouver les Longitudes fur mer p.
Moyen de déterminer quelle eft la figure de la Terre p.
Quelle pourrait eftre cette figure, fi la Terre tournoit beaucoup plus vifie p.
Confiderations fur le Syfîeme de Mr. Newton />.
Inconvénients des Tourbillons de Mr. Des Cartes p.
Si la matière celefie doit efire rare p.
3o
3°
31
32
33
35
37
37
37
39
39
40
40
42
44
44
45
45
46
49
50
5i
52
53
54
57
60
61
61
') Un brouillon de cette Table des Matières se trouve sur la f. 32 du Manuscrit G. La Table im-
primée reproduit assez fidèlement celle du Manuscrit. Notons que Huygens a omis la première
phrase du brouillon : „Que je ne me sers que de Principes fort simples" et qu'il n'est pas encore
question dans ce dernier du sujet ultime „Proprietez remarquables de la Ligne Logarithmique".
TABLE DES MATIERES ETC. 449
Comment fa denfite ii empêche point que les corps ne foient pefants p. 163
Cou fideration fur Textenfion de la Lumière en ligne droite /\ 164
Remarque fur la Lune, qui confirme la diminution de la pe fauteur, en raifon contraire
des quarrez des diftances du centre de la Terre . . . . , p. 165
V 'il «' en doit pas arriver une féconde irrégularité 2) aux Horloges à pendule ... p. 166
De la Pesanteur dans les Planètes de Saturne & Jupiter, & à la fur face du Soleil . . /). 1 67
Conjeâure touchant la caufe de la forte Lumière du Soleil />. 168
Du mouvement des corps pefants qui tombent, ou qui font jettez, dans un milieu qui refifte p. 168
6f fuivantes
Propriété* remarquables de la Ligne Logarithmique />- 1 76
:) Dans le brouillon :„inégalité"; c'est l'expression donc Iluygenssesert aussi à la p. 166. On pour-
rait songer à propos du mot „irregularité" à une faute de transcription ou d'impression.
57
DISCOURS DE LA CAUSE
DE LA PESANTEUR.
our trouver une caufe intelligible de la Pefanteur, il faut voir comment
il fe peut faire, en ne fuppofant dans la nature que des corps qui foient
faits d'une mefme matière, dans lcfquels on ne confidere aucune qualité
ni aucune inclination à s'approcher les uns des autres, mais feulement
des différentes grandeurs, figures, & mouvements; comment, disje il
fe peut faire que plufïeurs pourtant de ces corps tendent directement vers un mefme
centre, & s'y tienent alfemblez à l'entour; qui eft le plus ordinaire & le principal phé-
nomène de ce que nous appelons pefanteur.
La fimplicité des principes que j'admets, ne laifle pas beaucoup de choix dans cette
recherche, car on juge bien d'abord qu'il n'y a point d'apparence d'attribuer à la figure,
ni à la petiteffe des corpufculcs, quelque effet femblable à celuy de la pefanteur; laquelle
citant un effort, ou une inclination au mouvement, doit vraifemblablement élire pro-
duite par un mouvement. De forte qu'il ne relie qu'à chercher de quelle manière il
peut agir, & dans quels corps il fe peut rencontrer.
A regarder Amplement les corps, fans cette qualité qu'on appelle pefanteur, leur (/>. 1 30).
mouvement eft naturellement ou droit ou circulaire '). Le premier leur apartenant lors
qu'ils fe meuvent fans empefchement : l'autre quand ils font retenus autour de quelque
centre, ou qu'ils tournent fur leur centre mefme. Nous connoilïbns aucunement la na-
ture dumouvementdroit,&lesloix que gardent les corpsdanslacommunication de leurs
mouvements, lorfqu'ils fe rencontrent. Mais tant que l'on ne confidere que cette forte
demouvement,&les reflexions qui en arrivententre les partiesdclamatierc,onnctrou-
ve rien qui les détermine à tendre vers un centre. Il faut doncvenirnecefTairement aux
proprietéz du mouvement circulaire, & voir s'il y en a quelqu'une qui nous puiffe fervir.
je fçay que Mr. Des Cartes a auffi tafché dans fa Phyfique d'expliquer la pefanteur
par le mouvement de certaine matière qui tourne autour de la Terre; & c'efi: beau-
coup d'avoir eu le premier cette penfée '). Mais l'on verra, par les remarques que je
') Voyez sur ce texte de l'édition de 1690 la p. 431 de l'Avertissement qui précède.
452
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
feray dans la fuite de ce difcours, en quoy fa manière eft différente de celle que je vais
propofer, & aufîi en quoy elle m'a femblé defeftueufe.
Il a confidcré, comme moy, l'effort que font les corps, qui tournent circulairement,
à s'éloigner du centre; dont l'expérience ne nous permet pas de douter. Car en tour-
nant une pierre dans une fronde, l'on fent qu'elle nous tire la main, & cela d'autant
plus fort que l'on tourne plus vifte; jufques là mefme que la corde peut venir à fe
caffer. J'ay fait voir cy devant cette mefme propriété du mouvement circulaire, en
attachant des corps pefants fur une table ronde, percée au centre, & qui tournoie fur
un pivot; & j'ay trouvé la détermination de fa force, & plufieurs Théorèmes qui la
concernent a): que l'on peut voir à la fin du livre que j'ay eferit du Mouvement des
(/>• '30- Pendules. Par exemple, je dis qu'un corps tournant en rond, au bout d'une | corde
étendue horizontalement, s'il va avec la vitefTe qu'il pourroit acquérir par fa chute,
en tombant d'une hauteur égale à la moitié de la mefme corde, c'eft-à-dire au quart
du diamètre de la circonférence qu'il décrit, elle fera tirée juftement avec autant de
force que fi elle foutenoit le mefme corps fufpendu en l'air 3).
L'effort à s'éloigner du centre eft donc un effet confiant du mouvement circulaire.
& quoyque cet effet femble directement oppofé à celuy de la gravité, & que l'on ait
objecté à Copernic que, par le tournoiement de la terre en 24 heures, les maifons &
les hommes devroient eftre jettez dans l'air; je feray voir pourtant, que ce mefme
effort, que font les corps tournants en rond à s'éloigner du centre, eft caufe que
d'autres corps concourrent vers le mefme centre.
7. Imaginons nous [Fig. 1 29] qu'à l'entour du centre D il tourne de lamatiere fluide
contenue dans l'efpace ABC, dont elle ne puiffepointfortiràcaufedesautrescorpsqui
l'environnent. Il eft certain que toutes les
[Fig. 129] parties de ce fluide font effort pour s'éloig-
ner du centre D; mais fans aucun effet,
puis que celles, qui devroient fucceder en
leur place, ont la mefme inclination à
s'éloigner de ce centre. Mais fi parmy les
parties de cette matière il y en avoit quel-
qu'une, comme F, qui ne fuivift pas le
mouvement circulaire des autres, ou qui
allaft moins vite que celles qui l'environ-
nent; je dis qu'elle fera pouflee vers le
v%"»:^%!»V.*."V.v;: :'.'•'•'•:*••;•!.'•)•'.••*.•'•/ centre, parce que ne faifant | point d'effort
pour s'en éloigner, ou en faifant moins
que les parties prochaines, elle cédera à
l'effort de celles qui feront moins éloignées
2) Passage cité à la p. 328 du T. XVI dans un Appendice au Traité de la Force centrifuge.
3) Ceci correspond à la Proposition VI du Traité de la Force Centrifuge (T. XVI, p. 277).
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. 453
du centre D, & leur fera place en s 'approchant vers ce centre, puisqu'elle ne le fçau-
roit faire autrement.
L'on peut voir cet effet par une expérience que j'ay faite exprès pour cela4), qui nie-
rite bien d'eftre remarquée, parce qu'elle tait voir à l'œil une image de la pefanteur.
Je pris un vaifTeau cylindrique, d'environ 8 ou i o pouces de diamètre, & dont le fond
etloit blanc 6k uni. la hauteur n'avoit que la moitié ou le tiers de fa largeur 5). L'ayant
rempli d'eau, j'y jettay de la cire d'Efpagne concaflee rt), qui, citant tant (bit peu plus
pefante que l'eau, va au fond; & en fuite je le couvris d'un verre, appliqué immédia-
tement fur l'eau, que j'attachay tout autour avec du ciment, afin que rien ne puft
echaper. Eflant ainii ajufté, je plaçay ce vaifTeau au milieu de la table ronde, dont j'ay
parlé peu devant; & la faifant tourner, je vis aufii tofl: que les brins de la cire d'Efpagne,
qui touchoient au fond, & fuivoient mieux le mouvement du vaifTeau que ne faifoit
l'eau, s'allèrent mettre tout autour des bords •"), par la raifon qu'ils avoient plus de
force que l'eau à s'éloigner du centre. Mais ayant continué un peu de temps a faire
tourner le vaifTeau avec la table, par où l'eau acqueroit de plus en plus le mouvement
circulaire, j'arreftay foudainement la table; & alors à l'inftant toute la cire d'Efpagne
s'enfuit au centre en un monceau, qui me reprefenta l'effet de | la pefanteur. Et la(/,«I33)«
raifon de cecy eltoit que l'eau, non-obftant le repos du vaifTeau, continuoit encore
fon mouvement circulaire, & par confequent fon effort à s'éloigner du centre; au lieu
que la cire d'Efpagne l'avoit perdu, ou peu s'en faut, pour toucher au fond du vaifTeau
que eftoit arrêté. Je remarquay auffi que cette poudre s'alloit rendre au centre par
des lignes Spirales, parce que l'eau l'entrainoit encore quelque peu. Mais fi l'on âjufte,
dans ce vaifTeau, quelque corps en forte, qu'il ne puifTe point du tout fuivre le mou-
vement de l'eau, mais feulement s'en aller vers le centre, il y fera alors poufTé tout
droit. Comme fi L eft une petite boule, qui puifTe rouler librement fur le fond, entre
les filets A A, B B 6k un troifiéme un peu plus élevé K K, tendus horizontalement
par le milieu du vaifTeau; l'on verra qu'aufïi tofl: que le mouvement du vaifTeau fera
arrefté, cette boule s'en ira au centre D. Et il faut noter que, dans cette dernière
expérience, on peut rendre le corps L de la me fine pefanteur que l'eau, 6k que la chofe
4) Le Discours tel qu'il était en 1687 (publié en 1693, voyez l'Avertissement) avoit „une expé-
rience fort aisée, qui . . . etc.".
5) Ces détails sur le vaisseau ne se trouvaient pas encore dans le textede 1687 — 1693. La couleur
blanche du vaisseau avait été mentionnée par Rohault dans son livre cité dans la note 6 de la
p. 446 qui précède.
tf) Dans le texte de 1687 — 1693 il était question de „sciurc de bois" ou de cire d'Espagne. En
1669 (T. XIX, p. 633) Huygens ne parlait encore que de „quelque matière un peu plus pesante
que l'eau".
7) Ceci n'avait pas été dit si clairement dans les textes précédents, où le lecteur apprenait seule-
ment que les particules considérées n'avaient pas de tendance à se rapprocher du centre.
454 DISCOURS DR LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
en fucccdera encore mieux; de forte que, fans aucune différence de pelant cur des corps
qui font dans le vaiffeau, le feul mouvement en produit icy l'effech
L'expérience que Mr. Des Cartes propofe, dans une de Tes lettres imprimées 8),
diffère beaucoup de celleicy . car il remplit le vaiffeau A B C de menue dragée de plomb
entre-meflée de quelques pièces de bois, ou d'autre matière plus légère que le
plomb: & faifant tout tourner enfemble, il dit que les pièces de bois feront chaffées
vers le milieu du vafe. ce que je puis bien croire, pourvu toutefois qu'on frappaft
légèrement fur les bords du vaiffeau, pour faciliter la feparation de ces deux matières.
Mais ce qui arrive icy n'efl: nullement propre à reprefenter l'effet de la pefanteur;
puis qu'on devroit conclure de cette expérience, que les corps, qui contienent le
moins de matière, font ceux qui pefent le plus, ce qui eft contraire à ce qui s'obfcrve
(/"• *34)- dans la véritable pefanteur 9). Il propofe encore, dans une autre | lettre ,0), de jetter,
dans de l'eau tournante, de petits morceaux de bois, & il dit qu'ils s'en iront vers le
milieu de l'eau. Au quel endroit s'il entend du bois qui nage fur l'eau, comme il y a
de l'apparence, il ne fe fera point de concentration. Mais s'il veut qu'il aille au fond,
ce fera véritablement la mefme expérience que j'ay propofée peu auparavant, & le
bois s'amaffera au centre, mais ce fera à caufe qu'en touchant au fond du vafe, fou
mouvement circulaire fera retardé, de laquelle raifon Mr. Des Cartes n'a point parlé.
Or ayant trouvé dans la nature un effecl: femblable à celuy de la pefanteur, & dont
la caufe eft. connue, il refte à voir fi l'on peut fuppofer qu'il arrive quelque chofe de
pareil à l'égard delà Terre, c'eftà dire qu'il y ait quelque mouvement de matière qui
contraigne les corps à tendre au centre, & qui s'accommode en mefme temps à tous
les autres phénomènes de la pefanteur.
Suppofant le mouvement journalier de la Terre, & que l'air & l'ether qui l'cm i-
ronnent ayent ce mefme mouvement, il n'y a encore rien en cela qui doive produire
la pefanteur: puifque, fui vaut l'expérience peu devant rapportée, les corps terreftres
ne devraient point fuivre ce mouvement circulaire de la matière celefte, mais eftre à
fon égard comme en repos, s'il faloit qu'ils fuffent pouffez par elle vers le centre.
8) La lettre 32 du T. 2 de IVdition de Clerselier, comme cela est écrit en marge dans l'édition de
1693. C'est une lettre à Mersenne du 16 octobre 1639, N° CLXXIV du T. II de 1898 des
( )euvres de Descartes, éd. Ch. Adam et P. Tannery.
9) Texte de 1687 — 1693: „ce que je puis bien croire, mais c'est un effet de la différente pesanteur
du bois et du plomb: considérant tous les corps comme faits d'une mesme matière".
Voyez aussi le deuxième alinéa du N° 5 de la p. 432 de l'Avertissement qui précède sur l'idée
que les corps contenant peu de matière pourraient être plus pesants que ceux qui en contien-
nent beaucoup.
10) Nous ne voyons pas de quelle lettre de Descartes Huygens entend parler.
discours dp: la cause de la pesanteur. 455
Que ii l'on vouloit que la matière celeite tournait du mefme coité que la Terre,
mais avec beaucoup plus de vitellé, il s'eniliivroit que ce mouvement rapide, d'une ma-
tière qui le mouvrait continuellement & toute d'un meime coité, le ferait l'en tir, &
qu'elle emporterait avec elle les corps qui font fur la Terre; de meime que l'eau em-
porte la cire d'Efpagne dans noitre expérience; ce qui pourtant ne fe fait nullement.
Mais outre cela, ce mouvement circulaire, autour de l'axe de la Terre, ne pourrait en
tout cas chailer les corps, qui ne fuivent pas le | meime mouvement, que vers ce(/>-i.35)-
meime axe, de forte que nous ne verrions pas les corps pelants tomber perpendicu-
lairement a l'horizon, mais par des lignes perpendiculaires à l'axe du monde, ce qui
eit encore contre l'expérience.
Pour expliquer donc la pefauteur de la manière que je la conçois "^jcfuppoferay
que dans l'efpace ipherique, qui comprend la Terre & les corps qui font au tour d'elle
jufqu'à une grande eitenduc, il y a une matière fluide qui confiite en des parties très
petites, & qui eit diverfement agitée en tous fens, avec beaucoup de rapidité. Laquelle
matière ne pouvant fortir de cet efpace, qui eit entouré d'autres corps, je dis que ion
mouvement doit devenir en partie circulaire autour du centre; non pas tellement
pourtant qu'elle viene à tourner toute d'un meime fens, mais en forte que la plufpart
de fes mouvemens differens fc fafïent dans des furfaces fpheriques à l'entour du cen-
tre dudit efpace, qui pour cela devient auiîi le centre de la Terre.
La raifon de ce mouvement circulaire eit que la matière contenue dans quelque
efpace, fe meut plus aifement de cette manière que par des mouvemens droits contrai-
res les uns aux autres, lefquels meime en fe refiechiflant, (parce que la matière ne
peut pas fortir de l'efpace qui l'enferme) font réduits à fe changer en circulaires.
L'on voit cet efFecl du mouvement lors qu'on eifaie de l'argent par la Coupelle;
car la petite boule de plomb méfiée d'argent, ayant fes parties fortement agitées par
la chaleur, tourne incefiament autour de fon centre, tantoit d'un coité tantoit d'un
autre, changeant a tous momens, & iî ville que l'oeil a de la peine à s'en appercevoir.
Il arrive encore la mefme chofe à une goûte de fuif de chandelle, lors que la tenant
fufpendue à la pointe des mouchettes, on l'approche de la Marne, car elle fe met à
tourner avec une très grande viteife.
Il eit vray que d'ordinaire cette goûte tourne toute d'un | coité ou d'autre, félon CA !36)-
que la Haine de la chandelle vient à la toucher. Mais dans la matière celeite, que j'ay
fuppoféc, il n'en doit pas arriver de mefme, par ce qu'ayant une fois du mouvement
en tous fens, il faut qu'il en demeure toufjours, quoyqu'il foit changé en fpherique,
par ce qu'il n'y a pas de raifon pourquoy le mouvement d'une partie de la matière
"") Texte précédent (1687 — 1693): ,,1'our arriver (en 1669: parvenir) donc à une cause possible
de la pesanteur".
45 6 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
remporterait fur ccluy des autres, pour faire que toute la ma (Te tournait d'un mefme
fens. Car au contraire, la loy de la nature, que j'ay rapportée ailleurs, cil telle dans la
rencontre des corps qui font diverfement agitez, qu'il s'y conferve tousjours la mef-
me quantité de mouvement vers le mefme cofté.
Et quoy que ces mouvemens circulaires, en tant de fens divers dans un mefme
efpacc, femblent fe devoir contrarier & empefeher fouvent; la grande mobilité toute
fois de la matière, aydée par la petiteffe de fes parties, qui furpafle de beaucoup l'ima-
gination, fait qu'elle fouffre allez facilement toutes ces différentes agitations. L'on
voit quand on a brouillé de l'eau dans une phiole de verre, de combien de differens
mouvemens fes parties font capables; & il faut fe figurer la liquidité de la matière
celefte incomparablement plus grande que celle que nous remarquons dans l'eau, qui
citant compoféc de parties pelantes, entalTées les unes fur les autres, devient par là pa-
reffeufe au mouvement; au lieu que la matière celefte, fe mouvant librement de tous
coftez, prend très facilement des impreffions différentes par les diverfes rencontres de
fes parties, ou par la moindre impullion des autres corps. & s'il n'eftoit ainfi, l'air ne
cederoit pas fi facilement qu'il fait au mouvement de nos mains. De forte qu'il faut
confiderer que les mouvemens circulaires de cette matière fluide, autour de la Terre,
font bien fouvent interrompus & changez en d'autres, mais qu'il en demeure tous-
jours plus que de ceux qui fuivent d'autres routes : ce qui fuffit pour le prêtent defléin.
(A '37)- Il n'eft pas difficile maintenant d'expliquer comment par ce mouvement la pefan-
teur eft produite. Car fi parmy la matière fluide, qui tourne dans l'efpace que nous
avons fuppofé, il fe rencontre des parties beaucoup plus groffes que celles qui la com-
pofent, ou des corps faits d'un amas de petites parties accrochées enfemble, & que ces
corps ne fuivent pas le mouvement rapide de ladite matière, ils feront neceffairement
pouffez vers le centre du mouvement, & y formeront le globe Terreftre s'il y en a
allez pour cela, fuppofé que la Terre ne fuft pas encore. Et la raifon clt la mefme
que celle qui, dans l'expérience raportée cy deffus, fait que la cire d'Efpagne s'amafle
au centre du vaiffeau. C'cft donc en cela que confifte vraifemblablcment la pefanteur
des corps: laquelle on peut dire, que c'eft l'effort que fait la matière fluide, qui tourne
circulairemcnt autour du centre de la Terre en tous fens, à s'éloigner de ce centre,
& à pouffer en fa place les corps qui ne fuivent pas ce mouvement.
Or la raifon pourquoy des corps pelants, que nous voions defeendre dans l'air, ne
fuivent pas le mouvement fpherique de la matière fluide, eft effez manifefte; parce
qu'y ayant de ce mouvement vers tous les coftez, les impulfions qu'un corps en reçoit
fe lucccdcnt fi fubitement les unes aux autres, qu'il y intercède moins de temps qu'il
luy en faudroit pour acquérir un mouvement fenfible. Mais comme cette feule raifon
ne fullit pas pour empêcher que les corps les plus menus que l'oeil puiffe appercevoir,
comme font les brins de poufîicrc qui voltigent dans l'air, ne foient point chaffez ça
& là par la rapidité de ce mouvement; il faut fçavoir que ces petits corps ne nagent
pas dans la feule matière liquide qui caufe la pefanteur: mais qu'outre celle cy il y a
d'autres matières, compofées de particules plus grolîieres, qui rempliffent la plus
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. 457
grande partie de l'efpace qui cil autour de nous, & mefme ceux des | deux; lefquellcs(/'' >38)-
particules quoyque différemment agitées & réfléchies entre elles, ne fuivent pas le
mouvement foudain de la matière liquide; parce qu'eftant contiguës, ou peu datantes
les unes des autres, une trop grande quantité devroit fe mouvoir à la fois. L'on fçait
qu'il y a autour de la Terre premièrement les particules de l'air, lesquelles on fera
voir tout à l'heure eftre plus groflieres que celles de la matière fluide que nous avons
fuppofée. Je dis de plus ' :) qu'il y a une matière dont les particules font plus menues
que celles de l'air, mais plus groflieres que celles de cette matière fluide: ce qui fe
prouve par noffre expérience, qu'on fait avec la Machine qui vuide l'air. Où l'on re-
marque l'effet d'une matière invifible qui pefe là où il n'y a point d'air; puis qu'elle
y fondent l'eau fufpendue dans un tube de verre, dont le bout ouvert eft plongé dans
d'autre eau : & qu'elle y fait couler l'eau d'un Gphon recourbé, de mefme que dans
l'air: pourvu que l'eau, dans ces expériences, ait eflé purgée d'air; ce qui fe fait en
la laiflant pendant quelques heures dans le vuide. Il paroit par là premièrement, que
les particules, de ce corps pefant & invifible, font plus petites que celles de l'air, puis-
qu'elles paffent à travers le verre qui exclud l'air, & qu'elles y font apercevoir leur
pefanteur. Il paroit de plus qu'elles doivent élire plus groflieres que les particules de
la matière fluide qui caufe la pefanteur, afin que le corps qu'elles compofent ne fuive
pas le mouvement de cette matière, par ce qu'en le fuivant il ne feroit pas pefant. Il
peut y avoir autour de nous encore d'autres fortes de matières de différents degrez de
ténuité, quoyque toutes plus groflieres que n'eft la matière qui caufe la pefanteur.
Lefquelles contribueront donc toutes à empêcher les petits brins de la pouffiere
d'eflre emportez par le mouvement rapide de cette matière, parce qu'elles ne fuivent
pas ce mouvement elles mefmes '').
Il ne faut pas au refte trouver étranges ces différents degrez | de petits corpufcules, (/>• ! 39)-
ni leur extrême petiteffe. Car bien que nous ayons quelque penchant à croire que des
corps, à peine vifibles, font desja prefque auffi petits qu'ils le peuvent eftre, la raifon
nous dit que la mefme proportion qu'il y a d'une montagne à un grain de fable, ce
grain la peut avoir à un autre petit corps, & cettuicy encore à un autre, & cela autant
de fois qu'on voudra.
L'extrême petiteffe des parties de noftre matière fluide eft encore d'une neceffité
abfolue pour rendre raifon d'un effet confiderable de la pefanteur; qui eft que des
corps pelants, enfermez de tous coftez dans un vaiffeau de verre, de metail, ou de
I2) Texte de 1687 — 1693: „On a de plus des raisons qui font croire . . ."
,3) Après cet alinéa-ci un alinéa du texte précédent „Et quoyque par là ces matières . . etc." a été
omis ici, comme nous l'avons déjà dit à la p. 380 qui précède; voyez le N° 6 de la p. 432 de
l'Avertissement sur la raison de cette omission. C'est ici que la diversité des textes (que nous
avons mentionnée aussi à la p. 619 du T. XIX) présente un certain intérêt.
58
458 DISCOURS DE LA CAUSE DE PESANTEUR.
quelqif autre matière que ce foit, fe trouvent pefer tousjours également. De forte
qu'il faut que la matière que nous avons dit élire caufe de la pefanteur, palTe très
librement à travers tous les corps qu'on eftime les plus folides, & avec la mefme faci-
lité qu'à travers l'air.
Ce qui fe confirme encore par ce que, s'il n'y avoit pas cette liberté de paflage,
une bouteille de verre peferoit autant qu'un corps maffif de verre de la mefme gran-
deur; & que tous les corps folides d'égal volume peferoient également; puifque, félon
noftre Théorie, la pefanteur de chaque corps cft réglée par la quantité de la matière
fluide qui doit monter en fa place.
Cette matière pafle donc facilement dans les interftiecs des particules dont les corps
font compofez, mais non pas par les particules mefmes; & ce qui caufe les diverfes
pefanteurs, par exemple, des pierres, des métaux &c. c'eft que ceux de ces corps,
qui font plus pefants, contienent plus de telles particules, non en nombre mais en
volume I4): car c'eft en leur place feulement que la matière fluide peut monter. Mais
parce qu'on pourroit douter, fi ces particules, citant impénétrables à la dite matière,
(/>. 1 40). font pour cela entièrement folides : (car ne l'eftant pas, ou mes|me citant vuides, elles
devraient faire le mefme effet, par la raifon que je viens de dire) je demontreray
qu'elles ont cette parfaite folidité; & que par confequent la pefanteur des corps fuit
precifement la proportion de la matière, qui les compofe.
Je feray remarquer pour cela ce qui arrive dans le choc de deux corps, quand ils fe
rencontrent d'un mouvement horizontal. Il eft certain que la refiftence que font les
corps à eftre mus horizontalement, comme feroit une boule de marbre ou de plomb
pofée fur une table bien unie, n'eft pas caufée par leur poids vers la Terre, puifque le
mouvement latéral ne tend pas à les éloigner de la Terre, & qu'ainfi il n'eft nullement
contraire à l'action de la pefanteur, qui les pouffe en bas.
Il n'y a donc rien que la quantité de matière attachée enfemble, que chaque corps
contient, qui produit cette refiftence: de forte que fi deux corps en contienent autant
l'un que l'autre, ils réfléchiront également, ou demeureront tous deux fans mouve-
ment, félon qu'ils feront durs ou mois. Mais l'expérience fait voir que toutes les fois
que deux corps reflechifTcnt ainfi également ou s'arreftent l'un l'autre, eftant venus à
fe rencontrer avec d'égales viteffes, ces corps font d'égale pefanteur: donc il s'enfuit
que ceux, qui font compofez d'égale quantité de matière, font aufli d'égale pefanteur.
ce qu'il faloit demonftrer.
I4) Ici aussi le texte a été modifié. C'est ici seulement que Huygens parle d'interstices des particules
(comparez la p. 563 du T. XIX): il est vrai que plus loin (p. 144, 1. 6) il parlera de nouveau
de „pores". Ce qui est nouveau aussi c'est son affirmation, dont il ne donne pas d'explication,
que les corps plus pesants contiennent plus de particules non en nombre mais en volume. Dans
l'Avertissement (N° 7 de la p. 433) nous avons déjà attiré l'attention sur ce passage.
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. 459
Monf. Des Cartes eftoit en cecy d'un autre fentiment, comme encore en ce qui
regarde le paflage libre de la matière, qui caufe la pefanteur, a travers les corps fur
lefquels elle agit. Car pour ce qui eft de ce dernier point, il veut que cette matière
foit empêchée, par la rencontre de la Terre, de continuer (es mouvements en ligne
droite, & que pour cela elle s'en éloigne le plus quelle peut. En quoy il femble n'avoir
pas penfé à cette propriété de la pelanteur que j'ay foit remarquer peu auparavant. (/>• M')-
Car fi le mouvement de cette matière eft empêché par la Terre, elle ne pénétrera non
plus librement les corps des métaux ni celuy du verre. D'où il s'enfuivroit que du
plomb enfermé dans une phiole perdroit fon poids à l'égard de la phiolc mefme, ou
que du moins ce poids feroit diminué. De plus, en portant un corps pefant au fond
d'un puits, ou dans quelque carrière ou mine profonde, il y devroit perdre beaucoup
de fa pelanteur. Mais on n'a pas trouvé, que je feache, par expérience qu'il en perde
quoy que ce foit.
Quant à l'autre point, Mr. Des Cartes prétend, que, quoy qu'une malle d'or foit
vingt fois plus pefante qu'une portion d'eau de la mefme grandeur, l'or néanmoins
peut ne contenir que 4 ou 5 fois autant de matière que l'eau: premièrement à caufe
qu'il faut déduire (il faloit plutoft dire adjouter) un poids égal a l'un & l'autre, à rai-
fon de l'air dans lequel on les pefe: & puis parce que l'eau & les autres liquides ont
quelque légèreté à l'égard des corps durs, d'autant que les parties des premiers font
en un mouvement continuel.
Mais on peut refpondre à la première de ces deux raifons, que la pefanteur de l'air
autour de nous, n'eftant a celle de l'eau qu'environ comme 1 à 800, ce ne fera pas un
poids conlîderable qu'il faudra adjouter également à celuy de l'eau & de l'or, trouvé
par la balance. Et pour l'autre raifon, fi elle eftoit bonne, il faudroit qu'une mefme
portion d'eau, après élire gelée pefart bien d'avantage qu'eftant liquide; & de mefme
les métaux en maffe, plus que quand ils font fondus; ce qui eft contre l'expérience.
Outre que je ne vois pas comment il a conceu que le mouvement des parties des corps
liquides leur donnerait de la légèreté, c'eft-à-dire de l'effort pour s'écarter du centre,
puifque pour cela il faudroit que ce mouvement fuft circulaire autour du centre de la
Terre, ou qu'il fuft plus fort vers le haut que vers le bas, ce qu'il n'a jamais dit, mais
bien | au contraire que les parties des liqueurs fe meuvent en tous fens indifferem- (/»• H-)-
ment.
Il ne femble non plus avoir confideré combien la viteffe de la matière fluide doit
eftre grande, pour donner autant de pefanteur qu'on en trouve à la plus part des
corps: parce qu'autrement il auroit bien jugé que le mouvement, que peuvent avoir
les parties de l'eau & de femblables liquides, n'eft nullement comparable au mouve-
ment de cette matière qui caufe la pefanteur.
Pour moy j'ay recherché foigneufement le degré de cette vitefie, & je crois pouvoir
déterminer à peu prés à combien elle doit monter. Et puis que plufieurs autres effets
naturels en peuvent dépendre, il ne fera pas inutile de faire voir icy ce que produit mon
calcul, & fur quoy il eft fondé. Reprenant donc la figure dont je me fuis fervi cy
460
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
0>-I43>
defius, puis que'la pefantcur du corps E eft juftement égale à l'effort avec lequel une
portion aufii grande, de la matière fluide, tend a s'éloigner du centre D; ou que c'eit
plutoft la mefme chofe; il faut qu'une
[Fig. 1 29]. livre de plomb, par exemple, pcfe autant
vers la Terre, qu'une mafle de la matière
fluide, de la grandeur de ce plomb, (j "en-
tons de la grandeur que font fes parties
folides) pefe du cofté d'enhaut pour
s'éloigner du centre, par la vertu de fon
mouvement circulaire. Or la matière du
plomb & la matière fluide ne différent en
rien félon noftre hypothefe. On peut donc
dire que la livre de | plomb pefe autant
vers le bas, qu'elle peferoit vers le haut,
fi, demeurant à la mefme diftance du
centre de la Terre, elle tournoit autour
avec autant de vitefTe que fait la matière
fluide. Mais je trouve par ma Théorie du
mouvement Circulaire, qui s'accorde parfaitement avec l'expérience, qu'un corps
tournant en cercle, fi on veut que fon effort à s'éloigner du centre, égale juftement
l'effort de fa (impie pefantcur, il faut qu'il fa fie chaque tour en autant de temps, qu'un
Pendule, de la longueur du demi diamètre de ce cercle, en emploie a faire deux allées.
Il faut donc voir en combien de temps un pendule, de la longueur du demidiametre
de la Terre, feroit ces deux allées. Ce qui eft. aifé par la propriété connue des pendu-
les, & par la longueur de celuy qui bat les Secondes, qui eft de 3 pieds 8^ lignes,
mefure de Paris. Et je trouve qu'il faudroit pour ces deux vibrations 1 heure 24^
minutes; en fuppofant, fuivant l'exacte dimenfion de Mr. Picard, le demidiametre de
la Terre de 196 15 800 pieds de la mefme mefure I5). La vitefie donc de la matière
fluide, a l'endroit de la furface de la Terre, doit cftrc égale h celle d'un corps qui feroit
le tour de la Terre dans ce temps de 1 heure, 244 I<5) minutes. Laquelle vitefie eft, a
fort peu près, 17 fois plus grande que celle d'un point fous l'Equateur; qui fait le
mefme tour, à l'égard des Etoiles fixes, comme on doit le prendre icy, en 23 heures,
56 minutes, ce qui paroit par la proportion entre ce temps & celuy d'une heure 244
minutes, qui eft très près comme de 17 a 1.
,5) Dans le texte de 1687 il n'était encore question que de la mesure de Snellius. Comparez la p.
403 qui précède.
,<5) Textes précédents: 25 minutes. De plus Huygens y donnait 24 heures pour la rotation de la
terre au lieu de 23 heures 56 minutes.
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. 46 I
Je fçay que cette rapidité femblera étrange à qui la voudra comparer avec les mou-
vemens qui le voient icy parmy nous. Mais cela ne doit point faire de difficulté; &
mefine,' par report à la Ipherc, ou à la grandeur de la Terre, elle ne paroitra point
extraordinaire. Car fi, par exemple, en regardant un Globe Terreilre, de ceux qu'on
fait pour l'uiàge de la Gcogra|phie, on s'imagine fur ce globe un point qui n'avance (/>• 1 44)-
que d'un degré en 1 4 Secondes ou battemens de pous, qui eft la viteffe de la matière
que je viens de dire; on trouvera ce mouvement très médiocre, & mefine il pourra
fembler élire lent '").
Il y a au relie plufieurs effets naturels qui femblent demander une matière extrê-
mement agitée, & qui pénètre facilement par les pores des corps. Telle efl la force de
la poudre a Canon, qui en s'allumant ne prend pas fon mouvement violent d'elle
mefine, ni de celuy qui en aproche la mefche; & par confequent il faut qu'il viene de
quelqu 'autre matière qui ait ce mouvement, & qui fe trouve par tout; failant lbn
effet toutes les fois qu'elle y trouve une difpofition convenable. Telle efl auffi, a ce
que je conçois, la force du RefTort, tant de l'acier & autres corps folides, que de celuy
de l'air. A quoy l'on peut joindre celle des mufcles des animaux: qu'on explique fort
bien par une fermentation que le fuedes nerfs caufe dans le fang: mais d'où viendra
la force de la fermentation, fi ce n'efl de quelque mouvement de dehors? La puifTante
action de la Gelée ne paroit pas non plus concevable, fi on n'a recours a une impul-
(ion violente de quelque matière, qui faffe étendre ou la glace, en y introduifant
d'autres particules, ou les bulles qui s'y forment, en augmentant l'air qu'elles contie-
nent. Ce qui fe fait avec tant de violence, que j'en ay vu crever des canons de mous-
quet, dans lefquels l'eau avoit eflé enfermée.
INIais pour revenir à la Pefanteur; l'extrême viteffe de la matière qui la caufe, fert
encore à expliquer comment les corps pefants, en tombant, accélèrent tousjours leur
mouvement, quand mefme ils l'ont desja acquis à un fort grand degré de viteffe. Car
celuy de la matière fluide, furpafïant encore de beaucoup la célérité d'un boulet de
canon, par exemple, qui retombe de l'air, après y avoir eflé tiré perpendiculairement;
ce boulet, jufqu'à la fin de fa chute, reffent à fort peu prés la mefme | preffion de cette (A l4S~)'
matière, & partant fa célérité en efl continuellement augmentée. Au lieu que, fi la
matière n 'avoir qu'un mouvement médiocre, la balle après en avoir acquis autant,
n'accelereroit plus fa chute, par ce qu'autrement elle feroit obligée de pouffer cette
mefme matière, à fucceder dans fa place avec plus de viteffe qu'elle n'auroit pour
cela par fon propre mouvement.
L'on peut enfin trouver icy la raifon du Principe que Galilée a pris pour démon-
trer la proportion de l'accélération des corps qui tombent; qui efl que leur viteffe
s'augmente également en des temps égaux. Car les corps eilant pouffez fuccefli veinent
I7) L'alinéa qui suit a été intercalé ici seulement. Consultez le n° 9 de la p. 434 de l'Avertissement.
462 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
par les parties de la matière qui tafchc de monter en leur place, & qui, comme on
vient de voir, agiffent continuellement fur eux avec la mefine force, du moins dans
les chûtes qui tombent fous noftre expérience; c'en eft une fuite neceffaire que l'ac-
croifFemcnt des viteffes foit proportioncl à celuy des temps.
Ainfi donc j'ay expliqué, par une Hypothcfc qui n'a rien d'impoffiiblc, pourquoy
les corps terreftres tendent au centre; pourquoy l'aétion de la gravite ne peut efixe
empêchée par rinterpofition d'aucun corps de ceux que nous connoifibns; pourquoy
les parties de dedans de chaque corps contribuent toutes a fapefanteur; 6k pourquoy
en fin les corps en tombant augmentent continuellement leur viteffe, & cela dans la
raifon des temps. Qui font les proprietez de la pefanteur qu'on avoit remarquées
jufqu'a prefent ,8).
Il en refte une encore, que jufqu'icy on n'a pas crû moins certaine; qui eft que les
corps pefans le font autant en un endroit de la Terre qu'en un autre. Ce qui aiant
eflé trouvé autrement, par des obfervations qu'on a faites depuis peu, il vaut la peine
d'examiner d'où cela peut procéder, & quelles en font les confequences.
(/>. 1 46). L'on aflure d'avoir trouvé dans la Caiene, qui eft: un pais | dans l'Amérique, éloigné
feulement de 4 ou 5 degrez de l'Equateur, qu'un Pendule qui bat les Secondes, y eft:
plus court qu'a Paris d'une ligne & un quart, d'où fenfuit que, fi on prend des pen-
dules d'égale longueur, celuy de la Caiene fait des allées un peu plus lentes que celuy
de Paris. La vérité du fait eftant pofée, on ne peut douter que ce ne foit une marque
affurée de ce que les corps pefans defeendent plus lentement en ce pais là qu'en
France. Et comme cette diverfité ne fçauroit eftre attribuée à la ténuité de l'air, qui
eft: plus grande dans la zone Torride; parce qu'elle devroit caufer un effet tout con-
traire; je ne vois pas qu'il puifle y avoir d'autre raifon, (înon qu'un mefme corps pefe
moins fous la ligne que fous des Climats qui s'en éloignent. Je reconnus, auffi toft
qu'on nous euft communiqué ce nouveau phénomène, que la caufe en pouvoit eftre
raportéeau mouvement journalier de la Terre: qui eftant plus grand en chaque pais,
félon qu'il approche plus de la ligne Equino&iale, doit produire un effort propor-
tionné à rejetter les corps du centre; & leur ofter par là une certaine partie de leur
pefanteur. Et il eft aifé, par les chofes expliquées cy deflus, de fçavoir la quantième
partie ce doit eftre, dans les corps qui fe trouvent placez fous l'Equateur. Car ayant
trouvé, comme on a vu, que, fi la Terre tournoit 17 fois plus vifte qu'elle ne fait, la
force Centrifuge fous l'Equateur ferait égale à toute la pefanteur d'un corps: il faut
que le mouvement de la Terre, tel qu'il eft maintenant, ofte une partie de la pefan-
teur, qui foit à la pefanteur entière comme 1 au quarré de 17, c'eft-à-dire^y; parce
que les forces des corps, à s'éloigner du centre autour du quel ils tournent, font entre
elles comme les quarrez de leurs viteffes, fuivant mon Théorème 3e de Vi Centrifuga.
l8) Ici se termine le Discours tel qu'il fut en 1669 et 1687. Le reste est nouveau.
DISCOURS DL LA C'A US H DM LA PLSANTKL'R.
4^3
[Fig. 130]
Chaque corps, fous l'Equateur, eflant donc moins pelant de 5i^y de ce qu'il feroit 11
la Terre ne toumoit point fur (on axe; il s'enfuit, par les loix de la Mechanique, que
la longueur | d'un Pendule, en cet endroit, doit aufîî élire diminuée de ^5,pour faire (/>• M")-
les allées dans le meiine tems qu'il les feroit fur la Terre immobile.
Mais pour fçavoir la diminution que doit fouffrir un Pendule, qui de Paris cil
tranlporté fous la ligne Equinoctiale, il faut confiderer qu'a Paris fa longueur cil défia
moindre quel! la Terre elloit en repos; parce que le mouvement journalier fait auffi
fous ce parallèle fon effort h éloigner les corps du centre de la Terre. Lequel effort
n'ell pourtant pas iî grand qu'il eil fous la Ligne; tant h caufe que le cercle du mou-
vement cil moindre, que parée qu'il ne chafle pas les corps directement en haut, mais
fuivant la perpendiculaire à l'axe de la Terre, comme l'on verra par cette ligure. Le
cercle P A Q E [Fig. 130] y reprefente la Terre, coupée par un plan qui palle par
les deux pôles, P, Q. le centre cil C: le cercle Equinoclial E C A :1e
parallèle de Paris DON, fuppofant que Paris eil en D. K H reprefente
une corde qui foutient un plomb H, qui s'écarte de la perpendiculaire
K D C, parce qu'il cil rejette, par le mou-
vement circulaire, fuivant la ligne O D M;
que je fuppofe palier par le poids II.
Pour connoitre maintenant quelle doit
élire la fîtuation du fil K H, & combien moins
le plomb H pefe de cette façon, que s'il pen-
doit perpendiculairement le | long de K D;(f>- M8)-
il faut confiderer le point II comme citant
tiré par trois fils, H C, HM, II K. defquels 1 1
C le tire vers le centre de la Terre, avec-
tout le poids que le plomb auroit il la Terre
eiloit fans mouvement, mais II M le tire de
fon collé avec la force que donne le mouve-
ment de la Terre dans le cercle D N. & le
troilieme fil H K tire, ou elt tiré, avec une force qui eil celle qu'on cherche. Ayant
donc prolongé C H, & mené K L parallèle à D M; l'on fçait que les trois collez du
triangle H L K font proportionels aux puiflances qui tirent le point H : le collé L H
refpondant à celle qui tire par H C; le collé K L à celle qui tire par H M; & le codé
1 1 K à la puiffance qui tire ou foutient le plomb par le fil K H. Mais le triangle K D H
cil cenfé avoir tous fes collez égaux à ceux du triangle H L K, parce que C H L eil
comme parallèle à C D K. Les collez donc de K D H rcfpondent aux mefmes puif-
lances: fçavoir le collé K D h la pefanteur abfoluë du poids H, qu'il auroit fi la Terre
ne tournoit point; D H à la puiffance que luy imprime le mouvement journalier; &
K H à la pefanteur qu'on cherche. Or ce triangle K II D eil donné, car puis que nous
fçavons que l'effort circulaire, fous l'Equateur en E, elt ^9 du poids abfolu : & puis-
que cet effort eil h celuy en D, ou en 1 1, comme E C h D O, qui font en raifon
464 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
(/>. 1 49). donnée, nous fçau | rons donc auffi, quelle partie du poids abfolu eft l'effort centrifuge
en D ou H. c'eft-à-dire que la raifon de D K à D 1 1 fera connue, comme eftant com-
pofée de celle de 289 à 1, & de E C à D O. Mais l'angle H D K eft auffi connu, eftant
égal à celuy de la Latitude de Paris, fçavoir de 48 degr. 5 1 min. Donc on connoitra
la raifon de D K à K II, qui eft celle de la pefanteur abfoluë des corps, a celle qu'ils
ont à Paris, & qui eft encore celle de la longueur du pendule fur la Terre immobile,
à la longueur qu'il doit avoir fous ce Parallèle, fuivant ce qui défia a efté dit. Et puis
que la longueur du pendule à Secondes eft donnée à Paris, l'on feaura auffi celle
qu'auroit le pendule à Secondes fur la Terre immobile, & quelle eft leur différence,
& de combien cette différence eft moindre que cette 2-|5, que nous avions trouvée
fous l'Equateur.
Pour faire cette Amputation avec facilité, & fans le calcul des triangles, il faut
fçavoir, & nous le prouverons h cette heure, que, comme le quarré du rayon E C eft
au quarré de D O, iinus du complément de la Latitude de Paris, ainfi eft ^9, diffé-
rence ou racourcifTement du pendule fous l'Equateur, à la différence ou racourcifïe-
ment à Paris. Qui fe trouve par la eftre ?|ïï de la longueur du pendule fur la Terre
immobile, ou fous le Pôle. Et puifque le Pendule à fécondes à Paris, eft de 3 pieds
8| lignes; il s'enfuit que la Longueur du pendule fur la Terre immobile, ou fous le
Pôle, feroit de 3 pieds 9 £ lignes, d'où oftant ^|5, qui fait i^ ligne, on aura la lon-
gueur du pendule à Secondes, fous l'Equateur, de 3 pieds yi lignes. De forte que ce
pendule feroit plus court, que celuy de Paris, de § d'une ligne; qui eft un peu moins
que ce qui a efté trouvé à la Caiene par Mr. Richer, fçavoir une ligne & un quart.
Mais on ne peut pas fe fier entièrement à ces premières obfervations, defquelles
on ne voit marqué aucune ci rcon fiance. Et encore moins, à ce que je crois, à celles
(/>• ' 5°)- qu'on dit avoir | efté faites a la Gadaloupe, où le racourcifTement du pendule de Paris
auroit efté trouvé de 2 lignes Iy). Il faut efperer qu'avec le temps nous ferons infor-
mez au jufte de ces différentes longueurs, tant fous la ligne qu'en d'autres Climats;
& certainement la chofe mérite bien d'eftre recherchée avec foin, quand ce ne feroit
que pour corriger, fuivant cette Théorie, les mouvemens des Horloges à Pendule, en
les faifant fervir à mefurer les Longitudes fur mer. Car une Horloge, par exemple qui
feroit bien réglée à Paris, eftant tranfportéc en quelque endroit fous l'Equateur, re-
tarderait environ d'une minute & 5 fécondes en 24 heures; comme il eft ai f c de fup-
puter fuivant le raifonnement précèdent: & ainfi à proportion pour chaque différent
I9) Comparez la Prop. XX, Probl. III du troisième livre des „Principia" de Newton: Invenire &
inter se comparare pondéra corporum in regionibus diversis". Cette proposition suit immédia-
tement celle qui traite de la forme, supposée sphéroïdale, de la terre, dans laquelle est appliquée
la méthode des canaux: comparez sur cette dernière la Pièce Considérations ultérieures sur
la forme de la terre" qui précède (où Huygens calculait aussi, p. 396, raccourcissement du
pendule à secondes à Paris).
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
46;
degré de Latitude. Où Ton trouvera que ces retardemens, entre eux, iùivcnt allé/
preeilément la mefme proportion que les diminutions de la longueur du pendule: &
que le plus grand retardement, tel que feroit celuy d'une Horloge fous
l'Equateur, lors qu'elle auroit efté réglée fous le Pôle, feroit par jour
fort prés de 2 4- minutes. En ayant donc calculé des Tables, on pour-
rait corriger, par leur moien, le mouvement
des Horloges, & s'en fervir avec la mefme
fureté que ii ce mouvement eftoit par tout
égal.
Pour demonftrer ce qui a efté pofé un peu
auparavant, en | cherchant la diminution du (p- '50*
[Eig. 130]
Pendule à Paris, (& c'eft la mefme chofe
dans quelque autre lieu que ce foit) lorf-
qu'on connoit laquantitédecettediminution
fous l'Equateur: foit prife, dans la mefme
figure, K F égale à K H, 6k foit H G paral-
lèle h Taxe P Q. Il a efté montré que II D
eft à D K, comme l'effort à s'éloigner du
centre, en D ou H, au poids abfolu fur la
Terre immobile. Mais comme E C ou C D à D O, c'eft à-dire comme G D à H D,
ainfi eft l'effort centrifuge en E, fous l'Equateur, à celuy en D. Donc comme G D à
D K, ainfi fera l'effort centrifuge en E, au poids abfolu fur la Terre immobile. Et la
ligne G D fera le racourcifïemenr du pendule, qui eft requis fous l'Equateur, fuivant
ce qui a efté dit cy devant. Mais F D eft le racourciffement à Paris; & G D eft à D
F comme le quarré de G D au quarré de D H; parce que la petitefté de l'angle D K
H, fait que H F peut eftre confiderée comme perpendiculaire à G D. Le racourciffe-
ment donc fous l'Equateur, à celuy qui convient à Paris, eft comme le quarré de G
D au quarré de D H; c'eft-à-dirc comme le quarré de C D, ou de E C, au quarré de
D O. ce qu'il faloit démontrer.
Il refte à confiderer l'angle M K D, dans la mefme figure; qui marque de combien
le plomb K H, eftant en repos, décline de la perpendiculaire K D. Où je trouve que,
fous le Parallèle de Paris, cet angle eft de 5 minutes 54 fécondes; & qu'il doit eftre
encore un peu plus grand au 45e degré de Latitude.
Cette declinaifon eft bien contraire à ce qu'on a fuppofé, de tout temps, comme une
vérité très certaine; fçavoir que la corde, qui tient un plomb fufpcndu, tend directe-
ment au centre de la Terre. Et cet angle, d'une dixième de degré, eft affez confide-
rable, pour faire croire qu'on devroit s'en eftre aperceu, foit dans les obiérvations
Aftronomiques, foit dans celles qu'on fait avec le Niveau. Car pour ne parler que de
ces dernières, | ne faudrait il pas, qu'en regardant du cofté du Nort, la ligne du niveau (/>.
baiffaft vifiblement fous l'Horizon? ce qui pourtant n'a jamais efté remarqué, ni qui
apurement n'arrive point. Et pour en dire la raifon, qui eft un autre paradoxe, c'eft
59
'50-
466 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
que la Terre n'eft pas tout a fait fpherique, mais d'une figure de fphere abaifTée vers
les deux Pôles, telle que feroit a peu prés une Ellipfe, en tournant fur Ton petit axe.
Cela procède du mouvement journalier de la Terre, & c'eil une fuite necefiaire delà
declinaifon fufdite du plomb. Parce que la defeente des corps pefans eftant parallèle
a la ligne de cette fufpenfion, il faut que la furface de tout liquide fe difpofe en forte,
que cette ligne luy foit perpendiculaire, parce qu'autrement il pourroit defeendre
d'avantage -°). Partant la furface de la mer eft telle, qu'en tout lieu le fil fu (pendu
luy cil: perpendiculaire. D'où s'enfuit que la ligne du niveau, c'eil-à-dire celle qui
coupe le fil, du plomb fufpcndu, a angles droits, doit marquer l'horizon, ainfi qu'elle
fait; n'y ayant que la hauteur du lieu, où le niveau eft placé, qui le fade vifer quelque
peu plus haut. Or les colles des terres ertant généralement élevées, & prefque par tout
de mefme, a l'égard de la mer; il s'enfuit que tout le compofé, de terres & de mers,
eft réduit a la mefme figure fpheroïde que la furface de la mer fe donne neceflaire-
ment. Et il eft a croire, que la Terre a pris cette figure, lors qu'elle a efté aftemblée
par l'ellect. de la pefanteur 2I): fa matière ayant dés lors le mouvement circulaire de
24 heures.
ADDITION.
Quelque temps après que j'eus achevé d'eferire ce qui précède, ayant receu &
examiné le journal du voiage, qui, par ordre de Meilleurs les Directeurs de la Com-
(/'• '53)- pagnie des Indes Orientales, a efté fait, avec nos Horloges à pendule, | jufqu'au Cap
de Bonne Efperance; & du depuis ayant encore lu le très fçavant ouvrage de Mr.
Newton, dont le titre eft Philo fophue N attirails principia Mathematica 2ï); l'un &
l'autre me fournit de la matière pour étendre d'avantage ce Difcours. Et première-
ment, quant aux différentes longueurs des Pendules dans divers Climats, dont il a
auili traité, je crois avoir, par le moien de ces Horloges, non feulement une confirma-
tion évidente de cet effeét du mouvement de la Terre, mais auifi de la mefure de ces
longueurs, qui s'accorde très bien avec le calcul que je viens d'en donner. Car ayant
corrigé & rectifié, fuivant ce calcul, les Longitudes qu'on avoit mefurées par les Hor-
loges, au retour du Cap de B. Efpc. jufqu'au Texel en Hollande, (car en allant elles
n'avoient point fervi) j'ay trouvé que la route du vaiilcau en ciloit beaucoup mieux
20) C'est là ce que A. C. Clairaut dans sa „Theorie de la Figure de la terre, tirée des principes de
l'hydrostatique" de 1743 (Paris, Durand) appellera à bon droit (Chap. I, § II) le ^principe dû
à M. Huygens", par opposition à la condition newtonienne de l'équilibre des canaux.
:I) Non pas évidemment, dans la pensée de Huygens, par une attraction mutuelle des particules,
mais par voie tourbillonnaire. Comparez le troisième alinéa de la p. 456.
22) Nous avons cité dans la note 19 les propositions deNewton qui traitent des matières contenues
dans la présente Addition.
DISCOl'RS DE LA CAl'SE DR LA PESANTEUR.
467
marquée fur la Carte, qu'elle n'eftoit fans eette correction ;& fi bien, qu'en arrivant à
ce Port, il n'y avoit pas 5 ou 6 lieues d'erreur dans la Longitude ainli rectifiée. Sup-
putant que celle dudit Cap avoit elle bien prife par les P. P. Jefuites, lors qu'ils y
paflerent en l'année 1685, en allant à Siam; & qu'elle cil de 18 degrez plus a l'Efl
que celle de Paris; ce que je fçay encore d'ailleurs ne s'éloigner guère de la vérité -').
Le détail de toute cette affaire eft déduit au long dans le Raport que j'ay fait, tou-
chant ce voiage des Pendules, aux dits Meilleurs les Directeurs. Sur lequel raport,
après l'avoir fait examiner par des perfonnes intelligentes, il leur a plù d'ordonner
qu'on fift une féconde épreuve; pour s'affurer par plulîcurs expériences de la bonté
de cette invention. L'on verra quel fera le fuccés de cet autre voiage, & particuliè-
rement en ce qui eft de la variation des Pendules, eftant certain que, pour la bien
connoitre, ces Horloges donnent un moyen plus feur, par leur accélération & retar-
dement, que n'eft celuy de mefurcr actuellement la longueur du pendule a Secondes
en differens païs. Cependant, parce | que dans l'effay, dont je viens de parler, l'expe- (?• '54)-
rience s'eft fi bien accordée avec ce que j'avois trouvé par raifonnement, je m'y fie
a(Tez pour vouloir continuer cette fpcculation, en cherchant premièrement, quelle efl
donc la tonne de la Terre, puifque, comme il a efté dit, elle n'eft pas Spherique.
Il eft bon pour cela de la confiderer comme toute couverte d'eau, ou comme fi toute
fa 'mafîe n'eftoit autre chofe. Et alors il paroit, par ce qui a efté expliqué cy deffus,
que la furface doit eftrc telle, que, dans quelque endroit que ce foie, le fil, qui foutient
un plomb, l'aille rencontrer a angles droits; ayant égard à la pefanteurenfemble,& à
la force centrifuge, qui détourne le fil
[Fig- I31]
de fa direction vers le centre. Parce
que fi le fil ne rencontrait pas la furface
à angles droits, elle ne pourrait pas
demeurer en l'affiete où elle eft.
Suppofé donc les mefmcs chofes, que
dans la dernière figure du difeours pré-
cèdent, ôcaufli ce qui en a efté expliqué;
mais faifant la forme de la Terre un peu
diminuée & applatie vers les Pôles, en
forte que l'axe P Q [Fig. 131] foit
plus court que le diamètre E A; foit
menée B D S R parallèle à K II, cou-
pant E A, P Q en S & R. Puifque le
fil K H, qui foutient le plomb, ou plu-
toft fa parallèle B D, doit rencontrer
:3) Comme nous Pavons dit aussi à la p. 652 du T. XVIII, il n'est pourtant pas exact que le Cap
de Bonne Espérance aurait une longitude orientale de 180 par rapport à Paris. Les cartes mo-
dernes donnent i6°io' pour cette longitude.
468 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
la furface de la mer à angles droits; & puil'quc ce fil pend en forte, que K D eft a D H,
(/>. 1 54). ou D C à | C S, comme la pefanteur abfoluë à la force centrifuge en D; laquelle raifon
elt compofée de celle de la pefanteur abfoluë, a la force centrifuge en E, qui eft comme
de 2S9 à 1, 6k de celle de cette force a la force centrifuge en D, qui eft comme E C
h D O; il paroit que la nature de la Ligne courbe E D P eft déterminée par la pro-
priété de fa perpendiculaire, comme D R ; c'eft-à-dire qu'en menant une telle perpen-
diculaire, tousjours la raifon de D C à C S doit eftre compofée d'une raifon donnée,
& de celle de E C à D O. Ou bien, comme on en peut inférer facilement, que la raifon
de D O à C S, ou de O R à R C doit eftre compofée de la dite raifon donnée, & de
celle de E C à C D.
Or il eft difficile de trouver ainfi des lignes courbes par la propriété donnée de leurs
perpendiculaires, ou, ce qui eft la mefme chofe, par la propriété de leur Tangentes :+).
Mais il y a un moyen afTez ailé pour cette courbe icy, qui eft fondé fur l'équilibre de
certains canaux, dont Mr. Newton a donné la première idée.
Le canal qu'il fuppofe eft reprefenté dans noltre figure par E C P, faifant un angle
droit au centre de la Terre. Il faut le concevoir comme ayant quelque peu de creux,
& rempli d'eau. Ce qui eftant, il eft certain que les deux jambes, E C, C P, lé doivent
tenir en équilibre, fi l'on fuppofe que la Terre, eftant toute compofée d'eau, prend
une figure, dont les diamètres foient E A & P Q: parce qu'autrement, cette eau du
canal, ne demeureroit pas non plus dans fon afîiete en la concevant fans canal, contre
ce qu'on fuppofe. d'où il eft aifé de trouver la raifon de E A à P Q. Car en pofant
E C 00 a\ C P do Z>, & reprefentant la pefanteur abfoluë par une ligne/); & la force
centrifuge en E par la ligne «; le poids du canal P C efl/> £, fçavoir ce qui fe fait en
multipliant toutes les parties de ce canal également par la ligne/). Mais le poids du
(/•-1 55)- canal E C, qui feroit \p a, eft: diminué par la force centrifuge de toutes fes parties,
des quelles la plus élevée, qui eft en E, a la force //; & toutes les autres parties l'ont
proportionée a celle cy, fuivant leur diitances du centre D. ce qui fait \ na pour toute
la force centrifuge de l'eau du canal E C, qui eftant oftée de fon poids/) <?, relie/) a-
i « a\ qui doit eftre égal à/> b poids du canal P C. d'où il paroit que a eft à b comme
p à/)-| n. C'eft-à-dire que le diamètre E A de la Terre, eft à fon axe P Q, comme
289 à 288^, ou comme 578 à 577,' car la raifon de/» à n cftoit comme 289 à 1 .
Pour trouver en fuite quelle eil la ligne courbe E D P, je m'imagine le canal plein
d'eau E C D, & menant D O perpendiculaire fur l'axe P C, je fais C O 00 x, & O D
*4) Huygens s'était surtout occupé en 1687, de concert avec Fatio de Duillier, du „problème ren-
versé des tangentes", mais seulement pour un certain genre de courbes: voyez les p. 491 — 502
du T. XX. Il devait reprendre cette recherche en 1691 en se laissant de nouveau guider, peut-
on dire, par le jeune mathématicien suisse (T. XX, p. 506 — 541).
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
469
[Fig. 131] 30 y ; les autres lignes citant nom-
mées comme devant. Il eft certain
que l'eau de E C & celle de D C fe
doivent derechef contrebalancer. Et
mefme, cela doit arriver de quelque
manière qu'on conçoive que le canal
(bit fait, pourvu qu'il aboutifle de
part & d'autre a la furface; comme,
t par ex. s'il alloit par D O C E, ou
D O P, ou D C P. Maintenant, la
force centrifuge de toute l'eau en
C D, eft égale à celle de l'eau qui
remplirait le canal O D, fuppofé de
mefme largeur; ce qui fe voit faci-
A lement par la Mecbanique des plans
inclinez. Mais comme ECoo a, à
D O do v, ainfi eft la force centrifuge en E, qui eftoit 7;, à la force centrifuge en D;|
7/V
qui fera donc ~ ■-. Dont la moitié multipliant le contenu du canal D O x j, fait la (/>. 157).
a
nyy
force centrifuge de ce canal 00 i^^, qui eft donc aufii la force centrifuge du canal C
D. Mais la pefanteur de ce canal C D, vers le centre C eft p }/ xx + yy. donc fa pres-
fion qui refte vers C, fera/> ]/ xx -{-yy — — — ; qui doit eftre égale à pa — \an,
Cv
preflion du canal E C, trouvée cydevant.
ûp
Laquelle Equation, en fuppofant — 00 /, revient à celle-cy,
f 20 \ffyy — 4aaff+ tffxx
— wfyy + \aH
+ 2(i ay y — a* 25)
Qui fait voir que la ligne courbe E D P n'eft pas une feélion de Cône, fi ce n'eft quand
p & n font égales; c'eft-a-dire quand la force centrifuge d'un corps, placé en E, eft
fuppofée égale à fa pefanteur vers le centre C. Car alors il parait que /eft égale à a\
& l'Equation devient y* 00 zaayy — a* + \ffxx\ ou bient v4 — 2#œyy + #4 00
^ffxx. & enfin yy — aa 00 lax. Ce qui marque qu'en ce cas E D P eft une Pa-
25) C'est l'équation trouvée en novembre ou décembre 1687 d'après la p. 401 qui précède.
47°
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
rabolc ;6), telle que dans cette figure [Fig. 132]; ayant le fommet P; l'axe P C égal
à la moitié de C E; & le paramètre double de la mefme C E.
De forte que fi la Terre, ayant le diamètre E A de la gran-
deur qu'il eft, tournoit, fur fon axe P Q, 17 fois plus ville
qu'elle ne fait, (car alors la force centrifuge en E feroit égale a
la pefanteur vers le centre, par la demonflration qui cil dans |
(/>• '58)- / \ ce Difcours) elle auroit la figure du corps que font ces deux
demies Paraboles oppofées, P E C, Q E C, en tournant autour
de l'axe P Q. Et on voit que c'eft là la plus grande force cen-
trifuge qu'on puifie fuppofer; par ce que, fi on la faifoit plus
grande que la pefanteur, les corps placez en E s'envoleroient
en l'air.
Hors de ce cas, fi dans l'Equation trouvée l'on fait yy 30
a z , eflant z une ligne indéterminée, l'on aura
a
ff
oo a-
*/+
1/
T-y J aa aa
Et mettant ^pour- /*, viendra z oo a + ad
l/4/M
+
4fxx
D'où je
a •" v ' aa
connois que, C O eflant x, fi la perpendiculaire O T eft appcllée 2; le point T fera
dans une Hyperbole dont l'axe
adjouté à C E fera \d. Et que com-
me ûfffz aa, ainfi fera l'axe au para-
aad
metre; qui fera donc —&-, c'eft-h-
[Fig. 131]
/'
na
dire a — — ,en reftituant les valeurs
P
de d & de f. Et parce que yy eltoit
égale à az, il s'enfuit que D O do y
fera moyene proportionellc entre
O T & E C. D'où l'on peut trou-
ver les points par lefquels la ligne
courbe E D P doit palier.
Or cette ligne fatisfait auffi à ce
que j'ay dit cftre requis; fçavoir que
menant D R qui luy foit à angles
Irt) Comparez la p. 393 qui précède.
2") Equation également trouvée plus haut (p. 402).
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. \7 I
droits, la raifon | de 0 R h R C fera compofée de la raifon de p a ;;, & de E C à C D, (/>• ' 59)'
comme cela le peut prouver par le calcul d'Algèbre î8).
J'ay llippoTé dans tout ce raiibnnement que la pelanteur elt la mefmc au dedans de
la Terre qu'à la furface; ce qui me paroit fort vraifcmblable, non obltant la raifon
qu'on peut a voir d'en douter,dont je parlera y après. Maisquandilcnfcroit autrement'9),
cela ne changerait prefque rien à ce qui a elle trouvé de la figure de la Terre: mais
bien alors quand la force centrifuge fait une partie conlîderable de la pefanteur, ou
qu'elle luy clt égale, comme dans le cas de la figure Parabolique, qui alors deviendrait
tout autre. Au relie quand la force centrifuge en E elt très petite à raifon de la pe-
lanteur, comme elle elt icy fur la Terre, l'Hyperbole E T P, h caufe du grand éloig-
nement de l'on centre, approche fort de la Parabole, & par confequent E D P ne
diffère guère de l'Ellipfe; ni guère aufîï du cercle, parce que E C alors ne furpaffe C
P que de fort peu; comme il a elle trouvé peu devant, que cet excès n'efr. que jj-%
de E C, demidiametre de la Terre.
Monlieur Newton le trouve —t de E C, & que ainfi la figure de la Terre diffère
bien plus de la fpherique; fe fervant en cela d'une tout autre fupputation. que je
n'examincray pas icy, parce qu'auffi bien je ne fuis pas d'accord d'un Principe qu'il
fuppofe dans ce calcul & ailleurs; qui cft, que toutes les petites parties, qu'on peut
imaginer dans deux ou pluficurs différents corps, s'attirent ou tendent à s'approcher
mutuellement. Ce que je ne fçaurois admettre, par ce que je crois voir clairement,
que la caufe d'une telle attraction n'efr. point explicable par aucun principe de Me-
chanique, ni des règles du mouvement, comme je ne fuis pas perfuadé non plus de la
neceffité de l'attraction mutuelle des corps entiers; ayant fait voir que, quand il n'y
aurait point de Terre, les corps nel aifferoient pas, par ce qu'on appelle leur pefanteur,
de tendre vers un centre. |
28) L'équation de la courbe EDP est y4 — 2 Aj1 — 4/'2-v2 + B = o . . ( 1 ), où A = 2/'2 — iaf-\-a2
et B = (iaf— a2~)2. Il s'agit de démontrer que — = — . . . (2)
RC v x2 -^ y2
Or, l'équation de la courbe donne
zf2x
donc x + RC = — J
1 A
L'équation (2) devient if2 — A -f- y3 = o.f\/x2 + y2-
En portant les deux membres au carré on retrouve l'équation (1). C. Q. F. D.
Evidemment, on peut aussi commencer le calcul en se servant de la méthode de Huygens
(T. XIX, p. 243 et suiv.) pour trouver la soustangente.
:y) Huygens veut probablement dire: quand la pesanteur, au dedans de la terre, neserait pastout-
à-foit constante.
4/2 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
(/>. 160.) Je n'ay donc rien contre la Vis Centripeta, comme Mr. Newton l'appelle, par la
quelle il fait pefer les Planètes vers le Soleil, & la Lune vers la Terre, mais j'en de-
meure d'accord fans difficulté: parce que non feulement on fçait par expérience qu'il
y a une telle manière d'attraction ou d'impuliîon dans la nature, mais qu'aufll elle
s'explique par les loix du mouvement, comme on a vu dans ce que j'ay écrit cy deffusde
la pefanteur. Car rien n'empêche que la caufe, de cette Fis Centripeta vers le Soleil,
ne foit femblable à celle qui pouffe les corps, qu'on appelle pelants, àdefeendre vers
la Terre. Il y avoit long temps que je m'eftois imaginé, que la figure lpherique du
Soleil pouvoit eftrc produite de mefme que celle qui, félon moy, produit la fphericité
de la Terre 3°); mais je n'avois point étendu l'action de la pefanteur a de fi grandes
diftances, comme du Soleil aux Planètes, ni de la Terre à la Lune; parce que les Tour-
billons de Mr. Des Cartes, qui m'a voient autrefois paru fort vraifemblables, & que
j'avois encore dans l'efprit, venoient à la traverfe. Je n'avois pas penfé non plus à
cette diminution réglée de la pefanteur, fçavoir qu'elle eftoit en raifon réciproque
des quarrez des diftances du centre : qui eft une nouvelle 6k fort remarquable propriété
de la pefanteur, dont il vaut bien la peine de chercher la raifon. Mais voiant mainte-
nant paY les demonrtrations de Mr. Newton, qu'en fuppofant une telle pefanteur vers
le Soleil, & qui diminue fuivant la dite proportion, elle contrebalance fi bien les
forces centrifuges des Planètes, & produit jultement l'effet du mouvement Elliptique,
que Kepler avoit deviné, & vérifié par les obfervations, je ne puis guère douter que
ces Hypothefes touchant la pefanteur ne foient vrayes, ni que le Syfteme de Mr.
Newton, autant qu'il eft fondé la dcfi'us, ne le foit de mefme. Qui doit paroitre d'au-
tant plus probable, qu'on y trouve la folution de plufieurs difficultez, qui faifoientde
(/>. 161). la peine dans les Tourbillons fuppofez de Des Cartes. On voit maintenant comment
les excentricitez des Planètes peuvent demeurer conftamment lesmefmes: pourquoy
les plans de leurs Orbes ne s'unifient point, mais gardent leurs différentes inclinai-
fons à l'égard du plan de l'Ecliptique, & pourquoy les plans de tous ces Orbes paffent
neceflairement par le Soleil 3I). Comment les mouvemens des Planètes peuvent
s'accélérer & fe ralentir par les degrez qu'on y obferve; qui malaifement pouvoient
eftre tels, fi elles nageoient dans un Tourbillon autour du Soleil 32). On y voit enfin
3°) II semble qu'ici I [uygens attribue la forme sphérique — ou presque sphérique — de la terre aux
mouvements tourbillonnaires de la matière extérieure aussi bien qu'intérieure. Ailleurs il ne
parle que de cette dernière: voyez les p. 497 — 498 qui suivent).
31) Voyez sur cette dernière question la note 10 de la p. 350 qui précède.
32) Dans les „Pensecs meslees", au § 16, donc en 1686 (ou peut-être en 1687 puisque la phrase a
été ajoutée après coup) Huygens ne se montrait pas encore convaincu de l'impossibilité ou du
moins de la grande difficulté, pour employer un terme moins fort, qu'il y aurait à vouloir expli-
quer par certaines propriétés des tourbillons les accélérations et ralentissements kepleriens des
planètes.
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. 473
commcn des Comètes peuvent traverfer noitre Syfteme. Car depuis qu'on fçait qu'elles
entrent fouvent dans la région des Planètes, on avoit de la peine à concevoir com-
ment elles pouvoient quelquefois aller d'un mouvement contraire à ecluy du Tour-
billon, qui avoit allez de force pour emporter les Planètes •"). Mais, par la doctrine de
Mr. Newton, ce fcrupule cil encore oflé; puifque rien n'y empêche que les Comètes
ne parcourent des chemins Elliptiques autour du Soleil, comme les Planètes; mais
des chemins plus étendus, & de ligure plus différente de la circulaire; & qu'ainfi ces
corps n'aient leurs retours périodiques, comme quelques Philofophes & Agronomes
anciens & modernes le l'cftoient imaginé.
Il y a feulement cette difficulté, que Mr. Newton, en rejettant les Tourbillons de
Des Cartes, veut que les cfpaces celeftes ne contienent qu'une matière fort rare, afin
que les Planètes & les Comètes rencontrent d'autant moins d'obdaclc en leur cours.
Laquelle rareté eftant pofée, il ne femble pas poffible d'expliquer ni l'action de la Pe-
fanteur, ni celle de la Lumière, du moins par les voies dont je me fuis fervi. Pour
examiner donc ce point, je dis que la matière etherée peut élire cenféc rare de deux
manières, fçavoir ou que fes particules foient diilantes entre elles, avec beaucoup de
vuide entre deux; ou qu'elles fe touchent, mais que le tiflu de chacune foit rare, & | (j- 162).
entre-meilé de beaucoup de petits efpaces vuides. Pour ce qui efl du vuide, je l'admets
fans difficulté, & mefme je le crois neceflaire pour le mouvement des petits corpuf-
cules entre eux. n'eftant point du fentiment de Mr. Des Cartes, qui veut que la feule
étendue falle reflence du corps; mais y adjoutant encore la dureté parfaite, qui le
rende inpenetrable, & incapable d'eilre rompu ni écorné. Cependant à confiderer la
rareté de la première, je ne vois pas comment alors on pourrait rendre raifon de la
Pefanteur: & quant à la Lumière, il me femble entièrement impoilible, avec de tels
vuides, d'expliquer fa prodigieufe vitefle, qui doit élire fix cent mille fois plus grande
que celle du Son, fuivant la demonftration de Mr. Romer, quej'ay raportée au Traité
de la Lumière. C'eft pourquoy je tiens qu'une telle rareté ne fçauroit convenir aux
efpaces celeftes.
Il y a plus d'apparence de la concevoir de l'autre façon; parce que les particules
s'y peuvent toucher, comme je les ay fuppofées au dit Traité, & toutefois, h eau fe de
la légèreté de leur tiflu, rclifter fort peu au mouvement des Planètes. Car que fçait on
jufqu'où la nature peut aller a compofer des corps durs, avec peu de matière; fur tout,
li des particules très menues & déliées, ou mefme creufes 34), peuvent eftre infiniment
33) Comparez la note 1 de la p. 288 du T. XIX. 11 est vrai que malgré cette „peine à concevoir"
Huygens avait encore taché en 1686 (§ 16 de la p. 353 qui précède) de rendre plausible le
mouvement assez libre d'une comète au travers d'un vortex deferens.
34) Il n'est pas question ici de particules parfaitement creuses renfermant, pour ainsi dire, des
chambres sans fenêtres: comparez ce que Huygens disait quelques années plus tôt (p. 381 qui
précède) sur l'impossibilité de l'existence de particules creuses ainsi conçues, et consultez aussi
le troisième alinéa de la p. 458 qui précède.
60
474 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
fortes. Mais je crois que, fans confidcrer la rareté, la grande agitation de la matière
etherée, peut contribuer beaucoup à fa penetrabilité. Car li le petit mouvement des
particules de l'eau la rend liquide, & de beaucoup moindre refiltence, à l'égard des
corps qui nagent dedans, que n'eft le fable ou quelque poudre très fine; ne faut il pas
qu'une matière plus fubtile, & infiniment plus agitée, foit aulfi d'autant plus aifée à
pénétrer?
Quoy qu'il en foit, nous voions que la nature ne manque pas d'induilrie, pour faire
qu'il y ait des efpaces, dans le f quels les corps fe meuvent avec très peu de refiftence;car
< 7 • i 63). cela pa | roit par ce que nos mains fentent dans l'air, & encore plus par les expériences
qu'on fait dans les vaiiïeaux de verre, dont on a tiré tout l'air; où la plume la plus
légère, defeend avec la mefmc vitefle qu'une balle de plomb. Que fi on vouloit fou-
tenir que cela procède de la grande rareté de la matière qui refte dans ce vuide d'air;
j'allegucrois au contraire qu'on y aperçoit l'effet d'une matière qui pefe fort confide-
rablement 35), comme on a vu dans l'expérience cy deffus raportée.
Quant au raifonnement de Mr. Newton dans la Prop. 6. du Livre 3. pour prouver
l'extrême rareté de l'ether: fçavoir que les pefanteurs des corps font comme les quan-
titez de la matière qu'ils contienent; & que, cela efirant, fi les efpaces de l'air ou de
l'éther eltoient aufiî pleins de matière que l'or & l'argent, ces métaux n'y defeen-
droient pas; parce qu'un corps folide, n'ayant pas une plus grande pefanteur fpecifi-
que qu'un fluide, n'y fçauroit enfoncer, je dis que je fuis d'accord que les pefanteurs
des corps fuivent les quantitez de leur matière; & je l'ay mefme démontré dans ce
prefent Difcours. Mais j'ay auffi fait voir, qu'à ces corps que nous appelions pefants,
la pefanteur peut bien eftrc imprimée par la force centrifuge d'une matière, qui ne
pefe point elle mefme vers le centre de la Terre, à caufe de fon mouvement circulaire
& très rapide; mais qui tend à s'en éloigner. Cette matière donc peut fort bien remplir
tout l'cfpace autour de la Terre, que d'autres corpufcules n'occupent point, fans que
cela cmpefche la defeente des corps qu'on appelle pefants; eftant au contraire la feule
caufe qui les y oblige. Ce feroit autre chofe fi on fuppofoit que la pefanteur fuit une
qualité inhérente de la matière corporelle. Mais c'eft à quoy je ne crois pas que Mr.
Newton confente, parce qu'une telle hypothefe nous eloigneroit fort des principes
Mathématiques ou Mechaniques.
(/>. 164). Ji me dira pcuteltre, que, quand on m'auroit accordé | que la matière etherée con-
iilte en des particules qui (c touchent, pour tranfmettre la lumière; on ne verroit pas
35) Nous avons déjà observe plus haut (p. 380) que Iluygens n'ose pas toujours identifier avec
l'éther luminifêre la matière fort pesante qu'il croyait avoir découverte par l'expérience du
fluide qui ne veut pas descendre (T. XIX, p. 214 — 215), comme il le fait dans ses considérations
sur les aimants (T. XIX, p. 560 et 585).
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. 4-5
pourtant qu'elle obferveroit cette règle de ne s'étendre qu'en ligne droite, comme elle
fait; parce que cela elt contre (a Propos. 42. du 2 Livre, qui dit que le mouvement,
qui te répand dans une matière fluide, ne s'étend pas feulement tout droit depuis Ton
origine, après avoir paffé par quelque ouverture, mais qu'il s'écarte auffi à collé. A
quoy je répons par avance, que ce que j'ay allégué, pour prouver que la lumière (hors-
mis en la reflexion ou en la réfraction) ne s'etend que direclement, ne laifle pas de
fubfilter non obltant la dite Propolition. Parce que je ne nie pas que, quand le Soleil luit
à travers une feneftre, il ne le répande du mouvement à collé de l'efpace éclairé; mais je
dis que ces ondes détournées font trop foibles pour produire de lalumierc. Et quoyqu 'il
veuille que l'émanation du Son prouve que ces epanchemens à collé font fenfibles,
je tiens pour allure qu'elle prouve pluiTofl le contraire. Par ce que fi le Son, ayant
paffé par une ouverture, s'etendoit auffi à codé, comme veut Mr. Newton, il ne gar-
derait pas fi exactement, dans l'Echo, l'égalité des angles d'incidence & de reflexion;
en forte que quand on efl placé en un lieu, d'où il ne peut point tomber de perpen-
diculaire fur le plan reflechiflant d'un mur un peu éloigné, on n'entend point repondre
l'Echo au bruit qu'on fait en ce lieu, comme je Pay expérimenté très fouvent. Je ne
doute pas auffi, que l'expérience qu'il apporte du Son, qu'on entendrait non obllant
une maifon interpolée, ne le trou va 11 tout autre, pourvu que cette maifon fufl placée
au milieu de quelque grande eau, ou en forte qu'il n'y cufl rien autour, qui pufl ren-
voier quelque parcelle du Son par reflexion.
Et pour ce qu'il dit, qu'en quelque endroit qu'on foit dans une chambre, dont la
feneftre ell ouverte, on y entend le Son de dehors, non pas par la reflexion des murail-
les, mais venant | directement de la fenêtre; on voit combien il efl facile de s'y abufer, à (/>• 165).
caufe de la multitude des reflexions réitérées, qui fe font comme dans un infiant; de
forte que le Son, qui s'entend comme venant immédiatement de la fenêtre ouverte,
en peut venir, ou des endroits fort proches, après une double reflexion. J'avoue donc,
que pour ce qui efl des ondulations ou cercles qui fe font à la furface de l'eau, la chofe
fe pafTe à peu près comme l'allure Mr. Newton: c'efl à dire qu'une onde, après avoir
patte l'ouverture, fe dilate en fuite d'un coflé & d'autre, & toutefois plus foiblemcnt
là que dans le milieu. Mais pour le Son, je dis que ces émanations par les coflcz, font
prefque infenfibles à l'oreille: & qu'en ce qui efl de la lumière, elles ne font point
d'effet du tout fur les yeux 3<5).
J'ay crû devoir aller au devant de ces objections que pouvoit fuggerer le Livre de
Mr. Newton, fçachant la grande eflime qu'on fait de cet ouvrage, & avec raifon;
puis qu'on ne fçauroit rien voir de plus fçavant en ces matières, ni qui témoigne une
35) Dans sa lettre d'avril 1694 à de Beyrie (T. X, p. 605) Fatio de Duillicr écrit à propos de ce
passage: „Mr. Xewton se rend à ce raisonnement de Mr. Ilugens".
476 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
plus grande pénétration d'efprit. Il me rcfte encore deux choies h remarquer dans Ton
Syfteme, qui me femblent fort belles, & qui me donneront occafion de faire quelque
reflexion. Après quoy j'adjouteray ce que j'ay trouvé parmi mes papiers touchant le
mouvement des corps à travers l'air, ou autre milieu qui refifte; duquel mouvement
il traite au long dans le livre 2.
On a vu comment dans le Syfteme de Mr. Newton les pefanteurs, tant des Planè-
tes vers le Soleil, que des Satellites vers leurs Planètes, font fuppofées en raifon double
réciproque de leurs diftances du centre de leurs Orbes. Ce qui fe confirme admirable-
ment par ce qu'il démontre touchant la Lune; fçavoir que fa force centrifuge, que luy
donne ion mouvement, égale precifement fa pefanteur vers la Terre, & qu'ainii ces
(/>. 166). deux forces contraires la tienent fufpendue là où elle eft. Car la | diftance d'icy à la
Lune eftant de 60 demidiametres de la Terre, & partant la pefanteur, dans fa région,
T^5b de celle que nous fentons; il faloit que la force centrifuge d'un corps, qui fe
mouvroit comme la Lune, égalai!: de mefme 3^5 du poids qu'il auroitàlafurfacede
la Terre. Ce qui fe trouve effectivement ainfi, & le calcul s'en peut faire aifément,
puis qu'on fçait desja que la force centrifuge fous l'Equateur eft s|5 de noftrc pe-
fanteur icy bas.
Mais puifque cet exemple de la Lune prouve fi bien la diminution du poids, fuivant
la raifon réciproque des quarrez des diftances du centre de la Terre; on pourroit dou-
ter s'il n'y auroit pas aux Pendules une autre inégalité, outre celle qui eftoit caufée
par le mouvement journalier. Car fi la Terre n'eft pas fpherique, mais affez près fphe-
roïde, & qu'un point fous l'Equateur eft plus éloigné du centre, que n'eft un point
fous le Pôle, dans la raifon de 578 à 577, comme il a elle dit cy-devant; les pefanteurs
eftant en ces endroits en raifon contraire des quarrez des diftances, il faudrait aufii
que le pendule fous l'Equateur fuft plus court, que celuy défions le Pôle, dans cette
mefme raifon contraire. C'cft à dire que ces pendules feraient comme 288 à 289; ou
que le pendule fous l'Equateur ferait plus court de 2 j^ de ce qu'il ferait fous le Pôle.
Qui eft juftement la mefme différence, qui provenoit cy deflus du mouvement jour-
nalier, ou de la force centrifuge. De forte qu'une Horloge, avec la mefme longueur de
pendule, irait plus lentement fous l'Equateur que fous le Pôle, du double de ce qu'elle
rctardoit par le mouvement de la Terre; & ainfi cette différence journalière fous
l'Equateur ferait de près de 5 minutes. Et fous les autres parallèles, on la trouverait
par tout plus que double de ce qu'elle y eftoit auparavant. Mais je doute fort que
l'expérience confirme cette grande variation "), puifque j'ay vu que, dans le voiage
3rt) Telle n'est pas précisément l'opinion de Newton, comme nous l'avons remarqué aussi vers la
fin de l'Avertissement.
37) Voyez, outre l'Avertissement, notre remarque dans la Partie //de la p. 422 qui précède, où
nous avons cité ce passage du Discours.
DISCOURS DF. LA CAUSE DE LA PESANTEUR. 477
dont j'ay tait mention, la feule première équation fuffit, & que la plus que double
mettrait, vers | le milieu du chemin, trop de différence entre la route du vaiffeau, Q>. 167).
calculée fur le Pendule, & celle qu'il tenoit par l'Eftime des Pilotes. Et pour rendre
raifon pourquoy la féconde variation n'aurait point lieu, je dis qu'il ne feroit pas
étrange fi la pefanteur, prés de la furfàce de la Terre, ne fuivoit pas precifement,
ainfi que dans les régions plus élevées, la diminution que font les différentes diftanecs
du centre :;!i); parce qu'il fe peut que le mouvement de la matière qui caufe la pefan-
teur, foit aucunement altéré dans la proximité de la Terre, comme il l'eft apparem-
ment au dedans: puifque fans cela il faudrait dire que la pefanteur, en allant vers le
centre, augmenterait a l'infini; ce qui n'eft point vraifemblable. Au contraire, félon
Mr. Newton, la pefanteur au dedans de la Terre diminue fui vaut que les corps appro-
chent du centre; mais il fe fert à le prouver de fou principe, dont j'ay dit que je ne
fuis pas d'accord.
Ce qui me refte à remarquer touchant ton Syfteme, & qui m'a fort plu, c'ett qu'il
trouve moyen, en fuppofant la diltance d'icy au Soleil connue, de définir quelle eft la
pefanteur que fendraient les habitans de Saturne & de Jupiter, comparée à la noftre
icy fur la Terre, & quelle encore eft fa mefure à la furface du Soleil 3y). Chofes qui
d'abord femblent bien éloignées de noftre connoifTance; & qui pourtant font des
confequences des principes que j'ay raportez peu devant.
Cette détermination a lieu dans les Planètes qui ont un ou plufieurs Satellites, parce
que les temps périodiques de ceux cy, & leur diftances des Planètes qu'ils accompag-
nent, doivent entrer dans le calcul. Par lequel Mr. Newton trouve les pefanteurs aux
furfaces du Soleil, de Jupiter, de Saturne, & de la Terre, dans la raifon de ces nombres,
1 0000, 8044, 536, 8054. Il eft vray qu'il y a quelque incertitude a caufe de la diitance
du Soleil, qui n'eft pas afTez bien connue, & qui a efté prife dans ce calcul d'environ
5000 diamètres de la Terre, au | lieu que, fuivantladimenfiondeMr.Caffini,elleeft(/>- 168).
environ de 10000, qui approche afTez de ce que j'avois autrefois trouvé, par des rai-
fons vraifemblables, dans mon Sytteme de Saturne, fçavoir 1 aooo +0). Je diffère auffi
quelque chofe en ce qui ett des diamètres des Planètes. De forte que, par ma fuppu-
tation, la pefanteur dans Jupiter, à celle que nous avons icy fur la Terre, fe trouve
comme 13 a 10, au lieu que Mr. Newton les fait égales, ou infenfiblement différentes.
Mais la pefanteur dans le Soleil, qui, par les nombres qu'on vient de voir, eftoit en-
viron 1 2 fois plus grande que la noftre fur la Terre, je la trouve 26 fois plus grande.
D'oùs'enfuit41), en expliquant la pefanteur de la façon quej'ay fait, que la matière fluide,
3S) Comparez ce que nous avons dit dans la Partie //de la p. 416 qui précède.
î9) Voyez sur ces calculs les p. 408 — 412 qui précèdent.
4°) Comparez ce que nous avons dit à la p. 348 qui précède.
4I) Voyez la p. 41 1 qui précède.
478 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
auprès du folcil, doit avoir une vitefle 49 fois plus grande que celle que nous avons
trouvée près de la Terre; qui eftoit defià 17 fois plus grande que la vitefle d'un point
fous l'Equateur. Voila donc une terrible rapidité; qui m'a fait penfer fi elle ne pouroit
pas bien élire la caufe de la lumière éclatante du Soleil, fuppofé que la lumière foit
produite comme je l'explique dans ce que j'en ay écrit; fçavoir de ce que les particu-
les Solaires, nageant dans une matière plus fubtile & extrêmement agitée, frappent
contre les particules de l'Ether qui les environnent. Car fi l'agitation d'une telle ma-
tière, avec le mouvement qu'elle a icy fur la Terre, peut caufer la clarté de la flamme
d'une chandelle, ou du Camphre allumé, combien plus grande fera t'ellc cette clarté
par un mouvement 49 fois plus prompt & plus violent?
J'ay vu avec plaifir ce que Mr. Newton écrit touchant les chûtes & les jets des
corps pelant s dan s l'air, ou dans quelqu'autre milieu qui refifte au mouvement; m'eftant
appliqué autrefois 42)à la mefme recherche. Et puifque cette matière appartient en
partie à celle de la Pefanteur, je crois pouvoir raporter icy ce que j'en découvris alors.
(/>. 169). Ce que je ne feray pourtant qu'en | abrégé & fans y joindre les demonilrations; ayant
négligé de les achever, parce que cette fpeculation ne m'a pas femblé allez utile, ni
de confequence, a proportion de la difficulté qui s'y rencontre.
J'examinay premièrement ces mouvemens, en fuppofant que les forces de la Rcfi-
ftance font comme les Vitefles des corps, ce qui alors me paroiflbit fort vraifemblable.
Mais ayant obtenu ce que je cherchois, j'appris prefque en mefme temps, par les
expériences que nous fîmes à Paris dans l'Académie des Sciences, que la refillence
de l'air, & de l'eau, eftoit comme les quarrez des vitefles 43). Et la raifon eft allez
aifée à concevoir; parce qu'un corps, allant par exemple avec double vitefle, eft ren-
contré par deux fois autant de particules de l'air ou de l'eau, & avec double célérité.
Ainfije vis ma nouvelle Théorie renverfée, ou du moins inutile. Apres quoy je voulus
aufll chercher ce qui arrive lors qu'on fuppofe ce véritable fondement des Refillances;
où je vis que la chofe eftoit beaucoup plus difficile, & fur tout en ce qui regarde la
ligne courbe que parcourent les corps jettez obliquement.
Dans la première fuppofition, où les refillances font comme les vitefles, je remar-
quay que, pour trouver les efpaces paflez en de certains temps, lors que les corps
tombent ou montent perpendiculairement, & pour connoitre les vitefles au bout de
ces temps, il y avoit une ligne courbe, que j'avois examinée long temps auparavant,
qui eftoit de grand ufage en cette recherche. On la peut appellcr la Logarithmique
ou la Logiftique^ car je ne vois pas qu'on luy ait encore donné de nom, quoyque
42) Déjà, et surtout, en 1668; voyez la p. 381 qui précède.
43) Voyez ces expériences aux p. 120 — 127 du T. XIX.
DISCOURS DE LA CAUSE DF. LA PESANTEUR.
479
d'autres l'aient encore confiderée cy devant 44). Cette ligne infinie eftant ABC,
[Fig. 133] elle a une ligne droite pour Afymptote, comme D E; dans la quelle fi on
prend des parties égales quelquonques qui le fui vent, comme D G, G F, & que
l'on tire des points D, G, F, des perpendiculaires jufqu'à la courbe, fça | voir, D A, (/>• 170).
G 1 1, F B, ces lignes feront proportionel-
les continues, D'où l'on voit qu'il cftaifé
de trouver autant de points qu'on veut
dans cette courbe; de la quelle je rapor-
teray par après quelques propriétés qui
méritent d'cflre confiderées. Pour expli-
quer ce qui eil des chûtes des corps, je
repeteicypremierement ce que j'ay écrità
la fin du Traité du Centre d' Agitation 45):
fçavoir qu'un corps, en tombant à travers
l'air, augmente continuellement fa vitefie,
mais toutefois en forte qu'il n'en peut
jamais excéder, ni mefme atteindre, un
certain degré; qui ell la vitefie qu'il fau-
drait à l'air à foufler de bas en haut, pour
tenir le corps fufpendu fans pouvoir def-
cendre; car alors, la force de l'air contre
ce corps, égale fa pefanteur. J'appelle
cette viteffe, dans chaque corps, la vitelfe
Terminale.
44) En réponse à une question de G. Enestrùm dans l'„Intermédiaire des mathématiciens" (T. VI),
où il demandait quels sont les mathématiciens qui se sont occupés de la courbe logarithmique
avant Huygens, P. Tannery répondait dans le T. VII de 1900 du même périodique („Mémoires
Scientifiques" X, p. 370 — 372; nous avons déjà cité cette réponse à la p. 199 du T. XX) que
Leibniz annonce dans une lettre du 8 mars 1673 une dissertation duP. Pardies (mort peu après)
sur la lima logarithmica, dont il (P.) avait déjà dit quelques mots dans ses ,,Elementa Geome-
triœ". Collins fait répondre à Leibniz par Oldenburg. le Ci avril 1673, que cette courbe est déjà
bien connue en Angleterre.
Enestrùm et Tannery ignoraient qu'il ne fallait pas dire „avant Huygens" puisque celui-ci
s'était occupé de la courbe depuis 1661 (T. XIV), mais seulement „avant la publication du
Discours de Huygens en 1690".
Huygens ne songe certainement pas à Torricelli (voyez la p. 554 du T. XX); mais voyez ce
qu'il dit plus loin (p. 179) sur les considérations auxquelles I'„Opus Geometricum" de 1647
de Grégoire de St. Vincent donna lieu, et aussi ce que nous avons dit sur Kepler à la p. 294 du
T. XX.
45) P« 359 du T. XVIII. Huygens parle de la Ouatriéme Partie de r„Horologium oscillatorium"
de 1673.
480 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
Sidoncuncorpspefanteftjettéperpendiculairementenhaut, avec une vitefle dont la
raifon a la vitefle Terminale foit donnée, par exemple comme de la partie A K à K D
dans l'ordonnée A D, perpendiculaire à l'afymptote D E; lbit menée K B parallèle h
cette afymptote, & qu'au point B la courbe foit touchée par la droite B O, qui ren-
contre D E en O, & D A en Q. Laquelle tangente fe trouve en prenant F O, depuis
(/>. 171). l'ordonnée | B F; égale à une certaine longueur, qui pour toutes les tangentes ett la
mefme, & que je definiray dans la fuite. Puis foit A C parallèle a cette tangente, cou-
pant K B prolongée en P; & du point C, où elle rencontre la courbe, foit tirée C L M,
parallèle à A D, & coupant K B prolongée, & A M parallèle à l'afymptote, aux points
L & M. Maintenant le temps que le corps met à monter à la hauteur où il peut arriver,
efl: au temps de fa defeente de cette mefme hauteur, comme la ligne K B à B L 4<s).
Et le temps qu'il emploie à monter à travers l'air, eftant jette comme il a efté dit,
efl: au temps qu'il emploieroit fans rencontrer de refiftence, comme K B à K P 4").
Et la hauteur à laquelle il montera dans l'air, a celle où il monteroit fans refiftence,
comme l'efpace A B K au triangle A P K 48), ou comme Q A à A X, que je fuppofeeftre
la moitié d'une troifieme proportionelle aux lignes D K, K A 49).
Et fa vitefle, en commençant de monter, a celle qu'il a en retombant à terre, com-
me M L à L C 5°).
On trouve de plus, par cette mefme ligne, quelle efl: la courbe que parcourt un
corps jette obliquement. Car, dans la mefme figure, [Fig. 134] fi l'angle du jet, fur
la ligne horizontale, cil L M R, avec une viteffe donnée, dont le mouvement en
46) Ceci correspond à la 1. 4 d'en bas de la p. 117 du T. XIX : „Tempus autem ascensus ad tempus
descensus erit ut CD ad DI". Nous avons dit dans la note 4 de la p. 116 de ce Tome que le
calcul des p. 1 16 — 1 17 (§ 10) date probablement de 1668. D'ailleurs la même chose se trouve
déjà au § 6 (1. 5 — 6 de la p. 1 1 1 du T. XIX), ainsi qu'au § 7 (1. 8 de la p. 1 1 3 du même Tome)
qui sont certainement de 1668.
4r) Ceci correspond aux 1. 9 — 6 d'en bas de la p. 103 (§ 1) du T. XIX datant de 1668: „Et quam
rationem habebit CN ad CE, eam habebit tempus ascensus corporis N [auquel l'air ne résiste
pas] ad tempus totius ascensus corporis R". Il est vrai qu'ici il avait été supposé que la vitesse
initiale des deux corps montants était la „vitesse terminale", ce qui se traduisait dans la figure
par l'égalité àa longueurs qui dans la présente Fig. 133 sont désignées par AK et KD.
4S) Ceci correspond aux dernières lignes de la p. 103 du T. XIX; même remarque sur les vitesses.
49) On a: espace ABK = AQ X latus rectum (T. XIX, § 5, p. 1 10, 1. 9— 7 d'en bas). Il faut donc
encore démontrer que A APK = AX X latus rectum, c. à. d. que AK : KP = KD: latus rectum.
Ceci revient à KP = latus rectum dans le cas où AK = KD qui est celui du § 1 de la p. 102 du
T. XIX; comparez la fin de la note 47. On voit généralement que AK : KP = KD : latus rec-
tum en menant (ce que nous n'avons pas fait dans la figure) par K une parallèle à AC et QO
qui coupe DE en un point S : les A A SDK et PKA seront semblables, et l'on aura DS = latus
rectum (OF) puisque les AA SDK et OFB sont congruents. C. Q. F. D.
5°) Ceci correspond au rapport VII : ZX de la 1. 7 de la p. 113 (§ 7) de 1668 du T. XIX.
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANT r.l'll.
481
liant foit à la vitefle Terminale comme A Kà KD: (bit répétée la conilruction pré-
cédente, & que la droite A S, qui touche la courbe ABC en A, rencontre K B en S.
Puis comme S P à P B ainli foit RL à LT, & fur la baie M C foit dreffée une figure
proportionelle au fegment A B C P, en forte que les parallèles & également diitantes
del'afymptote D E, dans Tune & l'autre figure, aient par tout la mefme raifon de B
P à T L. Ce fera la courbe M T C qui marquera la figure requife du jet 5I).
Et parce que la hauteur de l'élévation avec refiflance, citoit a la hauteur du jet
libre, comme Q A à A X; fi Ton fait que T L ait cette mefme raifon à une autre ligne
V Z; ce fera la hauteur | de la Parabole MV que fait ce jet libre, commencé en M (?• ]7-)'
[Fig- J34]
avec la mefme force, & dans la mefme direction M R, qu'avoit l'autre jet. De forte
que fi dans l'angle L M R on ajufte Y Z perpendiculaire h M C, 6k égale a la double
V Z, on aura le fommet de cette parabole en V au milieu de Y Z, & fa demie bafe
ou demie amplitude M Z.
Il eft à noter que, quel que foit l'angle d'élévation L M R, pourvu que la viteiïe
verticale demeure la mefme, on trouve icy la mefme amplitude M C. Mais il faut
cftre averti que ce font feulement les figures des jets qu'on trouve de cette façon, &
51) C'est la construction des p. 1 16 — 1 19 (§§ 10 et 11) du T. XIX.
61
482 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
non pas les hauteurs & amplitudes de divers jets comparez enfemble. Car ils doivent
(/'• T3)- tous eltre de mefme hauteur, quand la celé | rite verticale elt la mefmc. C'eit pour-
quoy alors chaque figure de jet, ainfi trouvée, doit élire réduite à une figure propor-
tionelle d'égale hauteur, fi on veut fçavoir comment les amplitudes, & les hauteurs
des divers jets, font les unes aux autres.
J'adjoute encore icy, que la ligne Logarithmique ne fert pas feulement à trouver
les courbes des jets, mais qu'elle elt cette courbe elle mefmc en un cas, fçavoir quand
on jette un corps obliquement en bas, en forte que ce qu'il y a de defeente perpendi-
culaire, égale la vitefle Terminale 52). Car alors ce corps fuivra precifement la cour-
bure d'une telle ligne, en s'approchant tousjours de l'aiymptote, fans la pouvoir
atteindre. Et ce qui détermine l'efpece de la ligne, c'eft que fa Soutangente, (je
nommeray ainfi la ligne F O, qui pour toutes les tangentes elt la mefme) fera double
de la hauteur à laquelle la vitefle Terminale pent faire monter le corps, fans refiitance
du milieu 53).
Ce font là les chofes que je trouvay en fuppofant la refiitance eltre comme la
vitefle, mais toute cette Théorie eltant, comme j'ay dit, fondée fur un principe,
que la nature ne fuit point en ce qui elt des refiltances de l'air & de l'eau, je la ncgli-
geay entièrement; & ce n'eft qu'à l'occafion du Traité de Mr. Newton que je l'a y
reprife, pour voir fi ce que nous avions cherché par des voies fort différentes, s'ac-
cordoit enfemble comme il faloit. Ce qui le trouve ainfi: car la conltruétion pour la
ligne du jet, qu'il donne dans la Propos. 4 du a Livre, quoyquc tout autre que la
miene & plus difficile, produit pourtant la mefme courbe, comme cela le peut prouver
par demonltration 5+).
En examinant ce qui arrive dans la vraye 55) hypothefe de la Refiitance, qui elt en
raifon double de la Vitefle, j 'a vois feulement déterminé ce cas particulier, d'un corps
5-) La composante verticale v de la vitesse restera constamment .- dans le cas ici considéré Q'équa-
àv ç
tion du mouvement étant --,- = ^ — kt'); le chemin parcouru en un temps / est donc y = j- /.
La composante horizontale de la vitesse sera v0 ekf, où vu peut être quelconque; le chemin par-
v v0 I k2 \
couru est donc x = ° (1 — e1"). D'où résulte la courbe décrite x = -r I 1 — e ~ # v I qui est
une logarithmique.
g g
53) Le latus rectum de la logarithmique de la note précédente, savoir , ,, est le double de -j-5, c.
à. d. de la hauteur qu'atteint un corps lancé verticalement en l'air avec la vitesse initiale r.
54) Voyez l'Appendice I qui suit, ainsi que la note 9 de la p. 172.
55) Voyez nos observations sur cette expression aux p. 85 — 86 du T. XIX.
DISCOl'RS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
483
jette en haut avec la vite (Te Terminale; fçavoir que le temps de toute Ton élévation
en l'air, elt au temps qu'il emploierait a monter jufqu'où | il peut fans refiftance, (/•■ '."4 •
comme le Cercle au Quarré qui luy elt circonferit. Et que la hauteur du premier jet
elt à la hauteur de l'autre, comme l'efpace entre une Hyperbole & fou alymptote,
terminé par deux parallèles a l'autre alymptote qui (oient en raifon de 2 h 1, au rec-
tangle où parallélogramme de la mefme Hyperbole. C'elt-à-dire, comme, dans la
figure luivante, l'efpace A M D K au quarré A C s6). Je n'avois point recherché les
autres cas, qui font compris univerfellcmcnt dans la Prop. 9, du 1 Livre de Mr.
Newton, qui elt trefbelle: & ce qui m'en empêcha, ce fut que je ne trouvois point,
par la voie que je luivois, la mefure des defeentes des corps, fi non en fuppofant la
quadrature de certaine Ligne courbe, que je ne fçavois pas qu'elle dependoit de la
quadrature de l'Hyperbole. Je reduifis la dimenfion de l'efpace de cette courbe, à une
Progreflion infinie, a + \a> + la5 + la7 &c. Ne fçachant pas que la mefme pro-
greflion donnoit aulfi la mefure du lecteur Hyperbolique: ce que j'ay vu depuis, en
comparant la demonltration de Mr. Newton avec ce que j'avois trouvé 57).
Mais par ce que cette Progreflion, pour la mefure de l'Hyperbole, n'a pas encore
elté remarquée que je fçache, je veux expliquer icy comment elle y fert. Soit A B
[Fig. 135] une Hyperbole, dont les afymptotcs D C, C E, fafient un angle droit.
le demi axe foie C A, perpendiculaire à D A E qui touche l'Hyperbole; & que A C
B foit un Secteur, la ligne C B coupant A D en
F. Si on prend maintenant A C ou A D pour
l'unité, & que A F foit nommée a, qui cft une
fraction moindre que l'unité, quand A F, A D
font commenfurablcs; je dis que, comme la
fomme de la Progreflion infinie a + \<& +
i# 5 + \a7, &c. à i , ainfi fera le Secteur A C
B au triangle A C D. Ou fi on mené les per-
pendiculaires A K, B L fur l'afymptote, on peut
dire la mefme chofe de l'efpace A B L K, qui
eft égal à ce Secteur, comme on voit aifement
par l'égalité des triangles C A K, C B L. De
forte que cette Pro | grcfîion pour l'Hyperbole, (/>• !75)«
refpond à celle qu'a donné Mr. Leibnits poul-
ie Cercle 58). parlaquellc,fi le Secteur du Cercle
eft A C G, ayant pour rayon A C, & que C G coupe A E en H; A H citant nom-
stf) Voyez ces résultats aux p. 147 (note 1 1) et 151 (note 14) du T. XIX.
") Sur ce sujet on peut consulter e.a. la note 2 de la p. 471 du T. XIX.
58) Voyez la note 3 de la p. 472 du T. XX ou la note 13 de la p. 535 du T. IX.
484
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
mée #, & A E égale h i ; la fommc de la Progrcffion a — \al + \a5 — la7 &c. cil
à i , comme le Secteur A C G au triangle ACE, ou comme Tare A G h la droite A E.
Pour ce qui efl: de la ligne du jet oblique; s'il fufiifoit, dans cette manière de refi-
ftance, de connoitre le mouvement horizontal & le vertical d'un corps, pour en com-
pofer le mouvement oblique, ainfi que dans la première hypothefe, il y aurait moyen
de déterminer des points par où cette ligne doit pafler: & la me fine ligne Logarith-
mique y ferait utile, efhmt tournée en forte que fonafymptotcfuft parallèle à l'horizon;
& elle mefme feroit derechef la courbe du jet, dans le cas ou j'ay dit qu'elle fervoit
auparavant. Mais cette compofition de mouvement n'ayant point lieu icy; parce que
la diminution du mouvement retardé, dans la diagonale d'un rectangle, n'eftpaspro-
portionelle aux diminutions par les coftez; il eft extrêmement difficile, fi non du tout
impoffible, de re foudre ce Problème 59).
Le mouvement horizontal eftant confideré à part, comme d'une boule qui roulerait
fur un plancher uni, a cela de remarquable icy, qu'il doit aller loin à l'infini, non-
(/>. 176). obftant la refiflance | du milieu, au lieu que, quand la refiftance efl comme la viteffe,
il eft borné, & n'atteint jamais un certain terme. Et cette infinité fe prouve aifement
par la Propos. 5. du 1 Livre du Traité de Mr. Newton, parce que l'efpace compris
entre l'Hyperbole & fes afymptotes eil de grandeur infinie 6o).
Les proprietez de la ligne Logiftique, que j'ay promis de raporter, & dont quelques
unes ont fervi à trouver ce que j'ay remarqué touchant les mouvemens à travers l'air,
font les fuivantes; outre la première, que j'ay defia
indiquée, de la proportionalité des ordonnées à
l'afymptote, quand elles font également diftantes, par
laquelle on trouve des points dans cette ligne.
1 . Que les efpaces compris entre deux ordonnées
à l'afymptote, font entre eux comme les différences
de ces ordonnées 6l). Ainfi dans cette figure [Eig.
1 36], où A V D cil la Logiiliquc, B O fon afymp-
tote, & les ordonnées A B, V C, D Q; dont ces der-
nières, eftant continuées, rencontrent A K, parallèle
à l'afymptote, en E, K; les efpaces A B C V, A B Q
D font entre eux comme les droites E V, K D.
2. Que les mefmes chofes citant pofées, & A O
[Fig. 136]
!'9) Huygens remarqua en 1689 (ou plus tôt) l'impossibilité de la composition du mouvement dans
le cas considéré après avoir lu les ,,1'iïncipia" de Newton : voyez les p. 423 — 426 qui précèdent.
Voyez aussi sur ce sujet la p. 498 de l'Appendice II qui suit.
6o) Voyez la Partie F de la p. 420 qui précède.
rtI) Voyez l'avant-dernier alinéa datant de 1661, de la p. 402 du T. XIV.
DISCOl'RS DE LA CAUSE 1)1. LA PESANTEUR.
485
citant lu tangente au point A, laquelle coupe CE, Q K, en I &. G; les efpaces A
V E, A D K l'ont entre eux comme les droites Y 1, 1) G 6-).
3. Que l'eipace compris entre deux ordonnées, cil à l'efpace infini, qui, depuis la
moindre de ces ordonnées, s'étend entre la Logiftique & ion afymptotc, comme la
dillerence | des mefmes ordonnées elt a la moindre. Quand je dis que l'efpace infini a (A i77)«
une certaine raifon à un elpace Uni, cela lignifie qu'il aprochc fi prés de la grandeur d'un
efpace donné, qui a cette proportion à l'efpace fini, que la différence peut devenir moin-
dre qu'aucun elpace donné. Dans la figure précédente l'eipace A B Q D eft à l'eipace
infini, qui depuis D Q s'étend entre la courbe & l'alymptote, comme K D h D Q rt3).
4. Que la Soutangcnte, comme B O dans la mefme figure, eft tousjours d'une
mefme longueur, a quelque point de la Logiltique que la tangente apartienc 64).
5 . Que cette longueur le trouve par approximation, & qu'elle elt à la partie de l 'afymp-
totc, comprife entre lesordonnées de la raifon double, comme 43429448 1 90325 1 804
a 301029995663981 195; ou, bien pres,
[Fig. 133]
comme 1 3 à 9 6s).
6. Que s'il y a trois ordonnées, comme
dans cette figure font A D, II G, B F,&
que du point de la courbe, apartenant à la
moindre, on mené une parallèle à l'alymp-
tote qui coupe les deux autres ordonnées
en R & K, & une tangente B Q qui les
coupe en N & Q; les efpaces trilignes
A B K, H B R font entre eux, comme les
partiesdesordonnéescntrcla courbe & la
tangente, fçavoir comme A Q, H N 66~).
7. Que l'efpace infini entre une ordon- (/'• • r8)-
née, la Logiltique, & fon afymptotc, du
cofté que ces deux dernières vont en s'ap-
prochant, eft double du triangle que font
l'ordonnée, la tangente menée du mefme
point que l'ordonnée, & la foutangente.
Ainfi, dans la mefme figure, l'efpace infini,
depuis l'ordonnée B F, eft double du
triangle B F O 60-
«*) T. XIX, p. 1 10, 1. 7—8, datant de 1668.
S3) Ce théorème 3 résulte immédiatement du théorème 1.
l54) La longueur de la soustangente ou „latus rectum" est constante d'après le deuxième alinéa de
la p. 463 du T. XIV.
tfs) Voyez la p. 464 du T. XIV. Nous avons corrigé 3010399 ... en 3010299 ... Le rapport 13 à
9 aussi à la p. 108 du T. XIX.
«) T. XIX, p. no,l. 6 d'en bas.
r,: ) T. XIV, p. 466, quatrième alinéa.
486
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
Ol/9>
8. Que l'efpace, compris entre deux ordonnées, eft égal au reftangle de la foutan-
gente & de la différence des mefmes ordonnées. Ainfi, dans la mefmc figure, l'efpace
A D F B eil égal au rectangle de la foutangente F O & de K A 6!).
9. Que le folide que fait l'efpace infini depuis une ordonnée, en tournant autour
de l'afymptote, eft fefquialtere du Cône, dont la hauteur eil égale a la foutangente,
& le demidiametre de la bafe égal a la mefme ordonnée. Ainfi le folide que fait l'efpace
infini B F O C, en tournant autour de F O, eft fefquialtere du cône que fait le triangle
B F O, en tournant autour de la mefme F O 5y).
10. Que le folide produit par le mefme efpace infini, en tournant autour de l'or-
donnée B F, depuis laquelle il commence, eft fextuple du cône que fait le triangle B
F O, par fa converfion fur B F r°). De laquelle mefure des folides il s'enfuit;
1 1 . Que le centre de gravité de l'efpace infini, depuis une ordonnée, efi diftant de
cette ordonnée, de la longueur de la foutangente ri).
1 2. Que ce mefme centre de gravité
eft de l'afymptote, du quart de l'ordon-
née :I).
13. J'avois aufll trouvé que le centre
de gravité du premier des dits folides in-
finis, eft diftant de fa bafe, de la moitié de
la foutangente •"-).
14. Et que le centre de gravité de
l'autre folide eft diftant de fa bafe infinie,
d'une huitième de fon axe 73).
15. On fçait allez que cette ligne Lo-
giftique fert à la Qua | drature de l'Hyper-
bole, depuis les demonftrations du P.
Greg.de St. Vincent, touchant les eipaces
Hyperboliques compris entre deux or-
données fur une des afymptotes •"+). Et
que s'il y a deux tels efpaces, dont les
ordonnées de l'un foient comme A D à
H G dans la dernière figure, & les ordon-
nées de l'autre comme B F à C E; ces
68) T. XIV, p. 466, cinquième alinéa.
69) T. XIV, p. 467, deuxième alinéa.
7") Huygens n démontré en 1661 (T. XIV, p. 467 — 470) que le centre de gravité de F„espace
infini" BFOC se trouve à une distance | BF de OF et à une distance /de BF, /étant le latus rec-
tum. Suivant le théorème de Guldin le rapport du solide obtenu par la rotation de l'espace
considéré autour de BF à celui obtenu par la rotation du même espace autour de OF est donc
DISCOURS DR LA CAUSE DE LA PESANTEUR. 487
efpaces feront entre eux comme les lignes D G a F E. Mais on n'a point remarqué,
que jefçaehe,queces melmes efpaces Hyperboliques font au Parallélogramme de l'Hy-
perbole (j'appelle ainfi le parallélogramme dont les collez font les deux ordonnées
fur les afymptotes, tirées d'un mefine point de la Section) comme chacune des lignes
D G, F E, à la foutangente F O. De forte que, fi le Parallélogramme de l'Hyperbole
eft fuppofé de 0,4342944819 parties, chaque efpace Hyperbolique, compris entre
deux ordonnées a une des afymptotes, fera a ce parallélogramme, comme le Loga-
rithme de la proportion des mefmes ordonnées, c'eit a dire comme la différence des
Logarithmes, des nombres qui expriment la proportion des ordonnées, au nombre
0,4342944819; en prenant des Logarithmes de 10 eharaéleres outre la characteris-
tique "5).
4/
up. D'autre part le rapport des volumes des cônes obtenus par la rotation du triangle BFO
/
autour des axes BF et OF respectivement est =r=,. Le théorème 10 résulte donc du théorème 9 :
au lieu de „sesquialtere du cône" on trouve maintenant „sextuple du cône".
ri) On voit aux pages citées du T. XIV (note précédente) que le théorème 9 y est en effet anté-
rieur au théorème 12, tandis que le théorème 10 y est en réalité postérieur au théorème 1 1.
:2) En 1661 Huygens avait énoncé ce théorème sans y ajouter la démonstration (T. XIV, p. 471,
avant-dernier alinéa). Sa démonstration de 1689 se trouve aux p. 472 — 473 du même Tome.
:3) Dernier alinéa de la p. 471 du T. XIV. Nous y avons donné la démonstration dans une note.
"4) Voyez ce que nous avons dit sur Grégoire de St. Vincent aux p. 432 — 434 du T. XIV, ainsi
qu'au T. XX.
r5) En désignant par //le „parallélogramme de l'hyperbole" (il s'agit d'une hyperbole équilatère)
rxa
on a pour l'espace hyperbolique S compris entre les ordonnées yx et y2 : S = J yd#= //
J xi
Xo V, S lOg Ti — logY,
1. — = //l. '—, où 1. désigne le logarithme népérien. II en résulte que^r = . • ,ou log.
X] y 2 tt 'og e
désigne le logarithme à base 10. Donc, pour deux espaces différents ,„= ; } — , r. Dans
la figure log }\ — log v2 et log y\ — log y'a sont des parties de l'axe des abscisses de la courbe
logarithmique. Cette dernière équation correspond à la thèse du début du n° 15. Quanta
l'équation j. = — — — ; — — elle correspond au premier énoncé de I Iuygens, la soustangente
ou latus rectum de la courbe logarithmique étant désignée par loge: voyez la p. 464 du T. XIV.
Lorsque //est de 0,4342944819 parties, où 0,4342944819 = loge, on a simplement S =
S log y, — log y2
•og3i — 'og ;y2, ou d'après le deuxième énoncé de Huygens, ^ = q „ ^^-.
Comparez sur ce sujet les p. 434 — 435 et 474 — 477 du T. XIV. Ce calcul de Huygens est
de 1 66 1 .
488 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
(/>. 180). Et d'icy il cft aile de vérifier la Quadrature de l'I Iyperbole que j'ay donnée dans
le Traité de l'Evolution des Lignes Courbes, qui eit dans mon Horologiuw Ofcilla-
torium rrt).
:6) P. 218 — 221 du T. XVIII, où 0,3622156887 = — log log e, comme nous l'avons déjà dit au
T. XIV.
APPENDICE I
AU DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
A la p. 173 du Difcours (voyez la note 54 de la p. 482 qui précède) Huygens
dilait pouvoir démontrer l'identité de fa courbe avec celle de Newton dans le cas du
jet dans un milieu qui réfifte proportionnellement a la viteffe. Il nouseft évidemment
impoflible de reconitruire fa démonftration. C'efl: pourquoi nous croyons pouvoir
nous borner, fans confidérer la conflxuclion de Newton, à faire voir que la courbe de
Huygens s'accorde avec celle qu'on trouve par l'intégration des équations différen-
tielles du mouvement.
Voyez aufli fur ces conitruclions la note 35 de la p. 499 qui fuit.
Soit v0 [Fig. 1 37] la vitefle initiale avec laquelle le corps (ou
plutôt le point pelant) part de O, fes compofantes horizontale et
verticale étant vox et voy. Nous avons pris l'axe des x vers la
gauche pour nous conformer tant à la Fig. 1 34 de la p. 481 qui
précède qu'aux Fig. 64 et 65, datant de 1 668, des p. 1 1 7 et 1 1 9
du T. XIX, lesquelles font reproduites un peu plus loin. Les
équations différentielles (comparez la p. 8 3 et fuiv. du T. XIX) font
du
j- = — kv pour le mouvement horizontal,
du
■j- = — g — kv pour le mouvement vertical.
Il en refaite pour les diftances parcourues en un temps t
* = ttO — e_k0
L'élimination de t donne pour l'équation de la courbe du jet
y
kgoy + g
kun
*+fei-(i--0....(0
fo/
La différentielle de y s'annule pour
x =
g + kvo,
abfciffe qui correfpond au fommet de la courbe
..(2)
(1. = logarithme népérien)
62
49°
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. APP. I.
L'afymptote verticale fe trouve à une diftance a-0 = -~ de l'origine O.
On peut modifier ces expreffions en y introduifant la „vitefl*e finale" (d'une chute
verticale) V = r.
L'équation (i) fait voir que l'ordonnée^ eft la différence y , — y\ des ordonnées
^i =
y**=
Vc; -I- a
^^ov T fi
X
- l-(l
• • • (3)
) • • • • (4)
[Fig.138]
k1 va_
De ces équations la première repréfente [Fig.
138, partie fupérieure] une droite pafiant par O,
la deuxième une logarithmique pofledant la même
afymptote que la courbe du jet.
Pour obtenir la courbe du jet il faut donc faire
defcendre fur l'axe des x toutes les petites droites
verticales aa: la courbe cherchée paffera alors par
leurs fommets.
Dans les figures de Huygens il en eft à peu près
de même; feulement la droite et la logarithmique
y ont une autre pofition; c'eft celle qu'on obtient,
comme nous l'indiquons dans la figure, en prenant
l'image ou in verfe de la droite et de la logarithmique
par rapport à OX, ce qui évidemment ne modifie
pas les longueurs des droites aa qu'on peut faire
defcendre, comme le fait Huygens, fur une horizontale plus baffe.
v v
Comme l'équation (a) peut s'écrire x = , ,^ " — c
d'où réfulte x\ — x =
on a
ce qui correfpond à une équation de Huygens fuivant laquelle le rapport voy : F eu
égal à AK : KD [Fig. 1 34]; ou bien, dans les Fig. 63 et 64 de la p. 117 du T XIX,
9-*:<t=CA:BA.
Mais la droite et la logarithmique des figures de Huygens ne font cependant pas
identiques avec celles confidérées ici; puifqu'il conftruit d'abord une autre courbe
[Fig. 64] qui ne fe change en courbe du jet que lorfque toutes les ordonnées font
multipliées par un faéleur confiant.
Défignant
le „latus reftum" de la logarithmique de Huygens par X, c
comme il le
DISCOURS DE LA CAUSE DR LA PESANTEUR. APP. 1.
491
fait à la p. 1 i- du T. XIX, et prenant les axes comme dans la préfente figure 139,
l'équation de cette courbe cft
. = ,o(.-eT)0«J = AL^..>>(5)
[Fig. 1 39]
X 3 A
AN [Fig. 64] étant la tangente à cette courbe en A, on a, en
dv A -i NB A „ ._ ,
annulant y dans -7- = — • e *, -r-^ = . Or, AI3 = #„; donc
NB = A.
x0v0.
AC = -pr— — — ; les coordonnées du point D font donc
' 1" "oy
Xu =
et la direction de la tangente E D O en D à la logarithmique ell déterminée par
l'équation
xbrD x0' V
Fig. 64
de la p. 117 du T. XIX
Fig. 65
de la p. 119 du T. XIX
492 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. APP. I.
Comme la direction de la droite (3) était déterminée par
ây kvoy -f g V + voy
■j- = — r — ou
QX KV0X vox
on voit que le fadeur confiant dont il était queftion plus haut devra fe montrer égal
a—. — .
L'équation de la droite A G Z [Fig. 64 et 65] parallèle à E D O fera
y = 77= — . —x . . . (6).
J V x0 K y
D'après les équations (5) et (6) la courbe confidérée par Huygens (l'„analogi-
ftica luxata") qui devra fe changer en courbe du jet fera
tandis que l'équation (1) était
V A- '
' l -oy .( 1 ~ox "•" s /\
J- — *+* L— ...(O
^+ V0y . .,, ^ox— kx
en appelant A' le „latus rectum" £; de la logarithmique qui y figure.
Les exprefîlons — et — - — — font identiques puifque vox = kxQ.
**o ^OX
Multipliant enfuite l'un et l'autre terme du fécond membre de l'équation (7) par
x V °"
° . — ou ~- on obtient, comme il le fallait, le fécond membre de l'équation (1 ').
Refte à faire voir que ce fadeur eft bien celui dont parle Huygens. Dans la Fig.
65 il l'indique par prcr- Comme dans cette figure IIM eft la direction de la vitcfTc
initiale, autrement dit que c'eft la tangente à la courbe du jet, on a ^sty = ~ •
D'autre part GN = AI I — AL = GH (tg ce — tg ce") en défignant par ce et ce' les
angles que font rcfpectivement avec l'axe des x les droites AZ et AN. C. à. d.
\ V x0 xj
GN A voy
011 GH = ^F---C8)
p r GM GM GN x0 V _, . _ _
Par confequent m = m : m = - . . C. Q. F. D.
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. APP. I. 493
TL
Dans la Fig. 134 de la p. 481 le fadeur ell défigné par ~p", ce qui, vu l'équation
SP : PB = RL : LT, correfpond à ^y . Or, en comparant les figures, on voit que RL
cil la même choie que IMG de la Fig. 65 et SP la même choie que NG.
Nous avons donc conrtaté l'identité qu'il s'agiiïait d'établir ').
') Comme nous l'avons dit dans la note 6 de la p. 119 du T. XIX, la droite HN est tangente à
l'„analogistica luxata". C'est ce qui résulte aussi des équations du présent Appendice. En effet,
dy
la tangente en H à cette courbe a une direction déterminée par -s-, où y est la différence des
dy F-\-v0 r;>
ordonnées de la logistique et de la droite AZ auprès du point A. C. à. d. ce ,- = — -p —
). foy ).
— = 77 comparez l'équation (8) du texte — ce qui, multiplié par le facteur trouvé
x V v0
-r. — , donne ~, rapport qui détermine la direction de la tangente IIM à la courbe du jet.
^ Vox î-'ox
C. Q. F. D.
Mais nous nous sommes trompé en disant dans la note nommée que l'angle NHG [Fig. 65]
est égal à l'angle NAG: la construction, comme le calcul, montre que cette égalité n'existe pas.
APPENDICE II
AU DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR.
Newton, c'efl: une chofe bien connue, n'aimait pas d'écrire des lettres; c'efl dans
une lettre de 1694 de Fatio de Duillier ') que nous trouvons un réfumé de ce qu'il
penfait du Difcours; cette epître n'était pas deftinée à Huygens et lui eft apparemment
relié inconnue, mais comme Fatio le vilita -) en 1691 nous pouvons être allures —
et les lettres que le jeune fuifle lui écrivit en font aufïï foi 3) — qu'il favait fort bien
que Newton perfiftait ,,à croire que toutes les parties des corps terreftres s'attirent
les unes les autres" x), et auiïi que le lavant anglais était „encore indéterminé entre
ces deux fentimens 1 . que la caufe de la pefanteur foit inhérente +) dans la matière
par une loi immédiate du Créateur de l'Univers 2. que la pefanteur foit produite par
[une] caufe mechanique [autre en tout cas que les tourbillons de Defcartes]". Il
favait que Newton, partifan de l'attraction, demeurait „perfuadé que la pefanteur
vers la terre eft moindre fous l'équateur, non feulement à caufe du mouvement jour-
nalier de la terre, mais encore à caufe de la diftance de l'équateur au centre, qui eft
plus grande que celle du pôle au centre" '). On a vu plus haut que Huygens, tout en
ne reconnaiflant pas l'exiftence de la „deuxième inégalité [inégalité newtonienne]
des pendules", ou plutôt d'une deuxième inégalité, définie par lui-même, du même
ordre de grandeur que la vraie inégalité newtonienne, s'exprimait fur ce fujet avec
une certaine réferve 5).
En 1 693 Huygens écrit à Leibniz 6) qu' „il crt allez difficile d'expliquer pourquoi
[l'axe de la terre] fe détourne . . tant qu'il fait, fuivant ce qui paroit par laprécefllon
des équinoxes". Que penfer de l'exprefiion „affcz difficile"? Huygens favait évidem-
ment fort bien que ce mouvement périodique de l'axe de la terre ") était expliqué par
") T. X, p. 605, lettre du 9 avril 1694 à de Beyrie.
2) Pour In deuxième fois; voyez e.a. le T. XX.
3) Voyez p. e. la lettre du 15 février 1692 (T. X, p. 257).
4) Voyez cependant la déclaration de Newton citée à la p. 435 qui précède de 1726 dans la troi-
sième édition des „Principia". Mais le fait que la pesanteur ne lui paraissait pas „inhérente"
puisque son intensité est variable, ne décidait évidemment pas la question de savoir si la pesan-
teur est telle qu'elle est „par une loi immédiate du Créateur" ou bien „par une cause méca-
nique".
5) Note 49 de la p. 440 qui précède.
6) Lettre du 12 janvier 1693, T. X, p. 384.
") Comparez sur ce mouvement les p. 63 — 65 qui précédent.
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. APP. II. 495
Newton 8) par L'attraction exercée par la lune et le ibleil fur une mince partie de la terre
fphéroïdale, lavoir l'efpècc d'anneau ou enveloppe qui rcite lorfqu'on enlève en
efprit le noyau fphérique, concentrique avec la terre, qui la touche aux deux pôles.
Mais admettre cette explication, c'eût été prefque reconnaître l'exigence de l'attrac-
tion univerfelle. Nous comprenons fort bien que Huygens ait choiii une expreflion
vague. Quant à nous, ne connaifTant pas d'autre explication digne de ce nom que celle
de Newton, nous nous voyons forcés, comme tout-lc-monde, d'admettre fa fupé-
riorité 9).
La correfpondance de Huygens avec Leibniz, portérieure à l'édition du Traité de
la Lumière et du Difcours qui nous occupe, roule Couvent, on vient de le voir, fur la
gravitation. Il ne nous femble pas néceffaire de réfumer entièrement ces lettres que
le leéteur peut confulter dans nos T. IX et X. Dans le Difcours Huygens n'avait pas
fait mention de ce dont il efi: plufieurs fois queftion dans cette correfpondance, favoir
l'article de Leibniz du n° de février 1 689 des Aéla Eruditorum „Tentamen de rao-
tuum coeleftium caufis", dans lequel l'auteur s'efforce de concilier la théorie du vor-
tex deferens avec les lois de Kepler. Malgré Huygens, et tout en reconnaiiïant la
valeur de (es objections I:), Leibniz relia partifan de ce grand tourbillon folaire uni-
latéral: le fait que toutes les planètes et tous leurs fatellites (du moins ceux connus
en ce temps) circulent dans le môme fens lui femblait un indice de fon exiftenec.
Bientôt après l'apparition du Difcours I2) — c'efl: la première fois qu'il en eft fait
mention dans la Correfpondance — Fatio de Duillier rappela à Huygens l'avoir
quelquefois entretenu" de la théorie de la pefanteur qu'il avait „dans l'efprit depuis
trois ans". Fatio a donc fans doute caufé avec lui fur ce fujet tant en 1 689 à Londres
que déjà en 1687 à la Haye. C'efl: feulement après le départ de Huygens de Londres
que Fatio dit avoir „entièrement débrouillé" fa théorie. Huygens n'avait donc certes
aucune raifon pour en faire mention dans fon livre. Plus tard auffi il n'a jamais mani-
fefté aucune fympathie pour cette théorie qui confifte — comme celle de Lefage qui
s'efl infpiré des idées de Fatio I3) — à admettre qu'il exille partout des particules
matérielles qui „aient leurs mouvemens en ligne droite fort libres et qu'ainfi le monde
ne contienne que très peu de matière", particules qui „perdent quelque chofe de leur
8) Principia, Lib. III, Prop. XXXIX. Prob. XIX „Invenirc Prœcessionem Aequinoctiorum".
9) Ce qui veut évidemment dire qu'à notre avis comme à celui de tout-le-monde la loi de Newton
est ou bien entièrement exacte ou qiCil s'en faut de bien peu: voyez sur ce dernier sujet la p.
660 du T. XVIII.
I0) Qui, soit dit en passant, ne connaissait alors les „Principia" de Newton que par l'extrait qui en
avait été publié dans les Acta Eruditorum de juin 1688.
") Voyez la p. 368 (texte et note 10) du T. IX.
I:) T. IX, p. 384, lettre du 6 mars 1690.
I3) Consultez la note de la p. 391 du T. IX.
496 DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. APP. II.
mouvement quand elles tombent directement fur un corps greffier et ji proportion
dans les autres cas". Attendu que tout corps, quelque petit qu'il foit, fait écran à tout
autre corps, il en réfulte fuivant cette théorie une attraction univerfelle apparente.
Difant en 1694 — pafTage cité plus haut — que Newton était encore indécis entre
deux conceptions de la gravité, dont Tune était qu'elle ferait produite par une caufe
mécanique, Fatio entendait dire, ou plutôt il difait expreffis verbis, que cette expli-
cation mécanique était la Germe. Nous ne trouvons cependant pas que Newton lui-
même ait jamais dit approuver cette théorie. Ce qui cft certain c'eft que Fatio, dans
la lettre en queftion, mentionne également Huygens comme „à prefent perfuadé"
qu'une objection qu'il avait faite contre cette théorie I+) „s'evanouit entièrement
quand on l'examine avec exactitude" fans qu'en réalité Huygens ait laiiïe tomber ion
objection I5). Il n'y a donc aucune raifon pour nous étendre davantage fur cette
théorie, dont il eft queftion en bien des endroits de nos T. IX et X. Nous nous bor-
nons a la remarque hiftorique que le manuferit fur ce fujet montré par Fatio à Huy-
gens au commencement de 1691 l6) et qui dans la correfpondance, tant par Fatio
que par Huygens, eft confidéré comme perdu Ir), exifte encore aujourd'hui a Genève.
Une reproduction de la dernière page avec la foufeription de Huygens „veua la Haye
ce 29 Jan. 1691" l!!) fe trouve chez E. Fueter I9). Mais la voix de Fatio -°) femblc
bien être reftée — comme celle de Lefage plus tard — une „vox clamantis in de-
ferto 2I)". Les tourbillons de matière fine, fous une forme ou fous une autre, ont eu
encore au dix-huitième iiècle bien plus de fuccès que fes particules à lui 2-).
14) Savoir l'accumulation incessante de la matière céleste auprès de la terre (et ailleurs) qui en
résulterait.
15) Voyez la note 13 de la p. 608 du T. X.
,(î) T. X, p. 257, lettre de Fatio à Huygens du 15 février 1692.
'0 T. X, p. 257 271,609.
18) Il n'est donc pas exact qus le séjour deFatio en Hollande commença en mars 1691 (note 3 de
la p. 257 du T. X), ou en février 1691, comme nous l'avons dit à la p. 396 du T. XX: il était
déjà à la Haye à la fin de janvier. — Le manuscrit a également été „seen" par Newton et
Halley.
Nous ajoutons que le manuscrit en question (qui est rentré en possession deFatio, puisqu'on
y trouve des notes de sa main datant de plus tard) n'est, semble-t-il, pas absolument identique
avec celui publié par K. Bopp dans ses „Drei Untersucbungen zurGescliicbtederMathematik"
de 1929 (W. de Gruyter, Berlin).
19) Ouvrage de 1941 mentionné à la p. 312 qui précède.
20) Voyez encore sur un traité en vers de Fatio de 1729 — 1730 la note 9 de la p. 410 du T. IX.
21) Voyez cependant le „Vorwort des Uebersetzers" de 1 893 de R. Mewes dans son édition du
Discours de Huygens (p. 441 qui précède) et les §§30 — 33 („Aetherst6sse") de l'article „Cra-
vitation" de 1904 de J. Zenneck du T. V de l'„Encyklopadie der mathematischen Wissen-
sebaften mit Einschluss ibrer Amvendungcn", Leipzig, Teubner, 1903 — 1921.
22) A la p. 645 du T XIX nous avons déjà renvoyé le lecteur au sujet de l'histoire des tourbillons
à «L'introduction des théories de Newton en France au XVIIIe siècle" de 1931 de P. Brunet.
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. APP. II. 497
Dans le Difeours Huygens femble attribuer la forme fphérique de la terre et des
autres corps céleftes aux mouvements tourbillonnaires du dehors. En effet, après
avoir parlé (p. 160) de„la caufe qui pouffe les corps ... h defcendre vers la Terre",
il ajoute: „I1 y avoir long temps que je m'eftois imaginé, que la figure fphérique du
foleil pouvoit eftre produite de mefme que celle qui, félon moy, produit la fphericité
de la terre; mais je n'avois point étendu l'a&ion de la peianteur à de fi grandes dis-
tances . . . etc." ;3). Si c'ell bien là (on opinion, il faut remarquer qu'il s'eft dédit
plus tard; lorfque Leibniz lui écrit en avril 1692 H): „il y a bien de l'apparence que
la peianteur vient de la même caufe qui a rendu la terre ronde, et qui arrondit les
gouttes, c'eft a dire du mouvement circulaire de l'ambient en tout fens", il répond
trouver „plus vraifemblable que la rondeur des goûtes viene du mouvement rapide
de quelque matière qui circule au dedans -5)". Il avait déjà écrit à Papin -6), ce qu'il
répète dans une lettre ultérieure à Leibniz, que c'eft: une erreur de croire qu'une pres-
iion uniforme exercée du dehors peut arrondir un objet. Lorfque Leibniz lui demande
pour quelle raifon il croit à la circulation rapide à l'intérieur, il ne répond autre chose
(mon qu'il n'y a pas lieu de recourir, pour expliquer les arrondiffements, aune circu-
lation extérieure -"). Apparemment fuivant Huygens, en rejetant cette dernière, il
faut néccflairement accepter la première, puifque tout mouvement doit provenir
d'un autre mouvement, ce qui lui paraît trop certain pour qu'il foit néceffaire de le
dire expreffément en toute occafion.
Sans doute dans le Difcours Huygens confidérait auffi le mouvement tourbillon-
naire à l'intérieur de la terre. Il y difait (p. 159) regarder comme fort vraifemblable
que ce mouvement eft tel que la pefanteur qui en réfulte eft: partout la même 28).
Mais il ne faifait pas reïïbrtir le pouvoir arrondiffant fpécial d'une pareille circu-
lation interne. Il eft: vrai qu'il avait écrit déjà en 1 659 : „materia fubtilis in guttis
circumagitur quœ facit ut rotunda; funt", tandis que Dcfcartes dans (es „Meteorcs"
23) Comparez ce qu'on lit à la p. 35V du portefeuille L: Comme la rondeur de la Terre a
eftè caufée dans noftrc hypothefe par le mouvement circulaire et très rapide en
tous fens d'une matière très fubtile et fluide qui chafTe les corps qui ont moins
de mouvement vers le centre, il femble que de mefme le globe du foleil a pu eftrc
produit dans le grand espace qui comprend toutes les planètes, et peuteftre encore
une grande eftendue au de la.
=-t)T.X,P.284.
^yr.x,p.29r.
2<î) T. IX, p. 485, lettre du 2 septembre i6yo.
*0 T. X, p. 317, 321, 384— 385.
28) À Papin qui fait une objection il répond qu'il (H.) aurait mieux fait d'écrire simplement vrai-
semblable (lettre du 2 septembre 1690, T. IX, p. 484).
63
49H DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. APP. II.
avait parle à ce propos du tournoiement de la matière fubtile tant en dedans qu'en
dehors des gouttes: voyez la p. 474 de notre T. XVII.
Non feulement faut-il fuivant Huygens que tout mouvement provienne d'un autre
mouvement, mais encore que ce qui le meut, c. a. d. l'atome, (bit dépourvu de quali-
tés inhérentes. Il faut pourtant que l'atome foit non feulement de forme déterminée,
mais encore incaflable et infiniment dur et qu'il fa(fe reflbrt. Ne font-ce pas là desquali-
tésV Tant Papin que Leibniz le prétendent; le premier dit *9) qu'il lui „fait de la
peine" que Huygens croit „que la dureté parfaitte eft de l'eïïence du corps: il me
femble que c'eft là fuppofer une qualité inha?rente qui nous éloigne des Principes
Mathématiques ou Mechaniques"; le fécond 3°) ade„lapeinc h comprendre la rai (on
d'une telle infrangibilité" et penfe „que pour cet effect il faudrait avoir recours h une
efpece de miracle perpétuel". Mais Huygens ne peut faire ici aucune conceflion 3Ï);
tout fon fyftème eft en jeu.
Sur la partie purement mathématique du Difcours, nous obfervons qu'il eft fouvent
queftion, dans la correfpondance ultérieure avec Leibniz, du mouvement d'un objet,
ou plutôt d'un point matériel, éprouvant une réfiftance proportionnelle foit à fa vi-
tefle foit au carré de là viteiïe. Leibniz reconnut, à la fuite de l'obfervation de 1 ïuy-
gens de la p. 1 -5 du Difcours, qu'il s'était trompé dans fon article de janvier 1 689 3")
en admettant que dans ce deuxième cas on peut, comme dans le premier, confidérer
féparément le mouvement vertical et le mouvement horizontal, et trouver enfuite le
véritable mouvement par la compofition de ces deux 33). La queftion Cuvante avait
été difeutée par I ïuygens à Londres lorfqu'il vifita Newton : eft ce que la courbe du
jet, dans le cas de la réfiftance proportionnelle au carré de la vitelle, poiïede une
afymptote? Newton l'affirmait, mais I Ïuygens paraît être refté en doute 34). L'équa-
*?) Lettre du 18 juin 1690, T. IX, p. 429.
3°3 Lettre du i 1 avril 1692, T. X, p. 286.
31) Réponse à la lettre de Leibniz (T. X, p. 300): ,,1/hypothese de la dureté infinie me paroit . .
très nécessaire [nous avons cité ce passage aussi à la p. 325 du T. XIX], et je ne conçois pas
pourquoy vous la trouvez si estrange, et comme qui infereroît un continuel miracle". Au sujet
de Papin I [uygens écrivait (T. X, p. 298): „I1 est de ceux qui veulent avec Mr. des Cartes que
l'Essence àa corps consiste dans la seule étendue'". Voyez sur ce dernier sujet la p. 325 du '1'.
XIX, ainsi que la p. 4-3 qui précède.
32) „Schediasma de resistentia Medii etc." mentionné pour la première fois à la p. 367 du T. IX.
33) Lettre de Leibniz à Huygens du 2 mars 1691 (T. X, p. 50). Voyez sur ce sujet les p. 425 — 426
qui précédent.
34) Voyez la note 5 île la p. 326, ainsi que les p. 330 et 358, du T. IX.
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR. APP. II. 499
tion de la courbe ne fut déterminée qu'en 1719 par Jean Bernoulli ;*). Elle pofTède
en effet une afymptote v').
Ayant trouvé dans le livre de 1 luygens „plulieurs propriétés de la ligne logarith-
mique ou logiltique", le Marquis de l'Hôpital ouvrit en juillet 1692 îr) l'importante
correfpondance fur des Pujets mathématiques dont nous avons parlé à la p. 487 du
T. XX.
îS") L'article de Bernoulli, qui ne donne pas la démonstration de ses formules, parut dans la livrai-
son de mai 17 19 des „Acta Eruditorum". Cest le N° CXIII du T. II de i~42 de ses „Opera
omnia" (Lausanne et Genève, Al. .M. Bousquet). II est intitulé „Johannis Bernoulli responsio
ad nonneminis [il s'agit de John Keill, compatriote de Newton] provocationem,ejusque solutio
quœstionis ipsi ab eodem propositsedeinvenienda lineacurvaquam describit projectile in medio
resistente". L'auteur y considère le cas d'une résistance proportionnelle à une puissance quel-
conque de la vitesse et en donne la solution „suppositis quadraturis". Son article ne contient
pas de h'gure pour le cas de la deuxième puissance ou de puissances plus élevées et il ne s'inté-
resse pas à la question de l'asymptote.
Mais il donne une construction simple pour le cas d'une résistance proportionnelle à la pre-
mière puissance de la vitesse, donc à la vitesse elle-même, et dit à bon droit: „Hœc constructio
facilior est, & simplicior, quant Hugeniana, exposita sine demonstratione in Libto Je causa
gravitatif, pag. 171, & multo adhuc simplicior quam Xew/oniai/a, vide Princip. Phil. Nat.
Lib. 2, Prob. 4. quœ cum sit valde perplexa & operosa, ex illa haud facile patet curvam qujesi-
tam esse posse logarithmicam aut ex en posse construi".
3<î) A. AI. Legendre ^Exercices de calcul intégral sur diverses ordres de transcendantes et sur les
quadratures" (Paris, V™ Courcier), p. 330 — 339 du T. I de 181 1 : „Application delà méthode
précédente au calcul de la trajectoire d'un projectile".
" T. X, p. 304.
LA RELATIVITE DU MOUVEMENT ET LA
NON-EXISTENCE D'UN ESPACE ABSOLU.
Avertiffement.
Il a déjà été queltion de ce fujet dans le § i de la Pièce qui précède „Ob(èrvations
fur quelques partages des Principia de Newton" à laquelle nous avons donné la date
1689. Une grande partie des Pièces fur la relativité du mouvement date cependant
fans doute d'après l'apparition, en 1690, du Difcours de la Caufe de la Pefanteur,
puifque — voyez les p. 197 — 198 du T. XVI — Huygensditen 1694 n'avoir trouvé
que depuis deux ou trois ans le fentiment qui lui paraît plus véritable que celui de
Newton.
Chronologiquement, la plupart de ces Pièces devraient être publiées ici '). Elles
ont toutefois déjà trouvé leur place dans le T. XVI. C'eft donc à ce Tome-là que nous
renvoyons le lecteur et nous ne voyons pas de raifon pour répéter ici nos confidéra-
tions de 1928 et des années drivantes: on peut les trouver aux p. 27, 189 — 200 et
246 — 259 du T. XVI ainiî que dans les notes que nous avons ajoutées dans le même
Tome aux dites Pièces, enfuite dans le T. XVIII -), e.a. aux p. 657 — 661, et dans
l'article de 1934 „De relativiteit der beweging volgens Chr. Huygens" 3).
Il réfulte de ces confidérations que quoique Huygens n'admette en aucun cas le
mouvement abfolu par rapport à un efpace immobile et dont chaque partie çonfer-
'~ Ou même an peu plus loin dans le présent Tome.
:) Consultez la Table des Matières traitées à la p. 697 du T. XVIII.
Mentionné a la p. 60;, du T. XVIII ainsi qu'à la p. H80 du présent Tome.
504 AVERTISSEMENT.
verait Ton individualité ou identité comme il en eft fui van t lui des atomes matériels
difcontinus, le mouvement de rotation a pourtant pour lui, comme pour Newton,
un caraétère que nous pouvons appeler abfolu, bien qu'il ne fe ferve pas de cette ex-
prellion : la viteflé de rotation peut être déterminée par la grandeur mefurable de la
force centrifuge. On a vu dans les Pièces „Conlidérations fur la Forme de la Terre-"
et „Coniïdérations ultérieures fur la Forme de la Terre" qui, il elt vrai, datent de
1 686 — 168-, que ce qui produit la forme fphéroïdale aplatie de notre planète, ainfi
que celle de Jupiter, ce n'ell pas pour Huygens le mouvement de rotation />#/• rap-
port aux étoiles fixes, mais le mouvement de rotation pur et /impie qui exigerait
également l\ la Terre était dans l'efpace le ieul corps. Voyez ce que Huygens dit aulfi
plus tard — ce qui importe ici — fur le cas où „il n'y a qu'un corps qui circule",
auquel cas fon „mouvcment circulaire fe connoit . . par la vertu centrifuge" 4).
Comme nous l'avons obfervé a la p. 200 du T. XVI, nous n'avons pas cru devoir
reproduire toutes les Pièces de Huygens fur la relativité du mouvement: elles font
tr< >p pleines de répétitions. Pour que ces Pièces ne faflent pas entièrement défaut dans
le préfent Tome nous en avons tiré ici les deux paragraphes qui fuivent. On y voit
(notes 1 et 3 de la p. 507) que les Pièces du T. XVI reproduifent parfois celles de
I luygens en raccourci.
Nous attirons fpécialement l'attention fur le deuxième alinéa du § 1. On peut con-
fulter fur le fujet dont il y elt queftion, bien que Leibniz ne (bit pas nommé, le
deuxième alinéa de la note 8 de la p. 199 du T. XVI où nous citons le philofophe
allemand difant que le „mouvement abfolu véritable", auquel il croit tout aufli bien
que Newton, peut cxilter fans que le phyficien puilTe l'apercevoir, ce que Newton
ne dit pas; apparemment Leibniz veut qu'il en foit ainfi pour que la „vis", fans pou-
voir être mefurée par le phyficien, puiile néanmoins être „aliquid realc et abfolu-
tum" 5): voyez la citation de les paroles dans la note 45 de la p. 614 du T. X aux-
quelles Huygens en 1694 (T. XVI, p. 198) donne la forme „abfonum eflé nullum
dari motum realem, fed tantum relativum". Nous avions ajouté à la note 8 nommée
*) P. 224 du T. XVI, Pièce IV.
5) Consultez e.a. sur ce sujet les p. 341 et 359 du 'I'. XVI.
AVERTISSEMENT. 505
la remarque que la „vjs" de Leibniz qui ne ié manifefte pas dans les phénomènes cil
tout autre choie que la „vis" de Huygens ou de Newton. Dans la Partie „L 'influence
de Huyghens. Polémiques avec Huyghens" de fa brochure de 1934 „Dynamique et
métaphyiique leibniziennes" 6) où il cite fouvent notre T. XVI (de 1929), l'auteur,
M. Gueroult r), écrit à ce propos: „Certains, pour commenter ce paflage,ont eftimé
que cette vis qui ne fe manifefte pas dans les phénomènes eft tout autre chofe que la
force de Huyghens et de Newton et qu'il faut toujours diftinguer chez Leibniz entre
le point de vue du métaphyficien et celui du phyficien [nous nous exprimions ainfi].
Sans doute: mais il s'agit ici non point des phénomènes en général, mais feulement
des phénomènes refpeclifs. Or la vis abfoluta en queftion, eau fa et xpiTypiov [?] du
mouvement réel, n'eft nullement la force au fens métaphyiique du terme, mais ... la
vis viva ou mortua, dont il eft traité en phyfique. Ainfi la force „abfolue" eft force
phénoménale, c'eft à dire celle-là même dont s'occupent Huyghens et Newton, quoi-
que autrement interprétée". C'eft poffible. Gueroult reconnaît cependant (p. 107) à
propos des répliques de Leibniz le „mode fuyant et décevant où il excelle" [expres-
fions de Gueroult]; ce qui rend fouvent un peu hafardeufe l'interprétation de fes
fentiments.
Nous avons cité l'opinion de Leibniz aufti dans le troifième alinéa de la p. 660 du
T. XVIII.
Gueroult croit pouvoir ajouter s): „Par [1'] extenfion indéfinie du principe de re-
lativité, Huyghens eft d'accord avec les phyficiens les plus modernes". Il mérite toute-
fois d'être remarqué que Huygens — nous l'avons déjà dit plus haut — n'eft appa-
remment pas d'avis, comme le font les partifans — faut-il dire: les nombreux parti-
fans? — de la doctrine moderne de la relativité générale, que l'aplatiflement de la Terre
ferait due à fa rotation par rapport à l'enfemble des autres corps céleftes ou, fi l'on
veut, par rapport au champ gravifique (ou éther) correfpondant à ces corps. Les tour-
billons multilatéraux matériels affez amples qui fuivant Huygens, depuis 1687 jufqu'à
6) Publications de la Faculté des Lettres de L'universitéde Strasbourg. Fasc. 68, Les belles lettres,
95 Boulevard Raspail, Paris VIe. P. 82 — 109.
") En ce temps professeur de philosophie à l'Université de Strasbourg.
8) P. 107, note 1.
64
506 AVERTISSEMENT.
fa mort, entourent les étoiles 9) ne peuvent exercer aucune influence à de fi grandes
diftances.
D'après le fyftème de Huygens la terre pofTède apparemment une quantité déter-
minée de force vive en vertu de fa rotation, mais elle n'en pofTède aucune quantité
déterminée en vertu d'une tranflation I0).
y) Voyez la p. 437 qui précède.
lo) Consultez sur les deux parties de la force vive — expression dont Huygens ne se sert d'ailleurs
pas; comparez la note 1 de la p. 8 du T. XIX — correspondant respectivement à la rotation d'un
corps rigide autour de son centre de gravité, et à la translation de ce corps par rapport à un
milieu considéré comme immobile, les p. 433 — 436 du T. XVIII (datant de 1693), citées aussi
a la page nommée du T. XIX.
Voyez aussi sur ce sujet la note 6 de la p. 9 du T XIX.
LA RELATIVITE DU MOUVEMENT ET LA NON-EXISTENCE
D'UN ESPACE ABSOLU.
§ 1 '). Si unum cantum corpus in reruni natura concipias, iive in iniiniti fpatij
extenfu, an potes imaginari illud verc quiefeere? Sanedices, cum fpatij immoti certain
partem occupât. Sunt enim et partes illius infiniti fpatij immota\ Refpondeo, funt
ejus partes fed non cerne, non definitae. Sed unde idea immoti niii a quiète relativa
corporum? cui idea; itaque adjunctum cil ut inter fe quiefeant. Tuum vero immotum
fpatium cujuiham refpectu quiefeit? Non igitur convenir ei idea quietis. itaque fàlfà
eft notio fpatij illius immoti quatenus immotum 2). Sic plurimi è vulgo notionem
habent ejus quod furfum ac deorfum dicitur; idque nec Terre nec ullius alterius rei
refpectu. Et hinc olim antipodes dari non pofle concludebant, quod capitibus corum
deorfum tendentibus, in terra ha^rere non poflent fed neceflario deberent decidere.
I Ixc notio eil illorum opinione evidentiflima, et tamen falfa, quoniam illud furfum et
deorfum relativa funt ad centrum Terra.
Motus circulationis eil motus relativus in redis parallelis, mutata continue direc-
tione, et manente diftantia propter vinculum.
Motus circularis in uno corpore eil motus refpectivus partium, manente dillantia
propter vinculum.
§ 2 }). Ac (patio illi inrinito et inani neque motus neque quietis idea aut appellatio
convenit. Qui vero quiefeere ipfum llatuunt, non alia ratione id fàcere videntur, quam
quod animadvertunt abfurdum efle iimoveridicatur, unde nccefTario quiefeere diceu-
dum putarunt. Cum potius cogitare debuerint nec motum nec quietem ad fpatium
illud omnino pertinere. Abfonum igitur eil li corpus vere quiefeere vel moveri dica-
tur refpectu fpatij mundani, cum neque fpatium hoc quiefeere dici pofîk, neque fit in
eo loci mutatio. Nulla enim cfl delinitio aut defignatio loci niii per alia corpora.
Itaque nullus e(l corporum motus aut quies, niii refpectu mutuo.
') Portefeuille L, t'. 10. Voyez le^ deux derniers alinéas de ce § aux p. 226 et 22- (Pièce V) du T.
XVI.
'-) Déjà Giordano Bruno appelle l'univers „uno, infinito, immobile" (T. XVI, p. [99, noteô).
Voyez aussi sur lui la note 16 de la p. 351 qui précède.
■;) Portefeuille L, f. 20. Le début de ce § correspond, comme on voit, aux deux dernières lignes
de la Pièce VII, p. 231 du T. XVI.
508 LA RELATIVITÉ DU MOUVEMENT ET LA NON-EXISTENCE d'un ESPACE ABSOLU.
Volunt tamen vcram illam quietem verumque motum ctiam in recto ac fimplici
motu pergentibus differre ab ea quiète ac motu qui eft ipforum corporum inter fe,
neque enim, quia asftimari non poflet verus motus ac quies, ideo in rcrum natura non
cxirtere.
Dicent, fi vera efi: mea opinio, confequi ut fi in mundo unicum aliquod corpus tan-
tum ponatur, illud moveri non poffit. Ita efi: inquam, fed neque quiefcere.
Il ne s'agit ici, comme dans l'alinéa précédent, que d'un mouvement de tranflation uniforme
(motus reftus ac fimplex); Huygens ajoute: de circulariter motis aliter fentiunt de quibus
poftca vidcbimus. Voyez fur ce fujet la fin du § i. Sur la queftion du mouvement accéléré on
peut confulter les p. 518 et 659 du T. XVIII.
Il efi: bien connu que jufqu'ici les efforts faits pour mefurer le „motus rectus" de la terre par
rapport à l'efpace — ou, fi l'on veut, par rapport à l'éther; voyez fur Péther de 1900, identique,
peut-on dire, avec l'efpace abfolu, notre AvertiOement à la Defcriptio Automati Planetarii — n'ont
pas été couronnés de fuccès; c'eft ce manque de fuccès (qui n'aurait pas furpris Leibniz, non plus
que Huygens) qui a fait naître au commencement du vingtième siècle la théorie fpéciale, ou
refireinte, de la relativité, laquelle a été bientôt fuivie par la théorie générale déjà mentionnée plus
haut.
DE RATIONI IMPER VILS.
DE GLORIA. DE MORTE.
AvertiiTetnent.
Les trois Pièces qui fuivent nous paraiflent trop courtes pour qu'il (bit néce (Taire
de les réfumer ou de faire des remarques fur leur contenu.
Nous nous contentons de fignalcr la prédilection de Huygens pour Cicéron. Dans
fon oeuvre fragmentaire de i 899 „De wijsbegeerte in de Nederlanden" J. P. N.
Land ') parle auffi 2), fans l'approuver, de cette prédilection de certains lavants néer-
landais du dix-feptième lîècle — parmi lefquels il ne nomme pas Huygens — pour
la philofophie de Cicéron après qu'on s'était détourné, ce qui d'ailleurs n'était pas un
phénomène général, de celle, plus originale, d'Ariltote. liien entendu: Land parle
furtout de la logique ;). Confultez encore fur Cicéron (Land ne dit rien en cet endroit
fur Cicéron en tant qu'infpiré par le philofophe grec) la note 46" de la p. 666 qui fuit.
Le manuferit K contient une collection de citations d'auteurs anciens datant fans
doute, vu la régularité de l'écriture, de la jeuneffe de Huygens. Elles ne peuvent donc-
trou ver leur place ici; n'ayant pas été publiées jufqu'ici dans les Oeuvres, elles devront
') Professeur de philosophie à l'Université cie Leiden. On trouvera (on nom aussi dans notre T.
XX. Il laissa en mourant trois chapitres d'un traité écrit en anglais (bus le titre ,,Philosophy in
the Low Countries" qui turent traduits en néerlandais par C. van Vollenhoven et auxquels C
Hellaar Spruyt joignit une biographie. Le tout publié en 1 899 à la I lave chez M. NijhofF.
OP. 115-
3) Voyez encore sur la logique d'Aristote la p. 566 qui suit, ainsi que la p. 63 qui précède où, il
est vrai, il est plutôt question de pédagogie scolastique.
5 I 2 AVERTISSEMENT.
figurer parmi les „Varia", mais nous croyons devoir mentionner dès maintenant que
la première citation efl: de Cicéron et fe rapporte à la gloire:
„Quid noftri Philofophi? nonne in bis ipfis libris quos feribunt de contemnenda
gloria fua nomina inferibunt". Cic. Tufc. qu. Lib. i 4).
4) „Tusculanœ Disputationes", Livre I,§ 34.
DE RATIONI IMPERVIJS ').
En marge: De verifimilibus. De incertis 2).
[1690]
§ 1. Elle prœilantem aliquam œternamque naturam, et eamfufpiciendamadmiran-
damque hominum generi ordo rerum coelcftium, et mundi totius pulchritudo, inquit
Cicero, — addo et magnitudo rerum coelcitium, artificiolaque animalium fabriea et
per generationem propagatio — cogit confiteri 3). Item mentis humanae intelligen-
tia, et voluptatis fenfus tam animi quam corporis. \ride Ciceronem in fine lib. 2 de
divinatione. Nam ut vere loquamur &c. 4).
§ 2. De fpatij mundani infinitudine 5). De temporis infinitudine 6). Numerus tlel-
larumquantus feriberetur, tôt figuris quot arenaegrana terra globuscaperet "). 6000
anni 8) ut minimum punétum.
') Manuscrit G, f. 33. La Pièce date peut-être non pas de 1690 mais de la fin de 1689. Les f.
31 — 32 contiennent les Tables des matières du Traité de la Lumière et du Discours de la Cause
de la Pesanteur, et les f. 44 — 45 les „Experimenta circa Electrum" que nous avons dit (T. XX,
p. 618) dater de la fin de 1690.
:) Comparez l'adage de la p. 213 du T. XVI se rapportant aux sujets dont traite la Pièce précé-
dente („La relativité du mouvement etc.").
3) Cicero „De Divinatione" Lib. II, cap. 72.
4) „De Divinatione", l.c. „Nam ut vere loquamur, superstitio fusa per gentis oppressit omnium
fere animos atque hominum imbecillitatem occupavit. quod et in is libris dictum est qui sunt de
natura dcorum, et hac disputatione id maxumc cgimus. multum enim et nobismet ipsis et nôs-
tris profuturi videbamur si eam funditus sustulissemus. nec vero (id enim diligenter intellegi
volo) superstitione tollenda religio tollitur. nam et maiorum instituta tueri sacris cammoniisque
retinendis fapientis est, et esse pra;str.ntem aliquam œternamque naturam . . " etc. Voyez le
début du § 1, jusqu'au mot „confiteri".
s) Chartœ astronomica? f. 123 v: Il faut nous défaire de cette imagination d'eltre placez
au milieu du monde. In coelo fumus de mefme qu'une chacune des eltoiles. Il n'y
a point de milieu dans l'eitendue infinie.
6) Voyez la note 10 qui suit.
:) Comparez les §§ 9 et 59 des „Pensees meslees" qui précédent.
R) Ce nombre a sans doute été choisi parce qu'il peut être censé représenter le temps qui d'après
la Bible s'est écoulé depuis la création de l'homme. Comparez la fin du § 5 de la p. 556 qui suit.
Chartœ astronomiese f. 123 r:Mundus vifibilis velut punclum in infinito, ita spécula
quorum memoria ad nofirum ufque fuht velut momentum temporis breviffimum.
65
5 I 4 DE RATIONI IMPERVIIS. DR GLORIA. DF, MORT F..
§ 3. De multiplicibus Terris vix dubicari poteft quin exiftant y).
Difquifitio quid in planetis agatur aut exiftat. Ponamus nihilo inferiora lus noftris
rchus illic haberi. qualia font lux, vifus &c. An mala etiam ut bella, (cèlera.
§ 4. Probabilis materise infinitas. Et mundi, non Terra? noitrce. Forfan ruina aliqua
non femel Tellus damnum pafla eft, et impofterum patietur. vel ab inteftinispartibus
qua? nobis nota? non funt. — Nulla illi pernicies impendere videtur,nifi forfan aboc-
curfu Cometae.
§ 5. Error gentium plerarumque fuit ut corpora humana dijs atringerent. Nihilo
levius errant qui mentem Deo tribuunt noftra? fimilem, voluntatem, affectus, fcien-
tiam. Non enim intelligi poteft quid fit voluntas in Deo, nec enim nunc hoc nunc
aliud velle putandus uti nos. Non irafci, placari, ut nos. Non fcire aut intelligere
eodem modo. Non deliberare, non quœrere quomodo quid efficiat.
§ 6. Quod certa ratione le habet, cum aliter fe habuifie per naturampotuiflét,non
eflTe ab reterno. Habet enim caufam cur potius taie fit, ergo aliquando non fuit. Mine
nihil taie Deo convenirc poteft.
§ 7. Ratio invenire nequit quo modo homines creteraque animalia extiterint.
§ 8. Ab reterno creavit Deus ,Q). federeata quidam interire et diflblvi poflunt.
§ 9. Probabile mundum omnem et genus humanum ita effe creata ut Dei opéra
particulari poftmodum non indigeant. quemadmodum machina a perito artifice. Ita
lyderum motus, ita terra?, quidni et animalia et homines. Nemo putat opinor cum
pluit cum tonat cum œdes corruunt, data opéra ifta a Deo fîeri, quid enim templa et
rupes fulmine ferit. An dicent credo, confilio atque opéra peculiari Dei lîeriiidomus
corruensaliquem opprimât, \\ neminem, tune cafu conciderc? At quam fepeetin-
noxios fieperire videmus.
9) Comparez le dernier § des ,,1'ensecs meslees".
I0) Charta? astronomica? f. 123 r: Quand il eft dit qu'au commencement Dieu créa le
ciel et la terre, il faut entendre ce commencement a l'égard de ce qu'il créa et du
genre humain, car Dieu eft de toute éternité et le temps par confequent.
DE RATION! IMPERVIJS. 5 I 5
JJ 1 o. 1 lominum cogitationes aétionefque omnes neceflitate quadam alias alijs fuc-
cedere ut in machinis, etfi quifque libi plenam elle et cogitandiet agendi libertateni
exiitimet. En marge: fepe videmus alioauferri cogitationes quam quo voluntasdirexe-
rat ").
Omnia itaque quae contigerunt, quoique contingunc, non potuhTe quin ita fièrent.
I [oc remedium optimum ncquid rerum pera&arum poeniteat, autmalchabeat,aut
imprudenter geihim dolorom ingérât, quo tamen a rébus agendis, eavendoque damno,
nequaquam averti debemus nec abftinere a puniendis malis. namutillineceffariomali
ita et neceflaria mali poena et exftirpatio. Sic ferpentes et culices occiderelicet. Cum
omnia fie a Deo fint ordinata et perfecta, ut iblo motu et agitatione corporum in cor-
pora inque animas hominum — fi quid ex habent incorporel I2) — ut eonftare et
perennare mundus omnis et genus humanum polïint. cumque ad confervandam focic-
tatem ac rem publicam, amorem boni ac reéti, ac rurfiis odium mali ac feeleris inge-
nera\-erit, nunquid non folum à cura rerum fingularum immunem iefe Deus prseftitit,
fed et a futuri notitia? Nam (i ea lapientia ac providentia totius mundi res ordinavit
ut poilea occurlii vario et motu corporum et atomorum omnia peragerentur, an dice-
mus etiam infinitos iftos occurfus et reflexiones corpufculorum in anteceiïum Deo
cxploratos fuiffe tïngulos? An pra?nofcere cafus et éventa homunculorum dignum
Deo, in iila mundorum immenfa multitudine? an hoc tantum curafle ac providifle ut
lumma rerum làlva effet, bonaque malis femper pravalerent univerfè, non autem in
cafibus omnibus iîgillatim. Certe enim ita cum rébus humanisagi videmus. fapeindigna
pati optimos quoique; occidere immerentes, idque cafu perfarpe, nec ratione ulla quarc
id fiât apparente. Frequentius tamen pleéti fceleratos, puniri improbos, vel legum
vindicte vel conlcientis tonninibus.
§ 11. (Quantum igitur aberit ut altrologi, vates, augures futura provideant, quam
nihil omnibus fomnijs movcbimur, quam lecure denique rerum eventus exfpe&abi-
mus, neceffitate aitrictos, nemini prscognitos, à nemine prafixos.
§ 1 2. Mirum et imperveltigabile unde idea voluptatis.
Qui hanc potuit invenire et imperdre animantibus ac praecipuè homini, quanta
quamque infinita ipfe frui débet.
§ 13. An nature legibus corpora ferri et moveri (inat, quod in omnibus qua' vide-
") On pourrait répondre: sa?pe cogitationes eo vadunt quo voluntas eas direxit. Comparez la note
44 de la p. 665 qui suit.
I2) Voyez sur ce sujet la note 2 de la p. 522 qui suit.
5 l6 DE RATIONI IMPERVIIS. DE GLORIA. DE MORTE.
mus ita elle confiât: an nonnunquam manum admoveat I3), quod ex auxilio fa?pe
praeftito apparere dicent ex hiftorijs. Sed quot font qui innocentes indigne perierunt!
§ 14. Non font hase tanta mala quœgenerihumanoevenirepoireprœvidit.Quippe
maximam partcm leviora morte, qua.1 nihil mali habet. Dcdit vero et fapientiam et
animi magnitudinem quibus qua? cavere non poflumus pcrferre et contemnere pos-
limus.
§ 15. Ratione confequi non poflumus quem in finem res tantas Deusmolitus fit,
et fortafle continue moliatur I4). Nunquid enim deleftatur opéra fuacontemplans,ut
homines ingeniofi cum artificiofe machinam quampiam fabricarunt ? Quorfum animalia
noxia, culices, pulices, certc non hominum gratia. Cur pifcium genus fui fimilibus
vefcitur. Cur Icônes et lupi, infirmioribus ex génère animantium? Nunquid hacratione
fe ipfam non deftruit rerum natura?
Cum tam artificiofe atque ordinate animalium corpora creata fint, mirandum vi-
detur Terrarum mariumque traélus prorfus efle inordinatosac velutfortuitoexortos.
•3) Compare/, sur ce sujet le début du § 9 qui précède.
,4) Nous avons déjà dit à la p. 436 qui précède que, d'après les idées de Huygens, il faut, lorsqu'on
ne considère que la formation de la terre et de ses habitants, parler d'une création plutôt que de
la création: tandis que, suivant Huygens, dans notre système planétaire la création paraît être
terminée, il est fort possible d'après lui qu'ailleurs il n'en soit pas ainsi. 1
DE GLORIA •>
§ t . Ad confervationem vitae animantium datus illis doloris fenfus ad omnesmem-
brorum partes diditus, item pracipitiorum metus,pafcendi voluptas. Horainibus vero
praeter illa intérims averfatio, mortis horror, vivcndi cupido. nec ulla religio Cuis pro-
miflis de futura vita hoc obtinere potuit, ut propterea vitam homines libenter depo-
nant, im5 ut non metuant morteni praeter paucos qui fupernaturali enthufiafmo
aguntur. Cateri omnes vivere cupiunt, atque etiam fine fine.
Hinc cogitatio prima de anima immortalitate: noluerunt enim prorfus extingui
pofle. Hinc nominis poflmprteni producendi defiderium; nam et hoc modo videntur
libi parte fui aliqua fuperftites eiïe. Idquc adeo ut vel icelcre aliquo famam fui relin-
quere quidam voluerint potius quam perpétua oblivione fepeliri. Plurimi vero ex
impoihira, ut Chymici ac Ciniflones 2) qui fibi auri conficiendi artem et panaceam
cognitam mille credi volunt. Famae autem et gloria fempiternae cupido ab co tempore
plurimum increvit quo literarum et hiltoria condenda inventa eit ratio. Antea enim
non potuit videri opéra pretium, ut multo labore brevem laudem, et fuo filiorumque
aut nepotum avo tantum duraturam, mererentur. Unde et apud barbaras gentes
literarum ufu carentes nulla aut exigua gloria affectatio.
§ 2. Omnibus inefl: natura ut laudari ament.
Aliquibus data imperandi cupido, eoque et animi robur et in periculis conftantia.
Hi gloriam confequuntur fi bene imperent. non fi multis et malè.
Optimis hoc datum ut alijs quam multis aut certe melioribus prodefle velint, ut
utilium artium inventores.
Vera gloria non nifi ex bénéficie Hinc non debetur ci qui fubtilitate ingenij fe
praftare oftenderit, nifi fubtilitate illa boni quid effecerit. Ita fruftra quis quaftioni-
bus ac problematis fubtilibus sed inutilibus ingenium ac tempus impendit, nifi quatenus
ejus feientia peritiam fibi contigifie déclarât cujus in rébus alijs cognita fit utilitas.
En marge: Celebris fama meritorum, Ciceronis Oratio pro INlarcello 3).
') Manuscrit (î, f. 33 — 34. Comparez la note 1 de la p. 513.
2) Voyez la note 1 1 de la p. 666 du T. XVIII.
3) Dans ce Discours Cicéron vante les victoires de César, mais il ajoute: „sed tamen sunt alia
maiora . . . nunc certe pertinet esse te talem, ut tuas laudes obscuratura nulla unquam sit obli-
vio" (§§ 2 et 9).
5 I 8 DE RATIONI IMI'ERVIIS. DE GLORIA. DE MORTE.
§ 3. Sunt qui felices poil mortem prsedicentur quod memoria illorum vel fcriptis
egregiorum authorum vel pofitis ftatuis celebretur, vel emanatione ac perpetuitate
fedte ab ipils infHtuta?. Ita Achilles Alexandro, quod ab Homero caneretur, felix di-
cebatur 4). Ita Erafmus felix obftatuam publiée eredtam 5). Ita Pythagoras, Epicurus,
Mahometus, alijque fequacibus fuis quod auclores feclarum permanentium.
Hecc vero hactenus tantum ad fclicitatem eorum pertinent, 11 futura cognoverint,
vel prseviderint vel certe praîfumferint.
Adponendum effet J. Cœfaris felieitati li egregie a fe geitorum memoriam eo vali-
turam praeviduTet ut mutato Reipublicas ftatu, in Cîefarum ferie primus poneretur
omnibufque nomen fuum, continua 1600 annorum fucceffione, relinqueret. At ille
haudquaquam fcivit utrum hoc poil obitum fuum honore afficiendus effet, an ut
tyrannus in Tyberim trahendus, omnifquc memoria fua delenda deteftandaquc foret;
imb hoc potius ultimo (use vitae momento exiftimare debuit cum in Senatu a praxMpuis
Romanorum interficeretur. Viventis vero félicitas ha?c fuit ut geftorum fuorum
memoriam hiftorijs omnibus celebratum iri non dubitaret, cum multarum virtutum
fuarummentione, atque etiam commentariorum libros, quos de rébus fuis fcripfe-
rat, venturis fasculis viéluros.
§ 4. Si quis de Gloria fcribat ac recle hoc argumentum tradet — quod fortaffe
fecit Cicero in eo libro qui intercedit 6) — nihil fieri poffet utilius, neque ad falutem
hominum conducibilius. Quantum enim inali toto orbe, quae bella qua: cardes ex am-
bitione principum? qui quid gloria vera fit ignorant fere, imaginem atque umbram
ejus pro ipfa amplcétuntur.
Pleraque a Principibus hujus impulfu geri.
Quidfalfa gloria docendum. rationibus et exemplis.
Item quœ vera: an late imperare, an magnificentia, vel quatenus. an divitiae.
Quid inter famam et gloriam interfit et honorem.
Quod gloria poli mortem tantum viventem deleftat praefumtione futuri.
§ 5. De infinitate fajculorum pofl futurorum, ad qua: memoria non pervenict.
§ 6. Ad verum exhortatio; et in quibus confiflat.
De Regum et principum gloria. & Inventorum qui utilia protulerunt.
4) C'est ce que raconte Plutarque dans le i^mt chapitre de sa Vie d'Alexandre.
s) À Rotterdam, sa ville natale.
rt) Cicéron fait mention de son ouvrage en deux livres „Dc gloria" dans le cap. 9 du Livre II de
son traité „De olficiis". On peut trouver P„Argumentum" et divers fragments du traite „De
gloria" dans „M. T. Ciceronis Opéra qua; supersunt omnia ac deperditortim fragmenta" éd.
Io. Casp. Orellius, Vol. IV, Pars II, Turini, 1828.
DE GLOUIA. 519
$ -. An liceat ambire ce aucupari gloriam. Mérita; taudis libi confeius potelt, imo
débet ftudere ut eam confequatur. Sed non ita ut fe ipfojudice eam fibi arrogare videa-
cur (en marge: bonos lecum habeat qui tînt actorum telles, egregia ingénia foveat ut
habeat luarum, (i quae funt, virtutum prcecones. quanquam non ita ut llipendiarios
habeat enoomiftas; hoc enim omnem tidem laudationibus eorum adimit. unde vix
tolerandum ut libi vivo haec celebratio nomini ingeratur). pnecipuam li talia quae vix
ab alijs fperanda.
§ 8. Magna nec ingenijs invelligata priorum •").
§ 9. De gloria eorum quorum vix quicquam nili nomen et feripta luperlunt ut
Ilomeri. An pneoptanda ejufinodi lit omnis vita nofeatur, an ut tantum laudabilia
vit».
§ 1 o. De amore feriptorum erga luos libres. Exempla.
§ 1 1. De gloria artiticum ut Apellis, Phidia.1. Minor quam Poetarum, cum tantum
delecïent eorum opéra quanquam dici polîit coniervandis magnorum virorum vulti-
bus et referendis gellis, ad laudem aceendere pofteros.
§ 1 1. Gloria eft celebritas nominis, cum laude et admiratione, ob prœftantiam animi
vel ingeni) bono publico operatam.
§ 13. Quantum référât ut late lpargatur. An juvat quod ad Indos et Seres eat.
Vertus Ovidij: quid inquit mea refert li apud fumma fidera lauder H).
:) Métamorphoses d'Ovide, XV, 146, Les vers 60 — 47H traitent de Pythagore. Le v. 146 a été
aussi cité aux p. 406 et 412 du T. XVI.
8) Huygens cite apparemment de mémoire. Il est bien connu que les Métamorphoses d'Ovide se
terminent par les vers:
Cum volet, î lia dies, quœ nil nisi corporis huîus
lus habet, incertum spatium mihi iiniat a?vi:
Parte tamen meliore mei super alta perennis
Astra ferar, nomenque erit indélébile nostrum . . .
En vérité, la gloire ne semblait nullement à Ovide, à cette époque de sa vie, une chose indif-
férente. Mais plus tard il écrit (Ex Ponto, Lib. II, VII, 47 — 48):
Artibus ingenuis qussita est gloria multis;
Infelix perii dotibus ipse mei<.
et (Tristia, Lib. V, VII, 37—38 et XII, 41—42):
Nec tamen, ut lauder, vigilo curamque futuri
Nominis, utilius quod latuisset, ago . . .
Non adeo est bene nunc, ut sit mihi gloria curs"
Si liceat, nulli cognitus esse velim.
5^0 DE RATIONI IMPERVIIS. DE GLORIA. DE MORTE.
§ 1 4. I liftoricorum ihiltitiam prindpibus noxiam efle, quod illos célèbrent qui plu-
rima bella gefierunt, imperium procul extenderunt, etfi contra fas. pacificos autem,
quamlibet bene imperantes, cum non tam varios multiplicefque eventus narrandos
habeant, contemnant ferc, quasi defides parvique animi. Cupiunt enim amplam feri-
bendi materiam fibi pra^beri.
§ 15. Imo ipfi populi fie fere afficiuntur, etfi proprio fuo damno plerumque difeant
i'ub ambitiofis et bellicofis principibus plurimum iibi miferia: paratum, exa&ionibus,
rapinis, urbium excidijs, agrorum vaititate. Attamcn rébus quietis ofFenduntur et
langiient. nempe quod novitas delectationem quandam adfert, variasque narrationes
et fpeclacula. Eft enim mundus quafi fabula y). Ac fatendum quidem non minimam
partem voluptatis hominum in ejufmodi eventorum et revolutionum viciffitudinibus
percipiendis fitam efle, fie tamen, fi fine fuo malo id facere liceat. Dulce marimagno
&c. I0). Vix itaque bonis principibus effe conceditur, quod vix contemptum fuorum
effugiant, qui nocere plurimum folet. Deberent igitur veras virtutes et pacis bona
y) Huygens a pu songer e.a. à l'inscription de Vondel sur l'architrave de la porte d'entrée du Nou-
veau Théâtre d'Amsterdam :
De weereld is een speeltooneel,
Elck speelt zijn roi en krijght zijn deel.
C. à. d. Le monde est un théâtre, chacun joue son rôle et reçoit sa part.
Il est vrai que dans le „De Diis & Mundo" (moi ©sûv xm kôo-uov) de Sallustius philosophas,
le contemporain et ami de l'empereur Julianus Apostata, — édition de Léo Allatius dans les
„Opuscula mythologica, ethica et physica, grœce et latine" (Cantabrigia;, Ilayes, 1670), dont
il est d'ailleurs fort incertain si Huygens les a connus *) — la thèse qui se trouve dans le Cap.
III du Lib. I „Licet enim & Mundum hune fabulam nuncupare" (îÇwri yàp xai t&v Kio-pov
Mù^ov £t7T£iv) a un tout autre sens, vu le contexte. Allatius cite à bon droit Macrobius „In
Somnium Scipionis [de Cicéron]" Lib. I. cap. II disant que les hommes eux-mêmes, Platon p.e.,
„siquid de his assignare conantur, qure non sermonem tantummodo, sed cogitationem quoque
humanam superant, ad similitudines & exempla confugiunt". Comparez Goethe, fin de la
deuxième partie du Faust: „Alles Vergangliche ist nur ein Gleichnis".
I0) Huygens cite de mémoire le début bien connu du Livre II du traité „Dc rerum natura" de
Lucrèce :
Suave mari magno turbantibus œquora ventis
e terra magnum alteriusspectare laborem;
non quia vexari quemquamst iucunda voluptas
sed qnibus îpse malis careas quia cemere suave est:
suave etiam belli certamina magna tueri
per campos instructa, tua sine parte periclietc.
*) Lci premières éditions du „D« l)ii- et Mundo" par Allaciu* sont de 1638 cr 1639.
DE GLORIA. >2I
omnibus modis extollere hiftorici, et philofophi potius efle quam rhetores, nec ita
ordiri ut Ole Omnes homines qui feie ftudent prseftare creteris animantibus fumma
ope niri decet ne vitam fîlentio tranfigant veluti pecora &c. ")!
") L'auteur cité ici par Huygens est l'historien Salluste (début de la „Catilinae conjuratio") *).
Malgré Huygens le lecteur moderne, quelque pacifiste qu'il soit, peut éprouver un certain sen-
timent de sympathie en lisant les vers bien connus de Longfellow („A Psalm of Life"):
In the world's broad field of battle,
In the bivouac of Life,
Be not like dumb, driven cattle!
Be a hero in the strife!
Ceci n'est d'ailleurs pas réellement en contradiction avec les vues de Huygens puisqu'il n'y est
apparemment pas question de véritables „res militares" (Salluste): le poème se termine par le
couplet
Let us, then, be up and doing,
With a heart for any fate;
Still achieving, still pursuing,
Learn to labour and to vvait.
*) Toutcfoii Salluitc écrit ^animaUbui" au lieu de wani^1a^tiblM*, et ^trameant" au lieu Je ^traini^nt".
66
DE MORTE1)-
Jj i . Non fumus quod fumus nisi quatenusmemoriarespraeteritascum praefentibus
jungimus.
Adeo ut iî reminifcentia omnis iuireratur,ablquelperevertendi,jamdelinannisefle
quod fuimus. Neque enim quia corpus idem maneac, adco nos manere putandi, cum
fenfus in corpore non infit fed in animo -).
.Si itaque poil mortem iingatur alia vita ejufmodi, ut eorum qua? in bac vita nobis
acciderunt, prorfus non meminerimus, nec qui fuerimus rccordemur, nihil profeclo
ad nos ifta fecunda vita, etfi œternum duratura, pertinebit.
Krgo nihil ad me, etli tune ingentibus bonis gaudijfque me fruiturum eonlidam, ni
limul certo feiam adfuturam hujufce vita? mea? recordationem.
<$ i. Sed qualium rerum quamque exilium fere irta ert recordatio, utabhacpendeat
beatïtudo illa univerlà. Quam milita funt quorum libenter etiam oblivifcîmur! Imo
ha?c talia funt ut poeta? Lethea fluvium finxerint e quo bibences animas vel timbra?
rerum omnium hujus vita* oblivifeerentur, ac tum demum ad fedes beatorum perge-
rent. Talem igitur felicitatem, iï qua ilta elt félicitas, quilibet fîbî pollobitumpolliceri
poteft.
$ 3. Fingc quicquid optare potes tibi obventurum, omnium rerum intelligentiam,
colloquia cum prasirantiflîmis maximifque vins vel jam defunclis vel fecuturis, loca
amoena, voluptates omnis generis. Hase omnia contingent vel certe seque beatus eris
atque ij quibus ha*c contingerent, fublata vita? prioris reminiscentia.
1 1 Manuscrit G,f. 34. Comparez sur la date la note 1 de la p. 513.
:) Ici r„animus" parait donc être considéré comme quelque chose d'incorporel, tandis que dans
le § 10 de la Pièce „I)e rationi impervijs" réanima" était dite n'avoir peut-être rien d'incor-
porel. Nous ne croyons pas qu'il faille nécessairement en conclure que Huygens, à l'exemple
d'antres penseurs, distingue nettement l'„animus" de l'„anima". Dans la présente Pièce aussi
il s'agit sans doute d'après ses idées de choses „rationi imperviœ". Comparez avec la présente
Pièce ce que le frère Constantyn écrit à Lodewijk Huygens dans sa lettre du 11 mai 1670 (T.
VII, p. 27) sur les sentiments de Christiaan à cette époque sur le problème de la mort. Dan-
sa lettre à (!. Vicier de îrtyi (T. X, p. 104) citée aussi dans la note 5 de la p. 330 qui précède.
Huygens écrit: in metaphyficis nec Exiftentiam Dei neque anima? immortalitatem
unquam mihi demonftrafle vifum [Cartefium].
I)F. MORTE. 523
§ 4. In omni vita tranfigenda optima ac verillima praecipere (blet Natura, in l'ola
morte nos tallit. Minatur enini quafi magnum malum illatura, cum nihil paret valdc
molefbim quod ita effe debuit ad confervationem generis humani et animantium re-
liquorum. Morbi quidem dolores fœpe magnos adrerunt, quos malum efl*e, quisfanus
negaverit. Ergo cui fine cruciatu mori contigerk, cogiter, quanto infelicioreslint qui-
bus hsec î-dxvxa-ix non conceditur ').
§ 5. Aeger corpore, ac languens, nec animo recte valet; quamobrem lui iplius ju-
dicio tune ditlidere débet, ae fibi dicere, quae nunc graviora aut triftiora videantur,
propter animi segritudinem talia videri, non eadem vero apparitura benc valenti +).
Haud dubie autem in bene temperato eorpore etiamanimumoprimefuoofficiofungi.
Ceci peut être confidéré comme un éloge de ceux qui s'appliquent à„benetemperarecorpora".
Ycllelhe immortalis elle V quidni li et corpore et animo fano et végète fini sternum
liceret, at cum certo immineat fenectus, cum mileria corporis et indigna forma, amis-
lîone mémorise et intellectus, quis a?grè ferat fe vel eripi his malis, vel excedere e vita,
ubi propinquant.
;) Peut-être Huygens avait-il déjà le pressentiment que VriHamaîa. ne devait pas lui échoir: voyez
la p. 720 du T. X.
4) Comparez les vers latins de Huygens de 1694 que nous avons cités dans la note 1 de la p. ~iy
du T. X.
APPENDICE
AUX PIÈCES „DE RATIONI IMPER VUS ETC." ')•
§ i . Qu'il peut y avoir des efpaces impénétrables de matière solide non divifee.
lefquels ne tranfmettront point la lumière ni la vue.
Qu'il peut y avoir de tout autres chofes au delà de l'eftendue des foleils 2), mais
qu'alors toute cette eftendue n'eft que comme un point.
§ 2. Qu'il appartient a la grandeur de Dieu d'avoir fait des chofes infiniment gran-
des, qu'il ne faut pas croire que nous puiffions concevoir quelque chofe de plus grand
que ce que Dieu a fait, ou que nos penfces aillent au delà des eifefts de la providence,
ni au delà du temps qu'elle a commencé d'agir. Voyez fur le fens probable du mot „com-
mencer" la note i o de la p. 5 1 4 qui précède.
§ 3. Tout ce qui eft d'une façon ayant pu eftre autrement femble avoir eu une
caufe qui l'a fait eftre tel: donc il a elle fait: donc il n'eft pas de toute éternité 3).
Quelque chofe, quelque mouvement de la matière, a arrondi la terre, l'a fait de telle
grandeur, mouvant en tant de temps au tour du foleil a telle diftance.
§ 4. Rerum coeleftium ordo aut amplitudo prouve bien moins la divinité que la
ftrufturc de l'homme, ou feulement celle de la vue et de l'oeil, ou d'une aifle (leçon
alternative: du vol) d'oifeau 4).
Il faut qu'il y ait une infinie variété dans les créatures, partant il ne faut pas qu'elles
foient également excellentes ni infiniment parfaites.
§ 5. Les chofes qui ont cfté de toute éternité font telles qu'elles ne fcauroient eftre
conçues autres qu'elles ne font. Comme l'étendue infinie de tous collez. Car l'on ne
peut concevoir qu'elle foit bornée. De mcfme le temps, l'on ne le peut concevoir
qu'infini en avant et en arrière. L'on peut concevoir anéanti tout ce qui mefure le
') Charta: astronomica?, f. 123 — 124 et 128 — 129.
2) Comparez le dernier § des „Pensees meslees" qui précèdent.
3) Comparez le § 6 de la p. 514 qui précède.
4) Comparez le § 3 de la p. 556 qui suit.
PIÈCES „DE RATIOXl IMPER VUS ETC. . A1M>. 525
temps, c'ell a dire tous les corps et tout le mouvement, mais nous ne pouvons nous
imaginer l'aneantifiement du temps s).
§ 6. Beaucoup de philofophes fouitienent que Dieu auroit pu créer le monde de
toute éternité. Je conçois qu'ayant elle créateur ab ivterno il peut avoir fait des terres
et des foleils ou d'autre[s] chofe[s] a nous inconnues de toute éternité, mais non pas
que cette terre ou terres et foleils qui font maintenant aient elle éternellement, par
la raifon alléguée cy dellus que tout ce qui ell et auroit pu élire autrement, a eu une
caufe qui l'ait fait tel qu'il ell, et que par confequent, il y a eu un temps qu'il n'elloit
pas tel, et ainli point ab a^terno.
Par quelque révolution de matière toutes les elloiles ou planètes que nous voions
et un grand nombre d'autres par de là peuvent avoir elle produites a la fois. Et qu'efl
ce là a l'égard de l'eflendue infinie.
§ ~. Des ebofes qui ne fe peuvent comprendre par la raifon humaine.
Voions comment quelques uns rt) prétendent de prouver l'exillence de Dieu. Ils
commencent par la connoiflance et certitude qu'ils ont de l'exillence d'euxmefmes,
c'eft a dire de ce qui penfe en eux. Accordons leur cette exiilence.
Ils difent qu'ils ont dans leur penfee plufieurs idées de choies et entre autres l'idée
d'un Elire Eternel tout puillant tout feachant, infiniment intelligent, enfin tout par-
fait (en marge: fummé intclligentis, fummé potentis, et fummé perfeéli). Et parce que
dans cette idée l'Elire ou l'exillence ell comprife ils en concluent que cet Elire exillc
neceiïairement. Examinons ce raifonnement. Quand on dit qu'on a l'idée d'un Elire
Eternel, c'ell la mefme chofe que de dire qu'on conçoit qu'il y a eu quelque choie de
toute éternité. Nous ne fommes encore guère avancez par la dans la connoiffance de
quelque choie. L'idée d'un élire éternel quand bien elle ferait conclure qu'il y a un
tel élire, ne force pas de conclure que dans cet eflre il y ait ces autres attributs, mais
feulement qu'il exille. Qu'eil ce que d'eilre fumme perfeftum. Vult nempe perfedlio-
nis nomine omnia ilta contineri, fumme intelligens fumme potens, a;ternus, omni-
sciens, omnis veritatis ac boni fons, rerum omnium creator 7) (pag. 5 et 9). Nous
s) Voyez encore sur le temps la note 10 de la p. 514 qui précède.
<î) Il s'agit, comme on voit, de Descartes et des cartésiens.
r) Comparez les paroles de Descartes citées dans la note 5 de la p. 34 1 qui précède. Les p. 5 — 9
citées sont des pages de ses „Principia Philosophie". Dans l'édition de 1677 (Amsterdam, D.
Elzevir) il est question à la p. 5 du „entis summè perfeeti" (C. XVI), les expressions,, œternum,
omniscium, omnipotentem, omnis bonitatis veritatisque rbntem, rerum omnium creatorem"
(C. XXII) s'y trouvent à la p. 6. La p. 9 se termine par les mots: „Ncque tamen ullo modo
Deus errorum nostrorum autor fingi potest, propterea quôd nobis intellectum non dédit om-
niscium" (C. XXXVI).
526 PIÈCES „DK RATIONI IMPERVIIS ETC." AIT.
n'avions encore rien connu ii non que nous citions quelque choie, puifquc nouspen-
fions. Maintenant il faut iuppofer que nous connoiffions noftre intelligence et que
dans cette intelligence il peut y avoir divers degrez de perfection. Mais immédiate-
ment auparavant (p. 5) il avoit dit que nous connoiffions que nous n'avions aucune
certaine feience, devant que d'avoir reconnu l'autheur de noftre eftre que nous fouî-
mes après a chercher 8). Nous fommes donc encore bien loin d'avoir l'idée de la par-
faite intelligence. Voions aufli qu'eft ce que nous pouvions entendre par fumme
potens. C'eft de pouvoir faire et effectuer tout ce qu'on veut. Nous reconnoiffionsen
nous un vouloir, et de la nous l'attribuons aufli à Dieu. Ainli nous imaginons qu'il
vient a Dieu la volonté de créer le monde, d'envoyer un déluge, de punir un méchant,
ne confiderant pas qu'il ne peut convenir a cet Elire éternel et tout parfait de com-
mencer a former des refolutions, différées jufques la, fans caufe, ou que des chofes
contingentes le pouffent a vouloir. En fin l'on verra que cette idée de pouvoir ce
qu'on veut auffi bien que de feavoir tout ne mettent rien en Dieu qu'a l'imitation de
ce que nous fentons en nous. Pour fons omnis veritaris ac bomtatis, c'eft une idée
fort obfcure, et qui demande qu'on Icache auparavant ce que c'eft que vérité et bonté.
Omnium rcrum creator. qu'eft ce qu'on entendra icy par créer, eft-ce d'avoir produit
tout ce qu'il y a, depuis 4 ou 5 mille ans, ou d'avoir fait des productions depuis toute
éternité, ce qui paroit une perfection plus grande que l'autre. De plus créer prefup-
pofe une volonté et une délibération, le tout par rapport a ce que nous trouvons en
nous.
Les paiens et barbares attribuoient a Dieu un corps femblable au corps humain,
les philofophes luy attribuent une ame femblable a l'ame humaine et des affections
lemblables aux noftres, feulement différentes en perfection. Ils luy donnent une ma-
nière de penfer, de vouloir, d'entendre, d'aimer. Que pouvoient ils faire autre chofe?
Avouer qu'il furpaffe de bien loin l'homme d'avoir une idée de Dieu 9).
§ 8 I0). C'eft une imperfection, dit des Cartes, d'eftre divifible; pour prouver que
Dieu n'eft point eftendu. C'eft une pauvre railon, car pourquoy eft ce là une imper-
fection *?
I Même édition des „Priucipia Philosophie", p. 4 (C. XIII): Sed quia [mens] non potest semper
ad illas [c. à. d. ad pramissas ex quibus ea (c. à. d. des propositions mathématiques) deduxit]
attendere, cùm postca recordatur se nondum scire, an forte talis nature creata sit, ut fallatur
etiam in iis, qute ipsi evidentissima apparent, videt se meritô de talibus dubitare, nec ullam
habere posse certam scientiam, priusqnam sua; auctorem originis agnoverit".
y) Nous axons déjà publié cet alinéa plus haut: il constitue le § i de notre Pièce „<x)ue penser de
Dieu?"
I0) Le présent $ 6 correspond ail § 2 de la Pièce „Que penser de Dieu?"
PIÈCES „I)K RATION! IMl'F.UVIIS ETC." AFP. $2'
Il elr, dit il, de la nature de l'infini de ne pouvoir eltre compris par nous qui fouî-
mes linis. Ce ne l'ont que des paroles. Qu'elt ce a dire que nous fommes finis? car il
ne parle encore que de noftre ame ou penfée. Cela ne peut rien fignifier Gnon que
noftre ame ne comprend point l'infini, et que pour cela elle ne le comprend point.
Cherchons a prouver qu'il y a un autheur l'umme intelligens, mais d'une intelli-
gence tout a fait autre que la nofixe non pas par ces idées, mais par la conlideration
des chofes créées, ou il paroit tant de art et de prudence, fur tout en ce qui regarde les
animaux.
t^' o. Des Cartes, p. 10 "). Ayant dit que la grandeur de l'étendue eft indéfinie,
parce que nous ne la pouvons imaginer fi grande qu'elle ne le puifle élire encore d'a-
vantage, il adjoute que nous devons fuppofer de mefme le nombre des clloiles élire
indéfini. Ce l'ont des choies bien différentes et il n'y a point de confequenec. carl'ex-
tenlion (leçon alternative: l'eflendue) le conçoit clairement et neceflairement eltre
infinie, et ainli indéfini en cela eil de la mefme lignification qu'infini. Mais il n'en elt
pas de mefme de la multitude des eltoiles que l'on peut fort bien concevoir cftre com-
prife dans certain nombre. Et partant elle peut eflxe finie, et fon nombre indéfini ne
peut fignifier icy que inconnu, fi ce n'efl qu'il veuille qu'en efTect. leur nombre l'oit
infiniment grand r:). Il elt vray que rien ne répugne que je feache que leur multitude
ne foit infinie, par ce qu'on n'en i'eauroit pofer un \] grand nombre qu'on n'en puifle
encore recevoir d'avantage dans l'eltcndue infinie, mais cecy ne prouve pas cette in-
finie multitude d'ertoiles.
Le doute fait peine a l'efprit. c'eft pourquoy tout le monde fe range volontiers a
l'opinion de ceux qui prétendent avoir trouve la certitude, iufqucs la qu'ils aiment
mieux les fuivre en fe lailTant abufer.
Il ne faut pas croire fans qu'on ait raifon de croire; autrement que ne croit on les
fables et les comptes des vieilles, et pourquoy les Turcs n'ont ils point raifon de
croire à l'Alcoran? I3)
") Dans l'édition de 167" des „Principia Philosophie-" (comparez ia note 7) c'est à la p. 7 (C.
XXVI) qu'on lit: „I\"os autem illa omnia, in quibus sub aliqua consideratione inillum linem
poterimus invenire, non quidem affirmabimus esse infinita, sed ut indefinita spectabimus . . .
Et quia non potest fingi tantus stellarum numerus, quin plures adhuc àDeocreari potuisseere-
damus, illarum etiam numerum indefinitum supponemus; atque ita de reliquis".
'-) C'est ce que Descartes n'affirme pas. C. XXVII: «Mecque indefinita dicemus potins quàm
infinita (tant pour une autre raison que) quia non .. positive intelligimus, alias res (c. à. d.
autres que Dieu) aliqua ex parte limicibus carere. sed négative tantùm eorum limites, si quos
habeant, inveniri à nobis non posse confitemur".
'*) Ces deux derniers alinéas (qui dans le manuscrit suivent immédiatement l'alinéa qui les précède
ici) constituent le § 3 de notre Pièce „Que penser de Dieu?"
528 PIÈCES „DE RATIONI IMPER VUS ETC." APP.
§ 10. C'eft une cftrange chofe que l'idée du plaifir, et du fentiment que nous en
avons tant de celuy de l'efprit que de celuy du corps, qui revient aufli a l'efprit. La
divinité qui a fait ce don aux hommes et aux animaux, doit eftre en poffefllon d'un
plaifir infiniment plus grand et a nous inconcevable.
Il eft vray que perfonne ne s'eft encore avisé de mettre cela parmy les attributs de
la divinité, fi ce n'eft peut eftre les Epicuriens, mais ils n'en parloient pas ferieufe-
ment I+).
§ 1 1. Sans la mémoire, il n'y a point de raifonnement mais du fentiment corporel
fort bien. Supposé un oubli entier de tout le paflTé, et qui foit pour jamais, je ne vois
pas que l'aine continue a exifter. ni que ce qui lu y arriverait après cela, me concerne
moy qui fuis a prefent ,5). C'eft autre chofe quand le fouvenir doit revenir comme
après une défaillance ou un profond fommeil.
C'eft donc la mefme chofe de s'imaginer que nous ne ferons rien après la mort, ou
de fe promettre des plaiiirs éternels mais fans le fouvenir de ce que nous aurions erté
et de ce qui nous feroit arrivé dans cette vie. Donc fans ce fouvenir il n'y peut avoir
de béatitude pour nous, parce qu'alors ce n'ert plus nous. Ni auffi par confequent de
mifere I5).
Si j'eftois donc aflurè que je ferois roué mais que je perdrois auparavant la mémoire
eft ce que la douleur de ce fupplice ne feroit rien a mon égard ni a compter pour un
mal? Je croy que non, et que ce feroit la mefme chofe comme fi une autre ame devoit
alors habiter mon corps.
Opinion difcutablc. Le fubconfeient — terme dont on ne fe fervait pas encore aux jours de
Huygens — ne fait-il pas partie intégrante de notre personnalité, de forte que celle-ci peut fubfi-
fter même dans le cas où la mémoire vient à faire entièrement défaut?
Comparez fur ce fujet la citation du traité „De anima" d'Ariftote à la p. 563 qui fuit.
§ 1 2. Nous n'avons pas la liberté de penfer et de vouloir comme nous nous ima-
ginons, mais toutes nos penfees font enchaînées et vont neceiïaircment de l'une a
l'autre quoy qu'il nous femblc que nous en difpofons absolument. Elles vont leur
train finon que des objects nouveaux les détournent et font prendre d'autres routes Irt).
'4) Comparez le § 1 2 de la p. 51 2 qui précède. Nous publions ces deux alinéas de nouveau dans
l'Appendice II aux ^Réflexions sur la probabilité de nos conclusions etc."
I5) Comparez le § 1 de la p. 522 qui précède.
1<s) Comparez le § 10 de la p. 515 qui précède et la p. 662 qui suit.
RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS
CONCLUSIONS ET DISCUSSION DE LA
QUESTION DE L'EXISTENCE D'ÊTRES
VIVANTS SUR LES AUTRES
PLANÈTES.
67
Avertiffement.
Defeartes défireux, non moins que Platon '), de nous libérer du fcepticifme —
mais voyez cependant fur Defeartes les p. 17 et 6j du T. XX — proclamait la pos-
sibilité pour l'efprit humain d'atteindre la certitude. Il la cherchait (bien entendu:
en confidérant Dieu comme la „fons omnis veritatis"; voyez le § 7 de la p. 525 qui
précède) dans la „perceptio clara ac diftinéta" *) mentionnée par Huygens dans la
Pièce I qui fuit.
Aucun philolbphe, croyons-nous, n'a nié que fi la perception claire et dilttnéte efl:
poiïible à l'entendement humain, ce n'eft pas en dernier lieu dans la confidération des
grandeurs ou des nombres qu'elle fe fait jour. Or, Huygens admet la valeur univer-
felle de la géométrie euclidienne: voyez le § 7 de la Pièce III d'après lequel les „ve-
ritates geometria?" funt ab seterno, ainfi que le § 23 de la Pièce II enfeignant que la
„geometria ubique [c. à. d. pour les habitants d'autres corps céleftes aufiî bien que
pour nous] eadem eft necefTario". Et plusgénéralemcnt (note 8 de la p. 5 45) : „mathefis
neceflario eadem". On ne peut donc le taxer de fcepticifme, quoiqu'il appelle „fort
') Voyez sur Platon la note 15 de la p. 533 ainsi que la p. 566 qui suivent.
2) „Discours de la Méthode". Deuxième Partie: „Le premier [précepte de la logique] était [pour
moi] de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être
telle; c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre
rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon
esprit que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute".
532 AVERTISSEMENT.
obfcure,,r„idee"de Defcartesque Dieu ferait la „fons omnis veritatis" 3). Ce qui lui
donne fon fentiment de certitude, c'efl: apparemment l'expérience quotidienne. Si dans
la Pièce I il dit, à propos de la „probatio ex verifimili", „omnia fere [N.B.] hue reduci.
forfan [N.B.] et mathematicorum dcmonftrationes", c'efl: qu'il admet la poflïbilité,
quoique la probabilité en foit bien petite et peut-être nulle, que l'on fe foit toujours
trompé dans le cours de chaque démonilration; mais même s'il en était ainfi, il n'en
demeurerait pas moins vrai fuivant lui que nous pouvons affirmer que les veritates
geometria? funtab aeterno, la géométrie étant partout „ijfdem principes fundata" 4).
Il n'y a, fuivant lui, de l'incertitude, peut-être, que dans les raifonnements des géo-
mètres 5).
Les Pièces I — IV qui fuivent occupent les f. 35 — 43 du Manufcrit G; c'efl: à la
p. 47 v du même Manufcrit que fe trouve la Pièce du T. XX que nous avons inti-
tulée „Le corps, la furface, la ligne, le point" <s). Tant dans le T. XVIII •") que dans
le T. XX 8) nous avons déjà dit que pour Huygens la parfaite conformité de la géo-
métrie euclidienne avec la nature des chofes vifibles et tangibles ou Amplement vifi-
bles — et aufli des corps qui échappent à notre obfervation par leur petiteffe 9),
lefquelles il fe figure à l'image des objets tangibles — eft apparemment hors de
doute10). Dans le Cofmotheoros de 1694 il affirmera de nouveau — p. 749 — que
la géométrie „prorfus eadem ubique effe debeat".
Mais le texte de la Pièce I nous apprend qu'il ne reconnaît pas en généralXo. critère
de la perception claire et diltincte vu qu'on peut fe tromper dans une chofe tout en
étant perfuadé d'y voir clair. Généralement nos jugements ne font donc que plus ou
moins probables et c'efl: le bon fens, bien inégalement réparti entre les hommes, qui
doit nous guider dans l'évaluation du degré de probabilité de chacun d'eux.
Dans fa lettre de 1673 à Pierre Perrault ") il difait déjà ne pas croire „que nous
s) P. 526.
4) § 12 de la p. 547 qui suit.
5) Consultez sur ce sujet (les raisonnements des géomètres) la lettre à P. Perrault que nous citons
un peu plus loin.
«)T. XX, p. 190.
OP. 31.
8)p. 180.
9) Voyez sur les atomes la p. 498 ainsi que la note 6 de la p. 381 qui précèdent.
IO) Consultez cependant aussi la note g de Huygens, de septembre 1692, à la p. 321 du T. X.
"5 T. VII, p. 298.
AVERTISSEMENT. 533
(cachions rien très certainement mais tout vraiicmblablcment, et qu'il y adesdegrez
de vraifemblance qui font fort différents" Is).
Dans leur intéreflante biographie de Huygensde 1^38 '■') les époux Romein 14)
peu lent devoir attacher tant de prix à cette thèfe que dans le titre même ils le désig-
nent par „Chriltiaen Huygens, de Ontdekker der Waarschijnlijkheid", c. à. d. „le
découvreur de la probabilité". — Le probabilifmc n'a-t-il pourtant pas exillé depuis
l'antiquité grecque comme une doctrine intermédiaire entre le dogmatifme et le
fcepticifme, et peut-on admettre que Huygens, qui connaiffait fi bien Cicéron ' 5),
Tait ignoré? I(î)
Voyez aufil fur ce fujet la fin du préfent Avertifiement ainfi que la fin de l'Appen-
dice II qui fuit.
'-) On peut comparer avec la suite de la lettre à P. Perrault ce que Huygens écrivait déjà en 1669
dans un brouillon de sa Pièce sur la coagulation (T. XIX, p. 327): Il e(t malaisé de deviner
la caufe de quelque effecl particulier de la nature par les expériences qu'on a faites en
cette matière, parce que c'eft la mefine chofe que de vouloir dechifrer un eferit qui
ne confifteroit qu'en une ou deux paroles ce qui elt infiniment difficile, mais quand
on a toute une lettre eferite du mefme chifre il y a beaucoup plus de facilite, et il ell
de mefme dans la phyfique, la quantité des expériences en toutes fortes de matiè-
res donnent lieu a faire des hypothefes (Charta; mechanicœ, f. 80 v). Voyez aussi ce que
Huygens dit en 1690 sur „la vraisemblance" dans la Préface du „Traité de la Lumière" (T.
XIX, p. 454). Et comparez la note 28 de la p. 497 qui précède ainsi que le § 19 de la p. 354.
13) Jan Romein en Annie Romein „Erflaters van onze beschaving, Nederlandse geftalten uit zes
eeuwen" (Querido, Amsterdam), T. II, p. 254 — 289.
14) Il est vrai que les époux Romein — ou plutôt M.mc Romein, car c'est elle qui a écrit cette bio-
graphie — ne connaissaient pas encore la présente Pièce I; mais, outre la lettre à P. Perrault,
le passage du „Cosmotheoros" qui se rapporte à ce sujet — voyez la p. 689 qui suit — leur
était évidemment connu.
15) Nous lisons dans le cap. 4 du Lib. II des „Tusculanœ disputationes" de Cicéron — on a vu, à
la p. 512 qui précède, que Huygens les cite — : „Nec vero Pythagoras nominis solum [philo-
sophie] inventor, sed rerum etiam ipsarumampliiicator fuit ..Sed abantiqua philosophiausque
ad Socratem, qui Archelaum, Anaxagone discipulum audierat, numeri motusque tractabaimir
et unde omnia orerentur quove reciderent, studioseque ab is siderum magnitudines intervalla
cursus anquirebantur et cuncta ca;lestia. Socratesautem primus philosophiam devocavit e coelo
et in urbibus conlocavit et in domus etiam introduxit et coè'git de vita et moribus rebusque
bonis et malis quserere cujus multiplex ratio disputandi rerumque varietas et ingenii magnitudo
Platonis memoria et litteris consecrata [nous observons en passant que Cicéron ne dit pas que
plus tard Platon devint plutôt pythagoricien: voyez la note 15 de la p.553] plura gênera efTe-
cit dissentientium philofophorum e quibus nos id potissimum consecuti sumus, quo Socratem
usum arbitrabamur, ut nostram ipsi sententiam tegeremus, errorc alios levaremus et in omni
disputatione, quid esset simillimum vert, quareranus [nous soulignons], quem morem cum Car-
534 AVERTISSEMENT.
La queftion de favoir fi les corps céleftes autres que la terre, hébergent des êtres
vivants, eft ancienne !"). Il avait été parlé en paflant d'hommes faturnicnsobfervant
les phénomènes céleftes dans la difpute de 1 660 de Huygens avec Fabri et Divini; ces
derniers jugeaient apparemment ablurde l'idée de leur exiftence l8); Huygens, lui,
prenait la chofe au férieux et invoquait, fans tâcher d'approfondir la queftion en ce
moment, l'opinion „des philoibphes" I9). Ce paflage fait déjà prévoir que tôt ou tard
il reviendrait fur le fujet.
C'eft bien dans des Pièces telles que celles qui nous occupent qu'il convenait de
dire que, la perception claire et diftinéte faifant manifeftement défaut, il fallait s'en
tenir à la probabilité.
Or, la grandeur de la probabilité étant ici indéterminable, il fallait prévoir une
grande diveriité d'opinions parmi les ledeurs. Huygens récuse à bon droit l'opinion
de quiconque n'entend rien à l'aftronomie.
L'improbabilité de la thèfe que parmi tous les corps céleftes un feul, la terre, ferait
habité lui paraît extrêmement grande.
neades [souvent cité par Cicéron] acutissime copiosissimeque tenuisset, fecimus et alias saspe
et nuper in Tusculano, ut ad eam consuetudinem disputaremus".
Sur Carnéade E. Zeller („Die Philosophie der Griechen in ihrer geschichtlichen Entwicklung
dargestellt". Z\v. Aufl. Leipzig, Fues. 1865, 3tcr Teil, is:c Abteilung, Die Nach-aristotelische
Philosophie, Erste Halfte, Die neuere Akademie) parle comme suit: „Ein Schùlerund Geis-
tesverwandter des Chrysippus liât Karneadcs [dont les œuvres sont perdues, ou plutôt qui n'a
rien écrit] nicht blos die négative Seite der skeptischen Ansicht nach allen Beziehungen mit
einem Scharfsinn ausgefiihrt der ihm die erste StelleunterdenaltenSkeptikernsichert,sondern
auch das Positive, vvas die Skepsis iibrig liess, die Lehre von der Wahrscheinlichkeit [ïftfaatç,
-tJavoT>-,ç] zuerst genaueruntersucht, und die Grade und Bedingungen der Wahrscheinlichkeit
festgestellt, und er hat durch beides dièse ganze Denkweise zu ihrer wissenschaftlichen Voll-
endung gebracht". Un exposé des doctrines de Carnéade se trouve e.a. chez Sextus Empiricus
dans son „Adversus mathematicos".
Aux jours de Huygens Boyle avait fait de Carnéade le principal interlocuteur (c'était, peut-
on dire, Boyle lui-même) de son dialogue „Chymista scepticus" de 1661.
16~) Voyez d'ailleurs aussi sur le sujet du probabilisme les écrits de N. Cusanus que Huygens con-
naissait d'après la p. 369 qui précède. Le catalogue de vente de 1695 mentionne (Libri mis-
cellanei in folio 105) les „Nicolai de Cvsa Cardinalis Opéra Basilea? 1565".
'") Voyez, à la p. 795 qui suit, ce qui est dit dans le „Cosmotheoros" sur Xénophane. On peut
consulter aussi la note 68 de la p. 369 qui précède ainsi que le § 22 de la Partie II qui suit.
•8) T. XV, P. 4,6-417.
«>) T. XV, P. 460-463.
AVERTISSEMENT. 535
On peut fouferire h cette opinion, ce même admettre, pour nous fervir de l'expres-
lion de I Iuygens au § 3 de la Pièce II, que les autres planètes de notre fyftème (blaire
ne font pas „£eterna? damnati mémo,1 ac fterilitati" fans toutefois juger auflî grande
que lui la probabilité d'habitants raifonnables actuellement exiltants fur elles. I Iuy-
gens n'avait encore, et ne pouvait avoir, aucune idée précife du grand âge de la terre
et du temps relativement court — quoique ce temps foit encore énormément fupé-
rieur à l'efpace mofaïque de 6000 ans mentionné h la p. 5 1 3 qui précède — qui s'eft
écoulé depuis l'apparition de l'homo fapiens. Rien ne femble déformais rendre fort
probable que les autres planètes aient évolué de la même manière que la nôtre et
qu'on pourrait y rencontrer des êtres comparables en intelligence et en manière de
vivre avec nous-mêmes. Huygens admet, il elt vrai, la poflibilité de leur fupériorité
(§§ 4 et 23 de la Pièce II) mais non pas, femble-t-il, en vertu d'une plus longue évo-
lution.
L'idée de l'évolution lui fait-elle donc défaut? Non pas entièrement. Au § y de la
Pièce III il dit fe figurer que la formation tant des „animalia" (parmi lefquels les
hommes) que des „arbores" a pu avoir lieu par un certain progrejfus. I .a „ratio" de
cette formation nous elt inconnue et inintelligible (au § 5 il affirme que jamais on n'y
verra clair). Il croit pourtant pouvoir la déligner par le tenue y9Dei opus", tout en
ajoutant que dans l'invention de tant de formes diverfes „iibi placuiffe videtur
natura\ Mais le fait qu'il lui paraît prefque hors de doute que la terre a été faite
pour les hommes („hominum collocandorum gratia") montre qu'il fe la repréfente
probablement — comparez la note 10 de la p. 514 qui précède — comme habitée
par des hommes bientôt après fa création (il e(l vrai qu'il écrit: „animantium homi-
numque collocandorum gratia"). En fe plaçant à ce point de vue, et en admettant
que toutes les planètes ont pu être créées vers la même époque 10), on peut en effet
juger affez grande la probabilité de l'exiftence fur les autres planètes d'êtres intelli-
gents comparables a nous-mêmes.
L'adoption du point de vue téléologique — qui eft celui de Cicéron 2I) non moins
que celui d'Ariftote 3-), quoique pour ce dernier le problème de la finalité ne fepolè
!0) Fin du § 6 de la p. 525.
") Voyez p e. le passage du traité „De natura deorum" que nous avons cité dans la note 10 de la
p. 172 qui précède.
:;) Voyez sur Aristote et Cicéron la note 46 de la p. 666 qui suit.
[36 AVERTISSEMENT.
pas au fujet de la création de la terre ou du monde en général puifqu'il les juge éter-
nels; comparez la note 1 1 de la p. 557 — conduit auflî naturellement à fuppofer les
autres étoiles entourées de planètes, comme fe le figurait Giordano Bruno, et celles-
ci appareillées d'une façon comparable à celle de la terre, quoique fans doute néan-
moins fort diverfe.
Nous confidérons comme un grand mérite de Huygens d'avoir difcuté férieufement
la quertion de l'exiftence d'êtres organiques ailleurs que fur la terre.
„Mirabuntur aliqui", dit-il à la p. 1 27 des Chartre aftronomica?, „ferio hœc tractari.
Non poflum aliter. Nec decet in maximis natura? deique operibus joco et argutijs et
rifu agere".
Dans le § 9 déjà nommé il fe déclare adverfaire de la doctrine de la génération
ipontanée, eflimant qu'il efl: „fatis perfpectum . . et experimentis compertum omnia
ex femine nafci".
Pour ce qui efl: de fes opinions générales nous notons encore qu'en fait d'éthique
il fe montre (§ 14 de la Pièce II) plutôt épicurien que ftoïcien. Voyez encore fur ce
fujet l'Appendice III qui fuit, et confultez furtout la p. 747 du „Cofmotheoros".
Sa conviction que les mouvements des corps céleftes fe foutiennent d'eux-mêmes
(§ 1 de la Pièce III) le conduit a borner à l'époque de la création l'action du „potens
opifex" auquel ils doivent leur exirtence, ce qui nous paraît conforme à la doctrine
qu'on efl convenu de déligner par le mot déifme; ou plutôt, cette défignation ferait
applicable li Huygens avait fou tenu généralement pour le monde entier ce qu'il ne
dit que pour la terre et les corps céleltes voifins: ailleurs, la création n'étant pas né-
ceflairement terminée, l'action de Dieu peut fort bien, fuivant lui, être encore aujour-
d'hui une action directe.
AVERTISSEMENT. 537
Entre les %* 5 et 6 de la Pièce III font intercalées une férié de citations des Dia-
logues de Fr. la Mothe le Vayer [ 1588 — -1672] *3) dont, d'après le Journal de Voyage,
Huygens avait fait la connaiflance perfonnelle a Paris en 1660. Dans cet ouvrage
l'auteur s'efforce de démontrer le bien-fondé du fcepticifme, qui cil aufli pour lui la
baie de la doctrine chrétienne -+). Nous publions les citations de Huygens dans
l'Appendice I qui fuit quoique quelques-unes d'entre elles — fe rapportant à la ques-
tion de l'immortalité de l'âme — fe rattachent plutôt à la Pièce précédente „De
morte", et que quelques autres n'aient avec les Pièces de Huygens aucun rapport
direct.
Le probabilifme de Carnéade et de Cicéron, dont traite la note 15 delà p. 533 qui
précède, et que la Mothe le Vayer juge fi voifin du fcepticifme, eft fouvent men-
tionné dans les dialogues; l'auteur cite p.e. en tête du Dialogue „De l'ignorance
louable" le paffage fuivant du premier livre des „Tufculanœ quœftiones" [ou „dispu-
tationes"] de Cicéron: „Ut potero explicabo, nec tamen quafi Pythius Apollo certa
ut fint et fixa qua; dixero, fed ut homunculus unus e multis, probabilia conjectura
fequens, ultra enim quo progrediar, quam ut verifimilia videam, non habeo. Certa
dicent ii, qui et percipi ea poffe dicunt, et fapientes elle profitentur".
::î) François de la Mothe le Vayer, membre de l'Académie française depuis 1639, avait été en 1652
préceptevir du futur Louis XIV. Il publia sous son propre nom un grand nombre d'écrits, e.a.
en 1668, à Paris, le ^Discours pour montrer que les doutes de la philosophie sceptique sont
d'un grand usage dans les sciences". Mais les ^Dialogues" qu'il écrivit vers la fin de sa vie, pa-
rurent soi-disant à Francfort, chez J. Savius, sous le titre „Cincq dialogues faits à l'imitation
des anciens", par Oratius Tubero, personnage fictif. Nous les citons d'après une édition ulté-
rieure qui porte le millésime MDCCXVI.
Le Catalogue de vente de 1695 dc^ livres de Huygens mentionne les „Cinq Dialogues de
Tubero" (Libri miscellanei in duodecimo 302) et l'„Hexameron Rustique" (ibid. 240 + ), autre
ouvrage de la Mothe le Vayer, dont il a été question à la p. 8 de notre T. VII. Nous y trouvons
aussi les „Oeuvres de la Mothe le Vayer, 2 tom. 1 vol. Paris, 1654" (Libri miscellanei in folio
69) et une autre édition en deux volumes de 1662 (ibid. 268). Voyez aussi sur l'édition de
1654 la p. 78 du T. IL
:4) Il écrit p.e. dans le „I)ialogue de la Divinité" (livre I, p. 414): „Faisons donc hardiment pro-
fession de l'honorable ignorance de notre bien-aymée .Sceptique, puis que c'est elle seule qui
peut nous préparer les voyes aux cognoissances relevées de la divinité, & que toutes les autres
Sectes philosophiques ne font que nous en esloigner, nous entassant de leurs dogmes, & nous
embrouillant l'esprit de leurs maximes scientifiques, au lieu de nous esclaircir, & purifier l'en-
tendement".
68
5 3 H A VERTISSF.M ENT .
Parmi les citations de l'Appendice I il y en a une qui fe rapporte à la queftion du
„progreflus" qui fuivant Huygens a pu avoir eu lieu dans la création des efpèces
animales et de l'homme. A cette citation tirée des écrits du Père Paolo, c. à. d. du
lavant théologien Pietro Sarpi 2S), qui s'était imaginé que le genre humain pouvait
être originaire de quelques tritons et femmes marines, Huygens ajoute, fceptique-
ment: „Mais d'où elt ce qu'il penfoit que ceuxcy iuflent venus?"
2S) Les ouvrages de P.Sarpi(i552 -1623) ont e.a. été publiés en 1677 » Venise (chez 11. Meictti)
en 5 volumes sous le titre „()pere del Padre Paolo dell'ordine de'Servi; e theologo délia sere-
nissima llepublica di Venetia". Cette édition ne contient pas sa Correspondance citée par la
Motlie le Vayer. Le premier volume débute par une biographie de rameur. Sarpi n'était pas
seulement théologien, mais aussi mathématicien etnaturaliste.il s'occupait e.a. d'anatomie:
„s'cssercitô nell' anatomia di tutte le sorte d'animali" (p. 42), ceci „con isquisitissima osserua-
tiune" (p. 45). „Tutta la sua vita era in trè sole cose occupata, il seruitio di Uio, i studij, le
cOnuersationi" (p. 77).
REFLEXIONS SUR LA PROBABILITE DE NOS CONCLUSIONS ET
DISCUSSION DE LA QUESTION DE L'EXISTENCE D'ÊTRES
VIVANTS SUR LES AUTRES PLANÈTES.
[1690]1)
I. Df. probatione ex verisimili.
II. Verisimilia de Planetis.
III. QUOD AMMALIUM PRODUCTIO, PR.ESERTIM HOMINUM, PR/ECIPl Ll\l S VPIENTI*
INTELLIGENTI/EQUE DIVINyE SIT OPL'S '").
IV. Insolitum spectaculum peregrino exJove advenienti.
') Manuscrite, t". 35 -43. Voyez sur la date — il est possible que la présente Pièce fut écrite déjà
vers la fin de 1689 — la note 1 de la p. 513 qui précède.
Nous avons interverti l'ordre des Parties I et II.
3) Comparez l'Appendice IV au ^Cosmotheoros".
I.
DE PROBATIONE EX VERISIMILI.
Omnia fcrc hue reduci. forfan et mathematieorum demonflrationes. Certitudinem
vero non bene poni in pereeptione clara ac difHncta. Patet enim ejus claritatis aedis-
tinétionis varios quafi gradus effe. namque et in ijs quse plane nobis perfpicue com-
prehenfa putamus fepe fallimur et ipfe Cartelîus excmplo cil, ut in legibus commu-
nicati motus ex impuliu corporum '). &c. in circulo illo ex glacie in acre furpenfo
cujus repereuflu parelia fieri vult 2). In bene diieernendis iftis probabilitatis gradibus
ingenium judicijque reftitudinem confpici, nec ufquam tantumaberrariquaminejus-
modi judicij negleéhi aut perverfitate.
Sunt enim qui quee mathematieorum more conclufa non i un c ita pro dubijs habenda
putant, ut nihilo minus his plane contraria amplecli liceat. Velut in Copernici Syftc-
mate, ctfi undique et obfervationum confenfu et argumentis et quafi naturae ipfius
voce id confinnari, commendarique videant, tamen quia aliud quoddam Tychoni
Braheo in mentem veniiTe intellexerunt neque illud Copcrnicanum geometricè dc-
monlbratum eiïe, non illi magis quam huic accedendum exiftimant, nec praî imbecil-
litate judicij tam immanem probabilitatis differentiam agnofeunt. Ceci s'applique e.a. à
Caffini et à Roemer: voyez fur eux la p. 3 1 1 qui précède.
Sicmultiomniîevoaftrologorumgenethliacorumpraîdiclionibusridemtribucrunt3),
non fatis perpendentes quam inepta et ratione carentia principia fint corum artis.
Veluti efficacia illa planetarum fecundum afpeftus, hoc eft fecundum angulos quibus
in terra diltare apparent, tum régulai ex his conftituta; ad prax'ognofccnda vita? pros-
péra aut adverfa. Nec perfpicere valent haec ab impoiloribus lucelligratia fuilTe exco-
gitata; quoniam verifimilium gradus difeernere nefciunt.
') Voyez les p. 4 et suiv. du T. XVI.
2) Consultez sur ce sujet la note 1 de la p. 450 du T. XVII.
3) Voyez sur l'astrologie en général les p. 178 — 179 du T. XX. Consultez aussi les p. 31 1 et 343
qui précèdent.
II.
VERÏSIMIUA DE PLANETIS ')•
Quid non Attronomia ac Philofophia;
rudes adverfus hac, fa vente vulgo,
objicere poterunt?
§ i . Pra;paratos cfle eos quibus hœc feribuntur oportet leclione librorum quibus tum
veritas Terra; mota; probatur, et neque hanc, neque plurium terrarum exiftentiam
Scriptura; facra; adverfam e(Te; ut funt Galilei dialogi, Wilkenimundusluna; 2), Kep-
lerus &c. Nolo enim tranferibere quœ apud tam multos legi poflunt. Quin et hoc
poftulo, ut Aftronomia; cognitioncm non levem habeant, ejufque prafertim partis
phyfica. Abfque his enim reéte judicare denoftra hac opella non poterunt, nec mul-
tum apud me cenfura ipforum valebit fi hacimprobent velcontemnant, fi derideant.
Sunt ab ijs authoribus illa quoque refutata qua ex philofophia placitis opponi poffent.
At nos ex eadem philofophia et recta ratione quam lit probabilis opinio noftra con-
cludemus.
§ 2. Digna eft materia qua tractetur >). Imo miror eos qui le philofophia; Ihidiofos
') Manuscrit G, f. 35 — 40.
:) John Wilkins (1614 — 1672) „Discovery of a new world, or a discourse tending to prove that
it is probable that there may be another habitable world in the Moon", 1638 (Catalogue de
vente de 1695, libri math, in duodecimo 39: „Or Discourse tending to Prove, that tis pro-
bable there may be another habitable world in that Planet" sans autre tirre, sans nom d'auteur,
sans date; et, libri miscellanei in ottavo 574: „Wilkins, New World", sans date). Iluygens pos-
sédait ce traité aussi dans la traduction française de de la Montagne („Le monde dans la lune,
divisé en deux livres, le Premier prouvant que la lune peut eftre un monde, le second que la
terre peut estre une planette"* I. Cailloiïe, Rouen, 1656. — Le catalogue de vente a simple-
ment, libri math, in octavo 49: „Le Monde dans la Lune", sans nom d'auteur, sans date). La
proposition II du premier livre est ainsi conçue: «Que la pluralité de Mondes ne répugne à aucun
principe de la raison ou de la Foy".
3) Ailleurs (Charta: aftronomica: f. 132) Huygens écrit: Digna res cil quae quaratur, ait
Seneca [en parlant de la terre considérée comme le centre du monde, mais tournant peut-être
autour de son axe], pigerrimam an vclociifimam fedem nacti fimus, omnia circa nos
an nos ipfos circumfcrat &c. La quellion eft encore plus confiderablc a mon avis,
de feavoir fi noltrc Terre feule porte des animaux et des créatures douces de raifon,
ou s'il y a dans l'univers plufieurs terres avec des habitans auffi remarquables.
VERISIMILIA DE PLANETIS. 543
feront, cum illuc cogicatione non afcendant. Uti qui longinquis peregrinationibus
régna multa populofque adierunt fapientius meliufque de patria fua judicant, quam
qui nunquam extra eam pedem cxtulcrunt, ita qui interfydera mente verfariafluevk,
atque iode hune Terrse noftrae globulum contemplari, quam lit niinima hic mundi
particula fepe cogitât, item quid alibi in tôt terrarum millibus agatur. Quantulatunc
funt régna ha>c, quid negotia, quid ambitus.
§ 3. Confideremus fyftema hoc planctarum circa Solem, cujus hic pofita cil figura ■•),
tanquam extra politi, Solem illum in medio quinque globorum qui diverfae magni-
tudinis orbibusipticircumferuntur, omnes vero illius luce illuflrantur, proximi validius
intentiufque, remotiores languidius, ac iinguli in fefe convertuntur aliquot horarum
ipatio, quo tota fuperficies per vices ea luce inclarcfcat.
Poteitnc jam probabile cuiquam videri, cum tôt nominibus inter Ce convenire ad-
vertat hilce omnibus foli circumpofitis globis, in uno ipforum, coque e minoribus,
mirabilia multa inerte, maria, montes, filvas. flumina, animalia multorum generum,
alia 4 pedibus alia binis incedentia, alia per aerem vagantia, alia fiib aqua degentia
qua? omnia mirabili quadam ratione fibi limilia producant, in caneris vero ejufdem
chori focijs ac confortibus nil niii materiam radios folis refleétentem, nulla varietate
inlignem, in vafta folitudine Taxa, lapides, arenas tantum ferentem? (nam corporcam
quidem materiam unde fiât lucis repereuflus, concedere ijs necefle eftf). Quai enim
ratio afferri poterit cur uni prœ cseteris omnia illa concefla fint, reliquis ufu omni ca-
rentibus, jeternœque damnatis inertia: ac fterilitati.
Cum arbores nobis notas fructus aliquos aut glandes ferre (ciamus, non dubitamus,
quin et illa?, quas in ignotis infulis procul confpicimus, aliquid ejufmodi prêter folia
edant.
Solus affecta Tertij à foie Planeta;,noctuanimalibuslucempraîfl:abit,quaterni vero
quinti Planeta? nulli ufui erunt, itemque quini circa remotiiïimum collocati. Quod 11
igitur fimilis quidam rerum varietas ac pulchritudo in caoteris planetis atque in Terra
hac noftra viget, nunquid fpeétatore carebunt! an non ut animalium elegantiaetarti-
ficiofa fabrica, florum colores atque odores ad hominum admirationcm aut voluptatem
comparata videntur, ita et in iftis exiftent aliquiqui tantisfpeétaculistamquejucundis
fruantur.
§ 4. Cogita hominum genus interijïïe atque ad nihilum redigi. Nonne omnia iila
quali frufhra videbuntur. Nonne cultu omni Terra deftitutamanebit?fquallidadeferta
ac beftiarum habitatio?
Jam vero homo ipfe, animal illud rationis particeps, nonne longe pracipua pars
*) 11 n'y a pas de ligure clans le manuscrit et il ferait bien Cuperflu d'en ajouter une ici.
54.4 RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS, ETC.
cenfenda eft eorum quœ in Terra exiihmt? Illc tôt artium capax, qui coelefHum mo-
tus diftantiafque ratione atque organis quibufdam inftraftus deprehendere potuit?
tanta induftria domos, naves, veftem, machinas omnis generis confirait, denique qui
unus contemplari atque admirari divina opéra queat. Quamquam enim mortalibus
perfpccli non fuit fines quos fibi conditor propofuit; apparet tamen ci placuiffe ut
effent ratione praxiita animalia quae infinitam fuam fapientiam fufpicere portent, et
bénéficia agnofeere.
Hujufmodi igitur animantibus fi reliqui Planeta? careant, certè multo inferiores
viliorefque erunt nofirate hoc. Nulla autem ratio eft ut minus ornatos rébus omnibus
putemus, imo efl cur majores illi Jupiter ac Saturnus prajfhntiora quidam confecuti
exifHmcntur. Non decrunt itaque pracipua illa animalia, hominum generi aequipa-
randa, ac forfan etiam longe perfectiora.
Illud vero nihil prorfus obftare credendum, quod in Mercurij Planeta decuplo quam
nos majore aeftu incola; torreri videntur, in Saturno centuplo minorem experientes,
perpetuo gelu rigefeere. Quidni enim et animalia et arbores herbse aliave qu^evis ad
diverfas illas temperies aptata fint ac durata. Nam plane ineptireeft, in noflrahacfolis
diikntia mediocrem calorem lucemque prœbitam exiftimare, in alijsillis velabundare
vel deficere. Refellitur enim his ipfis diferiminibus qua; in Terra hac cernuntur. Cum
tanto frigidius degant hyperborei illi Samoiedœ quam qui mediam Africain incolunt,
nec tamen aut hi aut illi de forte fua querantur.
§ 5. Porro pofitis animalibus qua; in Planetarum fuperficie vitam agant, videndum
an non aliquid amplius de natura ac fenfu eorum colligere pofîimus.
Cum varias animalium noftrorum figuras contcmplamur, quadrupèdes, aves, pifees,
cancros, teftudines, angues, infecta; ac rurfus in fingulis tantam formarum diverfita-
tem ut cqui, elephanti, porci, cervi, hifhïcis in quadrupedibus; aquila?, pavonis, noc-
tute, vefpertilionis, grand bec 5), flruthiocameli, in volucribus. ceti,raiae, fapea;, hip-
popotami, crocodili, oftrei, fpongiœ, fchol d), concharum, veau marin "), in pifeibus
aut amphibijs. denique infeétoram gênera. ha:c omnia confiderantes facile credemus
nequaquam divinando nos affequi poffe, quamam in tam longinquis planetarum regio-
nibus figuras animalium habeantur. prxfertim cum et in America; terris alire reperta;
fint quam in cseteris orbis partibus, ac planta; quoque et arbores plurima; noftris om-
nibus diffimiles.
5) Nous ignorons de quel oiseau Huygens entend parler. Il est possible qu'il s'agisse du pélican.
5) Mot néerlandais: plie franche ou carrelet.
r) Phoque.
VERISIMILIA DE PLANETIS. 545
Attamen cum llimma gênera notorum nobis animalium percenfemuset quibusmodis
moveantur, omnia hue reducuntur ut vel in acre volent alarum remigio, vcl pedibus
in terra incedant, vel fine pedibus reptent, vel llexu corporum vehementi aut pedum
pereuflu per aquam iibi viam aperiant. Pnetcr hofee movendi modos vix videtur alios
dari polie nec concipi. Ergo qua? in planctis degunt unoaliquoexhismodisincedent,
aut aliqua etiam pluribus limul ut apud nos aves amphibia?, quae et pedibus in terra
ingrediuntur, et in aquis natant, et in aère. Nulla autem quarta prêter hafee vita cogi-
tari polie videtur. quid enini ede ibi queat prater tellurem folidam, elementum liqui-
dum, atque aerem aut il li fimile? (poflet enim aer multo elle denfior graviorque
noftro hoc, eoque volantibus commodior). Hase certe ejufmodi funt ut fatis clare
pateat nihil ab his diverfum dari pofle.
Quam feliecs vero primarij iiti ac ratione prsedïti incola?, fi triplici hac facultate
polleant. Ita tamen ut mali nihil inde confequatur. Nam fi hoc bono fruuntur, neccfTe
eft ut inimicitia? et bella non perinde inter illos exiilant atque in Terra hac noftra,
quod alias nec tuto nec fecure vivere poflent, quippe imprœvifis invafionibus femper
expofiti hoftis alati.
Huygens pouvait difficilement prévoir qu'au vingtième fiècle de fréquentes incurfions de pos-
tes alati" auraient lieu, ici même fur notre planète. Comparez la p. 87 du T. XIX.
§ 6. Videamus porro de leniu Planctariorum iilorum animantium. Equidem nihil
certius perfuafum habeo quam vifu prasdita efle. Quamam enim vita fine vifu, quo-
modo aut pericula devitare aut alimenta quaerere hoc fenfu deflituta queant? In hoc
maximum vitae prœfidium, nec fieri poteit ut ubi animalia extent, hoc maximo omnium
dono priventur (autres leçons: careant, deftituantur). Itaque in omni génère eorum
quœ hic apud nos funt, oculorum ufum animadvertimus, terrefhïbus,aerijs,aquatili-
bus, ipfifque adeo infectis; nifi vilillimi quidam, lumbrici ac vermiculi excipiendi fint.
Quod fi divinum lucis inventum perpendamus qua? a Sole ad Planetas cœteros aequè
ac ad terram pertingit, profeclo non magis noftri gratia quam caîterorum omnium
creatam hanc mirabilem motus naturam putabimus. Ante omnia vero fpectatores iitos
rationis compotes quos diximus, vifu pollere credibile ell quo et mirabili rerum in
terris varietate et coeleftium confpeftu fruantur, folis, lunarum, fiderum totiufque
univerfi fpecie, in quibus immenfa Dei potentia praxipue eluect. Nunquid enim haec
afpicere folis nobis terra? incolis datum erit, qui vero alibi agunt ad haec cascutient? 8)
§ 7.Sicontemplationemetadmirationemrerumnaturalium,operumDei,hominibus
auferas, quid aliud rationis ufu confequantur, quam quod bcltise et aves abfquc eo
8) En marge: vifus. auditus. fenlus ca.'teri. generatio. efea. fermo. voluptas. artes.
feientia?. mathefis necefiario eadem. mufica eadem fere. aflronomia.
69
546 RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS, ETC.
habent. ut nempe tranquille intcr le degant, v*ictu ac veltitu noncareantnccfenruuni
voluptatibus.
Fateor quidem a raulto maxima Tcrricolarum hominum parte vix ad hœc animum
adverti aut certe leviter infpici quod longa confuetudine etiamres tanta,»oblblefcant.
Sapientiores tamcn admirantur crebro auétorcmque fufpiciunt. Aliqui ctiam penitus
omnem eorum rationem invcfligant, atque ij licet omni tempore pauci fint,toto tamen
faeculorum lapfu non exiguus eorum numerus efticitur.
§ 8. Anne igitur et oculos animalibus iftis tribuemus. Certe oculorum fabrica uti
mirabili indulîria comparata cil, ita vix alia ratione iniri potuifle videtur, ut diltinéras
rcrum cxterarum imagines fenlïbus referret. A lingulis enim punélis radij ad pupille
orbem manantes, ad fingula rurfus punfta rcfraér.ione convexae fuperliciei colliguntur,
ac nervulorum fenfu qui in fundo oculi fubtilifTime fparguntur, quorumque contextu
pellicula quam choroidem vocant, componitur, ita aflîciunt, ut inde rerumfïtum,dis-
tantiam, colorem, interior animus judicet. Eadem hic machinatione in omni noibro
animantium génère natura ula elt, ut credibile fit non alia ratione tam bcne (autre
leçon : mclius) lucis beneficium fenfîbus adaptare potuifle. Cur non igitur eandem hanc
in iitis quoque regionibus fecuta lit, cum nufquam non optima eligeret. Habent igitur
et oculos animalia illa; et binos quoque, quibus limul eandem rem confpiciant; quo-
niam rcrum propinquarum dirtantijs judicandis interfeelionc quadam radiorum opus
elt. Abique vero diminua? cognitionc periculoflor inceflus elt, nec tam bcne vitantur
occurfu iuo nocitura. Habent et in iuprema corporis regionecollocatosrfienimrcctc
ac fapienter ibi collocatos agnofeamus nec tam bene alibi potuiirc, defuille fapientiam
dicendum foret inferiori parte eos reponenti.
Nunquid et manus habebunt"? non videtur quicquam accurate abique tali inilru-
mento fabricari poffe, imo nec quicquam traftari apte aut difponi, qualia in obferva-
tione cocleilium requiruntur.
Ut multo alia mundi faciès animo oftertur, cum innumerabiles Terras et in his lin-
gulis non minorem rerum animaliumque varietatem quam eft ca quam hic coram
intuemur concipimus. Cum vulgo ha?c nortra lbla cfTe exiilimaretur qua* omnia con-
tincret hujufcemodi, fidera vero nil aliud quam lucidi quidam globi in convexa coeli
luperlicic dcfîxi cenferentur y).
Quanto majus prseftantiufque illud opus ita multiplex et infinitae varietatis; quan-
toquemagis dignum Deo. Non jam univerfitas mundi in cocluml'crramqucdirtribui-
tur. at nos in coclo (umiis l0), aitrique unius magni comités circumterimur, i'cd unius
è multis.
9~) Comparez les deux lignes latines (de date incertaine) que nous avons mises en tète de notre
Appendice III au „CosnK)theoros'\
IO) Comparez les §§ 11, c8 et 37 des „Pensees meslees" de 16H6 qui précèdent.
VER1SIMILIA DEPLANETIS. 54-
$ 9. De dcftinatione providentise in rébus crearis, prsefertim animalium membris.
Volucres terreftribus praMtare, nul quod initrumcnta manuum ad machinas et obler-
variones eoeli requiruncur. in reliquis axes potion forte effe. Ciconia. locus ' ') egre-
gius. Quid iî in planeta utrumque in uno génère conjuncïum?
§ 10. Quid poffet effe in planetisdiverfumanollrisrebus. quidniclius. multacerte.
Cum eoetera perpendimus nobis concefla aut inventa ut feribendi artem. telefcopio-
rum. geometria: intellîgentiam. analyrices. arithmeticae logarithniorum typographie.
ut non facile concedi poteit haec eadem in Planetis caeteris agnofci, ita verifimile cil
alia qua.'dam nihilo détériora illic reperiri, ne noftris rébus nimium pra-cellamus.
§n. Videndum etiam de auditus fenfu, nunquid et hic in remotis Terris Mis attri-
butus fit animalibus (en marge: s'ils ont Tair qui fert a conferver le feu, à refpirer eft
neceflaire, et fert a la navigation, adapté merveilleufcment a l'ouïe). Quod multa
fuadent. Xam primum ad confervationem vita.1 plurimum prodell ha?c perceptio; cum
fono ac fragore ibpe ingruens periculum cognofeatur. praifertim noélurno tempore,
cum oculorum auxilium ereptum eil. Prjeterea et animalium quodque vocis fono fui
limilia advocat, multaque inter fe fignificant. Apud ea vero quae rationis ufum habent,
quod genus illic quoque reperiri paulo ante diétum e(t, quanta quamque mirabilis
vocis et auditus efr. oportunitas; ut non fit credibile tam pra-ftantem fenfum tantum-
que loquendi artificium hujus Terrœ ac nollri gratia tantum fuiiïc excogitatum, quo-
modo enim illis non multum ad felicitatem noftram défit, qui tanto beneficio carent,
aut qua alia re penfari hoc poteit. Deinde an et muficos fonos fuaviflîmofque illos
concentus nobis unis quos intclligamus datos efle putabimus cum omnis haec harmo-
nice fixam immutabilemque quandam naturam fortita fit ut nufquam terrarum gen-
tiumve non ijfdem legibus contineatur, quantum quidem ad intervalla fonorum et
confonas dillantias attinet.
§ 1 2. Porro hoc idem, atque etiam multo manifellius, habet Geometria, ut non nifi
ijfdem principijs fundata fit, ubicumque locorum reperiatur. Itaque hoc etiam unum
e(t ex argumentis cur eam non noitra tantum hominum generi concefla deltinataque
effe credatur. Sed alia etiam funt quîe magis id confinnent. Nunquid enim foli nos
hujus Terra; incola: fyderum curfus oblervabimus, eorumque diflantias ac mundi
") Leçon incertaine. Si Huygens a en effet écrit „lncii.s" nous ignorons à quel endroit de quel
auteur il fait allusion. Le paragraphe de Pline sur les cigognes („Naturalis hiltoria" X, 3 1 ) n'a
rien de bien remarquable.
548 RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS, ETC.
magnitudinem metiemur? Soli circuitum globi noftri ac fuperficiem invettigabimus?
Tum artis mechanicae rationes foli cognoscemus, torque Mis commodis quœ ex hoc
ftudio promanarunt, praeter nos omnes carebunt? Atqui in his rébus vel maxime
ufus ac prœftantia rationalis anima? elucct, ut fcre tantum cœteris hominibus prœcel-
lant qui harum rcrum intelligentia pollent, quantum illi infcriori generi animantium.
Non video quidem quodnam tantum boni accepiffe potuerint cseterorum planetarum
incolîe quod huic fit a?quandum. Quodli tantummodo Jovis aut Saturni fiduscontem-
plemur quantô ibi degentibus ad Aftronomiœ iludium majus incitamentum et opor-
tunitas contigerit, in tôt circumeuntibus Lunis, tamque frequentibus earum eclipfibus,
abfonum vidcbitur nullam iftic harum rerum fcientiam I2) vigere,cumapud nos tanto
levius illeclos, tantoque minore apparatu, tam mirabiles progreffus fecerit. Tarn fré-
quentes Lunarum ac Solis Eclipfes nunquid ifitos Jovis ac Saturni incolas ad cognos-
cendas tanti prodigij caufas excitabunt? Nunquid et Annuli Saturnij varia: ac mira-
biles apparentia?, dum nonnunquam ingentis circuli lucidi forma noclu confpicitur,
interdiu vero lucem folis multorum dierum fpatio intercipit, ha?c inquam tam miranda
nunquid eodem vel invitos Saturnicolas adducent? Sane fi noftra folis lunseque de-
feftus ad aftrorum ftudium homines cxcitarunt,multomagisidapudiftos Saturnicolas
tanta? viciffitudines commutationesque efficere debuerunt. Equidem non hoc tantum,
fed et globi fui Geographiam accuratiffimam, et Longitudinum inventum, utriufque
hujus planeta? habitatores, fi et illic maria navibus frequentantur, poffidere crediderim.
Quidni vero navigent cum tanto quam nos commodius poffint, et minore periculo ' 3).
§ 13. Sed hœc fortafTe jam audaciore quam par cfl: conjectura protuliffe dicemur.
Hoc negari non potelt, Eclipfes iftas fere cotidianas, et lunarum conjuncliones
mirabili varietate in illis regionibus confpici. Confiât etiam noclium ac dierum con-
tinuas viciffitudines ibi fervari cum feiamus etiam quanta fit diei Jovialis ac Martialis
longitudo. Nam Jupiter 1 o fere horis fuperficiem fuam totam foli exponit, Mars, ut
noftra Terra, horis circiter 24. Et quis de Saturno Venere ac Mercurio addubitet,
quin cœterorum naturam fequantur, etfi periodi nondum fint animadverfa;? Porro
etiam œftatis et hyemis diverfitas in Saturni planeta quin fentiatur vix ambigo cum
et annuli et totius fyftematis axis ad orbita: Saturnin planum obliquus fit angulo
partium 31, a quo neque globus multum declinare putandus. At quam longa? îunt
I2) Nous avons corrigé „scientia;" en „scientiam".
,3) Le sens de ce passage s'explique par ce que Huygens dira en 1694 dans le „Cosmotheoros" (p.
-49 qui suit): „Pr£efertim verb in Jovis Saturniquc maribus commoda effet navigatio
propter Lunarum plurium utrobique copiam; quarum ductu longitudinum men-
furam, quam vocant, qua: nobis non contigit, facile confequi poffint". La „Lon-
gitudo" est d'ailleurs aussi mentionnée dans le présent texte.
VERISIMIL1A DE PLANKTIS. 549
aeftates illa? hyemefque, quindccim noftratium annorum. Contraauteminjoveeadem
femper calons ac frigoris temperies regioni cuiquc, ct(î calor majorant frigoris minus
prope a?quatorem eolentibus quam vcrfus polos, adeo ut partes anni nulla rc nili
fydcruiriexortiiillicnotentur.Scdadanimalialonginquarumiilarumterrarumrcvcrtor.
§ 14. Quîe li ut jam iatis conrtat funt in Planetis tu m rationc pnedita tum bruta,
nunquid et generatione fêle propagabunt? Vix quidem diei poteft eadem perpetuo
manere qua? femel ibi collocata fine. Oporteret enim neque cafus varios neque infor-
tunia nec odia bella aut caedes, in terris illis extare quibus interire animalia pofient,
nec ienio ea confiei. Sed fortafle longe alia ratione reparatur eorum genus, atquc hic
apud nos. Poteft fane. Attamen tam mirabilis ac divina cil noftrarum generationum
ratio ut vix credi pofiit, non ulterius quam ad hune globulum noftrum illud porrigi.
Yidemus etiam in tanta quam habemus animalium diverfitate eodem fere modo alia
ex alijs nafei. neque aliter in America? regionibus aliter in Africa aut Europa aut Afia,
Ac denique voluptatis fenfu omnia animantia ad gencrandum excitari; quse voluptas
cîeteris omnibus qua? fenfu percipiantur longe pra?ftet, nec magis ad confervationem
eorum generis data fit, quam genus ipfum ideo creatum confervatumque, ut hac
voluptate fruatur. Nam et in ratione pollentibus, nunquid in his rébus, tum qua? ad
amores, liberorum curam, pertinent, magna pars vitseet jucunditatisomnispoiitaeft?
Voluptasautem fummum optimumque eft Deidonum,ideoqueetilla in quibus maxime
lita eft, non hujus tantum terra? habitatoribus tributa putentur. Nec vero hafee tantum
qua? communes nobis cum beftijs funt voluptates plancticolis ijs, qui rationis parti-
cipes funt, concédas arbitror, fed illas quoque alterius generis qua? ex virtute ac
natura? contemplatione oriuntur. quandoquidem et harum rerum capaces animos ijs
jain ante adfcripfimus. Abfque voluptate, non erat cur cara aut expetenda vita eflet,
nec hominibus nec beilijs. Neque mihi contradicant hic Stoici aut cujufvis alterius
feéla? philofophi. nam fi recle expendatur omnium de fummo bono fententia, nemini
non pro fine voluptas propofita ell, alijs ex virtute et honefto, alijs non folum ex his
fed et ex fanitate, divitijs, affluentia rerum omnium deleftabilium; alijs denique ex ijs
quae pofl: mortem prsemia contingent, prx quibus omnia hsec humana defpiciunt. Sed
ubique finis idem voluptas. Atque hic non poflum iilentio prsetennittere quantopere
admirer unde prima voluptatis extiterit idea. Certe illa qua? nobis data eft ejus parti-
cula ab asterna illa quse cum Deo femper fuit defumta eft. Quanta autem frui débet is
qui animalium generi hominumque prœfertim hanc impertijt?
§ 15 I+). Tune tam arrogans eris ut quae in iftis remotis coelorum fpatijs corpori-
bufque Deus ordinaverit exponas?Refpondeo:nihilprofectodefinioautafievcro,fed
M) En marge au crayon (jusqu'au mot „corporum"); apparemment ajouté plus tard.
5^0 RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITE DE NOS CONCLUSIONS, ETC.
conjecturas et verifimilitudinem expendo. — At illa mille modis tibi non imaginandis
le habere poflunt. Refpondeo : hoc ipfum cil quod examinandum erit. I lie de viili ' 5).
de confpectu coeleftium eorporum. De alimentis. De igné. Decaeterisfcientijsprseter
geometriam muficam aftronomiam. de quibus dixi. qua> funt ad has requifîta.
Porro in fuperficie planetarum feu terrarum illarum herbas, ilirpes, arborefque
enafei vix dubitandum puto. Non folum ornatus gratia. fedut ijsanimalianutriantur.
Nutriri autem ijs nequeunt, nifi nova continué fuccrefeant.
§ 16. Pofita vero rerum coeleftium feientia et obfervatione, quam milita alia con-
cederc necefie eit! Nulla enim obfervatio fyderum ablque initrumentis, five ea e
métallo aut ligno labricata Tint, aut aliqua folida materia ab his diverfa, quod ut fiât
etiam fabrorum Terris, dolabris ac cœteris ejufmodi carere nequeunt. Vix etiam ma-
nibus aut quod eorum officio fungatur. Sed et circuli arcus in ijs inllrumentis requi-
runtur et arcuum divifiones in partes aequales. NecefTaria praterea elt et obfervatorum
ad poiteros tranfmifia memoria et temporum ratio et epocha: quse fine feripto non
videntur explicari poïïe. Sine temporum fpeculatione vix ede poflunt.
Ut vero ex obfervatis fyderum errantium ac totius coeli fyftema colligatur, haud
aliter quam apud nos, alijs atque alijs conjecturis ac hypothelîbus fingendis perveniri
potell, nec fine geometricorum theorematum auxilio. Proculenimabeltutdirtantiam
coeleltium illorum eorporum vifu difeernere valeant, cum non aliter apud illosquam
apud nos omnia fydera in unius fpha-'ra1 fuperficie partim fixa manere fimulque ferri,
partim oberraffe videantur. Csecerum de veritate fyftematis vix quoque certi efie
poflînt nifi oculis cernere detur planetarum mutabiles figuras et magnitudines, pro
varia expofitione ad folem, varioque fpeclantium intervallo. Ut vel videndi fenfum
multo quam nos acutiorem nafti fint, vel vitrorum aut ipeculorum auxilio nollris
telefcopijs non abfimili adjuventur.
§ 17. Quid fi barbariem et ignorantiam non exuerunt, ut noltri Americani? nonne
cum ad hos refpicimus videtur Deo tantum propofitum fuilïe ut vita fruantur homines,
et natura bonis voluptatibusque, feientiarum autem inveftigationcm prêter naturam
paucos afFeétafle. Hoc vero dici nequit. Praîvidit enim et ad haec homines ingeniofos
exorituros, ut coelertia ferutentur, artes vitae utiles repcriant,marenavigent,metalla
effodiant. Pofletne enim quicquam horum prêter mentein magni illius opifîcis acci-
derc? Imo vero an non horum gratia rationis ufum homini dedifle dicendus. Nam fi
tantum ad hoc fàcîus effet ut viveret et voluptatibus frueretur quas et beftiae plerafque
percipiunt, cur tam capax artium et inventionis ingenium conceffit? cur fupra bruta
eum (apere voluit?
1 5) À la p. 721 du „C'osnl()tllC()ros,, I luygens réfute longuement (comparez le § 8 qui précède) l'ob-
jection du texte pour autant qu'elle se rapporte à la construction d'yeux. Voyez aussi notre
observation sur cette réfutation à la p. 659.
VF.RISIMII.IA DE PLANF.TIS. 55
Quare il haec praevidit, etiam hominum nacura ea continentur, nec poterunt artium
et fcientiarum lludia pneter naturam exiilimari. Si autcm hic funtfecundum naturam
ei ox Dci bénéficia, etiam in caeteris iilis Planetarum terris eademrationeexiftent. Et
vel perfection! et cumulatiora in ijs qui magnitudine et comitatu excellunt.
§ 18. I lis itaque omnibus inftru&os eïïe Planeticolas neceffarium quodammodo
videtur, il quidem rcrum coeleilium cognitioneperindeacnosfruuntur,quod quidem
probabile elle paulo antc oflendimus.
Un uni tamen hoc non leviter obilat, quod apud nos Terricolas tam rari reperian-
tur allronomia? fludijs eruditi, nec multo plures qui agnoscere cupiant qua* ailrono-
morum diligentia in lucem protulit. Primum enim Europa e quatuor orbis partibus
lbla eil, ubi fcicntia ha?c excolatur, nam aflrologïam illam divinatricem in qua paflïm
Alla? populi délirant, nihili efle ncque hic nominandam, nemo (anus negabit Irt). At
in Europa? regionibus ne unus quidem è centum millibus hominum ha?c intelligit aut
fcire curât. Cur igitur tam paucis data ell harum rerum notitia il hominum generi
deilinabatur? Cur etiam tam fero contigit tôt elaplls feculis quibus vel nulla velfalia
rerum coeleilium fcicntia fuit. Nondum enim 80 anni prceteriere ex quo verus ac
iimplex planetarum motus, rejedlis Epicyclorum figmentis, a Keplero dcprehenfus
fuit '"). Mine videri potell non efTe hominum contemplationi qui aut hic aut in pla-
netis habitant expoiltam motuum coeleilium cognitionem, fed Deiïm fîbi ipfi hanc
refervalïe, dignam magnitudine fua.
Attamen cum aliquibus licet paucillimisinterhominesintelligendi vimac folertiam
ad parandahuic cognitioni neceflaria concèdent, negari non potell etiam generi hu-
mano feientiam illam mille deflinatam. Non enim talehoceflutDeusnonpneviderit
futurum. Quin etiam non paucis hac impertiri voluiiTe dici potell, 11 lkculorummul-
torum tempora cogitemus, etll unoquoque Ikculo paucis tantum. Fortafïe etiam in ter
initia tantum adhuc verfamur, traétuque temporis longe frequentior evadet harum
rerum notitia.
,/5) Comparez la Pièce I qui précède („I.)e probatione ex verisimili").
'" En 1690 — mais voyez la note 1 de la p. 539 qui précède — 81 années s'étaient écoulées de-
puis l'apparition de l'„Astronomia nova" de Kepler. En disant „nondum Ko anni" Huygens
s'en tient peut-être à une feuille séparée antérieurement écrite sur le même sujet. Voyez aussi
sur les ,,80 anni" la note 42 de la p. 738 qui suit.
55^ REFLEXIONS SUR LA PROBABILITE DE NOS CONCLUSIONS, ETC.
§ 19 lS). O quam admirandum fpe&aculum contingeret ad planetarum aliquem
accedenti. Nam hactenus de ijs fere tantum diflerui qua.1 fimilia noftris rébus apud
illos extare credi potelt. Jam vero fi ulterius id quod initio adfumptum fuit perfequa-
mur nihilo minori varietate terras irtas exornatas elfe quam noftramhanc,nec inventa
apud illarum incolas, live ad vita; commoda, five adanimi obleclationem fpeftantia
aut pauciora noftris aut ijs poftponenda vigere, quam multa nobis nova illicafpiccre-
mus. nam dubitari non potelt quin plurima ipfis delint quibus nos fruimur. Cumquc
hœcalijspenfarijamantcconcluferim Iy), quam mira, née unquam cogitationi nollrce
obfervata, in iftis regionibus fefe ofierent. Quod ita optimè intelligetur, lî Jovis aut
Satumi incolarum aliquem fingamus ad banc terram noftram duce genio aliquo, aut
Mercurio, delatum, certoque ftatuamus non majori ftupore atque admiratione eum
affedtum iri ob rcrum novitatem, quam li e nobis aliquis in planetarum iftorum globos
dcducatur. Placet vcro ad fingula quseque quae ita peregrinanti occurrent attentum
inducerc, ut multitudinem rerum noftrarum, quibus illa? qv,x in Planetis funt conce-
dere non debent, iimul comprehendamus. Etli enim non paucas utrobique communes
fimilefve elle oltenderimus, tamen et in his plerumque tantum difcriminis fuperefle
credibile elt, ut curiofum fpcclatorem detinere valeant. Quanta diverfitas enim jam
in animalîbus et plantis américains ad nortra collatis!
§ 20. Sunt quidam univerfalia ut mihi videtur. Velutaquaetpluviaîadnutriendas
arbores et herbas, quia et optime eft ratio fie inltituta, et vix aliter potuifife videtur.
Si enim liquidum quidem elementum haberent, fed e quo Solis aut intrinfeco terra;
calore nihil furfum attolleretur qualis hydrargyri noilri natura eft, quodnam alimen-
tum haberent ftirpes paulo altioribus terrarum iftarum partibus crefcentes?an potius
nullx ibi crefeerent, atque ita tota fere terra nihil alimenti animalibus prxftaret! Imo
et arbores et herba? univerfalc quid videri potell, quorum tôt mille gênera, eadem
tamen oeconomia radicibus valide retinentur, quarum libristcrraehumiditatemattra-
hunt eaque fola augentur.
§ 21. Novum prorfus in Philofophia, et noftro fœculo demum aut inventum aut
confirmatum eft dogma, mundorum feu terrarum in mundo multitudo. Nam apud
antiquos philofophos, Democriti et Philolai 2°) temporibus, fufpicio quidem erat,
l8) Comparez la Pièce III qui suit („Insolitum spectaculum peregrino ex Jove advenienti").
Ip) § 10 qui précède.
:o) Philolaus, le pythagoricien bien connu de qui Platon est dit avoir acheté ses écrits ou plus gé-
néralement des livres pythagoriques: voyez la note 25 qui suit.
VERISIMILIA DE PLANETIS. 553
veritas autem incerta, nondum aitronomicis rationibus Syftema Circumfolarium Pla-
nctarum ordinantibus ac pcr confenlum phsenomenorum comprobantibus. I Ioc enini
a Copemico primum prseftJtum : Telefcopiorum verô invento fummâ evidentiâ patuit.
I Iinc porro cota Philoibphiœ ratio eommutata cil quodammodo, cum verè démuni
nunc fciamus qui lîmus et quas mundi particula. Nimirum animalcula qusedam in lu-
pcrficie unius e globis circa folem ambientibus difcurrentia; cujusmodi foies procul-
dubio totidem fint quot fixa, qua? dicimus, fydera apparent, imo quot pcr immcnla
lpatia cxillunt. Admodum enim probabile non nili pauculas ex incomprehenfibili
multitudine nobis confpici :1). atque hoc infiiper probabile, unicuique ejufmodi foli
tuas elle terras affectas "). Talcs ergo cum nos effe cogitamus, aliud prorius elle
cognofeimus quam veteribus pleril'que fapientibus exillimabamur, quibus Terra haec
nollra duarum praecipuarum mundi partium una videbatur, altéra coelum. Etiam
ratione praeditorum alia deos alia homînes elle. His vero regen dis prsecipuèdeosiflos,
aut mundi opificcmoccupari. At nollra haec nova mundi notitia quam longe infra illo-
rum aeftimationem nos collocat! quamque fimul fupraipfos intelligentia effert, qui
errorem illum deprehendere potuerimus. Quanto vero etiam majorera Dei concep-
tum pra-'bet, tôt ac tam variarum reruin crcatoris,quasijs legibus caque arte conlli-
tuerit ut veluti machins totidem afl'abre confeétae fponte moveri quantocunque
temporc poiïent, nihilque ijs accideret quod non ipfc praevidiffet.
Quis autera vel in his Solibus, Terris, lunifque totum Dei opus coniillere dixerit,
cum innumeras alias rcs in infînito lpatio efficere potuerit quœ cujufmodi fint nulla
ratione excogitare qucamus :I). Imo cum hoc immenfse et incomprehenfibili iili Na-
ture magis conveniat, ut longe plura ulterioraque operetur, quam quae vel fufpicari
poffit imbecillitas nollra.
§ 22. Principium hinc. Fuifl'e viros graves et fapientes qui his meditationibus va-
carint. Anaxagoras *3). Democritus 24). recentius Cardinalis Culanus qui planetas
ltellafque habitari opinatus ell °3). Plutarchus gravis in primis author in librodefacie
in orbe Lunae *s}.
21) Comparez le dernier § des „Pensees meslees" qui précèdent.
::) Voyez ce que nous avons dit sur Giordano Bruno à la p. 536 de l'Avertissement.
:i) Comparez le § 45 des „Pensees meslees".
- Comparez le § 55 des pensées meslees".
■: Le 15 février 1692 Fatio de Duillier écrira à Huygens (T. X, p. 257): «Monsieur New ton
croit avoir découvert assez clairement que les Anciens comme Pytliagore, Platon &C. avoient
toutes les démonstrations qu'il donne du véritable Système du monde, etc.".
Dans une note a cette lettre Huygens cite Plutarque de faciein orbe lunae, et nous avons
7°
554 REFLEXIONS SUR LA PROBABILITE DE NOS CONCLUSIONS, ETC.
§ 23. En marge: Quid cum ad geometricorum inventorumfubtilitatemlogarithmos
algebrae mirabilia: ha?c cum cogito vix mihi perfuadere queo, talia apud Jovis aut Sa-
rurni habitatores rcpcriri 2rt). cum nec in noftra fphœra nifi paucis regionibus Mec
nota fint. Quod fi camen ifti ingcnio nos tapèrent, quidni et hœc et alia prseterea erue-
rint! aut fi non eadem, tamen alia et nottris meliora. Geometria tamen ubiqueeadem
cil neceflario. itemque mulica? toni!
imprime5 en cet endroit, dans la traduction d'Amyot, le passage auquel il fait allusion (voyez
aussi la p. 251 du T. XVI).
La réponse de Huygens à la lettre de Fatio ne nous était pas connue en ce temps. Nous venons
maintenant (mai 1942) d'en recevoir une reproduction photographique. La réponse est du 29
Février 1692 et Huygens s'y exprime comme suit:
Monfieur Newton fait bien de l'honneur aux Pythagoriciens de croire qu'ils
aient elle allez bons géomètres pour trouuer de pareilles demonllrations a celles
qu'il a données touchant les Orbes Elliptiques des Planètes. Pour moy j'ay de la
peine a croire qu'ils ayent feulement connu le mouvement de Mars, Jupiter et
Saturne au tour du Soleil [voyez sur le mouvement de Mercure et de Vénus autour du
soleil la note 10 de la p. 651 qui suit], et la proportion de leurs cercles; parce que Pla-
ton ayant acheté les Efcrîts de Philolaus [ce fait est mentionné par Diogène de Laërce,
De viris dogmatis et apophtegmatis eorum qui in philofophia claruerunt, VIII, 84, 85: *«XôXooç
\Lpo7(oviy.zrl; [Ixiâxyopixrti. ~y.pu to'Jto'j ID.ktwv ùiriiaouxBcu zet pipAiat rec \\vâotyopi)ti Aiovt ypAyei],
y auroit trouve tout le Syfteme Copernicain s'il y euft eftè, et ne s'en feroit pas
teu. Mais quant à la vertu centrifuge qui contrebalance la pefanteur j'en remarquay
ces jours paflTez quelque vertige dans Plutarque au Traite de facie in Orbe Lunae,
où il dit que la pefanteur de la Lune ne la fait pas defeendre vers la Terre, parce
que cette pefanteur ert effacée par la force de fon mouvement circulaire, femblable
à celle qu'on lent quand on fait tourner une pierre dans une fronde. Cela vient
apparemment de quelque plus vieux philofophe.
On voit que Huygens connaissait et appréciait le traité de Plutarque déjà en 1690; à moins
que ce que nous appelons ici le § 22 n'ait été ajouté plus tard, ce qui ne nous semble pas être
le cas.
Nous observons encore à propos de New ion que dans son „De mundi systemate" de 1728
celui-ci dit (p. 1.) que déjà Philolaus pensait généralement „Planetas . . circaSolcm revolvi"et
la terre parmi elles; il ajoutait: „Ab Aegyptiis autem astrorum antiquissimis observatoribus
propagatam essehanesententiam verisimile est". C'est ce qu'on necroit plus aujourd'hui. Voyez
sur les Egyptiens la note 10 de la p. 6"5i déjà cirée plus haut.
16~) Comparez le § 10 qui précède.
III.
QUOD ANIMALRJM PRODUCTIO, PRiESERTM HOMINUM,
PRiECIPUUM SAPIENTLE INTELLIGENTLEQUE
DIVINiE SITOPUS')-
§ i. Non expendendam molem rerum creatarum in judicanda pnvltantia. Terra.'
ingens moles et globi planetarij folifque ipiius et itellarum nihil comparandum hacin
parte habent cum minimo animale aut infeclo "). Etfi enim ordo ille rerum coeleftium,
et conftans ac tamen varius motus, eam pridem admirationem in animis hominum
peperit ut non authorem tantum fed et prsefidem et motorem ailiduum Deum hinc
agnofci crederent, id nunc non ita necelTario opinandum videtur, cognita motuum
illorum natura fimplici feque ipiiim fuftentante. Semel enim conglobata et in fuis
orbibus agitata ha-c corpora (a potente nimirum opifice) Ipontc (lia circuitus meeptos
çonrinuare potuerunt. In terra* autem regionibus magna quidem funt ha>c omnia, mare
fluvij montes fylvae, nec parvam utilitatem nobis prrebent. Sed quohiaraprorlusirre-
gularis horum omnium eft litus 3), ut in fphaïris geographicis apparet, magis potentiaz
quain intelligentiae divinae operationem prœferunt. Sed cum animalium genus intuc-
mur, hic live ad artiricioiam membrorum compaginem attendimus five ad fenfuum
mirabilem perceptionem five ad generationis myfteria; ubique fubtiliflïmse feientiae et
perfectiilimiv artis indicia intuemur, ut vel ex ibla oculi geometrica conftruétione
oftendi potelt, qui prêter fummam geometria' fubtilitatem tam infigni induilria ad
motum illum materia? œthereœ qua> lucem efficit attemperatus eit, ut nihil minus un-
quam homini in mentem venire potuiflet, quam talis inventi idea 4). Si vero ad inte-
riora mentis humana* attendamus 5), quanto intervallo qua; huic in funt, rébus omnibus
corporeis, artiricijCque ex mechanica et geometria petitis praeflant. ut memoria, intel-
') Manuscrit G, f. 40 — 42.
2) Comparez la fin du § 2 de la Pièce „Que penser de Dieu';',, qui précède. Et aussi la imte 8 de la
p. 516 du T. XVII (lettre de Gassendi).
3) Comparez la fin de la Pièce „De rarioni impervijs" qui précède.
4) Comparez, à la p. -99 du T. XIII. la lin de l'article „I)e l'oeil et de la vision" qui peut fort bien
dater également de 1690.
;) Comparez ce que Huygens dit déjà en 1653, p 135 du T. XIII, sur L'impossibilité de comprendre
commen' la „pictura visibilium . . . ad cerebrum mentemque nostram perferatur".
556 RÉFLEXIONS SIR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS, KTC.
lectus, rationum collectio, voluptatis fenfus. Quae funt ejusmodi, ut longiffime captura
nolhri ingenij limitefque excédant.
Cura igitur intcr opéra Dei excellât c&terisanimaliumhominumquefbrmatio,non
e(t verifimile in una hac Terra noftra primariumhocopusmolitamefTeprovidentiam,
in caeteris nihil taie, fed ea tantum in quibus nullius exquiiiti artificij veirigium ap-
parcat.
§ 2. Rationc non polie concipi unde animalia aut quomodo creata 6).
§ 3. Quid quod ex his quœ ad animalia hominesque attinent lupremailla intelligentia
ac providentia nccefïaria quadam ratione dcducitur, cura reliqua omnia qua: tum in
terra tum in coelo intuemur ex atomis motuquc eorum oriri potuifïe pertinax aliquis
Epicuri fectator oilenfurus fit. Sed ijdem cum ad animalia ventum eft, fruftra fe
torquent, et, nili defipiant, digitum Dei in his fe agnoicere confitcri debent in quibus
omnia ad deftinatum finem tara providè difpofita apparent. Quis cnim tamimpudens
ut aves volare dicat quia alatte funt. non autem datas elle alas ut volent ") (en marge,
bifFé: nec fruges aut caetera omnia quibus nutrimur eâ gratiâ creata efle, fed nos ijs
\'cfci, quod ad alendum apta invenimus).
§ 4. In cafdem fere anguftias novi philofophi lefe conjiciunt 8). Cum en ira poten-
tiam divinam tantummodoad motum materise imprimendum mutuatur y), cujusmotus
vi ac legibus formari docet y) Soles Terrafque et in his omnia fere qua? cernimus, etfi
nimia plerumque audacia; nihil prorfus de beftiarum aut hominum, aut minimorum
denique infectorum origine attingit y); ncque id mirum, quoniam nequaquam intel-
ligi potefl:, ex femel ita concitatis materiae particulis ejusmodi quid quale ei\ animal
confia tum iri quod illi I0) ingénue fateri debucrant IO) eoque nihil hic fibiliquere ").
§ 5. Ad hœc igitur peculiaris quœdam Dei opéra requirebatur, qua: quo parto fefe
exercuerit dum tôt varias vivorum animalium formas molitur atque in Terrain per-
rt) Comparez le § 7 de la p. 514.
") Comparez ce que dit Leibniz dans son Discours de Métaphysique de 1686, savoir qu'il faut
„s'éloigner des phrases de quelques esprits fort prétendus qui disent qu'on voit parce qu'il se
trouve qu'on a des yeux, sans que les yeux aient été faits pour voir".
3) Huygens avait d'abord écrit: lefe Cartefius COlljicit.
9) Huygens a oublié de corriger „mutuatur"en „mutuantur", „docet" en „doccnt" et „attingit"
en „attingunt".
■°) Ici le fingulier a été corrigé en pluriel.
") Comparez l'Appendice IV au „Cosmotheoros".
QUOD ANIMAI. RM PRODUCTIO, l'R.KSIR I !.\l HOM1NUM, ETC. 557
ducit id vero omnium rerum quas unquam (cire optavi fupreinum oit et maximum.
Hic tantum voluntacom ac potentiam Dei Mofaica hiitoria adducit, cumjuflu ejus
cunéta exorta efle narrât. Nec quicquam ulterius aut ratio aut conjectura humana
perveftjgare potuit aut poterit unquam.
Ici l'ont intercalées les citations des Dialogues de la Mothe le Vayer que nous publions comme
Appendice aux prélentes Pièces et dont nous avons parlé dans l'Avertiflèment.
§ 6. Quid hic philofophi? Auli (uni nonnulli seternum mundum aeternamque ln»-
minumprogeniemfl:atuere,quoctatomorumconr]uxumctpr()videntiame\cluduntI;).
Nam (î quid ab a?terno fuit, id nullum fui authorem habere poteft, cum duorum aeter-
norum neutrum akero prius aut diutius extiterit. Adverfus hos multa atterri folent,
quidam etiam ex Terra; ipfius natura et mutabili tacie. Mihi hoc novum ex philoibphia
petitum argumentum ca?teris prartare videtur.
Qua?cunque certo modo fe habent, cum naturel l'ua (leçon alternative: cum appareat
nihil obftare quin) aliter quoque fe habere potuiflent, ea cauihm habere ex qua (lut
qualia funt. Itaque fui (Te tempus cum talia non eflent, ac proinde nonfuifle talia ab
ajternitate I3).
Terra fphaera? formam habet cum aut cylindri aut cubi habere potuerit. (En marge:
Cryllalli forma hexagona). Aliqua igitur causa fuit qua? in iftam formam eamcompe-
gerit. Fuit igitur prius materia ejus, ac proinde non ab œterno tempore extitit hic
terra? globus. Planetre circa Solem omnes in eandem partemcircumeunt,cumpotuerint
aliqui in contrariam ferri '+). Eli ergo caufa queedam quœ omnes iflos circuitus conli-
ftere coegit. Ergo non efl: ab omni setemitatc fyftematis hujus ordo. Terra? moles
quinquageficupla efl: magnitudinis Lima?, cur non centupla, aut sequalis duntaxat,
nifi quia tanto major materiae copia ad formandam terrain conlluxit. Non igitur ipfe
globus ab a?terno.
I:) Il est bien connu qu' Ari<totc opine pour l'éternité du monde (comparez la note 48 de la p.
363 qui précède) et qu'Epicure et Lucrèce parlent d'un „confluxus atomorum" fortuit (com-
parez le § 3 qui précède et la note 49 de la p. 364); tandis que la création du monde par une
„providentia" eft la thèse biblique à laquelle Huygens se rallie.
I3) Comparez le § 41 des „Pensees me>lecs".
I-t) On voit bien ici — consultez la p. 437 qui précède — que Huygens n'est plus partisan du vor-
tex deferens solaire, mais plutôt des tourbillons multilatéraux de son invention à lui; lesquels
il ne mentionne cependant nulle part dans la présente Pièce: comparez la Pièce V de la p. 577
qui suit.
558 RÉFLEXIONS SLR LA PROBABILITÉ DK NOS CONCLUSIONS, ETC.
§ -. At veritates geometriae I5).
Ici Huygens le montre, peut-on dire, Pythagoricien et Platonicien. Voyez le début de notre
AvertiiTement. Mais confultez auflî les 1. 14 — 16 de la p. 66$ qui fuit.
^ 8. At (i fpatium mundi tibi proponas,non potes cogitareid aliter quamuno modo
le habere polie; elle nimirum cxtenfum in infmitum. Hicigiturnullacaulkaccerfenda
eft quae talc efFecerît, nihilque proinde ex hoc axiomate obftat quo minus fempcr
fuerit ,6>
§ 9. Terra»' vero rotunditas nihilo minus caufam habet, quara aut aqua; gutta aut
bulla? pueri ex aqua fapone mixta. Quamobrem lient ha; ita et terra fuit ex materia.
portione quadam in fphaïram coacla. Itaque ante formata fuit quam animalia aut
arbores in eam imponerentur. At quomodo hoe faclum aut quoprogressu? dicant ii
poffint philofophi.
Parmenides ex Sole '•"), at ex terra tere omnes: vix enimdieipoUitaliundeadvecta
elle. Sed quomodo ex terra? Nam forma animalis ex luto cflTecla qualem hominem a
Prometheo fabulabantur immenfum diftat ab eo quod elt animal oiîtbus mufeulis ner-
vis oculis totque alijs intus innumeris partibus eompolitum. An ut Tages ille l8) e
Terne llilco homines primi emerferunt? Longum eiî'et commenta omnia populorum
hic referre, in quibus nihil etl quod aliquam veri fpeciem habeat. Putarunt quidam
ex limo Aegypti mures generari, quod ii ita effet, poïïent et elephanti et homines.
Sed illud haudquaquam credibile eft, ex terra» particula utcunque aqucemilla tanti
artirîeij automaton exiftere jamque làtis perfpectum eft et experimentis compertum
omnia ex femme nafci, imo infecta quoque. Quod ii mures, cur non continue alia*
atquc alia; formae animalium e terra gignuntur? aut cur non omnis Aegypti iimus
in mures vertitur?
Fatendum eft itaque poitquam Terra.1 globus coaluit, mirabili quadam ratione nec
nobis intelligibili, animalia et in his homines formatos effe. Vix dubitandum quoque
I5) Comparez la fin du § 23 de la Pièce II qui précède: „Geometria ubique eadem est necessario".
'") Comparez sur l'infinité du temps et de l'espace le § 2 delà Pièce „De rationi impervijs".
':) Dans son „De vitis" etc. Diogenes Laertius dit en parlant de la doctrine de Parménide (IX,
22 J: ys-jtuiv 7s xvâpùiruv b£>jX.o-j Trpûrov •/s-jiuSui. aÙTov ai ûtrâoystv to S'iauôv xeù ro ^ujjpôv, il uv ri
it&vxa (TwvîffTotva.. D'après Parménide, nous semble-t-il, les hommes ne proviennent pas du soleil
mai> ont été primitivement engendrés ici-bas par la chaleur solaire.
I8) Cicero, de Divinatione II, 50; „Tages quidam dicitur in agro Tarquiniensi cum terra araretur
extitisse repente .... ut in libris est Etruscorum".
QUOD AMMAI.Il'll PRODUCTIO, l'R/KSKRTIM HOMINl'M, ETC. 559
quin animantium hominumque collocandorum gracia Terra fuerit condica. Ergo et
Pianota- reliqui non abfimilî fine; nec ab ijs prsecipuum illud pneftantiflimumque Dei
opus abolie putandum. Quum etiam fibi placuifTe videcur natura in tam diverfis ani-
malium formis reperiendis!
IV.
[NSOLITUM SPECTACULUM PEREGRINO EX JOVE ADVENIENTI ')•
§ i. Quam infolitum igitur primo fpectaculum Peregrino noftro ex Jove advenienti
Solts orbis tanto major apparens, tantoque lucidior quam in fua Terra eum viderit, fit
enim diameter quintupla, difcus et calor vicies et quinquies major. Quid longitudo
dierum. nam in Jove 5 horarum dies omnes fiint, et ijs pares noctes. Quid aMlatis et
hyemis viciflitudo, quae Jovialibus nulla eft. Quid arbores et herbse omnes penitusdi-
verfae. quid urbes palatia Turres tanta1 a tantillis animantibus exftruc"te. Qua? admiratio
nunquam viforum animalium in Terra gradientium, volucrum, pifcium, et diverlitatis
tantaeinhisfingulis, ut Equi, Cervi, Elephanti, Hiftricis, Teftudinis, Serpentis, Aquila1,
VefpertiHonis,Struthiocameli,Pavonis, Ceci, Crocodili, Canari, Oftrei, Rajas, Anguilke.
Sed praîcipue ejus animalis quod nufquam non occurrit, quod caeteris dominatur, quod
intelligentia praecellit, quod plurimis eorum vefcitur, alijs inequitat aut ad currus
jungit. Quid miram veftium varietatem? Quid de hominis forma, facic inceflu curfû
dicturus. Quam maximam in muliere pulchritudinem ne pcrciperet quidem. Sed ubi
ad penitius infpiciendas res hominum a Duce fuo Mercurio quantam opus eft perfpi-
caciam intelligentiamquc accepiiïet, quantopere loquendi facultatem admiraretur fi
tamen hanc apud fuos non ante cognoverat.
Quidve ei videretur fcribendi inventum, ad fignificanda quaque procul abfentibus,
vel ad rerum gellarum et omnis vetuftatis memoriam confervandam. Quid geometria?
et arithmeticœ rationes quibus folis fyderumqueetipfiusjovisdiftantiasinveftigamus.
Etli enim oftenderimus ante, probabili conjectura, non deefle planetarum incolis taies
quafpiam artes, multa tamen horum aliter apud nos fefe habere quis non exiftimet?
Quid machinas et inltrumenta varia? quid horologia automata, quid telefcopia.
Quid in folis navibus eorumque ufu tôt accumulata inventa, fiines trochleae quibus
tanta moles ab hominibus regatur. Vêla quibus vel per adverfos ventos eluétantur
(autre leçon: iter moliuntur), Clavus, Pyxis cum acu magnetica, Parallcli cognitio ex
obfervationc Solis.
Quid pulveris nitrati vim horribilem in tormentis aeneis, et diruptione fphîerarura
concavarum è ferro.
Quid bclla ipfa et mutuam internecionem hominum. Quid induftriam in materia
variorum metallorum, ligni, lapidum, lana?, corij ad ufus noftros adaptanda, quid in-
1 1 Comparez le § iy de la Pièce II qui précède.
INSOLITl'M SPECTACULUM PEREGRINO EXJOVE ADVEN1ENTI. 56 1
itrumenta fabrilia ferras limas dolabras terebras, cornum.quid linteorum ex herbis, quid
vitri materiam tantamque in ea formanda dexteritatem. quid fpecula et in ijs reflexas
imagines, quid lerici ex vermium tclis textura. frumenci fatio, vina ex condito uvarum
fucco. quid fpiritum vini inflammabilem. quid lumina nochirna cereorum et candela-
rum. Quam in his omnibus bumani ingenij fagacitatem furpiceret. quamque rurfus
providentix divins profunditatem in varijs generandi modis, in fexuum differentia,
utque animalia terreitria fere intra corpora (ua foetus aliquo ufque nutriant, deindein
lucem editos laclent; avium genus ova pariât, quœinfefla pullosedant. Pifccsovorum
item fed minutorum myriades ejiciant qua? marium femine contacta non alio quam
aqua? tepore excludantur. Quam diverfam etiam ab his infeclorum ortum et mutatio-
nem adverteret, ex ovo erucam aut vermiculum, ex his aureliam -), ex hac contracta
poft longam quictem mufeam aut papilionem, ex quibus rurfus ova.
Horum partim in Jove fe vidifle (imilitudinem aliquam meminiflet, partim nova
penitus afpiceret.
§ z. Xos vero cunctis his iimul fumptis (leçon alternative: in unum colleétis), nihilo
pauciora aut détériora in illo Planeta extare exillimabimus, li fuperius dicta recorde-
mur, imo et plura et meliora in tanto majori Terra inette non abfque ratione fufpi-
cabimur.
.Multa apud illos ciïe quee nobis in mentem venire nequeunt. Aliqua vero elle qua.»
noltris partim affimilentur, partim ab ijs diverfa fint. Gravitate fere eadem in Jove
atque hic praedita funt corpora ut ex Newtoni et noftro calculo efficitur 3). eoque
pari celeritate decidunt. Potefl: tamen aer apud illos crairiorgraviorc]ueefïe,magiiqiic
corporum motui refiftere. Poteil aqua elle nofhra gravior aut lc\'ior. Minus autem
liquida aut perfpicua eiïe non potelt, quin et minus pulchra fit minufque utilis. Nubes
in Jove fatis perfpicue deprehendimus ex mutationefrequentimacularumaczonarum
quarundam extero corpore obfcuriorum.
Poiïunt animalia noltris majora elle, fortade vero minora, nam neque in dierum
longitudine proportio globorum fervata fuit. PolTunt plura gênera efie ratione uten-
tium. Poffunt non vefci animalibus fed fruftibus quos terra largitur. Poffunt minus
tumultuofe degere quam noitra: gentes, quanquam videri pofllt paupertas et incom-
modorum arcendorum neceffitas plurimis inventis originem dcdifîe.
Formas vero tum animalium tum arborum ac plantarum omnes a noftris hifee di-
verfas efTe credibile eit, cum in America: regionibus vix ulla reperta fit fiinilis Europeis,
nifi avium quarundam qu« per aerem aut hinc eo tranfierunt aut inde ad nos.
:) lluygens désigne apparemment par „aurelia" — mot qui nous est inconnu — la nymphe ou
chrysalide. On pourrait conjecturer qu'il cite de mémoire un mot de Columella („Rei rustica;
libri" IX, 3,2) lequel parle de „apes ex aureolo varias".
3) Voyez sur ce sujet les p. 408 — 412 qui précèdent.
7l
\Ô2 RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS, ETC.
Animalia qua> iftic funt ratione prœdita, manibus carerc non poterunt, vel non
multum diflîmili membro, quas tam necefl arias exiftimavit philofophus quidam —
en marge: Anaxagoras. vide Plutarchum de amore fraterno, principio — ut in his
caufam refpiceret hominum fapientiae 4). Hoc voluit puto, abfque ijs hommes ad cul-
rum animi feientiamque et rerum cognicionem non mine perventuros. Fingc enim
pro manibus datas ungulas quales equis, aut bubus; nunquam necoppida nec domos
ctiamii ratione inltructi exœdificaflent, nihil de quo loquerentur habuiflent nifi de ijs
qua.1 ad pabulum et conjugium attinent, omni feientia caruiiïent, omni rerum me-
moria; denique a beitijs parum abfuiflent 5)*
4) Plutarque cite en effet An axagore au début de son Trai té MDe amore fraterno" on titpi fu.a8u.fiai.
Nous y lisons: „Atqui exemplum usus fratemi natura non longé a conspectu remouit: sed in
ipso corpore pleraque necessaria fecit duplicia, germana, 6c gemella, manus, pedes, oculos,
aures, nares. eo significans, omnia hase salutis & mutui auxilij, non dissidij causa ce pugnsesic
esse divisa, [psasque manus in multos atque insquales scissas digitos omnium instrumentorum
accuratissimé & artificiosissimê para vit: adeo ut Anaxagoras illepriscushumanaesapientiœ cau-
sam manibus imputaverit".
5) Ce passage, à partir du mot „Finge", se retrouve presque textuellement dans le „Cosmotlieo-
ros": voyez la p. 730 qui suit.
APPENDICE I
AUX RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS
CONCLUSIONS ETC.
Des dialogues de la Mothe le Payer.
Anima a corporc femota neque amat neque reminifcitur. Ariftoteles, 1. i et 3 de
anima cap. 6 ').
Papa Gregorius magnus :) libros Ciceronis legi vetuit 3).
Balîlides foutenoit qu'il n'y avoit rien d'incorporel. Sextus Empiricus, ~,adverfus
Mathematicos +).
rotoz yccp vooç eœrtv Wr^oviuv a.vfyuTruv
olov hr vi^ccf ccyv,(ri Tocrvip àvôpuv rs Qeuv re Philos, fceptique 5).
Pauci illam quam conceperunt mentem domum perferre potuerunt. Seneca ep.
109 6).
') Dialogues II,p.28(Dialogue de l'ignorance louab!e).Les passages cités d'Aristote sont lessuivants.
Ilept yjyr,q I, 4 (éd. J. Bekker, Berlin, C. Reimer, 1831, Vol. I, p. 408^): vm tô voeîv &, xai t'o
âtapsïv ftapaivezeu y.'/'/vj revôj éaot fSupouévov, «Ùto os y.-y.5i: èariv. zo $k d\avoîïo,5aï v.w. ftkstv r,
uurtïv 'jjs. coTtvèxctvov —yJjr,, yj/y. Tovdt t/j eyovtoî sxeîvo, r, sxeîvo tyti.oio tuu toutou t^juo'iu.ivo'j outs
fivrifLovsùti ovrs fiXsï. — ri-o't J/jyrtt III, 5 (Bekker, Vol I, p. 430^7): ■^upurâelçS'èarïnôivov zoùS'oirep
Sari, s.y.t roÛTO ulvj'j-j o&âvarov xai y.tjivj. vj itVJjuovevoMêv ôï. ort toùto usv y-y.::;, 0 0£ -z^r.Ttxoç voûî
fâaunoç, /.ai y.ïj TOUTOU où£Èv vOtî.
■) 590—604.
3) Dialogues II, p. 25 (Dialogue de l'ignorance louable).
4) Dialogues II, p. 41 (Dialogue de l'ignorance louable). C'eft au § 258 du livre VIII „Adversus
mathematicos" que Sextus Empiricus parle de oi moi tot BaartXgébV, o« «îû& pjdêv rîvot àurûputrov.
5) Dialogues I, p. 17 (Dialogue de la philosophie sceptique). Citation d'Homère (Odyssée XVII I,
136—137):
toîoç yà.o vjcij êffTtv sjrtyoovîtav avJowTruv,
OlffV Sff' qUCU y'ycJi TTÛCTTifl KVOpâv T£ Jgôw Tî.
Sextus Empiricus cite ces vers „Adversus mathematicos" VII, 128.
") Dialogues, même endroit. C'eft dans la lettre io8que se trouvent les paroles citées dans l'édition
de 19 1 4 (Lipsiœ, Teubner) parO. Hense de „L. Annaei Senecac ad Lucilium epistularum mo-
ralium quse supersunt".
564 RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS ETC. APP. I.
Le P. Paolo s'eftoit imagine que le genre humain eftoit originaire de quelques
Tritons et femmes marines •"). Mais d'où ert ce qu'il penfoit que ceuxey fuiïent
venus?
Non enim oportet opiniones morcalium eafdem femel aut iterum, aut juxta quem-
piam parvum numerum redire dicamus, fed iniinities. Ariftoteles, 1. 1 . Meteor. c. 3 8).
Parce que quand Epicure dit Non accedet ad rempublicam fapiens, niii fi quid in-
tervenerit, c'eil le mefme qu'a prononcé Zenon, Accedet ad rempublicam niii fi quid
impedierit. Car en effet l'un et l'autre enfeignent la retraite 9).
lnvenerunt quemadmodum plus quies illorum hominibus prodeffet quam aliorum
difeurfus et fudor. Cicero ,0).
Ella non potrebbe credere quanto ho perduto dopo che attendo à quelle canzoni
politiche, cofi nella fanita, corne nella compofitione dell'animo, e nella vivezza del
cervello. Ma anco il noftro effere è una leggerezza, e conviene paflarfi in rifo il do-
verlo perdere. Ex epift. P. Paolo. 1:).
Pluficurs ont cru avec S. Augulrin (en marge: non pas) et avec le fubtil doéteur
l'Efcot Iz), que les femmes ne participeraient à la refurrection générale, qu'en chan-
geant de fexc, et perdant le féminin pour le viril n).
Mulier tum demum eft bona, cum apertc efi: mala ,+).
r) Dialogues I, p. 147 (Le banquet sceptique). Voyez sur le Père Paolo la note 25 de la p. 538 qui
précède.
R) Dialogues II, p. 196 (Dialogue de Popiniastreté).
Le passage cité d'Aristote, se trouvant à l'endroit indiqué (éd. Bekker, Vol I. p. 339^) est
le Suivant: où yàp ovj fho-Quîv àraÇ où'j'sài.; oùcT oktyetxtç tx; aura; ^Jça; zvaz'jx/îtv ycjoixïja.; ev Toi*
mâpûnotç à),/' xitetpixtç.
?) Dialogues II, p. 247 ( Dialogue de la politique).
IO) Nous n'avons pas réussi à trouver cette citation (?) dans les Dialogues.
Huygens peut l'avoir ajoutéede son crû. D'après les lexiques, consultés in vocibus „discur-
sus" et „sudor", Cicéron ne s'est d'ailleurs jamais exprimé dans ces ternies.
") Dialogues II, p. 252 (Dialogue de la politique).
' :) Il s'agit de Johannes Scotus Erigena (neuvième siècle).
'3) Dialogues II, p. 408 (Dialogue du mariage).
'•>) Dialogues II, p. 406 (Dialogue du mariage). De la Mothe le Vayer n'indique pasd'où il tire cette
citation.
RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS ETC. APP. I. 565
Matrimonium vocatur unius adulterium. Seneca. 3. de benef. c. 16 ,5).
Epicure nommoit les beftes, fpecula naturiv. Cicero 2 de lin. ,6).
Xullus enim philofophus hactenus demonilravit animamhominise(Teimmortalem,
nulla apparec demonllrativa ratio, ied fide hoc credimus et rationibus probabilibus
confonat. Card. Cuianus, en expliquant les paroles du ch. 3 de l'Eccléfiafte vers la
fin. Quis novit fi fpiritus liliorum Adam afeendit furfum &c. I_). Iluygens écrit par
erreur Card. C 11 faims au lieu de Card. Cajetanus (également antérieur à Defcartes).
De las cofas mas leguras
la mas fegura es dudar ' s).
i;) Dialogues II, p. 443 (Dialogue du mariage) „ . . . celles qui n'ont qu'un mignon, passent pour
des superstitieuses entre les galantes, & dans les bonnes compagnies, matrimonium vocatur
unius adulterium". Nous lisons dans le cap. 16 du livre III de Séncque „De beneficiis" (dans
l'édition de C. Hosius, Lipsiae, Teubner, 1914): „Numquid iam ullus adulterii pudor est . . .
Infrunita et antiqua est qua? nesciat matrimonium vocari unum adulterium".
I(5) Dialogues II, p. 167 (Dialogue de l'ignorance louable). Cicéron „DefinibusbonorumetmaIo-
rum" II, 32.
I:) Dialogues II, p. 104 — 105 (Dialogue de l'ignorance louable).
,8) Dialogues II, p. 416 (Fin du dialogue de In divinité cité aussi dans la note 24 de la p. 53,-.
qui précède). Huygens entendait probablement plus ou moins l'espagnol, puisqu'il avait dans
sa bibliothèque un assez grand nombre de livres écrits dans cette langue.
APPENDICE II
AUX RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS
CONCLUSIONS ETC.
Pour mieux faire connaître les Dialogues de la Mothe le Vayer qui a apparemment eu une cer-
taine influence fur Huygens, nous croyons utile d'en copier quelques pages.
II, p. 1 84 et fuiv. (Dialogue de l'Opiniaflreté) : „Tant s'en faut que je penfe que
les longues efhides & les plus profondes cogitations rendent un efprit dogmatique et
affertcur . . plus clairvoyant & meilleur juge de ce qu'il s'eft propofé de reconnoiftre,
qu'au contraire, j'eftime que fouvent fon travail ne luy fert qu'à s'efloigncr de la
vérité & à le rendre contre elle d'autant plus opiniaitre. Ce qui procède de ce qu'
Ariftotc difeourt fi bien au dernier chapitre du fécond livre de fa Metaphyfique,c'eft
à fçavoir, que noftre façon de concevoir, d'apprendre & de difeourir, defpend bien
fouvent de la couftume, laquelle nous emporte & tyrannife mefmes en ce poincl:,
aufcultationes feu rationes difeendi fecundum confuetudines accidunt '), en telle forte,
que celui qui s'adonne aux Mathématiques, veut tout foubmettre aux demonftrations
de fon art, celuy qui aime la fable & la mythologie, ne difeourt & ne s'explique que
par parabole. Ainfi le Philofophe Muficien Arifroxenus dans Ciceron, 1. Tufc. qu.,
artificio juo non recedit, voulant que nollre ame ne foit autre chofe qu'une douce
harmonie 2); ainfi Pythagore aflubjettiflbit toute fa Philofophie aux myfteres de fes
nombres 3); Ariftote luy me fine aux règles de fa Logique 3); Platon à fes idées 4);
') En grec: Ai S'àx.poâaetç zarà Ta eân o-u^jSat'vouo-tv, etc. C'est dans l'édition de Bekkcr (Vol. II, p.
994/') le dernier paragraphe du second chapitre du premier livre de la Métaphyfique.
2) Tusculanx disputationes, I, §§ 19 — 20. Cicéron ajoute à bon droit: „et tamen [Aristoxenus]
dixit aliquid, quod ipsum quale esset erat multo ante et dictum et explanatum a Platone".
3) Nous saisissons cette occasion pour citer un passage de la p. 160 des „ArchxoIogia: pbilosophi-
cae libri duo" de 1692 de Th. Burnet (voyez sur ce livre la p. 664 qui suit) où ce contemporain
anglais de Huygens dit, comme lui, que, plutôt que de suivre Pythagore ou Aristote, le physi-
cien doit s'en tenir à la fois à la ratio et à l'experientia (comparez la p. 31 du T. XVIII): „Nec
tamen dissimulandum est, ingenium Pythagoricum, Platonicumque, hoc vitio laboràssc, quod
res Physicas in rationes Mathematicas, numéros & proportiones, résolvent: ut! postea Aristo-
teles in rationes Logica-;. Uterque peccavit nimià subtilitate, dum tenuibus aranearum filis
Divam Naturam tenere studerent, quœ non nisi ferreis aut adamantinis catenis, ratione rigidâ
Bdisque observationibus, se constringi patitur".
convient d'ajouter ('comparez la note 5 de la p. 768 qui suit) que la Mothe le Vayer,
RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS ETC., AP1>. IL 56"
Democrite &. votre Kpicure à leurs Atomes ou corps infectiles; les Chimiftes à leurs
principes ce fourneaux; les Cabalilles & Rofecroix h leurs traditions & ligures enig-
ma tiques; Gilbertus à la vertu aimantée; Copernicus (après Philolaus & Hicetas
autheurs de cette penfée) a la mobilité de la terre; bref, chacun fe tonne uncratioci-
nation, & enfuite un fyfteme à part, & à fa mode. Or, de L'heure qu'un efprit, pour
bon fouvent qu'il foit, s'eit ainli laissé prévenir de quelque particulière imagination
& a pris h party de la fouftenir, la force ne luy fert plus qu'à fe confirmer &roidiren
icelle, rejettant animeufement tout ce qui femble luy pouvoir contrarier. C'eft ce que
Verulamius s'elt advifé de fort bien appcller idola (pecusen fon nouvel organe, habet
enim, dit-il, unufquifque fpecum five cavernam quandam indhiduam, quœ lumen
naturœ frangu & corrumpit; & nous pouvons bien dire en ce fens, que l'homme eft
un grand idolaftre, n'y ayant peut eftre que le feul Sceptique qui fe puûTe aucune-
ment exempter de tomber en cette flatteufe idolâtrie de fes fantaifies, à cauie de l'in-
différente conftitution intérieure de fon efprit". P. 235 — 236 (même dialogue):
„Les Dogmatiques, qui font dans la prévention, ne voyant fouvent les chofes que du
biais qui ravorifè leur fentiment anticipé, ce n'eit pas merveille qu'ils inclinent promp
tement à l'un ou à l'autre party, avec tant de pefanteur qu'on ne les en puiffe plus
demouvoir, qui ad pauca refpiciuut, de facili pvonuntiant. Mais quant à ceux de
noftre famille, qui font les reflexions convenables fur la probabilité [nous soulignons]
de toutes propofitions, au lieu de fe laiffer emporter foiblement à pas un party, ils
s'arreftent genereufement fur leurs propres forces, entre les extremitez de tant d'opi-
nions différentes, qui eft la plus belle & la plus heureufe alfiette que puiffe pofl'eder
un efprit Philofophique".
Voyez aufli les 1. 6—7 de la p. 3 du T. XIX.
de même que Burnet, ne pouvait, au dix-septième siècle, avoir une idée quelque peu précise
de révolution de la pensée d'Aristote. „Aristote, sans abandonner sa prédilection pour un sy-
stème scientifique logique, l'oeuvre de -a vie entière, et sans renoncer à la recherche des causes
premières . . en arrive à reconnaître à l'observation méthodique le rôle primordial et à en faire
la base essentielle de toute recherche scientifique" (Pierre Brunet et Aldo Mieli „l listoire des
Sciences. Antiquité", Fayot, Paris '935» P- 233)-
4j Voyez sur révolution de la pensée de Platon la note 15 de la p. 533 qui précède ainsi que la
note 5 de la p. 768 qui suit.
APPENDICE III
AUX RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS
CONCLUSIONS ETC.
Chartœ aftronomicae, f. 129. C'eft une étrange chofe que l'idée du plaifir, et du fenti-
ment que nous en avons tant de ecluy de l'efprit que de celuy du corps, qui revient
auffi a Pefprit. La divinité qui a fait ce don aux hommes et aux animaux, doit eftre en
pofledion d'un plaifir infiniment plus grand et a nous inconcevable.
Il eft vray que perfonne ne s'eft encore avisé de mettre cela parmy les attributs de
la divinité, fi ce n'eft peut eftre les Epicuriens, mais ils n'en parloient pas ferieufe-
ment ').
Chartae ailronomica?, f. 127 v. Que j'ay remarqué la joye de ceux qui ont bien compris
et fe font periuadez du vray fyfteme. Bien plus encore s'il leur arrive de découvrir
quelque nouveauté. Quelle joie ne doit avoir eu Copernic lors qu'il s'eft fatisfait
comme philofophe. Quelle joie de Galilée dans la vue de fes grandes découvertes,
furtout des fatellites. toutes pour confirmer le fyfteme.
Même endroit. L'efprit faute d'occupation fatisfaifante s'adonne a chercher des vo-
luptez paflageres et qui fouvent ne fe peuvent avoir qu' avec l'injure des autres.
Chartœ aflronomica.», f. 122. Nous avons un lieu pour habiter plein de belles chofes et
d'agréables, mais nous gaftons noftre bonheur par noftre folie et méchanceté.
') Nous répétons ici, comme on voit, le § 10 de la p. 528 qui précède. Comparez ce que Lucrèce
dit sur les dieux, note 49 de la p. 364.
ASTRONOMICA VARIA 1 690-1 691 ).
I. Vitesses de la matière des tourbillons multilatéraux.
II. MeRCURIUS IN SOLE OBSERVATUS NORIBERGiE 31 OCT. IÔOO A
J. Ph. Wurtzelbaur -).
III. FlRMAMENTUM SoBIESCIANUM. Ex HeVELII PRODROMO ASTRONOMIE
OPERE POSTHUMO 2).
IV. Conjunctio Veneris et Solis 15 Nov. 1 69 1 Parisijs OBSERVATA À
LA HlRE ").
V. Faut-il croire X l'existence des tourbillons?
') Il faut pourtant observer que la dernière des cinq Pièces ne porte pas de date; elle peut fort
bien dater d'un peu plus tard.
:) C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce.
72
p
Si les celeritez propres de la matière fluide font en raifon contraire foufdoubledes
diitanccs du centre, alors les pefanteurs feront en raifon contraire des quarrez des
diltances, comme l'établit M. Newton, et le prouve par l'équilibre des Planètes 2).
Car une planète neuf fois plus éloignée qu'une autre va trois fois plus lentement par
fon mouvement propre dans fon orbe 3), comme cela fe déduit des temps périodiques
qui font 27 a 1 d'où l'on trouve fa force centrifuge ÏÏ'T de la force centrifuge de la plus
proche. A fin donc que fa pefanteur foit de mefme ÏÏ'T de la pefanteur de la plus proche,
il faut que la force centrifuge de la matière fluide a l'endroit de la plus éloignée foit
auflî 5, de la force centrifuge de la matière fluide à l'endroit de la plus proche, ce
qui fera ainfi lî la vitefle de cette matière près de [la] planète éloignée eft | de Çà
viteffe près de la plus proche. De forte que les vitefles de la matière a l'endroit de
chaque planète gardent la mefme proportion que les vitefles des planètes mefmes.
Ceci s'applique à un enfemble de tourbillons multilatéraux: nous favons voyez notre Avertis-
fement au Difcours de la Caufe de la Pefanteur) que depuis l'apparition des „Principia" de New-
ton Huygens admettait ces tourbillons-là pour le fyftème folaire.
Manuscrit G, p. 52 v. La p. 53 r porte la date du 27 août 1690.
:) Ce qu'„etablit M. Newton" est seulement, comme on sait, que „les pesanteurs", pour qu'il y
ait „equilibre des Planètes" doivent être „eif raison contraire des quarrez des distances".
3) Tous les orbes étant par hypothèse circulaires et concentriques.
ir>.
Mercurius in foie obfervatus Norihergae 1690. die ukima Octobris a Joh. Phil.
Wurtzelbaur -).
Die 30 Oft. poil: mcridiem.
Tempus Horol. Oscill. Hora fupputata
h. m. s. h.
6. 32. o culminât os Pegafi. 6. 28. 45
9. o. o culminât caput Andromède. 8. 52. 17
3 1 061. ante meridiem.
8. 30. o Sol e nubibus emerfit. Mercurius in diico ejus fuperne in tabula
obfervatoria, a verticali ad dextram (rêvera ad lœvam) diftans plus quam \ digito a
limbo exiturus apparuit.
8. 36. o Mercurius pollquam undulanti limbo Solis ad minutum tem-
poris adhaHerat exijt ad 140 a Zenith feptentrionem verfus.
o 1 • j ^ h. m. s.
0. 49. o altitudo © io.oç 000
o 38. 38
On voit que Iluygens continuait à s'intérefTer aux paflages de Mercure fur le difque du foleil
dont traitent les p. 319—329 qui précèdent.
') Manuscrit II, p. 6. La p. 8 porte la date du ^décembre 1691 . La Pièce est empruntée au Num.
192 (for tbe months of January and February 169°) des Philosopb. Transactions de Londres.
2) J. C. Poggendor(F„Biograph. litrerar. Handwôrterbuch der Gescbichte der exakten Wissen-
schaften", Leipzig, Barth, 1863) écrit Joh. Phil. Wurzelbau ou Wurtzelbau (1641 — 1725),
marchand et astronome à Nuremberg, et nous apprend qu'en 1703 ce savant publia une tra-
duction du „Kosmotheoros" de Iluygens sous le titre: „Weltbetracbtende Muthmaassungen
von den himmlischen Erdkugeln". Mais le véritable nom est Wurtzelbaur ou Wurzelbaur
(les Philos. Transactions écrivent l'un et l'autre); le nom Wurzelbaur se lit aussi à la p. 4 du
„Prodromus Astronomie" de 1690 d'IIevelius dont traite la Pièce III qui suit.
Une deuxième édition de „Herrn Christian Iluygens' Cosmotheorosoder Weltbetrachtende
Muthmaassungen, von den himmlischen Erdkugeln und dercn Schmuck" parut à Leipzig en
1743 (F. Roscnberger „Isaac Newton und seine physikalischen Prinzipien", Leipzig, J. A.
Barth, 1 895, note 2 de la p. 238).
III1).
F IRMAMKXTUM SOBIESCIANUM.
Ex Hevelij prodromo aftronomiœ opcre poilhumo :) quod ut infpicerem dcdit D.
de Langhe fecretarius urbis Dantifci.
Hevelius in Tabula fixarum addidit afeenfiones reelas et declinationes earum ad
annum 1 660 completum. Hinc inquit fi invenire velis quaenam fit Afcenfio reela anno
1686 completo 3), die Anni 100 dant difFerentiam afeenfionis reéfce i°. 18'. 18"
(quam unde invenerit non addit: motus autem fixarum feu praeceffionis aequinoétij
ipfi eft annuus 50". 52 "' 4), unde in centum annis i°. 24'. 48) quid dabunt anni 26,
id vero quod invenitur adde ad afcenfionem iîdcris datam, et habebis afcenfionem
') Manuscrit G, f. 66. Les f. 57 et 78 portent respectivement les dates du 25 septembre 1690 et
du 1 janvier 1691.
:) Johannis Hevelii Prodromus Astronomie, etc. de 1690. Nous avons donné le titre complut à
la p. 7 du T. X, où l'on voit aussi que Huygens, dans une lettre à de la Hire que nous ne possé-
dons plus, avait fait des réflexions sur ce livre. La réponse de de la Hire est du 17 janvier 1691.
La présente page doit évidemment avoir été écrite peu avant la dite lettre, dans laquelle Huy-
gens peut avoir exposé un peu plus longuement ce qu'il dit dans le dernier alinéa de la présente
Pièce.
Outre le „Prodromus" le volume d'IIevelius contient: „Johannis Hevelii Firmamentum So-
biescianum, sive Uranographia, totum coelum stellatum, utpote tam quodlibet sidus, quam
omnes et singulas scellas, secundum genuinas earum magnitudines, nudo oculo, et olim jam
cognitas, et nuper primum détectas, accuratissimisque organis rite observatas, exhibens. Et
quidem quodvis sidus in peculiari tabellâ, in piano descriptum, sic ut omnia conjunctim totum
globum coelestem exactissimè référant prout ex binis hemispha:riis majoribus, boreali scilicet
ec australi, adhuc clariùs unicuique patet". Cum gratià & privilegio Sac. Reg. Maj. Polon.
Gedani, Typis Joli. Zach. Stollii. Anno MDCXC.
Déjà dans le „Prodromus" l'auteur écrit (p. 1 15): „Scutum quod attinct, pragnantibus ex
Rationibus ad Firmamentum usque inter Astra evexi, in perpetuam nimirum Mcmoriam
Augustissimi Nostri Régis ac Domini, Domini Johannis III, Régis Poloniarum, ob immensa
Ejus Mérita" etc.
3) C'est à la p. 139 qu'Hevelius calcule „Ascensionem Rectam & Declinationem, ad Annum
completum 1686", en disant ,,100 Anni exhibent difFerentiam 1 ° 1 8 ' 1 8 " etc."
4) Cette valeur de la précession équinoctiale annuelle avait été calculée à la p. 9: par la compa-
raison de certaines observations d'IIevelius de 1660 avec celles d'Hipparque de l'an 1 27 avant
notre ère.
574 ASTRONOMICA VARIA 169O 1 69 I .
re&am qua? ipfi convenu anno 1686. Similis fere proceflus efl inquit in eruendis de-
clinationibus. Scd bene nota, quod differcntia pro annis dcfideratis in nonnullis flellis
fit adjecliva in alijs fubtracliva. Eum in finem cuilibet flella; adfcripfi vel Add. vel
Subtr. 5) (jjuod tamen in Tabula non invenitur adfcriptum). Hoc nempe notât de
differentijs declinationum, addit enim, E contrario differcntia afcenfionis refta; femper
additur, cum afcenfiones continue crefcant; exceptis folummodo 1 1 flellis :; id quod
inter maxime memoranda imprimis notandum habemus, cum nemo, quod fciam, nec
ipfe Tycho, rem hanc fummè notabilem in iflisundccim flellis hucufqueadhucdepre-
benderit. Nifi quod Ricciolus animadverterit in unica tantum ftella, in humero fcilicet
Urfa.' Minoris taie quidpiam contingere 6). Haumdecim funt 1 in dextro pede Cephei.
2 in flexura fecunda lucidae Borealis draconis. 3 in flexura IV draconis. 4 in humero
Urfa; Minoris. 5 in peftore cjus. 6 in dorfo ejufdem. 7 in latere feu ventre ejus. 8
prima cauds ejus. 9 média cauda:. 10 ad humerum proxima. et 1 1 altéra ad humerum
ejufdem Urfre Minoris. In his inquit flellis afcenfio refta hoc noflro anTo nunc decref-
cit, atque ita differcntia afcenfionis in fubfequentibus annis detrahitur. id quod tamen
non perpctuo fieri potcrit, fiquidem poft aliquot mille annos contrarium rurfus acci-
det, fi mundus eoufque fubfliterit. Exercent enim omnes ha? flella; motum reciproca-
tionis, modo direéle modo rétrogradé incedunt, modo etiam funt ftationaria?, et quas-
libet alia atque alia proportione, adeo ut totam eclipticam intra 25 millia et ultra
annorum femel obambulent. Adhuc quîelibet harum ftellarum alios atque alios ftationis
exercent terminos. Jam illa poft ftationem fecundam efl direfta; rurfus altéra efl
rétrograda ad ftationem fecundam. Termini vero ftationum plerumque diflant ab
invicem 80, 100 et 1 20 gr. Deinde Stella Polaris totum squatorem percurrit atque
nunc efl velociffima. at vero reliquaî nunquam sequatorem abfolvunt, fed intra ter-
minos flationum fuarum periodos fuas conficiunt, ultra quosevagando non difcedunt.
Sic ut plerumque fecunda flatio fiât circa 210 et 230 gr. et prima flatio circa 310 et
330 gr. Limes vero difcernendi flationem prima h fecunda efl 270 gr. in a?quatore.
Pariter declinatioadmodum variabilis vix femel toto revolutionis fixarum tempore una
alteri omnino efl sequalis 6).
Unde autem hic mirificus motus oriatur, imprimis quod in quinque ex illis undccim
ftellis differentia declinationis (voluit dicere afcenfionis) fit hifce temporibus adjec-
tiva, in fex reliquis fubtraéliva, et quod flella polaris inter reliquas ejufdem fideris
Urfa^Minoris, his legibus hoc tempore fit exempta, efl res quidem penitioris indagi-
nis 7) quam fe dicit polfe explicarc. Sed doélioribus non fore difficile ut eam pénètrent
ex globis coeleflibus vel fchemate quodam inde defcripto: quoniam ita et non aliter
in hifcc ftellis evenire débet 7).
s) P. 139.
6) P. 139—140.
") P. 140.
FIRM \MKNTUM SORIESCIANUM. 575
Proculdubio ex triangulis (phaericis ha:c calculo inveniri pofTunt. Effet tamen opéra?
pretium ha:c accuratius definire unde fimul, ut puto, invenietur mcthodum iltam
eomputandi aleeniiones rectas pcr additionem proportionalem non elle probam. Etfi
ad computandas ftellarum longitudincs refte proportionale auginentum ufurpetur.
Vide Ricciolum Almag. novo ... et Artron. reformata 8).
s) Nous ignorons quels sont les endroits des livres de Riccioli auxquels Huygens fait allusion. On
peut consulter p.e. dans l'„Astronomia reformata" de 1665 le Cap. X du Lib. II „De Motu
Luna? in Longitudinem hactenus ab Insignioribus Astronomis constituto, & qua potissimum
methodo illum inuestigauerint: quidque in ea peccatum esse, aut desiderari posse videatur"
commençant par les mots: „()lim Lib. 4 Almagesti Novi, à Cap. 19. ad 24. exposui artificium
triplex, quo Astronomi Lunares motus inuestigarunt".
IV ').
Conjunclio Veneris et Solis 15 Nov. 1691. hora 1 1,4' vefpertina *) Parifijs obfer-
vata a la Mire. Tranfibat meridianum Venus illa die hora 12. o'. 2". Pollridie, feu 16
Nov. hora 12. 1'. o".
Altimdo Meridiana
Centri Veneris
Altitudo Meridiana
Centri Solis
dies Tranfitus Veneris
Nov. per meridianum
II ' "
14 ii- 59- 5
15 12. o. 2
16 12. I. o
Nodus defeendens 130. 19'. 4" Sagitt. fi cum Keplero ponatur Inclinatio Orbitœ 9
30. 22' 3).
Dans cette conjonction Vénus, on le voit, ne paflà pas fur le difque folaire.
230.
22'.
1 1
3°
2 2°.
46'.
2
23-
I.
IO
22.
SO-
37
22.
40.
n-s
22.
IS-
33
') Manuscrit II, p. 6. Comparez la note 1 de la p. 572. Les „Observations de la planète de Venus
faites à l'Observatoire Royal, au mois de Novembre [savoir du 1 au 25 Nov.] 1691 par Mr.
de la Ilire" ont été publiées dans le T. X de 1730 des ^Mémoires de l'Académie Royale des
Sciences depuis 1666 jusqu'à 1699".
2) Le moment précis de la conjonction a été calculé par de la Ilire d'après ses observations.
3) Comparez sur cette inclinaison la p. 177 qui précède. L'auteur anonyme de l'article du T. X
— note 1 qui précède — , ou peut-être de la Hire lui-même, ajoute: „Mais suivant le calcul
des Tables Rudolpbines le lieu de ce noeud devoit être a I4°i i'53" du I— >: ainsi il est trop
avancé de 52' 13" selon ces Tables". La recherche de la position exacte du noeud était le prin-
cipal but des observations.
V').
Piufièurs cmbraflent les tourbillons de des Cartes; tant on aime mieux s'imaginer
de feavoir que de relier ignorant fans adhérer a rien.
Quoiqu'il ne l'oit queftion ici que des tourbillons unilatéraux de Des Cartes (voyez fur les tour-
billons multilatéraux la Pièce I qui précède) il femble bien que la fentence de Huygensait un fens
plus général.
Dans le „Cofmotheoros" les tourbillons (multilatéraux) ne feront leur apparition que vers la
lin: Huygens maintient leur exiftence, mais il ne leur donne plus une place d'honneur. Ilelt poflible
que dans la préfente Pièce il n'entende parler que des gens du monde. Il femble toutefois également
poflible que ce foit aufli des phyliciens et aitronomes. Dans ce cas on le verrait ici — pour un irritant
et tout-à-fait privatim — partifan d'une phyfique qui fait fans doute des hypothèfes mais fans
adhérer à rien; ce qui nous rappelle le fameux „hypothefes non fingo" de Newton 2).
Comparez fur le doute de Huygens l'Appendice I (note 3) au „Cofmotheoros".
Comparez aufli avec la préfente Pièce le titre, cité à la p. 564, d'un des dialogues de la Mothe
le Vaver: de T ignorance louable.
') Charta? astronomie^?, f. 127. Nous avons déjà publié quelques remarques empruntées à cette
feuille aux p. 536 et 568 qui précèdent; voyez aulîi la p. 315.
= ) Comparez la citation de Newton dans la note 13 de la p. 5 du T. XIX.
73
DESCRIPTIO AUTOMAÏI PLANETARII.
Avertiffement.
La plus grande partie du Manufcrit de Huygens de la „Defcriptio" a été confer-
vée '); les dernières feuilles feules :) font défaut. Quelques notices de de Voldcr et
Fullenius font voir que lorfque la „Defcriptio" fut publiée en 1703 dans les „Opus-
cula poftuma", ce manufcrit fut envoyé à rimprimerie fans avoir été écrit au net 3).
La date de la compofition ne s'y trouve point; nous lavons qu'elle elt probablement
poftérieure à janvier 1 69 1 4). La ^eferiptio" peut fort bien être de quelques années
plus tard.
') Dans les „Cliart« astronomicœ".
2) Correspondant aux p. 189 — 200 des „()puscula postuma".
\ C'est ainfi, pour n'en donner que deux exemples, que sur la première des feuilles — la f. 177 —
est indique1 où commence la p. 433, c. à. d. la troisième page de la publication de 1703; et que
sur la f. 1 80 les deux éditeurs, ou probablement de Volder seul qui était à Leiden, ont biffé le
texte corrigé par Huygens pour rétablir son ancien texte, écrivant en marge: ,.te setten tgeen
uytgeliaalt is, en dat er boven geschreven is niet". Huygens avait biffe les nombres des minutes
et des secondes desquelles il faudrait faire avancer les planètes en 20 ans (voyez la p. 607 qui
suit) et s'était contenté d'écrire: Dentium vero numeri certa rationc, quammox exp< >-
nemus, reperti funt, tamque exacte medijs motibus aptati ut in annis viginti error
nullus qui quidem vilibilis fit exiltere queat. Poitpluresveroa-'tatcsubiopusfuerit
facile corrigitur ea rationc quam fuo loco docebimus. Nous avons en cet endroit cou
<ervé l'ancien texte, avec les éditeurs nommés.
4) Voyez la note 5 de la p. 1 12 qui précède.
582 AVERTISSEMENT.
Nous croyons inutile de publier le brouillon 5) du début qui occupe la f. 191 des
„Chartœ aftronomicaî" vu que le texte lui-même y elt prefqu 'entièrement conforme;
mais nous faifons imprimer comme Appendice II un autre début, fans doute antérieur,
où Huygens s'étend plus longuement fur le planétaire d'Archimède et où il dit que
l'astronomie „Tychonis Brahei obfervationibus et Kepleri induftria perfeétionem ferc
fummam elt adepta". On a vu plus haut que déjà avant 1687 fes doutes fur la vérité
des deux premières lois de Kepler avaient beaucoup perdu de leur force rt) et que
depuis l'apparition des „Principia" de Newton on peut dire qu'ils s'étaient évanouis ■"),
à cela près qu'il n'était pas convaincu — ce qu'on voit auïïi dans la „Defcriptio" 8) —
que des obfervations bien faites et les calculs correspondants confirmeraient fuffi-
famment la propofition que les noeuds fucceflifs afeendant et defeendant d'une même
planète font toujours (à fort peu près) oppofés l'un à l'autre par rapport au foleil9).
Comme dans le „Difcours de la Caufe de la Pefanteur" Huygens ne mentionne
qu'en quelques mots les agronomes antérieurs à Copernic. Il ne fait de plus aucune
allufion aux cercles excentriques qui lui femblaient — d'après notre AvertifTement
des p. 162 — 167 qui précèdent — lorfqifil commença la construction de fou auto-
mate, pouvoir repréfenter le vrai cours des planètes peut-être mieux que les ellipfes
de Kepler. La „Defcriptio" donne par conféquent au lecteur l'impreflion que les
cercles excentriques du planétaire proviennent uniquement du défir de ne pas rendre
la conftruction trop compliquée; quoiqu'en vérité Huygens dife IO) qu'il eut, fans
beaucoup de peine, pu y introduire de véritables ellipfes.
Avant 1684 ") Saturne n'a pu avoir dans le planétaire que trois fatellites; lors-
qu'il compofa la „Defcriptio'' Huygens l'avait rendu up to date par l'introduction de
deux fatellites nouveaux ,2).
5) Plein de ratures, doue assurément le premier.
rt) Voyez, à la p. 349 qui précède, le § 2 des „I'ensees meslees", datant de 1686.
7) § 12, datant de 1688, de la p. 143 qui précède.
8) P. 622 qui suit. Voyez aussi la note 3 de la p. 5-6 qui précède.
9) Voyez sur ce sujet la p. 310 qui précède où nous nous sommes servi d'une expression un peu
forte en disant qu'en 1686 Huygens „avait abandonné cette idée".
IO) P. 616.
") Voyez la p. 194 qui précède sur la découverte de deux satellites de Saturne par Cassini en cette
année.
I2) P- 59° : «Saturne porte avec lui cinq satellites".
AVERTISSEMENT. 583
Apres le pa liage: „Machinationes quafdam vidimus, vario artificio elaboratas ,3)"
Huygens avait noté en marge dans l'on manuferit - mais cette note a été biffée,
(ans doute par lui-même — : „atque inter cas elegantillimam viri illuftris Olai Romeri
quamille Lutetiae Pariliorum cum illic ageret perfecerat qua.' tamen fpontaneo motu
carebat" '+). Il eût pu ajouter que Roemer — de même que Caffini — était tycho-
nien ' 5), qu'il avait par confëquent donné la place centrale à la terre. Ceci peut avoir
été la principale raifon pour laquelle il a cru devoir conftruire pour l'Académie Royale
des Sciences — car c'elt a elle que Ton automate était primitivement deftiné — un
modèle du fyftème copernicain. Il avait évidemment l'ambition de collaborer au
triomphe définitif de celui-ci, le confidérant — il ne s'agit que de notre fyftème pla-
nétaire — comme le feul fyftème raifonnable Irt). Voyez cependant auffi, foit dit en
palTant, les confîdérations fur la relativité du mouvement, notamment la Pièce Vide
la p. 229 du T. XVI.
Il va fans dire que Huygens a choifi ce qu'il penfait être les meilleures valeurs poul-
ies dimenfions des orbes ainfi que pour les grandeurs des corps planétaires. Nous
reviendrons fur ce lu jet dans notre A vertilTement fur le Cofmotheoros. Bien entendu :
les planètes ont à deflein été faites beaucoup trop grandes pour ne pas êtreinvifiblespar
leur petitetTe; mais une table indique les rapports de leurs grandeurs, d'après Huygens,
a celle du foleil '■").
Il a en outre voulu, femble-t-il, fuggérer l'exiftence des tourbillons entourant h fon
avis chaque planète, même ceux dépourvus de fatellites, en les plaçant fur de petits
ronds l8). Si ces ronds ou cartouches ont déjà été introduits pour figurer la matière
lubtile lors de la conrtruction du planétaire par van Ceulen, ils ont dû repréfenter foit
feulement les tourbillons multilatéraux caulant la pefanteur ordinaire, l'oit auffi les
tourbillons unilatéraux menant, ou pouvant mener, des fatellites. Après 1687 -
,3)p-589-
'■») Voyez sur le planétaire de Roemer, outre la note 5 de la p. 588, la p. 1 1 1 qui précède.
15) Voyez la note 19 de la p. 31 1 qui précède.
16) Voyez cequ'il dit sur les„imagination> peu raisonnables de Tycho Brahe" à la p. 35- qui précède.
':) F. 600 qui suit.
") P. 590 qui suit.
584 AVERTISSEMENT.
voyez notre Avcrtiffemcnt au Difcours de la Caufe de la Pefanteur — ils pouvaient
repréfenter des tourbillons multilatéraux eau fan t à la fois la pefanteur ordinaire et la
pefanteur des fatellitcs. I luygens le contente de dire que ces petits difques représen-
tent „réther environnant" ce qui certes nous le montre fort peu défireux d'enfeigner,
ou même de proposer, au lecteur un fyftème déterminé. Comparez le troifième alinéa
de la p. 454 qui précède lequel commence par les mots: „Suppofant le mouvement
journalier de la Terre, & que l'air & l'éther qui l'environnent ayent ce mefme mou-
vement . . ." où l'„ether" cil déligné un peu plus loin par l'expreflion „matierc
celefte" ";). Il n'eft d'ailleurs pas certain que c'eft de tourbillons, quels qu'ils foient,
qu'il entend parler dans le pafTage ici confidéré. L'„ether" du „Traité de la Lumière"
n'était-il pas bien différent d'après lui de la „matière fubtile" ou „célelte", beaucoup
plus menue, dont le compofent les tourbillons? Il elt fort poffible que ce foit bien à
l'éther luminifère qu'il fonge ici 2°) lequel, étant fournis à la pefanteur, c. à. d. prefle
contre le globe terreftre (ou contre d'autres globes planétaires) par les tourbillons
multilatéraux de matière fubtile, y était à fon avis, pouvons-nous dire, plus denfe que
dans les efpaces interftellaires 2I). Gardons-nous cependant de trop rapprocher Huy-
gens du dix-neuvième ficelé ") où il ne fut plus guère queftion de matière fubtile
gravilique — une explication fatisfaifante de la nature de la pefanteur panifiant,
momentanément du moins, impoffible — , mais où l'on difeutait la queftion defavoir
ii l'éther luminifère doit être confidéré comme une lùbftance matérielle pelante peut-
être plus denfe auprès des corps céleltcs qu'ailleurs et partiellement entraînée par
eux, ou bien (théorie beaucoup plus récente) qu'il faut plutôt identifier l'éther avec
l'efpace de forte qu'il ell tout-a-fait impondérable et qu'il ne peut être queftion de fon
entraînement partiel ni par les corps céleltcs ni auflî par des corps mobiles lîtués auprès
de leurs furfaces tels que l'eau ou le verre 13).
Iy) Ailleurs aussi Huygens donne parfois à l'expression „ether" ou „matiere etheree" un sens plus
général que clans le Traité de la Lumière. Voyez p.e. la note 1 de la p. 288 du T. XIX ainsi que
la 1. 1 1 de la p. 353 et la 1. 1 de la p. 354 du présent Tome.
:o) Nous avons choisi cette interprétation en rédigeant la note 1 5 de la p. 1 5 du T. XIX.
-1) Voyez le 1\'° X de la p. 563 du T. XIX, ainsi que la p. 596 au même Tome, et la note 25 de la
p. 433 du Tome présent.
:2) Nous observons d'autre part qu'il est déjà question dans une lettre du 28 mars 1605 de Kepler
à Herwarl d'un entraînement de l'éther par les corps célestes: dans la traduction de M. Caspar
et W. von Dyck („.|oh. Kepler in seinen Briefen" I, p. 230): „Sodann ist die Annalime mit
der Natur wohl vertrâglich, dass die âtherische Luft zusammen mit den Sternen [il n'est pas
question ici des étoiles lixcs; Kepler parle de notre système planétaire] h erumgerissen \vird,etc."
AVERTISSEMENT. 58;
Ce n'eft pas, comme on a pu le croire faute de connaître les manuferits, après
Brouncker H) mais avant lui que I Iuygens s'eit fervi pour la première Ibis de fractions
continues. Il a été queition aux p. 389 — 394 du T. XX du „Trcatife of algcbra both
hiilorical and pradical" de 1685 de Wallis auquel la remarque de Brouncker elt pos-
térieure, et nous y avons déjà dit :5) que, pour calculer les nombres des dents des
roues de fon planétaire, 1 Iuygens fit ufage de fractions continues dès 1680. Rien ne
démontre qu'il ait eu fous les yeux le „Trattato del modo breviflimo di trovar le radice
quadre delli numeri" de 161 3 de P. A. Cataldi ou la „Geometria praética nova et
auéta" de 161 8 de Daniel Schwcnter, où Ton rencontre quelques fractions continues
fans qu'il soit queition d'en approfondir la théorie. Mais il connahTait :6) l'ouvrage
plus ancien „L'Algebra parte maggiore deU'Aritmetica" de 1572 de Rafaele Bom-
belli :") auquel s'applique la même remarque. Ce qui cit plus important c'elt que
Wallis dans fon „Arithmetica infinitorum" de 1656 qui lui était bien connue a lui
auili des fractions de ce genre et confidère des fractions réduites qui en proviennent.
C'elt dans la „Defcriptio" de Huygens qu'on en trouve pour la première fois une
théorie digne de ce nom. La note 36 de la p. 636 qui fuit fait voir que les théorèmes
trouvés par lui ne font pas poltérieurs à 1687.
Durant fa vie Huygens garda chez lui le planétaire conltruit par van Ceulen î8).
On peut confulter la p. 343 du T. VIII fur l'hiltoire ultérieure de l'automate lequel
— nous l'avons déjà dit à la p. 1 1 1 qui précède — fe trouve actuellement à Leiden
dans le Nederlandsch Hiltorisch Natuurwctenfchappelijk Mufeum.
=3) Comparez la p. 352 du T. XIX et la p. 508 qui précède où nous parlons de l'„éther de 1900"
(quoiqu'alors aussi il existât sur Pécher des opinions diverses).
Les petits disques qui portaient les planètes n'existent plus (ont-ils disparu lors de la recon-
struction de 1786, T. VIIF, p. 343?) mais le docteur C. A. Crommelin, directeur du Ncd.IIist.
Xat. Muséum, se propose de les rétablir. Actuellement la lune elle-même fait défaut. — Nous
écrivons 1786 au lieu de 1781 puisque dans le T. VIII l'inscription du planétaire a apparem-
ment été ma! lue.
:-t) Voyez sur Hrounckcr la p. 394 du T. XX.
:5) Note 9 de la p. 393 du T. XX.
'-'') D'après la p. 500 du T. VII.
:r) Sans s'être fort appliqué à l'étude de ce livre, comme on peut le voir à la p. 441 du T. XX.
:8) Il est plusieurs fois question dans la Correspondance de personnes qui vinrent le voir tels qn'
Auzout (T. VIII, p. 430), Molyneux (T. VIII, p. 530) et Bernier (T. IX, p. 99).
74
586 AVERTISSEMENT.
En traduifant la Defcriptio, nous n'avons tenu aucun compte de la traduction
antérieure d'Antide Janvier dans l'„Hiftoire de l'Horlogerie" de Pierre Dubois publiée
en 1 849 a9).
1,J~) La traduction de Janvier est mentionnée e.a. dans l'article de février 1930 „La machine plané-
taire et l'oeuvre de Huygens" par L.Reverchon et F. Ditisheim dans „L' Astronomie, revue men-
suelle d'astronomie, de météorologie et de physique du globe (Paris)".
Nous ajoutons que nous avons fait en 1928 une traduction néerlandaise de la Descriptio
pour le „Planctariumboek Eise Eisinga, samengesteld door E. Havinga, W. E. van Wijk en J.
F. M. G. d'Aumerie" (Arnhcm, van Loghum Slaterus).
CHRISTI ANI HUGENII
DESCRIPTIO
AUTOMATI PLANETARII.
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
C'eft de nos jours feulement, me femble-t-il, que Ton a acquis une connaiflance
définitive et parfaite des chofes célcfles, quoique l'ailronomie foit déjà née il y a deux
mille ans et ait été cultivée dès lors par des efprits éminents: c'ell dans la dernière
centaine d'années, pour être plus précis '), qu'on y a fait plus de progrès que dans
tout le reste du temps. En effet, nous n'avons pas feulement appris a faire beaucoup
mieux et plus fimplement ce qui conftituait jadis le but principal des recherches, (avoir
déterminer les lieux des aftres tant fixes qu'errants, établir les longueurs de l'année et
des mois, et prédire les éclipfes; mais nous fommes de plus, ce qui efl plus important et
plus glorieux, poffeffeurs d'une feience certaine fur l'ordre, la pofition, la proportion
et la figure des orbes célcfles fuivant lefquels les planètes et notre terre elle-même
circulent autour du foleil; nous avons en outre par nos obfervations télefeopiques
accru le nombre des aftres connus d'innombrables étoiles fixes ainfi que de planètes 2)
nouvelles. Avant le temps de Copernic, et même en partie avant le nôtre, tout ceci
gifait enfoui fous de profondes ténèbres. Or, fâchant jufqu'à quel point les anciens
altronomes ont été dépourvus d'une véritable connaiflance du fujet de leurs études,
de forte qu'ils n'ont pu faifir ni la nature des différentes parties du fyftème ni la forme
de l'enfcmble, l'on comprendra aifément qu'il leur a été impoffible d'en conflruireune
bonne image ou repréfentation artificielle. Quoique dans les écrits des érudits les
fphères d'Archimède et de Pofidonius — cette dernière étant mentionnée chez Ci-
céron 3) — foient beaucoup louées, il efl par conféquent certain, malgré ces louanges,
qu'elles n'ont pu avoir aucune reffemblance à l'archétype célefte ni aucune confor-
mité de leurs mouvements aux mouvements véritables, bien qu'il foit croyable
qu'elles aient été fabriquées avec beaucoup d'intelligence et d'induftrie. Nous favons
que depuis le temps où l'aflronomie fut réformée et rendue plus parfaite, de forte
que l'on pouvait plus facilement entreprendre de pareilles conflruétions, plufieurs
s'y font en effet appliqués avec fuccès 4); nous avons vu quelques-unes de leurs pro-
ductions mécaniques diverfement agencées 5). Quant à nous, nous avons fait fabriquer
') Puisque l'ouvrage de Copernic est de 1543, Huygens eût pu dire 150 ans au lieu de 100 ans.
2) Il s'agit de planètes secondaires ou satellites.
3) Voyez la note io de la p. 172 qui précède.
4) On peut consulter les p. 172 — 174 qui précédent.
5) Voyez notamment ce qui a été dit à la p. 1 10 qui précède sur le planétaire de Roemer, mais
consultez aussi sur ce sujet la note 19 de la p. 31 1 qui précède, ainsi que la note 9 de la p. 505
du T. XVIII et l'Appendice II qui suit.
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII.
e r u m cœlefldum fcientiam antebismille annos inchoatam,
magnifque ingénus excultam, noftra dcmum rctate abfolu-
tam, ut mini videtur, perfectamque habemus; Idquc ita, ut
ccntum circiter his proximis annis ') plus profcftum lit
quant rcliquo omni temporc. i)ux cnim antea in hac artc
prcecipua erant, loca ftellarum dcfinire tum fixarum tum
errantium; anni ac menfium fpatia difpefccre, Eclipfes prae-
dicere, ea omnia non iblum multô melius planiufque nunc
taccrc didicimus; led & quod majus clt, ac prœclarius, ordi-
nem, politum, proportionem & figuram orbium aeleltium, quibus circa Solem Planetae
ac Tellus ipfa circumfcrtur, ilimma certitudine comprehenfa tenemus; ftellas fixas
innumoras, planctafque alios 2) Tclefcopii obfervationibus perccptos priorum numéro
addidimus. Qua? omnia antc Copcrnici œvum, quaedam & in noitrum ufque, profundis
tenebris demerlà latebant. Itaque fi quis cogitct quantarum in arte (lia Ferons cogni-
tione vcteres Aitronomi caruerint; adeo ut ncc partes Syftematis fingulas, nec formam
totius habuerint perfpeftam; facile quoque intelligct lieri non potuifTe, ut inftar ejus
aut imaginem aliquam arte effingercnt. Quarc etfi plurimùm celebretur doctorum
fcriptis Archimedea fphœra ac Pofiidonii illa, cujus apud Ciceronem ') mcntio facta | rc- (/>. 432).
peritur, ccrtum tamen eft, nullam iis nec archetypi carleilis fimilitudinem inerte po-
ntifie, nec verorum motuum imitationem, etfi fummo ingenio, induftriaque fâbricatas
fuifle credebile fit. Ex eo vero temporc, quo reformata reititutaque in melius fuit
Allronomia, ficut facilius res eadcm tentari potuit, ita a pluribus quoque fufceptam
effectamque Icimus4); quorum & Machinationes quafdam vidimus, vario artificio ela-
boratas5). Nos vero ab his omnibus diverfam viam fecuti taie fabricari curavimus
590 DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
un automate de ce genre d'après un fyftème différent de tous les autres: dans notre
planétaire à nous nous avons obtenu par un petit nombre de roues en mouvement
continuel que fur la furface d'une table plane les corps des cinq planètes primaires
parcourent leurs orbes autour du soleil, et la lune le fien autour de la terre, dans les
mêmes périodes qu'au ciel; il s'agit d'orbes excentriques repréfentant les vraies di-
menfions et pofitions des orbes planétaires céleftes, tandis que de plus dans chacun
d'eux a été confervée l'inégalité du mouvement par laquelle les planètes marchent
plus vite lorfqu 'elles fe trouvent à plus petite diftanec du foleil. Nous avons noté en
outre la petite déclinaifon ou angle de leurs plans avec l'écliptiquc ou plan de l'orbe
de la terre. De forte que, pour ne rien dire de l'élégance du fpectacle, la pofition des
planètes peut être trouvée a l'aide de l'automate non feulement pour le préfent mais
auffi pour le futur ou pour le paffé comme par une éphéméride perpétuelle, qu'on y
voit donc auffi leurs conjonctions et oppofitions tant avec le foleil qu'entre elles, et
cela d'autant plus exactement que la machine a été conftruite à une plus grande
échelle. Comme plufieurs ont demandé un expofé de cette invention, voulant ou bien
fimplcment la connaître ou encore l'imiter, nous donnerons dans ce livre la defeription
de l'appareil. Je commencerai par la contraction du dehors qui enferme tout le mé-
canifme.
Cette partie extérieure a la forme d'un octogone lequel eft de bois et possède un
diamètre de deux pieds et une épaiffeur de fix pouces. La boîte eft fufpendue au mur
et balancée fur fes gonds — lesquels fe trouvent à gauche — de forte qu'on peut la
tourner quand on veut et l'ouvrir par derrière pour examiner l'intérieur. Par devant
on voit une table de cuivre doré recouvrant tout l'efpace octogone et protégée par
une glace, fur laquelle table font tracés les orbes des planètes d'après le syftème de
Copernic mais fuivant les proportions keplériennes. Ces orbes font découpés de telle
manière et fi profondément que par les fentes fe peuvent mouvoir de petites pinnules
entraînant les planètes en forme de demi-globes lefquels cheminent au deffus de la
table et gliffent pour ainfi dire fur fa furface; dans ce mouvement Saturne porte avec
lui cinq fatellites, Jupiter quatre, et la Terre un feul qui eft notre Lune, ceux-ci étant
placés fur les mêmes ronds que les petits corps des planètes. Il faut (avoir qu'aux
autres planètes qui ne poffèdent pas de fatellites j'ai néanmoins attaché des ronds de
même efpèce pouvant repréfenter l'éther environnant 6~) et rendant en même temps
les planètes [Fig. 140] mieux vifibles. Toutes les planètes primaires, favoir, outre
celles déjà nommées, Mars, Vénus et Mercure décrivent d'une façon continue leurs
mouvements autour du Soleil immobile en obfervant exactement non feulement leurs
<5) Nous disons quelques mots dans l'Avertissement sur cet „éther environnant".
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII. 59 I
Auconv.uon, in que exiguo rotarum continenter euntium numéro ciVecimus, ut in
tabulas plans fuperficie Planetarum quinque primariorum corpora circa Solem, Lunae
vero circa Terram, curfus luos abfolverent, iifdem quibus in ctvlo temporibus, atque
in iis orbibus excentricis, qui caeleltium veram dimenfionem poiitumque exprimèrent;
fervata quoque in Gngulis motuum inaequalitate, qua celerius ieruntur in partibus a
Sole minus remotis: & annotata denique exiguailladeclinationcquaabEclipticasiive
orbitae Telluris piano evagantur. Adeo ut praster fpectaculi elegantiam,etiampofitus
Planetarum non modo in praefens tempus fed & in futurumaut prateritum, tanquam
ex perpétua quadam ephemeride hincdifcereliceat,necnonconjunctiones, oppofitio-
nefque omnium, cum ad folem, tum inter le; idque tanto exactius, quanto ampliore
forma opus effectum fuerit. Qua? inventio cum a multis expctitafit,quivelcognofee-
te vel imitari eam cuperent, hoc libro cujufmodi lit exponemus. Incipiam vero a
Machina; conftructione exteriori, qua; totum opus compleclitur.
Itaquc Octogonum eft è ligno coagmentatum, bipedali diametro, profunditate
pollicum fex. Hoc ad parietem ita fufpcnfum eit, & cardinibus fuis libratum,| qui in (/■»■ 433)>
finittro latere affixi funt, ut cum libuerit converti machina polîit, & averfa parte recludi,
quo interiora confpiciantur. Facic anteriori lamina ex aère aurata cernitur toti octo-
gone praetenlà ac vitro (peculari tefta, in qua Planetarum orbes fecundum Copernici
fyftema, fed Keplerianas proportioncs deferipti funt, ac penitus excifi, adeo ut per
rimas eas pinnulae exiguas commeent, quibus Planetarum globuli dimidiati fupra lami-
nam ac velut in fuperficie ejus volvantur, Saturno quinos,Jovc quaternos, Tellure
unicum comitem, qux Luna noftra eft, fecum ferente, qui nimirum comités iifdem
orbiculis impofiti funt, quibus Planetarum ipforum corpufcula. Nam & eseteris pla-
netis qui comités nullos habent, ejufmodi tamen orbiculos addidi, qui circumfufum
asthera6) ref errent, limulque planetas efîicerent vifibiliores. Ac Planeta; quidem pri-
marii omnes, ut funt prater jam dictos, Mars, Venus, Mercurius, ita continue motus
fuos circa Solem immobilem peragunt, ut non tantum periodica tempora, fed &ano-
59-
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
temps périodiques mais aufli les lois de l'anomalie •"). La Lune, elle, fait des révolu-
tions menfuelles autour de la Terre. Mais il n'a pas été pollîble de faire accomplir des
révolutions aux Satellites de Saturne et de Jupiter, tant à caufe de la petitefle de la
machine que pour ne pas accroître le travail outre mefurc. Ces fatellites-là ne l'ont
donc attachés qu'à un feul difque dont la planète primaire occupe le centre.
[Fig. i
:V>
1 -a circonférence de cercle qui repréfente l'écliptiquc embralTe tous les orbes pla-
nétaires; elle eft divifée en l'es douze lignes et 360 degrés. Toutes les pofitions appa-
rentes des allres confidérés par rapport h l'écliptiquc font facilement déterminées
T) Voyez sur ce sujet les p. 125—128 qui précèdent.
DESCRIPTIO AUTOMATI l'LANF.TARII. 593
malice legcs exacte fervent "). Circa Terram veroLuna nienrtruasrcvolutionesconlicit.
At m Saturni Jovifque comitibus idem perficere non licuic; cum ob machinas parvi-
tateni, cum ne œquo longius labor excrefceret. ïtaque hi uno cantum orbiculo allixi
tenentur, cujus primarius Planeta centrum occupât.
Porro omnes Orbitas Planetàrias Ecliptica? circulus ampledicur, fignis fuis duo-
deeim, gradibufque 360 divifus. In quo apparentia horum aftrorum loca, facillimc lie
inveftigancur. Nempe fi locum Planera? fecundumlongitudinem,ut vocant, inquirere
75
594
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
comme fuit: pour trouver le lieu d'une planète d'après fa longitude, comme on dit,
il fuffit de tendre un fil de la terre à la planète, auquel fil un autre partant du centre
fixe du foleil efl: tendu parallèlement jufqu'à une certaine divifion de l'écliptique la-
quelle indiquera la longitude cherchée. Or, cette opération peut également être
exécutée, fans ouvrir la glace dont nous avons parlé plus haut, a l'aide d'un certain
[Fig. 141]
parallélogramme compofé de deux bâtonnets égaux et de deux fils pareillement égaux
entr'eux qui y font attachés: on place ce parallélogramme fur la glace et, en laiflant
l'oeil dans la même pofition, on l'y adapte de telle manière que tandis que l'un des
deux fils palTe par les centres de la terre et de la planète, l'autre efl: dirigé fuivant un
rayon du foleil, auquel cas ce dernier fil indiquera fur l'écliptique le lieu de la planète
fuivant fa longitude. Quant à la détermination de fa latitude nous en parlerons plus
loin lorfque nous aurons fait connaître quelles circonférences de cercle il a fallu tracer
h cet effet.
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARJI. 595
placer, tantummodo tîlum è Tellure ad planetam illumextcnditur; eiquefilo alterum
ex Solis centre), quod ibi fi|xum manet, Parallelum ducitur ad Ecliptkœ diviiiones (/>. 434)-
utque; hoc enim Planetae longïtudinem oftendet. Atque idem hoc parallelogrammo
quodam filari ex bacillis duobus aequalibus duo fila itidem aequalia innexa habentibus
confiance peragi poteft, claufo manente vitreo, quod fupra indicavimus, opcrculo.
I Iuic enim parallelogrammum imponitur, atque oculo defuper manente immoto, tta
coaptatur, ut altero tilo fuper Terra ac Planetae centrum tranfeunte, alterum Soli
immineat, quod fimul in Eclipticae circulo locum Plancta? fecundum longitudinem
indicabit; de latitudine vero cognoicenda pollea dicemus, poitquam circulos in hune
ulum deferibere docuerimus.
59<5
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
À la partie inférieure de la table, entre les orbes de Saturne et de Jupiter, il y a
deux ouvertures peu diftantes Tune de l'autre, longues de deux pouces, larges d'un
demi-pouce, où panifient, dans la plus haute le jour du mois, dans l'autre l'an de notre
ère. Comme tout le refte, ces chiffres corrcfpondent à des rouages particuliers lefquels
tournent par le mouvement de l'automate, la première roue ayant des divifions égales
de 3 x 365 jours8), et la deuxième de trois cents ans (voyez la Fig. 141). Le mouve-
ment lufdit provient d'une horloge intérieure qui indique de plus les heures et les
minutes dans une ouverture fémicirculaire faite à la partie fupérieurc entre les orbes
de Jupiter et de Mars. En effet, tandis que le numéro de chaque heure y pafTc, elle
en fait voir en même temps les parties fexagéfimales.
Mais toute la machine peut auffi être mife en mouvement à la main l'oit qu'on
veuille, pour jouir de ce fpeétacle, faire parcourir aux planètes leurs orbes en peu de
temps, foit auffi qu'il faille connaître leurs politions à un moment donné paffé ou futur.
Dans ce but on applique a la partie droite de l'oétogone une manivelle qui, tournée
(ans effort, ajoute par chaque révolution le mouvement d'une année à la pofition de
toutes les planètes, ou bien, lorfqu'on tourne en fens eontrairc, les fait rétrograder
d'autant, de forte que la pofition de ces corps céleftes peut être repréfentéc telle
qu'elle a été dans les derniers eent ans ou bien telle qu'elle (era dans le cours des deux
fièclesqui fuivront. On ramène enfuite
le tout au temps préfent avec la même [Fig.
facilité, tournant la manivelle jufqu'h
ce que le jour et l'an réapparaiflènt an
milieu des dites ouvertures. Ceci étant
accompli, il tant enlever la manivelle
pour que tout le mécanifme reprenne
le mouvement automatique qu'il avait
auparavant.
Pour qu'on lailille d'autant mieux ce
qui a été expofé jufqu'ici nous inter-
calons la figure de l'automate [Fig.
1 42] y) tel qu'il apparaît a l'extérieur.
:; ; De Volder et Fullenius ont à tort omis le mot „ter"\
y) Cette figure a été omise par de Volder et Fullenius quoique Huygens y eût ajouté en marge:
qua? magna deferibi poterit in pagina in 40.
DESCRIPTIO AUTOM \TI PLANETARII. 597
Infêriori parte Lamina?, inter Saturai Jovifque orbitas foramina bina funt parvo
intervallo diltantia, binofque pollices longa, dimidium laça, quorum fuperiore dics
Mentis, altero Annus Epochse noftrse comparée, itidem ut estera luis orbibus delati
& Automati motu volubiles, quorum illc ter 365 dierum squales divilionesbabet s),
hic trecentorum annorum. IMotus autem ab inclufo horologio oritur, quod idem
horas quoque & icrupula prima indicat in femicirculari foraminc inter Jovis ac Marris
Orbes parte luperiori incifo. In eo namque numerus horae cujufque ordine pra:tcr-
labens, particulas quoque fexagelimas una opéra demonftrat.
Movetur autem & manu machina tota, cum vel fpeclaculi gratia Planetarum dis-
curius exigui temporis mora tranfigi placet, vel ad tempus datum futurum pra'teri-
tumve polîtus eorum requiritur. Tune enim lateri dextro Octogoni manubrium
inferitur, quod levi manus motu converfum,qualibct circumduétione annuum motum
planetis univerfis fuperaddit; vel con | traria ratione agitatum tantundemillos in prae- (A 435 •
cedentia retrahit, ut retrorfum quidem in centenos annos, in futurum ad ducenos,
qua?cunque luit aut tutura eft cœli politura repraefentari queat. Pari vero facilitate
omnia rurfus ad praefens tempus reducuntur, converfo manubrio, donec ad puncta
diclorum foraminum média diesannufque reftituantur. Quo peracto auferendum cil
manubrium, ut rurfus automatico motu omnia licuti prius ferantur.
Sed qux hactenus expofita funt, quo clarius percipiantur figuram hanc Automati,
quale extrinfecus apparet, adjicimus '-').
598
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
[Fig. 140]
=2=--
EXPLICATIONDELAFIG. 140
vv. Ecliptique divifée en 1 2 figues et 360 degrés.
B. Soleil.
c. Orbite de Mercure.
d. Mercure.
e. Orbite de Vénus.
F. Vénus.
g. Orbite de la Terre.
h. /,# Terre et la Lune tournant autour d'elle.
1. Orbite de Mars.
k. Mars.
l. Orbite de Jupiter.
m. Jupiter avec [es quatre fatellites.
n. Orbite de Saturne.
DRSCRIPTIO AITOIMATI l'LANETARII. 599
explànatio
Tab. 1. Fig. 1.
V.V. Ecliptica divifa in fîgna 12 & gradus 360.
ii. Sol.
c. Orbita Mercurii.
d. Mercurius.
e. Orbita Veneris.
f. Venus.
g. Orbita telluris.
h. 7V//«w cwf» Lima, quœ circa eam volvitur.
1. Orbita Martis.
k. Mars.
l. Orbita Jovis.
m. Jupiter cum quatuor fatellitibus.
n. Orbita Saturni.
6oo
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
o. Saturne avec j es cinq fatellites.
a a. Sont les lieux des apogées pour les diverfes planètes.
S11S Indiquent les noeuds des différentes planètes, le premier fignelenoeud a feendant^
r autre le defeendant.
pp. Sont les circonférences des cercle des latitudes pour chaque planète.
^>. Dénote le mois de l'année et le jour du mois.
r. Indique Vannée de Père chrétienne.
s. Montre les heures et les minutes.
T. Est une fi gui- e indiquant la proportion des planètes au foleil ainji que leurs
grandeurs relatives, lef'quelles la Fi g. 1 43 fait connaître exactement.
[Fig. 1 43] La figure 1 43 montre la vraie proportion de la di-
menfion du difque folaire à ceux de toutes les autres
[fie] planètes.
Il faut lavoir, qu'il était impoffible que dans la ma-
chine les corps du (bleil et des planètes fu fient repré-
fentés fuivant les véritables proportions de leurs
dimenfions à celles des orbites: il auraient tous été in vi-
fibles à caufe de leur pctitcfïe. C'efi: pourquoi nous
les avons tous fait graver à part en un endroit vacant
de la table en indiquant les dimenfions de chacun
d'eux. Le plus grand cercle y repréfente le folcil, les
autres les planètes placées contre le bord intérieur du
foleil pour que les véritables rapports de leurs grandeurs tant entre elles qu'à l'égard
de lui apparaiflcnt diftin&ement. Ces rapports ont été calculés en tenant compte tant
de la comparaifon des diftanecs que de celle des grandeurs des diamètres tels qu'on
les obfervc avec le télefeope, comme cela cft expliqué dans ce que nous avons écrit
jadis fur les mervcillcufes formes de Saturne ,0). Or, ces corps planétaires font bien
plus petits par rapport à la grandeur du foleil que ne l'ont enfeigné les aftronomes
antérieurs. 11 n'elt pas étonnant que parmi eux les anciens, déjà mentionnés plus haut,
qui ne connaîtraient pas les rapports des orbes entre eux et qui d'autre part mefuraient
les diamètres des planètes à l'oeil nu et fans grande application, fc foient égarés de
beaucoup; mais les allronomcs plus récents, même ceux qui ont écrit après l'invention
du télefeope, ont encore publié des mefures bien différentes des nôtres.Jcn'héfitc pas
à affirmer que ces dernières font plus exactes puifque nous avons en premier lieu ob-
fervé ces altres avec de plus grands télefcopes et que d'autre part nous avons mefuré
IO) «Systems Satnruîum" de [659, notre T. XV.
DESCRIPTIO AITOMATI PLANETARH. 60 l
o. Saturnus cum qulnque fatellitibus.
a . a . Sunt loca Apogai in fingulis planetis.
AV Dénotant nodos In fingulis planetis, ïllum afcendentem, hune defcendentem.\ (/>• 43<9-
v. p. Sunt circuit latitudinum in fingulis planetis.
q. Notât anm menfem & m en fis die m.
r. Notât annum Epochœ Chriftiana.
s. Mvnflrat horas & horarum minuta.
t. Figura, qiitc dénotât Planctarum ad Soient & inter fe proportionent, quam
Fig. 2. accurate exprhnit.
F I G . 2 .
Fig. 2. Exhibet ver a m proportionem magnitudinis difei Solaris, ad reliquorum
omnium Planctarum difeos.
Cancrum fieri non poterat, ut ipfa Solis & Planctarum corpora fuis proportionibus
ad hune orbitarum modulum exprimerentur; quippe qua? omnia vifu percipi ob exili-
tatem ncquirent :*) ideirco feorfim eos omnes in tabula? loco vacuo deferibendos cura-
vimus ea, qua? hic lignata eft, magnitudinc. Itaquc major circulus Solem refert, reliqui
Planetas juxta Solcm pofitos ut vera eorum tum inter fe tum ad Solem magnitudinis
ratio apparcat. Ea vero & ex diitantiarum 6k ex diametrorum telcfcopio obfcrvatorum
comparationc conftituta eft; quemadmodum in his,qua? de Saturni mirabilibus formis
olim confcripfimus, ,0) eft explieatum. Sunt quidem haec Planctarum corpu feula ad
Solis magnitudincm multo exiliora, quam ab aftronomis qui ante nos fucre funt pro-
dita. E quibus prifei illi qui nec orbium inter fe rationem cognitam habebant, & nudo
vifu atque indiligenter prorfus Planetarum diametros metiebantur, non mirum cil fi
longillimc aberrarunt; recentiores vero, quique invento jam tclefcopio feripfere, etiam
hi non parum ab hifee menfuris noftris diverii abierunt. Quas equidem veriores efle
adfeverare non vereor, quod &ma|joribus organis viforiis ha?c fidera nos obfervavimus (j>. 43-).
& certiori ratione diametros dimenfi iimus. Itaque quse Solem inter ca'terofque Pla-
*) Sur la plaque de devant du planétaire Huygens a fait graver — comparez la Pièce VI de la p.
332 qui précède — : Sciendum est, si ad hanc orbium planetariorum magnitudincm
veris proportionibus caetera referantur, Terrain tune planctasque omnes fore ea
parvitate quae cerni oinnino nequcat. Solem exigui puncti instar; duploque fere,
quam sol, minore diametro orbitam Lima?. Extremorum vero, Jovis et Saturni,
comitum orbitas n< m majores hujusmodi cireellis . . . [voyez les „circelli" de la p. 332].
-6
rt0 2 DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
leurs diamètres d'après une méthode plus fûre. Le rapport qu'on voit indiqué ici entre
le foleil et les autres planètes eft. donc certain, ou du moins il ne diffère du rapport
véritable ou point du tout ou fort peu ' '). Seul le rapport de la grandeur de la terre à
celle du foleil a été établi avec moins de certitude: nous l'avons défini en difant que,
puifque la terre eft placée entre les aftres Mars et Vénus, on peut auffi par hypothèfe
adopter pour fa grandeur une valeur intermédiaire I:). Ce raifonnement conduit à
une diflance du foleil d'environ 1 2000 diamètres terreftres et à une valeur 1:110 '•')
pour le rapport du diamètre terreftre à celui du foleil; or, ces valeurs ont été très bien
confirmées par la fort fubtile obfervation de certaines parallaxes poftérieurement
exécutée par d'excellents aftronomes, obfervation qui leur a permis de calculer la
diflance de Vénus en fou périgée t4).
XI) Voyez cependant ce que nous disons sur ce sujet dans l'Avertissement, ou plutôt dans celui
du „Cosmotheoros" auquel nous renvoyons le lecteur, ainsi qu'à la p. 199 qui précède.
I2) Nous avons déjà rappelé cette hypothèse à la p. 308 qui précède.
i:>) Nous avons conservé le nombre no des éditeurs de 1703. Huygens avait laissé le nombre en
blanc. Dans le „Systema Saturnium" il écrivait pour le même rapport 1 : 1 11. Comparez la
note 25 de la p. 622 qui suit.
'4) Nous ne croyons pas qu'en parlant de l'observation de„certaines parallaxes" Huygens ait en
vue une mesure de la parallaxe de Vénus, quoique plus haut (p. 359) nous l'ayons entendu
parler, dans un passage d'ailleurs biffé, de la parallaxe de cette planète-là. À la p. 331 qui pré-
cède, Huygens faisait mention des „mesures des distances des Planètes" par Cassinidont celui-ci
parle dans son traité de 168 1 sur la comète de 1680 — 168 1 ; il y est question à la p. 28 du sy-
stème de la terre et sa lune situé „entre celuy de Venus d'un costé, & celuy de Mars de l'autre"
et Picard mentionne „les mesures que j'ay tâché d'en prendre". Ceci pourrait faire croire que
Picard a mesuré non seulement la parallaxe de Mars, mais aussi celle de Vénus. Nous ne croyons
cependant pas que tel ait été le cas. Il a déjà plusieurs fois été question dans le présent Tome de
la mesure de la parallaxe de Mars tant par Cassini que par Richer en 1 672. Il est vrai que Richer
semble s'être proposé de mesurer aussi celle de Vénus (Delambre, Histoire de l'Astronomie
moderne, II, p. 738: „Les objets principaux de ce voyage étaient . . . l'observation . . . àc^ pa-
rallaxes du Soleil, de Vénus et de Mars . . ."), mais nous ne voyons pas<|u'il ait exécuté ce
projet. Dans son article de 1691 (Philos. Transactions, N° 193) „De visibili conjunctione in-
feriorum planetarum cum sole, dissertatio astronomica", E. Halley ne fait aucune allusion à
une mesure déjà obtenue de la parallaxe de Vénus. Cet article se termine comme suit: „At in
observando Veneris in Solem ingressu & ab eodem egressu, spatium temporis inter momenta
contactuum internorum ad ipsum temporis minutum secundum . . . obtineri potest. Ex duabus
autem talibus observationibus in Locis idoneis débite instituas, intra quingentesimam partem
certô concludi Solis distantiam proximà occasione commonstrabo". Comparez, p. 308 qui
précède, ce que J. Cregory avait déjà dit en 1663.
„Par une multitude de comparaisons, [Cassini] fait de 25",5 la parallaxe de Mars; d'où il
conclut 9"„5 pour celle du Soleil. On n'a pas eu mieux jusqu'au passage de Vénus" (Delambre,
Histoire de l'Astronomie moderne II, p. 741).
La valeur 9",5 est en effet beaucoup meilleure que celle — io"i8" — que Cassini trouva plus
tard; voyez la note 5 de la p. 46 qui précède. Flamsteed dans sa lettre à Cassini de juillet 1673
avait dit que la parallaxe du soleil — il s'agit toujours de la parallaxe horizontale — est „sum-
mùm 10"."
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARU. 603
notas hic ccmitur exprcfla ratio, ca certa eft, atque a vcra velnihil vcl minimum quid
diverla.") Una tantum Telluris minus liquido comporta eft, quam nos hac rationc
definivimus; ut lient loco intor Marris & Voncris ltollas modia eft Tellus,ita ponatur
& magnitudine 1:); oxindo diftantia Soliscircitcr 12000 Terra; diametrorumellicitur,
Terra;que diametor ad Solarem ut 1 ad 1 1 o ' :,);quas tamon menfuras fubtilliffima illa
parallaxium obfervatio a fummis aflronomis poftea adhibita, qua Voncris perigaù dis-
tantiam ad calculos revocarunt, egregie confirmavit14).
604
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
Quant au mouvement aperccvable au dedans de l'automate [Fig. 144], Ton agen-
cement cil reconnu en confidérant attentivement l'intérieur après avoir tourné la
boîte. En effet, après avoir enlevé la planche qui recouvre la machine de ce côté, on
voit apparaître dans fon corps une table de cuivre occupant, comme celle de devant,
tout l'octogone; elle cft diftante d'un pouce de cette dernière et porte plufieurs pe-
tites colonnes. En fécond lieu un axe transverfal de fer le préfente a la vue long de
deux pieds et pourvu d'un nombre de roues égal a celui des planètes, chaque roue y
étant attachée avec une vis paffant par le moyeu. Les dents de ces roues s'adaptent à
celles d'autres roues plus grandes faifant circuler les différentes planètes et fituées
entre les deux tables ou plaques. ïl y a en outre fur le même axe commun encore une
autre roue dellinée a faire tourner le cercle des jours et des mois, ainfi qu'une particule
d'une vis fans fin, comme on a l'habitude de dire, laquelle par l'intermédiaire d'un
DE5CRIPTI0 AUTOMAT1 PLANETARU. 605
Motus autem, qui in hoc Automaco cernitur, ratio converfopegmace, inipcctaque
intus machina cognofcitur. Reducto cnim quod hac parte cam claudit operculo, ap-
parct intus lamina ox xtc otfogonum totum, uti anterior, occupans, atque ab illa
anteriorc pollicis unius intervalle) remota, & columcllis pluribus conforta. Porro axis
quidam ierreus hic apparet bipedalis tranfverfim objeétus, ac totidem, quot funt Pla-
netas, rôtis inilructus, quarum unaquaeque cochlea una permodiolum trajecta affigitur.
1 larum rotarum dentés dentibus majorum rotarum Planetas finguloseircumferentium,
interque binas laminas jacentium aptantur. Porro eidem axi communi alia prxterea
rota inhdet circulo dierum ac menfium convertendo dcltinata; itemque cochleae, quam
606 DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
certain petit axe denté, fait tourner, une fois en trois cents ans, un cercle où fe trou-
vent inferits les chiffres correfpondants à chacun d'eux.
Or, la poiition de cet axe de fer cil la fuivante: il eft horizontal mais non pas paral-
lèle à la grande table dont nous avons parlé : h droite, pour celui qui examine l'intérieur
de l'automate, il f en écarte beaucoup plus que de l'autre côté, ce qui a dû être fait
ainli pour que la converiion de cet axe unique pût fufîire pour mettre en mouvement
toutes les planètes.
Les nombres des dents ont été trouvés d'après une méthode que nous expliquerons
un peu plus loin; ils font adaptés fi exactement aux mouvements moyens qu'en vingt
ans il fuflit de faire avancer Saturne de i minute 34 fécondes, Jupiter de 1' 9", Mars
de 24' o", Vénus de 30 37', Mercure de 7' 47", la Lune de i° 31' I5). Nous n'avons
d'ailleurs pas feulement repréfenté les mouvements moyens, mais outre ceux-ci l'in-
égalité qui exifte en réalité dans la marche de chacune des planètes, ceci fuivant les
anomalies établies par Kepler dont l'autorité eft fort grande auprès des agronomes I(î).
Nous ferons voir en lieu propre comment cette inégalité eil obtenue.
On voit en outre de ce côté du planétaire l'horloge automatique attachée à la dite
table un peu au deffus de l'axe, par la force de laquelle ce grand axe exécute fes ré-
volutions annuelles entretenant le mouvement continu univerfel; en effet, le mouve-
ment eft tranfmis par l'horloge à la roue montée fur l'axe que nous avons dite être
adaptée au cercle des jours et des mois, comme cela paraîtra plus clairement dans la
figure ci-jointe [Fig. 144]. Il ferait inutile de décrire l'intérieur de l'horloge, puifque
cette invention eft bien connue. Elle eft mife en mouvement par un reffort fpiral. Or,
nous avons ici afluré l'uniformité du mouvement par un deuxième reffort hélicoïdal
capable de tempérer les ofcillations par fa vertu égalifatrice, remède que nous avons
conçu en fécond lieu après l'invention du pendule1"); il eft en vérité moins fur que
celui-ci, puifque la force du reffort augmente ou diminue quelque peu par le froid et
la chaleur; mais ici cet agencement était plus apte et plus pratique. Quant au premier
reffort, il doit être remonté une fois par femaine.
IS) Ceci s'accorde avec la table de la p. 176 qui précède. Voyez aussi sur ce passage la note 3 de
la p. 581 qui précède.
I(S) Les mots „quorum apud astronomos maxima auctoritas" avaient été biffes par Huygens et rem-
placés par: quas haclcnus aftronomi plcrique fequuntur. Ici aussi (comparez la note
précédente) nous avons, avec les éditeurs de 1703, conservé l'ancien texte.
ir) Consultez sur ce sujet, c. à. d. les remontoirs à ressort moteur, les p. 181 — 182 du T. XVII.
m.SCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII. 6oj
inlinitam vocant, particula, quae circulum cum infcriptis annis trecentis, totidem anno-
rum (patio femel circumducit, intercedente axiculo quodam dentato.
Pofitum vero axis ferrei quod attinet, ishorizontiquidemparalleluseft, non autem
lamina? magna? quam|jam demonftravimus, fed parte ea, qua? infpicienti dextra eft, GM38).
niulto inagis ah illa recedit, quod ita facicndum fuit, ut commodius unius axis con-
verfio omnium planetarum diverfis motibus fufiiccret.
Dentium vero numeri ccrta ratione, quam mox exponemus, reperd funt, tamque
exacte mediis motibus aptati, ut in annis viginti Saturnus tantum (crupulo i, 34
promovendus lit, Jupiter 1,9. Mars 24', o". Venus gradibus 3. fcrup. 37', Mercurius
-, 4- . Luna parte 1 , fcrup. 31 ' 5). Caeterum non tantum motus medios exhibuimus,
led & cum insequalitate ea quae reipfa planetarum curfibus ineft; idque fecundum ano-
malias a Keplero cxcogitatas, quarum apud allronomos maxima aucloritas"5). Quo
paéto autem ha?c ina?qualitas coniiciatur fuo loco oitendemus.
Porro etiam horologium Automaton hac parte confpicitur paulo fupra axemdiflae
lamina.' adfixum, cujus horologii vi axis ille magnus animas converfiones facit, ac per
eum omnia continuo motu cientur; tranfit enim motus ab horologio in rotam axi in-
lixam quam dierum ac mcnlîum circulo aptari diximus, quemadmodum in adfcripto
typo apertius liqucbit. Interiora horologii percenfere nihil neccfle efl, cum vulgono-
tum fit inventum, cujus nimirum vis a lamina in helicem convoluta. Hic vero motus
îequalitatemalia éXiy.wèei lamina adjuvimus, quœ libramento recurfus temperarct '■");
quod alterum poft inventa pendula remedium excogitavimusnon œque tutum quidem,
quod frigore & calore elater vires fuas paulatim quid intendat ac rcmittat, fed hic
aptius convenientiufque. Intenditur autem lamina illa prior motus erFcftrix feptenis
quibufque diebus.|
6o8
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
Explication de la F i g . 144.
a. \. Sont des plaques carrées fervant a fixer à l'aide de vis les extrémités des colonnes
indiquées dans la Fig. 141 par les lettres TT.
en. Efl: Taxe de fer long de deux pieds.
n. Eft la roue, pourvue de 1 2 1 dents, qui met en mouvement les roues de Mercure.
e. La roue de Vénus, pourvue de 52 dents.
p. Celle de la Terre, h 60 dents.
g. Celle de Mars, à 84 dents.
11. Celle de Jupiter, h 14 dents.
k. Celle de Saturne, a 7 dents.
l. Houe de -3 dents, met en mouvement le cercle fur lequel font inferits les mois
et les jours.
DESGRIPTIO AUTOMAT1 PLANETARII. 6oy
E X l> L A N A T I O (./M3JÛ-
Ta b. 2. Fie 3.
a.a. Sunt lameïhc quadrata^ qtuc columellarum Fig. 4. Tab. 3. litteris tt. dfe//g-
natarum capita cochleis aftringimt.
c.b. EJiaxis bipedalis ferrais.
d. lift rata, (jiicc Mercurii rotas movet conftans dentibus 121.
e. Rota l'aie ris conftans dentibus 52.
F. Tellnris, dentibus 60.
G. Martis, dentibus 84.
h. Jovis dentibus 14.
k. Saturai dentibus -.
l. Rota dentium 73. ;//o-:yy circulum, eut menfes diefque inferipti fi/ut.
77
6 I O DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
M. Eft une particule d'une vis fans fin, dont la converfion effectue la révolution en
300 ans par l'intermédiaire de deux roues attachées l'une et l'autre au petit
axe déligné par E dans la Fig. 144WS; chacune d'elles a 6 dents et l'une
d'elles engrène dans la vis fans fin, l'antre, à l'intérieur, dans les dents de
la roue de 300 ans.
n. Eit l'horloge.
v. La roue par laquelle l'horloge met en mouvement l'axe C13.
p. Font quatre dents à l'extrémité de l'axe de la roue Vl8).
o. Elt la roue mile en mouvement par les dents P; elle en poffède elle-même 45.
q. Eft un tympan monté fur l'axe de la roue O et poffédant 9 dents à l'aide des-
quelles la roue L, et par celle-ci l'axe, font mus.
r. Eft une plaque de cuivre (attachée à la grande plaque) le petit trou de laquelle
eft occupé par la petite roue E repréfentéc dans la Fig. 144 bis.
L &■ 44 SJ Dans la Fig. 144 qui repréi'ente l'afpect de la machine retournée
v22=4S> après l'enlèvement de la planche qui la recouvrait, les plaques car-
rées indiquées par la lettre A et les autres qui leur font femblables,
tiennent pas des vis les extrémités des colonnes qui rattachent a la table qu'on voit
de ce côté l'autre table mentionnée plus haut, celle de devant, qui elt coupée en parties
par les orbes des planètes.
L'axe de fer long de deux pieds elt CB, lequel eft diftant de la table de deux pouces
du côté où fe trouve la lettre C.
Les roues montées fur cet axe font circuler les planètes dans leurs orbes, D étant
la roue de Mercure, E celle de Vénus, F celle de la Terre, G celle de Mars, H celle
de Jupiter, K celle de Saturne. Quant au cercle fur lequel font inferits les mois et les
jours, c'eft la roue L qui le meut; et la révolution en 300 ans eft effectuée par celle
de la vis fans fin M par l'intermédiaire de deux pignons attachés à un même axicule
et poffédant chacun 6 dents, dont l'une engrène dans cette vis et l'autre, intérieure-
ment, dans les dents de la grande roue des 300 ans.
C'eft donc par les révolutions annuelles du feul axe CB (car la roue L et la vis M
en font auffi partie) qu'une lî grande diverfité de mouvements eft produite. Or, cet
axe eft mis en mouvement par l'horloge de la manière fuiyante. Il y a dans elle une
roue V, partiellement vifible dans la figure, qui fait les révolutions en 96 heures. À
l'autre extrémité de l'axe de cette roue, en P18), ont été entaillées quatre dents les-
quelles engrènent dans une roue (3 à 45 dents. L'axe de cette dernière porte égale-
ment un tympan Q à neuf dents qui engrènent dans les -3 dents de la roue L.
Il faut maintenant figurer les roues planétaires fituées entre les deux tables pour
qu'il apparaiffe comment elles font conftruites et quel eft leur mouvement.
Iif) La lettre P fait défaut dans notre figure.
DESCRIPTIO AUTOMAT1 PLANETARII. 6l i
M. Eflcochlea infinit* particule cujus convolutio annorum 300 circuitum ejjicit,
inh rcedentibus biais rotulis 1 i axiculo Tab. 3. di ftgm Mo 1: affixis;
quibus fin gulis dentés 6. quarumque altéra huic ci chlea coi venit; ait
■ rota annorum 300. dentibus inferitur.
\. UoroloŒiimi.
i. ■ ' yvr 47/77/// horologium movet axim en.
p. 5«»/ dfew/w quatuor in extremitate axis rota v.
o. Rota, qu tibus v. movetur, & tien te s habet 45.
q. Tympanum eft axi rota o. inharens conftans dentibus novem, quibus movetur
rota l &per eam axis.
r. Eft lamella area haie lamina majori affixa, cujus orificio parvulo inharet
annulus dentatus e Tab. 3. depi&us. \
In fchemate adfcripto, quae converfae machins faciem amoto opcrculo exhibet, (p. 440).
lamella? quadrata?, quibus adfcriptum cil a, reliquseque iis fîmiles, ea? columellarum
capita cochleis adftringunt, quibus columellis lamina?, qua? hic cernitur, connectitur
anterior illa Planetaram orbibus in partes dillecta.
Axis bipedalis ferreus eft cb, parte ea, qua c adfcriptum eft, pollices binos a lamina
diftar.s.
In hoc axe defixa1 rotœ orbes planetarum circumagunt, d quidem Mercurii, e Ve-
neris, F Telluris, g Marris, h Jovis, k Saturai. Circulum vero cui menfes dicfquc in-
feripti lunt rota l movet, ac denique annorum 300 circuitum efficit cochlese m con-
volutio, intercedentibus rotulis binis communi axiculo affixis, quibus fingulis dentes
6, quarumque altéra cochleœ huic convenit, altéra interior rota? annorum magna?
dentibus inferitur.
Per unum igitur axem cb annuas converfiones peragentem, (namque & rota L &
cochlca m ipfi inhaerent) tôt motuum diverfitas perficitur; axis autem ab horologio
hoc modo cietur. Eft in horologio rota v, cujus hic particula tantum cernitur horis
96. fingulas converfiones fàciens. IIujus axi altero capite ad p lS) dentes additi funt
quaterni, hi inferuntur rota? o dentibus 45. cui rota? in communi axi jungitur tympa-
num q. novem dentibus incifum; qui denique aptantur dentibus 73 rota? L.
Oportct nunc & interjetas utrique lamina? planetarum rotas infpiciundas dare, ut
quomodo conftrucia? fint & quo paclo circumeant, appareat.|
6i
DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
E XPLICATION D E LA F I G . I 4 I .
a. Roue de Saturne a 206 dents.
B. Petit axe portant Saturne.
c. Roue fur laquelle l'ont inferits trois eents ans et fervant à indiquer Tannée pré-
lente en faifant une feule révolution en tout ce temps là. Elle a 300 dents
et elt mile en mouvement au moyen de la vis fans fin délignéc par M dans
la Fig. 144, ceci par l'intermédiaire du petit axe denté E [Fig. 144 bis].
i). Roue a 2 1 o dents montrant par fa rotation le mois et le jour du mois.
F. Roue à 1 66 dents menant Jupiter placé fur le petit axe G.
H. Roue de Mars à 158 dents avec fon petit axe.
1. Roue de la Terre en même temps que de la Lune. Elle a 60 dents.
k. Couronne à 1 37 dents fermement attaché a la table antérieure de la machine et
qui, pendant la révolution de la roue de la Terre, met en mouvement les
petites roues portant la Terre et la Lune.
1.. Roue de Vénus à 32 dents.
DESCRIPTIO AUTOMAT] PLANETARH. 6 l 3
E X l' L A N A T 1 O (/M4Ù-
Ta i'.. 3. Fi g. 4.
\. li"tû Saturni confiant dentibus 206.
m. Brachiolum, eut Saturnus mfigitur.
c. Rota efl, eut anni trecenti inferibuntur, ut annum dcjignct Mo temporis fpatio
femel circumvoluta. Confias dentibus 300. Circumvolvitur autem ope
cochkic in finira', qua- in Tab. 2. Fi g. 3. lit ter a m defignatur, idquc ope
axiculi dentati B.
d. Rota, qitiC nienfem diemque met/fis fua circumvoîutione oflendit, cou flans den-
tibus 219.
f. Rota efl,qinc circumducit Jovem brachlolo g infixum. Confiât dentibus 166.
u. Rota IMartis cum fito Brachiolo con flans dentibus 158.
1. Rota telluris fhmil cum Lima, qinc habet dentés 60.
k. Circulus d en ta tus, qui fixas inharet anteriori lamina- totius machina', & qui,
dum rota Telluris circumducit ur \ movet rotulas, quibus Tellus fimul cum
luna mfigitur. Habet autem dentés 1 37.
l. Rota Feneris, conflans dentibus 32.
6i 4
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
m. Roue de Mercure a 17 dents.
n. Axe fixe a l'une des extrémités duquel elt attaché le Soleil,
o. Axicule de Mercure attaché d'une part à Taxe du Soleil, de l'autre a la colonne
P dreflee fur la plaque immobile de la Terre. Il porte deux pignons dont
l'un II qui meut la roue de Mercure, a 7 dents, tandis que l'autre Q en a 1 1.
Cet axicule fc trouve à une diftance telle du plan de la figure que les roues
de Vénus et de Mars peuvent exécuter leurs mouvements fous lui.
s. Ouverture derrière laquelle tourne la plaque qui montre les heures.
tttt défignent les colonnes auxquelles font attachés par des vis tous les objets repré-
fentés dans la Fig. 144.
ab. Eft un anneau plan fervant a faire décrire fon orbe a une planète.
câ. Eft une couronne dentée.
ee. Font des roulettes retenant l'anneau plan en fon lieu pendant fa circulation.
Im. Eli une petite lame.
À chaque planète appartient donc un anneau plan correfpondant a l'amplitude de
fon orbite et fur lequel une couronne dentée fe drefïe perpendiculairement, partout
à égale diftance du contour de l'anneau19). Cet anneau, voifin, à l'intérieur, de la
table octogonale antérieure, fait circuler le globule repréfentant le corps planétaire,
placé fur un petit axe attaché a
l'anneau, de telle manière que le
globule fe trouve, à l'extérieur,
à une petite diftance de la dite
table antérieure. Auprès des cir-
conférences extérieures de ces
anneaux font placées certaines
roulettes attachées a la table les-
quelles guident les rotations des
anneaux et les empêchent en
même temps de f écarter d'elle.
Il y en a cinq ou fîx pour les pla-
nètes fupérieures Saturne et Ju-
piter, vu la grandeurdes anneaux
qui leur correfpondent, pour les
autres quatre ou trois fuflîfent.
Dans la Fig. 1 4 1 l'anneau plan
eft ab [ou AB dans la Fig. 1 4 1 bis
ly; Dans le manuscrit Huygens ajoutait: praeterquam in Mercurio planeta ut poftea expli-
cabitur.
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII. 6 I 5
m. Rota Mercurii dentés habens 17.
n. Axis fixas, cui ab altéra parte Soi infigitur.
o. . ixiculus Mercurii una ex pur te infixus axi Solis, ex altéra columellœ p famella
Telluris immobili infiftenti. Habet autem ille duas rotulas, quarum Ma
r, qute movet Rotant Mercurii, habet dentés -. altéra vero q dentés 12.
Hic autem axiculus ita fupra planum hujus figura' elevatus eft, ut Rota
Veneris & Mercurii f'ub eo motus fuos exercere queant.\
s. Aperturaper quant lamina horas monflrans circumducitur. (p.442).
t.t.t.t Defignant coluntellas, qui bus hac omnia if fi la m in ce quant fecunda Tabula
Fi g. 3. repr ce [entât affiguntur cochleolarum ope.
ab. lifî annulas planus, quo Vianet a circumvolvitur.
éd. Armilla dentibus incifa.
ee. Repagula annulum planum in ambitu continentia.
Un. Brachiolum.
Singulis igitur Planetis annulus planus ad orbitie eorum amplitudincm dicatus eft,
cui armilla dentata rectis angulis infiftit, a?qualiter undique ab annuli peripheria di-
ftans ' ;). Annulus iltc Tabula octogonal anteriori intus applicitusglobulum, Plancta;
corpus referentem, circumfert, ltylo exiguo fibi iniixum, quo extra laminam anteri-
orcm tantillo promineat. In circumferentia annuli hujus rcpagula qurcdam collocata
font lamina^que adfixa intra qua? circulari motu ipfi moventur, fimulque ut ne a jam
dicta lamina recédant continentur. Horum in Planetis fuperioribus Saturno ac Jove
quina aut fena adjecla finit propter annulorum magnitudincm, in reliquis quaterna
aut trina fufficiunt.
In figura hic deferipta annulus planus eft ab, fuper hune ere&a armilla ac dentibus
6i6
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
omife par les éditeurs]; la couronne dentée dreflee fur lui efl cri [ou CD]. Les roulet-
tes guidant l'anneau plan à l'extérieur font défignées par ee [ou EE]. Elles fe compo-
fent chacune de deux parties, lavoir d'une partie inférieure que frife la circonférence
extérieure de l'anneau et qui efl attachée a part h la table planétaire, et d'une partie
fupérieure jointe à l'autre par des vis laquelle recouvre tant foit peu le contour de
l'anneau et l'empêche ainfi de lortir de fon plan comme on peut le voir dans la figure.
C'efl donc par de tels anneaux que font charriées les diverfes planètes, parcourant
ainli des orbites circulaires. Si nous avions voulu faire celles-ci elliptiques, ceci aufiî
aurait été d'une exécution facile, puifquc chaque planète n'ert pas attachée à l'anneau
ab lui-même, mais a la petite lame Im mobile autour de l'axicule M et attachée, elle,
à l'anneau, laquelle porte en L la planète inlérée dans un tube; en cet endroit il fau-
drait faire dans l'anneau un trou un peu plus grand, de cette façon la planète pourrait
ailément fe mouvoir dans une fente elliptique. Toutefois, comme ces ellipfes ne dif-
fèrent que fort peu de circonférences de cercles, il ne nous a pas femblé y avoir une
railbn fuflifante pour les introduire. Mais pour les planètes Saturne et Jupiter nous
avons effectué par la dite méthode qu'elles fe meuvent un peu plus librement par leurs
fentes affez étroites. Tout femblable a ces anneaux efl: celui fur lequel font inferites
es divifions des jours; mais le cercle des ans n'a que l'anneau plan feulement pourvu
de dents à l'extérieur; nous avons dit plus haut comment il efl mis en mouvement.
Pour ces anneaux des jours et des ans nous avons trouvé une place entre ceux qui
portent Saturne et Jupiter; par conféquent dans la table antérieure les ouvertures par
lefquelles on voit ces divifions ont été pratiquées entre les orbites de ces deux planètes.
[Fig. 145] Il faut maintenant faire voir com-
ment le mouvement mcnfucl de la Lune
efl obtenu. Qu'on conlidère la partie
de la table antérieure qui efl: bornéepar
les orbites de Mars et de la Terre. A
cette partie efl attaché, par derrière,
un anneau portant 1 37 dents à la cir-
conférence intérieure; danslaFig. 145
il efl: indiqué par les lettres inferites
A B. Cette circonférence dentée efl un
peu plus grande que l'orbite annuelle
de la Terre, et l'anneau AB s'élève un
peu au-dciïus du plan auquel il efl at-
taché, de forte que peuvent être placées
(bus lui les roulettes entre lefquelles
tourne l'anneau qui porte la Terre,
lequel efl indiqué par les lettres C D.
L'anneau CD l'ait tourner avec lui un axicule qu'il porte et qui lui efl perpendiculaire,
aux extrémités duquel font attachés les pignons E, F, dont l'inférieure a douze dents
DESCRIPTIO AUTOMATÏ PLANETARII. 6\J
tarifa al. Repagula annulum planum in ambitu continentia ce. Hsec finguladuabus
partibus confiant, infcriore quam cxcrema annuli circumferenria radie, qua?quc feorfîm
lamina? Planetariae adiixa cil; tum alîa huic fuperpofica & cochleis conjunfta, qua?
paulum tiipra annuli margïnem protenditur, atque ut ne excidere poffit impedit, ficut
in figura viderc cit. |
l Iujufmodi itaque annulis iïnguli Planeta? I eruntur, ac circulares orbitas percurrunt. q,, 443).
Quod ii Ellipticas voluifTemus, nullonegotioidquoque efficere licebat, defixo feilicet
Planeta non in annulum ipfum ab, fed in brachiolum/w,ipfiinhaerens,quodmovetur
in axiculo ;//; in / vero Planetam tubulo infertum gerat; qua parte annulus laxiori
foramine perfbrandus. Sic enim facile per rimam Ellipticam planeta ducetur. Sed cum
parum adeo a circulis Ellipfes ilta? différant, non fatis caufTa? vifum, ut cas adhiberemus.
In Saturno autem ac ]ove, quo liberius per rimas angultiores circuli laberentur bac
ipl'à ratione efïecimus. Eit autem his prorfus iîmilis ille, cui dicrum divifiones inferipta?
font; ut annorum circulus folum annulum planum babet dentibus in circumferentia
incilis, qui quomodo motum accipiat jam ante dietum. Et his quidem dicrum & anno-
rum annulis locus repertus eit inter illos qui Saturni & Jovis Planetas vehunt; Eoc]ue
& foramina, quibus divifiones illa? ipectentur, inter iltorum orbitas Planetarum in
anteriore tabula font incifa.
Jam de menitruo Lima; motu oitendendum qua ratione ordinatus fit. Inter Martis
ac Terra? orbitas quod interjacet lamina? Planetaria? fegmentum, in eo intus defixus
eit annulus, interiore cirumferentia dentés habens 137, quem in hoc fchemate figni-
ficant inferipta? litera? ab. Circumferentia ha?c dentata paulo major elt orbita terra?
annuà, atque ipie annulus ab paulum fupra planum, cui affixus elt, attollitur, ut fub
ipfo collocari queant repagula, intra qua? volvitur annulus Telluremferens,quinota-
tus eit literis cd. Hic porro annulus axiculum circumfert ad reftos angulos fibi inliften-
tem, rotulafquc utroque capite affixas habentem e, f, quarum inferior duodenos dentés
78
6i8
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
engrenant dans celles de l'anneau AB, tandis que le pignon fupérieur en a treize. Ces
dernières engrènent dans les 12 dents du pignon G juxtapofé ayant lui aufTi fon axe
planté dans l'anneau CD; or, cet axe a une cavité regardant la face antérieure de la
table planétaire, dans laquelle cavité cil fixée un petit axe attaché au cercle lunaire.
Pour que rien n'empêche la vue des deux pignons E, F, je n'ai cru devoir repréfenter
dans la figure ni un certain rétinacle attaché à l'anneau CD lequel tient en place, par
[Fig. 140]
WS=:
£~Wfc"
leurs extrémités fupéricures, les deux petits axes mentionnés, ni aufîî la couronne
dentée.
Lorfque l'anneau terreftre CD tourne fuivant l'ordre des lettres A EB, révolution
qui vue fur la face de devant de la table procède fuivant l'ordre des lignes du zodiaque,
il cil néceffaire que les pignons E et F tournent à rebours, et le pignon G de nouveau
dans le fens oppofé a celui de E et F, donc dans le même fens que l'anneau de la
Terre. Or, nous avons dit qu'un petit axe eil inféré dans l'axe cave du pignon G,
auquel axe ert attaché le petit anneau qui porte la Lune fur fon bord et la Terre en
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII. C) I 9
habet commiflbs dentibus|annuli ab, fuperior tredecim. Superioris dentés infcruntur^.444/,
dentibus 1 a rotulae g juxta collocatse, axemque itidem annulo cd infixum habenti,
qui quidem -axis cavitatem habet in partem anteriorem tabulas Planetariœ patentem,
in quam cavitatem defigitur ftylus exiguus ac lunari circello conjunéhis. Caetcrum
née retinaeulum quoddam annulo cd affixum & utrofque, quos diximus, axiculos parte
(uperiori detinens, uti nec annillam dentatarnexprimendam duxi, ne quid rotularum
f. F confpedum impediret.
Revoluto itaque annulo Terrellri cd fecundum ordincm literarum AEB, quae revo-
lutio anteriori tabula; parte fpeélata incedit fecundum fignorum ordincm zodiaci;
necefïe eit contrario motu circumire rotulas E & F, atque huic rurfus contrario rotu-
lam g, hoc eit, in partem eandem cum annulo Telluris: diximus autem in axemeavum
rotula; g itylum inferi, cui cohœret orbiculus Lunam in cïrcumferemia gerens, Tellu-
6lO DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
fon centre, d'où réfuke que le parcours de la Lune eft bien ordonné; il paraîtra plus
loin jufqu'à quel point il s'accorde avec la période du mois.
Ayant expofé jufqu'ici les différentes parties de la machine, nous dirons maintenant
avec quelles proportions des rayons et de quels centres nous avons décrit les orbites
des planètes fur la table antérieure et auffi où nous avons placé les points des aphélies
et des noeuds; enfuitc quel nombre de dents nous avons attribué à chaque roue pour
obtenir les bons rapports des mouvements moyens et par quelle méthode nous avons
calculé ces nombres; enfin par quelle conftruction des dents nous avons réuffi à rc-
préfenter les anomalies telles qu'elles doivent être.
Voici ce que nous avons fait. Après avoir décidé que la grandeur de la table octo-
gone ferait telle que la perpendiculaire du centre fur un quelconque des côtés aurait
la longueur de 1 1^ pouces, nous avons décrit avec un rayon de io| pouces du même
centre, où il faut mettre le Soleil, la circonférence de cercle des fignes de l'écliptiquc.
[Fig. 1 40]. Nous avons divifé cette circonférence en 360 parties et nous avons mis
les ia fignes chacun en fon lieu, plaçant celui du Bélier h droite à la hauteur du centre.
Les lieux des aphélies marqués dans un tableau joint à l'écliptiquc font voir dans
quelles directions les centres des orbites ont été pris pour chaque planète. Et les
valeurs des rapports des rayons compris dans le même tableau font connaître auffi la
grandeur de chacun d'eux aufïïtôt que la longueur d'un d'eux, ici le rayon de l'orbe ter-
reftre,eft donné. Or,nousavonsdonné à ce dernier rayon la longueur d'un pouce, c. à. d.
celle de la douzième partie du pied rhénan. En prenant le rayon de l'orbite de la Terre
de 1 00000 parties, les autres rayons auront les nombres de parties marqués dans le
tableau. Les excentricités ici notées font auffi exprimées dans la même unité. Il faut
les confidérer comme portées du centre de l'écliptiquc, où eft le lieu du Soleil, vers
les lieux des aphélies: leurs extrémités défignent alors le centre de chaque orbite.
Voulant p.e. décrire la route de Saturne au commencement de l'année de Chrift
1682, je tire une droite du centre de l'ellipfe au point 27°4o' du Sagittaire, je porte
fur elle à partir du même centre 54 parties telles que le rayon de la terre, c. a. d. un
pouce, en contient 100: on ne peut pas, à cette petite échelle, prendre plus de déci-
males. Je trouve ainii le centre de l'orbite de Saturne. Alors, prenant un rayon de
95 1 des mêmes parties, je décris l'orbite de la planète et je marque de la lettre A fon
aphélie là où l'orbite eft coupée par la droite que j'ai dit être tirée du centre. Mais
comme dans le ciel toutes les orbites planétaires font un certain angle avec l'écliptiquc
ou plan de l'orbite terreftre, ce dernier étant ici cenfé coïncider avec la furface de la
table, de telle manière évidemment que chaque plan eft moitié au deffus, moitié au
deffous de l'écliptiquc, il eft clair que ce ne font pas les orbites des planètes elles-
mêmes que nous avons décrites mais leurs projcétions orthogonales fur le plan de
l'écliptiquc, projections que nous confidérons cependant comme étant elles-mêmes
les orbites, vu que c'eft d'après elles qu'on examine le mouvement longitudinal de la
planète, quoique ce ne foient en vérité que les orbites rapportées au plan de l'écliptiquc.
DESCRIPTIO AUTOMAT! PLANETAR1I. 62 I
rem vero in centro; quarc recte ordinatus eft 1 «unae circuitus;quam bene vero tempori
Menfis Periodici conveniat inferius manifeftum fiet.
Kxpoiitis hactenus fingulis maehinae partibus, dicemus jam, quibus femidiametro-
rum inter le proportionibus, quibufque centris orbitas Planetarum in Tabula ante-
riore deferipferimus, item ubi Aphelîorum ac Nodorum puncla conftituerimus; deinde
quem dentium numerum rota: cuique tribuerimus, ut mediorum motuum conftaret
ratio, deque ejufinodi numerorum inventione; ac denique qua dentiumconftruétionc
débitas motuum anomaiias expediverimus.
Igitur octogona: lamina: ftatuta hac magnitudine, ut qua1 ex centro in latus perpen-
dicularis ducitur lit pollicum 1 i§, centro eodem, ubi & Sol collocandus, cir|culum^.445.x,
Eclipricœ fignorum defcripfimus radio pollicum iof. Hune circulum in partes 360
partiti fumus, Signaque 1 1 luis locis adfcripfimus, collocato Arietis figno in parte,
qux fpeclanti ad dextram eft, ac pari cum centro altitudine.
Porro Apheliorum loca in laterculo adjeéto notata, in quam partem uniufcujufque
Planetariae orbitee centrum fumptum fuerit, déclarât. Ex proportione vero femidia-
metrorum juxta collocata etiam menfura harum linearum intelligitur, fi una ipfarum
qux eft orbitee Telluris femidiameter definita fuerit, quam quidem pollicis unius ftatui-
mus, feu pedis Rhenolandici duodecimam partem, qualium enim ha:c partes 1 00000
contincre cenfetur, talium radii orbitarum esterarum partes in laterculo deferipeas
habent. Earundem quoque partium funt excentricitates hic adnotata?, quas ex centro
Ecliptica:, ubi locus Solis, verfus Apheliorum loca accipere oportet, atque ibi centra
cujufque orbita? (Ignare.
Ita ex. gr. Saturai orbitam deferipturus initio Anni Chrilli 1682. lincam ex Ecli-
ptica: centro duco ad Sagittarii grad. 27, 1er. 40'. in ea pono ex centro eodem parti-
culas 54, qualium femidiameter orbitas telluris five pollex unus 1 00 continet, non
poflumus enim in hac parvitate ulteriores minutias profequi. Ita centrum orbitie Sa-
turai reperio. Tum deindc accepto femidiametro partium earundem 951, orbitam
Planetae deferibo, cujus Aphelium figno litera a ad intcrfeétioncm reene ejus, quam
ex centro ductam oftendi. Cum vero orbitae Planetariœ in cœlo omnes non nihil dé-
clinent a piano Eclipticae feu piano orbite telluris, quod planum hic ipfius tabula:
fuperficies eiïe intelligitur; ut nimirum dimidiâ fui parte lupra attollantur, altéra di-
midia infra defeendant, perfpicuum eft, non elle ipfas Plane|tarum orbitas, qua: a nobis (/>. 446.)
funt deferiptae, fed lineas ejufmodi in quas incidunt duc~ta: in Ecliptica: planum per
pendiculares ex orbitarum quibuflibet punclis, quas tamen lineas pro orbitis iplis habe-
mus, quod fecundum illas Planetae motus in longitudincm examine tur; rêvera autein
funt orbitae ad Eclipticae planum reduéta?. Itaquc puncla bina, quibus orbita qua:que
622
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
Nous avons indiqué par leurs (ignés Sh et V les deux points, appelés noeuds, où
chaque orbite coupe le plan de Fécliptique, lignes dont le premier eft attribué au
noeud afcendant, celui à partir duquel la planète va du côté boréal par rapport a l'é-
cliptique, côté qui doit être cenfé fe trouver au defliis de la table, le fécond au noeud
defeendant, c.à.d. au point où la planète pâlie dans ITiémilphère auftral. Ces noeuds
fe trouvent fuivant le fentiment univerfel des allronomes oppolés l'un à l'autre fur
une droite paffant par le centre du foleil, quoique ceci ne femble pas être tout-à-fait
exact, comme nous le dirons plus amplement en un lieu propre20). Ici nous avons
marqué dans un tableau les lieux des noeuds afeendants ainli que les angles ou in-
clinaifons des plans des orbites planétaires par rapport à celui de l'écliptique, d'après
les auteurs qui nous femblent les plus dignes de foi, e.a. en faifant ufage pour Vénus
et Mercure des réfultats les plus récents d'obfervateurs qui ont vu palfer ces planètes
fur le dii'que du foleil-1).
POUR LE i JANVIER DE L'ANNÉE 1682 :2)
Aphélies Noeuds ascendants Inclinaisons Rayons des orbites Excentricités dam
planétaires les mêmes unités
de Mercure ^ii'io"^ i^ay'^'X 6054-'o" 38806 8149
de Vénus 2°5944" «s i3°54'52"n 3°22'o" 72400 500
de Mars23) o°3o'i7"np i7°38'i2' V i°5o'3o' 152350 141 15
de la Terre23) 70 7'2o' & 100000 1800
de Jupiter 7°55'43"=o= 5°3o'42"q? i°i9'2o' 519650 25058
de Saturne24) 2j°29'46" / 2i°36'26"çô 2°32o' 951000 54207
Rapport du diamètre de l'anneau de Saturne à celui du Soleil 1 1 : 37 25)
„ „ „ „ „ „ „ „ „ „ globe de Saturne 9 : 4
» » » f, Jupiter „ „ „ Soleil 2:11
»• » « » Mars „ „ „ „ 1 : 1 66
20) Huygens reprend ici une idée qu'il semblait avoir abandonnée en 1686 (fin de la p. 310 qui
précède). Nous ne trouvons rien sur cette question dans le „Cosmotheoros".
21) Ceci ne s'applique en réalité qu'à Mercure seul: voyez la note suivante.
22) On trouve déjà à la p. 149 qui précède les mêmes valeurs, empruntées aux Tables Rudolpbines,
des longitudes des aphélies et des noeuds ascendants, excepté dans le cas du noeud ascendant
de Mercure où Huygens a pris la valeur de Gallet: voyez la p. 177 qui précède. Les rayons des
orbites et les excentricités sont tous les mêmes que chez Kepler; voyez la p. 148 qui précède.
Les inclinaisons — comparez la p. 177 qui précède — sont également celles qu'on trouve dans
les Tables Rudolphines.
23) C'est apparemment par inadvertance que Huygens a interverti ici les places de la Terre et de
Mars.
24) Voyez sur la longitude de l'aphélie de Saturne la note 42 de la p. 149 qui précède.
ï5) Avec l'exception de ce qui serapporte à Mercure, on trouve tous ces rapports dans le „Systema
Saturnium" de 1659 (T. XV). Seulement Huygens y avait écrit pour le cas de la terre et du
soleil 1 : 1 1 1 au lieu de 1 : 1 10.
DF.SCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII.
623
planum Ecliprica; interlbcat (hi nodi vocantur) fuis lîgnis ,$% & <y> notavimus, quo-
rum illud nodo afcendenri cribuitur, undenimirum Planeta ad partes Eclipticaeboreas
feratur, quas fupra cabulam exiftere intelligendum; alterum nodo defcendenti, quo
prsterito in partes auftrinas tranfeat. Hi vero in eadem linea recta per Solis centrum
ducta oppofitos locos obtinent communî Artronomorum confeniu, etfi non plane ad
amufltm res l'eie hoc modo habere videatur, ut luo loco amplius deelarabitur l8). Cx-
terum loca nodorum afeendentium; Et quali angulo plana orbitarum Planctarum ad
Eclipticae planum inclinentur in tabellahic exprelïimus; auctores eos fecuti qui maxime
nobis probandi videntur; adeoque in Venere & Mercurio recentiflimorum adhibitis
obfervationibus, quibus in Sole ipib hi Planetœ apparuerunt2').!
Anno 1682. Januarii imo.!a)
0>-447>
Apbelia
Nodi afeendentes
Inclinationes
Scmid. orbium
Plane tarum
Exccntricilales in
iifdem partibus
Gr. 1 //
Gr. 1 //
Gr. / //
Mercurii 15:11:19 £
14:29:47V
6:54:0
38806
8149
Feneris 2 : 59 : 44 :i~
13:54:520
3 : 22 :o
72400
50O
Marris*3) 0:30: 17 m
17:38 : 12 V
1:50:30
152250
I41I5
Telluris*3') 7 : 7 : 20 {j
I 00000
1800
Jovis 7 : 55 : 43 =û=
5 : 30 : 42 03
1 : 19 : 20
5Io65°
25058
Saturai1*) 26 : 39 : 46 £
21 : 36: 2605
2:32: 0
951000
54207
Diam. anmtli Saturni ad diamet. Solis
ut 1 1 ad
v 20
Diam. annuli addiametr. globi Saturn. ut 9 ad
4
Diam. Iovis addiametr. Solis
ut 2 ad
1 1
Diam. Martis addiametr. Solis
ut 1 ad i
66
624
DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
Rapport du diamètre de la Terre à celui du Soleil 1:110
» » » » Vénus „ „ „ „ 1 : 84
„ n » » Mercure „ „ „ „ 1 ; 308 :f')
Pour qu'on puifte aulfi connaître les latitudes apparentes des planètes nous avons
décrit de part et d'autre fur la ligne droite qui joint les noeuds oppofés des arcs de
circonférence de cercle, l'un en dehors de la partie feptentrionale de l'orbite, l'autre
en dedans de la partie méridionale, lefquels ont chacun à la partie nommée corres-
pondante, là où la diftance ert la plus grande, une diftance égale à celle qu'en ces en-
droits l'orbite elle-même devrait avoir de l'écliptique, étant ikuée foie au deflus foit
au deflbus de fon plan; nous avons marqué en ces endroits les angles d'inclinaifon.
Mais lorfque la planète fe trouve en un point quelconque de la projection de fon
orbite, et qu'on prend la plus courte diftance de ce point à l'arc adjoint, celle-ci indi-
quera avec une grande approximation la diftance de la véritable orbite de la planète
au plan de l'écliptique -r), et en comparant cette diftance avec celle de la planète à la
:6~) La valeur 1 : 308 s'accorde a peu près avec celle du rapport du diamètre de Mercure à celui
du soleil qu'on trouvera plus loin (p. 697^) dans le „Cosmotheoros". C'est pourquoi nous
croyons pouvoir renvoyer le lecteur à ce dernier endroit (note 19).
27) Soit R le rayon de l'orbite de la planète et /3 l'angle de son plan P()/> avec celui de l'écliptique
(QOq). Donc /_ POQ = /5, PQ, perpendiculaire au plan QO<7, étant la plus grande distance
de la planète P à ce plan. PQ = Rsin /S. Lorsque la planète se trouve en p,
« l'angle PO/> étant désigné par a, on aura pour sa distance au plan QO# pq =
/isin S cos a, puisque pq : PQ = Rcosx: R. Dans la deuxième (igure il faut donc,
d'après Huygens, pour la partie septentrionale de l'orbite, prendre un arc de
cercle — l'arc adjoint — qui passe par les points çf^, <y et A, où ^E et E^
sont des quarts de circonférence et où AE = Rs'm (8. La figure est tracée dans
le plan de l'écliptique et la projection Sb E ^ de l'orbite de la planète sur ce
plan y est, elle aussi, considérée comme une circonférence de cercle. La projec-
tion de l'angle a est donc considérée comme étant.elle aussi
égale à cz. Soit M le centre de l'arc adjoint. Soit /_ EOC = a,
la planète (ou plutôt sa projection) se trouvant en C. MCB
étant une droite, CB est la plus courte distance de la planète à
l'arc adjoint. Huygens dit qu'on a approximativement CB =
Rsin (S cos*. En effet, puisque MA = M1^, la distance MO
ou x se tire de l'équation R(i -f sin fi) — x = j/R2 -f- x2,
ce qui donne, en négligeant les puissances de sinjS supérieures
à la première, x = Rsinfi, de sorte qu'on a approximative-
ment MA = R. Il faut déni mtrer que MC + Rsin fi cos a a
aussi approximativement la valeur R. Or MC- = MD! +
DC2 = (R cos a — x)2 + R* sin2 a = /<- — aRx cos a -f
-v-. Négligeant ici aussi les puissances de sin S supérieures à la première, on obtient MC = R
sin (3 cos c. C. Q. F. 1).
R
PESCRIPTIO ALTOMATI PLANETA1UI. 625
D'iam. Terrée ad diametr. Sotis ut \cili\o
Diam. Veaeris ad diametr. Sotis ut i ad 84
Diam. Mercurii*6) ad diametr. Salis ut i^/c/308
Porro ut apparentes Planetarum laritudines cognofeere liccat fuper linea reéta nodos
oppofîtosjungente arcus eireunferentia: circularis utrinque defcripfimus,akerum extra
orbinv portionem boream, alterum intra portioneni auitralem, tauto intervalle) ab ipiis
portionibus, ubi maxime abliint, reeedentes, quanto orbita ipfa iupra acque infra pla-
num Eclîpticae iis ipfis in loeis extare deberet; atque ibidem angulos inclinationis ad-
fcripfimus. In qnocnnque vero orbita* lu» rednétre puncto Planeta reperietur,fiabeo
puncto ad adferiptum areum minima diltantia accipiatur, ea qnam proxime intervallum
indicabit, quo ab Eclipticse piano illie vera Planeta; orbita recedit 2"), quod intervallum
eum dilbntià Planera a Tellure comparando, ipfe quoique latitudinis anguhis exf^. 44h).
triangulorum doctrina facile invelbgabitur :!!); atque hac de exteriore Automati forma
deque ulu ejus dixifle fufficiat: Nunc ad interiorem fabricam pergamus.
79
626 DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
terre, l'angle de la latitude pourra facilement être calculé par voie trigonométrique-8).
Qu'il fuflife d'avoir dit ce qui précède fur la forme extérieure de l'automate et fur ton
ufage. Occupons-nous maintenant de l'agencement intérieur.
Les nombres des dents des roues ont été trouvés de la manière fuivante. Nous
avons comparé entr'eux le mouvement moyen annuel, ou de 365 jours, de chaque
planète fous Fécliptique :p) avec le mouvement moyen annuel de la terre, tels que
l'un et l'autre font consignés dans les tables agronomiques, en réduiiant les mouve-
ments dans les arcs entiers en tierces ou foixantièmes parties de fécondes. Comme les
nombres ainfi obtenus ont entr'eux la même proportion que les arcs des circonfé-
rences de cercle décrits funultanément dans leurs orbites par la planète confidérée
et par la terre, il s'enfuit que les périodes de l'une et de l'autre font exprimées par le
contraire du même rapport, lequel doit donc auffi, à moins que l'on ne prenne le
même rapport exprimé par des nombres plus petits, être celui des dents des roues,
favoir d'une part la roue planétaire, d'autre part la roue montée fur le grand axe la-
quelle engrène avec elle. En effet, par chaque révolution de l'axe la Terre parcourt
fon orbite entière, puifque nous donnons des nombres de dents égaux à la roue qui
porte la Terre et à celle de l'axe qui lui correfpond, p.e. 60 ou tel autre nombre qui
leur convient.
Toute la queftion fe réduit donc à ceci : étant donnés deux grands nombres ayant
entr'eux un certain rapport, en trouver d'autres plus petits pour les dents des roues
qui ne foient pas incommodes par leurs grandeurs et qui aient entr'eux à peu près le
même rapport, de telle façon qu'aucun couple de nombres plus petits ne fourniife un
rapport plus approchant de la vraie valeur. Mais nous rendrons la choie plus claire
par un exemple. Suppofons donc qu'il faille trouver les dents de la roue de Saturne et
celles de la roue plus petite, indiquée par la lettre K dans la Fig. 1 44, qui la meut et
eft elle-même montée fur l'axe.
Le mouvement annuel de Saturne — je me bafe tant ici qu'ailleurs fur les plus
récentes Tables de Riccioli — eft dit avoir la valeur 1 a°i3'34 "1 8'" 3°). Celui de la
Terre, que Riccioli appelle celui du Soleil, eit de 359°45 40 "3 1 " 3I). Réduiiant l'une
28) D'après ce qui précède l'angle de la latitude sera le produit de l'angle d'inclinaison par cos a,
ou, si l'on veut, ce sera l'angle dont la tangente trigonométrique (en considérant celle-ci, à la
façon moderne, comme un rapport de deux longueurs) est exprimée par -5-.
29) Comparez la p. 167 qui précède.
3°) Comparez sur l'endroit de Riccioli où l'on trouve cette valeur la note 9 de la p. 179 qui précède.
3I) „Astronomia reformata" Lib. I, cap. IV „De quantitate anni œquinoctialis motuque diurno et
annuo solis". Le „motus annuus" du soleil est suivant Riccioli 359°45'4o"3o"' 5<51V 5viVI. Le
mouvement annuel de Saturne (note précédente) y est donné avec la même exactitude. Il s'a-
git de mouvements accomplis en 365 jours. Comparez la p. 179 qui précède.
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII. 6lJ
Dcntium in rôtis numerus hoc modo a nobis in venais fuit; Motum Médium cujus-
que fub Ecliptica:';) Planète annuum feu dierum 365 ad Telluris Médium annuum
motum, quales in TabuHs Altxonomieis exhibentur, comparavimus; reduétis ad tertios
fcrupulos arcubus eorum motuum integris. Numeri hinc orti, cum eam inter le pro-
portionem habeant, quam arcus circulorum eodem tempore a l}laneta,atque a Tellure
in orbitis fuis emenlî, fequitur tempora utriufque Periodica ejufdem rationis contrariam
continere; quam itaque, vel iimilem minoribus numeris expreflam, etiam dcntium
numeri habere dcbent, quibus nempe rota tum Planetaria, tum altéra iplî congruens,
atque axi magno impofita incidantur; fingulis enim axis hujus converfionibus Tellus
integram orbitam fuam percurrit; quoniam a^qualem dcntium numerum rota: Tellurem
terenti, itemque ei, qua? in axe magno refpondet, attribuimus, fexagcnarium puta, vel
alium pro lubitu, qui commode in rotas inducatur.
Hue itaque res tota recidit ut datis numeris duobus magnis certain inter fe rationem
habentibus, alii minores inveniantur rotarum dentibus multitudine fua non incom-
modi, quique eandem proxime rationem ita exhibeant, ut nulli ipfis minores propius.
Sed exemplo rem totam melius exponemus; Sunto igitur inveniendi dentés in rota
Saturai, inque minore illam movente, qua? axi magno eft impofita, quam indicabat
fuperius litera k.
Annuus Saturai motus (fequor autem tum in hoc tum in cseteris Riccioli recent-
iiîimas Tabulas) prodi| tus eft gr. 1 2, 1 3', 34", 1 8'" 3°). Annuus Telluris, quem ille Solis Çp. 449).
vocat,gr. 3590, 45, 40", 31 '"3I).Reduftis igitur omnibus ad fcrupulatertia, fit propor-
628 DESCRIPTION ni' PLANETAIRE.
et l'autre à des tierces, on obtient le rapport 2640858:77708431 3î). Par confé-
quent, comme le dernier nombre eil au premier, ainii cil la période de Saturne au
temps dans lequel la Terre accomplit fa révolution autour du Soleil ; partant le nombre
des dents de la roue de Saturne doit avoir, avec la meilleure approximation pratique-
ment pofllble, ce même rapport au nombre des dents de la roue motrice. Pour trouver
donc des nombres plus petits qui expriment approximativement ce rapport, je divife
le plus grand nombre par le plus petit, puis le plus petit par le refte de la première
divifion et enfuite ce refte par le nouveau refte. Continuant ainii je trouve que la
première divifion donne
2 + 1
z + 1
1 + i
5 4- jl
1 +ietc. 33)
c. a. d. un nombre plus une fraction à numérateur 1 dont le dénominateur possède
de nouveau une fraction adjointe a numérateur 1 et dont le dénominateur eft com-
pofé de la même manière; et ainii de fuite. Pouriiiivant ce calcul aufTî longtemps que
poffiblc, on parvient enfin par la divifion à un refte 1.
Or,lorfqu'on néglige à partir d'unefraftion quelconque les derniers termes de la férié,
p.e. ici la fraction i 33) et celles qui la fui vent,et qu'on réduit les autres plus le nombre en-
tier à un commun dénominateur, le rapport de ce dernier au numérateur, fera voifin de
celui du pluspetitnombrcdonnéauplusgrand;etladifférence fera \] faible qif il ferait im-
poffible d'obtenir un meilleur accord avec des nombresplus petits. Le mode de la réduc-
tion eftaifé^encfret^esdernièresfracliions^arlefqucllesnouscommençons^avoiri + ,
32) C'est le rapport qu'on trouve aussi à la p. 103 du Manuscrit F. Voyez la 1. 12 de la p. 1-9 et
la 1. 10 de la p. 180 qui précèdent.
:>3) Cette fraction continue correspond exactement au quotient -7-08431 : 2640858. Les éditeurs
de 1703 ont donc à bon droit corrigé en ce sens la fraction du manuscrit
= 9 + 1
2 + 1
2 + 1
T + «
* + j Etc. Nous observons encore à ce sujet qu'à la p. 94 du Manuscrit F —
il a été question de ce calcul à notre p. 179 qui précède — lluygens avait trouvé pour Saturne
3095277: 105 190 ou 29 + ,
2 + 1
2 + 1
T + 1
g et plus tard (note 9 de la p. 179) autre chose
encore.
DESCR1PTI0 Al'TOMATI PLANETARI1. 629
tio 2640858 ad 77708431 ;"). Itaque quam rationem habet poderiorhorum numerus
ad priorem, cam habet Saturai cempus Periodicumadtempus,quocircaSolemTellus
con\ertitur,ac proinde & rota? Saturais dentium numerus ad fuœ motricis rotae doutes
hanc rationem quam proxime fervare débet. Inveniendis igitur numeris minoribus
qui proxime rationem iltam exprimunt; divido majorem per minorem, & rurfus mi-
norem per eum qui a divifione relinquitur, & hune rurfus per ultimum reliduum, atque
ita porro continenter pergendo invenio quod fit ex prima divifione
-9 + 1
- + i
1 + i
5 + 1
+ 1&C33)
nempe numerum cum adjunfta fraétionc, cujus fraftionis numerator eft imitas, deno-
minator vero rurfus fractionem adjunélam habet, cujus numerator imitas, denominator
fimiliter ac priecedens componitur; idque ita confequenter; qua via, fi, quo nique
potert, continuetur, eo devenitur, ut a divifione tandem imitas fuperfit.
Jam ab hac fraclionum leric poiteriores aliquoufque prascidendo, velut hic i S3)
cum exteris deinceps fequentibus, rcliquaique cum numéro ipfas pracedente redu-
cendoadcommuncmdenominatorem, erit hujus ad numeratorcm ratio propinqua ci,
quam datorum numerorum minor habet ad majorem; adeo quidem ut minoribus nu-
meris propius ad eam accederc non liceat. | Reduclionis modus facilis eit; nempe (/>. 450).
poiteriores, unde hic incipimus fraftiones, i + L, tantundem valent ac y, unde ad
630 DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
valent j ; paffant à celle qui précède immédiatement et réduifant, — — — donne | ; pre-
2 J
nant enfuite avec la fraction le nombre entier et réduifant de nouveau, 29 -f- |- donne
£|£. Par conféquent le rapport 7 : 206 eft voifin de 2640858 :~7~ 0843 1 . C'eftpour
quoi nous avons donné 206 dents a la roue de Saturne et 7 a fa roue motrice. Quant a la
thèfe qu'il eft impoffiblc de trouver des nombres plus petits exprimant le rapport pro-
pofé avec une plus grande approximation, nous la démontrerons comme fuit. Il eft
d'abord certain, d'après la Prop. 1 du Livre 7 d'Euclide 34), que les nombres réful-
tant d'une réduction de cette efpêce font premiers entr'eux. En effet, notre divifion
continue n'ert autre chofe que cette fouftraction euclidienne, et en l'appliquant à nos
nombres 206 et 7 obtenus par la réduction, il eft clair qu'on aboutit enfin au relie 1,
puifque le numérateur de toutes les fractions eft l'unité. Suppofé que deux autres
nombres fourniffent une meilleure approximation au rapport des grands nombres, il
eft néceffaire, lorfqu'on effectue la divifion continuelle du plus grand par le plus petit
jufqu'à ce qu'il refte 1, qu'ils donnent le quotient 29 avec les mêmes fractions ad-
jointes que plus haut, mais continuées outre le terme d'où nous étions partis dans
notre réduction qui nous faifait trouver les nombres 7 et 206. En effet, il eft impos-
fîble de s'approcher davantage d'une autre manière du quotient de la première divifion
lequel comporte toutes les dites fractions julqu 'au bout de la férié. Il ferait donc né-
ceffaire, vu que la divifion continue de 206 par 7 donne
2 + i
2 + 1
11
que par les divifions du même genre correfpondant aux nombres plus approchés, une
fraction au moins fût ajoutée à celles-ci, (bit i foit une autre, pour pouvoir fe rappro-
cher du quotient univerfel mieux qu'en s'arrêtant à i. Mais il réfulte manifeftement
de cette conclufion que les nombres deviennent plus grands par cette réduction que
lorfqu'on part d'une fraction antérieure, puifque par l'adjonction de chaque fraction
réduite on obtient une fraction compofée de nombres premiers entr'eux et qui par
conféquent ne peut être réduite à d'autres plus petits, ce qui deviendra évident pour
celui qui examine la chofe en ayant égard au théorème fuivant ailèment démontrable :
étant donnés deux nombres premiers entre eux, chacun d'eux eft premier à la fomme
de lui-même ou d'un multiple de lui-même et de l'autre nombre. En effet, s'il n'en
était pas ainfi, le nombre confidéré mefurerait le nombre compofé; or, il en mefure
34) Datis duobus numeris inaxpialibus et minore semper per vicissim a maioresubtracto,si reliquus
mmquam proxime antecedentem metitur, donec relinquitur unitas, numeriabinitiodatiprimi
erunt inter se (traduction de Heiberg, édition de 1884, des Eléments d'Euclide).
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII. 63 I
proxime pracedentem pergendo ac reducendo | + , , faciunt 2 ; denique & nume-
3
rum integrum includcndo ac reducendo nj ■ •}, fiunt 2°6. Itaquc numeri 7 ad 206
propinqua ratio eft rationis 2640858 ad -7708431. Eoque rota? Saturnise dentés
206 dedimus, ipfam vero moventi dentés 7. Quod autem minores numeri non inveni-
untur, qui propius rationcm propofitam exprimant, ita oftendemus. Principio certum
eft numéros hujufmodi reduelione faftos, elle inter fe primos, ex Prop. 1 .1. 7. Elem.34)
quia nihil aliud cil divilio noftra continua quam fubtraclio illa Euclidea, quae fi numeris
noftris 206 & 7, reduc~rione efleclis adhibeatur, planum eft unitatem tandem relinqui,
quia fradtionum iftarum omnium numerator eft imitas. Quod fi jam duo quivis alii
numeri propius ad proportioncm magnorum accedunt, eos necefle eft, fafra continua
divifione majoris per minorem, donec imitas fuperfit, quotientem efficerc 29, cum
fractionibus iifdem, quœ fupra, continue adjectis,atque ulteriuscontinuatisquamunde
reductionem incepimus, cum inveniremus numéros 7 & 206. alioqui enim ad prima;
divifionis quotientem qui diélas fraétiones omnes quoufque poflunt continuatas ad-
jeclas habet propius accedi nequit. Sic quoniam continua divifione 206 per 7,invenitur
29 + 1
~ + 1
- + 1
1
necefle effet divifione fimili numerorum propiorum unam faltem infuper fraétionem
iftis adjici, vel i vel aliam qua propius ad quotientem univerfalempervcnia|tur, quam 0>'450'
fi ad j fubfiftamus. Hinc vero faéta reduftione, manifcftum eft, numéros majores effici,
quam fi a citeriori fraétione cœptum fuilfet, quandoquidem accelfione cujufque fraétio-
nis reduéta; efficitur fraélio conftans numeris inter fe primis, quoique propterea ad
minores reduci nequit; quod examinanti manifeftum fiet fi ad fcquens theorcmaatten-
derit demonftratu facillimum: nempe Propofitis duobis numeris inter fe primis, eorum
alteruter ad fe ipfum vel lui multiplicem altero numerorum auctum primus erit. Si
enim non, ergo ita compofitum metietur, fed & partem metitur, hoc eft, fe ipfum, vel
632 DESCRIPTION DU FLANÉTAIRE.
auiiî une partie, c. à. d. foi-mèmc ou Ton multiple; il mefurera donc aufli le refte; ce
qui eft abfurde, puisque les nombres étaient par hypothèfe premiers entre eux. Les
nombres plus rapprochés du rapport propofé ne feront donc pas plus petits mais au
contraire plus grands que les nombres trouvés 206 et 7.
On conçoit en outre facilement que la réduction des fractions commence toujours
plus utilement d'une d'elles qui eft fuivie par une fraction pofiedant un dénominateur
a fiez grand par rapport à ceux des fractions environnantes ; c'eftainfi que dans l'exemple
propofé nous avons commencé la réduction là où fuivait la fraction i.
Or, l'utilité de cette méthode s'étend à beaucoup d'autres cas où il s'agit de rem-
placer un rapport numérique donné par un autre compofé de nombres plus petits.
P.e. celui où le rapport de la circonférence du cercle à fon diamètre cil donné en un
grand nombre de chiffres exacts, mettons 314159^6535 à 10000000000. Ici la di-
viiion donne
3 + i
~ + _x_
15 + 1
1 + _!_
et en commençant la réduction en partant de la fraction \ on obtient la proportion
d'Archimède 22 a 7 '; mais en commençant par \ il en refaite celle beaucoup plus ap-
prochée qu'Adr. Metius a fait connaître, favoir 355 : 1 1 3, en effet, comme 1 1 3 eft à
355, ainfi eft 1 0000000 à 31415929 etc. De la même manière on peut trouver
d'autres rapports plus approchants de la vraie valeur, mais celui de Metius eft d'un
excellent ufage et fort exact eu égard à la petitefte des nombres, ceci à caufe de l'exi-
guïté de la fraction ^~ qui fuit celle par où l'on a commencé la réduction. C'eft là
une particularité qu'on ne rencontre pas facilement en faifant des efiais avec d'autres
nombres.
Il faut favoir en outre que par notre réduction on trouve tour-à-tour un terme plus
grand et un terme plus petit que le véritable; le tenue eft plus grand lorfque la réduc-
tion a été commencée par la première, la troifième ou la cinquième fraction ou plus
généralement par une fraction d'ordre impair. P. e. lorfque dans le cas précédent nous
commencions la réduction en partant de la troifième fraction }, la proportion trouvée
de la circonférence au diamètre 355 : 1 13 devenait plus grande que la vraie valeur.
Mais fi j'avais commencé par la deuxième fraction, il en ferait réfulté le rapport
333 : 106 inférieur à la vraie valeur. Commençant par la première fraction, favoir I,
on trouve de nouveau un rapport, celui d'Archimède, 22:7, fupérieur à la véritable
35) Nous avons déjà public cette fraction continue à la p. 394 du T. XX.
DE.SCRIPTIO AUT0MATI l'LANETARII. 633
lui multiplicem; ergo & rcliquum mctietur,- quod abfurdum, quandoquidcm nunieri
rater l'e primi ponebantur. Itaque propiores numeri proportion] propofitae, non mi-
nores, fed majores erunt in vernis 206 & 7.
Porro facile intelligitur reducn'onem fractionum ab ea utilius femper incipi, quam
proxime infequens rraétio majorem denominatorem habebit vicinarumeomparatione;
lieue & antécédent] exempta inde reduCtionem incepimus, ubi i fcquebatur.
L'tilitas vero methodi ad alia multa porrigitur, ubi proportio qua^piam numeris
comprehenta ad proxime aequalem aliis minoribus numeris cil redigenda. Velut cum
périphérie circuli ad diametrum ratio ad notas veras plures datur, nempe qua:
•^ 1 4 1 5926535 ad 1 0000000000. Hic tàcta divifione fit,
3+ 1
7 +_1_
1 5 + j.
1 + 1
292 + 2
T+,35)
ubi iï reductionem inchoaremus a fraftione ï fit proportio Archimedca 22 ad 7, fi vero
ab y fit alia multo propinquior quam Adr. Metius prodidit 355 ad 1 1 3; n'eut enim 1 1 1 3 (p.452').
ad 355 ita 1 0000000 ad 31415929 &c. Eodem modo hic alias ad verum propius
accedentes rationes invenire licet; fed ha?c Metiana, cum ad ufum habilis eit, tumpro
numerorum parvitate eximia, ob exiguam particulam 5if citra quam reduclio cœpta
eft; Cujufmodi non facile fimilis reperitur ulteriores numéros tentanti. Sciendum vero,
reductionc hac noftra majorem proportionis terminum alternis majorem minoremve
vero reperiri, prout a prima, tertia, quinta aut alia deinceps impari fraftione reduftio
inchoata fuerit. Ita cum a tertia fraftione, quze eil T reduftionem prœcedentem in-
ceperimus, fit proportio circumferentiœ ad diametrum, ut 355 ad 1 13 major vera;
at fi a fecunda quse elt T'? incepifiem, extitiflet inde proportio 333 ad 1 06 minor vera;
rurfus fi a prima qua? eit * initium fiât oritur proportio Archimedea 22 ad 7 major
80
634 DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
proportion; j'appelle ici véritable celle qui s'exprime par les grands nombres donnés,
laquelle nous avons prise comme représentant vraiment le rapport delà circonférence
au diamètre. La démonftration de cette propriété repoie fur ce fondement fort connu
que toute fraction devient plus petite par l'augmentation du dénominateur et plus
grande par fa diminution.
En effet, foit A le nombre réfultant de la première divifion et qu'il y ait enfuite un
nombre quelconque de fractions defcendantes B, C, D, E, F, au dénominateur de la
dernière defquelles foit jointe une fraction Z obtenue par la réduction de toutes les
fractions ultérieures. Comme la fraction indiquée par F eft par conséquent plus grande
que la vraie fraction, puifqu'elle possède un dénominateur inférieur au vrai dénomi-
nateur qui ferait 1 + Z, il réfulte de l'augmentation du dénominateur de la fraction
E par la fraction F une fraction réduite, provenant de E et de F, plus petite que la
vraie fraétion; partant en augmentant enfuite le dénominateur de la fraction D, il
A B C D E F réfultera de la réduction de celle-ci une fraction provenant
« de D, E et F qui fera plus grande que la vraie valeur; et en
: + _i_ augmentant enfin le dénominateur de la fraction C par cette
ï + _i_ dernière, une fraction fera produite, provenant de C, D,
+ t E et F, qui fera plus petite que la fraction véritable.
Puifque les fractions obtenues par la réduction de celles qui forment la férié amen-
dante font donc nécefTairement alternativement plus grandes et plus petites que les
fractions véritables, et que la plus baffe, par laquelle on commence, eft toujours trop
grande, il appert facilement que fi celle-ci occupe un lieu impair, la fraction réfultant
de la réduction de toutes les fractions fera également trop grande et que par confé-
quent elle donnera, étant ajoutée au nombre A, un rapport Supérieur au rapport véri-
table. Mais fi celle par laquelle on commence eft d'ordre pair, il eft clair que de la
réduction de toutes les fractions il en réfultera une qui fera inférieure à la fraction
véritable et que par conféquent elle fournira, lorfqu'on l'ajoute au nombre A, un
rapport inférieur au rapport véritable. La vérité de la propofition eft dès lors mani-
fefte. Il faut favoir en outre que fi l'on défire avoir la férié confécutive de tous les
termes approchants de la proportion donnée, il faut faire la réduction d'abord pour
toutes les fractions d'ordre impair, enfuite pour toutes celles d'ordre pair, et cela en
prenant fucceffivement dans le cas de toutes les fractions à dénominateurs Supérieurs
à 1 des dénominateurs variant de 1 jufqu'au vrai dénominateur et en effectuant la
réduction pour chacune des fractions ainfi obtenues. En agifTant ainfi pour les fractions
d'ordre impair, on obtiendra en bon ordre tous les termes Supérieurs à la vraie valeur;
dans le cas des fractions d'ordre pair on trouvera, également en bon ordre, tous les
termes inférieurs à la valeur véritable. C'eft ainfi que dans l'exemple propole plus
haut il faut à la première traction fubftituer fucceffivement i, i, i, i, i, ^, ^ ; la ré-
duction donnera alors les rapports tous Supérieurs au vrai rapport 4 : 1,7:2, 10:3,
13:4, 16:5, 19 : 6, 11 : 7. Commençant enfuite par la troiilème fraction D, le pro-
chain rapport Supérieur trouvé fera 355 : 1 13. Et en commençant par la cinquième
DF.SCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII. 635
vert; veram nutcm proporrionem hic appelle, quœ iis, qui adfumti fiint, magnîs nu-
meris exprimitur, quam nimirum pro ipfà proponionc circumferentia: ad diametrum
Bccepimus. I lorum vero demonftrario hoc fundamento nititur notifiïmo, Fradtionem
quameunque, aucto denominatorc, fieri minorcm; imminuto, majorem.
Sit enim numerus ex prima diviiione omis a, fraclionibus vero deinceps defeen-
dentibus quotlibet bcdf.f & ad infime F denominatorcm adjccla intelligatur fraftio
qua? ex omnibus ukerioribus fraclionibus rcduéb's conficcretur, quse dicatur /.. Cum
itaque fractio, cui fuperfcripttim F, fit major vera, quia denominatorem habet minorem
vero denominatorc, qui effet i + z, hinc augendo denominatorem fraclionis E fraclione
F, fiet reducta fraétio ex fraclionibus e, f, minor vera, ideoque rurfus augendo deno-
minatorem fraclionis d, illa fraclione re|ducla, fiet fraclio ex def reduclis major vera, (/>.453).
A B r
3 + f + . D E
T + _1_
aya + i
i
ac proinde rurfus augendo denominatorem fraclionis c illa ultima, fiet fraclio, ex cdef
fraclionibus reduclis, minor vera.
Cumque ita ncceiïario fraétiones ex reduclione fraclionum furfum tendendo effeclae,
alternatim nunc majores, nunc minores évadant Veris, fitque infima,undeinitiumfit,
lemper vera major; facile apparet, fi hase fedem imparem obtineat, etiam ex omnium
fraclionum reduclione effeclam vera majorem fore, ideoque numéro a additam, datu-
ram terminum proportionis majorem vero. Si vero illa, unde initium fit, fedem parem
obtineat, tum ex reduclione omnium exftituram vera minorem, ac proinde numéro a
additam, daturam terminum proportionis vero minorem. Quare patet propofiti veritas.
Sciendum porro, fi omnes ordine terminos proximos data? proportioni defideremus,
tune & ab omnibus fraclionibus imparium fedium, & rurfus ab omnibus fedium parium
faciendam reductionem, idque ita, ut pro fingularum fraclionum denominatore, qui
unitate major erit, ponantur feorfim denominatores omnes ab unitate adillumufque,
& cum iis fingulis reduclio inchoetur perficiaturque. Hoc enim fi fiât in fraclionibus
fede impari locatis, omnes termini veris majores ordine exiftent; fi verb fiât in fraclio-
nibus fedium parium, habebuntur ordine omnes termini veris minores. Ita in propo-
fito exemplo fi pro fraclione prima \ ponantur figillatim*) j, i, i, £, y, £, '-, facla
hinc reductione exiftent proportiones vera majores: 4 ad 1 , 7 ad 2, 10 ad 3, 13 ad 4,
16 ad 5, 19 ad 6, 11 ad 7. deinde a fraclione tertia d incipiendo fiet | proxima ratio (/>. 454).
major 355 ad 113. Et ab quinta f incipiendo fiet proxima ratio major 104348 ad
*) Les éditeurs de 1703 avaient corrigé en jjSingulatim" le mot „sigillatim" de Huygens. Nous
avons rétabli ce mot peu correct, mais dont on se servait assez généralement tant aux jours de
Huygens qu'avant et après lui: voyez sur ce sujet notre remarque dans les Additions et Cor-
rections du T. XVII, p. 549.
636 DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
F,leprochain rapport fupérieur fera 104348 13 321 5. Lorfque d'autre part à la deuxième
fraction TJT on fubftitue toutes les 1 5 fractions {, §, \ etc. et de même à la quatrième
_£y toutes les fractions depuis l'unité 4, i, f jufqu'à 5— , on obtiendra en bon ordre
après réduction de chacune d'elles des rapports inférieurs à la vraie valeur, ceux bien
entendu qui fe peuvent avoir à l'aide de la fraction E. Si nous voulons enfin conftruire
une férié mixte continue, favoir une férié contenant tant des termes fupérieurs que
des termes inférieurs à la vraie valeur, dont chacun foit plus approchant que le terme
précédent, il faut s'en tenir à la règle fuivantc: dans chaque fraction à dénominateur
fupérieur à 1 il faut fubfHtuer fucceffivement, non pas comme tantôt, tous les déno-
minateurs plus petits depuis l'unité, mais feulement tous les dénominateurs depuis le
plus petit nombre qui furpafle la moitié du vrai dénominateur 3<5).
3<s) Soit « + ~ (°ù a représente une fraction) la véritable valeur de la traction continue,
'i + a 1 + a
ce qui peut s'écrire;/ 4- —7 — ; — c— : — . En ne prenant que n l'erreur est donc —7 — : — c— : — .
En prenant seulement // -\- _- l'erreur, de signe contraire à l'erreur précédente, sera
1 q -f- a
p — , . . . Celle-ci surpassera l'erreur précédente en valeur absolue lorsque
p — sP>— r— -, c. à. d., puisqu'il ne s'agit que de nombres entiers, lorsque /> — 2P > o, autre-
ment dit lorsque P <^ \p. Pour que la deuxième erreur soit moindre que la précédente, il faut
donc prendre successivement pour P seulement tous les nombres entiers supérieurs à £/>, comme
le dit Huygens. En appliquant le même raisonnement à la partie />+,,. delà fraction
donnée, on constatera qu'il en est de même pour le nombre q. Etc.
C'est à ce sujet que se rapporte la remarque suivante de Huygens de la p. 257 du Manuscrit
F datant de 1687:
3 + \ + _i_ Hic denominator A 1 minus a vero denominatorc déficit
r + i quam s£7, quando quidem hujus fractionis denominator
F aliqua quantitate augcndus est, quo ipfa fractio minor
evaderet. Quod fi itaque diéto denominatori A 1 addam
2|5, jam cxcedam verum denominatorcm amplius quam ipfe denominator A 1
deficiebat. Ergo pofito ^i5 feu T£5 pro 'T^, faétaque inde reductione fiet pro-
portio circumferentise ad diametrum minus propinqua verae quam fi reductio inci-
piat a pra.'ccdcnte proximè f . Rurfus idem denominator A 1 inagis déficit a vero
quam 2^3, quia addendo ^±3, additur minus debito, fiquidem addendum effet
'y 1 +
DESCRIPTIO AUTOMAT] PLANETARII. 63-
33215. Rurfus fi pro frarïionc fecundaTx? ponantur figillatim *) 1 5 fraclioncs \ , i, 4-,
&c. Item pro quarta 5-y-y ponantur omnes ab unitate, f, 4, i, ufquead —^factis
reductionibus habebuntur ordine proportioncs veris minores, qua? quidem ad fraclio-
ncm E procedendo dari pofiînt. Quod fi denique feriem continuammixtamterminorum
tam majorem quam minorem vera proportionem exhibentium velimus, quorum qui-
que praxedentibus ad veram propius accédant, tune hoc obfervandum, ut in fractio-
nibus quibufvis, quarum denominator unitate major erit, ponantur, non ut modo
tactum omnes deinceps minores denominatores ab unitate, fed ab ea incipiendo quœ
dimidio illius denominatoris proxime major erit3<5).
t + &c quod majuseH: quam 5 £T. Itaque omnino magis diftat denominator
A 1 a vero quam per — j. Quare fi denominatori A 1 addam ^|T five ,i? jam
minus excedam verum denominatorem quam denominator A 1 a vero deficiebat.
Ergo fi pro fractione s£3 ponatur T|,, atque hinc fiât reductio, exillet proportio
circumferentias ad diametrum propinquior vera, quam si incepta iuiflet reduétio
a pracedenti j.
*) Les éditeurs de 1703 avaient corrigé en „singulatim" le mot „sigillatim" de Huygens. Nous
avons rétabli ce mot peu correct, mais dont on se servait assez généralement tant aux jours de
Huygens qu'avant et après lui: voyez sur ce sujet notre remarque dans les Additions et Cor-
rections du T. XVII, p. 549.
638 DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
Nous fervant de cette méthode aufïi pour les autres planètes, nous avons donné
166 dents à la roue de Jupiter, 14 dents à fa roue motrice 37); 158 dents h la roue de
Mars, 84 dents à fa roue motrice 38); 32 dents a celle de Vénus, 52 à fa roue motrice,
nombres qui font a peu près entre eux comme 43 : 70 39). Si nous nous étions fervi
de ces derniers et que nous avions donné 43 dents a la roue de Vénus, 70 à fa roue
motrice montée fur le grand axe, la machine aurait correfpondu un peu plus exacte-
ment au vrai mouvement de Vénus; en effet, les premiers nombres, ceux dont nous
avons fait ufage, font caufe pour Vénus d'un retard de 3°37'en 20 ans, tandis que les
féconds auraient légèrement fait avancer la planète en ces mêmes 20 ans, fa voir d'un
peu moins de 15' feulement.
C'eft aufh" à peu près de la même manière qu'ont été trouvées les dents des pignons
qui meuvent Mercure: prenant 365 jours, 5 heures, 49' 15 "46"' pour la période de la
terre fous l'écliptique 4°) et 87 jours, 23 heures, 14'24'pour celle de Mercure fous
elle 4I), ou plutôt, pour la facilité du calcul, refpeclivement 365 jours, 5 heures, 50'
et 87 jours, 23 heures, 15' 4I), on trouvera pour le rapport des révolutions de Mer-
cure à celles de la Terre 105190 : 25335 ou 21038 : 5067, par la divifion defquels
nombres, exécutée fuivant la méthode fufdite, il vient
21038
5067
4+i
5 + i
1 + 1
1 + 1
2 + 1
1 + ±
1 + 1
1 + i
1 + \ etc.
37) Dans la machine parisienne inachevée Huygens avait pris Jupiter, comme aussi Saturne, „sub
fixis" (p. 151 et 167 qui précèdent). Il trouvait alors les nombres de dents 83 et 7 ce qui est
évidemment la même chose que 166 et 14. Dans la machine de la Haye Jupiter a été prise „sub
ecliptica" comme toutes les autres planètes: l'écliptique y est fixe au lieu d'être mobile. Par
conséquent Huygens disait (p. 176): „In Jove et Saturno alij [numeri dentium] fuere inve-
niendi". Cependant le calcul delà p. 104 du Manuscrit F (1. 12 de la p. 179 et 1. 10 de la p. 180
qui précèdent) donne également 83 et 7 dents. On ne peut donc parler de „numeri alii" qu'en
considérant aussi les fractions. Dans la machine parisienne les 83 dents de la roue de Jupiter
correspondent à 7^57 dents de sa roue motrice, tandis que dans la machine de la Haye, d'après
le calcul de la p. 104 du Manuscrit F, 83 dents correspondent à 7„.ï5_ dents de cette dernière.
38) Voyez sur Mars les p. 151 et 177 — 179 qui précédent.
3S>) Dans la machine parisienne Vénus, comme aussi Mercure, avait déjà été prise „sub ecliptica";
voyez les premières lignes de la p. 150. À la p. 151 Huygens trouvait pour Vénus 13 et 8, ou
26 et 16 dents, ce qui est évidemment la même chose que 52 et 32 dents. Nous ne voyons pas
où il a calculé les nombres 70 et 43 dont d'ailleurs il ne s'est pas servi.
4°) Voyez la note 31 de la p. 626 qui précède.
4I) Comparez la p. 150 qui précède, et voyez aussi la 1. 10 de la p. 180. La fraction continue de la
p. 150 est la même que celle du présent texte. À la p. 105 du Manuscrit F Huygens trouvait
les nombres de dents 847^3. et 204.
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETAR.II. 639
Hac igîcur ratione in cateris quoque Planetis ufi, rota Jovis dedimus dentés 1 66,
rote vero ipfam movenri dentés 14'"), rota.1 Martis dentés 158, ipfam vero moven-
ti dentés 84 5'!). Rota Veneris dentés 32, ei qua movet dentés 52; qui numeri funt
inter le ferme, ut 70 ad 43 39). Quibus numeiïs iî ufi eflemus, & Rota Veneris dc-
diflemus dentés 43, rota vero banc in axe magno agitanti, 70, aliquantulum perfeclius
vero Veneris motui reipondiffet Machina. Priores enim numeri, quos adhibuimus,
efficiunt, ut \Tenus poil 20 annos a vero loco deficiat gr. 3, 37'. cum porteriores in
iil'dem 20 annis tantillulum ultra verum locum Venerem promoveant, fed exceffu 15'.
non plene aquante.
Xec multum diiînnili ratione inveniuntur dentés rotularum, qua Mercurium rao-
vent. Alïïimta enim Periodo telluris fub Ecliptica dicrum 365. hor. 5. 49'. 15".
46'".40), Mercurii vero fub eadem dierum 87. Hor. 23, | 14', 24", aut facilitatis ergo(/,#455).
aflumta illa d. 365. hor. 5. 50' & hac dierum 87. Hor. 23. 15'.41) invenietur ratio
revolutionum Mercurii ad illas Telluris ut 105 190 ad 25335, five 21038 ad 5067;
quorum divifione, eo, quo diftum, modo, inftituta
21038 4 + ^ + 1
5067, Ï + |+I
2 + 1
T + 1
T + 1
T + I
1 + \ &C.
64O DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
Négligeant la dernière fraction et réduifarit les autres à un commun dcrnominateur
on obtient §£J, lefquels nombres correfpondent auffi exactement que pofilble à la
proportion des mouvements des deux planètes confidérées. Mais comme 847 eft le
produit de 1 2 1 par 7 et 204 celui de 1 2 par 17, nous avons donné 1 2 dents à la roue
annuelle qui fe trouve fur Taxe commun, et nous avons fait ufage de l'interpofition
(voyez la Fig. 141) d'un axicule mobile autour de deux points fixes fitués l'un fur
Taxe paffant par le Soleil et l'anneau de Mercure, l'autre fur la colonne dreflee fur la
plaque i\xe de la Terre. Ces points font fi éloignés des orbites de Mercure et de Vénus
que les dents des roues de Vénus et de la Terre, paflant librement fous l'axicule,n'en
éprouvent dans leur mouvement aucune gène. Le dit axicule porte deux pignons, un
à chaque extrémité, dont le premier, qui engrène dans la roue annuelle, a 1 2 dents,
tandis qu'il y en a 7 à l'autre engrenant dans la couronne dentée menant la planète,
couronne qui pofïede, elle, 17 dents. Il eft évident par là qu'entre le mouvement de
l'axe commun et celui de la roue qui mène Mercure, exifte le rapport nommé, celui
de 204 à 847.
Pour établir les nombres des dents des rouages qui mènent la Lune +I), nous prenons
ici auflï pour le môme mouvement annuel 365 jours, 5 heures, 50' et pour celui de
la Lune 29 jours, 1 2 heures, 44' 3" ou plutôt 45' pour la facilité du calcul, d'où l'on
trouvera pour le rapport des révolutions de la Lune à celles de la Terre 1 05 1 90 : 8505
ou 2 1038 : 1 701 ; en divifant comme auparavant il en réfulte
21038 12 + ,
1701
+ £
1 + £
2 + £
1 + i
1 + 1
<T + £
3 +£
4
Prenant £ comme dernière fraction et réduifant les précédentes au même dénomina-
teur, on obtient les nombres 1546 et 1 25; mais comme le premier de ces deux n'a
pas de parties aliquotes autres que 2 et 773 qui ferait un nombre de dents excefilf,
il fera préférable de prendre, au lieu de 5, la fraction plus petite la plus proche, favoir
i, d'où réfultent les nombres 1781 et 144, dont le premier eft le produit de 137 par
1 3 et le deuxième celui de 1 2 par 1 2. On verra aifément qu'à ces nombres correfpon-
dent les rapports fus-énoncés des dents de la roue majeure et des axicules dentés.
Il eft manifefte d'après la méthode de calcul du nombre des dents, tant de celles
qui doivent être taillées dans l'axe commun que de celles qu'il faut tailler dans chacune
4J) Tout ce qui est dit ici sur la Lune, correspond à la p. 152 qui précède. 11 est possible que les
mots „Ponendo g ... ex 137 et 13" de la p. 152 aient été ajoutés plus tard. À la p. 106 du
Manuscrit F Iluygens trouvait une fraction continue différente; la différence ne commence
toutefois qu'à la sixième fraction partielle qui à la dite p. 106 est T'_ au lieu de ]r.
DESCRIPTIO AUTOMAT] l'LANETARII. 64 1
& neglecta ultima fraetionc reliquisad communem denomînatorem deduétis fiet f£J,
qui numerj proportion! motuum, quibus ni Planetae movcntur, quam proxime res-
pondent. Verum cum 847 fiât ex durïis in le numeris 121, & 7, & 204 ex ducris in
(c numeris [2 & 17, rotae annuae, qua? cil in axe communi, inditi funt dentés 1 21, &
axiculus interpofitus rotatilis eirca duo punrta fixa, quorum alterum cil in axe pcr
Solem & annulum Mercurii tranleunte,* alterum in columella inhérente lamelle fixae
Telluris. Sunt autem haec punéta ita remota ab ipfis orbitis Mercurii & Vencris, ut
dentés rotarum Veneris & Telluris libère fub axiculo tranfeuntes ab eo in motu fuo
non impediantur; I lie autem axiculus duas rotulas habet circa unamquamque extremi
tatem unam, quarum altéra, cujus dentés eommittuntur rota? annuse, efl: dentium 12;
altéra vero, quae armilke dentatae Planetam vehenti committitur dentium 7, cum ipfa
armilla habeat dentés 17. quo ipfo inter motum axis communis, & rota? Mercurium
vehentis eandem proportionem fervari, quse elt 204 ad 847, manifelhim eft.|
Rotularum, quse Lunam vehunt dentés ut inveniantur4*), afïumto eodem motu an- q>, 45<5\
nuo d. 365. bor. 5. 50', & Lunari motu d. 29 hor. 1 2, 44', 3" five fcrupulorum 45,0b
faciliorem calculum invenietur ratio revolutionum Luna? ad eas Telluris, ut 105 1 90
ad 8505, live 2 1038 ad 1701 : quibus numeris, ut prius, divifis fît
2I038iI2 + i + i
1 — r\ 1 I + I
I7OI 2+1
T + 1
5 + i
3 + 1
4
Quod fi pro ultima fractione fumatur ^, & précédentes ad eundem denominatorem
deducantur, fient numeri 1546 & 125, quorum cum prior nullas partes aliquotas ha-
beat, prœter 2 & 7-3; hic autem nimium dentium numerum faciat, praftabit fi loco
fractionis \ proxime minorem fumamus i, quo faclo orientur numeri 1781 & 144,
quorum prior fit ex 1 37 & 1 3, pofterior ex 1 2 in 12. Ex quibus deferipta ratio den-
tium tum in majori rota, tum in minoribus axiculis dentatis facile conllabit.
Ex ipfa autem hac inventione numeri dentium, qui tum in axe communi, tum in
rôtis fingulos Planetas deferentibus incidi debent, manifeilum eit non porte has cir-
81
642 DESCRIPTION DU PLANÉTAIRE.
des roues menant les planètes, que les rotations ne peuvent fe faire (ans que dans le
cours du temps de petites fautes fe produifent dans les rapports du mouvement de la
terre à celui de chaque planète, tels que nous les avons adoptés comme véritables
d'après les obfervations. Or, il eft facile de déterminer les grandeurs de ces petites
aberrations. En effet, pour que la machine reproduifît exactement le rapport corres-
pondant au vrai mouvement, il ferait néceflaire que ce rapport correfpondît précifé-
ment aux nombres des dents des roues. Pour rendre la chofe plus claire, confidérons
par exemple le cas de Saturne. Dans la roue de Saturne montée fur Taxe commun il
y a 7 dents, dans celle qui mène la planète il y en a 206. Néceffairement Saturne ac-
complit donc 7 fois fa révolution en un efpace de 206 ans. Mais comme le rapport
du mouvement de la Terre à celui de Saturne eft exprimé par 7708431 : 2640858,
on trouvera qu'en 206 ans Saturne accomplit fon mouvement périodique non pas
précifément fept fois, mais environ ^jj^^ fois. Dans chaque période de 206 ans Sa-
turne retardedonc d'après le mouvement de notre machine de T g?î5 de fa circonférence
de cercle, et dans chaque année féparément d'une même fraétion d'une quelconque
de fes dents. En 1346 ans fon mouvement retardera d'une feule dent; après ce laps
de temps c'eft donc d'une dent qu'il fuudra faire avancer la roue de Saturne. Or, cette
roueconfifteen 206 dents conftituant un contour circulaire de 360 degrés. À chaque
dent correspondent par conféquent 1 05 minutes; c'eft d'autant qu'il faudra faire avan-
cer Saturne après 1 346 ans, ce qui fait 1 '34" en 20 ans43). Le même calcul eft appli-
cable à toutes les autres planètes.
Refte à expliquer de quelle manière les juftes inégalités des mouvements réfultent
des révolutions de nos roues 4+). Voici ce que nous avons à propofer a cet effet. Que
l'on confédéré l'orbite planétaire ANP [Fig. 1 46], ayant C pour centre; foit S le foleil
et prenons fur SC le point quelconque E; foit prife CE: ED comme l'excentricité
SC eft au rayon CA; et décrivons la circonférence de cercle DM du centre E avec
le rayon CE. 11 faut favoir en outre qu'au cercle AL eft immobilement attaché en fon
centre mobile C le dit cercle DM, pourvu de dents égales perpendiculaires a fon plan,
lequel cercle tournera donc néccïïaircmenr autour du centre C. Mettons qu'il fe
meuve par la rotation uniforme du tympan KH dont l'axe eft dirigé vers C et dont
les dents engrènent dans la roue DM. Les dents auront les unes fur les autres une
prife fuffifante, quoiqu'à caufe de l'excentricité de cette roue leur enfemble ne fafte
pas toujours un angle droit avec l'axe de la roue mobile nommée. Je dis que par ce
mouvement la planète (e meut inégalement dans fon orbite, de telle manière que fon
mouvement eft a fort peu près identique avec le mouvement kcplérien.
43) Comparez la p. 1 ~6 qui précède où se trouve la même correction. Huygens n'a évidemment
pas tenu compte de son calcul de 1685 ou 1686, donc postérieur à la construction du plané-
taire, publié dans la note 9 de la p. 179.
44) Comparez sur ce sujet e.a. les p. 143 — 148 qui précèdent.
DESCRJPTIO AUTOMATI PLANETARII. 643
cumyolutiones ita fieri, quin traéhi temporis aliquantulum ab ea rationc quam motus
celluris ad motum uniufcujulque Planetse ex obfervatis haberc aflumfîmus, aberret:,
Cujus tamen aberrationis quantitatem, quantula lit, facile oit determinare. Nam ut
exacte in machina cadein ratio veri motus obfervaretur, neceilum fojret, ut ratio (/>. 457).
motus prsecife numéro dentium in rotulis refpondeat. Nimirum in Saturai, ut hoc
exemplo res plana liât, rota, qua? in axe communi eft, dentés funt 7, in ea vero, quœ
Saturnum vehit, dentés 206. Neceflum igitur eft, ut tempore 206 annorum Saturnus
periodum fuam ablolvat fepties; Verum eùm ratio motus Telluris ad Saturnum fit,
ut -708431 ad 2640858, invenietur, Saturnum ipatio 206 annorum, abfolvere pe-
riodum fuam non prsecife fepties, fed circiter Jj^ s. Singulis ergo 206 annis Saturnus
in motu iuo in hac machina retardatur T^s fui circuli, fingulifque annis tantundem
uniufcujufque dentis, & annis 1 346 retardabitur ejus motus unico dente, quo igitur
poft id tempus rota Saturai promovenda erit. I \xc autem rota cum conftet dentibus
206, qui integrum circulum 360 graduum conftituunt, unicuique denti praterpropter
refpondebunt 1 05 ferupuli, per quos itaque promovendus erit Saturnus poft exactos
annos 1346, adeoque poft 20 annos 1' : 3"441). Eademque ratio eft in caneris.
Reftat explicemus quanam rationc ex harum rotarum revolutionc débita? motuum
anomalie fequantur4+). I lune in finemiit anp orbita Planeta?, cujus centrum c; Sol s;
fumaturque in se punéhim e ad lubitum, fiatque, ut excentricitas se ad radium ca, ita
ce ad ed, quo radio ac centro e deferibatur circulus dm. lntclligaturporrocirculo al
mper centro fuo c mobili affixum efle immobiliter circulum dm incifum dentibus se-
qualibus luper circuli piano erectis, qui proinde circulus neceflario quoque circa cen-
trum c movebitur. Ponatur autem moveri verfatione asquabili tympani kh axem ad
c directum habentis, cujufque dentés congruant dentibus rotse dm. Satis enim con-
venient, etli ob excentricitatem hujus rota? non femper tympano ad | rectos angulosQ,.^).
fubjiciantur: dico hoc motu Planetam insequaliter ferri in ma orbita, idque ita, ut ejus
motus hypothefi Kepleriana; proxime îequipolleat.
644 DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
En effet, prenons fur la circonférence de cercle DM décrite du centre E un arc
quelconque DO et admettons que les dents de cet arc aient par la rotation du tym-
pan HK dépaffé la droite CD; la droite CO coïncidera alors néceflairement avec la
droite CAD, non pas cependant de telle manière que le point O ferait en D, il fe
trouve au contraire plus vers l'intérieur en R, vu que CD, qui eft égale à la fommc
de CE et de EO, eft plus grande que CO. AuiTï grand qu'eft l'angle OCD, auffi grand
fera donc auffi l'angle duquel la droite CAD a tourné autour du centre C. Si nous
prenons /_ DCT = /_ DCO, CT fera donc la droite à laquelle CAD eft parvenue,
de forte que la planète fera avancée de A jufqu'au point IN où la droite CT coupe la
circonférence AN décrite du centre C. Quant au cercle DM, puifque le centre E
s'eft avancé jufqu'en F et que FT a été prife égale à ED, il occupera déformais le lieu
du cercle TR. Or, il apparaît par la même égalité des angles OCD et DCT que l'arc
DM que la droite CT coupe fur la circonférence ODM eft égale à l'arc DO. Si nous
tirons la droite ME, l'angle MED fera donc aufli égal à DEO. Par conféquent fi l'arc
AL eft pris d'autant de degrés qu'en contient l'arc DM, et qu'on joint C et L par
une droite, celle-ci fera parallèle à EM. Dans les triangles CEM, SCL les angles
LCS, MEC feront donc égaux, et les côtés avoifmant ces angles égaux feront dans
un même rapport pour les deux triangles. En effet, on a d'après la conftrucrion
SC : CL = CE : EM, puifque CL = CA et EM = ED. Les angles MCE et LSC
feront donc auffi égaux entre eux et par conféquent les côtés CM et SL parallèles.
Nous pouvons maintenant démontrer comme fuit que par cette rotation des cercles
DM et AL la planète placée en A fe meut par la circonférence de cercle AL de telle
manière que fon mouvement correfpond à fort peu près avec l'hypothèfe de Kepler.
Suppofons que la planète fe foit portée de A en N, l'efpace NSA fera alors fon ano-
malie moyenne; mais à caufe du parallélifme des droites SL et CN le triangle NSC
fera égal au triangle CLN, qui diffère fort peu du feéteur CLN 45). L'efpace CLA,
et par conféquent auffi l'arc AL, correfpondront donc à l'anomalie moyenne lorfque
la planète fe fera tranfportée de A en N. Et fi nous confidérons AQP comme l'orbite
elliptique de Kepler, la planète fera, il eft vrai, en Q, c. à. d. au point où NQ, per-
pendiculaire à AP, coupe l'cllipfe AQP, et non pas en N, mais ces ellipfes s'écartent
fi peu de circonférences de cercles que la différence eft inapercevable dans notre ma-
chine. N fera donc le lieu de la planète dû au mouvement moyen AL, arc qui contient
autant de degrés que l'arc DO ou DM. Que fi le tympan eft placé en un autre endroit
quelconque tel que G également diftant du centre C vers lequel il eft dirigé, et qu'on
place fous lui le point D qui fur la roue ODM eft le point le plus diftant du centre C,
plaçant en même temps la planète de nouveau en A, lieu de fon aphélie, il appert que
45) Comparez les 1. 2 — 3 de la p. 144 qui précède, ainsi qu'à la p. 132 la fin de l'Avertissement.
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII. 645
Sumto enim in circulo dm. centro e dcfcripto quolibet arcu do, ponaturejusarcus
dentés verfatione tympani hk pertranfiifle reclam cd, erit necefTarîo recta co in recta
c.\n, etfi non ira, ut punctinn o fit in d, fed interius in r, cum cd, quae aequalis eft
duabus ce, eo, major fit, quam co. Quantus igitur eft angulus ocd, tantus quoque
crit angulus, quo recta cad mota erit circa Centrum c; ideoque (i faciamus angulum
dct œqualem angulo dco, erit ct recta, in quam promota erit cad, adeo ut Planeta
procèdent ex a in punchim n, ubi recta ct fecat circumferentiam an centro c de-
feriptam. Circulus autem DM centro e promoto in F, factoque ft a?quali ed, habebit
fitum circuli tr. Apparet autem ob eandem angulorum ocd, dct a?qualitatem arcum
dm, quem recta ct abfcindit in circumferentia odm elle a?qualem arcui do. Unde
juncta me, erit & angulus med a?qualis deo. Itaque fi fiât arcus al totidem graduum,
quot continet arcus dm, jungaturque cl, crit ha?c parallela em. In triangulis igitur
cem, scl erunt anguli lcs, mec œquales, & circa hos squales angulos latera proportio-
nalia. Eft enim ex conftruclione se ad cl, ita ce ad em, quoniam cl ipfi ca & em ipfi
ed eft aequalis. Erunt ergo a?quales etiam anguli MCE & lsc, ac proinde latera cm, sl
parallela. I lac igitur rotatione circulorum dm, al Planetam in a pofitum ita moveri
per circulum al, ut ejus motus quam proxime refpondcat Hypothefî Kepler i ha often-
detur: Ponatur Planeta motus ab a verfus n, erit fpatium nsa anomalia ejus média;
atqui propter lineas parallelas sl, cn erit triangulum nsc œquale triangulo cln, quod
infenfibili | diferimine differt a feclore cln45). Spatium itaque cla, adeoque & arcus al q,, 45y .
refpondebit anomalia? média1; promoto Planeta ex a in n. Quod fi ponamus aqp efie
ellipticam Kepleri orbitam, erit quidem Planeta in q, ubi fcilicet nq perpendicularis
in ap Ellipfin aqp fecat, non in n, fed ha? Ellipfes tam parum a circulis recedunt, ut
differentia in machina animadverti nequcat. Erit itaque n locus Planeta? debitus medio
motui al, qui arcus tôt gradus, ac arcus do five dm compleclitur. Quod fi tympanum
ponatur quovis alio loco velut in g a?que diftante a centro c verfus quod tympanum
dirigitur, collocetur vero punclum d, quod in rota odm maxime a Centro c diftat fub
tympano, & Planeta rurfus in a loco Aphelii fui, apparet a?quali verfatione tympani
646 DESCRIPTION DU PLANETAIRE.
par des rotations égales du tympan en G et en D, païïent les mêmes angles autour du
centre C. En quelqif endroit qu'on place le tympan, le mouvement de la planète de-
viendra donc inégal fuivant la même loi, quoique les dents de la roue DM aient été
prîtes toutes égales; il faut feulement que les dents du tympan K vifant directement
le point C aient une certaine longueur par l'effet de laquelle elles puiffent engrener
dans celles de la circonférence DM coupant la droite DC en des points toujours di-
vers; de plus on doit avoir égard à ce que, lorfque la plus longue droite qu'on puifle
tirer du centre C à la circonférence DM cil placée directement fous le tympan K, la
planète foit placée dans l'aphélie de la circonférence ANL. Mais comme dans notre
machine tous les tympans font placés fur un axe unique, celui-ci ne pourra avoir la
bonne direction que par rapport aux centres de deux planètes. C'eft pourquoi il faut
encore examiner comment le même but peut être atteint au moyen de dents inégales.
Suppofons à cet effet la circonférence DMP coupée en parties égales Da, ab, bM,
Mg et qu'à elles toutes des droites foient tirées à partir du point C, favoir Ca, Cb,
CM, Cg, alors celles-ci couperont l'orbite ANL de la planète en des parties inégales
Ad, de, eN, Nf. De cette façon on trouvera fur la circonférence ANL un nombre de
dents inégales égal à celui des dents égales de la circonférence DM. En leur appli-
quant maintenant le tympan K (car elles s'y adapteront fuffifammentbienquoiqu'ici
plus petites et là plus grandes), il arrivera qu'avec le même nombre de dents du tym-
pan K qui faifait d'abord paflér les dents de l'arc DM, pafTent maintenant celles de
l'arc AN, d'où réfulte que dans l'un et l'autre cas il fe produit la même inégalité du
mouvement planétaire, favoir celle dont nous avons fait voir qu'elle correfpond à
fort peu près à l'hypothèfe de Kepler.
FIN.
DESCRII'TIO AUTOMATI l'I.ANRTARII.
647
in g atque in n eofdem angulos traniire circa centrum c. Quare uhicunquccollocctur
tympanum, eodem ritu motus Planetae insequalis fiet, Iicet dentés rota? dm annales
ponantur, modo dentés tympani k directe (pectantis ad pundtum c aliquam habeant
longitudinem, qua committi queant dentibus circuli dm aliis & aliisin punctis fecantis
rectum vc; ex iimul obfervetur, ut pofita recta longiffima, quai a centro C ad circulum
dm duei poteft directe fiib tympano k, Planeta ponatur in Aphelio circuli anl. Verum
cum noilra in machina omnia tympana in uno eodemque axe fint pofita, non poterit
ille niil ad duorum Planetarum centra débite collocari; quare porro confiderandum
ell, qui idem per inœquales dentés perfici qucat. Quem in finem fupponamus circulum
dmp in partes squales dû, ab, bu, Mg fectum e(Te, & ad illas fingulas duci ex punfto
c reftas, ca, cb, cm, cg illœ in partes inœquales kd, de, en, n/ fecabunt orbitam Pla-
netae anl. Qua ratione invenientur in circulo anl totidem dentés inae|quales, quot^. ^o).
aequales pofiti funt in circulo dm. Quibus fi nunc porro tympanum k applicetur, (latis
enim convenient, licet alibi minores, alibi vero majores paulo évadant,) cum eodem
numéro dentium tympani k, quo tranfiere prius dentés arcus dm, jamtranfeant dentés
arcus an, fiet, ut fimul eadem motus Planeta) oriatur inaxjualitas, quam Hypothefi
Keplerianœ proxime refpondere oftendimus.
FINIS.
APPENDICE I
À LA DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII.
[l686]*X
Ad machinam planetariam. Armilla BC [Fig. 1 47] certum numerum habet dentium
et magnitudinem. Ratio AB ad CD nota. Fiat altitudo CB debito major et dentibus
aliquot incidatur ex ijs qui latiffimi. Tum inDC nondum axi EFjunclapaulo majore
[Fig- H7]
adfumta, dentés aliquot fecundum faftam partitionem incidantur,atque eoufque dimi-
nuantur cum radio CD donec hi dentés commode moveant dentés diftos armilla? BC.
Tune demum axi EF imponatur rota DC armilla?. Hujus dentés eoufque deprimantur
donec rota DC axi EF infidens dentés fuos apte inférât dentibus armilla? CB. atque
ad eandem altitudinem tota armilla? circumfercntia dentibus incidatur.
') La Pièce est empruntée à la p. 229 du Manuscrit F. Les p. 227 et 239 portent respectivement
les dates de Sondag 5 Mei et Sept. 1686.
APPENDICE II
À LA DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII1)
De fumma vero operis ut quod fentio dicam, vix qucmquam tore arbitror eoruin
qui ad hanc Aucomari noftri Planetarij Expoiitionemlegendamaccefluri funt adquem
non fama pervenerit Archimcdea; fphaerae de qua tam multa mémorise prodita reperi-
untur. Atque utinam fuperefi et vel ipfius artificis commentarius ille quo machina? hujus
tabricam expofuifle creditur, vel aliunde de ea extaret rida fatis narratio. Nunc vero
ejufmodi font quce de illa feruntur ut ad eam intelligendam nihilprorfusnosadjuvent
— i'ufpicionem vero moveant prêter veritatem aliquam ficla effe — fed potius aliéna
qucedam a veritate hominura mentibus ofTerant, cujuimodi illud de vitrca tphairte
materia et inclulb fpiritu mundum luum movente 2), quaiî non mechanicœ artis fed
chymicorum arcano aliquo fretus (autre leçon : fifus) Archimedes opus illud inchoafiet,
quod eft longe abfurdiflimum (ancre leçon: quo nihil abfurdius dici potlit). Equidem
magnopere femper Archimedis ingenium fufpexi, cujus tôt egregia habemus monu-
menta, sed in hoc de quo nuncagiturinventoeampra;cipuamejuslaudemexiftimoquod
primus rem mirabilem nec adhuc tentatam aggredi aufus fît, multifque poftea ad tîmile
quid conandum (autre leçon : audendum) viam praîiverit. Concedam etiam id eum
prœftitifle quo nihil aptius aut ingeniotîus illo a?vo effici potuerit.
En marge: Equidem nihil dubito quin dentatarum rotularum circuitionibus3) omnia
conftiterint, de fuimna operis vero quam exaétum abfolutumve ruerit fi conjicere licet,
li quod fentio diccndum eft, non maxima de eo apud me opinio eft.
Sed plurima fcimus cum in Aftronomia tum in rébus mechanicis ab eo tempore
ede reperta, quœ prifca illa îetas ignorabat. Et in coeleftium quidem doftrina ultimis
hifce centum annis plus profeftum affeverare aufim quam omni reliquo tempore, quo
ftudium hoc excoli cœptum fit4). Neque cnim ante Copernicumordocertusautpro-
portio orbium in quibus Planetae moventur innotuerant. Nam licet Philolai fyftema5)
et Ariftarchi jam tempore Archimedis extaret atque ejus ipfe alicubi meminerit6), in
quo Terra circa folem immobilem veheretur et in Ce\e converteretur, nihil tamen de
') Chartrc astronomien?, f. 189. Projet antérieur non daté du début de la „Descriptio".
2) Voyez l'épigramme de Claudianus cité à la p. 173 qui précède.
3) Compatez la note 27 de la p. 78 qui précède.
4) Attendu que l'ouvrage de Copernic a vu le jour en 1543, Huygens aurait pu écrire 150 ans au
lieu de 100 ans.
5) Voyez sur Philolaus les p. 554 et 567 qui précédent.
6~) Savoir dans le Vxuuirr,; (ou Arenarius). Il n'y est question que d'Aristarque.
82
65O APPENDICE II. À LA DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII.
reliquorum orbium ad noftrum hune ratione nec de totius fyitcmatis complexu defi-
nitum fuerat. Ut proinde non fatis pro merito Copernicus ab ijs laudatur qui Pytha-
goreorum hypothefin renovade eum ac revocafle dicum, cum ille vix teneribus initijs
cœptam ingenij fui peiTpicacia (autre leçon: felicitate) quafi de integro totam eruerit
ae perfeccrit. Jam quis nefeit quanta prieterea accefîîo faéfo. fit aftronomiae ex quo
commentitios illos Epicyclos Keplerus coclo relegavit (autre leçon : amovit) fimplices-
que Planetarum vias e(Te docuit. Quam denique hœc omnia Telefcopij obfervationibus
confirmata fuerint et ipforum denique planetarum numerus alijs planctis auftus? Itaque
(i quis cogitet quantarum hic rerum cognitione veteres aftronomi caruerint, ut nec
partes Syftematis fingulas nec formam totius habucrint perfpeclam, facile quoque
intelliget fieri non potuifle ut inftar ejus aut imaginem quœ quidem fnnilitudinemali-
quam haberet arte effingerent. Ad haec mechanicaî pars illa quse ad horologiorum
automata pertinetnon pauca habet ad hujufmodi fphœras mobiles inftruendasnecefla-
ria, qualis efl: lamina illa è chalibe quœ in fpiris adllricla motui omni principium dat,
et multo quidem aptius quam plumbi gravitas; quale et libramentum:) quo rotarum
extremarum curfus fufflaminatur (autre leçon: celeritas cohibetur). qux nec Archi-
medis œtate nec multis poil feculis cognita fuere. Si enim reperta fuiflent, non po-
tuiffent, cum tantam ultilitatem haberent, poftea negligi aut exolefeere.
Quod autem vitream fpheeram Archimedis fuifle aliqui voluerint, non video quid
aliud vitro hic fieri potuerit quam ut machinam totam includeret, fragili fane euftodia.
Si vero fphsera fuerit e métallo, oportet ut vel in ejus fuperficie motus planetarum
apparuerit quales videre memini qua; curfum folis exhibèrent (fed hoc in tanta motuum
apparentium diveriitate, nunc prorfum nunc rétro incedentibus fideribus non videtur
mihi prœftari poiïe), vel talc genus fphserœ fuerit, fi tamen ea fphœra dicenda eft,quaîex
pluribus circulis armillifve componitur alijs alios includentibus, quorum quiique fuum
planetam circumferat. Hic vero fimilitudo veri fyllematis crebris illis deferentibus cir-
culis non parum obfcuratur qui in cœlo nulquam exiflunt. Fortafie autem hujufce-
modifpha.TamarmillaremvitrcainclufitArchimedes,nifitotumillud de vitro figmentum
clt, quod mihi potius videtur3). Cicero quidem qui Pofidonij fpha'ram Archimedea;
îemulam laudaty) vitri non meminit fed varios planetarum motus in fpha'ram utrum-
que attigilfe confirmât. Sed neque Pofidonij tempore vera fyrtematis natura (autres
leçons: faciès, fpecies) comperta erat, nifi quod Vencris et Mercurij flellas folem am-
7) Comparez le § 21 de la p. 160 qui précède.
8) Nous rappelons qu'Ovide qui a dû connaître le planétaire d'Archimède de visu dit que le
„globus" se trouvait „in aère clauso" (vers cités à la p. 174 qui précède).
v) Nous avons cité Cicéron dans la note 10 de la p. 172 précède.
APPENDICE II. X LA DESCRIPTIO AUTOMATI PL ANETARII. 65 1
bire inque curfus lui centro habere ex &gyptiorum dortrina jam percrebruerit10).
qua una rc aliquid amplius quam Archimedes efficere potuit. Scd hoc rurfus ^Bgyp-
tiorum inventum a Ptolomœo rcjectum ell quem omncs dcinde ufque ad Copernicum
fecuti funt.
Itaque qui antc hujus tcmpora talia automata architectati funt fruftra, ut mihi vi-
detur, ingénia fua torferunt, inter quos fuifle narratur qui mille quingentis rotulis
opus fuum oneraverat"). Poftquam vero a Copernico reformata ac in melius mutata
elt aitronomia, quae dcinde Tychonis Brahei obfervationibus et Keplcri induitria per-
feclionem fere fummam elt adepta, (icut facilius ten cari reseadem potuit itaapluribus
quoque (autre leçon : plurium quoque œmulatione) fufcepta fuit (autre leçon : ita plures
quoquc in hoc incubuerunt) quorum et machinationes quafdam vidimus vario arti-
ficio elaboratas. Noftra autem quam hic exponere aggredimur diverfa quantum
fcio ab omnibus ratione conftruéta efl: ac fimplici quidem forma adeo ut non pauci-
oribus rem confici pofTe exiltimem. Similitudinem vero veri fyftematis omnium orbium
pofitu ac dimenfione, tum medijs œque et anomalis planetarum motibus exacte expri-
mit ac prêter fpeélaculi elegantiam hune prsebet ufum, ut loca planetarum in cœlo
apparentia tam in futurum ac prseteritum quam in prœfens tempus cum conjunéti-
onibus atque oppofitionibusomnibus velut ephemeride quadam perpétua, nullo negotio
inde addifeere ac prasvidere liceat.
Ut itaque ab exteriori conitruclione exordiar, Octogonum efl: etc.
IO) Dans le § 10 du „Somnium Scipionis" Cicéron écrit: „[Solem] ut comités consequuntur, alter
Veneris, alter Mercurii cursus". En commentant ce passage Macrobe(„InSomnium Scipionis"
Lib. I, cap. XIX) nous apprend que „Plato Aegyptios, omnium philosophie disciplinarum
parentes secutus est qui ita Solem inter Lunam & Mercurium locatum volunt, ut ratione tamen
deprehenderint & edixerint cur à nonnullis Sol suprà Mercurium supréque Venerem esse cre-
datur . . . Horum verô trium proximorum, Veneris, Mercurij & Solisordinem vicinia confudit.
Sed apud alios. Nam Aegyptiorum solcrtiam ratio non fugit, qua: talis est: Circulus per quem
Sol discurrit, à Mercurij circulo, ut inferior, ambitur. Illum quoque superior circulus Veneris
includit. Atque ita fit ut ha* dua? Stella*, cùm persuperiorescirculorumsuorum vertices currunt,
intelligantur supra solem locatœ: cùm verô per inferiora commeantcirculorum, sol eis superior
existimetur". Le passage de Platon auquel Macrobe fait allusion est l'endroit suivant du Timée
(§ 38) : [0 -Jîk ?3»«v] éaafopm /.-m tot istm "Eppr/j Xryôftevov û; xm ~iyjt urôâpofim xJAav ivjza;.
Il n'est pas démontré que Macrobe attribue à bon droit aux Égyptiens la connaissance du mou-
vement héliocentrique de Vénus et de Mercure (attribuée ailleurs à Ilerakleides Pontikos,
disciple de Platon).
") Il s'agit de Torriani, voyez la p. 172 qui précède.
APPENDICE III
À LA DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII.
[1694 ou 1695]').
Pour placer au defïus de la machine planétaire.
[Fig. 148]
'•-V-.4 cw
On lit dans la Fig. 148: noir, noir, noir, fizelc dore, fizelè doré.
') L'Appendice III est emprunté à la f. 127 du Manuscrit I, dont les f. 121 et 131 portent respec-
tivement les dates Aoust 1694 et 29 Jan. 1695.
COSMOTHEOROS
Avertiffement.
La Pièce de 16901) que nous avons intitulée „Réflexions fur la probabilité de nos
conclurions et difcuffion de la queftion de l'exiftence d'êtres vivants fur les autres
planètes" porte à croire qu'en ce temps, alors qu'il était âgé de 60 ou 61 ans, Huygens
avait l'intention de publier fur ces queftions un ouvrage dont la majeure partie —
à moins que d'autres fujets encore n'y fuflent traités — ferait vouée à celle des pla-
néticoles. En 1686, nous l'avons dit auffi à la p. 129 qui précède, il fongeait peut-
être à un livre fur l'aftronomie en général deftiné en premier lieu aux hommes de
feience comme la grande majorité de fes publications antérieures, livre où, comme le
font voir les „Penfees méfiées" — confultez-en les §§ 16, 38, 52 — 54 et 59 — la
queftion de l'exiftence d'organifmes planétaires aurait probablement été difeutée
fans prolixité. Trois ou quatre ans plus tard cette queltion lui fembla digne d'un traite-
ment plus ample et en même temps plus populaire. Il n'en entreprit pas encore la
publication, fans doute puifqu 'alors déjà il lui parut après tout préférable d'y joindre
un aperçu général de la conftitution de notre fyftème planétaire ainfi que des remar-
ques fur le monde des étoiles, en premier lieu fur les diftances de ces dernières'). De
cette façon l'enfemble ferait plus inftruétif et moins exclufivement œuvre de fantaifie.
') Ou peut-être de la fin de 1689; voyez la note 1 de la p. 539 .
J) Il était déjà queftion de ce dernier sujet à la p. 370 (inédite) qui précède.
656 AVERTISSEMENT.
En 1 694 il exécuta ce projet, en vouant un premier livre à la queftion des plancticoles
et un deuxième au dit aperçu. Le choix de la langue latine montre que, tout en fe
faifant populaire, il n'écrivait pas en premier lieu pour le grand public mais bien plu-
tôt pour les gens du monde non dépourvus d'inftruction claflique. Voyez ce qu'il dit
fur fes lecteurs à la p. 685.
Le mot Kofmotheoros a apparemment été forgé par Huygens; mais J. Fernel au
feizième fiècle avait déjà publié une „Cofmotheoria".
C'était auffi pour les „honnêtes gens" (pour parler avec Voltaire) que de Fonte-
nelle avait fait voir le jour en 1 686 à fes „Entretiens fur la pluralité des mondes"3).
Quoi d'étonnant fi I Iuygens a cru devoir, après lui, traiter le même fujet d'une façon
moins fuperficiellc?4). Nous ne difons pas: pour le même public, puifque, fi nous
voyons bien, Huygens ne fonge guère, comme de Fontenelle, aux dames.
Dès juillet 1 692 il parle vaguement, dans une lettre à Leibniz 5), de la publication
d'un écrit fur un fujet non mathématique. Mais ce n'eft qu'en mars 1 694 qu'il eft
férieufement queftion, dans une lettre du frère Conftantijn 6), de l'apparition pro-
chaine d'un „livrc des Planètes" qu'en Angleterre on eft, dit-il, impatient de voir
fortir. Conftantijn apprit encore le même mois que le traité était achevé „moitiè
Latin moitié Français, de forte qu'il y refte une grande partie a traduire", et qu'il lui
ferait dédié fauf objection de fa part. Le 7 janvier 1695 Huygens put écrire à fon
frère que l'ouvrage était achevé et que le libraire Moetjes (ou Moetjens) delà Haye
l'avait accepté"). Le 4 mars fuivant, nous l'apprenons par la dernière lettre connue
de Huygens8), la première feuille était imprimée; il ajoutait qu'il continuait toujours
à corriger et amplifier fon écrit.
3) Dans la Préface il écrit: jj'ay voulu traiter la Philosophie d'une manière qui ne fût point Phi-
losophique; j'ay taché de l'amener à un point qu'elle ne fust ny trop sèche pour les Gens du
Monde, ny trop badine pour les Sçavans".
4) Voyez ce que Huygens dit sur les Entretiens ou Dialogues dans la Partie A de l'Appendice VI
qui suit. Dans le Cosmotheoros lui-même il en fait mention à la première page, sans citer le nom
de l'auteur, omission qui lui est familière. Il a aussi été question des Entretiens dans la note 10
de la p. 343 qui précède. Dans sa Préface de Fontenelle dit encore: „Le vray et le faux sont
meslez icy".
s) T. X, p. 304.
<OT.X,p.58i.
7) T. X, p. 703.
8) Adressée à Constantijn, T. X, p. 708.
AVERTISSEMENT. 6"
Nous ignorons combien de feuilles ont pu être imprimées avant la dernière maladie
et le décès de l'auteur. Dans la note 6 de la p. 581 du T. X nous avons déjà dit que
l'impreflion traîna en longueur et que lorfqu'en 1698 elle tut achevée, Conftantijn
lui anilî avait celle de vivre. C'eCt ce qu'on lit aulli dans la préface anonyme de l'édi-
tion de 1698 que nous reproduiCons ici.
BENEVOLO LECTORI SALUTEM.
Ibellus bicce jam ad umbilicum deduclus, & pr<elo dejlinatus erat, cum
maxhno rei literaria damno Illuflrem ejus Au&orem primum morbus,
dein mors occupavit. Oui tamen ut in lucetn prodiret, cavit, ultima volun-
tate fratrem, ad quem fcriptus e/l, rogitans, hujus ut eâendi curant fufcipere vellet.
Cui rei NobiliJJîmo Viro innumeris occupationibus & peregrinationibus, utpote qui
Magna Britanniw Régi ad res Batavas à fecretis ejjet, diffratto vacare non licuit,
ni fi anno firme pofl Aucioris obitum. Qua re, intercedente deinde etiam Typothet-
arum mora, f'acîum ejl, ut cum editioni jam omnia pararentur, &? hic Vir fato
cejferit, adeoque & Parente & eo, qui pofl parentïs obitum ejus vicem gerebat, fi?
ad quem defîinatus erat, deflitutus fuerit hic Libellas. Eadem tamen, qua ab AuEiore
confciptus erat, ratione, eademque ad fratrem, licet jam defunclum, infcriptione,
ÇReligio enim fuit quidquam hnmutare) prodit in publia/m, non dubia fpe, fore,
ut eruditi, fiait reliqua omnia Autloris, fie C55 uhimum hune ejus fœtum bénigne
accipiant. Demonflrationes equidem Mathematicas non invenient ubique, neque enim
res patitur, fed, quo in his rébus nihil ultra defiderari jure pojje videfur, verifimiles
&ingeniofas cenjeefuras. Ou te ex cœlorum notifia depromi potuefunt,ëa hic videbunt
ratiône démon flrata; qua ex iis non patent, ex cœlefîium corporum cum tellure noflra
affinitate [alerter conjeéla. Verum hujus quid fit, ex ipfo Autlore commodius per-
fpicies. Cale.
Quand on vieillit, les ibuvenirs du temps où l'on était jeune, fepréfentent Couvent
avec une intendté Cupérieure à ceux de plus tard. Élevés et inftruits enCemble, tant
à la Haye que comme étudiants à Leiden, habitués a conllruire enCemble des inftru-
ments optiques a la maifon paternelle durant un grand nombre d'années, les deux
Crères vivaient toujours dans une certaine communauté d'idées9). Durant le Céjour
9) Quelques passages de la Correspondance font voirque Constantin continuait à s'intéresser plus
ou moins aux sciences mathématiques. Dans sa lettre du 2 avril 1694 (T. X, p. 5o8)Christiaan
l'exhorte à se procurer la nouvelle édition des oeuvres de Wallis. Voyez aussi le deuxième alinéa
de la p. 554 du T. XX.
«3
658 AVERTISSEMENT.
de Chriftiaan à Paris ils durent fe contenter — nous l'avons rappelé plus haut10) —
d'échanger des lettres fur les lunettes et la taille des lentilles; mais en 1681 et dans
les années drivantes ils travaillèrent de nouveau enfemble. Or, en obfervant la lune
et les planètes, Conftantijn et Chriftiaan — comment eût-il pu en avoir été autre-
ment*? — avaient fouvent difcouru, fans doute furtout lorfqu'ils étaient jeunes,
fur la qucftion de lavoir comment les corps céleftes fe présenteraient à nous fil nous
était donné d'en approcher de bien près, mieux encore de les vilker. Lorfqu'il eut
atteint l'âge de 60 ans cette queftion était apparemment devenue de plus en plus
importante aux yeux de Chriftiaan: elle était, nous femble-t-il, étroitement aiïbciée
dans fon efprit avec le fentiment de l'amitié qui le liait à Conftantijn. A la p. 779 qui
luit Huygens mentionne les objectifs taillés par Conftantijn qui n'avaient encore été
mis à l'épreuve que dans des allées fuburbaines. Puifque leurs diftances focales étaient
de 170 et 210 pieds ils font certainement identiques avec ceux mentionnés plus haut
dans la note 3 de la p. 303 comme ayant été offerts a la Royal Society après le décès
des Huygens11). L'un au moins de ces deux objectifs a fervi à quelques obfervations
aftronomiques1-) comme il en fut pour un grand nombre d'obfervations de celui de
12a ou 123 pieds également taillé par Conftantijn'3). Nous ignorons fi Huygens
fuppofe a bon droit ces deux objectifs équivalents aux meilleurs objectifs fabriqués
ailleurs, c.à.d. h ceux de Campani. Ce qui paraît au moins fort probable, ou prefque
certain, c'eft qu'avec l'un et l'autre les frères auraient pu obferver les cinq fatellites
alors connus de Saturne, puifque, d'après Pound, l'objectif de 1 22 pieds permettait
déjà de les voir13). Ils auraient donc aufli pu apercevoir un peu mieux les bandes et
taches de Jupiter, ainfi que les détails de la furface de Mars (et les facules du foleil,
dont Huygens n'admet pas l'cxiftence, p. 807). Mais pour aller plus loin, pour le faire
une idée de la nature des corps céleftes de notre fyftème folaire et de leurs habitants,
fuppofé qu'il y en eût, il fallait néceffairement f'aventurer fur le terrain des conjectures.
IO) P. 239— 242.
") Il n'est nulle part fait mention d'autres objectifs huguéniens possédant des distances focales de
1 70 ou 2 1 o pieds; consulter l'article de F. Kaiser cité a la p. 302, ainsi que la 1. 2 de la p. 1 8 de
notre T. XV où le lecteur est renvoyé à diverses pages des T. IX et X.
I:) En 1722 Bradley se servit de l'objectif de 210(011 2 12) pieds pour mesurer le diamètre appa-
rent de Vénus; voyez la p. 25 du T. XV.
'3) 1\ 302 — 303 qui précèdent.
AVERTISSEMENT. 650
L'Appendice V qui fuit fait voir que 1 [uygens avait d'abord l'intention de taire en
premier lieu des conjectures fur la lune; mais pour la raifon qu'il développe à la p.
-91 il préféra après tour commencer par la confîdération des planètes primaires.
Nous ohfervons que, iauf erreur, l [uygens eft le premier aftronome qui ait remar-
qué que la lune n'a pas (ou prefque pas) d'atmofphère; voyez aufli le § 54 de la p.
368 qui précède'4).
Ayant déjà parlé de la quelHon des planéticoles dans l'Avertiflement des p. 180
et fuiv., il nous lémble inutile de faire ici des obfervations fur les conjectures de
Huygens. Bornons-nous à remarquer 1. qu'il elt plus difficile aujourd'hui qu'au dix-
feptième liècle de fuppofer à la furface des planètes des eaux liquides à des tempéra-
tures beaucoup plus baffes que les nôtres, 1. qu'il elt au contraire plus facile qu'il ne
l'était pour Huygens de fuppofer l'exiftence d'autres organes pour voir que nos yeux,
vu que nous connaiffons aujourd'hui des ondes électro-magnétiques de fréquences
fort diverfes15).
On caufait déjà au dix-feptième fiècle de vifiter, un jour, la luneI<J). Huygens fe
I4) Dans P „Iter exstaticum" de Kicher — édition de 1660, voyez la noie 1 de la p. 764 — nous
lisons à la p. 48 dans la „Praelusio Paranetica Auctoris": „Lunae atmosphsera. Ex Cysati obser-
vationibus Atmosphrera? hinaris Mundo pacuit, cui omnes sllbscribunt",. Et à la p. 65 dans la
„Prœh'sio in Lunam": „De Luns atmospha;ra . . Per Lurue atmosphœram intelligo hîc aéïeni
vapidum, vel aliud quidaè'ri vapido&crassiunculosimile, circumfu'-uni Lurise. Quaeritur igitur,
an Luna suara circa se habeat atmospharram sicut Tellus nostra suam habet. Plurimi enim recen-
tiorum post tubi optici usum agnoscunt circa ipsum aërem, aut densiorem anherem, ut sunt
Keplerus, Mxstlinus, Galilams, Longomontanus, Jordanus Brunus, David Fabricius, Antonius
Maria de Rheita, Marins Bettinus, Langrenius, Wendelinus, Joannes Baptista Cysatus, &
Scheinerus".
,?) Dans le livre de II. L. Bergson cité à la p. 665 qui suit, l'auteur s'exprime comme suit (p. 278
„De la signification de la vie" de la 3 3it,m: édition de 1929, F. Alcan, Paris): „Si [la vie] vise
essentiellement à capter de l'énergie utilisable pour la dépenser en actions explosives, elle
choisit sans doute dans chaque système solaire et sur chaque planète, comme elle le fait sur la
terre, les moyens les plus propres à obtenir ce résultat dans les conditions qui lui sont faiies.
Voilà du moins ce que dit le raisonnement par analogie, et c'est user à rebours de ce raisonne-
ment que de déclarer la vie impossible là où d'autres conditions lui sont frites que sur la terre.
La vérité est que la vie est possible partout où l'énergie descend la pente indiquée par la loi de
Carnot et où une cause, de direction inverse, peut retarder la descente, — c'est-à-dire, sans
doute, dans tous les mondes suspendus à toutes les étoiles".
Parmi nos contemporains J. Jeans pense différemment; voyez sur lui l'alinéa suivant du texte.
I(S) De Fontenelle, l'entretiens etc. Second Soir (Que la Lune est une Terre habitée), p. 51 : L'art
de voler ne fait encore que de naître, il se perfectionnera, & quelque jour on ira jusqu'à la
Lune.
66o AVERTISSEMENT.
contente de conftater l'impoffibilité actuelle de pareils voyages'"). Aujourd'hui on
commence à fonger férieulèment à conftruire des navires éthériens — pour employer
ce mot — capables de fortir de l'atmosphère terrellre18). Il faudra certes „encore
bien de la fcience et de Tin vention pour venir a bout d'une telle entreprife" " y) ; même
fi l'on y réufllt, on pourra déjà feftimer heureux dans les premiers temps, nous femble-
t-il, fi l'on parvient à félever jufqu'à la lune et à en revenir làins et faufs. Vifiter les
planètes, ou du moins f en approcher fuffifamment pour les photographier, ferait
cependant l'unique moyen, penfons-nous, pour voir fil f'y trouve des animaux, peut-
être en partie raifonnables et comparables à nous-mêmes. Nous ferions ainli un peu
mieux renfeignés que nous ne le fommes actuellement fur le phénomène de la vie
dans l'univers, partant auffi fur la place de l'homme dans l'échelle des êtres; quoiqu'a-
lors aufli (on fe plaît aujourd'hui à foutenir — nous fongeons à J. Jeans :°) — que la
majorité des étoiles font dépourvues de planètes, ce qui ferait encore invérifiable) le
problème qui, après Bruno et d'autres, préoccupait Huygens, n'eût encore été réfolu
que bien partiellement. Nous ne difons rien de ce qui pourrait le trouver au-delà des
étoiles en fuppofant que leur nombre ne foit pas infini-1).
'") P. 763 qui suit (lin du premier livre): cum ejus itineris conficiendi spes omnis adempta sit . . .
C'est ainsi qu'il avait constaté ailleurs (T. XVII, p. 5 15) l'impossibilité actuelle de monter dans
notre pays jusqu'à la hauteur ordinaire des nuages.
l8) En 193; nous avons eu l'occasion de visiter à Pari-, le „Palais de la Découverte" de création
récente; nous y avons trouvé une salle d'„astronautique" où étaient exposés les projets des der-
nières années pour sortir de l'atmosphère et visiter la lune et les planètes.
Ip) C'est seulement dans le T. XXII que nous publierons parmi les „Varia" les pages de Huygens
qui se rapportent au vol. A la p. 327 du Manuscrit D il écrit sous le titre , , Nouvelle force
mouvante par le moyen de la poudre a Canon": ... et quoyqu'ilparoitra abfurdc,
il ne femble pas pourtant impoflible d'en trouver quelqu'une [une voiturej pour
aller par l'air, puifque le grand obltacle a l'art de voler a elle jufqu'ici la difficulté
de conftruire des machines fort légères et qui puiffent produire un mouvement
fort puiflant. Mais j'avoue qu'il faudrait encore bien de la fcience et de l'invention
pour venir a bout d'une telle entreprife.
2°) James Jeans „The motion of tidally-distorted masses, with spécial référence to the théories o(
Cosmogony", London 1917; „The universe around us", Cambridge, 1930; „The mysterious
universe", Cambridge, 1931 et 1932.
:!) P. 817 qui suit. Huygens faisait cette même supposition dans le dernier § des „Penseesmeslees".
Il ne croit pas cependant pouvoir nier avec assurance l'existence d'un nombre infini de corps
eu lestes.
AVERTISSEMENT. 66 I
Ce qui formait en premier lieu un lien entre Chriltiaan et Conltantijn outre la
mufique et la peinture, ce n'eft pas feulement leur commun travail manuel ainli que
leur commune application aux mathématiques et à l'altronomie, c'eft auffi leur com-
mune inltruction claffîque — dont d'ailleurs leur étude des mathématiques et de
l'altronomie eft inléparable — , laquelle était pour une petite partie, mais non la moins
importante aux yeux de la famille, une inltruction religieufe. X >us n'avons trouvé le
nom d'aucun palteur protettant chargé de cette inltruction, ce qui nous amène à fiip-
pol'er que c'était furtout le père Conltantijn — pour ne rien dire des nombreux fer-
mons entendus à l'églife — qui fêtait chargé de cette partie de l'éducation. Il elt
connu que le père Conltantijn polledait un grand nombre de livres de théologie'2)
et que tant fon père13) que lui-même étaient des protcltants zélés, non le moins dans
tout ce qui concernait les alfaires de l'état; les Muygens appartenaient au parti ortho-
doxe et l'oppolîtion contre l'églife catholique elt un trait marquant chez Conltantijn
père'4). D'autre part celui-ci fintérelfait vivement au développement des fciences,
et nous ne voyons pas qu'il ait jamais craint que la fcience pût un jour le montrer
plus ou moins oppofée, non feulement à la fcolaltique, ce qu'il approuvait, mais aufli
aux vues religieufes bafées fur l'Ecriture fainte. Dans la „norma ltudiorum et vitse
reliquat etc." de 1645^) il recommandait a Conltantijn et Chriltiaan de toujours
commencer leur journée par la lecture, en grec, d'un chapitre du Nouveau Teltamcnt.
Quant à Chriltiaan adulte, d'après le Journal de Voyage de 1 660 — 1 66 1 , il afliitait
régulièrement à Paris au culte proteltant, foit à l'ambalfade foit ailleurs. Le fait qu'il
connaiflait fort bien, après fon retour en Hollande { 1 68 1), l'organiltc van Blankenburg
— voyez fur lui notre T. XX — nous amène a fuppofer qu'en ce temps il fréquentait
l'églife wallonne a la Haye. En 1660 il répondait à Tacquet, délîreux de le convertir
au catholicifme, qu'il ne voyait pas de raifon pour „recedere a priltina rcligione" et
ajoutait feftimer heureux „quod qus a prima juventute pro veris habui eadem nunc
quoque talia exiitimare liceat". Ce qui mérite furtout d'être remarqué c'eft qu'en ce
temps, en comparaifon avec les queftions religieufes (,,gravioribushifce"), il dit con-
") fl y en avait également un grand nombre dans la bibliothèque de Christiaan, d'après le cata-
logue de vente de 1695.
"3) Christiaan Huygens (dit Christiam de Oude), secrétaire du premier Stadhouder, Guillaume le
Taciturne.
:4) Comparez ce que Christiaan Huygens dit sur ce sujet dans le quatrième alinéa de la p. 403 du
T. X; et aussi ce qu'il écrit à Leibniz sur le catholicisme aux p. 388—389 du même Tome.
î5) T. I, p. 4.
662 AVERTISSEMENT.
fldérer les queftions géométriques — cependant bien importantes pour lui — comme
des „res exigui momenti" 2Ô).
Defcartes, lui, fe montra toute fa vie attaché a l'églife catholique2"). Dans fes
„Cogitationes privatae" — qui, il eft vrai, datent de 1 619 — nous lifons: „Tria mi-
rabilia fecit Dominus: res ex nihilo, liberum arbitrium, & Hominem Deum"28).
Il y a, au fujet de la queftion du libre arbitre, une oppolition de vues entre Defcartes
et Huygens qui fexplique fort bien par leur éducation, Tune proteftante, l'autre
catholique. Déjà en 1524 Erafmc avait publié fon „De libero arbitrio"2y), auquel
Luther, vifé par le célèbre humanifte rotterodamois, avait répliqué Tannée fuivante
— et Calvin fe montrerait bientôt du même avis — par fon „De fervo arbitrio"30).
Huygens lui auflî confidère nos aclions et nos penfées comme entièrement détermi-
nées, de forte que le libre arbitre n'eft qu'une illuiîon31). Généralement tous les
„rerum eventus" font „nece(îîtate aftricti"3-2).
Il en réfulte que chez Huygens — autrement que chez Defcartes — il n'y a aucune
différence fous ce rapport entre les hommes et les (autres) animaux. Ce qu'il défap-
prouve chez Defcartes (p. 73 1 qui fuit) ce n'eft donc pas de confidérer les animaux
comme des automates, mais feulement de les confidérer comme des automates in-
confeients ou fort peu conscients, infenfibles tant à la joie qu'à la douleur, ce qui —
nous parlons furtout de l'infenlibilité — eft en effet, ofons-nous dire, une opinion
bien contraire au bon fens.
Quant aux deux autres points nommés par Defcartes, nous obfervons 1. que
Huygens ne parle nulle part d'une création „ex nihilo", 2. que nous n'avons trouvé
chez lui aucune réponfe, directe ou indirecte, à la fameufe queftion : „Que vous femble-
=*) T. III, p. 105.
2r) Il est bien connu que vers la fin de sa vie Descartes convertit au catholicisme la reine Christine
de Suède.
28) P. 218 du T. X de 1908 des „Oeuvres de Descartes" publiées par Ch. Adam et P. Tannery.
29) On peut aussi lire ce traité dans la traduction néerlandaise de 161 2 („Erasmi Roterodami
Tractait vanden Vrijen-wille Teghen D. Martinum Lutherum", Tôt Rotterdam, Matijs Bas-
tiaensoon) ou dans celle de 1645 („Erasmus van Rotterdam. Van de Vrije-wil Tegen D. Mar-
tinus Luther", t1 Amsterdam, Ilendrick Maneke").
r,°) Publié en traduction allemande en 1934: „Martin Luther Vom unfreien Willen", herausg. v.
Fr. W. Schmidt, Chr. Kaiser, Miinchen.
3I) § 10 (p. 515) de la Pièce „De rationi imperviis" et § 12 (p. 528) de notre Appendice à cette
Pièce.
~2) § 1 1 de la p. 515.
AVERTISSEMENT. 663
t-il du Chrift?" 33). Ce qu'il proclame volontiers (p. e. h la p. 7 1 5 qui fuit) c'eft qu'il
y a dans l'efprit humain quelque chofe de divin34); ce quelque choie il l'indique par
le mot „raifon", la raifon ne nous fervant pas feulement pour opiner avec à-propos,
mais aulîi pour bien vivre35). Rappelons-nous qu'en ce même dix-feptième Gècle un
Pafcal — tout en établiflant au-deff us de „la grandeur des gens d'efprit" un „ordre
de fainteté" et des „mouvements de charité"36) — n'héfitait pas à écrire: „Toute
notre dignité conlîlte ... en la pcnfée . . . Travaillons donc à bien penfer; voilà le
principe de la morale"3'').
On a vu plus haut38) que fuivant Huygens la„fapientia"et la„animi magnitudo"
peuvent être confidérées comme des dons de Dieu.
Le proteftantifme de Huygens, coïncidant ici avec ce qu'on a voulu appeler la
libre penlee, l'amène à déplorer le manque de liberté, en matière de cofmologie, tant
de Riccioli (p. 695, note) que d'Athanalè Kircher (p. 771).
Mais Huygens fe fent-il tout-à-fait libre lui-même? Nous voulons dire: libre d'ex-
primer les opinions. Au début du Cofmotheoros nous le voyons foucieux de dé-
montrer qu'admettre l'exigence d'êtres raifonnables fur les autres planètes n'eft pas
contraire à l'Ecriture làinte ls>). Il y parle du livre de la Genèfe comme d'une autorité
infaillible qu'il f'agit feulement de bien interpréter. Il eft impoffible, fuivant fes pa-
33) Evangile selon S. Mathieu, Ch. 22, vs. 42.
34) Voyez aussi la I. 13 de la p. 343 du T. XV ainsi que la première ligne de la p. 366 qui précède,
et comparez — note 10 de la p. 172 — l'expression „divinum ingenium" dont se sert Cicéron
en parlant d'Archiméde.
35) P. 717. Il est vrai qu'en 1660 il écrivait à Tacquet (T. III, p. 105): „non tam ratione duce
quam Spiritus Sancti auxilio in rectam viam nos dirigi".
3<5) Fragment 793 (Sect. XII, p. 230) du T. XIV des „Oeuvres de Biaise Pascal suivant l'ordre
chronologique" par L. Brunschvicg, Paris 1904.
3:) Fragment 347 (Sect. VI, p. 262) du T. XIII de la même édition.
38) § 14 de la p. 516 qui précède.
3y) De même que d'autres auteurs de ce temps s'efforcent de faire voir qu'il n'est pas contraire à
l'Ecriture d'admettre le système de Copernic; p. c. D. Rembrantsz. van Xieropdansson traité
de 1 66 1 „Des aertrijcks beweging ende sonne stilstant, bewijsende dat dit geensins met de Chris-
telijke religie is strijdende". Voyez aussi la note 2 de la p. 542 qui précède.
664 AVERTISSEMENT.
rôles, que ce livre enfeigne, quoique le texte femble le dire, que toutes chofes au-
raient été créées pour l'homme „quia id abfurde diccretur"40). Il eit bien évident,
nous femble-t-il, que Huygens ne veut pas dire ouvertement que toutes chofes, à Ton
avis, n'ont pas été créées pour l'homme — comparez le § 8 de la p. 35 1 qui précède
— quoique le livre de la Genèfe le dife clairement: en juillet 1 693 il écrit à Conftantijn
au iiijet de l'„Archœologia" de Thomas Burnet: „j'y ay trouvé, qu'il foutient bien
ouvertement que Moïfe a donne l'hiftoire de la création du monde non pas félon la
veritè,-mais félon la capacité des Juifs de fon temps41) ... je m'eftonne de la har-
dieiTe de Burnet . . .4').
Il faut toujours fc rappeler, en lifant certaines parties du „Cofmotheoros" ■ — mais
voyez cependant le § 5 de la p. 556 qui précède — qu'il f agit ici d'un écrit populaire
quoiqu'aflurément Huygens exprime une conviction bien fincère en infiftant — voyez
p.e. l'Appendice IV qui fuit — fur l'imporTibilitc de la genèfe d'êtres organiques par
l'effet du hafard. Puifqu'il croyait (avoir — ou du moins qu'il jugeait fort probable,
attendu qu'en phyfique nous n'atteignons jamais la certitude^ — que tout phéno-
mène (voyez p. e. le deuxième alinéa de la p. 461 qui précède) efl dùàdescollillons
4°) Comparez Descartes, Principia Philosophie, Pars Tertia, C. III: Quamvis enim in Ethicissit
pium dicere, omnia à Deo propter nos facta esse, ut nempe tantù magis ad agendas ei gratias
impellamur. . . nequaquam tamen est verisimile, sic omnia propter nos facta esse, ut nullus
alius sit eorum usus; essetque plane ridiculum & ineptum id in Physica consideratione suppo-
nere;quia non dubitamus, quin multa existant, velolim extiterint,jamque esse desierint, quse
nunquam ab ullo homine visa sïint aut intellecta, nunquamquc ullum usum ulli pnebuerunt".
4') À la p. 279 de son livre Burnet dit du „stylus" de Moïse: „quandoque sesc accommodans ad
populi captum, quandoque ad occultiorem veritatem".
42 ) T. X. p. 455, où il est aussi question du Cardinal de dise.
En janvier 1695 (T. X, p. 703) Huygens écrit à propos du livre de Burnet: „I1 semble par la
préface de ce livre qu'il avoit dessein de faire quelque Traite du mesme sujet que le mien".
On lit en effet dans la „Pra?fatio ad Lectorem" des „Archxologiœ philosophiez (sive domina
antiqua de rem m originibus) libri duo" de 1692: „Animus mihi erat, post exaetam Tellitris
Theoriamicxâ.)zra ultimam manum adjecimus: Mundi Aspectabilh Tkeeriain conscribere . . .ut
Operum Dei magnitudincm, ordinemque: & quibus reguntur legibus, illis pro virili expone-
rcm . . . Quid inter Stellas, Lucidas & Opacas, Fixas & Errantes, intersit: Et qua? sit utriusque
origo, & quatenus in singulis habitetur, secundum rationes probabiles . . . Jactant enim [Philo-
sophastri] apud ignaros, explicari posse sine Numine, vel ut aiunt, mechanicè, totam rerum
naturam. Quo nihil mendax magis, aut absurdius".
Voyez, à la p. 566 qui précède, une autre citation du même livre.
43) P. M9.
AVERTISSEMENT. 665
de fort petites particules infiniment dures44), il était donc auifi lincèrement perfuadé
qaau commencement il doit y avoir eu, pour la terre p. e., une véritable création^
d'etres vivants (qu'il tant appeler miraculcufe, Il tout ce qui n'elt pas dû aux dites
coltinons elt. qualifié miracle).
Dans le Cofmotheoros — voyez la fin du Livre II — Huygens f abltient de con-
jectures fur la cofmogonie; il n'ert donc pas étonnant qu'on n'y trouve pas le mot
„progreflus" de la p. 558 qui précède fur lequel nous avons attiré l'attention à la p.
535. On ferait d'ailleurs fans doute bien téméraire en concluant de ce feul mot qu'il
croyait fermement à une (ancienne) „évolution créatrice", pour employer l'exprefîîon
qui conltitue le titre de l'ouvrage bien connu de 1 907 (fort fouvent réimprimé) de
H. L. Bergfon.
Il ell évident qu'il n'aurait pas écrit fon traité fil n'avait pas été d'avis — tout
aufll bien que Cicéron p.c. — que la conftitution du monde fuggère l'exiftence d'une
puiflance intelligente. Cette puidance il la défigne tantôt par le mot Dieu tantôt par le
mot Nature, ou aufll — comme Ariftote qu'il ne mentionne point mais dont l'influ-
44) On a vu plus haut (p. 364, noce 49) que suivant le poète Lucrèce ceci n'est pas vrai dans le cas
du développement des „semina" (ni d'ailleurs pour la pesanteur). Pour compléter notre note
de cette page nous ajoutons que Lucrèce admet le libre arbitre de l'homme: il est d'avis que la
volonté humaine peut, pour ainsi dire, aller contre la nature des choses. De rerum natura Lib.
Il vs. 277 et suiv.:
Iamne vides igitur, quamquam vis extera multos
pellat et invitos cogat procedere sa?pe
pracipitesque rapi, tamen esse in pectore nostro
quiddam quod contra pugnare obstareque possit?
cuius ad arbitrium quoque copia materiai
cogitur interdum flecti per membra per amis
et proiecta refrenatur retroque residit.
Comparez Oliver Lodge „Lii'e and Matter" (sP** éd. London, Williams and Norgate, 1909)
p. 44: „Wecan drift like other animais, and often do; but wecan alsoobey ourown volition".
Huygens, lui, parle autrement («Discours de la Cause de la Pesanteur", 1. 16 — 18 de la p. 461
qui précède).
45) Voyez cependant ses remarques sur le verbe „creer" dans les lignes 17 — 21 de la p. 526 qui
précède. Et consultez sur le mot «commencement" la note 10 de la p. 514.
84
666 AVERTISSEMENT.
enee fur Cicéron eft bien connue46) — par l'expreflion Dieu et la Nature4").
Ovide, au début des Métamorphofes*8), diiait en parlant de la création (non pas
du néant mais du chaos) „deus et melior nature".
Outre ceux qui voudraient oppofer à ce qu'on peut appeler le monde de Bruno
l'autorité de certains textes de l'Ecriture, Huygens combat aufli ceux qui voudraient
entraver le développement de l'aitronomie en difant que, puifque rien de tel n'a été
révélé, on fait preuve de trop de curiolité en f adonnant à des recherches de ce genre :
déjà dans l'Appendice II, fans doute antérieur à la compoiition de ion ouvrage, il
nous apprend qu'à Ion avis „il ne faut pas craindre qu'en attrapant les raifons on cède
d'admirer les chofes".
S'il eft vray que la queftion des planéticoles occupe la majeure partie du premier
livre du „Cofmotheoros", il nous femble (cela reffbrt d'ailleurs déjà de ce que nous
avons obfervé jufqu'ici) que ce n'eft pourtant pas uniquement pour apprendre à
connaître les vues de Huygens fur cette matière qu'il faut le lire; ce qui n'eft pas
moins intérefïant, ce l'ont fes remarques fur le monde terreftre.
Avant de difparaitre de la fcène — comparez la note 9 de la p. 520 qui précède —
il a apparemment voulu faire entendre que, fil n'avait écrit que fur un nombre re-
ftreint de fujets, il fêtait cependant intérefle, ne fût-ce que comme fpcélateur — et
ceci n'eft-il pas applicable à chacun de nous? — à beaucoup d'autres chofes. Voyez
p.e. fes énumérations de divers genres d'animaux et de plantes, fes aperçus fur le
commerce et l'induftrie, lbn éloge de l'anatomie, de la peinture contemporaine etc.
4<5) Cicéron connaissait les dialogues d'Aristote perdus depuis. Wernerjœgers'exprime comme suit
(„Aristoteles, Grundlegung einer Geschichte seincr Entwicklung", Berlin, Weidmann, 1923,
p. 27): „Allc Akademiker haben Dialoge geschrieben, keiner so zahlreiche und bedeutende
wie Aristoteles . . . Aus den erlialtenen Triimmern seiner Gesprache, den Imitationen der Spii-
teren, von denen besonders C icero lebendig an ihn ankniipft, und den Berichten des Altertums
schliessen wir, dass Aristoteles der Schôpfer einer ncuen Art des literarischen Cespràchs war,
des wissenscliaft lichen l)iskussionsdialogs,,.
Voyez encore sur Aristote et Cicéron la note 5 de la p. _68 qui suit.
4' ) O <•;: .7-07 /.oit r, yjaiç ovcîiv uxTr.v Trowvaiv, De Coelo I, 4.
48) Voyez sur l'oeuvre d'Ovide la note 44 de la p. -40 qui suit.
AVERTISSEMENT. 66-
En parlant de la mufiquc hypothétique des planéticoles, il récarte même délibérément
de Ion fujet en intercalant deux paragraphes fur des queftions muficales fpéciales.
Sur plulieurs points nous le voyons combattre Defcartes. D'abord dans la queftion
des tourbillons fur laquelle nous nous lbmmes fullilàmment étendu dans quelques
AvertifTements précédents; cnluite dans celle de l'exigence ou non-exiitence dé la
continence et du fendillent chez les animaux, étroitement liée, nous l'avons dit, au
problème du libre arbitre; dans la „théorie de l'origine des comètes, et aufli de celle
des planètes, et du monde" (p. 820); dans le fait que Del cartes dans l'on „Monde"
ne dit pas que la création d'organifmes fuppofe une Singulière action" de Dieu;
enfin (p. 753) dans la queition de lavoir pourquoi dans la mufiquc la fueccilion de
deux octaves ou de deux quintes ell fautive. Huygens a cru devoir omettre ici l'on
opinion que l'exigence de Dieu ne peut être prouvée, comme le veut Defcartes, par
des raifonnements fur le fini et l'infini49), mais il fait clairement entendre que pour
lui-même — comme pour Leeuwenhoek et Swammerdam — le grand argument en
faveur de l'exiltence de Dieu, c'efl: le livre de la nature.
Notons que pour Huygens il n'exifte apparemment pas — comme pour Luther
et Calvin — un puiflfant antagonifte de Dieu, un prince du mal. Il entreprend (p. - 1 5)
la juitification du mal comme une chofe nécefîaire au progrès. C'eft une théodicée,
peut-on dire, quoique plus brève que celle de Leibniz. Ceci le conduit aufli, tout en
le montrant paciiitte en d'autres endroits 5°), a vanter l'utilité des guerres et calamités,
ainfi que celle de beaucoup d'autres malheurs, puifque feule la néceilité la plus ftrin-
gente a pu conduire à l'invention de bien des choies utiles. Il n'y a chez lui aucune
trace de la fentimentalité qui ne veut pas voir la lutte univerfellc pour l'exiltence et
lesprogrèsquiréfultent précifémentde cette lutte. D'autre part il vante la vie pacifique
en fociété et tous les avantages et plaifirs qui en découlent parmi lefquels, pour lui,
l'application aux feiences contemplatives elt un des principaux. A la p. 729 nous le
voyons aufli mentionner fort brièvement l'inégalité des races: on peut — comme
49) Voyez le § 8 de la p. 526 qui précède.
;c) P. 806 qui suit: Puiffcnt nos Rois et Monarques apprendre cela [savoir: la petitessede
notre terre] et en tenir compte, afin qu'ils fâchent de combien peu d'importance elt
ce qu'ils fe propofent lorsqu'ils s'évertuent de toutes leurs forces, au grand mal de
beaucoup d'hommes, à s'emparer de quelque coin de la terre.
668 AVERTISSEMENT.
pour différents genres d'animaux — dire „non ablurde" de ceux qui chez nous ont
la „figurain hominum" qu'ils font „difpari rationis vi". Là où il fe montre adverfaire
de la guerre, Huygens parle apparemment furtout de guerres dues — ou fuppofées
dues — uniquement à l'irraifonnable ambition, au caprice peut-on dire, de fouverains
défireux d'étendre leurs empires50).
Notons aufii que Huygens tient apparemment compte de notre goût pour les
aventures, de l'ennui qui réfulterait d'une profpérité permanente, puifqu'il dit51)
que, fi peut-être fur une autre planète — ce qui lui paraît d'ailleurs invraifemblable —
le mal, dont il a montré l'utilité pour l'avancement des arts, n'était pas mêlé au bien,
feul exiftant: „et même fil n'y en avait point [c.à.d. point d'utilité], nous n'aurions
cependant pas de caufe pour préférer leur condition à la nôtre"52).
Dans la partie purement agronomique de Ton ouvrage, Huygens exprime d'une
part Ton admiration pour Kepler - — et Newton — appelant p.e. Kepler le grand
inftaurateur de l'adronomie53); mais ni le myfîerium cofmogrûphicum „fonge né de
la philoibphie de Pythagore et de Platon"53) ni d'autres rêves ou hypothèfes de
Kepler ne trouvent grâce à Tes yeux: comparez les p. 350 (§ 5) et 361 (§ 34) qui
précèdent, ainfi que le § 1 3 de la p. 188.
Dans le § 27 des „Penfces méfiées" Huygens rappelait que dans le „Syftema Sa-
turnium" de 1659 il avait pris „la diftance du foleil de mille diamètres [terreftres]
plus grande qu'aucun ne l'euft pofée." Voyez auffi fur ce fujet la p. 308 qui précède,
où nous avons obfervé que fa valeur de cette diftance (1 2543 diamètres terreftres)
laquelle correfpond h une parallaxe horizontale du foleil de 8", 2, eft à peu près exacte
quoique bafée fur une hypothèfe hardie. Huygens comprenait fort bien qu'une con-
firmation par la mefure de la parallaxe foit du foleil foit d'une planète était défirablc.
Ce ne fut que plus de dix ans après 1 659 que Caftini (voyez le § 27 nommé, ainfi que
le § 44 de la p. 365) parvint à mefurer celle de Mars. Par conféquent (comparez la
5I) Voyez le texte latin à la p. 747 qui suit.
s*) Comparez le § 15 de la p. 520 qui précède.
53) P. 812 et 810!
AVERTISSEMENT. 669
note 5 de la p. 46 qui précède) I [uygens adopta en ce temps (note 4 de la p. 410)
la valeur 10' 18 pour la parallaxe du foleil. Peu de temps après Flamfteed (voyez
la p. 331 qui précède et l'Appendice VIII qui luit) trouva, d'après lès inefures à lui
de la parallaxe de Mars, que celle du foleil ne peut être fupérieure à 10", d'où réduite
que la diftance du foleil ne peut être inférieure à 10250 diamètres terrellres. C'eft
pourquoi Huygens écrit h la p. 693 du Lib. I du Cofmotheoros „decem vel duodecim
millia Terra; diametrorum". Dans le Lib. II (p. 783) il écrit „deccm vel undecim . . ."
d'après Caffini et Flamfteed, rappelant en même temps avoir trouvé lui-même „duo-
decim mille. . . probabili conjectura". Comparez le § 5 de la p. 41 1 qui précède. 11
ne pouvait (avoir qu'après tout fa parallaxe à lui, donc aulli la diltanec corrcfpon-
dante, était la meilleure des trois. Toutefois a la p. 805 qui fuit il écrit amplement
„duodecim millia".
En 1691 54) il écrivait „qu'il f'en faut beaucoup que ces conclulions [celles de
Caffini et Picard] pour les diftances de Mars ne foient aufli certaines ni fi déterminées
que celles qui mettent la Lune à 30 diamètres de la Terre".
Tycho Brahé avait cru que la parallaxe du foleil eft d'environ 3 55). Kepler, après
lui, écrivait55): „Non eft Sol vicinior 230 femidiametris terra;.. . At inter 700 et
2000 femidiametros . . . nondum videtur certus aliquis numerus demonftratus", com-
me le rappelle Riccioli dans le Cap. VII („De Solis à Terra Dillantia") du Lib. III
de fon „Almagestum novum" de 1 65 1 . Malgré Huygens, Caffini et Flamfteed, New-
ton en 1 687 — voyez le § 2 de la p. 409 qui précède — écrit 20" pour la parallaxe
du soleil56), d'où réfulte (1. 9 d'en bas de la p. 477) une diftance du foleil de 5000
diamètres terrellres feulement. Il eft évident que Huygens n'a pu tenir aucun compte
de cette valeur. Plus tard Newton prendra 10' avec Flamfteed5").
Dans le Cofmotheoros, comme dans la Defcriptio automati planetarii, Huygens
donne aux diamètres apparents des planètes les valeurs qu'il avait déterminées dans
s*)T.X,p. 180.
5S) Kepler, Cap. XI („De parallaxibus stellae Martis") de la Pars Secunda de son „Astronomia
nova" de 1609.
?5) Prop. VII, Theor. VIII du Lib. III des,,Philosophia:nauiralisprincipiamathematica''de 1687.
5") P. 17 de son „De mundi systemate" de 1728. D'ailleurs dans la deuxième édition, de 1 7 1 5, des
„Principia" l'erreur avait déjà disparu. Newton y prenait à bon droit le diamètre de la terre
deux fois plus petit par rapport à celui du soleil que dans la première édition et disait: „paral-
laxis Solis ex observationibus novissimis quasi 10"."
670 AVERTISSEMENT.
fa jeuneflc et publiées dans le Syftema Satumium. Seule la planète Mercure n'avait
pas été mefuréc. Nous avons dit plus haut58) — et auparavant dans le T. XV —
que ces valeurs, et celles qui en réfultent pour les dimenfions des planètes comparées
à celle du foleil, font loin d'être exactes. Nous ne pouvons donc nous déclarer d'ac-
cord avec lui là où il avance59) — nous avons déjà cité cette afïertion à la p. 19 qui
précède — que les „lamellîe" employées par lui ne font pas moins bonnes pour ces
mefures que les micromètres ultérieurement conltruits. Dans fon „De mundi fyfte-
mate" de 1728 Newton dit à bon droit60) „quodHugeniuslatitudineobrtaculiquod
lucem omnem interciperet, majores exhibuit Planetarum diametros quam ab aliis
Micrometro definitum eft: nam lux erratica tecto Planetà latius cernitur, radiis forti-
oribus non amplius obfcurata."
Les rapports des diamètres des planètes (autres que la terre) à celui du foleil font
d'après le Cofmotheoros pour
Mercure Vénus Mars Jupiter Saturne Anneau de Saturne
1 :2qo 1 : 84 1 : 166 1 : 5,5 1 :?,6 1 = 3,4
tandis que les vraies valeurs font
1 : 295 1:112 1 : 202 1 : 9,8 1 : 1 1 ,6 1 : 5,4
Comparez fur Saturne les deux premiers alinéas de la p. 32 qui précède.
Seul, le diamètre de Mercure c\\ à fort peu près correct. Voyez fur lui les p. 622
et 624 qui précèdent ainfi que l'Appendice XI qui fuit. Le rapport 1 : 290 a été
calculé par Huygens d'après une obfervation d'Hevelius qui avait trouvé pour la
planète coniidérée une grandeur apparente de 1 1 "48"' à une diilancc de 55699 dia-
mètres terreitres, 1 01007 diamètres terreftres étant la diftance de la terre au foleil.
Hevelius lui-même fêtait trompé dans fon calcul.
Les dirtances des fatellites de Jupiter et de Saturne à ces planètes, et leurs périodes
(p. 781) ont été empruntées par Huygens à Calfini comme il le dit et comme le fait
voir aufll l'Appendice X. Il nous femble inutile d'énumérer ici les (atellitcs (ou les
planètes primaires) découverts plus tard. À propos de Mars, I luygens écrit fimple-
sg) P. 199.
s*) P. 697.
rt°) I'. 20.
AVERTISSEMENT. 67 1
ment que cette planète n'a pas de lunes; mais dans le cas de Saturne il prévoit qu'on
en trouvera encore d'autres6').
Nous avons dit, a la p. 178 du T. XX, qu'on ne trouve rien fur la queltion des
marées ni dans le Difcours de la Caufe de la Pelanteur ni dans le Cofmotheoros. Ceci
cil vrai pour le Dilcours; et auifi, il l'on veut, pour le Colmotheoros, puilque I Iuygens
n'exprime aucune opinion perfonnelle fur leur caufe. Il le borne à dire, tant à la p.
795 °lue ^ans l'Appendice V, qu'il elt difficile d'admettre que la lune fervirait unique-
ment, ou prefqu'uniquement, à „ciere" le flux et reflux de la mer. Comparez ce que
nous avons dit à la p. 495 qui précède fur l'impoflîbilité, pour lui, d'approuver ex-
prcflis verbis le calcul de Newton fur le mouvement périodique de l'axe de la terre
qui donne lieu à la précefllon des équinoxes. Toutefois, comme Newton n'avait pas
affirmé que les forces inverfement proportionelles aux carrés des diitances ne peuvent
être expliquées mécaniquement, Huygens f'abftient dans le Cofmotheoros de toute
critique de la pcnfée de fon illultre rival, tandis que dans le Difcours il avait encore
cru devoir mentionner qu'il voyait une difficulté dans l'hypothèfe générale de forces
de ce genre exercées par toutes les particules matérielles les unes fur les autres. Il
nous paraît cependant bien certain qu'en 1694 et 1695 aufli il n'accepte pas cette
hypothèfe.
En difant (p. 819) que ce qui retient les planètes dans leurs orbites c'efl: la „gra-
vitas eorum Solem verfus", il eût pu ajouter — comme il l'avait fait dans le Difcours —
qu'il tenait cette idée de Newton, lequel il mentionne d'ailleurs un peu plus loin après
avoir rappelé que tant Plutarque que Borelli — il eût aufli pu nommer Hooke —
avaient été de cet avis6-).
Ce qu'il y a de nouveau dans le Cofmotheoros, c'efl; la détermination (p. 35) de
la diftance des étoiles les plus proches dont, il efl: vrai, il avait déjà été queltion dans
les „Penfees méfiées" de 1686 (§§ 1 5, 30, 47 et 56).
dl) On a vu plus haut (§ 39 des „Pensees meslees") qu'il jugeait également possible la découverte
de nouvelles planètes primaires.
ô:) Mais sans dire que les forces centripètes qui poussent les planètes vers le soleil sont en raison
inverse <\t:> carrés de leurs distances a lui.
6/2 AVERTISSEMENT.
Suppofant Sirius égale à notre ioleil Huygensarrivcàlaconclu(ion,par le procédé
plus amplement décrit dans l'Appendice IX de 1694, que Sirius eft 27664 fois plus
diftante que le foleil. Or, nous lavons maintenant que la clarté abfolue de Sirius fur-
pafle environ 30 fois celle de notre foleil, et que fa diftance eft de plus de 8i années-
lumière. Si elle fe trouvait à la dite diftance 27664, c.à.d. à 0,46 année-lumière, elle
ferait plus de 1 8 fois plus proche de nous qu'elle ne l'eir. en réalité. Mais fi elle était
égale au foleil, elle devrait être feulement environ ]/ 30, c.à.d. 5,5 fois plus proche
de nous. Le réfultat de Huygens eft donc loin d'être exacl.
Au § 15 des „Penfees méfiées" Huygens avait obtenu un meilleur réfultat par la
comparaifon du foleil avec la lune, et de la lune avec Sirius (ou avec Jupiter, fuppofée
également brillante). Il trouvait que le foleil nous éclaire 20736. io6 fois plus forte-
ment que Sirius, ce qui donne 1 oi\/ 20736 ou 1 44000 pour le rapport de la diftance
de la terre à Sirius à la diftance de la terre au foleil. Ceci correfpondà 2,28 années-
lumière pour la diftance de Sirius, de forte que celle-ci, fuppofée égale au foleil,
ferait 3,9 fois plus proche de nous qu'elle ne l'eft en réalité. Le nombre 3,9 eft
beaucoup plus proche de 5,5 que le nombre 1 8 de l'alinéa précédent.
Au § 47 des „Penfees méfiées" Huygens prenait 1 00000, au lieu de 1 44000, pour
le rapport de la diftance „des fixes égales au foleil ... les plus proches" à notre diftance
du foleil, ce qui correfpond à 1,58 années-lumière pour la diftance des dites étoiles
fixes; Sirius (car pour Huygens elle eft fans doute une des „plus proches"), fuppofée
égale au foleil, ferait donc 5,6 fois plus près de nous qu'elle ne l'eft en effet. On voit
que, par hafard, cette évaluation-là était de beaucoup la plus exaéle des trois.
D'ailleurs Huygens ne fe propofe évidemment que de calculer l'ordre de grandeur
de la diftance qui nous féparc des étoiles fixes les plus proches; en quoi l'on peut dire
que, pour un premier cfïài, il n'a pas trop mal réuflî.
Voyez aufîl l'Appendice VII qui fuit, lequel contient une autre évaluation groffière
de la diftance à laquelle notre foleil devrait fe trouver pour paraître au firmament
aufil brillant que Jupiter ou une étoile de première grandeur. Huygens a (ans doute
raifonné comme fuit. Soit r la diftance de Jupiter au foleil et p le rayon du difquc de
Jupiter fur la fphère à rayon r entourant le foleil. Jupiter reçoit donc une fraétion
~~r2 p2
— ou — de là lumière. On peut fuppofer que l'héimlphèrc de la planète tourné
7rp2 \r
vers nous la reflète toute. L'émiffion totale ferait le double de cette quantité fi l'autre
hémifphèrc rayonnait de même. Or, en admettant qu'une étoile de première grandeur
AVERTISSEMENT. 673
paraît aulli brillante que Jupiter, et que la lumière totale émife par elle eft égale à
AI'' n /•-
celle du foleil, elle nous enverra donc non pas -- mais - fois autant de lumière que
Jupiter; ce qui fera le cas lorfqu'elle eil ; *' fois plus diitante. I Iuygcns calcule -
/3 ° 2/)
(le diamètre apparent de Jupiter étant, peut-on dire, le même vu de la terre que vu
du foleil). Il trouvepour cette fraction la valeur 1 0800. Approximativement la fraction
* ~ aura donc aufli cette même valeur. Plus précifément : l'étoile de première gran-
deur pourra être cenfée fe trouver à une diftance 1000063) fois plus grande que celle
qui nous fépare de Jupiter. On aura remarqué que ce raifonnement n'exige aucune
obfervation autre que celle du diamètre apparent de Jupiter.
Ce ne fut qu'en 1728 que Newton donna dans le „Dc mundi fyftemate" une dé-
valuation du même genre. Suppolant que Saturne reflète un quart de la lumière
(blaire qui tombe fur lui, il trouva „diftantiam quâ fol lucerct ut Fixa majorem efle
quàm diftantia Saturni quafi vicibus 1 00000".
Conlîdérant la flxuéture du monde des étoiles, Huygens doit fe borner à émettre
l'hypothèfe que les plus proebes et celles qui leur fuccèdent ont toutes des diftances
du même ordre de grandeur les unes des autres :„ut non minora fine [fpatia] deinceps
a propioribus ad fequentes, quàm a foie ad iilas." Aujourd'hui, nul ne l'ignore, nous
fommes énormément plus avancés.
Dans l'Appendice XII de 1695 Huygens traite d'un paflage fi&if de Vénus fur le
difque du foleil. Halley, qui avait obfervé le paflage de Mercure en 167764), et qui
elr. mentionné par Huygens tant dans l'Appendice X que dans l'Appendice XI, avait
en 169 1 exhorté les aflronomes futurs à obferver le paflage de Vénus de 1 769, pou-
*3) Puisque 2_\ 2. 10800=9700.
d4) Voyez la note 7 de la p. 326 qui précède.
«5
6~4 AVERTISSEMENT.
vant conduire a une meiurc exacte de la parallaxe de cette planète et du foleil65).
I Iuygcns tache d'évaluer la grandeur de l'erreur réfultant du fait qu'on ne peut
déterminer avec une exactitude abfolue les moments d'entrée et de fortie. Dans la
Pièce de 1691, dont Huygens citait auparavant une partie66), Wurzelbaur avait —
comme Ilalley dans l'article de 1691 6") le fit après lui — en parlant de Ton obfer-
vation de la tranfition de Mercure de 1690, attiré l'attention fur cette difficulté68).
Dans notre note de la p. 582 du T. X nous avons mentionné diveriès éditions et
traductions du Cofmothcoros; à favoir la réimpreflion (Francfort et Leipzig) de
1704, la traduction néerlandailé de 1699, rééditée en 17 17 (l'une et l'autre Rotter-
dam); la traduction françaife de 1702 (Paris); les deux anglaifesde 17 18 (Londres)
et 1757 (Glafcow); l'allemande de 1767 (Zurich).
Nous devons ajouter que la traduction anglaife de 1 7 1 8 avait paru pour la première
fois, fous le même titre („The Celeltial Worlds difcovered" etc.) en 1698, donc
prefquefimultanément avec l'édition latine originale; et qu'une réimpreffion de cette
dernière parut à la Haye déjà en 1 699 („editio altéra") également chez A. Moetjens.
À la p. 572 qui précède nous avons mentionné la traduction allemande de 1703 de
Wurzelbaur, réimprimée en 1743.
Nous connaiffons en outre une traduction françaife qui parut en 1 7 1 8 à Amltcrdam
fous le titre „Nouveau traité de la pluralité des mondes, où l'on prouve par des rai-
fons philofophiques que toutes les planètes font habitées & cultivées comme notre
Terre. Ouvrage compofé par feu Monsr. Hughens, ci-devant de l'Académie Royale
des Sciences. Traduit du Latin en François par M. D. [d'après une note au crayon
dans l'exemplaire de la bibliothèque de l'Univerfité de Leiden le nom femble être
Dufour]. A Amltcrdam, aux dépens d'Etienne Roger, libraire chez qui l'on trouve
65) Comparez la note 4 de la p. 308 qui précède.
6r0 P« 572 qm précède.
rt~) „De visibili conjunctione inferiorum planetarum cum sole, dissertatio astronomica". Philos.
Trans. No. 193.
<5li) „Discus enim Solis ceu trans undam limpidissimam apparuit, ideoque limbum ce î psi approperans
Mercurii corpus oh undulationem tcrminispra-cisisccrnerenon licuit : tandem cum limbi mutuo
contactu se stringerent, in confînio lucis solaris exiens Mercurii corpus opacum rotunditatem
suam, quam antea sub figura oblonga ostenderat, recuperavit, etc."
AVERTISSEMENT. 675
un aflbrtiment général de mufique. MDCCXVÏÏI". Cette dernière traduction parut
de nouveau en 1724 fous le titre „De la pluralité des mondes69), ouvrage dans le
goût de celui de Mr. de Fontcnclle fur le même fujet, mais où Ton établit, par des
raifons philofophiques, & par des conjectures tout-a-fait vraifemblables, ce qu'il n'a
propoie que comme un iimple jeu d'cfprit : traduit du latin de l'eu Mr. Chrétien Huygens,
de l'Académie Royale des Sciences, à la Haye, chez Jean Neaulme, MDCCXXIV".
— Dans notre traduction du prélent Tome nous n'avons tenu aucun compte des
traductions francaifes antérieures.
69~) Comparez !c titre de l'ovvrage populaire de 1862, souvent réédité, de Camille Flammarion
(Paris): „I.a pluralité des mondes habités". Inutile de dire que tant de Fontenelleque Huygens
y sont mentionné?.
CHRISTIANl
H U G E N I I
KOSMOeE^POZ,
S I V E
De Terris Cœleftibus 5 earumque ornatu >
CONJECTURE.
A D
CONSTANTINUM HUGENIUM,
Fratrem :
GULIELMO III. MAGNiE BRITANNIft REGI,
^— ^ A SECRETIS.
'Mgdbat]
HAG£-COMITUM,
Apud Adhiadum Moetjens, Bibliopolam.
M. DC. XCVIII.
Horat. Epift. 6. lib. I.
H une folem, & flellas, & âecedentia certis
Tempora momentis, funt qui formidine mdla
hnbuti fpecient: qui d c en [es mimera terra
Ouid maris extrêmes Arabas dit amis & lu dos?
Ludicra qu'ici, plan fus, & amici dona Ouiritis,
Quo fpe&anda modo, quo fenfu credis &? ore?
LE COSMOTHEOROS
ou
CONJECTURES SUR LES TERRES CELESTES
ET LEUR ÉQUIPEMENT
PAR
CHRISTIAN HUYGENS,
OUVRAGE DÉDIÉ À SON FRÈRE CONSTANTYN HUYGENS,
SECRÉTAIRE DE GUILLAUME III, ROI DE LA
GRANDE-BRETAGNE.
LIVRE I.
Il n'efl: guère poflible, mon cher frère, qu'un adepte de Copernic, confidérant la
Terre que nous habitons comme une des Planètes en mouvement autour du Soleil et
recevant de lui toute leur lumière, ne le figure parfois qu'il n'cfl: pas dérailbnnable
d'admettre que, de même que notre Globe, les autres aufli ne foient pas dépourvus
de culture et de parure, ni peut-être d'habitants. Surtout lorfqu'il a aufli égard à ce
qui a été découvert au firmament après les jours de Copernic, favoir les Satellites de
Jupiter et de Saturne, les montagnes et plaines de la Lune et beaucoup d'autres cho-
fes qui confirment grandement non feulement la vérité du fyftème inventé par lui,
mais aufli la reflemblance et la parenté de la Terre et des corps planétaires. Il me
fouvient, pour en donner un exemple, des nombreux entretiens que nous avons eus
fur ce fujet, vous et moi, lorfque nous contemplions enfemble le ciel avec nos grandes
lunettes, ce qui maintenant n'a plus pu avoir heu durant plulieurs années a caufe de
vos occupations et de votre abfencc prefquc continuelle. Nous étions toutefois per-
fuadés de ne pouvoir pas même efpérer que jamais il ferait poflible de favoir quelles
font les oeuvres de la nature en ces contrées et qu'il efl: donc vain de fe pofer cette
queflion. Je n'ai en effet pu trouver aucun Philofophe ancien ou moderne qui ait tenté
d'y répondre. Il efl: vrai que dès l'origine de l'Aftronomie, auflitot qu'on eut compris
que la forme de la Terre efl Sphérique et que l'éther l'entoure de toutes parts, il s'eft
vu des gens ofànt dire qu'il y a d'autres mondes dans les étoiles, d'innombrables mon-
CHRISTIANI HUGENII
COSMOTHEOROS,
SIVE
DE TERRIS CŒLESTIBUS, EARUMQUE ORNATU,
CONJECTURE.
AD
CONSTANTINUM HUGEN1UM,
FRATREM.
LIBER I.
IERI vix poteft, Frater optimc, ii quis cum Copernico fentiat,
Terrainque, quam incolimus, è Planetarum numéro unum elle
exiftimet, qui circa folem circumferantur, ab coque lucem om-
nem accipiant; quin interdum cogitet haud a ratione alienum j
elle ut, quemadmodum notter hic Globus, ita caeterï quoquc (/•• 4)-
ifh, cultuornatuque,ac fortaiïe habitatoribus non vaccnr. Prse-
fertim ii ad ea quoque refpiciat qua? pofl: Copernici tempora in
coelo deprehenfa font; Comités nempc ftellarum Jovis & Saturni, Lunœ montes cam-
pofque, & alia multa; quibus non folum veritas inventi ab illo fyftematis, icd & fîmi-
litudo ac cognatio, Terrain inter & Planetarum corpora, magnoperc confirmatur.
Itaque & nobis, cum pradongis Telcfcopiis (idera unà fpecularemur; quod jam per
multos annos, propter occupationes tuas & continuam fere abfentiam, non licuit;
fœpius ea de re lermones habitos mcmini. Qualia vero client, qua? in iibs regionibus
extarent Xatura? opéra, id ne fperandum quidem e(Te ut unquam fciri poflit, fruilraquc
proinde quasri, certo credebamus. Neque vero aut a prifcis Philofophis, aut a rccen-
tioribus quidquam ejuiînodi tcntatum fuifle compcri. Nam inter illos quidem, jam ab
86
6$2 LE COSMOTHKOKOS.
des même '). Quant aux auteurs polTérieurs tels que le Cardinal de Cufe, Bruno et
Kepler, dont le dernier écrit que tel était aufli le fentiment de Tycho Brahé, ils ont
fans doute attribué des habitants aux différentes Planètes, le Cardinal de Cufe et Bruno
même au Soleil et aux étoiles fixes -). Mais ni les uns ni les autres n'ont apparemment
fait une férieufe recherche fur ces habitants, et la même remarque s'applique à l'au-
teur Français qui a récemment publié un ingénieux dialogue fur la pluralité des
Mondes :i). Quelques-uns d'entr'eux ont feulement inventé, par plaifanterie, certaines
labiés fur les peuples de la Lune, lcfquelles ne font pas beaucoup plus vraifemblables
que celles de Lucien que vous connaifïez +). Je compte parmi cellef-ci les fantailies de
Kepler dont ii a bien voulu nous amufer dans fou rêve Agronomique 5). Mais pour
moi qui ne méjuge nullement doué d'une perspicacité fupérieure a celle de tant d'hom-
mes éminents, mais feulement priviligié en tant que né après eux — a une exception
près rt) -, il me parut, lorfque j'eus commencé il y a quelque temps à méditer fur
ces fujets avec plus de diligence, que les routes conduifant à la connaiflance de chofes
fi éloignées ne font pas absolument barrées, qu'il y a là au contraire une abondante
matière à de vraifemblables conjectures. Je me propofai enfuite de réduire en bon
ordre les dites conjectures fur ces fujets notées dans mes journaux comme elles s'étaient
préfentées fpontanément, et de vous les expofer en y ajoutant quelques chapitres fur
le Soleil, les Étoiles (ixes et les dimenfions du monde dont notre Syftème entier eil
une fort petite particule. Conlidérant votre zèle à prendre connaiflance de tout ce
qui regarde les corps céleites, je penfe que vous lirez volontiers le traité que j'en ai
fait. Ce que je puis affirmer fans réferve, c'eft que fa compofition fut un plaiiir pour
moi; mais ici, comme dans beaucoup d'autres occafions, j'ai fait l'expérience, et cette
' ( Yci s'applique sans doute a Démocrate (voyez la p. 35 1 qui précède) au sujet duquel il faut
cependant observer comme nous Pavons t'ait aussi a la p. 179 du T. XX qu'il ne croyait
pas à la sphéricité de la terre.
-) Voyez sur le Cardinal de dise la note 68 de la p. 360 qui précède. Dans le „Dialogo quinto"
du traité de Giordano Bruno ,,De l'infinito universo e mondi" nous lisons à propos des étoiles:
„( )r questi sono li mondi abitati e colti tutti da i,rli animali suoi, olrre eh'esse son li principalis-
simi e più divini animali de l'universo".
Dans une lettre du 30 novembre \6o~ a Brengger (I, p. 304 dans la traduction de M. Caspar
et VV. von Dyck „Joh. Kepler in seinen Briefen") Kepler écrit: „Nach meiner Ansiclu lindet
sieli auf den Sternen [c. à. d. les planètes, comparez la note 22 de la p. 584 qui précède] aucli
Feuchtigkeit, sowie Gegenden, die von den Ausdunstungen der Feuchtigkeit berieselt werden,
daber aucli lebendige GescHôpfe, dencn dièse Zustànde zum Nutzen gereiclicn. Audi hit nicht
nur der unglûckliche Bruno, der in Rom auf glùhenden Kohlen gerôstei wurde, sondern auch
der \ erehrte Brahe die Ansiclu gehegt, dass es auf den Sternen Bewohner gibt. Icli folgedieser
Ansicht umso lieber, da icli ta mit Aristarcli beliaupte, da^s die Erde mit den Planeten auch die
l'ew egung gemeinsam liai".
De Fontenelle; voyez la note 10 de la p. 343 qui précède.
COSMOTHEOROS. 683
ipib Aftronomiae exortu, eum primum Sphsericam elle Terra fbrmani intellectumcft,
etmque undique sethere cingi, fucrc qui auderent alios efle in fideribus mundos, tmo
innumerabiles dicere '). Pofteriores vero, ut Cardinalis Culanus, Brunus,Keplerus, /• 5 •
qui & Tychonem Braheum idem fenfifle fcribit, Planetis quidem incolas fuos tribu-
erunt; Cufànus cv Bruiras etiam Soli, & ftellis inerranribus*): nihil camen ulcerius
aut hi auc illi quaefivnTe inveniuntur; neque etiam nuperus auétor Gallicus dialogi
mgeniofi de Mundorum multitudine3). Tantum tabulas quafâam de Lunse populis
nonnullicontexiierunt,animicaufà, Lucianicis,quasnofti,haudmultoveri{imiliores4).
Nam& Keplerianashisannumero,quibusillein fomnio Aftronomico ludere voluit5).
.Mihi vero, qui tôt viris egregiis nequaquam me perfpicaciorem eflc exiftimo, (ed co
feliciorem, quôd polt illos tantînn non omnes6), natus fim; cum âb aliquo tempore
diligentius ifta meditari cœpifiem, vifum cft non prorfus obfeptas cflc, de rébus tam
procul diflkis, inquirendi vias, led vcrilîinilibus conjecturis abundemateriampraberi.
Quas conjecturas meas, prout fefe fubinde obtulerunt, in adverfariis annotatas, mine
in ordinem redigere, tibique exponere volui; atque aliquid etiam adjicere de Sole,
Itellilque inerrantibus, & mundi magnitudine, cujus particula quidam minima elt
totius Syltcmatis noltri complexus.|Êt hsec quidem, pro folito tuo res fuperas eo- Cp*^)-
gnofeendi fhidio, libenter te Lecturum arbitron Mihi ecrte ieribere ca jucundumfuit;
J Voyez SUT Lucien la tin de la note suivante.
5) „Joh. Keppleri Mathematici olim Imperatorii Somnium, leu Opus posthumum de astronomie
lunari, divulgatum a M. Ludovico Kepplerolilio, med.cand."(impr. partim SaganiSilesiorum,
al>«olutum Francofurti, etc. 1634). Comme dans le Rêve lui-même. Kepler parle des habitants
de la lune dans son „Appendix Geographica, seu mavis Selenographica", ainsi que dans les
...Nota.-". Dans l'„Appendix", après avoir parlé des „oppida lunaria'' et de la manière dont les
habitants construisent les grands „valla" ronds que le télescope nous permet de voir, il finit par
dire „Sed hsec radiera sunt". Mais dans les „Not»", qui paraissent sérieuses, il dit p.e. p. Ko:
,. llx pramissa concludendum videtur, in Lima creaturas esse vi\ entes, rationis ad ordinata ista
tacienda espaces". A la p. 30 du ..Somnium" Kepler fait mention du passage de Lucien où
celui-ci „ultra colomnas Herculis . . . rapitur ventorum curbinibus cum ipsa navi sublimis &
Lanc invehitur". Il est question du dialogue de Lucien intitulé ^Icaromenippus^'lxa^opytiriro;
r. ÙKipmftkaçj'.
") De Fontenelle, né en 1657, était plus jeune que Huygens.
684 LE COSMOTHEOROS.
fois fort littéralement, de la vérité de la fentence fuivante d'Archytas: Si quelqu'un
était monté au ciel et qu'il avait appris à connaître de vue la nature du monde et la
beauté des aflres,fon émerveillement (qui finon ferait fort délectable') lui ferait peu
de plai/ir s'il n'y avait perfonne à qui il pourrait tout raconter 7). Je voudrais bien,
pour ma part, être en état de communiquer mes penfées non pas à tout-le-monde,
mais pouvoir choifir, outre vous, les lecteurs qui me conviendraient, favoir ceux qui
ne font étrangers ni à la feience Aftronomique ni à la Philofophie raifonnable : de cette
façon je pourrais être fort afluré que mes lecteurs approuveraient mes efforts, que
malgré leur nouveauté toute défenfe ferait fuperflue. Mais comme je prévois que ces
pages tomberont aufii dans les mains de gens moins inftruits et que d'un autre côté
elles fubiront peut-être des jugements allez févères, j'eftime qu'il ne fera pas mau-
vais de tâcher ici déjà d'écarter les objections des uns et des autres.
Réponfe auxob- \\ y aura d'abord des gens, n'ayant fait aucune étude de la Géométrie ou des Ma-
de gens ^eu in- thématiques, qui jugeront notre entreprife vaine et ridicule. Il est incroyable à leur
ftruits. avis que nous ferions en état de mefurer les diftances ou les grandeurs des Aftres.
D'autre part ils eftiment qu'on attribue à tort du mouvement à la Terre ou du moins
que l'exiftence de ce mouvement n'a pas encore été démontrée. Il ne faut donc pas
s'étonner s'ils confidèrent comme des fonges et des enfantillages tout ce qui eft bâti
fur de pareils fondements. Que leur dirons-nous, finon qu'ils feraient d'un autre avis
s'ils s'étaient appliqués à ces feiences ainfi qu'à la contemplation de la nature. Nous
favons fort bien qu'en grande majorité ils n'ont pas eu l'occafion de faire ces études,
foit parce qu'ils y étaient peu aptes foit qu'ils n'en avaient pas les moyens, foit enfin
qu'ils étaient appelés à s'occuper d'autres affaires, les leurs ou celles de l'état. Nous
ne les blâmons donc en aucune façon; mais s'ils croiront devoir déihpprouver notre
application à ces chofes, nous faifons appel h des juges plus éclairés.
Que nos conjeftu- jj y aura d'autres cens dont les difeours tendront à prouver, lorfqu'ils nous ver-
res ne font pas in- vrr ., . ^ , . A .r , , ,
compatibles avec rom dillerter lur des J erres et des animaux même raiionnables, que ce que nous ta-
l'Ecriture Sainte, chons de rendre vraifemblable efi: contraire à l'Ecriture Sainte, attendu qu'il n'y efi
aucunement queftion de la création ou de l'exiftence de ces animaux-là, mais qu'on y
trouve plutôt ce qui ferait conclure à leur non-exiftence. Ils diront que l'Ecriture ne
fait mention que de cette Terre-ci avec fes animaux et fes plantes, et l'homme qui en
eft le feigneur 8). Je leur réponds, ce que d'autres ont fait avant moi, qu'il eft bien
7) C'est Cicéron qui attribue cette sentence à Archytas dans son „La?lius de Amicitia Liber",
§88.
8) C'est ainsi que Schott, dans son Scholium VII de la p. 94 de l'édition de l'ouvrage de Kircher
mentionnée dans la note 1 de la p. 764 qui suit, intitulé „An sint homines, animalia, planta-,
in Luna,aut in aliis planetis, & astris", avait écrit : „Contraria Sententia, negans Luna? & aliorum
astrorum incolas, communis est, & omnino tenenda, utpote Scriptura? Sacra; niagis consona".
COSMOTHEOROS. 685
utque fiepe alias, ita nunc, velue in re ipfà, verum effe expercus fum illud Archytse;
Si qnis in cœltim afccndifjet, naturamque mundi & pulchrttudinem fiderum per-
fpexijjet, înfuavem illam admirationem ei futur am, (qua alioqui jucundijjima fui-
jjet) nifi aliquem eut narraret habuijjet7^). LJtinam vero hase noftra narrare non
omnibus poflem, fed prœter te lectores arbitratu meo deligere liceret, qui nec Aftro-
nomicae feientia:, nec Philofophia: mêlions rudes client; quibus facile commis hofee
probatum iri, nec, propter novitatem, defenfîone opus habituros confiderem. Quia
vero & in imperitiorum manus venturos provideo, 6k fqrtafle quorundam leveriora
judicia fubituros, puto non abs re fore ut utrorumque reprehenfiones jam hincrepcl-
lcre coner.
Acque erunt quidem, qui cum Geometriamaut Mathematicasnunquamattigerint, 9cc"rrit"r "b|CL
.,.,.. n r, T ,.,.,... tionibus imperito
omnino vanum ac ndiculum hoc meeptum noitrum cenlebunt. Incredibue cnim us rum
videtur, ut Siderum diftantias, aut quai fît magnitude» eorum, metiri poflimus. Tum
vero motum huic Terra: aut falfo adlcribi exiftimant, | aut ncquaquam adhuc proba- (/•• 7)-
tum elTe. Quare nihil mirum, fi, qua: talibus fundamentis exftruuntur, pro fomniis
nugifque fint habituri. Quid vero his dicemus, nifi aliter fenfuros fi difeiplinis iitis,
naturœque rerum contemplanda.% operam dediflent. Hoc vero longe plurimis non
licuifTe feimus, vel quod ad ca parum ingénie comparât] eiïent, vel quod unde difee-
rent non haberent, vel denique quod fuis, aut reipublicae curandisnegotiis, alio voca-
rentur. Itaque nihil eos reprehendimus; fed, fi diligentiam in his rébus noftram con-
demnandam putabunt, ad magis idoneos judices provocamus.
Erunt alii qui ea, quœ verilimilia efie oitendere conati fumus, Sacris Literis adver- ConJefturas liafcc
r . j. j t> • i-i /• • • j- • j-/r s- Scripturis non
lan pradicent, cum de 1 erns animahbuique, atque etiam rationc praxiitis, nos dille- .uivcrlari
rere animadvertent; de quorum origine, aut quod omnino in rerum natura extent,
nihil illic traditum fit, fed ea potius ex quibus contrarium fequatur. Tantum enim de
Tellure hac, cum fuis animantibus, herbifque, & homine omnium domino comme-
morari8). Quibus refpondeo, quod & ante me alii, fatis apparere non de omnibus iis,
686 LE COSMOTHEOROS.
évident que Dieu n'a pas voulu y) que nous fumons inftruits en détail par l'Ecriture
fur tout ce qu'il a créé. Par conféquent, vu que dans le premier chapitre de la Genèfe
les Altres Errants autres que le Soleil et la I .une, (ont compris (bit fous le nom d'Etoiles
Toit fous celui de Terre, et qu'il en eft de même des Satellites de Jupiter et de Saturne,
il ell permis d'obferver que non feulement beaucoup d'autres corps céleltes de l'un
ou de l'autre genre peuvent y être inclus, mais aulli d'innombrables objets qu'il a plu
à 1'architeéte fouverain d'y placer. Je réponds de plus qu'ils ne peinent ignorer com-
ment il faut interpréter ce qui y ell dit, h lavoir que toutes choies ont été créées pour
l'homme, ce qui ne peut lignifier, comme beaucoup d'auteurs l'ont déjà remarqué,
que tant d'immenfes étoiles dont nous voyons une partie mais dont une autre partie
aurait toujours échappé à nos regards fans le fecours des Télefcopes, ont été créées
pour notre ufage ou pour être contemplées par nous, puisque ce ferait là une fentence
abfurde. On peut au contraire foutenir, précifément parce qu'une grande partie des
œuvres de Dieu ell placée en dehors de la vue des hommes et femble n'avoir aucun
rapport avec eux, qu'il doit vraifemblablement y avoir des êtres qui contemplent et
admirent ces œuvres de près.
o,ue l'examen de Mais ils diront peut-être que puifque l'auteur fuprême n'a pas plus enfeigné ou
ces chofes ne doit , ,, , ,., , ,. ., « . ,., ■> ,, ,r , , .... , *
pas être condamné rcvel° tlu '' n a 'Il!ti d tant croire qu 1! s oit relerve la connaillance du relte et que
comme faifant tacher d'y pénétrer ell par conféquent faire preuve de témérité et d'une curiolîté
preuve de trop de excellive. j'eftime pour ma part qu'on le donne trop d'autorité en voulant preferire
jufqu'où les hommes doivent pouffer leurs inveftigations et alligncr une limite à leur
alliduité, comme ii Ton connaillait avec certitude les termes fixés par Dieu et qu'on
lavait en outre qu'il ferait dans le pouvoir de l'homme de dépafler néanmoins ces
bornes lo). Si nos ancêtres s'étaient lahTés retenir par de pareils fcrupules, nous pour-
rions encore ignorer quelle êft la forme ou la grandeur de la Terre et s'il cxille un
continent Américain. De même lî la Lune ell éclairée par les rayons du Soleil et par
quelles caufes l'un et l'autre de ces corps céleltes fubit une écliplé;et beaucoup d'au-
tres chofes que nous devons aux travaux et découvertes des Aftronomes. Qu'ell ce
qui femblait aulli caché et inaccellible que l'objet des connaitlances récemment acquifes
fur les chofes céleftes? On peut comprendre par là que l'induftrie et la pénétration
d'elprit ont été données aux hommes pour parvenir peu à peu à entendre les chofes
naturelles, et qu'il n'y a pas de railbns pour lefquelles nous devrions nous réfoudre à
nous abftenir de recherches ultérieures. Toutefois les chofes plus cachées que nous
avons ici principalement en vue ne font pas, nous le lavons, de telle forte qu'elles
pourraient être parfaitement tirées au clair par nos efforts. Par conféquent nous
n'avançons rien ici avec une entière conviction (comment le pourrions-nous?) nous
y) Expression populaire: comparez le § i de la Pièce „Que penser de Dieu?" qui précède.
IO) Compare/, à la p. 550 qui précède, le ^ 1 - de la Pièce „\'cnsiinilia de Planetis".
tfOTHËOAOS. 687
quas Deus creavit, parti culacim nos edoceri eum voluifle9). [caque cum vel Siderum
vel Terrae nomine, in prima Genefi, etiam Planetae, qui praeter Solem Lunamque
funt, comprchendantur; acque etiam Jovis & Saturai Comités; poflTe non tantum
plures alios utriufque generis includi, fed &. res innumeras quas in fuperficie eorum
fummo opifici collocare placuerit. Porro non nefcire eos quo palto interpretandum
lit, quod dicitur omnia propter hominem condita efle; neque eo fignificari, ut a pluri-
bus jam cil animadverfum, tôt ingentia corpora (tellarum, quas partim videinus,
partim nec vidiflemus quidem unquam, li Telefcopiorum auxilium defùiffet, noftrae
utilitatis aut contemplationis gratis fuifle condita; quia id abfurde diceretur. Quare
cum operum Dei magna pars extra confpettum hominum fit poflta, neque ad eos
pertinerc videatur, haud alienum eiTe opinari, aliquos extare, qui illapropiusafpiciant
& admirentur. inquiiîtionem ho-
Sed dicent lortaile, cum de lus îple lupremus auctor nihu amnlius docuent aut .. , ,.
r r ' i „ lam ceprchcndi
révélant, credendum elle fibi feientiam eorum reiervaffe, ac proinde temere, & curiofe non debere.
nimis de iis inquiri. At nimium ipfos fibi fuinere ajo, ! fi definire velint, quoufque ho- * y .
mines invefligando progredi debeant, diligentiaeque eorum modum flatuere; ac fi
terminos, quos hic Deus pnefcripfit, certo cognitos haberent; aut in hominum potes-
tate eflet illos pr&nergrcdi'°). Et fane, fi talibus ferupulis retenti ftriflent qui ante
nos vixerunt, adhuc ignorari potuhTet quîenam Telluris eflet figura, aut quas magnî-
tudo, & num aliqua America,1 regio. Item an Solis radiis Lima illuftraretur, quibufve
ex caufis aut hsec aut ille deficerent; ac pleraque alia, quae Altronomorum laboribus
repertilquc accepta referimus. Quid enim tam abfconditum &. inacceflum videbatur,
quam quae de rébus cœleftibus in apertaluce nunc pofita funt? Ex quointclligiturin-
duftriam mentifque acuraen hominîbus data elle, quibus paulatim rerum naturalium
cognitionem confequerentur, neque efl'e cur conari definamus & ulteriora inquirere.
Attamen reconditiora illa, quibus hic pnecipue infiftimus, feimus non elle ejufmodi,
ut quserendo penitus inveltigari poflmt. Itaque nihil veluti certum atlirmamus, (qui
pollimus enimV) fed conjefturis tantum agimus, quarum de verifimilitudine fuo cuique
688 LE COSMOTHEOROS.
contentant de conjectures sur la vrailemblance defquelles chacun efl libre de fé faire
Quelesconjeftures juge. Que (î quelqu'un dira donc que nous nous donnons une peine vaine et inutile
q oiquince unes m propofent des conjectures fur des chofes defquelles nous avouons nouf-mèmes ne
pas vaines. rien pouvoir comprendre avec certitude, je répondrai que l'étude entière de la Phy-
fique, pour autant qu'elle s'occupe de chercher les caufes des phénomènes devrait
être défapprouvée pour la même rai ion, la plus haute gloire étant d 'y avoir trouvé
Hes théories vraifemblables "),■ c"1 efl la recherche elle-même, tant des fujets princi-
paux que des chofes les plus cachées qui conftitue fon charme. Mais il y a beaucoup
de degrés de vrailemblance dont les uns font plus proches de la vérité que les autres;
c'ell furtout dans l'évaluation de ces degrés qu'on doit faire preuve de bon fens I2).
Que le fujet du Suivant mon opinion nous n'examinons pas feulement ici des chofes fort dignes d'être
pr rat traite a es connues en elles-mêmes, mais de plus telles que leur contemplation collabore auffi à
fagefle et la piété. nous rendre plus Cages. Il convient de nous confidérer comme placés hors de la Terre
et la regardant de loin, et de nous demander alors fi c'ell: à elle feule que la nature a
conféré tous fes ornements. De cette façon nous pourrons mieux comprendre ce que
c'ell que la Terre et en quelle ellime il faut l'avoir; de même que ceux qui font de
grands voyages font en général meilleurs juges des affaires de leur patrie que ceux
qui ne l'ont jamais quittée. Celui qui, accordant quelque valeur à nos raifonnements,
s 'efl une fois figuré une multitude de Terres iemblables à la nôtre et habitées de même,
ne fera pas fortement influencé par des arguments qui aux yeux du grand public pa-
raiffent de grand poids. Et comment pourra-t-il ne pas beaucoup admirer et vénérer
Dieu, auteur de fi grandes chofes? de la providence et de la merveilleufe feience
duquel il trouvera ici partout des marques, a l'encontre des fauffes opinions de ceux
qui ont foutenu foit que la Terre a été engendrée par un concours fortuit d'atomes
foit qu'elle n'a eu aucun commencement I3). Mais il efl temps de venir aux faits.
Or, comme, pour prouver ce que je me fuis propofé, mon argument principal fera
tiré de l'arrangement Copernicain des Planètes et du fait que notre Terre en fait fans
aucun doute partie, je commence par tracer deux figures dont l'une contient en vraies
proportions leurs orbites entourant chacune le Soleil, figure identique avec celle que
vous ave;; fouvent contemplée dans notre Automate, tandis que l'autre montre les
") N. Oresme, au quatorzième siècle, écrivait: „L'on peut bien parler en science certainement si
comme en mathématiques, et es autres non, mais tant seulement probablement et vraysembla-
blement" („Les Ethiques, ou morale d'Aristote", ouvrage imprimé à Paris en 148R, § 36).
12) Comparez la Pièce „De probatione ex verisimili" qui précède (p. 541), ainsi que notre Aver-
tissement à cette Pièce et aux trois autres constituant ensemble ce que nous avons appelé «Ré-
flexions sur la probabilité de nos conclusions et discussion de la question de l'existence d'êtres
vivants sur les autres planètes".
Voyez aussi la note g de Iluygens, de septembre 1692, a la p. 321 du T.X. Nous avons d'ail-
leurs déjà cité cette note dans notre note 10 de la p. 532 qui précède.
13) Comparez sur ces deux dernières opinions la note 1 2 de la p. 557 qui précède.
COSMOTHEOROS. 689
arbitrera | judicare liberum fit. Quod ii quis irritam igitur, & inancm in bis operam (/>• 10).
nos ponere dicat, de rébus iis conjecturas prodendo, dequibusipfi tateamurnihil certi Conjeâuws non
unquam comprehendi pofle: relpondebo totum Phyfices ihidium, quatenus in cauiis ' nBwl«
rerum entendis verlatur, eadem racionc ibre improbandum; nb'i verifimilia invenijfe
Unis fumma e\lx '), & indagatio ipfa rerum, tum maximarum, tum occultifjimarum,
habet obleEtationem. Sed verilimilium multi funt gradus, alii aliis veritati propiores
in quo diligenter a'itimando prsecipuus judicii ufus vertitur12).
Ut vero mihi videtur, non tantum res ad cognitionem maximas hic indagamus, Ad fapientiam &
fed quarum contemplatio Uudiis quoquc fapientiae multum conducat. Expedit nimi- nuJi,iCtraftantur
rum uc, velut extra Tellurem hanc politi, procul eam intueamur, quseramufque, an
Ibla lit in quam omnem omatum natura contulerit. Ita enim rectius quid fit, quoquc
loco habenda, intelligere poterimus: qucmadmodum qui longinquas regiones obeunt,
de patria? fuœ rébus vcrius judicare (oient, quam qui nunquam inde fe moverunt. Nec
fane ille magnopere admirabitur quaecunque hic vulgo maxi|ma habentur, qui, ratio- (y>. i ty
nibus nofrris aliquid tribuens, multitudinem Tcrrarum noftrîe fimilium, (imiliterque
incolis fuis frequentatarum, fibi propofuerit. Deura vero, tantarum rerum effeclorem,
qui poterit idem non valde fufpicere & vcnerari? cujus providentiam, fapientiamque
mirabilem, pafiïm hic aflertam inveniet, contra falias opiniones eorum, qui vel ex
fortuito corpuiculorum concurfu ortam efie Terrain, vel omni principio eam carere
dixerunt ' >). Sed jam ad propoiitum.
Et quoniam maximum iumetur argumentum, ad ea qus inltituimus probanda, ex
ordinatione Planetarum Copernicea, quodque inter eos Tellus hœchauddubienume-
ratur; bina ichemata hic initio defcribo, quorum alterum orbes eorum, circa iblem
dilpofitos, contine t,veris proportionibus expreiïbs; fimile illi quod in Automato noftro
fkpius confpexilti: alterum rationes magnitudinum ortendit, quibus corpora Plane-
87
690
LE COSMOTHEOROS.
rapports des grandeurs des corps Planétaires tant entre elles qu'à l'égard du Soleil, la
grandeur de celui-ci auili ayant été indiquée dans le dit Automate. Dans la première
figure [Fig. 149] le Soleil occupe le centre, auquel fuccèdent, dans l'ordre déformais
Expoiition du fy- bien connu, les orbites de Mercure, de Vénus et de la Terre, à laquelle eft furajoutéc
ftème de Copernic. ce|je ^Q ja Lune, enfuite celles de Mars, de Jupiter et de Saturne; enfin, à l'entour
[Fig.149]
de Jupiter et de Saturne les petits orbes des Satellites, dont le premier en a quatre et
le deuxième cinq. 11 faut lavoir que ces petits orbes, de même que celui de notre Lune,
ont été repréfèntés ici en dimenfions beaucoup exagérées par rapport à celles des
orbites des Planètes primaires afin de ne pas être tout-à-fait invifibles à caufe de leur
exiguité. Or, quelle eft la grandeur des orbites primaires? C'eft ce qu'on peut con-
COSMOTHF.OROS. 6y I
tarum inter fe, & ad Solem, comparantur; quod in eodem Automato adjeftum eft. Copernici ryftema
In priorc punétum médium Sol eft; a quo dcinccps, noto omnibus ordine, (une orbitœ exPomtar'
Mercurii, Veneris, Telluris, cum fuperaddita via Lunae; tum | Mania, Jovis, & Saturai : rp, , av
ac circa Jovem, Satumumque cireelli Comitum; illius quatuor, hujus quinque. Quos
circellos, cum eo, qui Luna? noftrœ dicatus cil, longe majores hic poni (ciendum,
quam pro ratione ad Planetarum primariorum orbitas; ne, ob parvitatem, penitus
vifum effugerent. Orbitarum vero quanta reipfa fit vaftitasindeintelligerelicet,quod
692
LE COSMOTHEOROS.
(Juelles font les
raifons qui confir-
ment la doctrine
de Copernic.
[Fig. ï5o].
dure de cette donnée que la diftance du Soleil à la Terre comprend dix ou douze mille
fois H) le diamètre de cette dernière, mefure dont dans la fuite nous traiterons plus
explicitement. Toutes ces orbites font fituées a peu près dans un même plan, de forte
que leurs véritables plans ne s'écartent pas notablement de celui dans lequel la Terre
accomplit fes révolutions et qu'on appelle le plan de l'Ecliptique. Ce dernier e(t obli-
quement traverfé [Fig. 150] par l'axe de la Terre autour duquel elle tourne en 24
heures par rapport au Soleil: cet axe, à une mutation fort lente près qui eft bien con-
nue aux Aftronomes ,5), relie parallèle à lui-même dans fa courfe autour du Soleil;
ce dont réfultent les inégalités des jours et des nuits
ainfi que les différentes faifons, comme l'en feignent
les livres aftronomiques. C'eft aufli à ces livres
que j'emprunte les périodes qui correfpondent aux
orbites des Planètes: celle de Saturne eft de 29 ans,
1 74 jours, 5 heures; celle de Jupiter de 1 1 ans, 317
jours, 1 5 heures; celle de Mars de 687 jours à fort
peu près; celle de la Terre de 365^ jour; celle de
Vénus de 224 jours, 18 heures; celle de Mercure de 88 jours. Tel eft l'ordre des corps
céleftes découvert par Copernic et aujourd'hui fort connu. On peut dire que ce fy-
ftème eft en très bon accord avec la (Implicite de la nature. Si quelqu'un fe fait fort
de le réfuter ou de le défapprouver, qu'il apprenne d'abord combien mieux et com-
bien plus facilement d'après les démonftrations des Aftronomes, on y rend compte de
tout ce qui s'obferve au fujet du mouvement de ces aftres que dans les fyftèmes de
Ptolémée ou de Tycho. Qu'il apprenne en fuite fuivant quelle loi, d'après la remar-
quableobfervation de Kepler,lesgrandeursdesdirtancesdes Planètes — parmi lefquelles
celle de la Terre — au Soleil font liées aux valeurs des périodes que j'ai rapportées;
loi qu'on a en fuite trouvée valable aufli pour les Satellites de Jupiter et de Saturne
dans leurs rapports avec ces Planètes 1<5). Qu'il parvienne enfuite à comprendre com-
bien eft contraire à la nature du mouvement ce qu'il faudrait félon lui fe figurer:
favoirla caufe que nous dirons du phénomène fuivant dont l'exiftence a été démontrée.
Il s'agit d'expliquer pourquoi l'étoile Polaire qui fe trouve à l'extrémité de la queue
du petit Ourfe, fe meut aujourd'hui en une petite circonférence de cercle diftante de
2i degrés du Pôle, tandis que 1820 années plus tôt, favoir au temps d'Hipparque,
elle (e trouvait à une diftance de 1 2°24' du même Pôle, et qu'après quelques fiècles
elle s'en écartera de 450, tandis que dans 25000 ans elle reviendra a la diftance qu'elle
I4) Voyez sur ces chiffres l'Avertissement qui précède.
,5) Voyez sur le mouvement de précession les p. 63 — 65 et 494 — 495 qui précèdent, ainsi que les
p. 825 et 829 qui suivent.
I6) Comparez la Pièce IV de la p. 36 qui précède.
COSMOTHEOROS. 693
diftancia a Sole ad Terrain, deeem vel duodecim millia'4) Terra? diametrorum conti-
net: de qua menfura pluribus poftea agetur. Omnes porro in eodem fere piano fita.*
lunt; uc proinde non multum difeedant ab eo in quo Tellus circumit,quod Eclipticx
planum vocatur. Hoc vero oblique fecaturab axe Telluris, in quo illa volvitur horis
viginti quatuor, refpectu folis: ifqUe axis, nifi quod mutationem lentiflîmam i'uhic,
quam norunt Aftronomi ' s), fibi ipfi parallelus manec, dum ipfa circa Solem defertur;
ex quo dierum noctiumque oriuntur vices, itemque temporum atîni commutationcs,
ut pallim docent eorum libri. Unde & tempora periodorum, quibus circuitus i'uos
Planeta quifque peragit, hue tranferibo. Nempe Saturai, annorum 29, dierum 174,
horarum 5.J0VIS annorum 1 1, dierum 1 317, horarum 15. Marris proxime dierum (/>• 13)-
687. Telluris dierum 365^. Veneris dierum 224, hor. 1 8. Mercurii dierum 88.
Hic eft ille, notiffimus jam, cœleftium corporum ordo,a Copernico repertus, idem-
que natura? fimplicitati convenientiffimus. Hune fi quis convellere aut improbare Copemici doftri-
contendat, is difeat primum, ex demonftrarionibus Aftronomorum, quanto in hac n:l,,l. qux ratlones
deferiptione melius faciliufque omnium eorum, quae circa motum (iderum animad-
vertuntur, ratio reddatur, quam in Ptolemaico aut Tychonis fyftemate. Cognofcat
etiam, ex fingulari Kepleriobfervationc, quomodoPlanetarum,interqueeos Telluris,
a Sole diftanriœ temporibus periodorum, quas retuli, certa quadam proportione rcs-
pondeant; quam poftea Jovis quoque & Saturai Comités, horum refpedtu, fervare
deprehenium eft ,6). Intelligat quam contra motus naturam quiddam comminifeendum
fit, quo demonftretur cur ftella Polaris, in extrema cauda minons Urfie, exiguo nunc
circulo moveatur, duobus gradibus & tertia parte à Polo diftans; cum ante annos
mille oclingentos viginti, œtate nempe Hipparchi, duodecim gradibus, 24 | ferupulis, (/>• 14)-
ab eodem Polo abfuerit: poil aliquot vero fiecula, ad 45 gradus inde recefiura fit, &
poft annorum viginti quinque millia, eodem quo nunc eft, reverfura. Ut proinde
cîelum totum, fi circumrotari dicatur, fuper alio atque alio axe id faciat necefie fit,
quod eft abfurdilfimum; cum in Copemici hypotheii nihil fit explicatu facilius. Déni-
6o4
LE COSMOTHEOROS.
a maintenant. Il faudrait donc, fi Ton dit que le ciel tourne en entier, que cette révo-
lution eût lieu autour d'axes continuellement différents ce qui efl: très abfurde; tandis
que dans l'hypothèfe de Copernic rien ne s'explique plus facilement.
Qu'il confidère enfin toutes les réponfes données par Galilée, GafTendi, Kepler et
beaucoup d'autres aux objections qu'on a l'habitude de faire aux arguments de Coper-
nic. Par leurs raisonnements les fcrupules qui reliaient ont été fi bien écartés que tous
les Aftronomes, à moins que d'être d'une intelligence tardive I_) ou entachés d'une
crédulité foumîfe à l'autorité humaine l8), attribuent maintenant fanshéfiter du mou-
vement à la Terre et lui affignent une place parmi les Planètes.
[Fig- 151]
COSMOTHEOROS. 695
que expcndat omnia illa, quibus, ad argumenta Copemico objici folita, Galileus,
Gaflendus, Keplerus, aliique plurimi refponderunt. Quorum rationibus ita fublari
lunt qui lupcrerant fcrupuli, ut omnes nunc Aftronomi, niii tardiore fint ingenio1"),
aut hominum imperio obnoxiam credulitatem habeant18), motum Telluri, locumque
inter Planetas, abfque dubitatione décernant.
,7) Huygens attribue donc sans les nommer, une intelligence tardive sous ce rapport à Cassini et
à Romer: voyez sur eux les p. 3 11 et 182 qui précédent.
If!) Allusion évidente à Riccioli et Kirclier, comme nous l'avons dit dans l'Avertissement.
6"q6~ LE COSMOTHEOROS.
Rapports des gran- Dans la deuxième figure dont j'ai parlé plus haut [Fig. 151], les globes planétaires
J! ,,„ oiuc »♦ s. " et Ie Soleil font repréfentés comme (i les planètes étaient placées en férié contre ion
l'égard du Soleil, bord. Ici je me fuis conformé aux rapports de leurs diamètres à celui du Soleil que
j'ai publiés dans mon livre des Phénomènes de Saturne. Leurs valeurs font les fui-
vantes: pour l'Anneau de Saturne 1 1 : 37; pour celui de fon Globe intérieur, égale-
ment par rapport au diamètre du Soleil, à peu près 5: 37, pour Jupiter 2:11, pour
Mars 1 : 166, pour la Terre 1 : 1 1 1, pour Vénus 1 : 84; auxquelles j'ajoute maintenant
celle du rapport du Mercure qui cil 1 : 290 d'après l'obfcrvation d'Hevelius de 1661,
lorfque Mercure fut vu fur le difque Solaire, ceci toutefois non pas d'après fon calcul
mais d'après le notre I9).
J'ai montré dans le dit livre comment ces rapports, qui font mes rapports à moi,
des grandeurs confidérées ont été trouvés, favoir en me bafant à la fois fur les pro-
portions connues des diitances au Soleil et fur la mefure des Diamètres prife avec mes
Télefcopes; et je ne vois encore aucune raifon pour m 'écarter notablement des résul-
tats de ce calcul quoique fans vouloir maintenir l'exactitude abfolue des réfultats. En
nue les minces la- cffct;? bien que beaucoup de gens foient perfuadés que dans la mefure des diamètres
préférables aux apparents 1 uiage des Micromètres — il s agit d initruments compotes de fils tort
Micromètres. ténus tendus dans le plan focal de l'objectif — eft préférable à celui de nos lamelles;
je ne puis me déclarer d'accord avec eux, étant encore toujours d'avis que les minces
lamelles ou coins que j'ai dit en cet endroit devoir fervir à ces obfervations ipéciales
y font les plus aptes. C'eil d'ailleurs de mon invention qu'eil provenu, peu après,
celui des Micromètres ainfi que l'adaptation du Télefcope aux inftruments Aftrono-
miques; au grand honneur, certes, de ceux qui fe font appliqués à perfectionner une
invention fi utile IO).
Que le Soleil eil Dans cette comparaifon avec les planètes, il faut confidérer l'immenfité du Soleil
mnd°quePles Pla- a 1 ^gard des quatre Planètes intérieures, et autîi que celles-ci font extrêmement petites
nètes. par rapport à Saturne et Jupiter. On doit remarquer à ce propos que les corps plané-
taires ne croiifent pas proportionnellement a leurs diitances au Soleil, attendu que le
globe de Vénus eit beaucoup plus grand que celui de Mars.
,y) On a vu plus liant que dans la „Dcscriptio Automati Planetarii" (p. 624) Huygens avait pris
1 : 308 pour le rapport du diamètre de Mercure à celui du soleil. Il est permis de penser que ce
rapport-là qui ne diffère pas appréciablement de celui du présent texte provenait également
d'un calcul basé sur les observations d'Hevelius. Consultez sur le calcul de Huygens l'Appen-
dice XI qui suit. Dans son „Mercuruis in Sole visus Gedani 1661", déjà plusieurs fois cité dans
le présent Tome, Hevelius avait calculé à sa façon (p. 84) „Mercurii diametrum ad Solis esse
ut 1 ad 160" ce qui est loin d'être exact, tandis que la valeur de Huygens est fort bonne (voyez
l'Avertissement).
2°) Nous avons déjà cité ce passage à la p. 19 qui précède. Voyez aussi sur les micromètres l'Appen-
dice VIII qui suit.
COSMOTHEOROS. 69-
In akero, quod dixi, Ichemate, ita horuni globi cuni Sole oculis lubjiciuntur, ac (i Planetarum mag-
iuxta le polki ell'enr. Atque hic rationem diametrorum, ad Solis diametrura, eam nlc nis,n'
J r ' ' 1 ad Soleni ratio.
fecutus Cum, quam tradidi in libre de Saturni Phaenomenis. Nempe Annuli Saturnii
eam qua,1 i i. ad 37; Globi ineluli, ad eandem Solis diametrum fere, quae 5 ad 37;
Jovis, qua? 2 ad 1 1 ; Marris, quae 1 ad 1 66; Telluris, | quae 1 ad 1 1 1 ; Veneris, qua; 1 (P- '5)-
ad 84; quibus nunc addo Mercurii, quae ell 1 ad 290 ex llevelii obfervatione Anno
1661 habita; cuni in Solis dilco iMercnrius confpicerctur, noltro tamen, non illius
calculoI,;).
Quomodo auceni hx nollra1 magnicudinum rationes inventas fint, tum ex cognita
proportione diltantiarum à Sole, tum ex menfura Diametrorum, Telelcopiis capta,
eo, quem dixi, libro ollcndi: neque adhuc video cur multum, abiisquastuncdefinivi,
recedam; etlî nihil eis décile non contenderim. Nam quod multi exiltimant, in mc-
tiendis apparentibus diametris, praeftare lamellis nollris ufum Micrometrorum qua?
vocant, quibus fila tenuilfima in foco Lentis majoris praecenduncur, nondum iis aflen-
tiri poflum, fed aptiores elle lamellas virgulafve tenues arbitrer, quas eo loco objici-
endas docueram. Ex quo iltud Micrometrorum invcntum, itcmque Tclelcopii ad Micrometris pra;-
. ., . , . in • f 1 i tiare lamellas vir-
organa Altronomtca adaptatio, non multo poit emanavit : non fine lande tamen eorum, ,ru]alve teniles
qui in pertkiendo tam utili invento elaborarunt20).
Caiterum, in hac planetarum comparatione, notanda ell ingens Solis magnitudo, | (/'• l°)'
cum interioribus quatuor Planetis collata; utque hi Saturno quoque, ac love, lono;e So , 1>,anetls
, . , .. ,-ii 1. r imilto maiorcm
longeque minores fine. Aam conliderandum, non ordinccrelcere eorum corpora cum efle
dittantiis a Sole; quippe cum multo major lit Veneris, quam Martis, globus.
88
698 LE COSMOTHEOROS.
Qu'on eft en droit Après cette expofition fur les deux figures pcrfonne, penfé-je, peut ne pas voir
err,e combien manifeftemcnt il refaite de la première qui donne la forme du fyftème, que
aux Planètes et cel- r v " T
les ci à la Ten-e. notre Terre y eft comprife de la même manière que les cinq autres Planètes. Les po-
lirions des orbites l'attellent. Il eft confiant en outre parles obfervations télefeopiques
que les corps de toutes les planètes font fphériques, de même que culuidela Terre et
que toutes elles empruntent leur lumière au Soleil. Enfin qu'elles refTemblent à la
Terre aufli en ce point qu'elles tournent chacune autour de fon propre axe; qui en
effet en doutera après que ceci a été nettement établi pour Jupiter et Mars? Et de
même que la Terre a pour compagne la Lune,Jupiter et Saturne ont les leurs.
Puifquc la reflemblance de la Terre à ces Planètes primaires exifte à tant d'égards,
qu'eft ce qui eft auftî naturel que de conjecturer qu'elles ne lui foient pas inférieures
en dignité et en beauté, ni aucunement moins ornées ou plus incultes: quelle raifon
pourrait-on inventer pour laquelle il en ferait autrement?
Qu'on tire à bon Certes, fi l'on montrait, à quelqu'un qui n'aurait jamais vu ouvert le corps d'un
e a lei cm- anmiai ies entrailles dans le corps difiequé d'un chien, lavoir le coeur, l'eftomac, les
blance des argu- ' . , . v .
ments pour cette poumons, les inteftins, en fuite les veines, les artères, les nerfs; il ne douterait guère
affitnilation. de Texillence d'un mécanifme femblable, d'une même variété de parties, dans les
corps du boeuf, du porc ou d'autres animaux. De même, fi nous avions appris à con-
naître la nature d'un feul des Satellites de Saturne ou de Jupiter, ne ferions-nous pas
d'avis que les mêmes chofes à peu près doivent le trouver chez tous les autres? Pa-
reillement, li nous réudiflions à comprendre la nature d'une Comète quelconque, nous
jugerions que telle elt la nature univerfelle de ces corps. La conclufion, tirée de la
reflemblance des chofes obfervées à celles qui ne l'ont pas été, a donc un fort grand
poids. Et en fuivant la même manière de raifonner, nous pourrons faire, en nous
bafant fur notre connaiffance d'une feule Planète contemplée de près, d'excellentes
conjectures fur les autres Planètes de la même famille.
Que les Planètes jvn t-out premier lieu nous jugerons que, de même que notre Terre, elles con liftent
v exifteunepefan- en ^es corPs folides. Enfuite nous tiendrons aufii pour fort vraifcmblable que leurs
teur. globes foient pourvus de ce que nous appelons la pefanteur ou gravité; par la force
de laquelle tous les corps qui fe trouvent fur leurs furfaces, y exercent une prefiion
ou bien, s'ils en ont été écartés, y retombent de toutes parts comme s'ils fubiflaient
une attraction. Ce qui refiort déjà de la forme fphérique elle-même, attendu que c'eft
celle-ci qui eft produite par l'effort de corps tendant tous vers un même centre. Or,
nous avons même appris à tirer, en raifonnant logiquement, des conclufions fur les
rapports des grandeurs de la gravité auprès de Jupiter ou de Saturne à celle qui exifte
chez nous. De ce fujet, et de l'auteur des dits calculs "), nous avons parlé dans notre
Difcours de la Caufe de la Pefanteur.
!1) Il s'agit de Newton; voyez les p. 408 et 477 qui précédent. Plus loin (p. 819) Huygens fera
expressément mention de Newton dans le présent Traité.
COSMOTHEOROS. 609
I lis de utroque Diagrammate expofîtis, nemo, ut puto, jam non vidée, quam clare TelluremPianeus,
ex priore, in quo fyltematis cil typus, fequatur, eodem génère, cum caeteris quinque .I','|is|nji\n1"1 c
Planetis, Tellurem hanc no l tram contineri. Nam vel ipfi circulorum pofitus hoc teit-
ancur. Atqui praeterea confiât, telefcopiorum obfervationibus, 6k globofa elle omnium
corpora, itidem ut Telluris, & à Sole Iplendorem limiliter cos mutuari. Ac denique in
hoc quoque ci iîmiles elle, quod in fe ipfis circum proprios axes vol van tur: quisenim
de caeteris dubitet, cum in Jove & Marte hoc certo compertum lit? Sicut autem
Tcllus Lunam comitem habet, ita Jupiter & Saturnus fiias. Quid igiturtam probabile
eit, cum in bis tôt rébus Telluri cum Planetis illis primariis intercédât fimilitudo, quam
non minori quoque dip^nitacc 6c pulchritudine eos efle, nihiloque minus ornatos cul-
tofque : aut quaenam | cur hoc aliter fe habcat ratio excogitari poteitV (A '")•
Sane ii cui, in difTeCti canis corpore, vifeera oltcnderentur, cor, ftomachus, pulmo- Éx fimilitudine in
nés, inteltina; tum venae, arteriae, nervi; etiamli nunquam animalis corpus apertum llke .e a,R,1~
conipexiflet; vix dubitaret, quin fimilis quaedam fabrica, ac partium varietas,in bove,
porco, cœterifque beftiis inefTet. Nec iî unius, ex Saturni aut Jovis Comitibus, naturam
cognitam haberemus, non cadem fere quee in illo, in caeteris quoque reperiri puta-
remus? Similiterque ex uno quopiam Cometa, fi quidnam effet perfpici poflet, eandem
omnium rat ion em eïïe ltatueremus. Itaquc plurimum ponderis habet illa ex fimilitu-
dine petita, 6k a rébus vilis ad non viias producta ratio. Quam proinde fcquentes, ex
Planeta uno, quem coram afpicimus, de reliquis ejufdem generis reclè conjeéhiram
faciemus.
Ac primùm quidem, non aliter quam Tellus nollra, folido corpore eos conftare Planetasfolidos.es-
cxilhmabimus. Deinde prorfus etiam verifimile cenfebimus, adefle globis corum id . gravitatepo
quod gravitatem appellamus; cujus vi corpora quoque, in l'uperficie eorum hserentia, | r^ , g\
premant eam; aut, fi dimoveantur, ex omni parte velut attracta recidant. Quod ex
ipfa quoque globi forma liquet, cum ha?c ex conatucorporum,adcentrumunumtcn-
dentium, generetur. Imo jam, certo quodam ratiocinio, colligere didicimus, quanto
majus minufve in Joveac Saturno, quam apud nos, gravitatismomentumeiïcdebeat.
Qua de re, deque auftore ejus:I), in Diatriba de Cauiis gravium diximus.
700
LE COSIMOTHI'.OROS.
Mais voyons maintenant dans le prêtent traité ce qu'on peut examiner de plus,
jufqu'à quel degré Ton peut parvenir à des connaiflances plus détaillées fur la nature
et l'équipement de ces Terres diftantes. Et d'abord combien il elt vraifemblable qu'il
exiite des plantes et des animaux fur leurs furfaces, de même que fur celle de la Terre.
Perfonne, me femble-t-il, ne niera que la forme et la vie, ainfi que la croiflance et la
Que les animaux génération, qui fe trouvent dans les plantes et les animaux, ne foient quelque choie
défaut ^ PaS ^e Pms Sranc^ et ^e Pms admirable que les corps inanimés, quelque volumineux que
foient ces derniers tels que montagnes, rochers, ou mers. Il elt de plus évident que
dans l'une et l'autre de ces clafles d'êtres vivants l'on voit tout autrement et bien
plus clairement l'éminence de la providence et de l'intelligence Divines. En effet,
tandis qu'un feclateur de Démocrite 2ï), ou bien aufli de Defcartes 23), peut fe faire
fort d'expliquer tant les phénomènes Terreftres que les phénomènes céleftes de ma-
nière à n'avoir befoin que d'atomes et de leurs mouvements, il ne réuflira pas à pro-
duire une explication pareille pour les plantes et les animaux, étant incapable d'alléguer
quelque chofe de vraifemblable fur leur origine première; attendu qu'il eft abfolument
manifefte que jamais de pareils objets n'ont pu être le réfultat du mouvement déréglé
et fortuit de corpufcules, puifque l'on conltate que tout y elt parfaitement accom-
modé à de certaines fins; ceci avec un fort grand difeernement et une exquife con-
naiU'ance des lois de la nature ainfi que de la Géométrie elle-même, comme nous le
montrerons h plulieurs reprifes dans les pages qui fui vent; pour ne rien dire des
miracles -4) de la procréation. Or, fi dans les Planètes il n'exiite que de valtes folitudes
et des corps inertes et fans vie, li les objets y font défaut dans lefquels brille le plus
manifeltement la fagefie de l'Architecte fouverain, elles feront fans aucun doute de
beaucoup inférieures à notre Terre en dignité et en beauté; ce qui, comme je l'ai déjà
dit, elt contraire a la raifon.
Ni les plantes. \\ n'en Q\\ ,jonc pas ajnfi: \\ y aura là aulli certains corps mobiles et capables de se
mouvoir eux-mêmes, lefquels ne feront pas moins nobles que les corps Terreftres
correfpondants: ce feront des animaux. Ceci étant pofé, il fera prefque néceflaire de
faire une même conceffion fur les plantes; car il devra y avoir quelque chofe pour
nourrir les animaux. Et l'on ne peut douter que tout ceci ne puiflê exifter que fur la
fur face des globes Planétaires, puifque les uns et les autres doivent jouir de la chaleur
du Soleil et être choyés par lui; leurs furfaces étant expoféesà les rayons tout comme
c'clt le cas pour notre Terre.
::) Voyez la note 49 de la p. 364 qui précède.
*3) Voyez l'Appendice IV qui suit.
24) Nous avons déjà attiré l'attention sur ce mot „miraciila" — c. à. d. merveilles — dans la note
36 de la p. 436 qui précède. À la p. 555, 1. 14, Huygens parlait dea „gencrationis mysteria".
COSMOTHF.OROS. "OI
Nunc vero ulccrius quserere pergamus, quibus gradibus ad penitiora qusedam, de
ftatu ornatuque Terrarum ilhrimi.cognolccndaperveniripollît. Acprimùmquamveri-
limile Gt herbas, &. animalia in carum luperiieie exiftere, aeque ac in Tellure noftra.
Nemo negabit puto, & formam & vitam, & crefeendi generandique rationem, in Nec dcefle iilîs a
(Hrpibus animantibufque majus quid elle, magifque mirandum quhm corpora vira n
carentia, quantumvis mole confpicna fint; velut montes, rupes, maria. Patet etiam in
utroque illo viventium génère, multo aliter longeque expreflius, cerni Divinae provi-
dentiae intelligentiieque praMlantiam. Cum enim qua; in Terra, imoqune in Caeloquo-
que alpicimus, | aliquis Democriti"), aut etiam Cartefii*3) fecïator, ira feexplanâ- (M$0-
turum profiteri poffît, ut tantum atomis & motu horum indigeat; in herbis tamen &
animalibus frultra erit, nec de primo eorum exortu quidquam verifimileadfèret;cum
nimis manifeito appareat, nunquam vago, acfortuitocorpufculorummotu, taliaqiue-
dam prodire potuhTe: quippe in quibus omnia ad certum finem egregie apta accom-
modataque cemantur; cum iumma prudentia, & legum nature, ipfiufque Géométrie,
cognitione exquifita; quemadmodum in (equentibus fepius oftendetur: ut jam omit-
tamus illa in progignendo miracula'4). Quod li igitur in Planetis nihil aliud quàm va-
Ihe folitudines, corporaque inertia, & vita carentia reperiantur; atque abfînt ea in qui-
bus clarillime certiflimeque Architecli (upremi fàpientiaelucefcit;hauddubièmultum
dignitate & pulchritudine concèdent Telluri noftra?: quod, utjamdixi,rationiadver-
fatur.
Non igitur fie; fed erunt & ibi corpora quaxkm motu praxlita, fefequeipfa moven-
tia, neque bis qua* in Terra funt ignobiliora; adeoque erunt animantia. His autem
pofi|tis, jam de herbis quoque fere neceflario concedendum cil; ut lit aliquid quo illa (p- 20).
alantur. Omnia vero haec non aliter quam in fuperficic Planctariorum globorum exi- Ut nec plantas.
ftere, dubitari non poteft; cum calore Solis gaudere ac foveri debeant; cujus radiis,
non fecus quam Tellus noftra, expofiti lint.
J02 LE COSMOTHEOROS.
Mais quelqu'un dira que nous allons ici plus vite qu'il n'eft permis: fans nier qu'à
la furface des Planètes fe trouvent des objets qui y croiffent et fe meuvent, dignes,
non moins que les objets terreftres correfpondants, de Dieu leur créateur, il eft pos-
lible de fout en ir que leur nature peut néanmoins être fort diverfe, de forte qu'ils ne
reffemblent aucunement à ceux de chez nous; ni dans leur matière, ni dans leur façon
de croître, ni dans leur forme extérieure, ni dans leurs parties internes; en un mot
qu'ils font peut-être tels que rien de femblable ne peut venir à l'efprit de l'homme.
Recherchons donc quelle eft. la probabilité de cette conjecture; et s'il ne faut pas
plutôt fe figurer que la diverfité n'eft pas fi grande. Ce qui favorife l'opinion de ceux
qui eftiment que là-bas tout eft autrement, c'eft que la Nature femble fort fouvent,
et même dans la plupart des chofes, rechercher la variété, et que la puiffance du Créa-
teur devient par là plus manifefte. Ils devront toutefois reconnaître que le degré de
la variété ou diffemblance ne peut pas être arbitrairement fixé par l'homme; que
Qu'il ne faut pas quoiqu'elle puifïe être immenfe et que ces chofes-là puiffent entièrement dépaffer
imaginer ans ces tre entendement et compréhenfion, il ne s'enfuit pas qu'elles foient vraiment telles.
créatures une trop ta tm »
grande diffem- Car même dans le cas où Dieu aurait fur les autres Planètes créé toutes chofes fem-
biance. blables à celles de chez nous, elles ne feraient pas moins admirables pour les fpeétateurs
(fuppofé qu'il y en ait) que lorfque la diverfité ferait fort grande; attendu que ces
fpectateurs ne peuvent aucunement apercevoir ce qui a été créé fur les autres. Dieu
aurait pu en Amérique et dans d'autres pays fort éloignés avoir créé des êtres vivants
ne refiemblant en rien à ceux d'ici; il ne l'a pourtant pas fait. Il lui a plu, il eft vrai,
d'établir une certaine diverfité de formes entre nos animaux et plantes et les organis-
mes d'outre-mer, mais là aufîî les animaux ont des pattes et des ailes et à l'intérieur
un coeur, des poumons, des inteftins, des vulves, quoique toutes ces chofes euflent
pu avoir été ordonnées diverfement pour chaque efpèce de là-bas et aufîî d'ici, par
l'auteur infiniment capable. Il n'a donc pas apporté dans les chofes créées toute la va-
riété qu'il était en fon pouvoir d'y mettre. Il s'enfuit qu'il ne faut qas attacher à l'ar-
gument que la Nature afpire à la nouveauté une fi grande valeur que nous ferions
forcés par là d'admettre que l'équipement des autres Planètes doit être abfolument
différent de celui que nous connaiffons ici fur notre Terre. Il eft au contraire croyable
que la principale différence entre les êtres engendrés à la furface de ces globes diftants
et les nôtres n'eft que celle qui provient de leur diftance du Soleil, fuperieure ou in-
férieure à la nôtre, le Soleil étant pour chacun d'eux la fource de la chaleur et de la
vie. Mais par l'effet de cette différence des diftances, il y aura chez ces êtres une di-
verfité de matière plutôt que de forme 25).
Confidérons donc généralement la matière dont font formés les plantes et animaux
=5) Assertion gratuite, noussemhle-t-il.
COSMOTHEOROS. 703
Sed dicec aliquis, celerius quàm par cil, hic nos progrcdi. Nam, ut non negetur res
aliquas in Planetarum fuperficie reperiri, qua? ibi crefcant & moveantur, Deoque
aurîore, non minus quam noilra haec, digna; tînt; longe diverfam tamen carinn poiïe
elle naturam, ut nec materia, nec crefeendi more, nec extrinfeca tonna, aut internis
partibus, quidquam iis, quje apud nos funt, fîmile habeant: ac talia fint denique, ut
nihil ejulmodi in mentem homini venirc poflit. I loc igitur jam qua^ramus quam fit
veriiimile; & an non potius credendum iit, non tantam elle divcrlitatcm quanta exi-
lîimctur. Favet eorum (entends, qui omnia alia illic imaginantur, quod Natura vide-
atur varietatem plerumque, & plurimis in rébus, fertari;quodqueConditorispotentia
hoc ipfo magis declaretur. Sed cogitare debent, non elfe homi|num arbitrio deiinien- (/>-20-
dum quàm magna ifta iit varietas ac diflimilitudo. Neque, quia polîit eiïe immenla, Nonnimiaminhis-
refque illse ab intellectu, & comprehenfionc noftra penitus remotee, ideirco necelîc ^"uj"^1"
elfe, ut reipia taies exiltant. Quamvis enim limilia omnia iis quse apud nos funt, finx-
ilîet Deus in cateris Planetis; nihilo minor effet fpeclatoribus eorum, fi qui funt, ad-
miratio, quam (\ plurimum dillarent: cum, quidin aliis effeéhim fit, nullo modo poffint
cognofeere. PotuilTet in terris America, aliifque longé remotis,aliqua creaiïe viventia,
qua? his noitris nihil fimile haberent; neque id fecit tamen. Nam formarum quidem
diverfitatem aliquam efie voluit, quibus animalia herbaeque noftra à tranfmarinis illis,
difliderent, fed&in hisipfisfonnis,inque crefeendi &generandimodis,multa utrifque
convenue fecit. Habent enim & illic animalia pedes, alas; atque intus cor, pulmones,
intefiina, vulvas; cum hac omnia in unoquoque génère illorum, ac noftratium quoque,
plané diverfa ratione ordinari potuerint, ab infinita folertia opifice. Non igitur omnem
varietatem quam poterat in rébus creatis, earum auélor exhibuit, nec | proinde argu- (A22)-
mento illi, quod a Natura; novandi ftudio petitur, tantum tribuendum efl:, ut omnem,
qui in cseteris Planetis efl, ornatum ab eo, qui in Terra noftra confpicitur, prorfus
alienum putemus. At contra credibile eft, inter ea qua.Mn fuperficie iftorumgloborum
generantur, quaque apud nos funt, pracipuam e(Te differentiam, qua ex majori, mi-
norive, eorum a Sole, caloris vita?que fonte, diftantia oriatur. Propter quam tamen
magis materiam, quam formam rerum, variari neceffe fit15).
Ad materiam vero quod attinet qualiumeunque ftirpium, atque animantium, qua
~04 LE COSMOTHEOROS.
qui ornent les Planètes. Quoique nous ne puiiïlons atteindre la nature par la peu fée,
il ne nous eft guère poflible de mettre en doute que tous ces êtres, de même que les
nôtres, croiflent et le nourriflent de l'élément humide. En effet, prefque tous les
Philofophes font d'avis que rien ne peut être produit autrement, et quelques-uns des
plus éminents d'entre eux ont dit que l'origine de toutes chofes c'cfl l'eau. Car les
choies sèches et arides font fans mouvement; et il eft évident que fans mouvement
rien ne peut accéder aux corps qui puifle contribuer à leur croiflance. Mais les parti-
cules des liquides fe meuvent continuellement les unes par rapport aux autres et de
plus s'inlinuent partout avec facilité, de forte qu'elles font capables non feulement de
fe joindre elles-mêmes aux organifmcs croidants mais auili de leur amener d'autres
particules d'une nature diverfe qu'elles charrient. C'eft ainfi que par l'allluence de
l'eau nous voyons d'une part croître les plantes et fe parer de feuilles et de fruits, de
l'autre des pierres provenir du fable par concrétion. Il eft certain que les métaux et
les criflaux, ainfi que les pierres précieufes, croiffent de cette manière, quoique chez
eux ceci ne puifle être conllaté nettement à caufe de la grande lenteur de leurs pro-
grès et parce que fou vent, à ce qu'il paraît, ils ne font pas trouvés dans les lieux et
cavités où il font nés, en ayant été éloignés, femble-t-il, par de fort anciennes révo-
lutions et convulfions de la Terre. Mais ce font aufli de vrailemblables conjectures,
Que les eaux ne baféesfur des obiérvations télefcopiques, qui nous font admettre que l'élément aqueux
p.an^ientpas aux ne fait pas défaut aux Planètes. En effet, il apparaît fur la furface de Jupiter certaines
bandes plus obfcures que le relie du difque, et celles-ci ne con fervent pas toujours
la même forme, ce qui elt propre aux nuages. D'autre part des taches fixes que l'on
aperçoit fur fon globe, font fou vent longtemps recouvertes, étant apparemment ca-
chées par des nuages dont enfuite elles émergent de nouveau. Il a de plus été parfois
remarqué que des nues fe forment au milieu du difque de Jupiter, qu'il s'y trouve
certaines petites taches plus lucides que le relie et ne fubfîflant pas longtemps, les-
quelles Caffini ?6) penfait provenir de neiges entaffées fur des cimes de montagnes.
Il ne me paraît pas improbable, à moi, que ce foient des régions d'une terre plus
blanche, généralement cachée par les nuages mais parfois libre d'eux.
Dans Mars aufli on voit des différences de clarté et d'obfcurité qui ont permis de
conclure à fa converlion, par rapport au Soleil, en 24 heures et 40 minutes 2").Mais
:rt) Cassini avait observé Jupiter (et d'autres planètes) avec des lunettes de Campani, longtemps
avant de venir en France. Voyez la note 4 de la p. ^6 qui précède où nous renvoyons aussi
au T. XV.
:7) Suivant une observation de Cassini de 1666, dont Huygens avait jadis douté; consultez la note
1 2 de la p. 141 du T XV, et aussi, au sujet des lunettes de Campani, le deuxième alinéa de la
p. 1 94 qui précède, ainsi que la p. 2 1 1 .
COSMOTHEOROS. 705
Planeras exornant, etfi qualis fit cogitatione aflequi ncquoamus, illud tamcn vix dubi-
cari poteft, quin ex elemento humido, uci noilra omnia, crefeant & alantur. Nihil enim
aliter gigni polie omnes tere Philolbphi arbitrantur; ik fuere inter praxipuos, qui ex
aqua omnium rerum originem elle dicerent. Etenim, lieea & arida quae funt, motu
earent: abfque motu vero nihil corporibus,quoaugcantur,aecedere polie manifelhim
eft. At liquidorum particulae, & inter fe eontinue moventur,& facile fefeubiqueinli|-
nuant; quo lit, ut non tantuni feipfas, fed& alias diverfse natura;, quas fecum vehunt, (/>-23>
crelcentibus apponere apta; fine Ita enim,aquœailluxu, &herbasadolelccre,foliifque
& fructibus augeri, & lapides ex arena concrefccre cernimus. Itemque metalla & cry-
itallos, gemmatque incrernenta inde capere fatis confiât, etfi in bis oblcurius id ani-
madvertitur, propter lentifiimos progreflus; quodque fa;pe non in iis, quibus enativ
fint, locis cavitatibufque reperiantur; pervetuftis, ut videtur, Terra.» ruinis convulfi- Aquas a Planetis
onibufque difjectœ. Sed aqua; elementum a Planetis non abefle, verifimiles quoque
conjectura; fuppetunt, ex telefcopiorum obiervationibus. Apparent enim in Jove traç-
ais quidam reliquo difeo obfcuriores, iique non eadem femper forma permanentes,
quod nubium proprium eft. Macula; vero, qua; immutabiliter globo ejus inha;rere
conlpiciuntur, feepe longo tempore obtedta; manent, nubibus videlicet illis intercepta;,
è quibus deinde rurfus emergant. Atque etiam nubes in medio Jovis difeo exoriri
quandoque annotatum fuit, & maculas quafdam minores exiltere, reliquo corpore
magis lucidas, neque | eas diu fuperefie; quas Calfinus^) ex nivibus elfe conjeftabat, (/'• 24).
cacumina montium infidentibus. Mihi non improbabilc videtur, terras regiones candi-
diores efie, luperfufis nubibus plerumque occultatas, ac nonnunquam ab iis libéras.
Apparent, etiam in Marte, lucis & obfcuritatis diferimina, ex quibus converfio
ejus ad Solem, viginti quatuor horis cum 40 fcrupulis primis, abfolvi reperta eft*7);
»9
70Ô LE COSMOTHEOROS.
on n'y a pas encore remarqué de nuages pour la raifon que cette planète paraît beau-
coup plus petite que Jupiter, même lorfqu'elle le rapproche de la Terre autant que
poffible; de plus la lumière de Mars eft plus intenfive, puifque celle-ci provient à plus
courte diftancc de celle du Soleil; elle forme par conféquent un obftacle pour les
obl'ervateurs. Et cette même clarté nous gène encore davantage dans la contempla-
tion de Vénus. Mais fi la Terre et Jupiter ont des nuages et des eaux, il peut à peine
être mis en doute qu'il s'en trouve aufïi à la furface des autres Planètes. Je ne vou-
Que celles-ci ne drais pourtant pas foutenir que ces eaux font abfolument femblables à la nôtre, quoi-
font cepen ant ^ j^ n£ce{fajre qu'elles foient liquides pour les fonctions qu'elles doivent exercer,
pas ablonmient n , l A _^ r n '
iemblabies à la et tranfparcntes pour être belles. Ln effet, 1 eau que nous avons ici ferait conftam-
nôtre. ment gelée en Jupiter et en Saturne, a caufe de leur grande diftance du Soleil. Il faut
donc le figurer que la nature des eaux Planétaires efr. adaptée aux régions où elles fe
trouvent de forte qu'en Jupiter et Saturne elles fe transforment plus difficilement en
glace, tandis qu'en Vénus et Mercure elles fe vaporifent moins aifément. Mais dans
chaque planète il faut que le fluide attiré par le Soleil fe condenfe de nouveau et re-
tourne en fon lieu pour que le Sol ne fe deffèche pas entièrement. Or, le fluide ne
tombera pas à moins que d'être condenfe en des gouttes; ce qui lui arrivera comme
chez nous après fon afeenfion en un lieu plus froid que celui dont il était parti, ce
dernier étant plus chaud a caufe de fa fituation plus baffe, plus rapprochée du fol.
Nous avons donc dans ces globes des champs expofés aux rayons du Soleil et arro-
fés par des pluies ou par de la rofée; s'il y croît quelque chofe, comme nous avons dit
que cela doit être le cas tant pour l'utilité que pour la parure, il eft probable que ceci
a lieu de la même manière que chez nous, puifque le développement ne pourrait avoir
lieu d'une façon beaucoup différente et en même temps meilleure; nous voulons dire
qu'il s'accomplit par l'exiftence de racines attachées au fol et l'abforption de l'humi-
Que les plantes n'y dite par leurs fibres. Et il me femble que ces terres ne feront pas fuffifamment parées
Ivetoppent pas "" c^es ne poffèdent certaines plantes de haute ftature conftituant par conféquent des
d'une autre façon arbres ou quafi-arbres; puifque les arbres font le plus grand et, aux eaux près, le fcul
que chez nous. ornement que la Nature puiffe leur donner. Tout-le-monde fe repréfente aifément
l'aménité et la grâce qu'ils peuvent porter avec eux. Pour ne rien dire de l'ufage fort
général qui peut être fait de la matière dont les arbres font compofés. J'cftime en outre
que les plantes ne peuvent guère fe propager et fe perpétuer que par la production
de femences; pour la raifon que ceci femble être le moyen prefque unique de propa-
gation 28), et que c'eft d'autre part un mode fi admirable qu'il peut ne pas avoir été
inventé pour notre Terre feulement. Rien, finalement, ne s'oppofe a l'idée que la
Nature, de même qu'il en eft pour les diverfes régions de cette terre-ci, faffe ufage
:s) Ici Huygens s'exprime trop fortement: voyez ce qu'il dit plus loin (p. 713) sur la propagation
des plantes.
COSMOTHEOROS. "O^
on
nubes tamcn nondum fuerunt animadverfe, idcirco quod multbminorcerniturquam
Jupiter; etiam cum maxime adTelluremappropinquat. Praterquamquod&intenfior
Marris lux, utpote a propiore Sole accepta, intuentibus impedimento eft. Eademque
lux magis etiam obltat in Venere. Scd fi Tellus ac Jupiter nubes aquafquehabcnt,vix
dubitandum eft quin & in cseteris inveniantur Planctis. Nec tamen noftra prorfus Noftr* tamen n
limiles efle aquas iftas dixerim; etfi liquida' ut fint, ad ufus quos praftare debent, re- p
quiritur; ut ver6 perfpicuae, ad pulcbritudinem. Noftra enim hase, in Jove & Saturno,
continuo gelu aftringeretur, propter magnam Solis diftantiam. Itaque putandum eft
naturam | earum, quae in Planctis font, ad fuam quamque regionem attemperatam eiïe; (/>• 25)-
ut in Jove quidem ac Saturno difficilius in glaciem vertantur, in Vcnere verb, ac
Mercurio, minus facile in vapores abeant. In omnibus autem attractum a Sole humo-
rem, fubfidere rurfus, & unde venit reverti, necefle eft, ne penitus aridum Solum
relinquatur. Non cadet autem nifi in guttas deniatus; quod eveniet, ficuti apud nos,
cum in frigidiorem locum afeenderit ex inferiore calidioreque ob terra viciniam.
Habemus igitur in globis illis campos Solis radiis cxpofitos,pluviifqueaut rore irri-
gatos, in quibus fi quid enafeatur; ut fieri debere utilitatis & ornatus gratia diximus;
id eodem quo apud nos modo fieri verifimile eft: cum nec aliter fere, nec melius poffit.
Ut nempe radicibus fuis folo adhœreat, fimulque barum fibris humorem inde combibat.
Neque vero fatis ornara mihi efle terra iftae videbuntur, nifi ftirpes quafdam habeant Necaliaratione ii-
alte excrelcentes, quaque adeo arbores, aut arborum inftar, fiant: quandoquidem hse gan^Les quam
maximum, ac, prater aquas, unicum funt ornamentum, quod Natura terris largiri apud nos.
pofilt. Quœ i quantum amrenitatis & gratia; afferant facile unufquifque fecum exiftimat. (A -6)-
Ut omittam jam materiœ ex arboribus oportuniflîmum ad omnia ufum. Porro vix aliter
quoquepropagariftirpes,autperennarepofteexiftimo,quamproducendisfeminibus-8).
Cum unica fere ha;c ratio videatur, eademque tam mirabilis, ut non folius Telluris
noftra gratia inventa fit. Denique nihil vetat, ut, quemadmodum in diverfis hujus
yoS LE COSMOTHEOROS.
pour les plantes dans toutes ces contrées fort éloignées de méthodes bien femblables.
Quelamémechofe Le même raifonncment s'applique aux animaux; il n'y a pas de raifon pour laquelle
app ique aux j mode de fe nourrir et de Ce multiplier fur les Planètes ne reffemblerait pas à celle
animaux. ? r , r
d'ici; puifque tous les animaux de cette terre, qu ils foient du genre des quadrupèdes,
des oifeaux, des nageurs, des reptiles ou même des infectes, fuivent une même loi de
la nature. En effet, ils mangent tous foit des plantes et des fruits foit d'autres animaux
qui en ont été nourris; et la génération de chacun d'eux a lieu par la conjonction du
maie et de la femelle et la fécondation des oeufs; c'eft ce qu'on remarque partout î9).
Il eft en tout cas certain qu'il eft impofîîble que foit les plantes foit les animaux de là-
bas perfiftent fans aucune propagation de leur efpèce, puifqu'ils devraient périr et
difparaître, ne fût-ce que par des accidents, que d'autre part les plantes, petites ou
grandes, confident en une matière humide et doivent donc pouvoir fedelfécher; tan-
dis que les animaux doivent être compofés de membres mous et flexibles, non pas
durs comme de la pierre; que fi l'on imagine pour les animaux d'autres genèfes, par
exemple la provenance d'arbres, comme il a été longtemps cru que de certaines efpè-
ces britanniques de ces derniers naiflent des canards, il eft bien évident que ceci eft
nettement contraire h la raifon à caufe de la très grande différence qui exifte entre le
bois et la chair. Ou bien fi quelqu'un opine que des animaux proviennent de limon,
comme beaucoup d'auteurs l'ont rapporté pour les fouris d'Egypte, quel homme in-
telligent ne voit pas que ceci eft contraire à leur nature? et qui ne ferait pas d'avis
qu'il convient bien plus à la grandeur et fagefle de Dieu d'avoir créé en une fois des
animaux de toutes efpèces et de les avoir placés fur le globe terreftre par un certain
procédé (que nul homme n'a encore pu deviner) que de devoir fe donner continuel-
lement la peine d'en faire fortir de nouveaux de la terre? D'ailleurs dans cette der-
nière hypothèfe le charitable foin de parents ferait défaut à ces êtres nouveau-nés;
or, nous favons que pour nourrir et élever les petits, Pinftinét du foin a été donné,
non fans néceffité, à chaque efpèce de nos animaux. Mais quoique ce qui fe rapporte
à la multiplication puifle néanmoins être différent, il refaite en tout cas affez claire-
ment des raifons alléguées ci-dcflus que fur les terres Planétaires fe trouvent généra-
lement tant des plantes que des animaux, bien entendu afin que les autres Planètes
ne foient pas inférieures à la nôtre. Ceci étant accordé, il faut également confidérer
comme néceflaire, afin que ces autres Terres ne foient pas moins bien parées que la
nôtre, que la variétédesplantcsetdesanimauxn'y foit pas moindre que chez nous. Mais
quelle peut être cette variété ? Confidérant pourtoutgcnredenosanimauxlcursmodes
de fe mouvoir, je vois que tout fe réduit foit à marcher avec deux ou quatre pattes.
:y) Huygens ne savait apparemment pas encore que dans la nature il existe aussi une parthéno-
genèse.
COSMOTHEOROS. 709
terra regionibus, ira in iftis quoque longe remotis, idem in iis que ad lhïpes attinent,
Natura fecuta lit.
Neque vero difpar ratio eft in animaiihus;curnon&palcendi,&gencrandi,modus lllcm & ac anim-
Gmilis putetur in Planecis ei qui eft apud nos. Quia nempe univerfa cerne hujusanim- a m %cn"" e
alia, live quadrupedum generis, aut volucrum, aut natantia, aut reptilia, ipfaque in-
fecta, idem nature praferiptum fequuntur. Vefcuntur enim vel herbis, fruétibufque,
vel ipfis animantihus, qua inde nutrita fuere : omniumque generatio per conjunétionem
maris & fœminae, perque facunditatem ovorum (nam&hac ubique animadvertitur)
peragitur*9). Nam hoc quidem certum elt, (ieri non poffe ut, vel herba, velanim-
antia | qua illicfunt, iîne propagatione generis lui efTe perieverent; quia vel fortuitis (/>• 27).
caiibus interire ea ac deticere contingeret; cum herba ftirpefque humida materia con-
sent, coque etiam exarefeere debeant; animalia mollibus flexilibufque membris, nec,
ut iilices, duris. Quod 11 in his alias nafeendi vias comminifeamur, velut exarboribus;
quemadmodum diu creditum elt, ex harum génère quodam in Britannia anates nafci,
apparet quàm id à ratione abhorreat, propter fummam, qua lignum inter carnefque
ert, differentiam. Vel fi animalia ex limo terra exiftere putemus, velut de muribus in
iïgypto multi prodiderunt, quis, natura paulo intelligentior, non videt hoc alienum
efie infritutis ejus? aut quis non exiibmet multô magis convenire Dei magnitudini ac
fapientia, ut femel omnis generis animantia crea\'erit, inque Terrarum orbem certo
modo, (quem nerao hominum adhuc divinare potuit) impofuerit, quam ut perpetuo
novis ex terra producendis vacare necefle habeat? Quibus alendis, educandifque, ab-
eflet quoque prorfus parentum cura ac charitas, quam neceflaria quadam ratione,
omni animalium noflrorum generi, | infitam, ingenitamque novimus. Scd hac qua ad (p- 2*0.
propagationem attinent, etfi fortafle aliter fefe habeant, hoc tamen rationibus fuperius
adduétis fatis probatum eft, & fhrpes & animalia in Planetarum terris inveniri, ne
fcilicet fint hac noftra viliorcs. Quod cum ita fit, tum quoque, ne minus, quam noitra
Tellus, iila alia ornata fint, necefle eit, ut non minor fit, in utroque génère illo, quàm
apud nos varietas. Quanam vero hac efle poteft"? Equidem cum, in omni animantium
nolbrorum génère, cogito quibus modis moveantur; omnia video eo reduci, ut vel pc-
7l°
LE COSMOTHEOROS.
avec fix ou même des centaines de pattes dans le cas des infectes, foit à voler dans
l'air, par la force et la ftruclure, l'une et l'autre fi admirables, des ailes; foit à ramper
fans pattes; foit à s'ouvrir une voie dans l'eau par des flexions véhémentes du corps
ou encore par des membranes attachées aux pattes. Outre ces modes connus de fe
mouvoir il ne femble guère y en avoir d'autres imaginables.
Les animaux Planétaires feront donc ufage de quelqu'un de ces modes ou bien
auffi, du moins certains d'entre eux, de pluficurs de ces modes; de même que chez
nous les oifeaux amphibies marchent avec leurs pattes et de plus nagent dans l'eau et
volent dans l'air, et que les crocodiles et hippopotames occupent une place intermé-
diaire entre les genres terreftre et aquatique. Aucune autre manière de vivre, outre
celles-ci, ne femble pouvoir être imaginée. Car quel autre milieu pourrait-ce être où
vivraient des animaux que la terre folide ou bien un Elément liquide tel que notre
eau, ou beaucoup plus liquide encore tel que l'air, ou du moins des milieux afTez fem-
biables? L'air pourrait fans doute y être beaucoup plus denfe et plus pefant que chez
nous et par là plus accommodé au vol, fans être moins tranfparent. Il pourrait auffi y
avoir des couches fuperpofées de différents liquides. Comme fi, au defîus de la mer,
on fe figurerait une autre matière dix fois plus légère que l'eau et cent fois plus lourde
que l'air, terminée en haut par fa furface à elle, de telle manière toutefois que des
parties folides de terre en émergeaffent. 11 n'y a pas de raifon pour laquelle nous de-
vrions croire qu'une plus grande quantité de milieux de ce genre ferait préfente fur
les autres Planètes que fur la nôtre; s'ils s'y trouvaient en abondance les animaux ne
pourraient néanmoins s'y mouvoir que fuivant les modes dont il était queftion plus
haut. Mais quant aux formes planétaires des animaux, fi l'on a égard à leur grande et
merveillcufe diverfité dans les différentes régions de la terre, et au fait qu'en Améri-
que on trouve ce qui eft vainement cherché ailleurs, il y a beaucoup de raifons pour
nous confidérer comme incapables d'en deviner aucune. Toutefois en longeant à tous
les modes de locomotion ici rapportés, on peut dire qu'il ne ferait pas étonnant fi
quelque animal de là ne différât de quelque animal d'ici qu'autant que nos animaux
diffèrent entr'eux. Je parle de ceux qui fe reffemblent le moins.
Nous entendrons en effet le mieux la diverfité des efpèces Planétaires en ayant
égard à l'admirable variété de formes des nôtres. Il eft extrêmement vraifemblable
qu'elles ne fe montreraient pas moins nombreufes à nos yeux fi quelqu'un de nous
était mis en état de contempler de près le globe de Jupiter ou de Vénus.
Parcourons (car il ferait trop long de nous étendre fur chacune d'elles) les princi-
pales différences entre nos animaux, fe faifant jour foit dans leur forme foit dans quel-
que propriété fingulière; et cela pour les animaux terreftres, aquatiques et volatiles.
Confidérons combien grande eft la diffemblancc entre le cheval, l'éléphant, le lion, le
Qu'il exiflc une ccrf^ \c chameau, le porc, le finge, le porc-épic, la tortue, le caméléon; pour les am-
enez nos animaux. maux aquatiques entre la baleine et le phoque, la raie, le brochet, l'anguille, la feiche,
le polype, le crocodile, le poiffon volant, le gymnote, l'écreviffe, l'huître, le pour-
prier; pour les oifeaux entre l'aigle, l'autruche, le paon, le cygne, l'hibou, la chauve-
COSMOTHEOROS.
7II
dibus ingrediantur binis, quatemil'vc; infecta fenis, vel etiam ccntcnis; vcl ut in acre
volent, alarum mirabili vi & moderaminc; vel line pedibus reptent; vel flexu corporum
vehementi, aut etiam peduin pereuflu, in aquafibiviamaperiant. Prœterhosinceden-
di modos, vix videtur alius dari, aut omnino mente concipi pofle. Ergo quas in Pla-
netis extant animantia, uno aliquo ex his utentur; aut quaxlam pluribus etiam, quem-
admodum apud nos aves amphibie; qua? & pedibus incedunt, & natant in aquis, 6k
in acre volitant : & crocodili & hippopotami, inter | terreflxia, & aquatica, medii gene- (/>• 29).
ris. Nulla autem prêter hafee vita cogitari pofle videtur. Quid enim efle poilit, in quo
animantia exiitant, prêter tellurem lblidam, aut Elementum liquidum, quale aquae
noflrce, aut multo liquidius, quale aer; aut illis fîmilia. Poflet enim efle acr multb,
quàm apud nos deniior, graviorque; coque ad volandum accommodatior, neque tamen
minus peripicuus. Pollen t etiam liquidorum plura gênera, alia aliis fuperinducta efle.
Velut lî, fuper mare, incumbere cogitetur alia quaepiam materia, qua dccuplo levior
fit aqua, ccntuplo gravior aëre; ac fua quidem fuperficie extrinfecus terminata, fed
ut extra eam, terras partes fondas éminçant. Sed non efl, cur plura hujufmodi in cas-
teris Planetis, quàm in noflxo, inveniri putemus, & fi inveniantur, non tamen aliis
modis ibi animalia moveri poterunt. Casterùm quod ad varias eorum formas attinct;
cum videamus in variis terras regionibus miram adeo ac multiplicem diverfitatem;
invenirique in America quas fruftra alibi quasras; magna ratio efl: ut nullam earum
fonnarum, quas in Planetis exilant, imaginando aflequi nos pofle credamus. | Quan- (A 3°)-
quam fi omnes iftos movendi modos cogitemus, quos hic recenfui, nihil mirum eflet
non magis differre aliquod iftorum animalium, à noftrate quopiam, quàm no (Ira dis-
crepant inter fe. Ea dico quibus minimum cil: (imilitudinis.
Quam varia porro (int gênera eorum in Planetis ita optimè colligemus, fi ad ea quas
apud nos funt, miramque in iis fonnarum diverfitatem, animuin advertamus. Plané
enim verifimile efl:, non minori numéro occurfuras, fi quis ad Jovis, aut Veneris glo-
bum cominus fpectandum admitteretur. Percurramus verô (nam de omnibus dicere
longum eflet) majores noftrorum animalium diflerentias, vel forma, vel proprictate Summam animali-
aliqua iîngulari notabiles; idque in terreflribus, aquatilibus, volucribus. Cogitemus t'a"em eir"°S
quas fit inter equum, elephantum, leonem, cervum, camelum, porcum, (imiam,hiflri-
cum, tefludinem, cbamasleontem, diflimilitudo; quanta in aquaticis, ectum inter &
phocam, raiam, lucium, anguillam, fepiam, polypum, crocodilum, pifeem volantem,
torpedinem, cancrum, oftrcam, muricem. In avium génère quan |tum di(crimen,aquil2e, (/»• 3 0-
flruthiocameli, pavonis, cygni, noétuse, vefpertilionis. Reptilia pro uno tantum génère
12 LE COSMOTHEOROS.
fouris. Prenons les reptiles pour une famille unique. Mais jetons les yeux chez les
infectes fur les fourmis, les araignées, les mouches, les papillons, et ayons égard à
cette merveille de la nature que des animaux volatiles fortent de vers. Or, nous favons
de plus combien grand eft pour chacun de ces groupes le nombre de ceux qui préfen-
tent de moindres différences.
Et une tout auffi Mais quelque grand qu'il foit, il faut croire qu'il n'y a pas moins de créatures dif-
grande chez ceux f£rcntcs dans chacune des autres Planètes. Quoique toute conieéture fur leurs formes
C1CS I lsnctc*»
foir vaine, nous avons cependant déjà obtenu quelques réfultats généraux fur leur
manière de vivre; quant à leurs fens, nous en parlerons tantôt,
nue la même rc- Nous pourrions fignaler, de même que nous l'avons fait pour les animaux, les
marque s'applique principales diverfités entre nos différentes plantes baffes et nos différents arbres. Par
exemple celles qui exiftent entre le fapin, le chêne, le palmier, le cep, la figue, l'arbre
qui produit les noix de Coco, l'arbre Indien des branches duquel proviennent en
maffe de nouvelles racines qui s'enterrent. De même, chez les plantes baffes, la gra-
minée, le pavot, le chou, la lierre, les melons, la figue Indienne où des feuilles épais-
fes fuccèdent h d'autres fans qu'il y ait un tronc, l'aloès. Et dans chacun des groupes
exifte l'abondance qu'on connaît des plantes qui préfentent quelque moindre diffé-
rence entre elles. Qu'on confidère auffi leurs divers modes de propagation, comme
par les femences, les noyaux, les boutures, les greffons, les bulbes: il faut admettre
pour tout ceci une variété ni moins grande ni moins admirable dans le cas des terres
Planétaires.
Qu'il exifte fur les Mais il me femble ne pas encore avoir touché ce qui dans cet examen eft le princi-
Planètes des êtres i et je jus inréreflant auffî longtemps que je n'ai pas placé dans ces terres des fpec-
qui nient de railon. r r , . . , j i_ /• " j' j • il ' i
tatcurs capables de jouir de tant de choies créées et d en admirer la beauté et la
variété. Or, j'obferve que perfonne, ou prefque perfonne, qui en elt venu à méditer
fur ces fujets, ne fût-ce que fuperficiellement, a révoqué en doute la néceflité de fe
figurer certains fpeclateurs Planétaires, non certes des hommes femblables à nous,
mais cependant des êtres vivants ufant de raifon. Il leur a femblé que la parure de ces
terres lointaines, quelle qu'elle foit, aurait été pour ainfi dire créée en vain, fans aucun
but ou propos, s'il n'y avait pas eu ce deffein qu'elle ferait contemplée par quelqu'un
qui pourrait faire état de fon élégance, en retirer les fruits, et admirer la fageffe du
fouverain architecte. Quant à moi, ce n'eft pas là le principal argument qui me per-
fuade de l'exiftence d'habitants raifonnablcs des Planètes. En effet, ne pourrions-nous
pas dire que Dieu lui-même eft le fpectateur de fes créations — d'une autre façon
fans doute que nous; mais qui doutera qu'il voit, celui qui a fabriqué les yeux? 3°) —
3°) Ceci est, peut-on dire, une citation du Psaume 94 (vs. 9) de l'Ancien Testament: „Celui qui
plante l'oreille n'entendra-t-il pas? Celui qui forme l'oeil ne verra-t-il pas?" Voyez sur la con-
struction de l'oeil la p. 721 qui suit.
COSMOTMF.OROS. 7 I 3
cenfeamus. At in infectis Formicas fpectcmus, araneos, nnifcas, papiliones; ôkmiram
horum naturam, quod ex vennîbus volatilia évadant. In omnibus vero his, fcirnus
quam magnus praterea lit numéros minus diflldcntium.
At quantufcunque lit, nihilo minorem elle in unoquoque relîquorom Planetarom Nec mmorem m
putandum eft. Quamvis vero de figura iftorum animalium froftra per conjecturas qiuv-
ratur, tamen de vica eorum generatim jam aliquid affecuti videmur; & de fenfibus
eric in fequentibus quod dicamus.
Sicuci vero animantium, ita ftirpium quoque 6k arborom noftrarum pracipus dif-
férencia.1 expendi pofiunt. N'élut qute in abiete, quereu, palma, vite, lieu; cumea quae Idcm '" |liniiblls
nuces, Cocos dictas, générât arbore; itemque alia apud Indos, è cujus ramis radiées
novas pullulant, inque terrain demittuntur. Item, in herbis, gramen, papaver, braflica,
hedera, pepones, ficus Indica foliis craffis, fine caulc, fuccreieentibus, aloë. In quibus
rurfus ea quam icimus, minus diffi|milium e(l copia. Ad hœc propagandi via: varia; (A 30*
infpiciantur; velut ex feminibus, nucleis, taleis, inlitione, bulbis. Quibus omnibus
nihilo pauciora, aut minus miranda, in Planetarom terris reperiri, exiftimandum fit.
Sed quod in hac difquilitione prsecipuum eft, plurimamque jucunditatem habet,
nondum attigifle mihi videor; quamdiu nullos in terris illis fpccbatores pofui, qui tôt In Plan"" el,e :>-
, • p. 1 i • r s j • -c • 3 ninuntia, aux ra-
rebus crcatis truantur, pulchntudinemque, oc vanetatem eanim, admirentur. ht video tiune ut.l^lt*11.
quidem, neminem fere eorum, quibus vel IeviterhaeCmëdnaricôntigit,dubitaflequin
fpeftatores aliqui in Planetis collocandi lint: non quidem homincs nobis fimilcs, fed
animantia tamen ratione utentia. Nempe ils vifum eft, qualcmcunque terrarum iflarum
ornatum, velut fruitra, nulloque fine aut confilio, fore procreatum, fi nonhoepropo-
fitum fuifiet, ut ab aliquo cemeretur, qui intelligere ejus elegantiam poffet, fruchim-
que fimul percipere, 6k fummi opificis admirari fapientiam. Ego vero non hoc pneci-
puum argumentum habeo, cur animal rationis particeps Planctas incolere exiitimem.|
Quid fi enim dicamus ipfum Deum fpeclare quee effecit; (alia quidem ratione quam (/>«33)-
nos, fed videre eum quis dubitet qui oculos fabricatus cft3°)V)iifquedclec'tari,neque
90
7 I 4 LE COSMO THEOROS.
qu'il en tire, lui de la jouhTance et qu'il ne faut rien de plus? N'a-t-il pas créé pour ce
but tant les hommes eux-mêmes que plus généralement l'univers et tout ce qu'il con-
tient? Ce qui me pouffe furtout à croire à l'exiftence d'êtres Planétaires raifonnables,
c'eil donc autre chofe: favoir que notre Terre aurait un trop grand avantage et une
trop grande nobleffe par rapport aux autres Planètes fi elle poffédait feule un animal
qui furpafle de fi loin tous les autres, pour ne rien dire de fa fupériorité par rapport
aux plantes; animal dans lequel il y a quelque chofe de divin 3I) par lequel il prend
connaiffanec d'innombrables chofes, les entend et les fixe dans fa mémoire, recherche
la vérité et s'en fait juge; tel auffi que tout ce que la terre produit femble avoir été
apprêté pour lui. En effet, il fait ufage de tout. Il conitruit des maifons avec le Bois,
la pierre et le métal; il mange les oifeaux, les poifibns, le bétail et les herbes; il prend
avantage de l'Eau et des vents pour naviguer; il jouit de l'odeur des fleurs et de leurs
belles couleurs. S'il n'exifie aucun animal de ce genre fur les Planètes, que pourrait
il y avoir d'aufli valuable par lequel ce défaut ferait compenfé? Suppofons en Jupiter
une beaucoup plus grande variété d'animaux, plus d'arbres, d'herbes, de métaux: rien
dans tout ceci ne conférera à ce monde une dignité pareille à celle que poffède le
nôtre par l'admirable nature de l'efprit humain. Si mon jugement me trompe en cette
rencontre, j'avoue être incapable d'eftimer la valeur des chofes.
Et que perfonne ne dife qu'il exilte dans ce même genre humain tant de maux et
de vices qu'on peut bien mettre en doute fi, en attribuant un animal de ce genre aux
mondes Planétaires, il en réfultera pour elles de la dignité et du décor, ou bien tout
Que les vices des ie contraire. D'abord, difons-nous, les vices de la plupart des hommes n'empêchent
liommcs ne font . , ,. v , , . r , , .,, , . A
pas obihde à ce Pas clue ceux clm s apphquent a la vertu et au droit ulage de la railon ne doivent être
qu'ils fervent de confidérés comme quelque chofe de fort beau et excellent. D'autre part il elt permis
décor ;. la tene. de croire que ces vices de l'âme aufïï n'ont pas été donnés à l'homme fans la volonté
de l'être fouverainement fage. En effet, comme par la volonté et la providence de
Dieu la Terre et fes habitants lont tels que nous les voyons; car il ferait abiurde de
penfer que toutes les chofes d'ici fe font développées autrement qu'il ne l'avait voulu
et prévu; il faut, dif-je, admettre qu'une fi grande diverfité d'àmcs n'a pas été donnée
aux mortels fuis raifon, mais que le mélange de ce qui elt méchant ou mauvais avec
ce qui eft bon, et les infortunes, guerres et calamités qui en réfultent, fe produifent
dans ce but que les efprits foient tenus en alerte, la néceffité nous forçant à être actifs
et à nous exercer à rechercher des moyens de défenfe contre nos ennemis ainfi qu'à
nous demander avec quelles machines et quels projectiles nous pourrons les attaquer.
La même néceffité nous oblige, en cherchant à combattre la pauvreté et la misère, à
inventer divers arts et à fermer la nature, par la connaiffance de laquelle nous nous
3I) Comparez la p. 663 de notre Avertissement, ainsi que la première ligne de la p. 366 qui précède.
COSMOTHF.OROS.
pneterea quidquam requin. Nonne enim ob hocjpfum & homines condidit, & quic-
quid conrinet mundus univerfus? Itaque quod praecipue me movet, ut rationabile
animal in Planeris non dcoiTe crodain, hoc cil, quod nimia Tenu' noflra: prae czteris
illis eiVet praeftantia ac nobîlitas, fi Cola animal haberet tam longe caeteris omnibus
animalibus, nedum (tirpibus praecellens; in quo ineft divinum quiddam3*), quo cog-
nofeit, intelligit, res innumeras memoria comple&itur, veri expendendi judicandique
capax elt; cujus denique gracia quicquid terra progenerat paratum elfe videtur. Omnia
enim in ufus l'uos vercit. Lignis, lapidibus, metallis, domos exitruit; Avibus, pifeibus,
pécore & herbis vefeitur; Aquae & ventorum commodis ad navigandum utitur; ex
florum odore pulchrifque coloribus voluptatem percipit. Si nullum in Planeris eft
ejufmodi animal, quid elle queat, quod tanti aMtimandum lie, quove is defciftus pen-
fetur? Pone in Jovc 'majorera muko ani|mancium varie tatem; plures arbores, lier- (A34)«
bas, metalla: nihil cru in omnibus his, ob quae tantum dignitatis accédât ilti mundo,
ac noilro propter humani ingenîi mirabilem naturam. Hic fi rac judicium fallit, fatcor
me pretia rerum œftimare nefeire.
Nec dicat aliquis, tantum malorum ac|vitiorumcidcmhumanogeneriinefle,utrae-
rito dubitari poflît, an, taie quodpiam animal Planctariis mundis tribuendo, dignitas iis
ornamentumque, an his contraria acceflura fine. Primum namque non impediunt vi- Non obftare homi
tia, majori hominura parti inlita, quin n qui virtutem, ac rectum rationis ulum lec- nusdecorem terra:
tantur, tanquam pulcherrimum quids'pra;ftanriflimumque cenfendi fint. Praterea cre- concilient.
dibile en, ipfa illa animi vitia, magna; hominura parti, non fine fummo confilio data
eiïe. Cura enim Dei voluntate' ac providentia talis fit Tellus, ejufque incola;, quales
cernimus; abfurdum enim foret exillimare cmnia hax: alia fafta efle, quam ille voluerit,
fciveritque futurs; putandum elt utique non fruftra multiplicem adeo animorum di-
verfitatem mortalibus e(Te infitam; fed malorum cum bonis miituram, qua?que inde
eveniunt | infortunia, bella, calamitates, eo fine accedere, ut necelïkate urgente ftimul- (/•• 35)-
ofque admovente, ingénia excitentur, exerceanturque, dum quarn'mus ea quibus ab
hoftibus nos tutemur, quibufve machinis telifque eos perfequamur: Utque pauper-
tatem ac miferiam depellere conantes, varias artes exquîramus,naturamque ferutemur,
ex cujus cognitione deinde aucloris potentiam prudentiamque admirari necefle fit;
7 I 6 LE COSMOTHEOROS.
voyons enfuitc forces d'admirer la puiffance et l'intelligence de fon auteur, auxquel-
les fans cela nous aurions peut-être, dans notre ignorance, été auffi indifférents que
les bêtes. Car il ne faut pas tirer en doute que fi les hommes étaient dans une paix
continuelle et dans une continuelle abondance, il ferait poffiblc qu'ils ne vécufient que
comme les brutes ou peu s'en faut, dénués de toute feience et ignorant la plupart des
commodités par lesquelles la vie le fait meilleure et plus agréable. L'admirable art
d'écrire nous ferait défaut fi la néceffité la plus ffringente, tant dans les commerces
que dans les guerres, ne nous eût pouffes h l'inventer. C'efr. à elle que nous devons
l'art de naviguer, celui de femer, ainfi que la plupart des autres inventions dont nous
jouifïbns; et de même la connaiffance de tous les fecrets de la nature trouvés par voie
expérimentale. Il faut en conclure que les chofes mêmes qui ont porté à critiquer la
nature imparfaite en apparence de la raifon peuvent être dites être de grand avantage
pour la talonner et la parfaire. Les vertus elles-mêmes, le courage et la confiance, ne
peuvent guère apparaître que dans les dangers et l'adverfité.
Suppofé que fur les autres Planètes il exifte un genre d'animaux railbnnables doués
à peu près des mêmes vertus et des mêmes vices que les hommes, celui-ci doit donc
être confidéré comme un élément de tant de valeur que fans lui elles feraient de beau-
coup inférieures a notre Terre.
Etquecbezlesha- Mais après avoir pofé l'exiftence d'habitants raifonnables des Planètes, on peut
ITla* raifon n'eft cncore ^c demander fi ce que nous appelons raifon chez eux cfr. la même chofequece
pas fort différente qu'ici nous défignons par ce terme. Il femblc bien qu'il faille répondre qu'oui, en
de la notre. ajoutant qu'il ne peut guère en être autrement, foit que nous confidérions l'ufage de
la raifon dans ce qui appartient aux moeurs et à l'équité, foit ce même ufage dans ce
qui regarde les principes et fondements des feienecs. C'efr. en effet chez nous la raifon
qui nous inculque les ientiments de la juitice, de l'honnêteté, de la louange et de la
gloire, de la clémence, de la gratitude, et qui généralement nous apprend à diftinguer
le mal d'avec le bien,* c'efl elle qui rend notre efprit capable de difeipline et d'inven-
tions multiples. Pourrait-il exifter ailleurs une raifon différente? Tiendrait-on pour
injufle ou criminel en Jupiter ou en Mars ce qui chez nous eft jugé juflc et louable?
Certes ceci n'efl ni vraifemblable ni même poffible. En effet, comme — nous le con-
flatonsici — le régiment de la raifon cil nécefïaire pour conferver la vie et la fociété
(or, nous ferons voir que cette dernière auffi exifte chez les planéticoles), il s'enfuit
qu'en flatuant ce qui cfr. contraire à (es décrets, il en résulterait la ruine et fubverfion
de ceux qui feraient doués d'une mentalité fi perverfe. Mais la confervation, nous le
voyons, a été partout le but que l'auteur des chofes s'eft propofé. Et bien que les
affeétions de l'âme puiffent chez les habitants de ces contrées éloignées être quelque
différentes de celles que nous éprouvons, par exemple dans ce qui a trait à l'amitié, à
la colère, à la haine, à l'honnêteté, à la pudeur, au fentiment du convenable, on ne
peut cependant tirer en doute que dans la recherche de la vérité, dans la logique et
furtout dans les jugements qui fe rapportent à la quantité et a la grandeur, ce dont
s'occupe la Géométrie (s'ils ont quelque chofe de tel, ce que nous examinerons un
COSMOTHEOROS. J\J
quas forlan alias pari Ituporo ac beftia? pnvteriiflemus. Nec enim dubitandum cil, ii
in continua pace, omniumque rerum allluentia homines a?tatem agerent, fleri polie
ut admodum diu, non aliter fore quam bruta animalia, victuri fint; omnis l'cicntia: ex-
pertes, pluriumque commodorum ignari, quibus melius jucundiufque vita tranfigitur.
Careremus mirifica illa feribendi arte, nifi fumma in commerciis belliique neceffitas
eam extudiffet. Unie artem navigandi, huic ferendi debemus, maximamque partem
ca?terorum quibus fruimur inventorum; itemque nature areana fere omnia, inter ex-
periendum reperta. Ita ea ipfa propter qua? ineufanda rationis facilitas videbatur, pos-
funt dici ad perliciendam exa|cuendamque eam plurimum prodefïe. Nam 6k virtutes (/'-.l6)»
ipia?, fortitudo aninii, & conftantia, vix aliter quam in periculis rebufque adverfis
apparere pofTunt.
Quod il igitur genus animalium rationabile in ca?tcrisPlanetis elle cogitemus, quod
virtutibus vitiifque fere iifdematque homines pra.\iitum fit, idtantiefTe exiftimandum
eft, ut, abfque iis, longé quam Tellus ha?c noftra viliores fiituri fint.
Poiitis vero ejufmodi Planetarum incolis ratione utentibus, qua?ri adhuc poteft, Ncc rationem in
anne idem illic, atque apud nos, fit hoc quod rationem vocamus. Quod quidem ita . *"- diverfam
efle omnino dicendum videtur, neque aliter fieri pofle; five ufum rationis in his con- elle,
fideremus qua? ad mores & aequitatem pertinent, five in iis qua,' fpeclant ad principia
& fundamenta feientiarum. Etenim ratio apud nos eil, qua? fenfum juftitia?, honefti,
laudis, clementia?, gratitudinis ingenerat, malaacbonain univerfumdilcerneredocet:
qua?que ad ha?c animum difeiplina?, multorumque inventorum capacem reddit. Ex-
itaretne alibi diverfa ab hac ratio? cenfereturque injufbum aut feeleftum in Jove aut
Marte, quod apud nos ju|ihim ac pra?clarum habetur? Certè nec verifimile eft, nec (A 37)*
omnino poiTibile. Cum enim rationis, qualem hic agnofeimus, duftu opus lit ad tuen-
dam vitam ac focietatem (nam & hanc apud Planeticolas reperiri oftendennis) fi con-
traria ejus decretis itatuantur, fequetur ruina ac fubverilo eorum, quibus ejufmodi
mens perverfa contigifïiet. At confervatio, ut videmus, rerum conditori ubique pro-
pofita eft. Verum ut ut aftectiones animi à nobis aliquatenus diverfa? fint apud irtos
longinquarum terrarum habitatores, puta in his qua? ad amicitiam, iram, odium, ho-
neftatem, verecundiam, decorem attinent; non tamen dubitari poteft, quin in veri
inveftigandi itudio,judicandis rationum confequentiis,ac pra?fertim in ratiociniis, qua?
ad quantitatem ac magnitudinem fpeclant, circa qua? Geometria verfatur, (li quid
7 I 8 LE COSMOTHEOROS.
peu plus loin), on ne peut, dif-je, tirer en doute que leur raifon ne (bit entièrement
femblable à la nôtre et ne fuive la même voie; que ce qui eft vrai pour nous ne le foit
auiïi dans les autres Planètes 3;). Quoique dans ces matières une perfpicacité ou ap-
titude fupérieure ou inférieure à la nôtre puiiïe être échue à leurs habitants.
Mais je fens m'être aventuré trop loin : il fallait d'abord inftituer un examen fur les
fens corporels des Planéticoles. S'ils en étaient deftitués ils ne pourraient guère être
cenfés avoir une vie comparable à celle des animaux ou pofTéder les organes permet-
tant l'exercice de la raifon. Or, je penfe qu'on peut faire voir par une argumentation
probable, que tant leurs animaux brutes que leurs êtres raifonnables s'accordent en
ce qui concerne les fens avec ceux qui habitent cette terre-ci. Si nous nous repréfen-
Quelesfensneleur tons d'abord ce qui conftitue chez les animaux la faculté de voir, fans laquelle ils ne
pourraient pas même paître ni éviter les dangers ni avoir une autre vie que celle des
taupes ou des vers de terre, nous comprendrons que néceffairement là où il exifte des
animaux fupérieurs à ces derniers, ils doivent, là-bas auffi, être munis d'yeux, puifquc
rien n'eft de la même importance pour conferver ou embellir la vie. Ayant égard à
la mcrveillcufe nature de la lumière et à l'admirable artifice des yeux conitruits pour
en tirer partie, nous faifirons aifément que la perception d'objets fort éloignés avec
Ni la vue- la compréhenfion de leurs formes et la différenciation des diftances ne peuvent être
obtenues autrement que par des yeux. En effet, tant ce fens-ci que tous les autres à
nous connus ne peuvent exifter que grâce à un mouvement venant du dehors. Dans
le cas de la vue ce mouvement, comme nous l'avons expliqué ailleurs, part du Soleil
ou des étoiles fixes, ou bien du feu, dont les particules agitées d'un mouvement fort
rapide pouffent et choquent continuellement la matière célefte environnante, impul-
fion qui fe communique avec une très grande viteffe des particules proches à d'autres
fort éloignées, à peu près de la même manière que le fon fe propage par l'air. Sans
ce mouvement, fans la matière éthérée qui remplit les cfpaces céleftes intermédiaires,
nous ne pourrions voir ni le Soleil ni les étoiles ni même d'autres objets plus rappro-
chés, puifquc c'eft ce mouvement qui, réfléchi par eux, doit nous parvenir: ce mou-
vement, aperçu par le fens de la vue, conftitue ce que nous appelons la lumière ■").
Dans ce fens il y a furtout ceci d'admirable que par la méthode de la conftruction il a
pu être rendu affez fin pour être affecté par la moindre petite commotion de la matière
célefte et reconnaître en même temps d'où elle provient. Il eft également merveilleux
que les innombrables traînées de fecouffes de ce genre ne fe gênent en rien, que les
32) Comparez (p. 531 qui précède) ce que Huygens disait dans un traité antérieur sur la valeur
universelle de la géométrie euclidienne et plus généralement sur le caractère nécessairement
uniforme, à son avis, des sciences mathématiques en général pour les habitants de toutes les
planètes de l'univers.
33) Voyez le „Traité de la Lumière" dans le T. XIX.
COSMOTHEOROS. JIÇ
habent ejufmodi, quod mox inquircmus) non, inquam, dubitari poteft, quin prorfus
limilis lit, eademque via ingrediatur illorum ac noitra ratio; quodqueapudnos verum
cil, idem lie in caeteris Planetis3*). Etli vis ac facilitas in his rébus major minorve illo-
rum in colis forçai] c quam nobis contigerit.
Sed jam nimis longe provechim me elle iencio. Antc enim difpiciendum erat de (/>• 38).
fenfîbus corporeis illorum in Planetis agentium, quibus iî carerent, vix jam aut vitam,
Ut animalia, iorcïci elle videri polTint, aut habere, in quo rationis uium exerceant.
Puto aucem oltcndi polie probabilibus argumentis &bruta animantia, & quibus ratio
ineft, convenire, in his quœ ad fenfus attinent, cum iis quae terrain banc incolunt.
Primùm namque II cogitemus quid lit in animalibus videndi poteftas, abfquc qua neque Nec deeffe il,is
pafeendi ratio effet, nec pericula vitandi; nec denique vita alia quam talparum aut
lumbricorum; prorfus neceiïe elle intelligemus ut, ubi iunt animalia hispraMlantiora,
ibi & vil'u praedita tint. Cum nihil ad vitam vel confervandam, vel exornandam a?que
conducat.Quod il vero infpiciamus mirabilem lucis naturam,llupendumque artificium,
quo ad eam truendam oculi comparât] iunt, facile cognofcemus,perceptionem rerum
procul diftantium, cum circumfcriptione formarum, diferimen intervallorum, non alio Nec vifum.
modo, quam qui ex vifu lit, inftitui poïïe. Non enim potelt hic fenfus, imo nec alius
quiiquam eorum quos no|vimus, exiilcre, quam ex motu extrinfecus adveniente. Qui (/'• 39)-
motus, ut alibi explicuimus, in efficiendo vifu, à Sole proilcifcitur, aut ftcllis inerranti-
bus, aut igné; quorum particula^ celerrima agitatione concitx, circumfufam casleftem
materiam continue pulfant, impelluntque; qui impulfus a proximis ad longe dillitas
citiiTime propagetur, fere eo modo quo ibnus per aercm. Abfque hoc motu, materiaque
a'theris qui intermedia csli fpatia complet, nec Solem nec ftcllas cernere podemus;
neque etiam alia qua? propiora finit corpora; cum ab his ad nos idem ille motus re-
percullus pervenire debeat. Hic, oculorum fenfu perceptus, lux appellatur"'). lnque
eo fenfu mirabile eft ante omnia, quo paclo ad tantam fubtilitatem perduci potuerit,
ut minimà cœlellis materia.1 commotiunculà afficeretur, fimulque qua ex parte illa
oriretur perciperet. Tum quomodo nihil fcfe mutuo impediant innumeri ejufmodi
pulfuum proceflus, fpha?ricaîque fuperficies, aliœ alias trajicientes. Hoîc omnia tam
720 LE COSMOTHEOROS.
innombrables furfaces fphériques fe traverfent les unes les autres. Tout ceci a été
arrangé d'une manière fi admirable et fi fubtile que des intelligences humaines auraient
été incapables d'en inventer la moindre partie, et qu'elles fuffifentàpeine pour com-
prendre cet agencement. Car que pourrait-il y avoir de plus étonnant que le fait
qu'une petite partie du corps a été fabriquée de telle façon qu'à fon aide l'animal
aperçoit la figure, la pofition, le mouvement quelconque, la diftance d'objets éloignés,
et cela avec la variété des couleurs qui lui permet de les diftinguer encore mieux. La
conf traction hautement ingénieufe de l'oeil capable de produire fur la furface concave
de la choroïde une parfaite image des chofes extérieures, paffe les bornes de notre
admiration : il n'y a rien où Dieu a plus manifeftement exercé l'art de la Géométrie 3+).
Et tout ceci n'a pas feulement été inventé et fabriqué avec une induftric fuprême,
mais en en faifant un examen détaillé on fe perfuade que cette conftruction n'aurait
pas pu avoir été autre qu'elle n'eft: on voit que d'une part la lumière ne pourrait offrir
à nos fens les objets diftants que par la communication d'un mouvement agitant la
matière célefte, et que d'autre part il n'exifte aucun artifice autre que l'oeil capable
de nous en préfenter des images fi diftinctes. Je fuis donc d'avis que toute perfonne
eft dans l'erreur qui ofe foutenir que ces mêmes chofes euïïent pu avoir été ordon-
nées d'un grand nombre d'autres façons. C'eft pourquoi il eft abfolument croyable
que ceci fe trouve dans les régions Planétaires tout comme ici, que pour les animaux
qui vivent là-bas, la manière de voir eft exactement la même. Ils auront donc des yeux,
deux au moins, afin de pouvoir percevoir les diftances des objets qui fe trouvent de-
vant leurs pieds, fans quoi on ne peut guère marcher avec affurance. Ceci s'applique
à la grande majorité des animaux Planétaires lefquels dans leurs vies ont befoin de ces
organes. Quant à ceux d'entre eux qui font doués de raifon et d'intelligence, plus ils
peuvent tirer profit de la vue, plus aufli cft-il certain qu'ils ont été dotés de ce feus
magnifique. En effet, nous percevons, nous, la beauté des couleurs, l'élégance des
formes, l'harmonie des chofes; nous lifons, nous écrivons, nous contemplons le ciel
et les aftres, nous mefurons leurs orbites et leurs diftances; or, l'on verra un peu plus
bas jufqu'à quel point ceci s'applique auffi aux Planéticoles.
Ni l'ouïe. Bornons-nous pour le moment h rechercher s'il eft vraifcmblable que nos autres
fens leur foient auffi tombés en partage. Quant à l'ouïe, beaucoup de raifons nous
pouffent à croire qu'elle exifte chez tous les animaux de là-bas. En effet, l'ouïe eft de
grande utilité pour fauvegarder la vie de dangers, attendu que c'eft fou vent par le fon
et le fracas qu'un malheur imminent eft reconnu, furtout la nuit et dans les ténèbres
lorfque le fecours des yeux fait défaut. Nous voyons auffi que plufieurs animaux ap-
pellent leurs femblables en fe fervant de leurs voix, qu'ils fe communiquent par elles
34) Comparez les p. 79- — 799 du T. XIII.
COSMOTHEOROS. J2 1
min ac fubtili rarione conftituta funt, ut nec minimam eorum partem hominum in-
génia excogitare potuhTent, cum vix etiam quomodo ! (èfe habeant comprehendere (/>• 40).
queant. Quid enim cam mirabile, quam particulam corporis quandam ita fàbricatam
clic, ut ejus opéra animal fentiat procul pofitorum corporum figuram, pofitum, motum
quemlibet, diilantiam; idque etiam cum colorum varietate, quo diftinétius ea digno-
feeret. Oculi vero prseter hase artificiofillima conftruéh'o, quae perfeftam rerum extra
pofitarum pichiram in cava choroidis fiiperficie imprimere apta cil, omnem profcclo
admirationem fuperat, neque eft in quo manifeftius Geometriae artem Deus exercu-
erit^5). Atque hœc non tantum folertia fumma inventa & fabricata funt, fed & vi-
dentur elle cjufmodi, fi quis propius attendat, ut non alia ratione perfici potucrint
quam hac quam cernimus. Nam neque lux aliter, quhm communicato motu per ma-
teriam caeleftem, res longo intervallo remotas fenfibus noftris offerre poterat; nec
oculorum artificio ullum aliud par dari ad difiinclc referendas rerum imagines. Ut
valde eos talli arbitrer, fiqui haec eadem multis modis ordinari potuifie contendere
audeant. Quare omnino credibile elr. utrumque iftud eodem modo fc habere in Pla-
netarum regioni|bus atque hic; neque aliam elfe iis, quœ illic habitant animantibus, (/'• 41)-
videndi rationem. Habebunt igitur oculos; atque etiam binos minimum, qu6 poflint
rerum ante pedes pofitarum diftantias percipere, fine quo vix tut5 ingredi licet. Et
haec quidem ad vitaeufumneccffario tribuenda funt animantibus Planctarum univerfis
fere. Qiue vero ratione 6k mente prsedita funt, cum alias quoque ex vifu utilitates
caperc poffint, tanto magis confentaneum eft ut tam prœclaro minière donata fint.
Nos enim colorum pulchritudinem, formarum elegantiam, ac concinnitatem vifu
percipimus; legimus, feribimus, cadum & afira contemplamur, eorumque curfus,
magnitudinefque metimur; qua? quatenus ad Planetarum incolas quoque pertineant,
paulo pofi: videbimus. Nunc illud prius quœramus an cceteros quoque fenfus noftros
iis contigîfle verifimile fit. Ac de auditu quidem multa fuadent, ut cunftis, qux illic Non ««litum.
funt, animalibus eum inefle credamus. Prodert enim plurimum ad \'itam h periculis
tutandam; cum fonitu ac fragore faspemiminensmfortumumcognolcatur;praefertim
noftu atque in tenebris, cum oculorum auxilium ereptum | efi. Videmus prneterea ut (/'• 42)-
animalia plcraque vocis fono fui fimilia advocent, multaque inter fc fignificent, nobis
quidem parum intellecta, fed plura fortafie quam putamus. Apud ca vero quœ ratione
utuntur, fi cogitemus quam mirabilis fit vocis & auditus oportunitas, vix credibile
9*
72 2 LE COSMOTHEOROS.
bien des chofes inintelligibles pour nous et cependant, peut-être, déplus grande por-
tée que nous ne ferions tentés de le croire. Mais pour ce qui ell des êtres railbnnables,
fi nous longeons combien admirable efl: la faculté de parler et d'entendre, il femblera
à peine croyable que ce fens 11 utile, que le grand artifice de l'articulation aient été in-
ventés feulement pour cette Terre et pour nous. Ne manquerait-il pas beaucoup à leur
commodité et a un bonheur femblable au nôtre s'ils étaient dépourvus d'un fi grand
bénéfice? Quoi d'autre pourrait compenfer ce défaut? Que fi nous confidérons en
outre avec quel art et induftrie la nature a obtenu que ce même air par la refpiration
duquel nous vivons, par le fouffle duquel nous naviguons, qui met les oiiéaux en état
de voler; que cet air, dif-je, efl: en même temps fait pour recevoir et propager le fon;
que le fon, lui, efl capable déformer des difeours et à les introduire dans nos oreilles,
pourrons-nous croire que dans ces terres lointaines la nature en ait négligé cet infigne
Xi Pair capable de ufage? On pourra, ajoutons-nous, difficilement nier l'exiftence d'un air qui pèfe fur
onc mie e on. ccs terres^ iorfqUe nous aurons rappelé qu'en Jupiter il paraît des nuages: de même
que ceux-ci font compofés de fort petites gouttes d'eau, ainfi l'air qui entoure la terre
de près eft formé pour une grande partie de particules d'eau volant léparément 35).
Ce qui nous perfuade auffi de l'exiltcnce d'air auprès des globes Planétaires, c'efique
la refpiration qui foutient la vie de tous les animaux d'ici, femble être uneinftitution
générale de la nature tout aufli bien que la nutrition par les fruits de la terre.
M k- fens de Pat- je continue en parlant des autres fens des animaux. Il appert qne le fens du tacl
a été donné avec une abfolue nécefîité a tous ceux d'entre eux qui font recouverts
d'une peau molle et flexible, afin qu'ils puifîent fe garder par la fuite de ce qui pour-
rait leur faire du mal; tandis que fans lui ils recevraient des plaies, des coups, des con-
tufions multiples. En quoi la nature a été fi prévoyante qu'elle n'a voulu rendre aucune
partie de la peau exempte du fentiment de la douleur. Il efi donc abfolument croyable
que cette faculté fi néceflaire a la confervation des animaux ait aufli été donnée aux
habitants des planètes.
Ni l'odorat, ni le Quant à l'odorat et au goût, qui ne voit que ceux-ci font nécefïaires aux paillants
pour pouvoir diftinguer les aliments utiles des herbes nocives ou peu profitables? S'il
efl: vrai que dans ces régions-là les animaux fe nourri fient d'herbes, de femences, peut-
être aufli de chair, il efl croyable qu'ils ne manquent pas non plus de ces fens fi néces-
faires pour fe garder et pourchoifir.
Je fais que quelques-uns fe font demandés s'il ne peut y avoir dans la nature d'au-
tres fens que les cinq que nous venons d'énumérer: fi l'on répond affirmativement à
cette queftion, il faut peut-être avoir égard a la pollibilité que les fens des animaux
planétaires foient tout autres que les nôtres. Rien en effet ne s'oppofe à ce qu'il puifle
3S) Voyez sur l'air et l'eau les p. 195—196, 212 et 319 du T. XIX.
COSMOTHEOROS. 723
videbitur tam utilem fenfum, tantumque loquendi artificium, hujus Terra; noftra?, ac
noltri cantum caufa fuifle înventum. Quomodo enitn Mis non multum défit ad vitse
commoda, & felicitatcm noftra tîmilem, qui canto beneficio carent: aut quanam alia
rc penfari hoc poffit? Quod ii porro confideremus, quam pulchre, quamque induftrie
natura hoc effecerit, ut idem ille aèr, cujus refpiratione vivimus, cujus flatu navigamus,
qui, ut volare queant, avibus preftat; ut, inquam, idem ille ad exprimendum pro-
ferendumque ionum comparatus lu; fonus vero ad formandum, auribufque ingeren-
dum fermoncm; vix credemus infignem hune acris ufum, in terris ifiis longinquis
eam neglexifle? Efle enim illic aerem qui terris incumbat, vix dubitari poteft, cran Nec fci' lillcni f<>
, • 1 j- • <■.. , ,....,, nus perferatur ac-
nubes in Jove apparerc dixenmus. aient enim nx ex aquae guttulis minimis conltant, '
ita ex partilculis aqu» feorlïm volitantibus magna ex parte formatur aer ille qui pro- (/>. 43),
pius terram circundat35). Quem Planetarum globis adelTe ctiam hoc fuadet, quod
reipirandi ratio, qua vita fuftentatur omnium quae hic habemus animantium, videtur
omnino ex univerfalioribus illis naturse inftituris efle, velut nutriri ex fruclibus terra\
De fenfibus autem reliquis animalium ut diccre pergam, eum lanè qui ex taclu ori- Nec ta#lim-
tur, neceflkate franma datum efle apparec omnibus iis qua; molli flexilique pelle tc-
guntur, quo h lœdentibus caveant refugiantquc; cran abfque eo vulnera, plagas,con-
tuflonefque crebras acceptura fiierint. In quo tam provida natura fuit, ut, ne minimam
quidem pellis particulam, doloris fenfu vacarc voluerit. Itaque hanc tacultatcm, tam
neceflariam ad confervandam animalium incolumitatem, omnino credibile cft ctiam
planetas inhabitantibus inditamefle.
Odoratum vero ac gufmm quis non videt neceflaria efle pafeentibus, quo conduci- Necodoratum,nec
bilia a noxiis, nihilve profuturis dignofeant. Itaque fi herbis, feminibus, aut fortafle gu
carnibus quoque in regionibus illis animalia alantur; | etiam his fenfibus, tam ad ca- (/'• 44)-
vendum, appetendumque neceflariis, credibile efl: ea non defh'tui.
Scio à nonnullis fuifle quîefitum, an non alii praster eos quinque quos diximus,
natura dari potuerint. Quod quidem fi concedatur, forfan dubitandum fit animalium
planetariorum fenfus longé alios efle ac nofiratium. Nec fané obllare quidquam vi-
detur quo minus alii extare poflint percipiendi modi: attamen cum perpendimus ad Nec llonim fenfus
longe alios efle ac
nollratium.
724 LE COSMOTHEOROS.
exifter d'autres moyens de percevoir. Cependant lorfque nous confidérons à quels
ufages vitaux fert chacun de ceux que nous poffédons, il ne femble pas qu'un autre,
Que leurs fens ne qUej qu'il fût, pût y avoir été joint avec quelque néceflké. En effet, la providence a
l pas e icre- ^. Çoite que nous pouvons nous rendre compte par nos yeux tant de la nature
ment dillerents de * r r , .
ceux des habitants des chofes proches que de celles plus lointaines. Que l'ouïe nous ren feigne fur les
de la Terre. chofes non vues, foit qu'elles lé trouvent derrière nous ou bien dans les ténèbres.
Que ce dont la préfence n'eft fignaléc ni par les yeux ni par les oreilles, un autre fens
localilé dans le nez nous le fait connaître et cela, dans le cas des chiens, avec la mer-
veillcufe lubtilité que l'on fait. Elle a ordonné enfin que ce qui échapperait à ces
quatre fens ferait révélé par l'attouchement afin que les rencontres avec le corps n'y
portaffent pas dommage. C'eft ainfî qu'elle a pourvu de toutes manières au falut et
à la confervation des animaux; rien ne femble pouvoir y être ajouté ou y manquer;
par conféquent elle n'aurait pu donner aux planéticoles, outre ces fens-ci, que du
fuperflu.
Comme les fens ne font pas feulement utiles aux hommes, mais que chacun d'eux
leur procure auffi du plaifir, le goût dans les mets, l'odorat dans les fleurs et arômes,
la vue dans la contemplation de la beauté des formes et des couleurs, l'ouïe dans les
fons harmonieux, le fens du taét dans les chofes vénériennes (à moins qeu ceci ne
doive être appelé un fens particulier) et qu'il en eft de même chez les autres animaux
au moins pour quelques-uns d'entre ces fens, ne dirons-nous pas que ces dons de la
nature ont été accordés à peu près de la même manière aux habitants des autres Pla-
Qne h même re- nètejs? La raifon femble l'exiger. Soit que nous fongions combien en général par ce
au plaHir cme prev moycn 'a yic e^ rendue plus agréable et plus heureufe, ce qui nous pouffe à ne pas
curent les fens. revendiquer ces grands biens pour les habitants de notre Terre feulement en les dé-
niant à ceux des autres, comme fi notre condition doive être beaucoup fupérieurc à
la leur; foit que nous confidérions plus fpécialement les plaifirs qui réfultent du man-
ger et du boire et de la conjonétion des fexes, où nous comprendrons qu'il y a là,
pour ainfi dire, des lois impofées par la prévoyante nature laquelle nous oblige fans
mot dire à conferver et à propager l'efpèce animale, ou peut-être, dans le cas des bêtes,
à propager leur efpèce uniquement dans le but de les faire jouir des deux plaifirs
nommés; nous fommes amenés à admettre qu'il en eft de même, à propos des jouis-
fances, dans le cas des autres Planètes. Pour moi du moins, ayant égard au grand prix
et à la grande utilité de toutes ces chofes, et confidérant combien il eft merveilleux
qu'il exifte quelque chofe de tel que le plaifir dans la nature, je me fens pleinement
convaincu qu'une fi importante faculté n'eft pas échue à notre Terre feule laquelle
n'eft qu'une des planètes mineures. Voici ce que j'avais à dire fur les plaifirs qui cor-
refpondent aux fens corporels et qui n'affedtent point, ou légèrement feulement,
notre raifon. Pour l'homme il exifte, outre celles-ci, d'autres jouiflanceslefquellesne
fe perçoivent qu'en efprit et par le fens nommé de la raifon. Certaines d'entre elles
font affociées à la gaieté, d'autres font férieufes mais ne doivent pas pour cela être
eftimées moindres: nous parlons du plaifir que procurent les feiences, les inventions,
COSMOTHEOROS. 725
quos vitae ulus unufquifque eorum, quoshabemus, compara tifint; non videnirfaltem
alius quifquam neceflarius adjungi potuifle. Nempe effecit providenria ut & propinqua,
6c longius remota, quaHa client oculis fentiremus. Rurfus ut non vila, fîve a tcrgo,
five in tenebris, auditus exciperet. Item ut quas nec oculinecauresadeflTe nundarent,
alius tamen fenfus qui in naribus cil praMentiret, idque in canibus mirabili ut feimus
fubtilitate. Poitremo effecit ut quae quatuor iftos fenfus eflTugerent, qub minus in
corpus impacta nocere poflint, tadu perciperentur. Ita omnibus modis faluti conler-
vationique animalium confuluit, nec quidquam amplius addi aut defiderari pofle vi-
detur; ut | proinde planetarum incolis vix aliud nifi fuperfluum largitura fuerit. (/'• 4.0-
Cum autem ex Gngulis fenfibus, prxtcr utilitatem, voluptasaliquaadhomincsper-
veniat; velut ex guftatu in cibis; ex odoratu in floribus & aromatis; ex vifu in con-
templanda pulchritudine fonnarum, & colorum; ex auditu harmonicorum lonorum;
ex tactu in rébus vencreis, (nifi peculiaris quidam fenfus hic dicendus e(t)animalibus
verô ca?teris ex quibufdam horum; nonne dicemus ha>c nature mimera ferc eodem
modo reliquorum Planetarum incolis diflributa elle. Certe id quidem ratio poitularc Utnecvoluptatem
■ 1 c' • _• r t_ • j« r i« • ex iis ortam.
videtur. biveenimcogitemus,quantoinumver!um,proptern^c,jucundiorfeliciorque
vita reddatur, non debemus maximum ejus bonum noftra? Telluris habitatoribus af-
cribere, esteras tenentibus denegare, quali res noftraî rébus illorum multo praferenda.1
lint. Sive ad voluptates, qua; in cibis capiendis, & in conjunctione utriufque fexus
contingunt, attendamus; intelligemus haec elfe neceiïaria quaxlam veluti provida? na-
ture jufî'a, tacite cogentis ad confervandum, propagandumque animantium genus:
vel etiam, in beitiis qui|dem, fortafle genus ipfum propagari, ut utraque illa jucundi- (A 46)-
tate fruatur, ut proinde, utroque nomine, in cœteris Planctis eadem reperiri confen-
taneum fit. Equidem cum lia^c omnia quanti fint, quantamque utilitatem habeant,
confidero; quamque admirabile lit, taie quid, quale cil voluptas, in rerum natura ex-
illere; omnino adducor ut credam, non foli Telluri noitraî, qua? de minoribus planctis
unus eft, rem tantam obtigille. Et h»c quidem de voluptatibus iis qua: fenfus corpo-
reos aflîciunt, rationis facultatem aut nihil, aut leviter tantùm. Sunt autem homini,
prêter iftas, aliœ quoque; quse mente tantum, & rationis fenfu percipiuntur; aliœ
cum la:titia conjuncta;; aliîe feriaî, neque ideo minoris facienda?; velut quee ex oblec-
Jl6 LE COSMOTHEOROS.
commun aux Pla
nètes
la découverte de la vérité. Nous aurons l'occafîon, dans la fuite de notre traité, de
dire fi tout ceci appartient aufli aux habitants des planètes.
Relie à parler fur d'autres fujets de reftemblance probable entre ces contrées-là et
les nôtres. Nous avons déjà vu combien il eft vraifemblable que les Eléments terre,
air, eau ne fa fient pas défaut aux autres Planètes. Confidérons maintenant la quefiion
du feu lequel chez nous ne doit pas littéralement être appelé un Elément 3rt) mais
bien plutôt un mouvement fort rapide de particules détachées de certains corps 37).
Que le feuauffieft Quelle que foit d'ailleurs fa nature, il y a beaucoup de raifons qui prouvent avec
vraisemblance qu'il a été accordé aufii aux Planéticoles. D'abord celle que le liège du
feu femble ne pas fe trouver dans la Terre autant que dans le Soleil; de même qu'ici
les plantes et animaux croifient choyés par la chaleur Solaire, on peut admettre que
cela fe pafie dans le cas des autres Planètes. Or, comme une chaleur intenfe produit
du feu, il cfi croyable que là-bas aufii, et furtout dans les planètes qui font plus pro-
ches du Soleil, il exifte de la chaleur à des degrés égaux ou fupérieurs et par confé-
quent du feu. Nous voyons en outre de combien de manières le feu eft engendré, foit
par la réunion de rayons Solaires dans la réflexion de cymbales ou de miroirs; dans la
collifion du fer et de la pierre; dans le frottement mutuel de pièces de bois; dans les
tas de foin pas bien fec; par la foudre; par les incendies des montagnes et de la terre
fulfureufe. Il ferait étonnant s'il ne s'allumait du feu, par quelqu'une de ces caufes,
dans les terres Planétaires. Songeons enfui te combien grande eft chez nous l'utilité
ou plutôt la nécefiité du feu. C'eft par lui que nous nous gardons des incommodités du
froid dans les régions où la chaleur Solaire eft moindre à caufe de l'obliquité des rayons;
nous obtenons ainli qu'une grande partie de la Terre ne refte pas inculte et inhabitée;
or, ce remède eft également nécefiaire à tous les globes Planétaires, foit qu'ils éprou-
vent les viciffitudes de l'été et de l'hiver, foit qu'ils jouifiént d'un perpétuel équinoxe,
puifqu'il eft certain que chez eux aufii les endroits plus voifins du pôle, même en ne
confidérant que le dernier des deux cas nommés, tirent peu de profit de la chaleur
Solaire. Par le feu nous éclairons aufii la nuit et créons pour ainli dire un deuxième
jour ce qui prolonge considérablement la vie. Pour toutes ces raifons il eft fort vrai-
femblable que les habitants de la Terre ne font pas feuls à jouir d'une choie fi impor-
tante mais que celle-ci a été accordée à toutes les Planètes.
On peut en outre fe demander, à propos des animaux tant raifonnables que brutes,
et aufii à propos des plantes baffes et des arbres fi ceux qui naifiént là-bas corrcfpon-
dent aux nôtres en grandeur. Dans l'hypothèfe que la nature les façonne d'après la
3<5) Comparez la p. 319 du T. XIX.
37) Voyez sur la chaleur considérée comme un mouvement fort rapide de particules les p. 9, 329
et 347 du T. XIX.
COSMOTHEOROS.
7V
tatione fcientiarum, inventorum, verique cognitione oriuntur; de quibus omnibus,
an ad aliorum quoque planetarum incolas pertineant, in fequentibus dicendi locus cric.
Superfunt alia nunc expendenda quae in terris illis fimilia elle rébus nofrris verifimile
fit. De Elementis cerne, aeris, & aquae, vidimus jam quàm probabile (le ca in Planetis
caeteris non deefle. Videamus & de igné, qui | apud nos quidem non tam Elementum (/>. 47).
elle dieendus eft56), quant motus quidam conatatiffimus parcicularum à certis corpori-
bus abreptarum"). Hoc vero, quidquid eft, etiam Planetarum incolis datum eue,
multa funt quae verilimiliter probent. Primum qubd non tam in Terra hac, quàm in ignem quoque Pia-
Sole, ignis fedes collocata videatur; ac iicut, calore Solis, herbae&animantia hic crel- n<îtls communein
cunt ac tbventur, ita quoque haud dubie in caeteris fiât Planetis. Cumautem intenlîor
calor ignem generet, credibile eft illic quoque, ac praefertim in Soli propinquioribus,
eofdem aut majoris caloris gradus exiftere, corumque vi ignem. Deinde videmus quam
multis modis excitetur, vclut colligendis Solis radiis, repereuflu pelvium aut fpeculo-
rum; ferri & lilicis collifione; lignorum attritu mutuo; herbae non bene ficcae con-
geftis acervis; ex fulmine; ex montium terraque fulphurea? incendiis. Quare mirum
eiTet, non aliquo ex illis omnibus, in Planetarum terris, eum accendi. Cogitemus deinde
quanta apud nos lit ignis utilitas, quantaque necelîitas. IIujus enim beneficio frigoris
incommoda depellimus in iis regionibus, ubi calor Solis minus viget propter radiojrum (/>• 48)-
obliquitatem, atque ita efricimus ne magna Terrarum pars inculta inhabitataque ma-
neat; quod in omnibus Planetarum globis, five aïftatis hycmifque vicillitudines fend-
ant, five perpetuo fruantur aequino&io, aeque necefTarium eft remedium; quoniam &
in his, loca polis viciniora, parum juvari Solis calore certum eft. Eodem igné nofti
lucem inducimus, diemque velut altcrum creamus, quo non parum temporis vitœ
adjicitur. Itaque ob hœc omnia prorfus verifimile eft tanta re non lblos Telluris incolas
frui, led omnibus Planetis communiter efie conceflam.
Porro queeri poteft de animalibus, tam ratione utentibus quàm brutis; atque etiam
de ftirpibus arboribufque; an, qua,5 ifthic nalcuntur, noftris magnitudine refpondeant. Magnitudinein
Xam fi hase ipforum globorum mole natura metiatur, client in JoveacSaturnoanim- MJ? exiftentium
ex Planetarum ma-
gnitudine non rec-
te conjici.
728 LE COSMOTHEOROS.
Que la grandeur grandeur des globes planétaires, il y aurait en Jupiter et Saturne des animaux d'une
Yl êtes S e^oeut ^ature dix ou quinze fois plus élevée que celle des Eléphants, des baleines furpaffant
être logiquement les nôtres en longueur dans la môme proportion. De plus les animaux raifonnables y
déduite de la di- feraient des géants en comparaifon avec nous. J'avoue ne rien voir dans ceci d'éton-
;si^r" nant ou d'impoflible. Nous ne fommes toutefois aucunement forcés de croire qu'il en
eft: vraiment ainfi, attendu que dans beaucoup de rencontres nous conftatons que la
nature ne s'eft pas attachée aux règles des mefures qui à nos yeux paraîtraient plus
convenables que celles actuellement exiftantes. On peut par exemple remarquer que
les volumes des corps Planétaires eux-mêmes ne font nullement proportionnés à leurs
diftances au Soleil, puifque Mars eft manifeftement plus petite que Vénus tout en
étant plus éloignée; et que la révolution de Jupiter fur fon axe a lieu en 10 heures,
tandis que la Terre, tant de fois plus petite, y emploie 24 heures. Puifque la Nature
néglige la proportionnalité dans ces chofes, on pourrait même fe demander fi les ha-
bitants des Planètes ne font pas peut-être des nains de la taille de nos grenouilles ou
de nos fouris. Mais je ferai voir plus loin pourquoi cette hypothèfe serait déraifon-
nable.
Une autre queftion douteufe fe préfente: fe trouve-t-il en chaque Planète un feul
genre d'animaux raifonnables ou bien plufieurs, éventuellement plus raifonnables les
uns que les autres? Nous conitatons certes ce phénomène fur notre Terre en un cer-
tain degré. Je ne parle pas ici de ceux qui ont la figure humaine quoique à propos de
ceux-ci on pourrait également foutenir la dite inégalité fans abfurdité; mais lorlque
nous confidérons le fens et l'intelligence de quelques efpèces d'animaux tels que les
chiens, les fmges, les caftors, les éléphants, et même certains oifeaux, ainfi que les
Qu'il exifte tant abeilles, ceux-ci fe montrent tels qu'on ne femble pas pouvoir dire que le genre hu-
iurlcsPlanetesque majn juj ç^ participe de la raifon : il en apparaît un femblant dans eux tous, lequel
rents animaux plus cil trouvé exiiter en eux fans aucune inftruétion ou expérience. On ne peut cependant
on moins raifon- mettre en doute la fort grande fupériorité de l'intelligence et du génie humains, les-
quels font aptes à d'innombrables chofes, capables de prendre des mefures fe rappor-
Et entre eux des tant aux temps futurs, pourvus d'une mémoire infiniment détaillée fur les chofes
êtres comparables paffccs> Confidérant cette immenfe différence quantitative et qualitative, nous n'efti-
aux hommes. r l * ' ,
nierons pas fans raifon que dans le cas des autres planètes la nature a aufu confère la
primauté à une feule efpèce, d'autant plus que s'il y en avait plufieurs douées d'une
même fagacité elles pourraient fe nuire les unes les autres, fe difputer les pofTefîîons
et l'empire; ce que font d'ailleurs aufli trop fouvent, tout en étant d'une efpèce uni-
que, ceux qui régnent en ce Monde-ci. Mais de quelque façon que ces chofes foient
arrangées là-bas, occupons-nous maintenant des êtres les plus raifonnables de tous de
ces contrées lointaines, et demandons-nous à quoi ils fe fervent de leur raifon et s'ils
ont auflî leurs arts et feiences comme nous en notre planète. C'eft-ce qui, en exami-
nant leur nature, mérite furtout d'être coniidéré. Mais pour pouvoir le faire d'autant
mieux, il faut commencer un peu plus haut et confidérer avec quelqu'attention la vie
et les occupations des hommes.
COSMOTHEOROS. 729
alia quaedam dccies aut quindecies altiora Elephantis, aut tantundem longitudine
balamas noftras fuperantia. Tum illa qua? ratione praedita funt, gîgantum corpora
haberent noftris comparata. Qûa quidem in re nihil video quod vel mirum fit, vel
fieri nequeat. Nulla tamen ratione cogimur ut re ipfa id ita | elle credamus; quando- (/>. 49)-
quidem in multis rébus apparet non iis menfune regulis naturam le obftrinxuTe quae
noltra opinione convenientiores videbantur. Veluti quodipforumgloborurrj Planeta-
riorum moles nequaquam pro diftantia eorum a Sole conitituta lit, cum Mars mani-
ferto minor fit Yenere, etiï remotior: cunique convertit) Jovis, fuperaxefuo, iohoris
peragatur; Telluris vero, tante minons, impendat horas 24. Follet vero dubitari,cum
proportionem in his ita negligat Natura, an non fortafle pumiliones quidam fint incolae
Planetarum, aut ranis muribulVc non majores. Sed oftendam poltca cur id nequaquam
conlentaneum putandum fit.
Aliud quoque dubium exoriri poflet, utrum genus unum tantum animalium quae
rationem fortita fint, an plura in Planctis fingulis reperiantur, & mira difpari rationis
\ i. Ac profeéto taie quid in Terra hac noltra contigifle cernimus. Non de iis nunc
dico qux figuram hominum praeferunt; (etfî de his quoque id non abfurdedici poffit)
fed fi quorundam è belliarum génère, fenfum intellectumquc fpeétemus; veluti canum,
fimiarum, caltorum, elephantorum; imo & | avium quarundam, & apicularum, ea (/>. 50).
talia funt, ut nequaquam fol uni genus hominum rationis partieepsdicendum vidcatur. In plaiiet,s '
Apparet enim quoddam hujus inftar in iltis omnibus, quod, ablque ulla inllitutione «imalia auibusCrs
aut experientia, iis inelFe deprehcnditur. tio competat.
Attamcn dubitari ncquit quin longe pracellat hominum intclligentia &ingenium, Et inter ea Homi
quippe innumeris rébus aptum, conlilii ad futura capax, praeteritorum nicmoria in- nihus ll,T1ll,a-
finita praditum. Quod ingens prseftantise dilcrimen 11 perpendamus, credemus non
fine ratione, in cîeteris quoque planetis, unum quoddam genus prsetuliflTe naturam;
atque eo magis, quod fi plura forent eadem ingenii fagacitate, poflent nocere lîbi in-
vicem, ac de pofTeflionibus & imperio inter fecontendere; quod nunc quoque faciunt
nimis fréquenter, licet unius generis fint, qua? in Terra hac dominantur. Verum haec
utcunque fe habeant, de iis nunc agamus terrarum ifitarum animalibus, qua? maxime
caeteris ratione anteeellunt; quxramufque an feiri pollit, quibus in rébus ejus ufum
impendant, & an habeant ctiam artes fcientiafquc fuas, velut nos in hocnoltroplane-
ta. Quod quidem, inter ea quae | ad naturam eorum attinent, praetipuè expendi me- (/>• 5')-
retur. Sed, quo melius id fiât, paulô altius exordiendum elt, vitaque & ltudia homi-
num attendus infpicienda.
ut m
Ile a
92
-30 LK COSMOTHEOROS.
Pour -autant que les hommes s'appliquent feulement à fubvenir à leurs beibins
en fe procurant les choies néceflaires, c'eft à dire à fe pourvoir de logements qui les
gardent contre les intempéries de l'air, à s'entourer de murailles pour pouvoir le dé-
fendre contre les ennemis, a établir des lois pour vivre avec fécuritéet tranquillité,
à élever leurs enfants et leur procurer, ainfi qu'à eux-mêmes, de la nourriture, l'ufage
de la raifon ne parait pas encore, à mon avis, avoir quelque choie de fi grand que nous
devrions par là nous confiderer comme fupérieurs aux animaux brutes. Car beaucoup
d'entre eux font les mêmes chofes plus limplcment, et de quelques-unes ils n'ont pas
mêmebefoin. Et quant au léntiment de la vertu et de la juftice, par lequel nous difions
un peu plus haut que l'cfprit humain fe diitingue, et de même celui de l'amitié, de la
reconnaiflance, de l'honnêteté, quel autre effet ont-ils que de rendre poffible la réli-
ltance aux vices des hommes et d'affurer une vie tranquille et inoffeniive? Ce qui
échoit à certains animaux fans effort et naturellement. Si d'autre part nous portons
nos regards fur les multiples peines, les maladies de l'àme, la concupifcence, la crainte
de la mort, lcfquelles accompagnent toutes notre raifon cenfée li éminente, et que
nous comparons ces défavantages avec la vie ailée, tranquille et innocente des bêtes,
il pourrait fembler que plufieurs d'entre elles, furtout du genre des oifeaux, vivent
plus agréablement et aient obtenu un meilleur fort que les hommes. Car pour les
plaifirs corporels, ils en jouiflênt fans doute autant que nous malgré la contradiction
de certains nouveaux philofophes déniant tout fens aux animaux autres que l'homme,
de forte qu'ils veulent les faire palier pour de purs automates ou marionnettes. Il
m'eft incompréhcnlihlc que quelqu'un puiffe fe rendre à leur fentiment abfurde et
cruel; furtout en conlîdérant que les bêtes elles-mêmes donnent à entendre le con-
traire tant par leur voix et par leur fuite devant les coups que généralement par toute
leur manière de le comporter >'!). Bien au contraire, je ne mets guère en doute que
les oifeaux s'amufent de leur belle et admirable façon de traverser l'air; laquelle ils
trouveraient (ans doute encore plus délectable s'ils comprenaient combien notre
marche lente à fleur de fol eft furpaffée par leur agilité, par la fublimité de leur vol.
Que la raifon hu- Qu'y a-t-il donc dans lequel brille furtout l'ufage de la raifon humaine, nous rendant
111 m ne i un >ull c
celle des animaux fupérieurs aux autres animaux? Rien à un plus haut degré, me femblc-t-il, que la con-
îini tes furtout dans tcmplatioii de la nature et des oeuvres de Dieu jointe à l'application aux feiences qui
la contemplation n()lls permettent d'en reconnaître dans une certaine mefurc l'excellence et la gran-
deur. Car que ferait cette contemplation fans les feiences? Combien grande n 'eft pas
la diftance entre ceux qui confidèrent oifivement la beauté et l'utilité du Soleil ainii
que le ciel étoile, et d'autres plus doctes qui examinent la marche de tous lesallrcs,
:,îf) Nous avons déjà attire l'attention du lecteur sur ce passage à la p. 662 de l'Avertissement qui
précède.
COSMOTIU.OROS.
73'
Ac videcur quidem quatenus providendis procurandifque rébus tantum neceflariis
hommes incenci fimt, ut nempe ab aëris injuriis tuci habitent; ut mœnibus inclufi ab
inimicis fibi caveant, ut leges coudant ad fëcure ac tranquille vivendum; ut liberos
educent; vichim Uns, Gbique parent; in bis omnibus inquamnihil magnum admodum
habere videtur rationis nofrree ulus, cujus caufa nos brutis animantibus anteferamus.
Namque haec pleiaque iftorum tàcilius fimpliciufque erliciunt; aliquibus nihil opus
babent. Quin imo & virtutis, juftitiseque fendis, propter quem paulo ante excellere
mentem humanam dicebamus; itemque amicitiœ, gratitudinis, honefH; quid aliud
efficiunt, nili ut vel vitiis hominum obfiftatur, vel \ ira tranquilla & mutuarum injuri-
anim expers pnvitetur; quod beitiis (ponte ac naturx duchi contîgit. Jam (i curas
multipliées, animi îegritudines. concupifeentiam, mortismetum,qua.*omniarationcm
illam noftram comitantur, ance oculos ponamus; eaque cum vita parabili, quieta & C/'o"-)-
innocua beftiarum comparerais; videri poffint harum plurimse, ac praefertim exavium
génère, jucundius agere, & meliore quam homines forte frai. Nam quod ad voluptates
corporis attinct, haud dubie iis aeque ac nos atlïciuntur, quicquid contradicant novi
quidam philofophi; qui fenfùm omnem ita auferunt reliquis prseter hominem anim-
antibus, ut pro meris automatis aut neurofpaftis ea haberi velint; quorum abfurdae,
crudelique fententise, miror quenquam accedere polie; praefertira cum & voce & ver-
beribus fugiendis, & re omni contrarium beftiœ ipise fignificent38). Imo \ i\ dubito,
quin miro pulchroque illo peracra lapiii aves fefe delectari fermant; magis etiam len-
fura,1 fi intelligerent quantopere lentus ac humilis nofter inceflus iprarum pernicitate, Humanam rano-
lublimique volatu (uperetur. Quid igitur eft in quo potiflîmum eminet humanse ratio- romonecipueenri-
nis ulus, facitque ut antecellamus cœteris animantibus? Nihil aequè puto ac contem- nere in contempla-
platio naturce, Deique operum; tum cukura feientiarum, quibus confequimur ut eo- tione nature.
rum prœftantiam, magnitudinemque aliqua ex parte cognofeamus. ! Abfquc énim (/'-53>
difciplinis quid effet contcmplatio"? quamque multum interefi: inter eos qui Solis pul-
chritudinem, utilitatemque, & caelum lideribus ornatum otiolc in tuent ur, aliofque
doctiores qui curfus iltorum omnium ferutantur: quomodo alïîxa.1, qua.» dicuntur.
LE COSMOTHEOROS.
qui comprennent en quoi les étoiles dites fixes différent des aftres errants, et quelle
eft la caufe des faifons, qui mefurent même par des méthodes fubtiles la grandeur du
Soleil et des Planètes et déterminent en même temps leur diftance; combien grande
auffi la différence entre ceux qui admirent les mouvements variés et l'agilité des ani-
maux et ceux qui confidèrent en eux l'agencement de tous les membres, leur fort
Pavante composition ou architecture. Que fi les autres Planètes ne le cèdent pas en
dignité à notre Terre, comme nous l'avons pofé plus haut en guife de principe et de
fondement, il faut qu'il y exifte des animaux qui non feulement contemplent et admi-
rent les oeuvres de la nature, mais dont la raifon s'occupe à les examiner et à les en-
tendre; il faut auflî que ceux-ci foient parvenus à des réfultats également importants.
Qu'il s'enfuit que ns nc regardent donc pas feulement les aftres mais cultivent aufii la feience Aftrono-
les habitants des . . ■> r % .- , , . ■/• t-i i_i /•
Planètes cultivent m,cluc:> nen ne s oppole a ce que nous conlidenons ceci comme vrailemblable li ce
les feiences et par- n'eft la fureftimation de nos capacités que nous diète notre orgueil et dont nous ne
mi elles l'Aftrono- nous affranchifions que difficilement. Je n'ignore pourtant pas que d'aucuns diront
pour une autre raifon que nous attribuons avec trop d'audacité cette feience aux
Planéticoles: lavoir que nous fommes parvenus a ce réfultat par une accumulation de
confidérations vraifemblables, et que fi une feule de nos conclurions eft faufile, tout
ce que nous avons bâti deflus s'écroule comme dans le cas d'une conftruction maté-
rielle vicieufe. Mais je voudrais qu'ils entendent que ce que nous avons dit fur l'étude
de l'Aftronomic peut être confirmé en omettant prefque tout ce qui a été allégué
jufqu'ici, et qu'on peut prendre notre opinion fur ce llijet comme point de départ.
En effet, après qu'il avait été pofé que cette Terre doit être confidérée comme appar-
tenant à la famille des Planètes et comme n'étant pas Supérieure aux autres en dignité
ou en équipement, qui oferait dire qu'en elle feule le trouvent des êtres qui jouifient
du fpeclacle fi magnifique de la Nature? Ou du moins que parmi ceux qui en jouifient
nous fommes les feuls par qui les myftères du ciel ont été plus ou moins dévoilés et
compris? Voilà comment nous avons pu plus brièvement prouver l'exiftence dans les
Planètes d'une feience Aftronomique d'où s'enfuit celle d'un animal planétaire rai-
fonnablc ainfi que beaucoup d'autres choies précédemment conclues. De forte que
cette nouvelle argumentation fert aufîi à confirmer nos conclulions antérieures. Et
pour qu'il devienne encore plus probable que du moins dans le cas des Planètes fupé-
rieures, Jupiter et Saturne, la connaiflTance de l'Aftronomic n'y fait pas défaut, il faut
confidérér que fi les hommes ont été amenés à l'obfervation des aftres, comme on
peut l'admettre, par l'étonnement ^9) et la crainte que leur infpiraient les éclipfesdu
Soleil et de la Lune, il doit en avoir été ainfi à plus forte raifon dans le cas de ces deux
Planètes à caufe des éclipfes de Lunes prefque journalières et des éclipfes de Soleil
•'y) Qui ne se rappelle ici ce que dit Aristote dans sa Métaphysique (I § 2): Jta yip ra SaupéÇwv ol
xvâpbinot xai vûv xai. z'o vowzm -fioÇwro ftkoaoféiv.
COSMOTHEOROS. 733
ftella? à vagis différant, quseque caufa fît diverfarum anni cempeftatum intelligunc:
qui denique fubtili ratiocinio magnitudinem Solis acPlanetarumjimulqucdiftantiam
eorum mctiuntur; quantumque item inter eos qui animalium varios motus agilitatem-
que mirantur, 6k. hos qui tabricam omnium membrorum, artificiofiffimaraque compa-
gem, architecturamque in iis fpeculantur? Quod 11 igitur Planetae rcliqui dignitate
non cedunt Telluri noftra.% ut in fuperioribus principii fùndamentiquelocopofuimus;
opoitet ibi animalia exiftere, quas non folum naturse opéra fpectent & admirentur, fed
quorum ratio in examinandis, intelligcndifque iis occupetur, nec minora quam nos 1Iinc Planctarum
confecuta lit. Itaque non tantum fidera intuentur, fed & Aftronomiae feientiam ex- mcolas lKntlls
* ,' excolere, &. inter
colunt; neque aliud obftat quo minus hoc verilîmile credamus, quam fuperba illa eas,Aftronomiam.
noftrarum rerum aftimatio, quae | ditiicultcr fane deponitur. Scio tamen futuros, qui O 54)-
dicant nimis audacler nos iita Planetarum incolis tribucreimultorumquippe vcrilimi-
lium accumulatione hue cfle perventum; quorum (i unum quodpiam contra fe habcat,
quam poiitum (it, cadat, velut in vitiofa adifteatione, omne quod fuperftruximus. Scd
frire eos velim, hoc quod de Aftronomiae ftudio diximus, omilfis fere omnibus hafte-
nus adductis confinnari potuiffe, atque inde initium fieri. Poftquam enim poiitum fuit
Terram hanc inter Planetas efTe habendam, neque iis dignitate aut ornatu praferen-
dam; quis dicere audeat in ea fola reperiri, qui lpeclaculo Naturn?, quod unum pul-
cherrimum ac magnificentiiîîmum eft, fruantur? aut inter eos quibus hoc contigit,
nos unos efTe quibus caeli arcana penitius perfecliufquc perfpefta fint? Ecce igitur &
hac breviore via comprobata in Planetis Aftronomia cognitio, ex qua & animal rati-
onis compos, & pleraque alia qua? praceffere, illis ineffe confequebatur. Adeo ut, ad
priora confirmanda, heee quoque noviffima argumentatio conducat. Quo vero magis
probabile fiât, faltem in ruperioribus Planetis, Jove ac Sa|turno, Aftronomiae noti- (/'• 55)«
tiam non deefle, confiderandum eft, quod lî hommes ad fidera obfervanda impulit, ut
credi par eft,admiratio3y) & pavor in defeétibus Solis & Lunse;multo magis, in utro-
que hoc Planeta, ea ratio valere debuit, propter cotidianas fere Lunarum, crebrafque
734 LE COSMOTHEOROS.
fort nombrcufcs qui y arrivent. Un être fictif, ignorant également ce qui fepaffedans
toutes les Planètes, dirait donc qu'il eft beaucoup plus vraifemblable que l'Agronomie
fe cultive en ces deux grandes que chez nous.
Or, la connaiffanec et l'ufage de cette feience étant admis chez les Planéticoles,
combien de nouvelles conclufions n'en peut-on pas tirer conjefturalement fur leur
vie et leur état?
Ainfi que les feien- D'abord aucune obfervation d'aftres où l'on fe propole d'examiner leurs mouve-
Cuiv fervent nients ne peut être faite fans appareils, que ceux-ci foient compofés de métal ou bien
de bois ou d'une autre matière folide. Pour qu'ils en poflTèdent, ils doivent auffi ne
pas être dépourvus des inftruments de nos ouvriers, tels que la feie, la pioche, le rabot,
le marteau, la lime; et ceux-ci ne fe peuvent avoir fans l'ufage du 1er ou d'un autre
métal également dur. Or, dans la conllruftion de ces inftruments entre néceflairement
Comme auffi la ]a divifion d'arcs de cercle en parties égales ou de lignes droites en parties inégales:
.tonu ne c .j ^ donc le fecours de la Géométrie et de la feience des nombres. Mais il elt avant
1 Arithmétique. J
tout néceffaire que la mémoire des obfervations l'oit tranfmife à la poftérité, que les
Et l'an d'écrire, temps et Epoques foient notés, ce qui ne femble pas pouvoir être expliqué fans écrits.
Il faut donc qu'ils aient auffi leur manière d'écrire, peut-être fort différente de la nôtre
telle qu'elle cfr. en ufage chez prefque tous les peuples, mais qui ne peut guère être
plus ingénieufe ou plus aifée à apprendre. Car qui ne voit que notre méthode elt de
beaucoup préférable aux innombrables caractères des Chinois 4°) et bien plus encore
aux noeuds de cordes ou images peintes qui étaient en ufage chez les barbares de la
Mexique et du Pérou. Nous voyons du moins que les hommes de toutes les Régions
ont cherché un art d'écrire ou de faire des notes; il réfulte de la généralité de ce
phénomène qu'il ne fera pas étonnant (î les habitants des Planètes, fous l'empire de
la nécefTité, ont également inventé un tel art et l'ont appliqué à l'Aftronomie ainfi
qu'à l'étude des autres feiences. La néccffité de l'écriture dans les chofes Agronomi-
ques appert auffi par la confidération fuivante: les mouvements der aftres doivent
pour ainfi dire être devinés 4I) d'après différentes hypothèfes, et celles-ci doivent
être corrigées ultérieurement par d'autres fuppofitions, au fur et à mefure que les
défauts des premières font prouvés par l'obfervation et les raifonnements Géométri-
ques: or, rien de tout ceci ne peut être tranfmis à la poltérité fans avoir été configné
dans des écrits et expofé par des figures.
4°) Ce n'est pas là l'opinion des Chinois eux-mêmes. Voyez p.e. la Préface du livre „Chinese Cal-
ligraphy, an introduction to its a;sthetic and technique" by Chiang Yee, with a foreword by Lin
Sen, président of the Chinese National Government, London, Methuen & Co. sans date
(± »937>
41) C'est ainsi que Kepler avait deviné que l'orbite de Mars est une ellipse, ce qu'il vérilia ensuite
par de laborieux calculs basés sur les lieux observés de la planète.
COSMOTHEOROS. 735
Solis, quce illic contingunt, eclipfes. Ut fi quis sequè ignorare ponatur quid rerum in
Planons omnibus geratur, multo verifimilius dicmrus fit Aftronomiam in majoribus
illis duobus, quàm in hoc noftro, vigcre.
Polka autem apud Planericolas hujus fcientiae cognitione & ufu, quam multa hinc
prsterea confequuncur quae de vita ftatuque eorum reliquo, pneter jam dicta, novas
conjecturas afferant?
Primùm enim nulla obfervatio fiderum, ad motus eorum inveftigandos, abfque Et W* ci i»fel'v'-
oiganis inltitui potett; five ca è métallo, iivc è ligno aliave folida materia fabricata "ntanesmec ani'
fine. Quod ut fiât, nec rabroruminftrumento, ferra, afcia,dolabra,malleo, lima, carere rit&Geometriam
poflunt; neque haec habere abfque ufu ferri aut seque duri cujufpiam metalli. Sed & Arithmeticam.
circnli arcus in partes squales divifi, aut line«e | reda? in inaequales, in illis organis (/>. 56).
requiruntur. Atque hic jam Geometrias ce numerorum ratio arceffenda eft. Sed ante
omnia quoque necefle ell ut obfervationum memoria ad polteros tranlmittatur; ut
tempora & Epochœ annotentur; qua: fine feriptonon videnturexplicaripoffe. Opor- Etfcribendiartem.
tet igitur ut & fuam feribendi artem habeant, multum fortaffe diflimilem nollrje, qua
fere omnes populi utuntur, fed qua," vix ingeniolior, aut ad difeendum facilior elfe
queat. Quis enim non videt longe eam praeferendam cfie Sinarum innumeris characteri-
bus+°), multoqucmagisfuniculorum nodis, aut piétis imaginibus, qua; apud barbaros
Mexicanos Peruvianofque in ufu erant. Omnium quidem Regionum homines aliquam
feribendi, aut quoquo modo annotandi, artem quœtivifle videmus: quô minus mirum
lit, fi ce Planetarum incoke, neceffitate coacti, eam repererint, ac deinde ad Altrono-
mia? aliarumque difeiplinarum lhidia adhibuerint. Necefîitas vero feripura; in rébus
Auronomicis etiam ea rc cognofeitur, quod cum hypothefibus variis, fiderum motus,
quafi divinandi fint +'); eaeque hypothefes priores in fequentibus corrigendae | prout (/>. 57).
obfervatis & Geometriae ratiociuiis vitia earum coarguuntur; nihil horum polteris
tradi poteft, nili literis conlignatum, figurifque expofitum.
736 LE COSMOTHEOROS.
Mais après que nous leur avons attribué toutes ces connaiffances-là, notre aftro-
nomie fera pourtant encore beaucoup plus éminente et plus parfaite, tant par lacon-
naiflance de la véritable forme du fyftème univerfel que par l'emploi des télefeopes
à l'aide defquels nous contemplons les corps Planétaires et leurs grandeurs et diverfes
formes, apercevant auffi les montagnes lunaires et leurs ombres, ainfi que l'immenfe
L'Optique. multitude des étoiles, et autres chofes inviiibles fans ces inflruments. De forte qu'il
elt prefque nécciïaire, a moins que nous ne voulions de nouveau nous flatter d'être
plus heureux en cette matière, d'accorder auffi aux Planéticoles cette perfection de la
connaiffance des chofes célefles, donc auffi une acuité vifuelle qui ou bien furpaffede
beaucoup la nôtre ou bien elt fecourue comme la nôtre par des appareils à lentilles de
verre ou h miroirs. Ce que j'hélite cependant à affirmer pour qu'aucun lecteur, à caufe
de cette feule affirmation audacieufe, ne penfe devoir juger tout le refte de la même
farine et pareillement ridicule.
Ce n'eft certes pas fans raifon, femble-t-il, que quelqu'un pourrait faire l'objection
que nos êtres Planétaires peuvent être exempts de toute feience plus fubtile de même
qu'il en était pour les peuples de l'Amérique avant que les Européens y pénétrèrent.
Ayant égard à eux ainli qu'aux multiples peuples également barbares de l'Afrique et
nue ce. feiencesne ^e l'Afie, il pourra fembler que le feul but de l'architecte fouverain ait été que les
font pas contraires , ...-.,. r , . . , . ~ . , ,
ou fupérieures '1 la hommes jouiraient de la vie en le contentant des biens et plaiiirs naturels et en reve-
nature humaine, rant avec reconnaiflance le donateur de toutes chofes; tandis que la curiofité feienti-
fique fe ferait emparée d'un petit nombre contrairement a la nature. Mais nous ne
manquons pas d'arguments pour répondre à ceux qui foutiennent cette thèfe. Dieu
a certainement prévu que les intelligences humaines fe développeraient au point
d'examiner les chofes céleftes, de trouver des arts utiles a la vie, de parcourir les mers,
de tirer des métaux du fol. L'une ou l'autre de ces chofes aurait-elle pu arriver con-
trairement aux vues de cette intelligence infinie? S'il les a prévues elles font aufîi
deftinées au genre humain, et l'on ne pourra pas juger contraire à la nature l'applica-
tion à des arts et des doctrines qui ont précifément trait à fon inveftigation. Surtout
puifqu'on ne peut raifonnablemcnt être d'avis qu'un fi grand défir et amour de feience
auraient été vainement plantés dans les cfprits humains. Mais ils militeront de nou-
veau, en parlant furtout de l'altronomie: s'il cil vrai que les hommes font nés auffi
pour cette fciencc-là, comment fe fait-il que fi peu s'en occupent? En effet, nous
conflatons en premier lieu que des quatre continentsc'eflprefqu'uniquement l'Europe
qui efl le fiège des études Agronomiques; car quant a l'Altrologie prétendant pouvoir
prédire l'avenir, qui n'eil pas une feience mais une miférable folie fouvent nocive,
j'eflime qu'elle ne doit pas même être mentionnée. Or, même dans le cas des Nations
Européennes il n'y a pas une perfonne parmi cent mille qui embraffe ces études ou
délire en apprendre quelque choie. D'autre part, en ayant égard au temps, ils diront
que bien des fiècles fe font écoulés avant que firent leur apparition les premiers rudi-
ments foit de l' Agronomie foit de la Géométrie fans laquelle l'Aflronomie ne pouvait
être apprife, puifqu'on fait quand ces feiences naquirent en Egypte et en Grèce.
COSMOTHF.OROS. 7 • yj
Poltquam vero omnia hsecjam iis concctferimus, Longe etiamnumprseftantiorper-
fediorque apud nos cric Gderum fcientia; vel propter agnitam fyftematis univerfi vc-
rillimam tbrmam, vel propter uilim telcfcopiorum, quibus Planetarum corpora,mag-
nicudinefque & varias formas intuemur; fuperficiei lunaris montes, montiumque Opticam.
timbras; ltellarum ingentem multitudinem, aliaque plura non alias videnda, percipi-
mus. Ut fere neceflTe lit, nili rurllis nobis tanqnam hac parte felicioribus blandiri vo-
lumus,etiam illam cognitionis rerum cftleitiumconfummationem Planetieolis tribuere,
iteraque videndi aciem, quœ vel nolïram longe exuperet, vel lentium vitrearuni, aut
fpeculorum adminiculo licut noirra, adjuvetnr. Quod tamen dicere vereor, ne quis,
ex hoc uno audacius aflerto, estera omnia seftimanda putet, ac rifu digna clamitet.
At non fine ratione, ut videtur, objiciet quilpiam, Planetarios noltros fortafle omni | (/>• 5*0-
lubtiliore fcientia deltitui, quemadmodum Amerieanx gentes, priufquam ad illas Eu*
ropei penctraffenr. Quas lî rcfpicimus, itemque in Africa, Aliaque permultas seque lla\ fctaitias i„,
barbaras, videbitur hoc tantum fummo opifici propotitum fui (Te, ut vita lruantur ho- ramnoneffe "
mines, naturaque bonis & voluptatibus contenti (int, grato animo omnium datorem
colentes; feientiarum vero inquilitionem prêter naturam paucos aliquos aflectafle.
Talia vero dicentibus non deell quod refponderi polîit. Praevidit enim certe Deus
hominum ingénia eo elfe procefTura, ut res cadettes ferutarentur; ut artes vita,' utiles
reperirent; maria quoque navigarent, mctalla effoderent. Pofletne enim horum quid-
quam prxter mentem infinita: illius intelligentia;contingere'?Quod ii praevidit, etiam
hominum gencri ea deftinata funt, nec poterunt artium & dodxinarum ftudia, quafi
prêter naturam eflent, exillimari, qua? in ipfa natura indaganda occupantur. PraHertim
cum tanta illa cupiditas amorque feiendi non poflint cenferi fruftra hominum animis
infixa elfe. Infirabunt vero rurfus dicentque, de fiderali fcientia potillimum, ii ad banc
quoque homines nati funt, cur tam | pauci ad eam attendunt? Primum enim ex qua- (/'• 59)-
tuor Orbis partibus, fola fere elt Europa, in qua Albronomise rtudia excolantur. Nam
Altrologiam divinatricem futurorum, qua? non fcientia, fed miferum quoddam ae fepe
noxium delirium eft, ne nominandam quidem hic arbitrer. At in Europce Nationibus
non unus è centum millibus hfec ftudia amplectitur aut addifecre curât. Tum ad tem-
pus quod attinet, multa fecula effluxifle dicent, antequam aut Aftronomiae,am Geo-
metria.% fine qua illa difei non poteft, ulla rudimenta innotefecrent. Sciri enim quo
tempore in /Egypto & Gracia primum exortœ fuerint. Ac recte quoque adjicient
93
-38 LE COSMOTHEOROS.
Et ils ajouteront auffi à bon droit qu'il n'y a pas encore quatre-vingts ans 4-) qu'on
a découvert le véritable et fimple mouvement des Planètes, les épicycles (iétifs
ayant été rejetés alors feulement; ce n'eft donc qu'à partir de ce temps que l'Aftro-
nomie eft devenue une avec la connaiflance de la nature. Pour répondre à cet argu-
ment j'ajoute ce qui fuit à ma réponfe précédente tirée de la confidération de la
providence divine: on ne peut mettre en doute que les hommes font nés dans un état
tel qu'ils ont dû découvrir graduellement et en un temps fort long les différents arts
et feiences, aucun de ceux-ci ne leur étant inné ni ayant été fubitement révélé par
Dieu; que de plus les feiences dont nous traitons pour le moment font de toutes les
plus difficiles et les plus abftrufes; de forte qu'il faut plutôt s'étonner de ce qu'elles
ont jamais pu naître que de ce qu'on y a vu clair fi tardivement. J'avoue qu'en cha-
que âge peu de gens s'occupent de ces feiences ou les confidèrent comme ayant quel-
que rapport à eux; mais fi l'on prend une durée de plufieurs fiècles, leur Nombre ne
fera pas trouvé fort petit; et qui niera que leur bonheur efl: plus grand que celui des
autres, comme il le leur iemble aufli à eux-mêmes? Il futfifait, peut-on dire, que dans
ces chofes s'exerçait l'indullrie d'une petite minorité, attendu que dans ces conditions
l'utilité des chofes trouvées s'étendait néanmoins à des nations entières, aux peuples
en général. Or, vu qu'aux habitants de cette Terre, ne foit-ce qu'à un petit nombre
d'entre eux, eft échu le génie et l'aptitude pour fonder ces chofes; et qu'ils ne doivent
aucunement être cftimés plus excellents et plus heureux que ceux d'autres planètes,
la vraifemblance que nousavionstrouvéerefteentière: chezleshabitantsdecesplanètes
auffi il fe trouvera des perfonnes auxquelles la feience Agronomique n'eft pas étran-
gère. Pourfuivons maintenant notre inveftigation et voyons ce qui réfulte encore avec
néceflité de notre dernière conclufion.
Nous avons fait voir qu'avec la feience afixonomique il faut concéder aux Planéti-
coles non feulement la Géométrie et l'Arithmétique mais auffi les arts Mécaniques et
les inftruments. Ici le pofe naturellement la queflion de lavoir comment ils peuvent
fe fervir de ces inftruments et Machines et de leurs appareils pour obferver les artres
et comment ils peuvent tracer des lettres, ce que nous accomplirions, nous, à l'aide
de nos mains; ils auront néceffairement auffi des mains ou un autre membre qui puifle
Que les Pianénco- jes remplacer. Un Philofophc ancien 4') était d'avis que dans les mains le genre
' humain polTède un prérogatif tel qu'il faut les confidérer comme la caule de toute
leur fagefie. Il voulait évidemment dire que fans le fecours des mains les hommes ne
feraient pas parvenus à la culture de leur efprit et à la connaiflance des chofes. En
42) Pourquoi Huygens écrit-il 80 au lieu de 90 ou 100 ans? L'„Astronomia nova" de Kepler date
déjà de 1609. Il nous semble évident qu'il a simplement oublié de corriger le nombre 80: com-
parez la note 17 de la p. 551 qui précède.
"n) Il s'agir d' Aîiaxagore : voyez la p. 562 qui précède.
COSMOTHEOROS.
739
nonadhucoftogintaannosprœteriifle4*),ex quoverusac limplex Planetarum motus,
rejeriis Epicyclorum ligmentis, repertus Gt;atque tta dcnium Altronomia cum nacurse
cognitkme conjuncta. Hifce ut occurratur, addam ad fuperius refponfum, quod à di-
vins providentia petebatur, dubitari non polie, quin ea condirione homines nati linr,
ut multo tomporis decurfu paulatim artes difciplinafque eruant; nullam cnim harum
lis ingenitam cfle, aut fubito a Deo infuiam, & bas de quijhus nunc agimus, omnium (/>• 60).
elle ditricillimas remotiffimalque: ut magis mirum lit unquam incipere easpotuhTe,
quam tam tarde fuiffe infpectas. Pauci fateor lingulis œtatibus has curant, aut ad fc
pertinere exiftimant: l'ed li multorum fcculorum tempora cogitentur, non exiguus
flet illorum Numerus; quos, quemadmodum libi videntur, reliquis beatiores efTe quis
negaverit? Dcnique paueorum induilria in his rébus exerceri iatis erat, cuminvento-
rum utilitas ad nationes totas gentelque longe porrigatur. Cum igitur hujus Terra;
incolis, etiï paucis tantum, ad ea percipienda ingenium & aptitudo contigerit; nihi-
loque putandi iint ca?terorum planetarum habitatoribus praMlantiores feliciorefve;
manet profeclo, quam inveneramus, verifimilitudo, ut etiam apud illos reperiantur
qui cognitione Aftronomia; non careant. Nunc ad alia pergamus quae inde confequi,
necefle eft.
Oilendimus quomodo unh cum hac icientia, non folum Geomettria 6: Arithmetice,
ied & Mechanica; artes, inilrumentaque incolis Planetarum concedenda fint. I lie vero
jam fponte obvenit ut qusramus, quo pafto initrumentis illis, Maehinifque, & ad ri-
dera | obfervanda organis uti poflint, aut quomodo literas ducere; qux omnia nos ma- (/>• 6 1 .
nuum opéra exequimur. Itaque neceflario 6k manus habebunt, vel aliud quodpiam,
quod vicem earum fungi poiïit, membrum. In quibus hominum generi tantum efl'c Pl«oeticolu ma-
praîfidii exilbmabat è veteribus Philofophis quidam43), ut in iis caufam reponeret n
omnis eorum fapientia;. Qui, ut puto, boc fenfit, abfque manuum opéra homines ad
cultum animi, rerumque cognitionem non fuifle perventuros. Et vere quidem ille.
Finge enim pro manibus datas fui (Te ungulas,utequisck:bubus;nunquam nec oppida
'40 LE COSMOTHEOROS.
quoi il avait raifon. Suppofons en effet qu'au lieu de mains des fabotseuflent été don-
nés aux hommes comme aux chevaux et aux boeufs, jamais ils n'auraient pu, tout en
étant des créatures raifonnables, bâtir des villes ou même des maifons. Ils n'auraient
eu aucun iujet de converfation en dehors de ce qui le rapporte à la pâture, à la copu-
lation des fexes ou à la quellion de la fécurité. Ils auraient été dénués de toute feienec
et de toute recordation des événements. En un mot, ils fc feraient fort peu élevés au
defTus du plan des bêtes brutes. Et quel infiniment pourrait être aufli bien adapté que
la main à nos innombrables befoins? Les éléphants fe fervent, il efl vrai, avec une mer-
veilleufe dextérité de leur trompe, avec laquelle ils favent enlacer et projeter tous les
objets et aufli les foulever s'ils ne font pas trop grands, faculté qui a même valu à cet
organe le nom de main, quoiqu'en réalité il s'agifïe d'un nez prolongé. D'autre part la
plupart desoifeaux conflruifent leurs nids en fe fervantdc leur bec qui les metaufïi à
même de fe procurer des aliments. Mais en ceci il n'y a rien qui ne le cède de beaucoup
à l'agencement des mains. Leur conflruction mécanique, ainfi que celle des bras, efl
admirable: elle permet de les étendre, de les contracter, de les mouvoir en tout fens.
C'efl avec une mcrveilleufe induflric qu'ont été faites les articulations des doigts et du
pouce, de telle manière que par la traction des nerfs ils peuvent faifir tous les objets
et les tenir fermement. Pour ne rien dire du fens du tact, extrêmement fubtil, dans
les extrémités des doigts, à l'aide duquel nous diflinguons un grand nombre d'objets
même dans les ténèbres. Il efl donc clair qu'aux peuples Planétaires ont aufli été don-
nés des mains et des bras ou d'autres organes équivalents qui ne pourraient d'ailleurs
guère avoir été inventés avec plus d'adreffe; ceci pour que la nature ne doive pas être
cenfée avoir accordé plus qu'à eux non feulement a nous, mais aufli à l'efpèce des
linges et à celle des écureuils.
Et des pieds. On doutera encore moins de leurs pieds fi nous répétons ce que nous avons difïerté
plus haut fur les diverfes façons dont fe meuvent les animaux. Outre celles que nous
avons énumérées il ne nous fcmble pas qu'on s'en puiffe figurer aucune autre. Or,
aucune d'elles ne convient aufli bien à des Planéticoles doués de raifon que celle dont
nous nous fervons ici. À moins qu'en quelques-uns de ces Globes les habitants n'aient
été aufli munis de la faculté de voler; ce qui efl pourtant peu probable à caufe de la
néccflité de vivre en fociété dont nous parlerons plus loin.
Des yeux et un vi- \\ u"cft pas invraifemblable que des yeux élevés et un vifage propre à contempler
earder au loin et ^es a^rcs leur foient tombés en partage, puifqu'on conflate que par la providence
en haut. divine ceci a été ainfi fait dans le cas du corps humain, ce que les Philofophes célèbrent
à bon droit +4). Quanta la pofition des autres membres, fi nous jugeons digne de
louanges la fageffe de l'architecte qui a placé les yeux dans la partie fupérieure du
•*4) Tout lecteur qui connaît les Métamorphoses d'Ovide songera sans doute aux vers 85 — 86
du Lib. I: sublime dédit coelumque tueri jussit et erectos ad sidéra tollere vultus.
COSMOTHEOROS. -41
nec domos, licet ratione inftructi, axlilîeafient. Nihil de quo loquerencur habuiflent,
nilî de iis quae ad pabulum, aut ad conjugium, auc lui cucelam attincnt. ( )mni fcientia,
omnique rerum memoria caruillent: Denique à belliis parum abluillent. Quodnam
porro inftrumentum aeque accommodatum ac manus clic poffit ad innumera illa ad
qua; nobis ufui lune, obeunda? Elephanti probofeide mirabiliter utuntur, qua & am-
plecti quidvis & projicerc, minutioraque quasvis è folo tollcre norunt: unde 6k manus
eorum pars illa dicta eft, cum reipfa fit in longum produirais nafus. | Roftro quoque (/>-62)-
aves plerœque nidos exftruunt, alimentaque congerunt. Sed harum nihil cil quod non
manuum oportunitati longe concédât. Et eft fane, tam illarum quam brachiorum,
mirabilis quidam machinatio; ut protendi, reduci, inque omneni partem moveri pol-
lint. Tum mira indultrià inltituci digitorum ac pollicis articuli, ut nervorum attraétu
quolibet prehendant, firmiterque contineanr. Ut omittam fenfum illum, in extremis
digitis, exquifitiflima? fubtilitatis; quo vel in tenebris pleraque corpora internolcimus.
Patet itaque aut manus brachiaque, aut aliud quid eorum loco, quod vix aeque aptum
excogitari poteft, Planctarum populis datum efle, ne non folum nobis, fed 6k limiarum
6k fciurorum generi, plus indullifle hac in rc natura exiftimetur.
De pedibus vero minus etiam dubitabitur, fi repetamus ea qua? fupra diflcruimus Et pedes,
de vario animalium inceflu, qui non videtur aliis modis, quam quos ibi recenfuimus,
cogitari pofTe. Intcr eos vero non eft, qui tam benc Planeticolis ratione prsedîtis con-
veniat, quam quo & nos utamur. Nifi forte 6k volandi fàcultatem in aliquibus Globo-
rum iftorum ac|ccperunt. Quod minus probabile tamen propter vitam in focietate (/'• 63).
degendam, de qua poftea dicemus.
Non caret autemverifimilitudinc,creftosoculos,vultumquc ad lideracontemplanda Ereftos oculos,
iis contigifle, quandoquidem hoc in hominum corporc providentia divinâ lie inftitu- vu que"
tum videtur, 6k a Philolbphis merito celcbrari (blet44). De rcliquorum vero membre*-
rum pofitu, fi lapientiam artificis laude dignam cenlemus, quod oculos in fuprema
742 LE COSMOTHEOROS.
corps et les membres moins nobles loin d'eux de manière à les fouftraire plus ou moins
aux regards, ne devons-nous pas penfer qu'il a agi à peu près de même en formant les
corps des habitants de ces contrées lointaines? Nous ne difons pas pour cela qu'il leur
a donné une figure fcmblable à la nôtre. En effet, il exilte une variété pourainfi dire
Qu'il n'en réfulte infinie de formes poffibles que nous pouvons nous imaginer en fuppofant tant des
pourtant pas que différences entre les diverses parties de ces corps et les parties correspondantes des
entièrement i'em- nôtres qu'une autre économie extérieure et intérieure de l'enfemble. Nous voyons
biabie à la nôtre, avec combien d'art et de commodité quelques-uns de nos animaux (ont revêtus de
laine ou de poils, d'autres plus élégamment encore de plumes et de pennes. Pourquoi
les Planétaires raifonnables ici confidérés ne feraient-ils pas recouverts d'une façon
femblable? Chez nous les bêtes font apparemment à cet égard dans une meilleure
condition que les hommes. A moins que ceci n'ait été ainfi établi dans ce but que la
nudité même forcerait les hommes à inventer et fabriquer divers genres de couver-
tures, de forte que ceci ferait un moyen de développer leur intelligence. Il eft au
moins évident que de cette néceflité réfulte une importante aétivité commerciale et
induitrielle. Mais la nature a peut-être créé les hommes nus auffi dans le deffein de
leur laifTer le choix de fe vêtir plus légèrement ou plus abondamment de manière à fe
pouvoir accommoder au féjour dans tous les lieux de la terre. Une autre différence
plus grande que celle-ci entre les corps des Planétaires et les nôtres pourrait être
fuppofée: nous conftatons que quelques animaux ont été formés par la nature de ma-
nière à avoir pour ainfi dire leurs os au dehors et leurs chairs en dedans, enfermés
dans les os, comme il en elt des écrevifles, des langouftes et auffi, à un certain degré,
des tortues. Cependant elle n'a choifi cette tlruéture des membres que dans quelques
animaux afîez vils. Une autre raifon pour laquelle j'hélite à attribuer cette itruéuire
aux Planéticoles, c'eft qu'ainfi formés, ils feraient dépourvus de Tuiage fubtil et varié
desdoigts,duquelnousavonsmontréqu'ilsontbienbefoin. Quant à la laideur de leur
figure, ce ferait là un argument qui à lui feul ne ferait pas grande imprclîion fur moi.
nue nen n'empé- \\ faut certes fe garder du préjugé vulgaire fuivant lequel un efprit capable de raifon
cbe qu'un efprit • u i • ' r i-i v.i * r* > n. j> * • •
raifonnable ne ré- nc Pourrait habiter qu un corps lemblable au notre. L eit d après cette opinion erro-
lide dans une née que prefque tous les peuples, et auiïi quelques Philofophes, ont attribué à leurs
forme tout autre. dieux la forme humaine; il exifle même une fecte Chrétienne qui a reçu fon nom de
cette conviction 45). Or, qui ne voit que ceci eil bafé uniquement fur l'imbécillité et
l'opinion préconçue de ces hommes? Et qu'il en cil de même de la prétendue beauté
fans pareille du corps humain? Car c'eit ce qui dépend entièrement de l'opinion et de
l'habitude et de cette tendance providentiellement inculquée par la nature à tous les
animaux, de faire le plus d'état de leurs femblables. Cellef-ci ont en vérité un fi grand
pouvoir fur nous qu'à mon avis on ne regarderait pas fans une certaine horreur un
animal fort diffemblable à un homme qui fe trouverait faire ufage de raifon et pofféder
la faculté de parler. Car fi nous imaginons feulement ou deffinonsun être qui, tout en
étant fcmblable à un homme fous tous les autres rapports, a un cou quatre fois plus
long, ou bien des yeux ronds et deux fois plus diftants l'un de l'autre, il en réfulte
COSMOTHF.OROS. 743
corporis parte collocaverit; fordidiora vero membra procul inde, atque a confpeétu Nectamentùncfe-
quodammodo removerit; nonne putandum eit eadem fereobfervafleillumin tbnnan- quieorumfonnani
dis iltorum procul habitantium corporibus? Née enim propterea dicimus figuramP0 p
noftrae limilcm iis cribuiffe. Eit enim infinita quaedam animo concipienda Ibrmarum
poliibilium varietas, qua ec Gngulae quoique partes iflorum corporuni a noltris differre
queant, & totorum exterior interiorque reconomia. Ccrnimusquam apte & commode
animalium nollrorum qiuvdam lana aut pilis velliantur; alia elegantius ctiam plumis
pennifque. Quidni iiti in Planetis, quos rarioràs participes diximus, aliqua limili rati-
one | tefti fuit? propter quod meliori quidem conditione beltia.% quam homines, apud (/>. 64).
nos elle videntur. Nifi hoc eo fine lie conltitutum fuit, ut ipfa nuditas necellitatem
hominibus imponcret queerendi ac fabricandi varia operimentorum gênera, atque
hincetiammgenii exercendi materia exiiteret. Et apparet fane,exhacneceflitate,non
minimam commerciorum, artificiorumque mechanicorum occafionem nafei. Sed &
propterea forfan nudos homines naturaproduxit, utproarbitriofuotenuiusdenfiufve
amicti incedere poflint; atque ita ad quafvis terrarum oras inhabitandas fe(e compo-
nere. Alia vero major hac, quam diximus, differentia intclligi poffet inter corpora
Flanetariorum ac noltra; cura animalia qua:dam ita à natura formata reperiantur, ut
veluti offa extrinfecus habeant, carnes introrfum, atque oilibus inclufas, qualia funt
cancri, aftacique, & fore etiam teltudines. Attamen hanc membrorum compagem, &
in paucis vilioribus tantum illa fecuta eit, & Planetarum incolis, quo minus eam tri-
buam, facit, quod fubti'i varioque digitorum ufu carituri e lient, quo tam valde eos
opus habere oftenfum fuit : nam abfurda fpecie non multum alioqui moverer. | (p. 65).
Etenim omnino cavendum eit ab errore vulgi, cum animum rationis capacem non Quo minus animus
alio in corpore, quam noitris limili habitare poiïe libi perfuadet. Ex quo faCtum eit, rationis capax eti-
ut populi penè omnes, atque etiam Philolbphi quidam, humanam formam diis ad- am, aln .™8.m"
. . / . rT » ? ... r r .,r rà tl- ri • j- habitct, nilnl mi-
lcnplennt; Lmo ut, a hmih perlualione, cuidam Lhnltianorum iecta? nomen inditum petijrc-
fuerit45). Hoc vero non nili ab hominum imbccillitate & prarjudicata opinione pro-
licifci quis non videt? uti illud quoque, quod eximia quidam pulchritudo humani
corporis effe putatur: cum tamen ab opinione & affuetudine id totum quoque pen-
deat, affectuque eo, quem cunctis animalibus natura provida ingeneravit; ut fui fimi-
libus maxime caperentur. Illo verô tantum poffunt, ut non fine horrorealiquo animal
homini multum diflimile confpectum iri credam, in quo rationis & fermonis ufus repe-
riretur. Nam (i taie folummod > (ingamus aut pingamus, quod, caetera homini fimile,
collum quadruplo longius habcat, vel oculos rotundos duploque amplius diltantes;
45) La secte chrétienne dont parle Huygens est celle des anthropnmorphhtes de Syrie et d'Egypte
du quatrième et cinquième siècles, lesquels se figuraient Dieu sous une forme humaine puisque
l'Ecriture parle de ses pieds, de ses mains etc. Erreur condamnée — est-il besoin de le dire? —
par l'Eglise. Comparez le Dante, Paradiso IV 43—45:
Per questo la Scrittura condiscende
a vostra facultade, e piedi e mano
attribuisce a Dio, e altro intende.
"44 LE COSMOTHEOROS.
tout-de-fuite une figure qu'il nous eft impoffible de regarder fans averfion quoique
fans pouvoir l'accufer raifonnablement de difformité,
nue les habitants J'aj dit p]us haut, en parlant de la grandeur de ceux qui habitent les Planètes qu'il
d/notre taUl ■'!" ^em^e probable que leur taille n'eft pas beaucoup inférieure à la nôtre. Ma première
plus grands. raifon c'eft que, de même que les corps humains ont à la grandeur de la Terre une
proportion telle qu'ils peuvent la parcourir en entier et apprendre à connaître fa
forme et fon volume, il efl: probable que dans le cas des autres Planètes et de leurs
habitants raifonnables la chofe a été ordonnée de même, à moins que nous ne voulions
encore une fois nous juger fupérieurs à eux fous ce rapport affez important. D'autre
part, comme nous avons fait voir que l'aftronomie et l'art d'obferver y font cultivés,
il s'enfuit qu'ils ont été pourvus de corps capables de manipuler le bois et les métaux
et de les utilifer pour la conftru&ion d'inftruments et de machines; lefquels donnent
d'autant plus de réfultats qu'ils font plus grands. Si nous nous figurons des nains de
la taille de fouris, ceux-ci ne pourraient pas faire de bonnes obfervations aftronomi-
ques; ils ne fauraient ni conrtruire des inftruments à cet effet ni même s'en fervir.
J'eftime donc qu'il faut certainement les fuppofer égaux ou fupérieurs à nous-mêmes,
ceci furtout en Jupiter et Saturne dont les Globes furpaffent tant de fois notre Terre
en grandeur.
Qu'ils vivent en Enfuite, puifque, comme nous l'avons dit, l'étude de l'aftronomie ne peut être
pourfuivie fans la notation des chofes obfervées, et puifque d'autre part l'art d'écrire
n'appartient qu'à ceux qui vivent en fociété et n'a pu être inventé que fous l'empire
des néceffités urgentes de la vie, tandis qu'il en efl: de même e.a. pour l'art des char-
pentiers et celui des fondeurs de métaux, il s'enfuit (ce que j'admettais déjà plus haut)
que les fociétés font en honneur chez les habitants des Planètes et qu'ils fe prêtent
mutuellement des fervices, qu'il exirte donc là-bas fous ce rapport une grande res-
femblance aux chofes de chez nous. C'eft pourquoi il faut dire de plus que les habi-
tations ftables leur conviennent mieux que la vie ambulante. Quoi donc? auront-ils
auffi les autres inftitutions propres à la vie fociale? des lois, des Magiftrats, des maifons
clofes, des villes, des marchandifcs et du commerce? Il efl établi que chez les barbares
de l'Amérique ainfi que chez les peuples infulaires ces inftitutions exiflaient à peu près
comme chez nous déjà au temps où l'on pénétra dans leurs domaines pour la première
fois. Je ne voudrais cependant pas nier que ces chofes peuvent être différentes des
nôtres dans les autres Planètes, puifque parmi les inftitutions nommées quelques-unes
pourraient faire défaut à une fociété d'êtres raifonnables, n'ayant été inventées que
pour que nous ne faffions pas de notre raifon un ufage mauvais, nuifiblc à autrui, et
qu'ainli la fociété rifquât de fe difloudre.
Car il eit poflîbk que fur ces autres globes on vit dans une telle abondance qu'on
ne délire rien qui appartient à autrui et qu'on ne vole pas. On peut y être fi équitable
et bien équilibré qu'on y obferve perpétuellement la paix, qu'on ne fe drefle pas
d'embûches les uns aux autres, qu'on ne s'entretue point; mieux encore qu'on ne fe
hait point et qu'on n'entre point en colère. S'il en était ainfi ces perfonnes-là devraient
COSMOTHROROS. 745
continue") ex figura nafeuntur, quas non pofllmus intuentes non averfari, quamvis
ratio deformitatis nu lia reddi queat.|
Dixi in fuperioribus cum de magnitudine agerem incolarum qui in Planetis funt, (/>• 66).
verilimile videri non elTe eos valde exiguos nobifeum comparatos. Suadet enim hoc Planeticolas nobis
prim6, quod probabile fit, ficut corpora hominuni Ce habent ad Tclluris magnitudincm, ^ {omette*
ut peragrare univerfam poiîînt, atquc ita formam molcmquc ejus cognofeere; eodem
modo & in caeceris Planetis incolifque eorum rationalibus ordinatum elle; niil hac in
re, quœ fane magna elt,nos iplis rurfus praferre velimus. Deinde cum fiderum feien-
tiam & obfervationes apud eos exerceri oltenderimus, fequitur ut & corpora naéti
lint lignis metallifve traftandis, inque inltrumenta machinafque adaptandis, idonea.
Qua? & eo prairabiliora funt quo ampliora. Ac fane (î homunciones quofdam, muribus
non majores, cogitemus, non poirent ij fiderum animadveriiones,quales requiruntur,
inftituere; nec inibrumenta ad eas parare, aut difponere. Itaque omnino vel sequales
nobis ponendos elle exiftimo, vel majores, ac prafertim in Jove, Saturnoque, quorum
Globi tanto Tellurem noilram fuperant.
Porro quia, ut diximus, aftronomia; Itudium fine annotatione obfervatorum non
po|teft procedere, ars vero feribendi non nill in focietate rationc utentium, & cogen- (.P- 67)>
tibus vitîe necefïitatibus, inveniri potuit; nequemagisarsfabrorumautfuforia;fequi- Eosi,1<°cietatev,i-
tur ex eo (quod fupra dicebam) & focietates coli apud Planetarum indigenas,acmu-
tuas opéras eos inter fe prœttare; adeoque hac parte fimilitudinem magnam ibi elTe
noftratium rerum. Quamobrem & certas ftabilefquc fedes potius quam ambulatoriam
vitam iis convenire dicendum eft. Quid igitur? an & extera lbciali vira? propria habe-
bunt? leges, Magiftratus, tecla, urbes, mercaturas aut rerum permutationes? Certe
equidem apud barbaros America? & infularum populos, cum primum ad eos perven-
tum ert, eadem haec fere jam in ufu erant. At non propterca negaverim aliter iita in
Planetis czeteris fe haberc polie quam apud nos; cum ex iis quœdam fint qua? abeffe
queant à focietate animalium ratione prsditorum; coque tantum excogitata, ne rati-
one maie utamur & cum aliorum injuria, itaque focietas folvatur. PofTunt enim in aliis
iibs globis in ea rerum abundantia verfari, ut nihil alieni appetant, rapiantvc. PolTunt
ea efle sequitate, ut pacem perpetuo colant,necfibi | invicem infidientur, aut mortem (A 68)-
inférant; imb ut neque oderint nec irafeantur; quod fi effet, multo quam nos feliciores
94
•4.6 LE COSMOTHEOROS.
être eftimées bien plus heureufes que nous. Mais il eft plus vraifemblable que, tout
comme chez nous, là-bas aufïi le mal eft môle au bien, la fottife à la fagefle, la paix à
la guerre, et que l'indigence, maîtrelTe des arts, n'y fait pas défaut. En effet, nous
avons montré auparavant que ceci aufïi a fon utilité; et même s'il n'y en avait point,
nous n'aurions cependant pas de caufe pour préférer leur condition à la nôtre.
Qu'ils jouiffent du Ce que je dirai maintenant, femblera alTez ofé, je le fais, fans cependant être im-
'" probable. Si les peuples Planétaires vivent en fociété (ce que nous avons conclu tout-
à-1'heure) je foutiens qu'outre les commodités qui en réfultent ils en éprouvent un
plaifir femblable à celui que nous recueillons de nos réunions et con ver fa tion s amica-
les, de nos amours, de nos farces, de nos fpectacles. Ceci, dif-je, cil probable, parce
que, fi nous ne concédions rien de tel aux Planéticoles, mais que nous les conlidérions
comme vivant toujours férieufement, fans aucune gaîté ni aucun divertifTement,nous
leur dénierions un excellent condiment de la vie dont celle-ci pourrait difficilement le
palier, et que nous fuppoferions ainfî notre vie à nous plus heureufe, contrairement
aux poftulats de la raifon.
Pour faire un examen ultérieur de leurs occupations et pafîe-temps, voyons lefquelles
de leurs affaires, outre celles dont nous avons déjà parlé, ont probablement quelque
reffemblance aux nôtres. Qu'ils fe conftruifent des maifons, c'eft ce qu'on peut inférer
avec une grande vraifemblance du fait que, comme nous l'avons fait voir, dans ces
terres-là auffi il tombe des pluies. Ceci en effet fuivait du fait qu'en Jupiter nous aper-
cevons certaines bandes variables de nuages contenant fans doute des vapeurs et de
l'eau, laquelle nous argumentions auffi pour d'autres raifons n'y faire pas défaut. Il y
aura donc des ondées et des vents parce qu'il eft néceflaire que l'humidité attirée par
le Soleil retombe fur la terre et que les vapeurs engendrées par la chaleur par la dillb-
lution de l'humidité font caufe de vents; le fouffle de ces derniers fe reconnaît à la dite
figure variable des nuages de Jupiter. C'cft donc contre ceci que probablement, pour
Qu'ils conftruifent pouvoir paffer les nuits en fécurité et en paix (en effet, ils ont, comme nous, des
nuits, partant auffi du fommeil), ils fe muniflent en bâtiffant des maifons et des chau-
mières ou en creufant des cavernes. Et cela d'autant plus que chez nous toute efpèce
animale à l'exception des poifibns ■)rt), fait des conllruétions de ce genre pour fa fécu-
rité. Mais pour quelle raifon penferionf-nous que des maifonnettes et des chaumières
feulement font confinâtes par les habitants des Planètes et non pas des maifons amples
et magnifiques, fi ce n'eft celle que nous ne pouvons pas nous imaginer que nos cho-
ies à nous ne feraient pas belles et parfaites au-defTus de toutes les autres? Or, que
fournies nous? Nous fommes ceux qui habitent ce petit globe qui n'eft pas même une
dix-millième partie des globes de Saturne ou de Jupiter, lorfqu'on fait la comparaifon
de leurs volumes. Aucune raifon ne peut donc être alléguée pour laquelle on ne con -
4rt) Ou du moins de In grande majorité des poissons.
COSMOTIIF.OROX. -4-
putandi Gnt. Sed verilîmilius eft, ut queinadraodum apud nos, fie ibi quoque bonis
mala, fapientix ftultitia, paci bellum mifceatur, nec défit egeftas artinm magiftra.
Quia & ex his utilitatem aliquam profieilei antea oftendimus; &, C\ nulla cfi'ct, tamen
nec praîterendi res illorum rébus noftris caulam habemus.
Quod autem nunc dicam, audaeius, fcio, videbitur; nec tamen probabilitate caret. CoHoquiorum ju-
Nempe, C\ in ibeietate (quod jara penè obtinuimus) vivant gentes Plane tarum; etiam, cun ltat<"
pra?ter commoda inde provenientia, voluptate aliqua tali cas affici, quali nos, ex con-
grelîïbus colloquiifque amicorum, amoribus, jocis, fpeclaculis. I Ioc, inquam probabile
eft, quia ii nihil horum Planeticolis concedamus, fed femper eos ferib, ac fine om ni
hilaritate, aut animi remiffione agere putemus; ingens vita,' condimentum, quoque
vix illa carere pofllt, fis adempturi iimus, atque ita noftram hanc beatiorem tacluri;
contra quam ratio poftulat.
De rcliquis vero occupationibus & ftudiis | illorum ut porro inquiramus; videndum Q>> 69)-
eft quaenam iftorum, pra-'ter ea qua,4 jam diximus, cum noftris aliquam fimilitudinem
habere probabile fit. Domos fibi eos conltruere, ideo vel maxime credere libet, quod
& pluvias in terris illis cadere oftendimus. Sequebatur enim hoc ex eo, quod in Jovis
Planeta nubium quidam mutabiles tractus cernuntur; vapores, aquamque haud dubie
continentes: quam aliunde quoque illic non deefie argumentis aditruebamus. Crunt
ergo & imbres & vend, quia attraftum h foie humorem recidere in terrain necefie
eft; & calore foluti vapores ventorum caufa funt; quorum fîatus ex illa nubium Jovi-
alium mutabili facie cognofeitur. Adverlus hoc ergo, ut noétes tuto & quiète tranfi- Domos adverfus
gant (habent enim & noctes & fomnum proinde, uti nos) munire Ce eos, cafafquc ac p inun,cx
tuguria xdificare, aut ipecus eflTodere, verifimile eft. Atque eo magis quod omne genus
animalium, apnd nos, exceptis pifeibus46), ad fui tutelam haïe molitur. Cur vero cafas
& tuguria, & non domos amplas & magnificas Planetarum habitatonbus cxftrui cre-
damus, nifi quod non pofiumus res noftras non prœ omnibus pulchras pcrfeclafque
putare. ! Qui autem nos? Nempe in globulo illo vitam agentes, qui non decies mille- (/>• r°)-
limam partem globorum Saturni aut Jovis a-quet, fi corporum moles inter fe confe-
rantur. Nulla equidem ratio adferri poteft cur non Architectural elegantiam, fymme-
triamque, a.4que cognitam habeant in iftis csterifque Planetis, ac nos in noftro: nec
cur non palatia, turres, pyramidefque alicubi noftris multoaltioresiumptuofiorelque,
748 LE COSMOTHEOROS.
naîtrait pas en ces autres Planètes aufli bien que chez nous l'élégance et la fymétrie de
l'Architecture, ou pourquoi on n'y bâtirait pas quelque part des palais, des tours et
des pyramides beaucoup plus élevés et plus fomptueux, et tout aufli harmonieux, que
les nôtres. Et comme dans ces chofes s'exerce une induftrie fort variée des hommes,
telle que celle qui s'occupe de la taille des pierres, de la cuiffon de la chaux et des
briques, de l'ufage du fer, du plomb, du verre et aufll de l'or pour les ornements, il
eit vraifemblable que là-bas fe trouvent des induftries nullement inférieures à toutes
celles d'ici.
Que fi la furface de chacun de leurs Globes eit divifée d'une manière femblable à
celle de chez nous, c. à. d. qu'une partie efl: occupée par de la terre ferme et une
autre par des mers comme on peut le conclure des obfervations fufmentionnées de
Jupiter, puilque des nuages ne peuvent guère provenir que de vaftes nappes d'eau, il
y a une très forte raifon pour les juger aufli navigateurs. Même fans pouvoir alléguer
ces raifons nous ne (aurions fans arrogance revendiquer pour notre Globe Terreftre
feul une choie fi importante et fi utile. C'elt furtout fur les mers de Jupiter et de Sa-
turne que la navigation doit être commode à caufe de l'abondance des Lunes, par le
moyen defquelles ce qu'on appelle la mefure des longitudes, qui ne nous eit pas pos-
fible de cette manière, y doit être facilement obtenue. Que s'ils font ufage de navires,
combien d'autres chofes n'auront-ils pas qui s'y rapportent : des voiles, des ancres, des
cordes, des poulies, des gouvernails, et, comme nous, l'ufage particulier de tous ces
attirails, de forte qu'ils pourront naviguer avec un vent prefque contraire, et vers
deux côtés oppofés avec le même vent. Il ne leur manquera peut-être pas non plus
Qu'ils naviguent l'invention de la bouflole fi le mouvement de la matière magnétique qui traverfe con-
smffi leswts qui tinuellement notre globe eit une chofe à laquelle correfpond un mouvement analogue
s\ rapportent, dans le cas des autres planètes. La feience Mécanique et l' Aftronomie font abfolument
néceflaires dans la navigation, donc aufli la maîtrefle de l'une et de l'autre, favoir
la Géométrie, dont nous avons déjà parlé plus haut.
J'cftime d'ailleurs, même en n'ayant pas égard à ces arts ou à quelques autres dans
lcfquels ou bien la néceflité ou bien l'occafion a fait naître une Géométrie primitive,
que les raifons ne manquent pas pour lefquelles il eit vraifemblable que la connais-
lance de cette feience eft échue aux Planéticoles. Car foit qu'on coniidère le prix et
Comme aufli la ja dignité de cette feience en elle-même, dans laquelle il eit fait un infiffne ufage de
Gdomctrie ,
notre intelligence et fe trouve une compréhenfion certaine et indubitable de la vérité,
comme elle n'exiite en nulle autre chofe et en nulle autre feience; foit qu'on tient
compte du fait que fa nature eit telle et que tels font aufli les axiomes et fes énoncés
qu'elle doit être partout abfolument la même en quelqif endroit et à quelque temps
ou en quelque monde qu'elle fe préfente; il femble bien qu'une chofe de fi grande
valeur n'ait pas été inftituée pour nous feuls, rendue acceflible aux habitants de notre
Terre feulement. N'eft-il pas vrai que la nature même nous préfente de beaucoup de
manières des figures Géométriques, par exemple des circonférences de cercles, des
triangles, des polygones, des fphères, et nous invite pour ainfi dire à en chercher les
COSMOTHEOROS. -40
nec minori concinnitate exaedificent. Cumque multiplex iit hominum in his rébus
indulrria; ut in caedendis lapidibus, coquenda calce & lateribus; cum ferro, plumbo,
vitro utantur, atque ad ornatum auro quoque; his omnibus nihilo inferiora illic haberi
virilîmile eft.
Si vero divifa ett illis, licuci nobis, Globi fui fuperficies, ut pars terrain, pars maria
contineat; uti ex fupra memoratis Jovis obfervationibus colligi potell, quianubes vix
aliter quam ex maris amplis tractibus enafeerentur; pennagna ratio cil ut ck. navigare
eos putemus. Cum alioqui etiam rem tantam, tamque utilem, noltra Telluris Globo
foli non abfque arrogantia aferipturi fimus. PraMertim verô in Jovis Satumique mari-
bus commoda eflet | navigatio propter Lunarum plurium utrobique copiam; quarum « /• ."')•
ductu longitudinum meni'uram, quam vocant, qua; nobis non cou tigit, facile confequi
polfint. Quod (i navium ufuin habent, quam multa pra?terea habebunt quœ ad cas
pertinent; Vêla, anchoras, fîmes, trochleas, gubernacula; & horum ufum peculiarem
queinadmodum nos; ut vento penè contrario navigetur, in contrarias vero partes
eodem vento facillime. Nec fortaiïe nautica.1 pyxidis invento carebunt; fiquidemmo- Navigare, adeoque
tus materia: magnetica?, qua: terra globum continue pervadit, cfl ejufmodi quid, ut &ciunt excolere
cœteris quoque planctis convenire cenferi poilk. Mechanicae quidem feientia, & Altro-
nomia:, in rc navali neceflario requiritur, atque adeo utriurque harum magiftra Geo-
metria, de qua jam ante aliquid attigimus.
Exiftimo autem, ctiamfi nec ad iftas artes nec ad alias quafdam rcfpiciamus, in qui-
bus vel neceflitas vel occafio Geomctriae inveniendae initium fecerit, non décile ratio-
nes, quibus verifimile fiât ejus notitiam Planetarum incolis obtigifle. Sivc enim cog-
nitionis ipfius pretium ac dignitas fpeétetur, in qua fingularis quidam intelligentiae eft
ufus, ac certa | indubitataque veri comprehenfio, quanta in nullis rébus difciplinifve (/>• 72)*
aliis reperitur: vive quod eft ejufmodi natura fua, ac talia ejus axiomata & effaça, ut Ut&Oeomctriam.
quoeunque loco & temporc, autquibufcunqueinmundiscxtet,prorfuscademubique
elTe debeat; videtur omnino non folis Telluris noitrse incolis restalisparataaut oblata
elTe. Quid quod figuras Geometricas, velut circulos, triangula, polygona, fphaeras,
multis modis natura ipfa oculis objicit, ad variafque eorum proprietates indagandas
quafi invitât; in quarum contemplatione, etiam extra utilitatem omnem, fumma eft
"50 LE COSMOTHEOROS.
diverfes propriétés, dans la contemplation desquelles, même en dehors de toute
utilité, il y a un fort grand plaifir? Qui n'efl pas faitî d'admiration lorfqu'il apprend
ce qui e(t enléigné fur la circonférence de cercle dans les Éléments d'Euclide et dans
les lieux Plans d'Apollonius, ou ce qu'Archimède a publié fur la furface de la fphère
et la quadrature de la Parabole, ou qu'il confidère les découvertes fi fubtiles des auteurs
modernes? Or, la vérité de toutes ces chofes et les voies qui y conduiiént font les
mêmes en Saturne et Jupiter que chez nous; tout y dépend des mêmes principes fort
Amples, ce qui doit nous porter à croire bien facilement qu'en ces autres planètes il
y a des individus qui prennent part à cette fort belle et fort agréable étude; quoique
le plus grand argument pour cette thèfe fe tire de l'utilité de la dite feience pour toute
la vie. Que fi jedifaisqueles habitants des Planètes ont pénétré allez loin dans le do-
maine de la Géométrie pour avoir inventé les Tables des Sinus et les Logarithmes et
le calcul Analytique, il pourrait fembler que j'avançais des chofes étranges et prefque
ridicules. Il n'y a cependant aucune raifon pour ne pas admettre qu'ils peuvent avoir
trouvé une partie de ces chofes ou qu'ils les trouveront plus tard; et même peut-être
des théories plus remarquables que celles que nous pofledons. Car nous ne devons
pas, comme je l'ai déjà fouvent dit, préférer nos conditions, en nous préférant nous-
mêmes, à celles des Planéticoles.
Il efr. de plus certain que ce que nous remarquons d'unique et d'éternel dans la
feience Géométrique le trouve également dans celle de l'Harmonie, puifque toutes
les confonances confident dans une melure et proportion coudantes, et que tout
l'ordre des tons, ainfi que tout le charme du chant même univocal, font fondés fur les
La Manque. confonances. D'où s'cniuit que chez tous les peuples on chante les mêmes intervalles,
foit que la voix progrcfl'e par des degrés continus foit que ce (bit par des fauts. Des
auteurs dignes de foi rapportent même qu'en Amérique vit un certain animal qui fait
entendre iix tons mulicaux fucceflifs*); d'où reflbrt que la nature même en preferit les
invariables rapports. Comme ce qui le rapporte à ce fujet elt donc conltitué d'une
façon certaine, unique et nécefl'airc, il cil vraiièmblable que, non moins que la Géo-
métrie, le plaifir de la Mufique appartient a plus d'individus qu'à nous. Car, l'exigence
d'autres terres et d'autres animaux raifonnables et doués du iènsacoultique ayant été
une fois admife, pourquoi ce plaifir uniquement réalilable par le fou ne ferait-il tombé
en partage qu'à nous? J'ignore de quel poids fera pour autrui l'argument tiré ici par
nous de l'unité et de l'immuable nature de ces arts; pour moi il n'eft ni faible ni mé-
prifable; il me femble n'être guère inférieur en force à celui dont je me fuis fervi plus
haut en établhTant que la faculté de voir convient aux animaux Planétaires.
Or, s'ils prennent plaifir aux tons harmonieux et au chant, il cft auffi prcfqu'im-
poilible qu'ils n'aient pas trouvé quelques infirruments mulicaux, puifqu'il doit leur
être arrivé de tomber même par halard fur des inventions de ce genre, grâce par
exemple à des cordes fort tendues, à des fons aériens, au bruit du fouffle dans des
tiges de rofeaux ou de ciguës. De même que nous fouîmes parvenus de pareils com-
mencements aux lyres, aux guitares, aux Mûtes, aux inltruments à un grand nombre
COSMOTHEOROS. -5 1
oblectatio. Quis cnim non admiratur, cum difcit ea qua.* de circulo in Klementis Eu-
clidcis, ck Apollonii locis Planis docentur? aut quas de fphserx fuperficie& quadratu-
re Parabole Archimedcs prodidic, aut recentiorum fubtiliflîma inventa? Quorum
omnium cadcm. & ad difcendum a^que expofita, cil veritas in Saturno, ac Jove, atque
apud nos, & ex iifdem fimpliciffimis principiis pendens, quo lacilius credi poteft pul-
eherrimi jucundilfimiquc ftudii in illis ac cxteris planetis aliquos participes efle: Ktli
précipite hoc fuadet utilicas qux ex eo in omnem vitain émanât. | Quod ii jam eo ufque (p- 73)-
rei Geometrica? peritos qui in Planetis lunt dicerem, ut & Tabulas Sinuum, & Loga-
rithmos, & calculum Analyticum invenerint; abfona ac pêne ridicula proterre viderer.
Nec ramcn quidquam obftat quin horum aliquid reperifle potucrint, aut aliquando
reperturi fint; atque etiam his noftris fortafie majora. Non debemus enim, ut jam
fepe diximus, praîferre nos ipfos ac rcs noftras rébus Planeticolarum.
Creterum illud quod uniufmodi & sternum in Geometrica fcientia inefle animad-
vertimus, fimiliterquoquein 1 Iarmonicisinveniricertumeft;cumconfonantia: omnes
confiant] meniura ac proporrione conftituantur, omnis vcro phtongorum ordo, om-
nilque cantus dele&atio, etiam vocis fingulae, in confonantiis fundata lit. Quo fit ut Mllllt-'»»-
apud omnes gentes eadem tonorum intervalla canantur, iivc per gradus continuos,
five faltu vox progrediatur. Imo animal quoddam in terris Americie reperiri fide digni
auc~tores narrant, quod fexmuficostonosdeinceps voce exprimat*): Ut apparent ipiam
naturam immutabili ratione eos praMcribcre. Quandoquidcm igiturquîchucipcctant,
certa quoquc & ! unica, & necellaria ratione (efe habent, verifimile cil, non minus (P-74-)-
quam Geometria?, etiam INIuficce obleclationem ad plures quam ad nos pertinerc.
Pofitisenim aliis terris atque animalibus ratione & auditu pollentibus, cur tantum his
noftris contigiflet ea voluptas, quas (bla ex fono percipi poteft? Nefcio equidcm qu-
antum apud alios valiturum fit argumentum, quod hic ab unitate, & immutabili nature
iftarum artium petiimus; mihi non levé aut contemnendum videtur, nec multum ei
cedcre, quo in fuperioribus ufus fum, cum videndi tacultatcm Planctariis animalibus
convenire docui.
Porro C\ tonis harmonicis & cantu deleCtentur, vix quoque fieri poteft quin & in-
ftrumenta quidam mufica repererint; quoniam & calu inhujufmodi inventa incidere
contingit: velut chordis valide contentis, aeris fono, cannarum aut cicutarum libilo.
Aquibusinitiis, ficutiad teftudines, citharas, tibias, & organa polyplcftra nos perve-
*V>
-52 LE COSMOTHEOROS.
de cordes, de même auront-ils pu inventer, eux, des inftruments non moins élégants.
Qui pourrait ce- Mais tandis que les tons et les intervalles des chants font bien déterminés, nous voyons
uantui ererde cepe]U|am auprès d'un nombre de divers peuples autant de différents modes et nor-
mes de chant: il en était ainfi dans l'antiquité pour les peuples Dorique, Phrygique
et Lydique; dans le préfent fièclc pour les Français, les Italiens et les Perfans. Il eit
donc poiîible que l'Harmonie des Planétaires s'écarte allez loin de toutes celles que
nous venons de mentionner, en étant pour leurs oreilles fort agréable. Mais il n'y a
pas de raifon pour la juger plus primitive que la nôtre: pourquoi ne feraient-ils pas
ufage, eux auili, de fons chromatiques et de quelques fous Enharmoniques? puiique
la nature fournit auiFi les femitons et les définit par des proportions fixes. Pour qu'ils
ne l'oient pas allés moins loin que nous dans ces matières, il faudra peut-être aulfi leur
accorder la polyphonie des voix ou des cordes, la mixture artificielle tant des tons
diflbnants que du triton et de la quinte diminuée. Je fais que ceci aura bien peu de
vraifemblance pour beaucoup de gens, moins encore fi nous proclamons les habitants
de Jupiter ou de Vénus aulîi doftes que ceux qui excellent le plus dans cet art en
France ou en Italie. Et cependant il peut être vrai qu'ils les furpafïent même; ils peu-
vent nommément dans la partie Théorique de cet art avoir été à même de comprendre
ce qui jufqu'ici eft relié plus ou moins inintelligible aux hommes de cette terre-ci. En
effet, fi vous demandez à nos Muficologucs pourquoi la fuccelfion de deux quintes eft
fautive 4"), d'aucuns diront que la trop grande douceur doit être évitée qui provien-
drait de la répétition d'une confonance ii agréable; d'autres que dans l'harmonie il
faut rechercher la variété. Voilà ce que répondent nos principaux auteurs fur cet art,
et parmi eux Defcartes +3). Mais un habitant de Jupiter ou de Vénus démontrera
Pourquoi il eft feu- peut-être que la caufe plus véritable c'eft la fuivante : en palfant immédiatement d'une
efeirefuccé ei Qujnte a une autre \\ fe produit quelque chofe d'analogue au pafTajre fubit à un autre
une quinte a une x , ' r - ° v-i i ■> i r-
t|l,inte. mode, puiique la Quinte, jointe au fou qui la partage en tierce (lequel, s il lait défaut,
eft mentalement ajouté) définit le mode : or, un tel changement de mode eft à bon
droit jugé par les oreilles défagréable et mal fondé, comme auili généralement nous
4") Voyez aussi sur cette question les p, 129 et 170 du T. XX. A la p. 1 10 du dit Tome nous avons
fait mention de la présente page du Cosmothéoros.
48) Dans le Ch. XII („De ratione componendi et modis") de son „Compendium Masicse" Des-
cartes s'exprime comme suit: „ . . . ad majorem clegantiam & concinnitatem ha?c sequentia
observanda sunt: . . . Secundo. Ut nunquam duœoctava: vel dua?quintœseinvicemconsequan-
tur immédiate. Ratio autem quare id magis expresse prohibeatur in liis consonantijs quam in
alijs, est quia hae sunt perfectissim.se; ideoque, dum una ex illis audita est, tune plane auditui
sai isfactum est. Et nisi illico aliâ consonantià ejus attentio renovetur, in eo tantùm occupatur,
ut advertat parum varietatem & quodammodo frigidam cantilena? symphoniam. Quodidemin
tertijs alijsque non accidit: immo,dum illn; iterantur, sustentatur attentio, augeturque deside-
rium, quo perfectiorem consonantiam expectamus".
COSMOTIU'.OROS.
nimus, ira illi quoque non minus elegantia excogitare potuerint. Sed quemadmodum
certi definirique licet iint coni, cantufque intervalla, tamen apud diverfos populos
alium | acque alium elle canendi morem|acnormam videmus; ut ollm apud Dores, {P-75J-
Phrygas, I ,ydos; noftra setate apud Gallos, Italos, Perfas : ira fieri poteft ut ab omnibus Que ta,ncn »
i • i" . • i m il • -ii >i •,]• t « aoftra diverfa efle
his longius abeat rlanetariorum 1 larmonice, quamvis îllorum aurions gratmima. (. ur ff
vero noftra rudiorem opinemur nulla ratio eft; neque ctiam cur non & chromaticis
Ibnis, & quibufdam Enarmoniis utantur? cum hemitonia quoque natura luppeditet,
certifque propordonibus definiat. lmo ne minus aflecuti fînt hifee in rébus quam nos,
ctiam plurium voeum aut chordarum concentus, artificiofaqucpermifb'o,ck diflbnan-
tium tonorum, & tritoni, & diapente diminutae ulus iis fortafle concedendus lit. Scio
vis aliquam veriiimilitudinem apud multos haec habitura, ac minorcm etiam, (i aeque
doetos dicamus in Jove aut Venere incolentes, ae funt ii qui in Gallia, ltaliave pluri-
mum hae arte exeellunt. Et tamen fieri potclt ut vel illis peritiores fint, ac prax-ipuc
in parte Theoretica hujus artis ea perfpexerint, quœ apud noftrates holee parum bac-
tenus intellecta funt. Si enim ex uoilris Mufitis qmeras, cur confonantia diapente port
aliam (imilem vitiofe ponatur+rt), dicent | alii nimiam dulcedincm devitari, qua; ex gra- (A .~6)-
tiflhnx confonantia iteratione nafeatur: alii varietatem in barmonicisfequendam elfe.
I Irec enim prsecipui artis auetores, cumque iis Cartelius4"), adferunt. At Jovis aut Cur confonantia
Veneris incola forfan veriorem hanc caufam demonftrabit, quod a Diapente ad aliam fimyem yitiofe *"
deinceps pergendo, talc quid fiât, ae fi repente toni rtatum immutemus; cum Dia- ponatur?
pente, unà cum interjeclo ditoni fono, (qui fi défit, mente fuppletur) toni fpeciem
certo conrtituat : hujuimodi vero fubita commutatio auribus merito injucunda incondi-
95
754 LE COSMOTHEOROS.
frappe comme plutôt dure (fi ce n'elt en pafTant) la fucceflion de trois Ions confonants
à l'harmonie de trois autres, aucun àc^ trois premiers n'étant confervé. Ce même
habitant faura peut-être ce qu'aucun de nos hommes n'a encore remarqué, lavoir
pourquoi dans aucun chant monophone ou polyphone, le ton ne peut être maintenu
à la même hauteur fi ce n'eft par cette caufe que la plupart des intervalles confonants
font fpontanément et inconfeiemmcnt tempérés de manière à s'écarter quelque peu
dcf> intervalles parlai cernent juftcs. Et pourquoi dans un fyftème de cordes ce tempé-
rament cil le meilleur lorfque de la Quinte un quart de comma eft partout retranché.
Ce que nous avons récemment montré pouvoir être effectué finis différence fênfible
par la divilion des octaves en 31 parties égales, d'où réfultc un certain cycle Harmo-
nique fermé ),;). Or, fi les habitants des Planètes ont conçu ces vues théoriques, il elt
nécelfairc que les nombres Logarithmiques leur l'oient auflî connus.
Démonftration de Q» qllc j'aj dit de la néceflité de tempérer le Ton de la voix, demande une démou-
la néceffi té d'appli- .■% '■ n j./v -i 1» • • • j iz"
1 ' t ration qui n eu pas dirlicue: nous 1 ajoutons ici attendu que nous avons deia coni-
quer un tempera- i t i J n _ J
ment au ton de la mencé h débiter autre chofe que nos rêves. Je dis donc que fi quelqu'un chante fuc-
x"x- ceflivement les fons que les Muficiens défignent par les Lettres C, F, D, G, C par
des intervalles confonants abfolument parfaits, en élevant et baiffant alternativement
la voix, ce dernier ton C fera inférieur de tout un Comma (comme on dit) au pre-
mier C d'où partait l'on chant. C'efl ce qu'on peut conclure du fait que des rapports
juftes correfpondant à ces intervalles, lefquels font 4 a 3, 5 à 6, 4 à 3, 2 à 3 fe compofe
le rapport 160 à 162 au Ho à 81 qui eft celui du Comma. De forte que, fi ce chant
eft répété neuf fois, il faut que la voix ait baifTé à peu près d'un ton majeur, corres-
pondant au rapport 8 :o. Mais le feus de l'ouïe ne fouffre aucunement cette defeente;
il fe fouvient au contraire du ton initial et y retourne; Nous fommes donc obligés de
faire ufage d'un certain tempérament occulte et de chanter ces intervalles imparfai-
tement, ce dont réfulte une offenfe de l'oreille beaucoup moindre. Et c'elt prefque
partout que le chant a befoin d'une pareille correction, comme cela appert facilement
par une conipolition des rapports telle que celle ci-deflus. Voilà ce que nous avons
voulu expofer à l'avantage de ceux qui étudient cet art et ne font pas dénués de toute
connaiflTance de la Géométrie. Nous retournons maintenant au point d'où nous étions
partis.
Nous avons parlé de certains arts et de certaines inventions que les Planéticoles
ont vraifemblablement en commun avec nous. Outre ceux-ci il faut qu'il en exifte
là-bas d'autres encore, ayant trait foit à l'ufage et la commodité de la vie (bit aux di-
verthTements. Combien ces arts font nombreux et importants, c'efl ce que nous nous
figurerons le mieux en énumérant et plaçant devant nos yeux ceux qui fe trouvent
chez nous.
Consultez sur ce sujet le T. XX.
COSMOTHEOROS. -55
taque judicetur; cum etiam in univerfum ea plerumque durior accidat, (pnvterquam
in tran fi tu) quse fitàtribusfonisconfonis,ad triumaliorumharmoniam,nullopriorum
manence. Sciet etiam Ole idem fortaûe, quod nemo adhuc aniuiadvercit noitrorum
honrinum, cur in nullo vocis unius, pluriumve cantu, tonus fervari poffit in eadem
altitudine ac tenore, niii confonanria intervalla pleraque ultro, ac nemine advertente,
ica temperentur, ut à perieetione fumina nonnihil defeifeant. Et cur optimum lit hoc
temperamentum in chordarum fyfteinate, cum ex Diapente quarta pars | commatis (/>.--).
ubique deciditur. Quod idem abfque fenfîbili diferimine effici ex divifione Diapafon
in partes sequales 31, indeque Cyclurn quendam Harmonicum in le redeuntem exi-
ilere, non ita pridem oftendimus49). Quod tanieri Planetarumincolaîfiperfpexerunt,
etiam Logarithmorum nuineri iis noti elle debebunt.
At de Tono vocis temperando quod dixi, probationem habetnondifficilem; quain Demonftratiotem-
hic adjungimus, quandoquidem jam aliquid praster fomnia nolira venditare cœpimus. Perament» in tono
... „ . , . " ,. a 1 ,• • 1 •. ' r* r* tv r* r^ vocis adhibendi.
Ajo itaque, li quis canat demeeps lonos, quos Alulici notant Litens L, r , D, (*, C ,
per intervalla confona, omninô pcrfecïa, aïternis voce aicendens defcendenfque; jam
polteriorem hune fonum C, toto Commate, quod vocant, inferiorem fore C prit ire,
unde cani cœpit. Quia nempe ex ration ibus intervallorum iltorumperfectis,qiuv liint
4 ad 3, 5 ad 6, 4 ad 3, 2 ad 3, componitur ratio 160 ad 162, hoc eft 80 ad 8 1, quas
efl Commatis. Ut proinde, ii novies idem hic cantus repetatur, jam propemodum
tono majore, cujus ratio 8 ad 9. deicendille vocem, tonoque excidilïc oporteat. Hoc
vero nequaquam patitur aurium | fenfus, (ed toni ab initio fumpti meminit, eodeinque
revertitur. Itaque cogimur, occulto quodam temperamento uti, intervallaque ifta
cancre imperfecta; ex quomultomiuororituroirenfio. Atque hujufmodi moderatione
fere ubique cantus indiget; uti colligendis rationibus, quemadmodum hic fecimus,
facile cognofeitur. Et hœc quidem in gratiam artis illius lludioforum nec Geometria?
rudium exponere placuit. Nunc eo unde difeeffimus revertimur.
Diximus de artibus inventifque quibuldam qua.* nobifeum communia habere Pla-
neticolas verifimile ht; praeter quae etiam alia exftare illic neceffe eft, five ad ufus 6c
commoda vitae facientia five ad dclechuionem. I Iaec vero quam multa (int, quantique
iacienda, ita optime rationem inibimus, fi plurima illa, qua? apud nos reperiuntur,
recenfere & ob oculos ponere libucrit.
756 LE COSMOTHEOROS.
J'ai donné plus haut une lifte des efpèces d'animaux et de plantes terreftres qui
difiérent le plus les uns des autres, outre lefquels il s'en trouve une foule de moins
dilïèmblables; et j'ai dit qu'il faut croire que dans les terres des Planètes il n'en exilte
pas moins de l'un comme de l'autre règne, quoique de tout autres formes qu'ici. Con-
fidérons maintenant l'utilité et les commodités que nous offrent tant le règne animal
que le règne végétal, et l'oyons perfuadés que les habitants des planètes ne profitent
pas moins des animaux et des plantes qui iè trouvent chez eux.
Aperçu des avan- \\ mérite d'être conftaté ici combien nombreufes et grandes font nos richeffes. En
viennent des ani- c^Qt-> outrc cluc les fruits des arbres et les plantes balles nous fournillènt des aliments,
maux, des herbes les arbres par leurs fruits e.a. par les noix, les plantes baffes par leurs femences, feuil-
et des arbres. ]cs ct racines, et qu'il eft fait ufage d'un grand nombre de végétaux dans la médecine,
nous tirons des arbres la matière avec laquelle nous bàtiffons nos maifons et nos vais-
feaux. Nous fabriquons nos habits de lin, ayant inventé l'art de filer et celui de tiffer.
Nous tournons des fils et des cordelettes de chanvre ou de genêt; des fils nous faifons
des voiles et des filets, des cordelettes des cordes et des cables pour les ancres. Nous
jouiffons des odeurs et des couleurs des fleurs, et quoiqu'il y en ait aulli quioffenfent
les narines et qu'il fe trouve des plantes nocives, il s'y cache cependant fouvent
quelque chofe de bon: ou peut-être la nature s'cft-elle propofé que par la comparaifon
avec ce qui eft mauvais ce qui eft bon ferait mis en relief; ce qui lui eft, pouvons-nous
dire, un procédé familier. Et combien grands font les avantages que nous tirons des
animaux ! Les brebis fournifïént de la laine pour nos habits, les vaches du lait, les unes
et les autres de la viande. Nous nous fervons des ânes, des chameaux, des chevaux
pour leur faire porter nos faix, et encore pour nous faire porter nous-mêmes fur
leur dos ou nous faire tirer par eux en voiture. Où nous rencontrons l'excellente
invention des roues que je voudrais attribuer aufli aux habitants des Planètes, ayant
déjà plus ou moins démontré qu'ils vivent en fociété et qu'ils bâti (lent des maifons.
S'ils mangent, comme nous, les animaux ou bien qu'ils s'en tiennent au lèntiment
qui était chez nous celui de Pythagorc, c'eft ce que je ne laurais décider. Il appert
fans doute qu'à l'homme a été donnée la liberté de fe nourrir de tout ce qui naît fur
la terre ou dans l'eau et contient quelque chofe de mangeable, comme des plantes
balles, des fruits d'arbres, du lait, des oeufs, du miel, des poiflbns, de la chair de la plu-
part des oifeaux et des quadrupèdes.
En quoi il peut fembler étrange que cet animal raifonnable eft ainii fait qu'il doit
vivre par la deftruction et l'occifîon de beaucoup d'autres êtres. Ceci ne doit pour-
tant pas être eftimé contraire aux décrets de la nature, puifque nous voyons que les
lions, les loups et autres bêtes de proie ont pour nourriture le bétail et toute autre
forte d'animaux plus faibles; que les aigles donnent la chaffe aux colombes et aux
lièvres; que généralement les poiflbns dévorent d'autres poiflbns plus petits qu'eux-
mêmes. Quant à nous, la nature nous a même fait don de diverfes fortes de chiens de
chaffe pour que nous puidions nous emparer par leur viteffe et la finette de leur odo-
rat de ce que nous ne (aurions pourfuivre en nous fervant de nos propres pieds. Mais
COSMOTHEOROS. 7<v
Expofui fupra animantium fruticumque apud nos gênera quae plurimum inter le
figuris differrent: praeter quae, minus dillimilium, ingens copia reperiatur: dixique
nihilo pauciora utriufque generis, ut longe diverfa, in Planetarum terris exftare pu-
tandum. Nunc etiam illud videamus, quae utilitas quaeve commoda, tum ex animali- P'79)>
bus, tum es herbis arboribufque ad nos perveniant, aeprorfus verifimile exiftimemus
non minora ex iis, quae illie terrarum inveniuntur, ad incolas ipfarum redundare.
Hic vero operaepretium elt ut quae fintdivitiaenoftraeinfpiciamus, quae multaemag-
naeque funt. Nam, praeterquam quod alimenta nobis arborum rru&us herbaeque (iip- R-e«nfentur com
peditent; illae pomis, nucibus; hae leminibus, foliis, radicibus; quodque plurimorum ^yen^têxan0!-
cx bis in medieina ulus eft; petitur ex arboribus materia quadomosnavefquefàbrica- malibus, herbis,
mus. Mi lino vetles paramus, exeogitatis nendi & texendiartilieiis. Excannabe, fpar- arboribus.
tove, fila ac raniculos torquemus; ex iîlis vêla ae retia conficimus, ex funiculis rudentes
Ck funes anchorarios. Florum porro odoribus coloribuique oblectamur; & quamvis
lint etiam qui nares offendant, & noxiaequaedamherbaeinveniantur,tanienii] iis faepe
boni quid dclitefcit; vcl fbrtafle hoc egit natura ut comparatione mali bona magis
eminerent : quod multis in rébus lecuta videtur. Quanta vero ex animalibus ell utilitas?
( )ves lanam ad j veftitum prcebent, vaceze lac; utrîeque carnes ad vefeendum. Afinis, (/'• 80).
camelis, equis, ad portandas farcinas utimur. His etiam ut nos velinfeenfi venant, vel
curribus juncti pertrahant. Ubi egregium illud rotarum inventum occurrit, quod li-
benter Planetarum quoque habitatoribus adfcriberem, cum jam in focietate eos viverc
& domos aîdificare pêne evicerim. Utnnn vero etiam animalibus prociboutantur,an
Pythagorae fimile dogrna fequantur, non habeo quod arlirmem. Apparet quidem hoc
homini datum efle, ut omnibus iis alatur quas vel in terra vel in aquis nafeuntur, (i
quid nutrimenti contineant; ut herbis, pomis, lacle, ovis, melle, pifeibus, volucrum
quadrupedumque plurimorum carnibus. In quo mirum fane videri poteft, animal illud
rationis compos ita effe comparatum, ut cum multorum aliorum pernicic caxleque
vivat. Xec tamen natura; pra-feriptocontrarium hoc efîeputandum cft, cum placuiiïe
758 LE COSMOTHEOROS.
outre tous ces avantages que nous procurent les animaux et les plantes baflès, l'auteur
des choies a voulu que nous en tirions aufli la fatisfaction de pouvoir étudier leurs
diverfes formes, leurs manières de vivre et de le multiplier, où il fe trouve une variété
prefqu'infinie et beaucoup de choies admirables que font connaître les écrits des na-
turalises. Et dans le monde des infeétcs même, qui n'admire les cellules hexagonales
des abeilles, les toiles des araignées, les chryfalidcs des vers de foie dont nous fabri-
quons par une incroyable induitrie une étoffe fort délicate et cela en li grande quan-
tité que des navires entiers en font chargés. Qu'il fuffife d'avoir rappelé fommairement
ces quelques faits au fujet des règnes végétal et animal en tant que profitables à
l'homme.
Des Métaux. Confidérons en fuite combien grande eil fon industrie dans la recherche des métaux
ainti que dans l'art de les extraire du fol et d'en examiner les qualités; de même dans
celui de les fondre, de les purger, d'en faire des alliages; d'amincir les plaques d'or ou
de les diflbudre dans du mercure pour qu'à peu de frais tous les objets voulus reçoi-
vent la fplendeur et la couleur de l'or. Songeons combien grande et variée cil l'utilité
du fer: toutes les nations qui l'ont ignorée ont vécu à peu près exemptes des arts
mécaniques et n'ont eu pour armes que des arcs, des malfues et des piques. Nous
avons de plus, nous, la poudre (mixture de fourre et de nitre) et lés divers ulages. On
peut d'ailleurs mettre en doute s'il eil: plus utile que nuiiible. Il femblait que par fa
force iingulière, jointe à un grand art de fortifier les villes, une fécurité plus grande
que celle d'auparavant avait été trouvée contre les attaques des ennemis; mais nous
voyons qu'en même temps la violence de ces derniers s'eft également accrue; d'autre
part dans les combats il y a bien moins lieu aujourd'hui que jadis au courage et à la
force individuelle. Il eil: rapporté qu'anciennement un Empereur Grec a dit que le
courage périt lorfque furent faites les inventions des Catapultes et des Baliftes 5°);
c'eil une complainte que nous pouvons pouffer aujourd'hui avec plus de raifon en-
core, furtout depuis l'invention de ce qu'on appelle les Bombes, contre lefquelles les
villes et bourgs ne peuvent fe défendre par leur fituation: quelle que (bit leur force
ils font détruits et égalités avec le fol. C'eil pourquoi, en ne confidérant que cette
feule raifon, il faut dire qu'il aurait été plus profitable aux hommes d'être privés de
cette invention. Une fallait pourtant pas nous en taire dans rémunération fommaire
des inventions de notre Terre, puifqu'il eil vraiièmblable que fur les autres Planètes
aufli quelques arts nocifs ont vu le jour en outre des bons.
De l eau, de l air, ]\i0jns dubieufe eft chez nous l'utilité de l'eau et de l'air. C'eil à eux que nous
et de diverfes in l .
duftnes. devons la pollibilité de naviguer et de mettre à notre fervice des forces par leiqucllcs
nous faifons tourner fans aucun labeur de notre part des meules et des machines. Or,
combien nombreufes font ces dernières et à quelle variété de choies peuvent elles
5°) IS'ous ignorons quel est l'auteur cité par Huygens, donc aussi de quel empereur il est question.
COSMOTHEOROS. 759
ei videamus ut Icônes, lupi, aliaque rapacia, pecudes & infîrmiora quslibet pabuli loco
habeant: aquilx columbas leporcfque praedentur: Pifcium permulti pifciculos fe mi-
nores dévorent. Quin & canum | varia gênera ad venandum nobis largita eir, uc qua? (/'• 81).
pedibus noftris perfequi nequiremus, illorum celcritare ac fagacitate confequeremur.
Prseter omnem vero iftam ex vivenribus herbifque utîlitatem, hanc quoque dcleclati-
oncni ex iis nos capere votait rerum conditor, ut varias eorum tonnas naturafque &
generandi vias contemplaremur; in quibusinfinita qusedam varietasacmirabilia multa
infant, qua? apud naturae feriptores celebrantur. Imo in iplis in (écris quis non miratur
apium cellulas hexagonas, aranearum celas; tum bombyeum involucra, ex quibus in-
credibili induftria delicatiflimam veftem conficimus, caque copia ut navesrorceeaonc-
rentur. Arque haec quidem de herbarum animantiumque génère, quatenus homini
prolunt, fummatim retulifle fufficiat.
Cogitetur jam poiTo quanta lit ejus folertia in reperiendis, effodiendis, explorandis Ex Metallis.
metallis; itemque in i'undendis, repurgandis, mifeendis. Quanta in tenuandis auri la-
minis, aut hydrargyro refolvcndis, ut parvo impendio, quaecunque voluerimus, auri
fplendorem coloremque induant. Quam | mira ac multiplex fit ferri utilitas; quam qua; (/>• 82).
ignorarunt nationes, ca? omnium fèrè mechanicarum artium rudes vixerunt, proque
armis, tantum arcus, clavas, fudefque habuerunt. Nos vero & pulverem ex fulphure
& nitro mittum habemus, variofque ejus ufus, qui an plus juvet an noceat meritodu-
birari porelr. \Tidcbatur enim mira ejus vi, fimulque arrificiofa muniendorum oppidô-
rum arte, certius prœfidium inventum elle, quam priieis temporibus fuerit, adverfus
holriles impetus: ied & horum ex eo fimul violentiam creviiïe videmus, &fortitudini
viribufquc in prseliis multo minus nunc locum eflTe quam tune fuerit. Quod enim oiim
Imperator Gracus dixifle fertur^0), Periijfe Firtutemcam Catapultarum,ac ftaîilta-
rum inventa exorirentur, idem nunc majori jure queri pofiumus; ac maxime Bombis,
quos vocant, repertis; quos non mœnibus, nec fitu oppida arccfve repellere pofiunr,
fed quamvis valida? difjiciuntur, ac folo arquant ur. Ut, velobhocunum,meliushomi-
nes ejus pulveris invento carituros fùifle dicendum fit. Nec tamen propterea pra?-
tereundum fuit in commemorandis noiira? 1 Telluris repertis, cum \'erifimile fit, etiam (/'• 83 )•
in ca?rcris Planetis, noxia artificia qua?dam cum bonis emerfifle.
Aufpicatior cfr aqua? & aëris apud nos uius:quo&navigandi ratio confiât, 6k vires Ex aqua, en aère,
comparantur, quibus, nullo labore noltro, molas machinafque verfemus. At has quam nm queart' c"Sl
multipliées, quamque ad varias rcs adhibenrur? Nam & frumenta iis comminuimus,
~6o LE COSMOTHEOROS.
fervir! A l'aide de ces machines nous broyons les grains, nous preflTons les huiles, nous
fcions le bois, nous foulons les draps, nous préparons la pulpe du papier, fort belle
invention par laquelle cil obtenue de chiffons une abondance de feuilles blanches.
Ajoutons-y l'admirable invention de l'imprimerie par laquelle tous les autres arts ne
font pas feulement confcrvés mais aufîi comparés entre eux bien plus facilement qu'
auparavant. De même l'art de fculpter et de peindre, parvenu à cette hauteur à partir
d'une origine faible et primitive, tel maintenant que rien de plus élégant ne femble
avoir été produit par le génie de l'homme. Conlidérons en outre l'art de cuire le verre
et l'aifance avec laquelle on lui fait prendre tant de formes; le polilTage des miroirs de
verre et l'art d'y fixer le mercure; furtout aufli l'admirable ufage du verre pourfcru-
ter la nature par les inventions du télefcope et du microfcope. Mentionnons encore
la conflruction d'horloges automatiques, dont quelquef-unes font il petites qu'elles ne
gênent aucunement ceux qui les portent, tandis que d'autres mefurent le temps avec
une égalité fi parfaite qu'on ne pourrait défirer rien davantage, deux tonnes d'horlo-
ges beaucoup perfectionnées par nos inventions 5I).
De ce quia été in- jc pourrais beaucoup ajouter fur la multiple doélrine et eonnaifTance des choies
r . . u que nous avons acquifes outre les fciences de la Géométrie et de l'Aftronomie, et cela
furtout en notre fiècle; comme la eonnaifTance du poids de l'air et celle de la force
élailiquc. Je pourrais parler des remarquables expériences des Chimiltes parmi les-
quelles celles de liqueurs inflammables, dernièrement aufli de liqueurs fpontanémeiu
lumineufes et aifément amenées a brûler. De la circulation du fang par les artères et
les veines, déjà auparavant comprilé, mais qui n'ell devenue obfervable à nos yeux
que dans les derniers temps par l'application du microfcope aux extrémités des queues
de certains poiïïbns 5:). De même de la génération des animaux; qu'il a été trouvé
qu'aucun d'eux ne naît autrement que de femenec provenant de fes fémblables; et
que ceci eft également vrai pour les herbes. Que dans la femence des mâles le trou-
vent des myriades d'animalcules fort alertes dont il efî probable qu'ils conrtituent
eux-mêmes les germes des animaux 5Î); chofe étonnante, inconnue à tous les flèclcs
antérieurs.
Que tout ceci Après avoir fait cette énumération des inventions et découvertes des habitants de
e pro a e- ja q^erre^ nous pouvons émettre l'opinion qu'il cil poflible que quelques-unes d'entre
Planètes, mais qu' elles foient auffi tombées en partage aux Planétaires, mais qu'il eft plutôt croyable
il doit y avoir des qUC Ja grande majorité de ces chofes leur font inconnues. Toutefois pour compenfer
"j?peI celles qui leur manquent il faut qu'un nombre égal de chofes belles, utiles et dignes
5') Voyez les Tomes XVI et XVIII.
•S2) Voyez la p. 720 du T. XIII. Huygens marche ici sur les traces de Lcewenhoek.
53) Voyez sur cette découverte la p. 526 du T. XIII. On voit que Huygens est „animalculi>te".
non pas „oviste".
COSMOTHEOROS. 76 1
& olea exprimimus, 6c ligna fecamus, & pannos tundendo denfamus; & chartis ma-
teriam contenants; quarum alias quoque pulcherrimum cil inventum, cum ex viliffimis
linteorum fcrutis, tam pulchra foliorum candiditlimorum copia paretur. Ilis addatur
jam praeclarum illud typographie inventum, cujus opéra artes omnes relique, non
lervantur tant uni, led & comparantur multo quam ante tacilius. Item feulpendi pin-
gendique peritia, a parvis rudibufque initiis eo progrefla, ut nihil elegantius abhomi-
nura ingénie profectum elle videatur. Ponatur & vitri excoquendi lcientia, atque in
tôt formas dueendi facilitas. Tum ipeculorum vitreorum politura, hydrargyrique l'upcr
ea inductio. Ac prseci|pue quoque vitri ufus mirabilis, in pervidenda rerum natura, (/>• 84).
poil teleicopii microlcopiique inventa. Recenieanturetiamhorologiorumautomatôn
fàbricse; aliorum tam exilium, ut gellanti nihil incommodent; aliorum tam exquifîta
squalitate tempus metientium, ut nihil lupra optari pollit, quibus utriique inventa
nollra plurimum proruere51).
Multa addere poflem de multiplia doclrina & rerum natura? cognitione quam pra> Ex ''•% q«* noftra
ter Geometriœ Ailronomiéeque icientias confecuti fumus, atque ea pleraque nollra xtatcinventa unt-
stace: velut de gravitate aeris ac vi qua compreflus relilit. DelîngularibusChymico-
rum experimentis; è quibus liquores inflammabiles, nuperque ultro lucentes, ac levi
traclatione ardentes, prodierunt. De ianguinis circuitu per arterias venafque, qui
antea intelligebatur, nuper vero & oculis ufurpari cœpit, adhibito microfeopio, in
piicium quorundam caudis extremis51). Item degenerationeanimalium, quod inven-
tum cil nulla nilî ex Gmilium lemine nafci; idque de herbis quoque verum elle. Quod-
que in femine mari uni reperiun|tur animalculorum myriades vivaciû*hiiorum,qua? ipfam (/>• 85).
animantium fobolem elle verifimillimum fit53): res mirabilis, atque ab omni sevo
incognita.
Jam vero poilquam lise omnia accumulavimus Tclluris incolarum inventa, pute- Illa omnia verifi-
mus fieri quidem pofie, ut quidam eorum etiam apud Planetarios extent; credibile j^V^'^j"^"^
tamen elle maximam partem eorum illis ignorari. At iis qux non habent rependendis XqUc dignis rc-
feque multa, pulchraque & utiiia, & admiratione digna iis tributaefieoportet. Quan- Pcndi-
quam igitur ibi terrarum aliquos ratione prœditos, & Gcomctras, & Muficos reperiri
V6
762 LE COSMOTHEOROS.
d'admiration leur foient échues. Par conféquent, quoique nous ayons fait voir par
des arguments probables qu'il fe trouve là-bas certains êtres raifonnables, et parmi
eux des Géomètres et des Muficiens, que ces êtres vivent en fociété et en communauté,
qu'ils font pourvus de mains et de pieds et munis de toits et de murs, il ne faut pour-
tant pas mettre en doute, lî Mercure ou un puhTant Génie nous conduiiait chez eux,
qu'à la vue de leur forme et du fpeftacle de leurs affaires nous ferions frappés de ilu-
peur plus que nous ne pourrions l'exprimer en paroles. Mais comme tout efpoir de
faire un tel voyage nous fait défaut, nous devrons nous contenter d'examiner ici la
feule choie qui fe prête à notre inveftigation, favoir quel elH'afpcft du ciel pour ceux
qui habitent un quelconque de ces globes; ceci aufli fait partie de leur vie. Nous rap-
porterons en même temps quelques autres chofes mémorables, favoir ce qui a trait à
l'état particulier de chaque globe en tant que poffédant une certaine grandeur et une
famille de latellites. Enfin nous parlerons de la mefure par une nouvelle méthode de
l'incroyable diftance des étoiles fixes. En attendant nous prendrons quelque repos
après notre méditation longue et détaillée, et nous terminerons ici le préfent Livre.
COSMOTHEOROS.
:6:>
probabilibus argumencis oftenderimus, Ck in focietate communitateque viventes, &
manibus pedibufque inftruétos, teétifque & mœnibus munitos: non tamcn dubitandum
elt, quin & forma?, & rerum quas agunt novitate, mirabile fupra quam dici poflk
fu tu ru m fit Ipedaculum, fi qnis Mercurius, aut potens Genius eo nos deducat. Scd
cum ejus itineris conficiendi fpes omnis adempta lit, id unum tamen, quod pofTumus
inveftigare non pigebit; qualis nempe ca?lertium rerum faciès felê | offerat, in unoquo- (/'• 86).
que iftorum globorum vitam agentibus, cum ad eam hoc quoque perrineat. Simul
vero & de prseftantia cujufque, tum ob magnitudinem, tum ob adjunclum comitum
lunarum numerum, quœdam fcitu digna refercmus, ac ftcllarum denique inerrantium
incrcdibilem diirantiam nova ratione indagabimus. Sed a longa attcntaque meditatione
requiefcemus hic paulum, rmemque huic Libro imponemus.
LE COSMOTHEOROS
ou
CONJECTURES SUR LES TERRES CÉLESTES
ET LEUR APPAREILLEMENT
PAR
CHRISTIAN HUYGENS,
OUVRAGE DÉDIÉ À SON FRÈRE CONSTANTYN HUYGENS.
LIVRE IL
En lifant il y a plufieurs années le Livre d'Athanafe Kircher intitulé Iter Ecftati-
cum ') (Voyage fantaftique) où il diiïerte de la Nature des Aftres et des chofes qui
exiftent fur la furface des Planètes, je m'étonnai que rien n'y eft dit de ce qui, alors
déjà, me femblait probable en cette matière; mais qu'il y rapporte des chofes tout
autres lefquelles pour la plupart font vides de fens et peu raifonnables. Ce que je
compris encore mieux en parcourant le même ouvrage une deuxième fois après avoir
écrit ce qui précède. J'en conciliai que mes conjeémres avaient une certaine valeur,
la comparaifon avec celles de Kircher leur donnant du poids. Pour qu'on puiffe en
juger, et pour qu'il apparairTe combien vainement on effaie de fpéculer fur ces chofes
en rejetant le vrai fondement, favoir celui de la vraifemblancc, dont nous nous fom-
mes fervi, il ne fera pas déplacé de citer quelques pafîages de cet ouvrage.
') Ce livre parut à Rome en 1656. Une deuxième édition, qui peut fort bien avoir été celle con-
sultée par Huygens, parut en 1660 „Herbipoli[c. à.d. à Wiirtzburg], sumpt.J. A. & W. Endte-
rorum haer." L'éditeur est Gaspar Schott. Le titre est le suivant: „R. P. Athanasii Kirchcri Iter
extaticum coeleste, quo mundi opificium, id est, coekstis expansi, siderumque tam errantium,
quàm fixorum natura, vires, proprietates, singulorumque compositio & structura, ab infimo
Telluris globo, usque ad ultima Mundi conlinia, per (ictiraptusintegumentumexpIorata,novà
hypothesi exponitur ad veritatem, interlocutoribus Cosmiele et Theodidacto", etc. Un „Apo-
logeticon contra censuram nonnullarum propositionum, ex Itinerario Exstatico Kirclieriano
excerptarum" y fait suite, ainsi qu'un deuxième traité de Kircher intitulé „Itcr exstaticum II,
qui & mundi subterranei prodromus dicitur, quogeocosmi opificium, siveterrestrisglobi struc-
tura, unà cum abditis in ea constitutis arcanioris natura? reconditoriis, per ficti raptus integu-
CHRISTIANI HUGRNII
COSMOTH EOROS,
SIVE
DE TERRIS CŒLESTIBUS, EARUMQUE ORNATU,
CONJECTURE.
AD
CONSTANTINUM HUGEN1UM,
FRATREM.
LIBER II.
UM ante annos complurcs Librum Athanafii Kirchcri, qui Iter
Ecjîaticum1*) infcribitur, evolverem; in quo de Natura Siderum,
ft rcbufquc in Planerarum fuperficie extantibus, differitur; mirabar
nihil illic adfcrri corum qua; mihi jam ab illo | tempore circa hœc, C/*- 88>
tanquam valde probabilia, occurrebant: fed longé alia tradi, inania
pleraque, & à ratione aliéna. Quod magis etiam intcllexi, cum con-
feriptis fuperioribus idem opus denuo percurrerem. Jamque vifum efl: aliquid c(Tc
conjecturas noftras, ac ponderis nonnihil iis accedere, Il cum Kircherianis conferantur.
Quod ut judicari poffit, utque appareat quàm de his rébus fruflra philofophari conen-
tur, qui fundamenta unica verifimilitudinis, quibus ufi fumus, rejiciunt; non abs re
erit de opère illo quidam annotaffe.
mentum exponitur ad veritatem" (également réimpression, corrigée, d'un traite qui avait
auparavant vu le jour à Rome).
Le Catalogue de vente de 1695 des livres de Huygens ne mentionne que „Kircheri mundus
subterraneus, Amst. 1665. fig. en veau" (Libri miscellanei in folio 106).
-66 LE COSMOTHEOROS.
Levoyagefantafti- Cet excellent homme nous propofe la fiétion fui vante: fous la conduite d'un Génie
1 il fe fuppofe promené par les efpaces céleftes et leurs aftres. Il raconte donc comme
s'il avait tout vu lui-même ce qu'il emprunte en réalité en partie à des écrits aftrono-
miques, pour une autre partie, penfant que tout-le-monde pourra bien l'approuver, à
(es propres méditations fur les terres planétaires. Mais avant d'entreprendre Ion long
voyage il avance et pofe comme certaines les deux propofitions fuivantes, d'abord
qu'il ne faut attribuer aucun mouvement a la Terre, en fécond lieu que Dieu n'a pas
voulu qu'il exilb.it fur les globes des Planètes aucune chofe douée de vie ou de feus,
donc pas même des plantes 2). En rejetant le fyftème de Copernic il fait choix, pour
le fuivre, de celui de Tycho. Mais comme il confidère les étoiles iixes comme autant
de Soleils et qu'il range autour de chacune d'elles les Planètes qui lui correfpondent,
il en réfulte (j'ignore s'il l'a remarqué) un nombre infini de fyftèmes Copernicains.
C'ert avec une grande abfurdité qu'il fait tourner tous ces corps, en outre de leurs
mouvements propres, avec une immenfe vitefîe en vingt quatre heures autour de
notre Terre. Et comme il avoue que la plus grande partie de ces corps font placés en
dehors du champ de vilion des hommes, il tombe aufli dans cette étrangeté qu'il faut
dire que tant de Soleils luifent en vain et communiquent vainement leur chaleur
a tant de globes femblables à la Terre et pofledant (car c'elt ainfi qu'il le veut) les
mêmes éléments et généralement les mêmes chofes à l'exception des plantes et des
animaux. De ceci il s'égare vers des peu fées encore plus abfurdes: ne trouvant dans
les Planètes de notre fyftème aucune autre utilité, il fe tourne vers les inepties depuis
longtemps rejetées des Aftrologues et foutient que tous ces grands corps ont été
créés dans le but de conferver le monde dans un état indemne par leurs différents
effluves gouvernés par des lois fixes, effluves qu'il dit exercer aufli leurs influences fur
les âmes humaines. Par refpeét. pour l'art Aftrologique il raconte qu'en Vénus une
apparence des chofes agréable et belle fepréfenta à lui, avec une douce lumière, des
ondes légères, de fort bonnes odeurs, des criltaux fcintillants de toutes parts. En Ju-
piter des vents falubres et odoriférants, des eaux fort limpides, des terres d'une splen-
deur argentée. D'où il pouvait conclure que les effluves de l'un et de l'autre aftre n'ap-
portent a notre Terre et aux hommes que des chofes heureufes et falutaires, les
rendant ou bien beaux et aimables ou bien enclins à la fagefTe et a la gravité. En
Mercure il trouva je ne fais quoi de fercin et d'alerte, capable d'imbiber les enfants
liai (Tant s d'intelligence et d'induftrie. Mais en Mars il dit avoir vu partout des chofes
défagréables, pernicieufes, fétides, des flammes de poix, des fumées. En Saturne des
chofes triftes, horribles, laies, ténébreufes. De forte que de ces Planètes (regardées
:) À la p. 53 île l'édition de Schott Kircher s'exprime comme suit: „Ne vero quidpiamSacrœRo-
maiia? Ecclcsia: decretis & institutis contrarium asseramus, id unicum contendimus, ut coeles-
tium globorum iucolas un à cum mobilitate terra? perpetuô prosciïberemus".
COSMOTHEOROS. ~6~
Is igitur Yir optimus, Genio quodam duce, per caeli fpatia, llellafque fe circumferri Kircheri iter ex»
fingens,partimeaqux ex Altronomorum feriptis hauferat, partira qux ipfe de Plane- tlcumexam,n»tur-
tarum terris meditatus erat, ac vulgo probari pofle putabat, quaG vift enarrat. Ante-
quam verb iter longinquum ingrediatur, haec duo tanquam certo cenenda ftatuit
lancitque; nullum videlicet Telluri motum elle cribuendum; tum nihil in Planetarum
globis Deum extare voluifle, quod vita aut fenfu praeditum lit, adeoque née herbas
quidem2). Icaque, relido Coperuici fyftemate, Tychonicum |fibi quod fequatur de- C/-«y).
ligit. Sed cum délias inerrantes pro totidem Solibus habeat, iifque fingulis fuos Pla-
netas circumponat; boc ipfo (quod au fenferit nefeio) infinita numéro jamexoriumur
ei Copernicea fyftemata. Quae quidem perabfurdè, praeter fîbi propriosmotus, univerfa
circum Tellurem noftram, viginti quatuor horis, immani celeritate converti f.icit.
Cumque horum maximam partem tàteatur extra hominumconfpectum elle remotam,
in hoc quoque incidit incoimnodum, ut fruftra tôt Soles lucere dicendi ûnt, fruftraque
calorem fuum impertiri tôt globis Telluri fimilibus, elementaque eadem, (ita enim
vult) & caetera omnia habentibus, preeter ltirpes ckanimalia. Atquehincporroad alia
magis abfona delabitur. Nam quia ne Planetarum quidem, qui noftro fyftemate con-
tinentur, alium ullum reperit ufum, ad diu explofas Ailrologorum ineptias (e conver-
tit; 6k hoc fine tôt tantalque corporum moles conditas elfe vult, ut influxu eorum
vario, certifque legibus temperato, mundi univerlitas confervetur, incolumifque per-
duret: utque praterea in hominum animos iidem influxus vires luas exerceant. ltaque,
in Altrojlogica? artis gratiam, in \'eneris Planeta jucundam pulchramque rerum faciem (/'• 9°)-
fibi oblatam narrât ; cum luce blanda, undis dulciter fluctuai! tibus, odoribus fuaviffmis,
atque undique fùlgentibus cryftallis. In Jove auras falubres, ac fuaveolentes, aquas
limpidilïïmas, terras argentei fplendoris. Qu6 nimirum, ab influxu hujus utriufque
fideris, faulta ac falutaria omnia in Terrain hominefque deriventur; ut vel pulchros
& amabiles, vel ad prudentiam & gravitatem propenfos reddat. In Mercurio nefeio
quid ferenum vividumque, unde ingenium ac folertia nafeentibus infinuetur. At in
Marte omnia tetra, exitialia, fanida, piceas llammas, fumofque Ce vidilïe memorat. In
Saturno trirtia, horrenda, fquallida, caliginofa; ut ex hisPlanetis, (nefeio quare Apo-
768 LE C0SM0THE0ROS.
toutes, j'ignore pour quelles raifons, comme „apotélefmatiques") des effluves affreux
et malfaifants fe répandent fur le monde et les mortels, à moins toutefois qu'il ne leur
arrive d'être corrigés et mitigés par les rayons des planètes antérieurement nommés.
Ce font ces choies et autres du même genre qu'il apprend en tant que compagnon de
ion Génie célefte, lequel il fait aufiï répondre férieufement à la queftion de favoir fi
un Juif ou un Païen, tranfporté en Vénus, pourrait être valablement baprifé dans les
eaux qui coulent fur cette Planète 3). L'enfcignement du même Maître lui apprend
que le ciel (tellifère n'eft pas compofé d'une matière folide mais qu'il eit au contraire
entièrement liquide, que les innomblables étoiles ou Soleils y l'ont diftribués en long
et en large fans être attachés à rien (jufqu'ici tout va bien) et qu'en l'efpace d'un
jour ils décrivent, comme je l'ai déjà dit, des orbes immenfes. 11 ne lui vient pas à l'efprit
que fi ce mouvement était tel, ces foleils s'enfuiraient chacun de l'on côté avec une
force énorme à caufe de leur mouvement circulaire fi extrêmement rapide. Toutefois,
fi je le comprends bien, des Intelligences motrices empêcheront les étoiles de s'envo-
ler, de fe retirer dans des parages infiniment lointains. En effet, il fait correfpondre h
chaque étoile fixe, et auffi à chaque Planète, fes Intelligences ou Anges qui la mettent
en mouvement et gouvernent fa courfe 4). En quoi il fe rallie à une certaine école de
Docteurs qui ont adopté inconfidérément et irraifonnablement une fantaifie d'Ariftote
dénuée de toute valeur 5). Mais Copernic délivre ces bienheureux Génies d'un 1!
') C'est ce qu'on trouve aux p. 140 — 141 de l'édition de Schott.
4) Il ne serait pas exact de dire que Kircher fait correspondre un seul ange à chaque planète. À la
p. 52 de l'édition de Schott, mentionnée dans la note 1 de la p. 764, il s'exprime comme suit:
„ . . quemadmodum in Terra singulse rerum species . . privsidem Angelum habent, ita & coe-
lestiumgloborumsingula elemema, qui ea in fines suos à Natura Dei ministraintentosdirigant,
habent; unde colligitur plures Angelos unicuique globo, pro rerum in eo administrandarum
varietate prxfectos . . Sunt itaque in singulis astris veluti in choros quosdam distribuât Ange-
licae custodia.% quarum ministerio globorum vis in bonum Universi administratur". C'est pour-
quoi Schott écrit dans son Scholium IV de la p. 152, intitulé „De septem Intelligcntiis qua?
septem planetis prœesse creduntur": „Auctor noster tàm hoc quàm praxedenti capite insinuavit
non unum, sed plures Angelos singulis pra?esse planetis". Il y cite un grand nombre d'auteurs
qui croient aux sept anges ou intelligences. Dans le Scholium II de la p. 60, intitulé „An astra
moveantur ab Intelligcntiis", Schott avait dit: „. . In hac opinione est Auctor noster . . Licet
nec metapliysicè, nec mathematicé, sed ad summum physicé aut moraliter demonstrari possit,
coclum aut sidéra moveri ab Intelligentiis; <pectatà tamen auctoritate tum sacra, tum proplianà,
dicendum est moveri ab Intelligentiis".
5) W. Jœger dans son livre sur Aristote, cité aussi dans la note 46 de la p. 666, dans le deuxième
chapitre des „Wanderjahre", parle comme suit du dialogue Utpi fô.oaofia.; dont on ne possède
que des fragments, mais que Cicéron a connu en entier. „Es [c. à. d. le troisième livre de cet
écrit] vvar eine Kosmologie und Théologie, die gleichfalls [c. à. d. comme les livres précédents]
unter bestiindiger Auseinandersetzung mit Platon vorgetragen wurde, gerade weil sie sich auf
COSMOTHfeOROS. ~6y
telelmatieis omnibus invilïs) influxus maligni inteltique mundo ac mortalibus eveni-
ant; nifi tamen benigniorum illorum radiis corrigi ac mitigari eos contingat. Haec
nempe & his (ïmilia Genio illi cselefti cornes adbaerens difcit. Quem & ferio refpondere
tacic cum incerrogatur, anne aquis, quse in Veneris Planera tluunt, Hebrœus aut Pa-
ganus quifpiam, eo \ delatus, rite baptizari queat '). Eodem quoque docente Magiftro, /'-UI •
intelligit ccelum itelliterum non elle ex materia iolida confîatum, fed liquidum
prorfus, in quo ftellre Solefve innumeri longé latèque fpargantur; nufquam alligati,
(& hactenus reclè) quique oranes diei fpatio valtiilimos, ut dixi, circuicus peragant.
Quo in motu, (î talis foret, non advertit quanta vi illi undiquedimigituriiint,ob 1110-
tum circularem tam ivnmenliv celeritatis. Sed ne lie avolent, inque lpatia inlinita re-
cédant, Intclligentia; motrices, credo, impedient. Etenim unicuique llella; fixaî, imo
& Planeta?, Intelligcntias aut Angelos fuos adjungit, qui impellant eos, curfumque
moderentur4). In quo Doclorum quorundam turbam fequitur, qui vaniflimum Ari-
Itotelis commentum5) inconfideratè, invitaque ratione, adoptarunt. Iitos vero beatos
Schritt und Tritc eng an ihn anlehnte. Ueberden Inhalt des Bûches ira allgemeinen unterrichtet
der Epikureer in Ciceros dénatura deorum.Aristotèlesnahm hier imWesentlichen diespâtplato-
nische Astraltheologie wieder auf [laquelle est due à des influences orientales] Er wird
dadurch zum eigentlichen Schopfer der kosmischen Religion der hellenistischen Philosophie,
die sich vom Volksglauben gelôst liât und nur noeb in der himmlischen Gestirnwelt die Gegen-
stà'nde ihrer Verehrung sucht . . . Nach dem kritischen Berjcht bei Cicero . . hâtte Aristoteles
im dritten Bucb fltpi ftlomf tas hald den Geist. bald die Welt, bald den Aether, bald einen
andern fur Gott erkià'rt . . . Die Gôttlichkeit des Aethers passt scheinbar nicht zu einem stren-
gen transzendenten Monotheismus, aber unter dem unbewegten Beweger standen dieStern-
gôtter, deren StofFatherisch ist . .".
Suivant Jauger cet écrit, quoique datant d'après la mort de Platon, est antérieur à la „Meis-
terzeit" d'Aristote (comme l'indique aussi le mot „Wanderjahre" cité plus haut). Du temps
de Huygens, comme de celui de Cicéron, on n'avait pas encore tâché de se faire une idée de
l'évolution du penseur Aristote. Aussi peu, pourrions-nous ajouter, qu'avant notre époque on
avait taché de fe faire une idée quelque peu précise de l'évolution de la pensée de Huygens.
97
JJO LE COSMOTHEOROS.
grand labeur par le mouvement donné à la Terre feule, mouvement dont, rien que
pour cette raifon, tout-le-monde voit la nécefiké à moins que d'être volontairement
aveugle. J'ai parfois penfé qu'on aurait pu attendre de Kircher de meilleures penlées
s'il avait ofc cxpofer fes idées librement. Mais comme il n'a pas eu ce courage, j'ig-
nore pourquoi il n'a pas préféré s'abitenir entièrement de ce fujet.
Difons maintenant adieu à ce très célèbre auteur, et puifque nous n'avons pas
héfité, nous, à placer des fpectateurs furies Planètes, conlîdérons celles-ci iéparément
dans ce qui fuit, comme nous nous l'étions propofé; voyons quels font pour ces fpec-
tateurs les années et les jours, quelle eft en un mot leur Aftronomie.
Quelle eft en Mer- Pour commencer donc par la planète intérieure qui a la plus courte diftance du
du Soient des ' Soleil, nous (avons que celle-ci, Mercure, eft environ trois fois plus proche que notre
Planètes. Terre de cet aftre immenfc. D'où réfulte que les habitants le voient auffi trois fois plus
grand en diamètre et qu'ils éprouvent de fa part une illumination et une chaleur neuf
fois fupérieures aux nôtres. C'eft à dire une chaleur qui pour nous ferait intolérable:
elle brûlerait les herbes fèchécs, le foin et la paille, comme ils pouffent chez nous.
Mais rien n'empêche, que les animaux de là-bas ne foient ainfi conftruits que cette
ardeur les porte à la température défirée, et que les plantes y foient telles qu'elles
fupportent encore bien mieux la force de la chaleur. Et il ne ferait pas étrange fi ces
indigènes de Mercure penfaient que nous fommes en proie à un froid intolérable et
que nous recevons bien peu de lumière, étant tant de fois plus dillants du Soleil; de
la même façon que nous fommes aifément amenés, nous, à juger des habitants de Sa-
turne. Or, comme la vie dépend de la chaleur et que c'eft elle qui donne tant au corps
qu'à l'efprit fa vigueur et fon alacrité, on peut raifonnablement fe demander s'il ne
faut pas être d'avis qu'à caufe du voifinage du Soleil les Mercuricns nous furpaffent
en intelligence. Ce qui m'empêche de me rendre à ce raifonnement, c'eft que ceux à
qui font tombés en partage les pays les plus chauds de notre terre, favoir les peuples
de l'Afrique et du Bréfil, n'égalent pas, nous le voyons, les habitants des zones tem-
pérés en fageffe et en induftrie, comme cela fe conclut déjà du fait qu'ils vivent dans
l'ignorance de toutes les fcienceset deprefquc tous les arts; ceux même qui habitent
la côte n'ont que fort peu d'idée des chofes nautiques. D'autre part je ne voudrais
pas attribuer aux habitants de Jupiter et de Saturne des cfprits peu pénétrants et
lourds et une intelligence inférieure à la nôtre pour cette raifon qu'ils vivent à une
diftance du Soleil beaucoup plus grande; l'un et l'autre globe étant d'une grandeur
éminente et accompagné de tant de fatellites.
Il cil bien facile, en confultant la figure du fyftèmc qui fe trouve dans le livre pre-
mier, de comprendre quelle ell l'Aftronomie des Mercuricns er qu'ils voient, en des
temps déterminés, les autres Planètes en oppofition avec le Soleil. C'eft furtout aux
époques de ces oppofitions que Vénus et la Terre y doivent briller avec un grand
éclat. En effet, puifque Vénus nous paraît, à nous, 11 lucide au temps où elle n'a que
la figure mince de la Lune naiffante, il faut que, vue de Mercure à l'oppofé du Soleil,
donc lorfqu'elle eft pleine et plus proche, elle paraiffe (ix fois ou davantage plus bril-
COSMOTHEOROS. ~~ I
Genios labore tanto Copernicus libérât, folius Terne inductomotu; cujusfanè necef-
fitatem, veJ ex hoc uno, omnes vident, nifi qui ultro, ac volentes, caecutiunt. Equi-
dem cogitavi nonnunquam, meliora à Kirchero cxlperïari potuiûe, (i, quae fentiebat,
libère exponcre auras fuiflet. Sed cum hoc | non auderet, nefcio cur non in totum (/>-92)-
illo argumento abftincre maluerit. Sed hune celeberrimum feriptorem jam omittamus:
&, quandoquidem nil veriti fumus, conjeduris noftris, fpectatores in Planetisponcrc,
adeamus nunc, uti propofitum fuerat, fingulos; & quinam (int anni eorum, qui dics,
qua? denique Aftronomia, deinceps confideremus.
Itaque, ut ab intimo, & Soli vieiniore incipiam, feimus Mercurium triplo propius Apparens qualis
circiter quam Tellurem noftram ad ingens illud fidus accedere. Cui confequens eft ut £c£? ^^^'n
triplo quoque majus id confpiciant cjus incola.% rationc diametri, lumen vero & calo- Mercurio.
rem ejus fendant noncuplo quam nos majorera. Nobis proinde intolerabilem, quique
accenlurus lit ficcatas herbas, fœnum ftramenque, qualia apud nos crefeunt. At nihil
impedit ita comparata elle, qux ibi vivunt animantia, ut optatam temperiem in ardore
illo experiantur. I Ierbas vero efTe ea natura, ut multo magis vim caloris perferant.
Xec mirum effet iftos Mercurii indigenas putarc non ferendo frigore nos urgeri, lu-
ccque frui exigua, qui tanto longius a Sole abfimus. Sicut nos de Saturni colonis
facile nobis perfuademus. [ Non deeft vero dubitandi ratio, cum h calore vita pendeat, (/>• <>3)-
ifque corpori mentique vigorem alacritatemque pra:ftet; an non, propter Solis vici-
niam, I Iermopolita? illi nobis ingenio prœftare putandi fint? Sed quo minus huic caufk
tribuam facit, quod calidiflimas terra: noftra? regiones fortitos, Africae, Brafiliaeque
populos, nec fapientia nec induftria a?quare videmus temperatiorum traéhunn incolas;
ut vel ex eo perfpicitur, quod in omnium feientiarum ac fere artium ignoratione ver-
fentur: cum nec nautica? rei, qui circum littora incolunt, nifi perexiguam notitiam
habeant. Xollem quoque Jovicolis, Saturnicolifque hebetes, plumbeafque mentes,
intelligentiamve tribuere noftra minorera, propterca quod tanto longius a Sole re-
moti vivunt; cum uterque globus ifte tam praeftanti fit magnitudine, tantoque comi-
tatu ftipatus feratur. Qualis porro fit Mercurialibus Allronomia, utque ca?teros Pla-
netas certis temporibus Soli oppofitos fpeftent, ex figura fyftcmatis, priore libro
expoiita, perfacile eft intclligere. Atque his oppofîtionum temporibus Yenerem ac
Tellurem pracipuo fplendorc illic effulgcre neceffe eft. | Nam cura adeo lucida nobis (/'• y-0-
\Tenus appareat, quo tempore tenuem nafeentis Luna? taciem refert; oportet eam
fextuplo aut amplius clariorem cerni, cum Soli opponitur, ex Mercurii Globo pleno
— 2 LE COSAIOTHEOROS.
lance, que par conféquent elle fok de grand avantage aux habitants pour diminuer,
dans l'ablence d'une Lune, la ténébrofité noclume. Quelle peut être chez eux la lon-
gueur du jour, et s'ils ont des iàiibns, c'eft une chofc inconnue jufqu'ici,puifque nous
ne lavons pas fi Mercure a un axe de rotation oblique par rapport à Ion parcours
autour du Soleil ni en combien de temps cette rotation s'effectue. Il ne faut pas pour
cela douter de l'exiftcnce de jours et de nuits pour fes habitants attendu que cette
viciflitude eft connue avec certitude dans les cas de la Terre, de Mars, de Jupiter et
de Saturne. Ce qui cil établi c'eft que la durée de l'année n'eft pas même égale en
Mercure au quart de la nôtre.
Quelle en Vénus. Pour ceux qui font placés fur le globe de Vérins il faut que l'apparence du ciel
foit environ la même que celle en Mercure dont nous venons de parler, fi ce n'eft
qu'ils ne voient jamais cette dernière planète en oppofition avec le Soleil puisqu'elle
ne s'en écarte que d'environ 38 degrés. Quant au Soleil, il leur apparaît plus grand
qu'à nous, une et demie fois en diamètre, plus de deux fois en furface, d'où réfulte
qu'il doit aufii donner deux fois plus de chaleur et de lumière. L'état de cette Terre-
là fe rapproche donc davantage du nôtre. Mais fon année correfpond à fept et demi
de nos mois. La nuit, notre globe, aux endroits oppofés au Soleil, doit paraître beau-
coup plus lucide à Vénus que jamais celle-ci ne nous paraît; à ces époques fes habitants
voient facilement notre compagnon perpétuel, la Lune, fuppolé qu'Usaient des yeux
non moins forts que les nôtres. Ce que j'ai fouvent remarqué avec étonnement en
Vénus, lorfquc je la regardais avec des lunettes longues de 45 ou 60 pieds, proche de
la Terre et femblable à la pleine Lune, ou commençant déjà à acquérir des cornes,
c'eft que fa furface eft partout également lumineufe, de forte que je n'oie guère dire
y avoir remarqué quelque choie reifemblant à une tache comme il s'en obfcrve indu-
bitablement en Jupiter et en Mars quoique dans les lunettes ces planètes préfentent
des difques beaucoup plus petits. Si Vénus a des mers et des terres, les nappes d'eau
devraient nous paraître plus foncées, les champs au contraire plus clairs, de même
qu'à un obfervateur regardant d'en haut, p.e. d'un rocher fort élevé, la mer apparaît
moins claire que les terres avoifinantes. Je croyais d'abord que la trop grande clarté
de Vénus empêchait les diverlîtés de luminofité d'être aperçues. Mais après avoir
enduit l'oculaire de fuie pour lui faire abforber une partie des rayons, je vis néan-
moins toute la furface également éclairée. N'exifte-t-il donc là-bas aucune mer, ou
bien les eaux y réiléchiiîént-elles la lumière Solaire plus que chez nous, ou peut-être
les terres moins que chez nous? Ou faut-il plutôt admettre (ce qui me femblc plus
croyable) que l'Atmofphère de Vénus fur laquelle tombent les rayons du Soleil y cil
plus denfe qu'en Jupiter ou en Mars, de forte que c'eft elle qui nous réfléchit à peu
près toute la lumière que nous voyons, nous rendant ainfi prefqu'impoffible de re-
marquer aucune différence entre les mers et terres foufjacentes? 11 eft certain que,
s'il nous était donné de regarder de loin notre Terre, ion atmofphère nuirait aufli
beaucoup à fa lumière et empêcherait la différence des clartés de la terre et de la mer
d'être aperçue auffi nettement que lorlqu'on la regarde du haut d'un rocher. Ceci de
COSMOTIIF.OROS.
orbe ipectatam, & minore quoque intervallo diftantem: atque tta tune non pariun
difpellere nocturnas tenebras genribus iitis, Lunae auxilio carentibus. Quaenam fint
denique apud eus dierum (paria, & an varias anni tempeftatesexperiantur, incomper-
tum elt hactenus, quod ignoretur an axem diurna? converfionis ad orbein, quo drea
Solem defertur, obliquum habeac, & quanto tempore converfio ea peragatur. Neque
enimdubitari débet de diebus noctibufquc eorum cum in Tellure, Marte, Jove ac Sa-
turno ha?c vieillit udo certo cognofeatur. Anni vero fpatium vix quartam partem
noftri aequare illie confiât.
In Veneris globo pofitis, eadem t'ere in ca?lo apparere ncceiïe elt qusede Mercurio Qualisin Venere.
diximus, nili quod hune nunquam videt Soli oppoiitum, cum non nili 38 cireiter gra-
dibus ab eo recédât. Sol vero illis major apparet quam nobis, diametro fefcupla, orbe
plus quam duplo; quo & bis tantum ealoris lucif|que pr&'bere cum oportet. Itaque 0>-95y-
propius ad noftra? temperiem Tcllus ifta accedit. At annus menlibus noftris feptem
cum dimidio fere finitur. No&u vero globus hic nofter, in loeis Soli oppolitis, multo
lucidior Veneri apparere débet quam unquam nobis appareat Venus; ac tune Lunam
quoque, perpetuum comitem noftrum, facile confpiciunt, li modo oculos habent
noftris non imbecilliores. Sa?pe autem in Venere miratus fum, cum tubis longioribus,
pedum 45, aut 60, eam infpicerem Terra? propinquam; Luiueque femiplena? fimilem,
aut jam in cornua curvari incipienti; prorfus a?quabili iplendore luperliciem ejusper-
fundi: ut vix dicere audeam, aliquid macula; fimile, in ea me animadvertide; cujuf-
modi in Jove & Marte manifeftè notantur, licet orbe multo minore faCc offerentibiis.
Si enim maria ac terras habet Veneris globus, obfcuriorcs nobis maris tractusconfpici
deberent; terrarum vero clariores; (icuti ex pra?altis rupibus infpcctum defupermare,
non perinde, ac adjacentes terra?, lucidum apparet. Credebam nimium Veneris fulgo-
rem in caufa elle, quo minus diverlitas lucis animadverti poflet. Sed cum | fumo infe- (A 96).
ciiïem vitrum oculo proximum, ad auferendam partem radiorum, nihilo minus a?qualis
in tota fuperficie lux vifa eft. An igitur nulla ibi maria, an Solis lucem magis quam
apud nos aqua;, aut minus terra? repereutiunt? an potius, (quod credibilius mihi vi-
detur) denlior ibi, quam in Jove aut Marte, Vaporum regio a Sole illultrata, Venerif-
que globum circundans, omnem fere illam quam videmus lucem ad nos remittit, vix-
que iubjectorum (ibi marium terrarumque dilcrinien percipi finit? Nam certum ert
noftram quoque atmolpha?ram, li Tellurem procul intueri daretur, plurimum obfti-
turam luce lua, quo minus terra? marifque tam diverla claritas apparere poflTct, quam
quae cernitur ex edito fcopulo defpicienti. Eadem ratione qua Lunae quoque maculas
CfQ
13
En Mars
774
LE COSMOTHEOROS.
la même manière que ces vapeurs ne nous permettent pas de voir
les taches de la Lune auffi diftinclcment de jour que de nuit: de
jour, mais non pas également durant la nuit, les dites vapeurs
atmoiphériques, fe trouvant entre la Lune et 'nos yeux, offus-
quent notre vue, puifque de jour elles font éclairées par la lumière
du Soleil.
Mais en Mars, comme je viens de le dire, on remarque des
parties du difque plus obfcures que les autres. C'cft par leurs
réapparitions qu'il fut d'abord établi que les jours et les nuits y
ont à peu près la même période que les nôtres 6). Quant à l'hiver
et l'été, les habitants n'y perçoivent guère de différence, parce
que l'axe de la converfion diurne n'eft que faiblement incliné fur
le plan de l'orbite de la Planète, comme on a pu le conclure du
mouvement des taches. À ceux qui de ce globe regardent notre
Terre, elle doit avoir environ la même apparence que Vénus
pour nous: contemplée dans le télefeope elle doit leur montrer
des formes pareilles à celles de la lune, et elle ne peut pas pour
eux s'écarter de plus de 48 degrés du Soleil, fur le difque duquel
elle peut auffi parfois être aperçue de même que les corpufcules
de Vénus et de Mercure. Et ces dernières planètes ne fe trouvent
jamais ailleurs qu'auprès du Soleil. Vénus doit leur apparaître
rarement, comme il en eft de Mercure pour nous. Il eft vrailem-
blable qu'en Mars le fol confifte en une matière plus noire qu'en
Jupiter ou en notre Lune, et que c'eft pour cette raifon que Mars
nous paraît plus rouge, ne nous réfléchiiïant pas autant de lumière
que ne le comporterait fmon fa dillance du Soleil. Son globe eft
plus petit que celui de Vénus malgré le fait que fa dillance au
Soleil eft plus grande, comme nous l'avons déjà obfervé plus haut.
Mars n'eft accompagnée d'aucune Lune; fous ce rapport, tant lui
que Vénus et Mercure nous femblent inférieures en dignité à
notre Terre. Quant à la lumière et à la chaleur Solaires, elles font
fenties deux et parfois trois fois plus faiblement par les Marticoles
que par nous; mais fans qu'il en réfulte pour eux, croyons-nous,
aucun inconvénient.
Que Jupiter et Sa- S^il faut dire que notre Terre furpafle, à caufe de la Lune qui
turnefurpanentde . . * ,r , l
beaucoup les au- lui e(i: adjointe, les autres Planètes juiqu ici envifagees — car en
très Planètes, tant grandeur elle ne leur eft ni beaucoup inférieure ni beaucoup (u-
en grandeur qu'en
nombre de Lunes.
6>) Consultez notre T. XV.
COSMOTHEOROS. "5
incerdiu minus aperce quam noCtu animadverti iinunt vapores iidein; quoniam tune
quoque inter illam oculofque noftrosincerpofiti, Solifqueluceilluftres,vifuiofflciunt:
noctu non item.
At in Marte reliquis difei partibus obfcuriores, ut jam dixi, macula- notantur. Ex In M«ne.
quarum recurfibus pridem fuit obfervatum dics noctefque illic iifdem fere quibus apud | Çp.9-).
nos intervallis reverti6). Ilyememvero seftatemque exiguo diferimine in col as fenti-
unt, eo quod axis diurnae converfionis paulum duntaxat ad orbitam Planetae inclinatur,
ut ex motu macularum intelleétum eft. Qui autem ex globo illo Tellurem noftram
intuentur, eodem modo fere, ac Venus nobis, apparere iis débet, formafque lunaribus
Gmiles oftendere, iî telefcopio fpectetur; nec ultra gradus 48 à Sole evagari; in cujus
difeo etiam confpici quandoque poffit, uti & VenerisMercuriique corpuicula. Et hoc
quidem nunquam aliàs; Venus raro iis apparere débet, uti nobis Mercurius. Terra.'
vero iblum in Marte nigriore materia conftare verilimile eit, quam in Jove, aut etiam
Lima noitra; eoque fieri ut rubicundior Mars fpeftetur, nec, pro ratione intervalli
quo à Sole abell, lucem remittat. Minor verè) eit gîobus ejus quam ltcllae Veneris,
licet à Sole longius diitans, ut jam fupra animadvertimus. Nec Lunam habet ullam
et imitem; atque in eo Telluri noltra?, quemadmodum & Venus &. Mercurius, dignitate
impar videtur. Lux vero Solis, calorque, Marticolis duplo atque interdum tri|plo quam (/•. 98).
nobis minor fentitur; nullo tamen, ut credimus, ipfbrum incommodo.
Quod fi Tellus hax, propter adjunétam ei Lunam, praltare ca^teris Planetis, quos jovem & Satur-
huc ufque percurri, dicenda elt; nam magnitudine nec cedit iis multum, nec iuperat; num reliquis 1)]a-
netis longe praMta-
rc, tammagnitudi-
ne,quam Lunarum
multitudine.
77<5
LE COSMOTHEOROS.
périeure — , quelle ne devra pas être à nos
yeux l'excellence de Jupiter et de Saturne
par rapport à ces trois Planètes ainfi que par
rapport a nous-mêmes. Soit que nous conli-
dérions en elles le volume de leurs globes
furpaflant de bien loin les corpufcules des
autres; foit encore la multitude de Lunes qui
les entourent [Fig. 152 et 153], il eft bien
probable qu'il faille confidérer ces deux com-
me les premières entre les Terres qui envi-
ronnent le Soleil, en comparaifon desquelles
les autres quatre font quelque chofe de fort
minime, nullement comparable à elles. Pour
mieux faire faifir la grandeur de la différence,
il nous a femblé bon de faire voir ici, fuivant
les vraies proportions, ou du moins fuivant
des proportions qui ne s'écartent pas beau-
coup de la réalité, tant notre Terre entourée
de l'orbe de la Lune — où fe voit le globule
de la Lune elle-même — que les fyftèmes
de Jupiter et de Saturne, le premier orné
de quatre, le deuxième de cinq Lunes, pla-
cées chacune en fon orbe.
Il cfl: connu que les fatellites de Jupiter
l'ont dus à Galilée; tout-lc-monde peut aiié-
ment fc figurer avec combien de joie il les
a obfervés pour la première fois "). C'elt à
nos regards que s'eft préfenté l'un des fatel-
lites faturniens, le plus lucide de tous;jeparlc
de l'extrême à un fatellitc près 8). Ce fut en
1655 que nous le remarquâmes les premiers
avec notre télefeope dont la longueur ne
furpaiïait pas douze pieds. Les autres furent
découverts par les obfervations fort diligen-
tes de DomenicCafTini,fefervantdeslentil-
H
M
") Comparez sur la joie de Galilée la p. 568 qui
précède.
x) Voyez, à la p. 173 du T. XV, la Pièce „de Su-
turai luna observatio nova" de 1656.
COSMOTHEOROS. 777
quantopere & his tribus, & Tclluri ipfi, antcponenda erunt Gdera Jovis & Saturai. In
quibus five globorum molcm conlideremus longiflîmè omnium illorum corpu feula
excedentem; five Lunarum quibus ambiuntur multitudinem, prorfus veriiimilc fit bas
duas primarias babendas efle Tellures, inter eas quae circa Solem funt: pras quibus
reliquat quatuor fint minimum quidpiam, acnequaquameumiiscomparandae. Quanta
enim fît differentia, qu6 rectius animo concipiatur, fubjiccrc hic placuit, fecundum
proportiones veras, aut non multum à veris abeuntes, tum Tcllurcm noftram, cum
circumjecta Lunae orbita, ipfoque in ea Lunaeglobulo; tum Jovis ac Saturai fyftemata.
Illud quaternis, hoc quinis Lunis exornatum; quarum quax]iic in (lia itidem orbita
ponuntur. Joviales Galileo deberi notum | eit; qua: quanto animi gaudio primum illi Çp-99)-
animadverile fint, facile quivis fecum reputet"). Satumiarum una nobis obtigit, qua?
cseteris clarior eit, &abextremaproximas). Quam Anno 1655 telefcopio nottro non
ultra duodecim pedes longo, primi deprehendimus. Reliquat diligentiflimis Dominici
Caflini obfervationibus patuerunt, vitreis orbibus utenti à Jof. Campano expolitis, pri-
mum 36 pedum; deinde totidem fupra centenos9). Tcrtiam enim quintamque vidi-
98
?7$ LE COSMOTHEOROS.
les taillées par Jofcph Campani, d'abord une de 36, enfuite une d'environ 1 36 pieds 9).
Nous avons vu le rroifième et le cinquième en 1 6ji fous la direction de Caffini; depuis
nous les avons fouvent obfervés. Quant aux premier et deuxième, il nous a fait favoir
par lettre les avoir trouvés en 1684; ceux-ci font fort difficilement vifibles et je
n'ofe affirmer certainement les avoir vus jufqu'ici IO). Je n'héfite cependant aucu-
nement à avoir foi dans l'obfervation de cet Eminent Homme et d'attribuer à Saturne
auflî ces deux compagnons-là. Il efl même permis de foupçonner qu'en dehors de ce
nombre il y en ait encore un ou plufieurs jufqu'ici cachés à nos yeux. Il y a une
raifon pour le croire: puifque la di fiance entre les deux extrêmes furpaffe celle qui
ferait en rapport avec les autres diflances, il pourrait y avoir dans cet intervalle un
fixième fatellite. Au-delà du cinquième, d'autres encore pourraient circuler, non aper-
çus à caufe de leur obfcurité, attendu que ce cinquième lui-même n'efl vu que dans
la partie occidentale de fon orbe, jamais ailleurs, ce dont nous indiquerons plus loin la
caufe afTez facile à deviner.
Peut-être réufïirons-nous, lorfque Saturne reviendra aux fignes Boréaux et s'élè-
vera beaucoup au-defïus de l'horizon (or, à l'époque où nous écrivons ces livres, elle
efl fort baffe) à obferver quelque chofe de nouveau là-deflus, fi quelqu'un, mon bon
Frère, applique alors aux aflres vos lentilles taillées pour des Télefcopes de 170 et
210 pieds: je penfe que jufqu'à préfent il n'en exifle pas de plus grandes ni de plus
parfaitement formées II). Car quoique nous ne les ayons pas encore employées pour
regarder le ciel, tant à caufe des difficultés du montage que parce que votre départ a
interrompu nos études et efforts fur ce fujet, nous fommes au moins certains qu'elles
font exemptes de tout défaut après les expériences plus aifées que nous avons faites
la nuit dans des allées fuburbaines, regardant de loin des lettres éclairées par une lu-
mière voifine. Je me fouviens avec plaiiir de ces expériences et en même temps de
notre agréable commun travail, lorfque nous taillions et poliffions enfemble ces len-
tilles, après avoir inventé de nouveaux artifices et de nouvelles machines et conflam-
ment perfectionné nos procédés. Mais je reviens aux figures prénommées dont il
refiait encore quelque chofe à dire.
Rapport des dia- Dans ces figures j'ai pris le diamètre du globe de Jupiter égal à environ deux tiers
piter que des orbes ^e ^a diflance quinous fépare de la Lune, attendu que le diamètre de Jupiter comprend
de fes fatellites, à celui de la Terre plus de vingt fois tandis que la Lune efl dillante de la Terre de
l'orbite de la Lune trente diamètres de cette dernière. J'ai fixé h 84- : 1 le rapport de l'orbite du fatellite
aut'uirdc la Terre. « , T . > „ , T .r •> , r
extrême de Jupiter a celle de notre Lune, puilque cette proportion s y oblerve au
ciel. Or, chacun de ces fatellites ou Lunes femble ne pas être plus petit que notre
Terre: cela paraît par leurs ombres fouvent obfervées fur le difque de Jupiter. Quant
9) Voyez la p. 194 qui précède.
IO) Comparez la note 1 de la p. 302 qui précède.
") Comparez l'Appendice VII des p. 302 — 304, ainsi que la p. 658 de l'Avertissement qui précède.
cosMcmiEoiios. 779
mus Anno 1672, ipfo montrante Caffino, & poilea faepius. Primam, cum lecunda,
iibi reperças Ggnificavit, millis literis, Anno 1684. Hae vero difficillimè cernuntur,
certoque affirmare nequeo mihi confpectas hactenus10). Nec propterca quidquam
vereor Clariflimo Yiro lidem habere, atque has quoquc Saturno focias adfcribere.
ïmo praeter harum numerum alias quoque, vel unam vcl plures, latere fulpicari licet;
nec deeit ratio. Cum enim, inter cxtremas duas, fpatium amplius pateat quàm pro
diltantiis caeterarum; poflet hoc infidere fextus fatelles: vel etiam, ultra quintum, alii
circumvagari, qui propter obfcuritatem nondum fint vifi: | cum ille ipfe quintus, tan- (.[>• IO°)-
tùm in orbitœ (use parte quae ad occidentem lpcclat, cernatur, in reliqua nunquam
appareat; cujus rci caulàm fatis intcllecui facilem poilea adferemus.
Fortaffe autem, ubi ad figna Borea Saturnus rcvertetur, altéque fupra horizontcm
attolletur, (nam, quo cemp »re ha?c fcribimus, maxime dcprimitur) aliquid circa hsec
novi oblervare contingct, fi quis tuas tune lentes, Fratcr optime, ad Telcfcopia pe-
dum 170. & 210. paratas, fideribus applicet: quibus majores, formax]ue pcrfcclioris,
nullas hactenus extare arbitrer "). Quanquam enim caelo nondum eas admovimus,
vel propter moliendi difRcultatem, vel quod difccfTus tuus rtudia hax-noftra conatufque
interrupit: omni tamen vitio eas carere certi fumus, poft expérimenta illa faciliora,
qux in ambulacris fuburbanis fub noétem inftituebamus; infpedlis procul literis, qui-
bus appoikum erat lumen. Quorum cquidem lubens reminifeor, fimulque jucundi
laboris noftri, quem, in elaborardisexpoliendifquc vitreis hujufmodi difeis, impendere
unhfolebamus;excogitatisnovisartificiismachinifque, femperque|ultcriora agitantes. (/>• 101).
Sed redeo ad diagrammata an te deferipta, de quibus aliqua dicenda fupererant.
Feci in iis Jovialis globi diametrum duarum circiter tertiarum ejus diltantia? qua_> Proportio diame-
inter nos noflxamque Lunam interjacet; quandoquidem plus quàm vicies diametrum ^^bitmm^
Terra: diameter Jovis continet; Luna autem diftat à Terra diametris hujus triginta. tellitum ejus, ad
Orbitam vero comitis Jovis extremi ad noftrae Lunse orbitam pofui ficut 8^ ad 1, orbitam Lunae
quoniam ejufmodi inter eas proportio re ipia reperitur. Et hi quidem comités, five circa crram'
Lunce fingutee, non videntur Tellure noftra minores effe, ut ex umbris earum in Jovis
difeo fepe obfervatis, probari poteit. Sunt autem (ut hoc quoque addamus) periodo-
~8o LE COSMOTHEOROS.
Périodes des fatel- aux périodes de ces fatellites, prifes fous l'Ecliptique, elles font d'après Cafllni ' 2)
litcs de Jupiter.
pour le plus proche de i jour 1 8 heures 2836'
„ „ deuxième „ 3 jours 13 „ 1352'
„ „ troifième „ 7 „ 3 „ 5940"
„ „ quatrième „ 16 „ 18 „ 5' 6"
Leurs diftances du centre de Jupiter font pour le plus proche de 2§ diamètres de
Jupiter
pour le deuxième de 4^ diamètres de Jupiter
„ „ troifième „ -j\ „ „ „
„ „ quatrième „ I2§ „ „ „
Pour les fatellites de Saturne les temps périodiques font d'après lui
pour le plus proche de 1 jour 21 heures 18*31"
„ „ deuxième „ 2 jours 17 „ 4i'27*
„ „ troifième „ 4 „ 13 „ 47' 16"
„ „ quatrième ,,15 „ 22 „ 41'u"
„ „ cinquième ,,79 „ 7 „ ^Sj'
et les diftances du centre de Saturne exprimées en diamètres de l'Anneau :
pour le fatellite intérieur f g
„ „ deuxième i£
„ „ troifième i|
„ „ quatrième 4, ce qui fuivant moi était 3^,
„ „ cinquième 12,
tout ceci ayant été trouvé avec beaucoup de travail et de veilles.
Eft-il pofTible qu'en confidérant ces fyftèmes et en les comparant entre eux on ne
foit pas frappé par la grandeur et le riche équipement de ces deux Planètes en com-
parai fon avec notre petite et pauvre Terre? Qui pourrait maintenant préfumer que
parmi toutes celles qui circulent autour du Soleil, ce foit en cette dernière feule que
fe trouvent toute parure, tous les animaux, tous ceux qui admirent le ciel, tandis que
l'auteur des chofes n'aurait rien mis fur les autres et n'aurait créé ces corps immenfes
pour aucun autre but que de faire apercevoir leur lumière à nous, petits hommes, et
de nous permettre de nous enquérir éventuellement de leurs orbites?
Que cette propor- Je crois bien qu'il y aura des gens qui diront que ce que nous avançons ici fur les
uo" ," granccurs dimenfions des efpaces céleftes efl: faux ou incertain. Car je fais avec combien de dif-
a été déterminée ^ r j
par des obferva- ficulté quelqu'un qui efl: habitué h voir non fans étonnement la grandeur des efpaces
tions récentes. Terrertres, et la quantité de peuples, de villes et de nations qui s'y trouvent, eit amené
l2) Voyez sur quelques-unes de ces tables l'Appendice X qui suit.
COSMOTHEOROS. 78 1
rum tempora fub Ecliptica, apud Catfinum12), intimi Jovialium dies 1, hora? [ 8, Temport periodo
runi ouiuumi
lovialiuin.
28', 36'. Secundi dies 3, hora? 13. 13'. 52". Tcrtii dics 7. hora; 3. 59 . 40 ". Quarti
dies 16, horae 18. 5'. 6 . Diftantix à centra Jovis, comitis intimi 2$. Jovis diametro-
rum. Secundi 4^. Tcrtii 7^. Quarti 12?. In Saturniis periodica tempora, intimi, dics 1,
hors 21, 18, 31". Secundi dics 2, horae 17,41 , 27". Tcrtii dics 4, hora.* 13. 47, | 16'. (/>• 102).
Quarti dics 15, hora? 22,41', 11. Quinti dics -(), hora? 7, 53'. 57 . Diftantiae a cen-
tra Saturai, diametris Annuli dimenfse, Comitis intimi, |§. Secundi i-. Tcrtii i|.
Quarti 4, qua; mihi erat 3^. Quinti 1 2. omnia magnis laboribus vigiliifque reperta.
Ecquis jam iyitemata haec infpiciens, atque inter fe conferens, non ftupet ad mag-
nitudinem, ingentemque paratum duorum prœ exiguo tenuique Telluris noltra? aut
cui nunc in mentem venire potelt in hac una Solem ambientium, omnem ornatum,
omnia animalia, omnes qui eœlellia mirentur inveniri; in illis vero nihil impofuifïe
rerum conditorem; nec alio fine tam vartas corporum moles creaflTe, quam ut lueem
eorum nos homunculi intueremur, curiumque forfitan inquireremus? Dehacproporrione
Credo equidem futuros qui ralfa aut incerta efle dicant, quœ de magnitudinc cœ- ft*°~ recentio-
leftium fpatiorum nobis hic fumuntur. Scio enim quam diftkulter quifquam adducatur, rum obier vatiom-
qui orbis Terrarum fpatia mirari afTueverit, inque eo tôt populos, urbes, imperia; ut bus-
alibi exltare credat quonun collatione hoc totum tam | fit cxiguum quam hx figura; (/>• '°3)-
782 LE COSMOTHEOROS.
à croire qu'il exifterait ailleurs des chofes en comparaison defquelles ce tout ferait
auffi exigu quele font voir nos chiffres. Maisnousles avons tirés,ces chiffres, desécrits des
premiers Altronomcs de ce temps; c'eft bien de leurs publications que font déduits
les rapports ici imprimés des Grandeurs des fyftèmes. En effet, fi la Terre eft éloignée
du vSoleil de dix ou onze mille diamètres, comme le concluent Caffini en France et
Flamfteed en Angleterre en fe fervant des obfervations les plus précités des paral-
laxes de Mars *3), tandis que nous aufii, par une conjecture probable, avons trouvé
douze mille diamètres ,+), il s'enfuit que les grandeurs des orbites confidérées feront
entre elles à peu près comme nous les avons mifes ici.
Quelle eft en Jupi- Mais continuons a parler de Jupiter, vu de laquelle le Soleil a un diamètre cinq fois
ter la grandeur ap- •. • 1 j /* . ■> ■> r -• » • «s
«rente du Soleil Pms Petlt clue chez nous, de lorte qu on 11 y peut lentirqu une vmgt-cinquieme partie
et le montant de fa de la lumière et de la chaleur qui nous arrivent de lui. Mais cette lumière ne doit
lumière, et com- aucunement être eftimée faible; c'eft ce que montre l'éclat de Jupiter vue de nuit;
in'" l 'expérience1 c'c^ ce C1IU' r^mltc d'autre part de ce qui nous arrive dans les Eclipfes du Soleil, où
parfois moins d'une vingt-cinquième partie de fon difque refte vifible: comme je me
fouviens de l'avoir vu, la diminution de l'illumination en ce cas n'eft pas fort appré-
ciable. Si l'on veut rechercher par voie expérimentale quelle eft l'intenfité de la lu-
mière Solaire en Jupiter, qu'on prenne un tube d'une certaine longueur bouché
d'une part par une plaque ayant au milieu une ouverture ronde et dont la largeur
foit à la longueur du tube comme la corde d'un arc de 6' eft au rayon correfpondant,
c. à. d. a peu près comme i à 570. Qu'on tourne enfuite ce tube vers le Soleil et qu'on
reçoive les rayons qui parlent par la dite ouverture à l'autre extrémité fur une feuille
de carton blanc fur laquelle ne puifle tomber aucune autre lumière. Ces rayons pro-
duiront une image ronde du Soleil dont la clarté fera la même que celle aperçue en
des jours fereins par les habitants de Jupiter. Mais fi, après enlèvement du carton, on
place l'oeil au même endroit, celui-ci verra le Soleil en telle grandeur et avec un éclat
tel qu'il apparaîtrait à un homme placé fur le globe de Jupiter.
La même chofe Que fj dans ]c même tube on fait une ouverture d'un diamètre deux fois plus faible,
il tombera fur la feuille de carton, ou fur l'oeil, une lumière telle qu'elle parvient aux
Saturnicoles. Laquelle, n'étant qu'une centième partie de celle reçue par nous de la
part du Soleil, fuffit pourtant pour nous montrer la nuit Saturne aflez lucide. Mais en
l'une et l'autre Planète, fi l'on y a quelquefois des journées nubileufes, il faut que l'il-
lumination foit bien mauvaife jugée d'après nos yeux; pour leurs habitants elle eft
fans doute telle qu'ils ne fe plaignent nullement de fa faiblefle. De même que pour les
hibous et chauve-fouris la lumière du crépufcule ou même celle qui refte au milieu de
13) Voyez sur Flamsteed l'Appendice VIII qui suit où nous renvoyons aussi à la p. 331 qui précède
où il est question de Cassini.
14) Comparez la p. 30H qui précède.
COSMOTHEOROS. 78;
demonlrrant. Atqui ex fummorum hujus anatis Aftronomorum fcriptis ca haufîmus,
exquibusifhefyftematuminterfe rationes confequantur. Si enim Terra a Sole decem
vel undecim mille diametris fuis diltat, ut Cafïïnus in ( rallia, apud Anglos Flamftedius
colligunt, parallaxium in Marte fubtîliffîmis obfervationibus uli15); cum nos quoque
probahili conjectura, duodecim mille diametros1 4) inveuerimus; erunt &. \i\x orbium
magnitudines inter le ferè quales hic deicripfimus.
Sed de Jove dicere pergamus, ex quo Sol fpeétatus diametrum quintuplo quam apud Qusnam Qt Solis
nos minorem habet; ut proinde lucis ealorifque illic pars tantum vigefima quinta fen- S^&^^Hn^ve
tiri poflît. Sed ea lux nequaquam debilis putanda cil, idque oftendit infîgnis Jovis per & qui coguofci
noctem claritas. Tum quod in Solis Ecliplîbus quœ nobis contingunt, etiamfi nec vi- tiLU-'at-
gellma quinta pars diici ejus fuperfit, ut me videre memini, non admodum lentiatur
obfcuratio. Si vero experimento inquircre libeat quanta fit illa in Jove Solis lux, fu-
matur tubus certae longitudinis, iique parte altéra obturetur, impolità lamellà in cujus
medio | fbramen fit rotundum, ea latitudine quae ad tubi longitudinem fe habcat ut (/>. 104).
fubtenfa 6 fcrupulorum primorum ad radium, hoc ell fere ut 1 ad 570. Dcinde ad
Solem tubus obvertatur, radiique ejus per foramen ingrefli excipiantur parte oppolita,
in chance candida? folium; nec aliunde eo lux incidere poflit. Mi radii imaginem Solis
circulo réfèrent, cujus claritas erit eadem quîe lerenis diebus percipitur à Jovis incolis.
Remotâ autem chartâ, fi eodem loco oculus ponatur, videbit hic Solem ea magnitu-
dine ac iplendore, qui in Jovis globo confiltenti appareret.
Quod fi in codem tubo foramen duplo angulliori diametro ftatuatur, incidet in Itidem in Saturno.
chartam, aut in oculum, lux ejufmodi qualis ad Saturnicolas pervenit. Qua;cum cen-
tefima tantum pars fit noitra? quam a Sole accipimus, tamen per tenebras noclis Sa-
turnum fatis lucidum nobis ofixndit. In utroque \'ero Planetarum iftorum, fi nubilos
quandoque dies habent, malignam tune lucem efle oportet, fi noltris oculis judicanda
fit; at illorum habitatoribus talem haud dubiè, ut nihil de tenuitate ejus querantur. |
784
LE COSMOTHEOROS.
Qu'en Jupiter il y
a des jours de
heures.
Et un équinoxe
perpétuel.
la nuit eft plus utile et plus agréable que celle qui éclaire l'air et la terre durant le jour.
Il eft afiez étonnant, eu égard à l'immenfité du globe de Jupiter par rapport au
mq nôtre, que les jours — et les nuits de même — n'y valent que cinq de nos heures. On
voit par là que la nature n'a pas du tout obfervé en cette circonftance un rapport
comparable à celui des volumes ou des diftances au Soleil. Même remarque pour
Mars: les jours y font à peu près égaux aux nôtres.
Mais dans le cas de la longueur de l'année, en d'autres termes dans celui de la
période de l'orbe décrit autour du Soleil, elle a établi une loi rigoureufe reliant les
périodes aux diftances: les troifièmes puiflances des diftances des Planètes au Soleil
font entre elles comme les carrés de leurs périodes, comme Kepler l'a remarqué le
premier. L'on a trouvé plus tard que la même loi gouverne les fatellites de Jupiter et
de Saturne'5).
Les longueurs de l'année et des jours étant donc en Jupiter bien différentes des
nôtres, il y a de plus cette autre différence entre les jours qu'ils y font tous de la même
longueur. Car Tes habitants jouiflent d'un équinoxe perpétuel puifque l'axe du mou-
vement journalier de Jupiter eft à peu près normal au plan de fa courfe autour du
Soleil, non pas oblique comme dans le cas de la Terre, comme cela paraît par les
obfervations télefeopiques. Là aufli les endroits voifins des pôles font plus froids à
caufe de l'obliquité des rayons du Soleil; ils n'éprouvent cependant pas de longues
nuits comme les environs des pôles Terreftres, mais ont partout et toujours, comme
je l'ait dit, des ténèbres et des clartés de cinq heures. Une fi grande brièveté du jour
ne nous plairait fans doute pas. Il nous femble qu'un meilleur fort nous eft échu à
caufe de la durée plus que double de nos jours. Sans aucune raifon cependant, fi ce n'eft
que nous avons l'habitude d'eftimer meilleur ce à quoi nous fommes accoutumés.
De Jupiter on ne voit qu'une feule des Planètes, lavoir Saturne, puifque les autres
font trop voifines du Soleil et que Mars elle-même ne s'en écarte pas plus que de 8°.
Mais nous ne pouvons nier que les habitants de Jupiter tirent beaucoup plus de pro-
fit de leurs quatre Lunes que nous de notre Lune unique, ne ferait-ce qu'à caufe du
fait qu'ils ont rarement des nuits fans aucune lune. Que s'ils naviguent aufiî fur leurs
mers, ce dont nous avons parlé plus haut, ils peuvent fort bien fe diriger à l'aide de
ces fatellites. Pour ne rien dire du charmant speclacle réfultant de leurs diverfescon-
jonétions et Eclipfes lefquelles ils peuvent obferver de jour en jour.
Néceffairement les Saturnicoles jouiflent des mêmes commodités et des mêmes
fpeétacles ou même encore de plus confidérables, tant à caufe du nombre cinq de leurs
Lunes que par les admirables afpecls de l'Anneau vifible tant le jour que la nuit.
Mais il convient d'expofer toute leur Artronomie de même que nous l'avons fait pour
les autres Planètes.
I5) Comme cela avait déjà été dit à la p. 692.
COSMOTHEOROS. 785
Sicut in noctuis, vefpertilionibufque utilior gratiorque cil crepufculi lux, aut quae in (/>• 105.)
ipla noftc rclinquitur, quani quae diei tempore aerem temmque illultrat.
In Jove porro dierum fpatia, quinque tantum horas noftrates square, ac noétes
cantundcm, admirationc non caret, propter cantam illius globi prae noftro magnitudi- ln Jove dies c(1c
nom. Et ex hoc nimirumintelligiturnaturamhaudquaquamea in re fervafi'e rationem ,orarura 'im»q("--
qure cil fecundum globorum niolem, aut corum diftantiam à Sole; cum ctiam in Marte
dies Une fere noilris pares. At in annorum longitudine, hoc cil, tempore çircuitus
circa Solem, certain omnino diftantiaram, quibus ab illo Planetae abi'unt, rationem
habuit. Sunt enim ut harum cubi, ita quadrata temporum periodieorum, ut primus
advertit Keplerus. Idque in comitibus Jovis & Saturni eodem modo le habere inven- Et peipetuum
tum eft15). Cum itaque anni & dierum tempora in Jove à noftris multum diverfa x*qi"n"
funt, tum dies hoc nomine etiam differunt, quod eadem femper fint longitudine. Per-
petuo enim illic fruuntur aequinoébo, quoniam axem motus diurni Jupiter redum
ferme habet ad planum itine|ris fui circa Solem, nec ut Tellus obliquum; ut telefco- O 106).
piorum obfervationibus confiât. Frigidiores autem & ibi funt regioncs quae polis
viciniores propter radiorum Solis obliquitatem; at longas noftes non patiuntur, iicut
quee funt prope polos Terra?; fed tenebras lucefque habent, ut dixi, horarum quinque,
ubique & femper. Ac nobis quidem haud fane placeret tanta dierum brevitas, meliuf-
que nobifeum agi putamus quod plus quam duplo longioribus utimur. Nulla tamen
ratione, niii quoniam potiora ducerc folemus ea quibus affuevimus.
Planetarum unum Saturnum ex Jove vident; cum cœteri nimium Soli vicini fint;
ipfeque Mars ab eo non ultra 1 8 gr. digrediatur. Ex quatemis vero quas habent Lu-
nis, quin multo plus commodi capiant, quam nos ex unica noftra, negare non pofiu-
mus, vel eo foloquod perrarb illunes noctes experiantur. Si ver5 & maria fua navigant,
de quo lupra dictum fuit, egregiè curfus regere earum auxilio poflTunt. Utpraîteream
fpectaculi jucunditatem ex variis earum conjunclionibus, Eclipfibufque, quas quotidie
intuentur.l
Eadem porro commoda ac fpectacula, imo etiam majora, Saturnicolis evenire ne- (/>• io7)-
cefîe eft, cum ob quinque Lunarum numerum, tum ob mirabiles Annuli afpeclus,
nocte dieque iis obverfantes. Sed totam eorum Aitronomiam, ficut in cseteris fecimus
Planetis, exponere oportet.
99
-86
LE COSMOTHEOROS.
Qu'aux habitants
des Planètes les
étoiles fixes appa-
raiflentde la même
manière qu'a nous.
Quel eil: l'aipect
des Planètes et
quel le jour en
Saturne.
Quel etî en Satur-
ne l'aipect de
l'Anneau.
Nous noterons d'abord, ce qui pouvait être dit de toutes les Planètes, mais eft ici
le plus remarquable, que de Saturne les étoiles fixes apparaiflént comme chez nous,
formant les mêmes figures et fe diftinguant par une môme diverfité de clartés; ceci à
caiife de leur immenfe diftance dont nous parlerons plus loin. Par rapport à elle l'ef-
pace que parcourrait en vingt-cinq ans un boulet de canon doit être eftiméfort petit.
Les Aftronomes y contemplent donc les mêmes fignes, Orion, Ours, Lion etc.,
fans pourtant que ceux-ci tournent autour du même pôle que pour nous: le pôle eft
différent pour chaque Planète.
De même qu'aux habitants de Jupiter Saturne feul parmi les Planètes primaires eft
vifible, de même aufll les Saturnicoles n'aperçoivent que Jupiter, laquelle pour eux
elt la même chofe que Vénus pour nous: elle ne s'écarte que d'environ 370 du Soleil.
Nous ne fommes pas en état de déterminer avec certitude la longueur de leur jour.
Mais à en juger d'après la diftance et la période du fatellite intérieur et les comparant
avec celles du fatellite intérieur du groupe qui entoure Jupiter, il devient probable
que les jours n'y font pas plus longs qu'en Jupiter, où nous les avons dits être de dix
heures ou d'un peu moins. Mais tandis que ces derniers font également divifés en
clarté et ténèbres, les Saturnicoles éprouvent une inégalité infigne des jours, plus
grande même que la nôtre, et une différence encore plus marquée entre l'été et l'hiver;
ceci à caufe de l'inclinaifon de l'axe de leur globe fur le plan de fon orbite laquelle
elt de 3 1 degrés, tandis que l'axe denotre Terre n'a qu'une obliquité de 23! degrés.
Cette même obliquité oblige les Lunes de Saturne à s'écarter plus longuement de la
route du Soleil, de celle bien entendu qui exifte pour lés habitants à elle; elle eft aulli
la caufe pour laquelle ils ne voient jamais leurs Lunes pleines fi cen'eftaux temps des
équinoxes qui y arrivent deux fois en trente de nos années. La même pofition de l'axe
offre aux habitants de cette Planète des phénomènes variés et admirables; pour qu'on
puiffe les comprendre nous placerons ici de nouveau la figure de Saturne tout entière
avec fon Anneau, où, comme nous l'avons anciennement déterminé lorfquc nous ti-
rions les premiers cette étrange formation des ténèbres, il exifte entre les diamètres de
l'anneau et du globe le rapport 9:4. L'efpacc libre entre les deux aura la même lar-
geur que l'anneau. Quant à fon cpaifiéur, les obfervations font voir qu'elle eft petite;
cependant, par rapport au diamètre, cette exiguité ne fera pas excefilve: l'épaifTcur
peut même être eftiméc de plus de fix cents milles Germaniques.
Soit donc ici, d'après ces données, le globe de Saturne [Fig. 154] ayant les points
A et B pour pôles. (îN y eft le diamètre de l'Anneau vu obliquement de telle ma-
nière que la circonférence eit reprélèntée par une Ellipfe aflez étroite. Il exifte donc
autour des deux pôles des zones correfpondant aux arcs CAD et EBF de 54 degrés
dont les habitants (h moins que peut-être le froid ne rende ces zones inhabitables)
ne peuvent jamais porter leurs regards fur l'Anneau. De tout autre point de la furface
on le voit continuellement durant quatorze ans et neuf mois, ce qui pour eux eft
l'efpace d'une demi-année. L'autre moitié de leur année il leur eft caché. Il faut en-
core remarquer à ce propos que ceux qui habitent la très large zone fituée entre le
COSMOTHEOROS. 787
Atque hic primum illud annotabimus, quod de omnibus dici poterat, icd bicmagis Planeticolû Relias
1 11 ii 11 • - l' "fj 1 < 1- • 1 1 • • V fixas eodem modo
miranoum eft, délias merrantes è Saturne nldcm plane figura, eademque luminis ai- „ )parere „ nob,s
verfitate diitinrias, atque apud nos fpectari: idque oh immanem earum diltantiam, de
qua poftea dioetur. Ad quam nempe illa, quam viginti quinque annis globus à tormen-
to emillus pervaderet, perexigua cenfenda fit.
Eadem igitur ligna Orionis, Urf», Leonis, &. reliqua, Aftronomi illic contemplan-
tur; at non circum eofdem polos ac nobis fêle convertentia, led qui unieuique Plané-
ce diverfas cœli partes obtineant. Qualisfit Planeta
0. t • • i- r i c * ■ •• 111 • • nim afpeâus, dic-
Sicut autem Jovis incolis lolus Saturnus è pnmanis Planetis cernitur, ita Saturm- nmi r.uil) jn
colis folus fperîatur Jupiter; qui idem illis eft quod nobis Venus, née nul 37 eireiter satumo.
grad. h Sole reeedit. Quantam ver5 habeant die|rum longitudinem, certo cognofci (j>, 108).
nequit. Sed, ex comitis intimi dillantia ac periodo, exque eonun comparatione cum
intimo Jovialium, verilimile fit non longiores efl'e dies illas quam fin t inJove;quas
decem horarum efTe diximus, aut paulo minus. Sed, cum hae œqualiter in lueem ac
tenebras dividantur, Saturnieoke inlignem insequalitatem atque etiam majorem quam
nos perpetiuntur, majulque etiam sellacis & hyemis diferimen; propter inclinationcm
axis globi Saturnii ad planum orbitae fuae, qua,' eft partium 3 1 ; cum nofter Terra? axis
tantum 23 & dimidia? obliquitatem habeat. Hsec eadem declinatio in Saturno, Lunas
ejus longé evagari facit à Solis via, vel quam pro hac illi habent: atque etiam caula
eft, cur nunquam Lunas iuas plcno orbe lucentes confpiciant, nifi sequino&iprum
tempore; qua? triginta annis noftris bis ibi contingunt. Idem denique axis pofitus
phamomena varia, ac mirabilia, Planeta? ejus incolis prsebet; qua? ut intelligi pofiint,
totius Saturni cum Annulo figuram hic rurfus deferibemus: in qua, fient jam olim
definivimus, cum mirum hune fornicem è tenebris primùm erucremus, inter diamè-
tres | annuli globique ea erit ratio, qua? 9 ad 4. Vacuumque fpatium inter utrumque & ]°9)-
interjectum, eandem quam annulus latitudinem habebit. Crafiitudinem autem hujus
exiguam elle, obfervationes comprobant, qua? tamen ratione diametri, non nimia
erit, etiamli lexcenta milliaria Gennanica efficere putetur.
Sit igitur fecundum ha?c Saturni globus cujus poli A, B. Annuli diameter G N,
oblique irrfpecU, ita ut Elliplin angulliorem circunferentia lua référât. Sunt igitur
circa polos utrofque portiones fuperficiei, arcubus CAD, EBF, 54 partium, definitae, <J|||||S nt Annuli
quas qui incolunt (nifi frigus forfan inhabitabiles reddit) nunquam Annulum confpi- '^t\^, '"
cere poffint. Ex reliqua omni fuperficie vident eum annis continuis quatuordecim,
menlihus novem: quod eft ipfis anni fpatium dimidium. Altère dimidio abfeonditur.
Quocirca qui habitant in zona amplilfima inter circulum polarcm CD, & TV, a?qua-
.-88
LE COSMOTHEOROS.
cercle polaire CD et TV, équateur gifant fous l'anneau, en voient au milieu de la nuit
- aufli longtemps que le Soleil illumine la face de l'anneau tournée vers eux — la
partie KGL ayant la forme d'un arc lucide furgiffant du fol de part et d'autre, mais
interrompu au milieu par l'ombre du globe de Saturne couvrant la partie GH le plus
fouvent jufqu'à l'extrême bord. Mais après minuit la même ombre fe meut peu à peu
vers la droite pour un fpectateur vivant dans l'hémifphère boréal, vers la gauche s'il
habite l'hémifphère oppofé. Et cette ombre s'évanouit le matin, tandis que l'appa-
rence d'un arc fe maintient, lequel ils peuvent voir toute la journée, mais plus faible-
ment lucide que ne nous apparaît la Lune de jour. Du moins s'ils ont leur atmofphère
à eux, autrement dit de l'air qui réverbère les rayons du Soleil, ce dont nous avons
plus haut fait voir la probabilité. Car s'ils n'avaient rien de tel, ils verraient luire et
[Fig- 154]
l'anneau et leurs Lunes, et auffi les étoiles fixes, de la môme manière pendant le jour
que pendant la nuit. Le fpeftacle de l'anneau doit en outre être plus beau par le fait
qu'ils peuvent le voir tourner dans fon plan d'après le mouvement de certaines taches
ou parties inégalement lumineufes. Ceci en effet ne peut manquer d'être remarqué a
fi courte diltance, vu que déjà de notre Terre il apparaît fur la furface de l'anneau une
clarté inégale : elle eft plus faible vers le bord extérieur que vers le bord intérieur. Or,
en même temps que l'ombre du globe e(t projetée fur la partie G H de l'Anneau,
l'ombre de ce dernier recouvre une partie du globe vers PF qui (mon jouirait de la
lumière du Soleil. De forte qu'il exifte toujours une certaine Zone PYEF, tantôt plus
large, tantôt plus étroite, dont les habitants font longtemps privés de la vue du Soleil
en même temps que de celle de l'anneau, lequel leur cache aufli en ce temps une par-
tie des étoiles. Ce qui doit néceflairemcnt leur paraître une efpèce de miracle lorfque,
par l'cxclufion du Soleil, ils font livrés à une profonde obfcurité fans voir ce qui en eft
la caufe. En ce temps ils n'ont d'autre lumière (blaire que celle qui leur vient de leurs
COSMOTHEOROS. 780
tori annuloque lubjacentem, quandiu fupcrticicm annuli ipfis obverfam Sol illuminât,
vident média nocte portioncm ejus KGL, arcus lueidi forma, qui utrimque ab hori-
zonte j exurgit, fed médius interrumpitur umbra globi Saturnii partem GM tegente (/>. uo).
plerumque ad extremum ufque marginem. Poft mediam verb noclem umbra eadem
paulatim in partem dextram movetur, fpectatori in hcmilphcerio boreo agenti; in (i-
nillram verb, fi in oppolïto verietur. Evanefcitque matutino tempore, manente ta-
men arcus fpecic, quem tota die cernere poffint, fed tenuius lucentem quam nobis
Luna noftra interdiu confpicitur. Siquidem iua illis eft atmofphaîra, five aer a Sole
(plendeicens, ut probabile efTe fuperius oftendimus. Nam ii nihil taie haberent, non
aliter interdiu quam noclu & annulum & Lunas fuas, ftellafque inerrantes lucere
vidèrent. Annuli porro fpectaculum, hoc quoque pulchriùs efle oportet, quod eum
in fefe converti, ex maculis quibufdam, aut insequali fplendore animadvertunt. Ne-
que enim ex tanta propinquitate hoc notari non poteft, cum vel è Tellure noftra in-
asqualis claritas, in fuperficie annuli, appareat; quze limbo exteriore, quàm interiore,
minor eft. Simul autem, dum globi umbra in Annuli partem G 1 1 projicitur, ctiam
annuli umbra obfcurat globi partem circa PF, qua; | alioqui Solis luce frueretur. Ut (A ' ' ')•
proinde femper Zona qusdam fit PYEF, nunc latior, nunc anguftior, cujus incolse
multo tempore confpeclu Solis, annulique fimul, priventur; qui tune quoque ftellarum
partem aliquam illis aufert. Quod certè miraculi inftar videri necefie ell; intercepto
Sole, in profundam noclem incidentibus,- nec quid eam efficiat videntibus. Quo tem-
pore Lunarum folo lumine fe folantur. Altéra anni parte dimidia, cum oppofitam
-QO LE COSMOTHEOROS.
Lunes. Dans l'autre moitié de Tannée, lorfque le Soleil illumine la furface oppofée de
l'anneau, l'hémifphère TBV jouit de la lumière de la même manière qu'auparavant
l'hémifphère TAV, et ce dernier éprouve alors à fon tour une longue éclipfe. C'eft
feulement aux temps des équinoxes, alors que le Soleil fe trouve précifément dans
le prolongement du plan de l'anneau, que celui-ci, dépourvu de toute illumination,
peut à peine être vifible pour les Saturnicoles, étant également inapercevable par nos
lunettes. Ceci arrive lorfque Saturne, vue du Soleil, occupe le degré 1 1 \ de la Vierge
ou des Poiflbns, comme nous l'avons jadis expofé dans le fyftème de Saturne; où nous
donnons auffi les raifons des phénomènes décrits plus haut, autrement dit, où nous
parlons des levers du Soleil au-deflus du plan de l'Anneau dans le cours de l'année
Saturnienne.
J'ai marqué dans cette figure, à côté de Saturne, les globes de notre Terre et de la
Lune, d'après le véritable rapport de leurs grandeurs, afin qu'on remarque encore
une fois combien notre demeure eft petite en comparaison de la fphère et de l'anneau
de Saturne, ce qu'il convient d'avoir conftamment dans la penfée. D'après ce qui a
été dit chacun pourra fe repréfenter une nuit de Saturne ornée de fes deux arcs oppo-
fés d'anneau lucide, et de fes cinq Lunes.
Voilà à peu près tout ce que j'avais à dire fur les Planètes primaires.
Refte à examiner ce qui fe rapporte aux Lunes jointes à Saturne et à Jupiter, et
furtout à la nôtre, tant pour ce qui regarde les phénomènes aftronomiques que pour
ce qui a trait à la recherche de l'équipement de leurs furfaces; et furtout à nous de-
mander fi l'exiftence de ce qu'on peut appeler un équipement ordonné eft probable,
queftion que nous avons évité de pofer jufqu'ici.
AufujetdelaLune \\ pCut fbmbler, attendu que le globe de la Lune eft fi proche de nous et préfente
onnepeutfaireque , , , , ., * -r r j» 1 r -rr c • r
peu de conjectures, beaucoup de détails a ceux qui le lervent d un teleicope, que nous puillions faire lur
fa nature en général plus de conjectures, et des conjectures plus probables, que fur
les autres Planètes tant de fois plus éloignées. Mais le fait cil qu'au contraire je ne me
trouve guère en état de rien dire fur les chofes de la Lune, pour la raifon qu'il ne
nous a pas été donné de voir de près aucune Planète de ce genre, tandis qu'il en eft
autrement pour les planètes primaires. En effet, ces dernières, comme il a été fuffifam-
ment établi, font du même genre que notre Terre où nous voyons de près ce qui s'y
pafie et ce qui y exifte, ce qui fournit un moyen de faire par analogie des conjectures
fur les autres.
Que la nature des çe c,ue nous pouvons affirmer fans aucune héfitation c'eft que les Lunes qui accom-
fatellitcs de Satur- ,, ,. T . 0 r ,, A i*
ne et de limiter cft Pagnent? nous 1 avons dit, Jupiter et Saturne lont d une même nature que la notre,
la même que celle puifqu'elles circulent abfolument de la même manière autour de ces Planètes primaires
de la Lune. et pont emportées par celles-ci dans leurs courfes autour du Soleil, de même que la
Lune eft entraînée par la Terre. Nous verrons plus loin qu'il exifte en outre pour les
unes comme pour les autres, une deuxième refTemblance à notre fatellite. 11 en réfulte
que fi nous réufilfions à faire des conjedures fur l'état de la Lune (or, nous ne pou-
vons conjecturer que peu) il faudra fe figurer que l'état des quatre de Jupiter et celui
COSMOTHEOROS.
79*
annuli fuperliciem Sol illullrat, eodem modo, luce fruitur hemifphsrium TBV, quq
prius TAV; & hoc vicillim tune longas illas eclipfes patitur. Solaaequinoétiorumfunt
tempora, Sole in ipium produétum annuli planum incidente, cum lumine deftitutus
vix Saturnicolis apparere poteft; quando née nottris percipitur dioptris. Tenente
nimirum Saturno, ex Sole vifo, gradum Virginis, aut Pifeium, vicefimum primum
cura dimidio; quemadmodum in Saturnio fyftemate olim expofuimus. Ubi ratio quo-
que redditur eorum, quos diximus, exortuum Solis l'uper Annuli planum, toto Satur-
nii anni deeurl'u.
Appofui in fchemate hoc, juxta Saturjnum, Terra? noltra?, Luna?quc globos, fer- (/>• « 12)-
vata magnitudinum vera ratione; ut rurfus intelligatur, quam exigua lit habitatio no-
ltra, ad Saturni fpha?ram annulumque collata; quod continue cogitationi infixum
habere expedit. Imaginem vero Saturniae nocn's, geminis annuli lucentis arcubus ad-
veriis, & quinque Lunis omata?, iibi quifque tbrmare exjam diftis poterit. Et de primi
quidem ordinis Planetis, hxc fere erant qua? dicenda habebam.
Supercft ut de Lunis quoque Saturno acjovi additis, acpra'cipuèdenoilra^ua.Ta-
mus, tam quae ad phamomena allronomica attinent, quam qua? ad ornatum in earum
fuperficie reperiendum, ac prxfcrtim an aliquem elle probabile fit; quod haclenus
facere dilhilimus.
Ac videtur quidem, cum tam propinquus nobis fit Luna? globus; telefcopioque De Luna pauciora
utentibus multa particulatim conipicienda praebeat; plura quoque ac probabiliora de conj,tl p0 e-
univerfa natura ejus, quam de Planetarum ca?terorum conjici pofie, tanto quippe re-
motiorum. Sed contra evenit ut vix quidquam de Luna? rebus dicendum reperiam,
nimirum quia | ejus gencris Planetam nullum coram intueri contigit; cumin primariis (p- • i.i)-
illis aliter hoc fefe habeat. Sunt enim, ut jam latis confiât, gencris ejufdem ac Tellus
noltra, in qua, quid rerum geratur, quidve exltet, propè intuemur, coque de caeteris
(imilia qusedam conjectandi ratio fuppetit.
Illud vero fine omni dubitatione ftatuere poflumus, ejufdem natura?, ac Luna noltra, Satellitum Saturni
elle illas, qua? Jovem ac Saturnum comitari dicta? font, fiquidem eodem prorfus modo ru^j»?fone™a<
primarios hofee Planetas circumeunt, iimulque cum illis circum Solem feruntur, efle.
perinde ac cum Tellure Luna. Sed & aliam utrobique fimilitudinem intercedere
poltea videbimus. Quamobrem fi quid de Luna? ftatu conjiccre poffimus, (poflumus
autem pauca admodum) idem in quatuor illis circa Jovem, & in quinque Saturniis
79 - LE COSMOTHEOROS.
des cinq de Saturne ne font pas bien différents. Car il faut conftamment maintenir
que ces lunes-là ne font pas inférieures à la nôtre ni moins bien équipées.
Que la Lunefedis- j)£ja avec fc petites lunettes d'une longueur de trois ou quatre pieds il apparaît en
fèffionctemontae- notre I-une que & furface eft traverfée par plufieurs chaînes de montagnes et eft corn-
ues et de parties poféc d'autre part de parties baffes fort étendues. En effet, on voit les ombres des
ba(Tes- montagnes du côté oppofé à celui du Soleil; et fouvent des plaines de dimenfions plus
modeftes bornées de toutes parts par une chaîne de montagnes poffédant à peu près
la forme d'une circonférence de cercle, y font aperçues au milieu defquelles s'élèvent
une ou plufieurs montagnes moins hautes. De cette forme ronde des dites plaines ou
vallées Kepler tirait la conclufion que nous avons affaire à d'immenfes travaux d'ha-
bitants de la Lune raifonnablement agiflants I<5). Mais ceci eft tout-à fait incroya-
ble tant à caufe de la grandeur de ces formations que de la facilité avec laquelle de
telles cavités rondes peuvent être produites par des caufes naturelles. Quant à des
apparences de mers, je n'en trouve aucune dans la Lune, quoique tant Kepler que la
grande majorité des autres obfervateurs foient d'un autre avis. En effet, il y exifte,
Qu'elle ne possède [\ eft vraj^ d'immenfes régions planes beaucoup plus obfcures que les parties montag-
mer neufes et que je vois être généralement confidérées comme des mers et défignéespar
des noms d'océans; mais en les regardant avec un télefeope plus grand je conftate que
dans ces parties baffes auffi il y a de petites cavités rondes où les ombres tombent en-
dedans, ce qui ne s'accorde pas avec l'exiftence de nappes d'eau marine; d'autre part,
en obfervant avec beaucoup de foin les champs étendus, on voit qu'ils ne préfentent
pas une furface parfaitement uniforme. Ce ne peuvent donc être des mers; ces champs
doivent être compofés d'une matière moins blanche que celle des parties plus inéga-
les parmi lefquelles il y en a encore qui fe dillinguent par une plus grande clarté. Il
Pas de rivières, femble auffi qu'il n'y ait en la Lune aucun fleuve ou rivière: ils fe feraient remarquer
dans les images nettes produites par nos télefeopes, du moins fi, comme la plupart des
nôtres, ils coulaient entre des montagnes ou des rives fort élevées. Mais il n'y a auffi
aucun nuage d'où pourraient provenir des pluies fourniffant de la matière liquide aux
fleuves ou rivières : s'il y en avait, nous verrions ces nuages couvrir tantôt ces régions-
là de la Lune et les fouftraire à notre vue, ce qui n'arrive point; il y règne au con-
traire une férénité perpétuelle.
Pas d'au- et d'eau. \\ cç[ en outre manifefte que la Lune n'eft entourée ni d'air ni d'une atmofphère
comparable à celle de la Terre. En effet, s'il y en avait une telle, le bord extérieur de
la Lune ne pourrait pas paraître auffi net qu'on le conflateàroccafiondel'obfcuration
de quelqu'étoile; il fe terminerait par une certaine luminofité évanouiffante et pour
ainfi dire par du duvet, pour ne rien dire de la circonftance que les vapeurs de notre
J) Voyez la note 5 de la p. 683 qui précède.
COSMOTHEOROS. "o;
haud multo aliter le haberc putandum erit. Illud femper menti infixum cenendo, non
eiïe illas viliores aut minore ornatu excultas.
Illud igicur in Luna nollra àpparet, etiam minoribus perfpicillis trium quatuorve Lunam montibus
pedum longitudine, plurimis montium tractibus, rurfufque planis vallibus latiflîmis, va J "* ' """
fuperfi|ciem ejus divifam elle. Cernuntur enim montium umbrae ea parce quam a Sole (p. 1 14).
averfam habent; ac fréquenter jugo in circulum 1ère compoOto inclufae valles quasdam
minores animadvertuntur; quarum medio monticuli, unus plurcfve rurfum eminenc.
Ex qua vallium rotunditate argumentum fûmebat Keplerus, Lunicolarum, cumra-
tione operantium, immenfas Iras efïe molitiones'6). Sed hoc incredibilc prorfus, tum
ob nimiam earum magnitudinem; tum quod facile naturalibus caufis cavitates ejuf-
modi orbiculares formari poflînt. Marium vero fimilitudinem illic nullam, (etfi&ille, Carere vero mari.
&. alii plerique omnes contra fentiunt) reperio. Nain regiones planas ingentes, quae
montoiis multo obfcuriores funt; quafque vulgo pro maribus haberi video, & occan-
orum nominibus infigniri; in bis ipfis, longiori tclefcopio infpeclis, cavitates exiguas
ineiTe comperio rotundas, umbris intus cadentibus; quod maris fuperficiei convenire
nequit: tum ipii campi illi latiores non prorfus œquabilemfuperficiempraeferunt, cum
diligentiùs eas intuemur. Quocirca maria efïe non pofliint, ied materia conftare debent
minus canidicante, quàm qua; eft in partibus afperioribus: in quibus rurlus quœdam (/>• 115)*
vividiori lumine caeteris praecellunt. Nulli quoque fluviiin Lunainciïevidentur. Non Fluviis.
enim effugerent aciem perfpicillorum noftrorum; faltem fi inter montes aut ripas prse-
altas, ut noftri plerique, laberentur. Sed neque nubes ulla> funt unde pluvix'genercn- Nubibus.
tur ad luppeditandum fluviis humorem. vSi enim efient, videremus eas nunc has nunc
illas Luna; regiones obtegere, ac villii noftro fubducere, quod nequaquam contingit,
ied perpétua apparet ferenitas.
Porrô nec acre aut atmofphœra Lunam cingi, qualis circum Tellurem hanc ambit, Aère & aqua.
manifeftum eft. Quia fi qua talis exifteret, non poffet extrema Luna; ora tam praecife
circumfcripta fpectari, quam fubeunte itclla aliqua faepe animadverlà eft; fed evanida
quadam luce, ac velut lanugine finiretur, ut omittam vapores atmofphaera? noftnv
maximam partem ex aquœ particulis conftare; ac proinde, ubi nulla funt maria aut
100
794 LE COSMOTHEOROS.
atmofphère confident pour la plus grande partie en des particules d'eau et que là où
il n'y a ni mers ni fleuves il n'exifte pas de réfervoirs d'où de telles particules pour-
raient s'élever en l'air. L'infigne différence qui exifte donc fous ce rapport entre la
Lune et notre Terre nous rend prefqu'impoflible de faire des conjectures. Si nous y
avions obfervé des mers et des fleuves ce ferait là un argument pour admettre que le
refte de la parure de la Terre y exifte aufli et que l'opinion de Xénophane eft donc
conforme à la vérité, lui qui difait que la Lune eft habitée et qu'elle eft une Terre à
beaucoup de villes et de montagnes '"). Maintenant il femble au contraire que ni des
plantes ni des animaux ne peuvent exifter fur ce fol aride, dépourvu de toute eau, puis-
que c'eft de la matière à l'état liquide qui devrait fournir à eux tous tant la fubftance
dont ils fe compo feraient que celle de leurs aliments.
Que par confé- Faut-il donc croire qu'un globe de cette grandeur a été créé uniquement pour nous
nient toute con- £c|ajrcr pCn(jant ]a nujr. d'une douce lumière ou caufer les flux et reflux de la mer?
lecture iur 1 exi- r
(tence d'animaux N'y aura-t-il perfonne là-bas qui jouiffe du fort beau fpectacle de la révolution de notre
ou de plantes ferait Terre,montrant tantôt l'Europe et l'Afrique, tantôt l'Afie, tantôt l'Amérique; luifant
tantôt en entier, tantôt pour la moitié? TouteslesLunesqui entourent Jupiter et Saturne
circuleront-elles avec une égale inutilité et feront-elles également dénudées? Je ne
fais que répondre à cette queftion, puifqu'aucune conjecture ne fe préfente qui ferait
bafée fur une chofe pareille. Il femble toutefois plus probable, à caufe de l'excellence
de ces corps, qu'il fe trouve quelque chofe fur leur furface, qu'il y croît et y vit quel-
que chofe, de quelque nature que ce foit et quelque grande que foit fa différence avec
ce qui nous eft connu. Il ferait poffible qu'une matière différant de notre eau y foutînt
la vie des plantes et des animaux. Une légère humidité fur un fol ne l'abforbant pas
aufli facilement que le nôtre pourrait fuflire aux rayons du Soleil pour en faire fortir
de la roféc capable de nourrir des plantes baffes et des arbres. Ce quejeconftateètre
auffi venu à l'efprit de Plutarque dans fon dialogue de la Face dans l'orbe Lunaire ,8).
Car chez nous aufli il ne faudrait que l'extrême furface de la mer, qu'une mince pelli-
cule pour ainfi dire, pour fournir l'humidité néceffaire aux champs et à leurs plantes,
humidité que le Soleil pourrait en tirer et qui fe condenferait non pas en nuages mais
,7) C'est ce qu'on ne trouve que chez Cicéron („Academica" II 123): „liabitari ait Xenophanes
in luna eamque esse terram multarum urbium et montium".
I8) Plutarque y parle à plusieurs reprises d'un „tenuis aër" se trouvant sur la lune, „ . . . Lunam . .
aërem in se multum bine inde dispersum aiunt continere . . cum . . aër nimirum superficiel cur-
uitntis eius ineumbat . . . Qnid vero miri est, si in Luna radiées, semina, plantœque nascuntur
nihil pluviarum ope indigentes aut byemis: sed œstitio & tenero aëre, ad naturam ipsorum ac-
commodato contentas?" Nous citons les p. 922, 923 et 939 de l'édition gréco-latine de C
Xylandcr („Plutarchi Chsronensis omnium quœ exstant operum Tomus secundu-, continens
Moralia", Paris 1624).
COSMOTHKOROS. -y5
fluvii, non cfïe unde coruin copia furfumeducatur. Haecigiturinfignis différencia qus
Lunam incor Terramque noftram reperitur, omncm | fere aditum conjefturis obftruit. (fi> 116).
Nam ii maria amnefque inefle cernerentur, haud love argumentum effet cseterum
quoque Terra omatuni ci convenire, veramque adeo effe Xenophanis opinionem,
qui habitari in Luna dicebat, eamquc Terram effe mukarum urbium & montinni'").
Nunc vero in (blo arido, & omnis aquse exporte, non videntur neque herbe, neque
animancia exllare polie, cum omnibus iltis humor materiam & alimenta prallare
deboat.
Anne igitur credendum, tantae magnicudinis globum in hocconditumeffeut noclu Hinc de animanti-
nobis lucem tenuem largiatur, aut aeflus maris eieatV Nemo eritqui pulchcrrimoindc . '
0 , 1 r incertiorcm con-
fpeftaculo fruatur 1 clluris noibra in le revolutx, & nunc cum Europa Africain, nunc jefturam c(Tc
Aiiam, nunc Américain oftentantis; nunc plene, nunc dimidio orbe lucentis? Omnes
item qua Jovem ac Saturnum circunflant Luna?, aquè inutiles vacuaque ferentur?
Non habeo equidem quod dicam, cum nulla ab re fimili conjeélura fuppetat. Magis
tamen probabile videtur ob corporum praitantiam, aliquid in fuperficie eorum geri,
aliquid crefeere ac vivere, qualecunque tandem id lît,| & quantumlibet a rébus nollris Ci>- "7)-
diverfum. PofTet forfan ftirpium animaliumque ibi vitam aliud quid, aqua noltra
diflimile, fuftentare. Poflet exiguus humor in terra, non aque ac nonra, aquam com-
bibente, iufficere radiis Solis, unde rorem educerent, alendis herbis arboribufquc ido-
neum. Quod idem Plutarcho in mentem veniffe video in eo qui de Facie in orbe
Luna eft dialogolS). Nam neque apud nos, nifi fumma maris fuperficie, actenui vcl-
uti pellicula opus effet, ad humorem terris, fatifque fuppeditandum, quem Solis vis
elicuiffet, quique in rorem tantum, non vero in nubes condenfaretur. Sed ha admo-
dum loves funt conjectura aut fufpiciones potius,nec aliud habemus ex quo de Luna?
796 LE COSMOTHEOROS.
feulement en rofée. Mais ceci ne font que des conjectures ou plutôt des foupçons de
fort peu de poids: nous n'avons rien d'où nous pourrions conclure par analogie à la
nature de la Lune ou des autres fatellites. Il faut en effet fe figurer, comme nous
Que les Lunes de pavons dit, que la nature de toutes les lunes cft la même; outre par la raifon alléguée
Jupiter et e a- c|_cie{Y\ls ceci eft confirmé par la fuivante: de même que notre Lune nous regarde tou-
turne tournent, * 1,0
comme la nôtre, jours d'une même face, ainfi en elt-il des fatellites de Jupiter et de Saturne par rap-
toujours la même p0rt a ieurs Planètes primaires. Ceci pourrait fembler une étonnante découverte;
mais il n'était pas difficile de le conjecturer après qu'il avait été obfcrvé, comme je l'ai
dit un peu plus haut, que la lune extrême de celles qui entourent Saturne n'elt vifiblc
que lorfqu'elle fe trouve du côté occidental de la Planète, qu'à l'orient elle eft donc
toujours cachée. En effet, on comprend aifément que cela provient du fait que cette
Lune a une iufface en grande partie obfcure et que lorfque cette partie plus obfcure
que le refte cft tournée vers nous, elle ne peut être aperçue à caufe de la faiblefTe de
fa lumière; or, comme elle eil toujours trouvée obfcurcie lorfqu'elle fe trouve dans
la partie orientale de fa courfe, et jamais dans l'autre, c'eft là un indice certain du fait
que la même face de ce globule eft toujours tournée vers Saturne, parce que de cette
orientation réfulte ce qui a été dit. Qui mettra en doute, étant acquis que tant dans
le cas de ce fatellite extrême que dans celui de notre Lune la même face eft toujours
vue de la Planète primaire correfpondante, que la nature a arrangé les chofes de même
dans le cas des autres fatellites de Jupiter et de Saturne? Quant à la caufe efficiente,
elle ne peut guère être que celle-ci: chez toutes les Lunes la matière cil plus denfe
et plus lourde du côté le plus éloigné de la Planète. En effet, de cette façon cette
partie tendra avec plus de force à s'écarter du centre de rotation, tandis que, fi tel
n'était pas le cas, une même face devrait fuivant les lois du mouvement être toujours
dirigée non pas vers la Planète mais vers les étoiles fixes.
De eette pofition des Lunes par rapport aux Planètes correspondantes réfulteront
des fpectacles étranges pour leurs habitants dont, il eft vrai, il elt extrêmement incer-
tain s'ils exiftent, mais qui font ici placés fur elles à titre de fiction. Il fuflira de parler
des indigènes de notre Lune. Pour eux fon globe eft diviféen deux hémifphères de
telle manière que les habitants de l'un jouiflent toujours de la vue de notre Terre,
Quelle eft pour les tandis que ceux de l'autre ne l'aperçoivent jamais. Excepté que quelques-uns d'entr"
habitants des Lu- . iijjji^-/«is j /• 1
nés fuppofé qu'il eux' vlvant vers 'cs bords des deux hcmilpheres, perdent et recouvrent la vue alterna-
y en ait, la confti- tivement. Or, les Géofcopes mentionnés voient la Terre fufpendue dans l'éther beau-
tutiondescieux,la COup plus grande que la Lune ne nous apparaît; plus précisément, elle leur préfente
et^" s' un diamètre prcfque quadruple. Mais ce qui eft remarquable, c'eft qu'ils la voient
nuit et jour fufpendue au même endroit du ciel, comme fi elle était perpétuellement
immobile, les uns en leur zénith, les autres à une certaine hauteur au-deflus de l'ho-
rizon, quelques-uns dans l'horizon même; or, elle leur apparaît en rotation autour de
fon axe, leur montrant (es continents l'un après l'autre en vingt-quatre heures, leur
faifant voir de plus (ce que je voudrais bien voir auffi) les contrées avoifinantes aux
pôles encore inconnues à nous, lès habitants. Ils la voient en outre dans le décor d'une
COSMOTHEOROS. -y
noftra?, acque etiam reliquarum nacura aliquid colligamus. Omnium enim, uri diximus, l,,v '- « Saturai
eadem putanda cil; idquc praeter adduetam fuperius rationem, etiam hac alia confir- Lim:is; ""!'. ]"'u"
r ' ^ r r acnouramTellun,
matur, quod iicuti Luna noitra eandem perpétué taciem ad nos obverfam habet, ita eandem partemfuo
& illae Joviales ac Saturnis ad fuos Planeras primarios. Mirum videatur hoc l'ciri po- Plsneteobvertere.
ruine,- an non erat diflïcilis conjectura, poitquam, ut paulo ante dixi, animadvcrlum | (/•• ' >8)-
fuit extremam Saturniarum tune folum confpici, cum Planetae huic ad occidentem
pofita ell; ab oriente vero femper eam latere. Facile enim perfpicitur id inde evenire,
quod magna lui parte obfcuriorem fuperficiem habeat haec Luna; quae pars oblcurior
cum ad nos converla eit, tune cerni nequeat pvx luminis tenuitate. Cumque femper
in orbita: fuae latere quod orientem fpectat obfcurata reperiatur, in altero nunquam,
manifeftum indicium ell eandem globuli regionem femper Saturnum refpicere, quo-
niam ex eo illud contingerc necefle eit. Quis vero jam dubitet, cum & illius omnium
remotiffimae & noftra: Luna? faciès iemper eadem ex primario Planeta fuo fpccletur,
quin idem in cœteris, qua? circa Jovem ac Saturnum volvuntur, natura eiTecerit?
Caufa vero quare id fiât vix aliunde peti poteit, quam quod denilor ponderofiorque
materia fit Lunarum omnium parte ea, quà iemper à Planetis fuis averik funt. Sic
enim ea ipla pars majore vi à centro circuitus recedere contendet: cum alioqui, ex
motus legibus, eadem femper faciès non ad Planetam, led ad fixas ilellas eafdem,
continue obverti debuerit.|
Porro ex hoc pofitu Lunarum ad Planetas fuos mira quœdam fpectacula evenire C/Kll9)-
neceffe eft eas habitantibus, qui an fint aliqui, ut jam apparuit, multo incertiffimum
eft; fed quaii efient ponantur. Satis erit autem de noftrre Lunœ indigenis dixiife. Ilis Luna mcolisfiqui
igitur fie in duo hemifphceria globus ejus dividitur, ut qui alterum incolunt, femper tan fit cs^um
Telluris noftra: confpeclu fruantur, qui reliquum, iemper co careant. Nifi quod qui- conftitutio,dierum
dam, circa confinia utriufque agentcs,amittanteumper vices ac récupèrent. Cernunt ratl(N&c.
autem Gasofcopi illi Tellurem in sethere pendentem multo majorem quam quanta
nobis Luna apparet, quippe ferè quadruplo ampliore diametro. Sed illud mirabilc,
quod nofte dieque eodem cœli loco velut immobilem perpetuo hœrere vident; alii
recta fupra caput defixam, alii certa altitudine ab horizonte diitantem, quidam & in
ip(o horizonte fitam: atque interea convertentem fe circum axem fuum, regionefque
quas continet univerfas deinceps oilendentem horarum viginti quatuor fpatio, atque
eas quoque proinde (quod utinam videre liceret) qua; ad utrumque polum nobis in-
colis adhuc incognita* manent. Prseterea & lujmine crefeentem eam vident & immi- (/>• I2°)-
-y 8 LE COSMOTHEOROS.
illumination croiflante et décroilTante dans la période d'un mois, donc alternativement
pleine, coupée en deux, mince et avec des cornes, en un mot avec la variété de formes
que nous préfente le globe de la Lune. Mais ils reçoivent de la Terre quinze fois plus
de lumière que nous n'en recevons d'elle. De forte que, dans le meilleur des deux
hémifphères, celui qui ell tourné vers nous, les habitants ont des nuits fort claires.
Il ne peut toutefois avec cette clarté leur arriver aucune chaleur, quoique Kepler ait
été d'un autre avis. Quant au Soleil, il fe lève pour eux une feule fois et fe couche
également une feule fois, en chacun de nos mois; ils ont donc des jours et des nuits
quinze fois plus longs que les nôtres lelquels font parfaitement égaux entre eux par
un équinoxe perpétuel. À caufe de cette longueur du jour ils feraient nécefiairement,
puifque le Soleil n'eft pas plus éloigné d'eux que de nous, expofés à une chaleur fort
incommode, fi leurs corps y étaient aufli fenfibles que les nôtres. C'efl pour ceux qui
habitent près des bords des dits hémifphères que le Soleil monte le plus haut, mais
pour ceux qui en font fort éloignés et vivent aux endroits gifant fous les pôles de la
Lune, ils n'auront pas plus chaud par l'effet de ces longs jours que ceux qui en été
font la chaiïe aux baleines dans les environs de l'Iflande ou de la Nouvelle Zemble;
lefquels, jullement au temps du folflice, et durant des jours de trois mois, éprouvent
fort fou vent des froids excefiïfs. Les pôles nommés de la Lune, autour defquels les
étoiles fixes font vues par fes habitants décrire des circonférences de cercle, ne font
aucunement les mêmes que pour nous, et ne coïncident pas non plus avec les pôles
de l'Ecliptique, mais tournent autour de ces derniers en en reliant toujours éloignés
de cinq degrés, ce qui fe fait en une période de dix-neuf ans. Quant à la longueur de
l'année, elle y cilla même que pour nous; ils la mefurent par le mouvement des étoiles
fixes et leurs retours au Soleil. Ce qui pour eux ell une chofe bien facile puifqu'ils
voient les étoiles le jour non moins que la nuit, fans que la clarté du Soleil les gêne,
puifque, comme cela a été démontré plus haut, ils n'ont pas d'atmofphère, fans la-
quelle nous verrions, nous aufli, le ciel étoile en plein jour. De plus aucun nuage
n'empêche jamais leurs obfervations, de forte qu'ils peuvent déterminer les routes
des Planètes mieux que nous; il eft vrai qu'ils auront eu (ou auront) plus de peine à
trouver le vrai fyflème, attendu qu'alors que, par hypothèfe, ils commencèrent à le
chercher, la Terre a dû leur fembler immobile, erreur hypothétique plus grofîîère
Ce qu'il crt facile que la nôtre. Tout ceci peut être appliqué auffi aux Lunes de Jupiter et de Saturne
d'appliquer auffi pOU1- lefquelles leurs Planètes primaires font la même chofe que la Terre pour nous.
pheretdeSatume L'efpace d'un jour et d'une nuit ell mefuré par la période de la Lune confidérée;
nous avons donné plus haut une lilte de ces périodes. Il en réfulte que pour les habi-
tants du cinquième latellite de Saturne, dont la période était de 80 de nos jours, tant
les jours que les nuits feront égaux a quarante des nôtres. Pour ces mêmes habitants
les étés et les hivers feront, h caufe de la révolution en trente ans de Saturne, chacun
égal a quinze de nos années. Il eit manifcllc, tant à caufe des longs froids qu'à caufe
des fommeils et veilles fi prolongés, que même fil n'y avait aucune autre différence,
la vie y ferait tout autre que chez nous.
COSMOTHEOROS. 799
nutam menftrua pcriodo, atque ira per vices plenam, dimidiatam, inque cornua cenu-
atam, eàdem formarum varietate quam Lunae globus nobis exhibet. Sed lucem à
Tellure noftra accipiunt quindecuplo majorem quam nos ah illa. Adeo ut, in hemi-
fphaerio meliore, ad nos obverfo noctes iniigniter claras habeant; née tamen cum
claritate illa ullus ad eos calor manare poteft, etfi hoc aliter Keplero vii'um eft. Sol
ver5 iemel illis oritur Gngulis menlihus noftris, femelque occidit, atque ita dies noct-
efque, quindecuplo quam nos longiorcs hahent, at inter fe aequales perpetuo aequi-
noctio. Qua dierum longitudine, quandoquidem non amplius ah illis quam à nohis
Sol abeft, necefle efTet eos, quihus altè fupra horizontem afeendit, aeftu ineommodo
torreri, fi corpora eorum perinde ac noftra afficiantur. Afeendit autem maxime iis
qui circa confinia hemifphaeriorum, qua.* diximus, incolunt, qui vero indc procul dif-
tant, ac circa regiones habitant polis Luna? fuppoiitas, non magis oh longos iftos dies
calehunt, quam qui circa IfiandiamautnovamZemhlama.'ftivo tempore cetos pi|fcan- (/>. 121).
tur; qui perfîepe frigora ingentia, ipfius folftitii tempore, ac trium liect menfium dic-
bus, experiuntur. Sunt autem poli Lunae, quos circum ftellss \]\x converti cernuntur
in ea habitantibus, nequaquam iidem qui nobis, neque etiam'eum Eclipticaî polis
conveniunt, fed his circunferuntur, quinque gradibus femper dillantes, idque periodo
annorum novendecim. Anni autem fpatium idem illic quod nobis; quod motu lixa-
rum metiuntur ac reverfionc earum ad Solem. Idque iis perfacile eft, cum diei tem-
pore, non minus quam noctu, ftellas confpiciunt, nihil impediente Solis claritate;
quoniam, ut fupra oftenfum eft, nullam vaporum"_ fphaeram habent; fine qua & nos
interdiu cœlum fideribus plénum afpiceremus. Xec vero nubes quoque ullas unquam
obftant obfervantihus, adeo ut curfus Planetarum melius quàm nos in veftigare poflin t ;
fed tamen difficilius multô 'verum fyftema reperire. Quoniam incipientibus (tare
Terra (lia videri debuit, in quo eos longius quàm nos error abduxit.
8oo
I.E COSMOTHEOROS.
Nous avons expliqué jufqu'ici ce qui fe rapporte aux Planètes primaires et fecon-
daires qui entourent le Soleil. Avant que de continuer, c'ell-à-dire avant que de
confidérer le Soleil et les étoiles fixes lcfquels confinaient la troifième eipèce de corps
céleftes, il vaut la peine, nous femble-t-il, d'exprimer méthodiquement et avec plus
[Fig. 149]
*/v
d'évidence que jufqiuci, la grandeur et la magnificence de tout le fyftème Solaire.
Ce que nous ne pouvons nullement taire par une figure tracée fur les préfentes feuilles
à caufe de la petitefle des corps Planétaires en comparai fon avec leurs fort grandes
orbites. Mais nous fuppléerons par nos paroles a ce qui ne peut être repréfenté par
une figure. Reprenant donc la figure du début du livre précédent [Fig. 149], repré-
fentons-nous une deuxième figure femblable et avec les mêmes rapports des diftanecs
COSMOTHEOROS. 80 1
Haec omnia vero ad Jovis & Satumi Lunas referuntur, quibus idem quod nobis
Tellus ! eft, lin lunt primarii Planées. Singula aucem diei nortilque fpatia fimul fumpta, O ' —)•
cujufque Lunae periodus metitur, quas fupra annotavimus. Quo fit ut Satumi quintam Quod lul l"vis &
, ., . . , 1. ,-, n ...... _ .. Saturai Lunas fa
mcolentibus, cujus penodus dierum noitrorum erat Ho, eveniant lui aies noccefque cilc transferrc ,.,i
noitris quadraginca squales. Iiidem vero, propter Satumi revolutionem crîcennalem,
liunt seftates hyemefque fingulse annorum noitrorum quindecim. Itaqr.e tum propter
tam ionga frigora, tamque longos fomnos vigiliafque; etiamli ni] aliud effet, plane
aliam quam apud nos vitam illie fore maniteihim eil.
Explicuimus igitur hacïenus, quae ad Planetas primarios fecundariofquc Solem cir-
101
802
LE COSMOTHEOROS.
mais tracée dans un plan fort ample et fort poli dont le contour extérieur, repréfen-
Defcription du tant l'orbite de Saturne, ait un rayon de trois cents foixante pieds. Plaçons enfuite fur
monde (blaire fui- . c, . . . , 0 r . , ,
vant fes véritables cette dTConierence 1° globe de Saturne avec ion Anneau en grandeur telle qu on
dimenfions. le voit dans la deuxième figure [Fig. 151] où font repréfentés les corps du Soleil et
des Planètes. Plaçons de même les autres globes chacun en ion orbite et au milieu
d'eux tous le Soleil de la grandeur qu'il a dans la même figure, (avoir avec un diamè-
tre de quatre pouces. L'orbite de la Terre, que les Aftronomes appellent le grana
orbe, acquerra ainfi un rayon de trente-fix pieds, dans laquelle il faut fe figurer circu-
ler une Terre pas plus grande qu'un grain de mil et ion compagnon la Lune, à peine
COSMOTHEOROS. 803
cundantes Ipectant. 1 linc vero priufquam ad Solem ipfum & délias lixas, tertium
nempe genus cœleftium corporum, pergamus, opéra? pretium videtur, ut magnitudi-
nem, ac magnificentiam totius Solaris mundi, aliqua rarione, atque evidentius quam
hactenus tac'tum lit, exprimamus. Quod quidem fchemate in foliis hifce defcripto haud-
quaquam poflumus, proptcr parvitacem corporum Planetariorum ad vaftiflimas orbi-
cas liras col|lacorum. Sed verbis fupplebitur quod defcriprione perfici nequit. Itaque (j>> '-3)«
repetitâ figura quam fuperiorislibriinitiopofuimus,cogiteturei fimilis ac proportione Solaris mundi fe-
refpondens, led quae defcripta lit in ampliffima politiffimaque areae cujufdam planicie, Proportionem de-
fcriptio.
8o4
LE COSMOTHF.OROS.
fijpérieure à un point vifible et le mouvant fuivant une circonférence large d'un peu
plus de deux pouces, comme dans la figure ci-jointe [Fig. 1 55]. La ligne AB y reprc-
fentc une partie de la circonférence qui conftituc la dite orbite de la Terre et dont le
rayon eft de trente-fix pieds. Le petit cercle C y eft la Terre et DE la route de la
Lune qui L'encercle, où le corpufculc de la Lune eft tel qu'on le voit en D.
Quant a la Lune extérieure de Saturne, elle fera fa révolution en une circonférence
à rayon de 29 pouces; et le fatellitc extérieur de Jupiter en une circonférence un peu
plus petite, (avoir à rayon de iyi pouces.
[Fig- 155]
C'eft feulement de cette façon qu'on obtiendra une image vraie, où font obfervées
les véritables proportions du Palais ou Royaume Solaire dans lequel la Terre fera
diftante du Soleil de douze mille de les diamètres. Si l'on veut avoir cette diftance
exprimée en milles, elle en comprendra plus de dix-fept millions, favoir de milles
Germaniques. Mais nous faifirons peut-être mieux fon amplitude en la mefurant par
la vitefle d'un mouvement, a l'exemple du Poète Héliode qui, dans le but de définir
la hauteur du ciel et la profondeur du Tartare, qu'il eftime égales l'une a l'autre, a
écrit qu'une enclume de fer qu'on laiflcrait choir du ciel, après être tombée durant
neuf jours et neuf nuits atteindrait la terre le dixième jour; et que dans le même
efpace de temps elle parviendrait de la furfacc de la Terreau Tartare Iy). Quant a
nous, nous ne ferons pas ulage de la chute d'une enclume mais plutôt de la vitefle
con Mante d'un boulet de canon qu'on a trouvé par expérience parcourir environ cent
ip) ©eoTOvéa, vs. 720 — 725.
COSMOTHEOROS. 805
cujus extremus circulus, Saturai orbem referons, trecentos fexaginta pedes femidia-
metro contineat. In cujus deinde rircunferentia globus Saturai cum fuo ponatur An-
nulo, quantus in figura altéra cernitur, nbi Solis &. Planetarum funt corpora. Csteri-
que fimiliter globi in fna quifque orbita collocentur; inque medio omnium Sol qua
magnitudine ibi defignatur, quatuor nempe pollicum diametro. [ta Telluris circuitus,
quem magnum orbem vocant Allronomi, femidiametrum fortictur pedum triginta
& fex. In quo Tellus ipia milii grano non major circunferri cogitanda cil; eique eomes
Lima, vix punftum vilibile fuperans, in eireello paulo plus quam duos pollices lato;
velut in adferipto hic diagrammate. In quo linea A B circunferentia* partem réfère
ejus, quam diximus, Telluris orbita,', cujus triginta & fex pedes continet femidiameter.
In ea Tellus eft circellus C: Luna? vero cir|cum eam via, circulus DE; in quo Lunae (!'• I:4>
corpufeulum quale ad D exprelfum cit.
Saturniarum vero Lunarum exterior in circulo feretur cujus femidiameter pollicum
29. Jovialium item exterior in minore aliquanto, cujus femid. poil. 19^.
Sic demum habebitur germanus & omni proportione perfectus folaris Regiai typus,
in quo jam Tellus duodecim mille diametris luis à Sole aberit. Cujus fpatii amplitudo
fi milliarium numéro defignanda fit, plus quam feptemdecim milliones, ut vocant,
milliarium Germanicorum comprehendet. Sed melius fortafie hanc valtitatem animo
concipiemus, fi motus cujufdam celeritate eam metiamur, Mefiodi Poeta? exemplo;
qui altitudinem cœli, & Tartari profunditatem requis fpatiis definiens, novem dierum
noctiumque lapfu, ferream incudem è cœlo dimifiam, ad terram décima pervenire
fcriplit; ac tanto quoque tempore è Terrae fuperficie cadentem ad Tartara ferriIy).
Nos vero non incudis lapfum fed continuam potius celeritatem globi ex majore tor-
mento emifll hue adhibebimus; quem fingulis horze fecundis lerupulis, five arteria:
806 LE COSMOTHEOROS.
toiles de fix pieds en chaque féconde ou battement de pouls, comme Merfcnne nous
l'apprend dans fa Baliflique; tandis que le Ton dans le même temps parcourt cent
quatre-vingts pieds.
L'immenfité des ]e dis donc qUe fj un boulet fc meut continuellement avec cette grande viteffe de
SoleUetle/pianè- ^a Terre jufqu'au Soleil, il lui faudra prefque 25 ans pour parcourir la dite dillance.
tes efl illuftréepar D'où réfulte qu'il lui en faudra 1 25 pour parvenir au Soleil de Jupiter, et 250 pour
la comparaifon y parvenir de Saturne. Ce calcul cil bafé fur la grandeur du diamètre de la Terre qui
cm d'un boulet d'après les meilleures mefuresfrancaifesefr.de 6538594 toifes Parifiennes, attendu
qu'un degré d'un grand cercle en melure 57060. On comprend par là quelles font
les dimenfions de ces orbites et combien petit efl par rapport à elles le globule de la
Terre où nous exécutons tant de travaux, où nous naviguons tant et où nous faifons
tant de guerres. Puifîent nos Rois et Monarques apprendre cela et en tenir compte;
afin qu'ils fâchent de combien peu d'importance eft ce qu'ils fe propofent lorfqif ils
s'évertuent de toutes leurs forces, au grand mal de beaucoup d'hommes, à s'emparer
de quelque coin de la terre. Mais revenons à nos ipéculations et portons nos regards
fur le Soleil, dont notre ample defeription a fait voir la grandeur tant par rapport aux
Planètes qu'à leurs orbites.
(^ue pour le Soleil \\ n'a pas femblé impofliblc à quelques auteurs que fur le Soleil lui-même puiffent
endéfautJ vivre des animaux. Mais comme ici toute conjeélure raifonnable fait défaut, plus
encore que pour la Lune, j'ignore pour quelles raifons ils ont été de cet avis. En effet,
il n'a pas encore été déterminé avec certitude fi la matière de ce vafte globe efl folide
ou liquide; quoiqu'à caufe de la nature de la lumière que j'ai expliquée ailleurs, la
liquidité foit plus probable, laquelle efl auffi fuggérée par la parfaite rotondité du Soleil
et l'égalité de la diffufion de la lumière fur toute fa furface. Car une faible inégalité
paraiffant à la circonférence du difque, laquelle on aperçoit, mais non pas toujours, à
l'aide des télefeopes, ce dont quelques perfonnes prennent occafion pour fe figurer
des ondulations et des éruptions de flammes , n'efl autre chofe qu'un tremblement de
l'atmofphère de notre Terre, tremblement qui fait auffi fcintiller les étoiles pendant
la nuit. Je n'ai jamais, moi, pu voir ces faculcs que prefque tous les auteurs commé-
Q ne les facules du m0rent en même temps quel es taches, quoique j'aie fouvent vu ces dernières; je doute
incertaines ' ^ort "* ^ur ^e Soleil il apparaît quelque chofe de plus lucide que lui. En confultant des
obfervations faites avec foin, je trouve que c'efl feulement dans les ténébrofités qui
entourent le plus fouvent ces taches et parfois aufîi fe montrent feules, que des points
plus brillants font quelquefois aperçus, points dont il ne ferait pas étrange fi, à caufe
de l'obfcurité avoifinante, ils paraiffaient plus refplendifïants qu'ils ne le font en effet.
On peut admettre avec certitude qu'il y a dans le Soleil une fort grande chaleur et
Qu'à caufe de la fer veur, où rien de femblable à nos corps ne pourrait vivre ou même fubfifler un infiant.
aucun corps com- ^ faudrait donc fe figurer un autre genre d'êtres vivants, fort différent de la nature de
parable au notre, tous ceux que nous avons jamais vus ou pu nous imaginer. Ce qui équivaut prefqu'à
dire que nous ne pouvons ici nous approcher de la vérité en faifant des conjectures.
Certes, un corps fi éminent et fi volumineux a fans doute été créé avec beaucoup d'à-
COSMOTHEOROS. 8o7
puliihus, centum cir|citcr hexapedas conficere experimentis compertum eft, quae in (/>• i-5>
Balifticis Merfennus commémorât; cum fonus eo tempore ad centenas oftogenas
extendatur.
Aio igitur, fi ex Terra ad Solem tanta illa celeritate globus continue fcratur, ferc Immenfitas inter-
annos 25 effe infumpturum antequam iter hoc peragat. Ut proinde a Jove ad Solem um0I&mpianetaî
125 annis opus habcat, à Saturno 250. Et hic quidem calculus ex meniura Ternv iiiuftratui compa-
diametri pcndet, qui ex probatioribus Gallorum obfervationibus eft hexapedarum raùone cum motu
Pariiîeniium 6538594. cum gradus unus circuli maximi effitiat hexapedas 57060. |^yj.
Quanta itaque fine iftorum orbium fpatia, quamque exilis, eorum refpeéhi, Telluris
globulus, in quo tam multa homines molimur, tantum navigamus, tôt bella gerimus,
ex his intelligitur. Quod utinam difeant cogitentque Reges & Monarchx* noflri; ut
feiant quantilla in re laborent cum de angulo aliquo terra; occupando totis viribus,
magno multorum malo, contendunt. Sed ad noftra revertamur, ac de Sole videamus,
cujus jam fimul ad Planetas & eorum orbitas magnitudinem ampla illa deferiptio,
quam expoluimus, demonllrat.|
In hoc igitur ipib Sole non improbabile quibufdamvifumeftanimalia viverc polie. 0'- 12^)-
Sed cum multo inagis etiam, quam in Lunis, conjectura omnishicdeficiat,nefcioqua ln s"!c unini:1
rùtione id ita elfe opinati fint. Non enim adhuc plané compertum elt, utrum dura an J '
liquida fit valti illius globi materies; etfi propter lucis naturam, quam alias explicui,
inagis veriiîmile fit liquidam elle; quod etiam perfecta rotunditas ejus, lumenque per
totam fiipei liciem a-qualiter diffufum fuadere videtur. Nam exigua quidam in difei
circunferentia appareils inxqualitas, qua? telcicopiis, nec tamen femper, cernitur, &
ex qua miros undarum fluctiis, flammarumque eruEtationes, nonnulli fibi fingunt,
nihil aliud eft quam vaporum prope Terrain noltram tremula agitatio, quœ & ltellas
noctu fcintillare facit. Neque ego faculas illas, quas unh cum maculis ferc omnes celé- F»culas Solares
brant, unquam videre potui, etfi has faepius fpeétaverim; ac valde dubito an aliquid
in Sole, iplo Sole lucidius appareat. Invcnio enim, fideliores obiervationesconfulens,
non niiî in nubeculis illis fubfufcis, quœ maculas plerumque circundant, aliquando
folœ teruntur, punjeta queedam clariora interdum notari, qua; non mirum effet, propter (/>• * -7~)-
obfcuritatis illius viciniam, fplendidiora quam fint videri. Summum quidem in Sole Propter calorem
calorem, iervoremque elle, certo credendum cil, in quo nihil omnino noftrorum corpora noftris
corporum fimile vivere pofîit, aut momento fuperefle. Itaque aliud genus viventium fimilia.
animo concipiendum efiet, longeque ab omni natura eorum quœ unquam vidimus,
aut cogitavimus, diverfum. Quod 1ère idem ell ac fi dicamus nihil hic conjectando
nosconfequi pofle. Elt quidem tam prœitans, tantasque molis corpus haud dubiè ma-
808 LE COSMOTHEOROS.
propos et pour un infigne but. Mais Ton utilité ne paraît-elle pas déjà abondamment
dans cet admirable rayonnement de lumière et de chaleur fur tout le groupe des Pla-
nètes qui l'entourent, rayonnement qui non feulement rend pofliblc'la vie de tout le
genre animal mais contribue aufli à la rendre agréable? Et ceci non feulement dans le
cas des petites Planètes comme notre Terre, mais au (fi dans celui des globes tant de
fois plus grands de Jupiter et de Saturne dont les dimenfions, comparées à celle du
Soleil, ne font pas méprifables. Ces chofes font fi importantes qu'il ne ferait pas éton-
nant fi le Soleil avait été créé pour ce but. Je ne puis me rendre — pour les raifons que
je développerai plus loin — à l'opinion de Kepler d'après lequel un autre office aufli
lui incomberait, lavoir celui de maintenir le mouvement de toutes les Planètes envi-
ronnantes dans leurs orbites par fa converfion fur fon axe, ce que dans fon Epitome
du fyftème Copernicain Kepler tache d'étayer par beaucoup d'arguments.
Que Les c'toiles Avant l'invention du Télefcope la thèfe que le Soleil eft une des étoiles fixes fem-
de Soleils ™ ^lait être en désaccord avec le fentiment de Copernic pour la raifon drivante. Comme
les étoiles dites de première grandeur étaient cenfées avoir des diamètres de trois
fécondes et qu'elles font d'autre part fui vaut Copernic fi éloignées que le grand Orbe
parcouru par la Terre n'eft pour ainfi dire qu'un point en comparai fon de la iphère des
fixes, attendu que, quoique la Terre change continuellement de pofition durant toute
l'année, les diftances des étoiles ne changent pas visiblement; il s'enfuivait que celles
qui paraiflent plus brillantes que le refte font plus grandes que des fphères de même
rayon que le grand Orbe; ce qui était abfurde. C'était là la principale objection de
Tycho Brahé contre la dottrine de Copernic. Mais lorfque les Télefcopes faifaient
difparaître les rayons aftraux qui apparaiiïent à l'oeil nu (ce qu'ils font le mieux lorf-
que la lentille oculaire eft légèrement enduite de fuie) et ne représentaient donc plus
les étoiles que comme des points brillants, cette difficulté a été entièrement levée.
Rien n'empêche donc déformais de confidérer ces étoiles comme autant de Soleils.
Et cette thèfe eft rendue encore plus probable par le fait qu'elles luifent de leur
propre lumière; en effet, leur diftance eit fi grande qu'elles ne peuvent aucunement
l'emprunter au Soleil. Rien ne nous défend de croire qu'en général elles ne font pas
plus petites que le Soleil, puifqu'elles nous envoient une fi vive lumière de fi loin.
(jii elles font diffé- c'eft bien ]^ à cette heure l'opinion commune des adhérents du fvftème de Copernic;
minées dans de , ,. , , «, v , , , .. n
vaftes régions du Icfquels admettent aufli a bon droit que ces étoiles ne le trouvent pas toutes en une
ciel et éloignées les même furface fphérique, d'abord puifqu'aucune raifon ne milite en faveur de cette
unes des autres thèfe, en fécond lieu puifque le Soleil qui eft l'une d'elles ne peut être dit s'y trouver:
du Soleil les pins qu'l c& donc plus véritable qu'elles foient difieminées par de vaftes efpaces céleftes
proches. et qu'autant de diftance il y a de la Terre ou du Soleil aux plus proches, autant il y en
ait aufli en moyenne de celles-ci aux fuivantes, et de ces liiivantes à d'autres en une
Contre kcplcr: continuelle progreffion.
que le Soleil n'oc- T .. . tV . . ,,r . ,,., .. ,, • t- rr
pus parmi Je 'ais que Kepler, dans 1 Lpitome déjà nommée, eft d un autre avis, bn effet,
elles une place quoique luivant lui les étoiles foient difieminées par toute la profondeur du ciel, il
u""KI1tc- veut pourtant que notre Soleil ait autour de lui un beaucoup plus grand elpace,pour
COSMOTHEOROS. 8oQ
xima ratione, ac propter infignem ulum aliqucm creatum. Sed an non apparet jam
abundc militas ejus in mirabili illa lucis calorilque in tôt um Planctarum circumftan-
tium chorum eflufione; ex qua univorfo animantium gencri non vita folum confiât,
fed & jucunda ut lit etlicitur? Idquc non in cxiguis folum, qualis Tcllus noftra, fed &
in tanto majoribus Jovis & Satumi globis, quorum non efi: contemptibiîis ad S,>lem
collata magnitude. Haec quidem tanta finit ut nihil miruni lit eorum gratia duntaxat
Solem elle conditum. Nam quod Ke|plerus opinabatur, aliud quoque illi delcgatum (p- '-8).
elle munus, ut nempe omnium circuni ambientium Planctarum motus in fuis orbibus
incitaret, propria fuacircaaxem converlione, quod in Epitonic fyftematis Copemîcei
multis comprobare conatur, non pofium alTentiri, propter ca qua; in lequentibus di-
centur.
Solem ex ltellis inerrantibus unam efTe, ante Telelcopii inventionem, adverfari Stellas fixas toti-
videbatur Copernici fententiae; quia cum fiella;, qua? dicuntur prima; magnitudinis,
cenferentur trium fcrupulorum diametro,efrentquefccundumCoperniciuntam procul
remota;, ut totus ille Orbis magnus, quo Terra defertur, velut puncli inllar effet ad
fpheram affixarum comparatus; quandoquidem toto anni temporc, ctfi locum Terra
mutaret, nihil mutari cernerentur llcllarum difiantia;; fequebatur iingulas earum,
qua; cœteris clariores apparent, majores e(Te toto illomagni orbis ambitu: quod ab-
furdum erat. Atque hoc, ut palmarium contra Copernici doctrinam argumentum,
Tycho Braheus objeiïabat. Sed poilquam radios ftellarum nudo vifu apparentes,
Telefcopia fulhilenint; | (quod ita optime faciunt, fi lens oculo proxima rlamma; af- (/■• 129).
flatu obfcuretur) atque ita haud aliter eas ac puncta lucentia fpeclandas prsebuerunt;
prorfus fublata quoque efi: ea dilh'cultas, nec quidquam jam impedit quo minus llella;
illa; pro totidem Solibus habeantur. Idque eo probabilius redditur, quod conllet pro-
pria luce fua cas lucere: tanta enim ell dillantia, ut h Sole illam mutuari nequaquam
pofiint. Singulas vero Sole minores non elfe nihil credi vetat, cum ex taminmenfo
intervallo tam vividum lumen fundant. Hanc itaque fententiam nunc paflim tenent
qui Copernici fyllema amplectuntur. Qui recle quoque hoc fiatuunt, non in un a ea- Kas fParK| P" vz-
demque fuperficie ha;rere (lellas iflas; tum quod nulla ratio hoc fuadeat, tum quod in al^asc\'b ^[*' ut
eandem fpha;ram Sol, qui earum una efi:, referri nequcat. Itaque veriùs efie fpargi cas proximas à Sole
per valla cœli fpatia, quantumque à Terra aut Sole ad proximas interjacet. tantum removeri.
circiter ab his effe ad fequentes, atque inde rurfus ad alias, continuo progrcfTu.
Scioetiam hic aliud fentire Keplerum, in ea, quam diximus, Epitome. Quamquam
enimexifiimet totaca;liprofunditate ftellas|difieminatas elle, vulttamen Solem hune (A 13°)-
nollrum multo amplius fpatium circa fc habere, quali fphœram vacuam, fupra quam Nec Solem pne
caeteris eminere
contra Keplerum
notatur.
I02
8 I O LE COSMOTHEOROS.
ainfi dire une fphère vide, au-deiîus de laquelle commence un ciel plus abondamment
parfemé d'étoiles. Il penfait que s'il en était autrement, le chiffre des étoiles qui nous
apparailTent ferait peu élevé et que celles-ci préfcnteraient des différences de grandeur
fort marquées: car comme les plus grandes de toutes par ai fjent fi petites que leurs
dimenfions peuvent à peine être notées ou me jurées avec des inflruments, et que celles
qui J'on t deux ou trois fois plus di fiantes par ai jj eut nécessairement deux ou trois fois
plus petites, en fuppofant les véritables grandeurs égales, et qiion vient ainfi bientôt
à des étoiles inapercevables, il en réfulte que nous ne pourrons voir que fort peu d'é-
toiles et que celles-ci feront de grandeurs fort diverfes 20); tandis qu'au contraire
nous en obfervons plus de mille, et que leurs grandeurs ne font point fort diverfes.
Mais de ceci ne réfulte nullement la concluiîon qu'il en tire; il s 'eft furtout trompé
en ne pas remarquant que la nature des feux et de la flamme eft telle qu'ils peuvent
être aperçus de fort grandes diftanccs, des dillances auxquelles d'autres corps, vus
fous des angles également petits, font abfolument inviiibles. Ce que démontrent déjà
les lanternes allumées de nuit dans les rues de nos villes. Quoique les réverbères qui
lé fuivent foient diftants entre eux d'une centaine de pieds, on peut cependant en
compter vingt et davantage en une férié continue, bien que la flamme de la vingtième
lanterne foit vue fous un angle d'à peine 6 fécondes. C'ell ce qui doit arriver bien
plus dans le cas de la brillante lumière des étoiles, de forte qu'il n'y a rien d'étonnant
à ce qu'on puilTe en apercevoir à l'oeil nu mille ou deux mille, et qu'en fe fervant de
Télefcopes ou en voie vingt fois davantage. Mais fous cette argumentation fe cachait
une autre raifon pour laquelle Kepler délirait pouvoir coniidérer le Soleil comme un
objet éminent au-deffus des autres étoiles, comme feul dans la Nature pourvu d'un
fyftème de Planètes, et comme fitué au milieu du monde. En effet, il avait befoin de
ceci pour confirmer fon myllère Cofmographique par lequel il voulait faire corref-
pondre les dillances des Planètes au Soleil, fuivant de certaines proportions, aux dia-
mètres des fphères inferites et circonferites aux polyèdres d'Euclide. Ce qui ne pouvait
fembler vraifemblable que s'il n'exillait au monde qu'un feul groupe d'aftres errants
et que par conléqucnt le Soleil était le feul repréfentant de fon cfpèce.
Mais tout ce myltère, bien conlidéré, ne paraît être qu'un fonge né de la philofo-
phic de Pythagore ou de Platon. Les proportions aulli n'y font pas tout-à-fait con-
formes à la réalité, comme l'auteur lui-même l'avoue; pour expliquer cette divergence,
il invente d'autres caufes entièrement frivoles. C'ell par des arguments de moins de
poids encore qu'il prouve la fphéricité de la furface extérieure du monde laquelle eft
dite contenir toutes les étoiles; et qu'il établit que le nombre de ces dernières eft
néceflairement fini en fe bafant fur le fait que ceci eft vrai pour la grandeur de cha-
i itation ik' [a Pars Secunda du Lib. i de l'Epitome.
COSMOTIIKOROS. S 1 i
confcrtius Ilellis cœlum incipiat. Putabat cnini alioqui futurum ut paucae cantum ftella:
numerarentur nobis, eaeque fumma magnitudinis diverlitate : nant cum omnium maxi-
nue tant apportant /v/nv, ut vix inflrumentispoffint notari aut menjurari, confe-
quens ejje ut qitie duplo aut triplo &c. di/farent longius, duplo & tripla appareant
minores, pofitis aqualibus ip/îs verts magnitudinibus; ci toque veniatur ad eas quw
penitits fiant infenfibiles: atque ita paucijfîmas vifum tri fïellas, eafque in maxima
differentia*°y, cum contra amplius quam mille oblèrventur, nec inagnitudine ita
multum diverfae. Sed ex his nequaquam id quod ille intendit evincitur; ac praecipue
in eo deceptus fuit, quod non advertit ignium, 6c flammse eam elle naturam, ut ex
maximis intervallis cerni poflïnt, iifque unde alia corpora, seque exiguis angulis com-
prehenlà, prorfus evanefcant. Quod vel lucernœ comprenant, quae per urbium noftra-
rum vicos nochi incenduntur. Quœ cum ad centenos pedes inter le aillent, tamcn
earum viginti & plures, in continua ferie magis magifque remotas, numerare licet,
etfi vicefimae | flammula vix 6 fecundorum fcrupulorum angulo confpiciatur. Idem Çp- i3> •
vero multo magis lieri neceffe cil in eximia illa ftellarum luce; adco ut nihil mirum
lit, ad mille aut duo millia earum, oculis notari poffe;Telefcopiis veroadhibitis,etiam
vigecuplo plures deprehendi. Sed (libérât ratio, cur Keplerus Solem prae reliquis Ilellis
prœcipuum quid habere cuperet; circumque eum e(Te unicum, in Natura, Planetarum
fyftema, idque mundi medio litum. I Iilce nimirum opus habebat ad confîrmandum
myilerium Cofmographicum fuum, quo certis quibufdam proportionibus refpondcre
volebat Planetarum a Sole diltantias diamctris fphïerarum, qua? corporibus polyedris
Euclideis infcribuntur & circunfcribuntur fingulis. Quod tum demum vcrilîmile vi-
deri poterat, li in mundo univerlb unus tantum effet circa Solem aberrantium lîderum
chorus, adeoquc & Sol ipfe foins fui generis.
Sed myilerium illud totum, fi bene perpendatur, l'omnium quoddam ex Pythagorae
aut Flatonis Philofophia enatum elfe apparet. Nec proportiones lacis quadrant, ut
ipfe quoque auctor agnofcit; fed, cur hoc ita fit, | alias caufas plane fri \« >las a raiminif- (J>- ' 32)-
citur. Idem levioribus ctiam argumentis probat extremam mundi fuperliciem, délias
omnes continentem, fphaericae elle figura'; ac numerum praterca earum neceffariô
elfe finitum, ex eo quod fingularum finita fit magnitude Illud vero vanilfimum, quod
a Sole, ad fuperliciem eavam fphœrae fixarum, définit fpatium fexies centena millia
8 I 2 LE COSMOTHEOROS.
cune d'elles. Sa conclufion la plus extravagante c'eft que la diftance du Soleil à la
furfàce concave de la fphère des fixes ferait de fix cent mille diamètres de la Terre:
pour cette raifon que le diamètre de l'Orbite de Saturne ferait à celui de la furface
intérieure de la fphère ftellifère comme le diamètre du Soleil eft à celui de la dite
Orbite (c. à. d. fuivant lui comme i eft à aooo), ce qui ne s'appuie fur rien. Il eft
étonnant que de telles idées foient provenues de cet Homme fi génial, qui fut le grand
inftaurateur de l'Aftronomie. N'héfitons pas, nous, à admettre avec les principaux
Philofophes de notre temps que la nature des étoiles et celle du Soleil eft la même.
Que rien n'empô- D'où refaite une conception du monde beaucoup plus grandiofe que celle qui cor-
l'entourde'chacu- reM?011d aux vues antérieures plus ou moins traditionnelles. Car qu'eft-ce qui empêche
ne des fixes, de maintenant de penfer que chacune de ces étoiles ou Soleils a des Planètes autour de
mêmequ'àFentour \u{ zout comme le nôtre, et que ces Planètes à leur tour font pourvues de Lunes?
des Planètes" ^ Voici une raifon péremptoire pour croire qu'il en eft ainfi: en nous plaçant en efprit
dans les régions céleftes à une diftance non moins grande du Soleil que des étoiles
fixes, nous n'apercevrions aucune différence entre ces dernières et lui. Car ileftabfo-
lument impoffible que nous pourrions voir les corps des Planètes circulant autour du
Soleil, tant à caufe de leur bien faible lucidité que par le fait que toutes leurs orbites
lemblcraient fe confondre avec le Soleil en un même et unique point brillant. Placés
au lieu indiqué nous eftimerions à bon droit que la façon d'être et la nature de toutes
les étoiles eft la même, et nous n'héfiterions pas de conclure d'une feule regardée de
plus près à toutes les autres. Mais maintenant nous fommes, par la grâce de Dieu,
dans le voifinage d'une d'elles, favoir de notre Soleil,* et la diftance eft fi courte qu'au-
tour de lui nous voyons tourner fix globes plus petits et autour de quelquef-uns
d'entr'eux d'autres globes fecondaires. Pourquoi ne ferions-nous pas ufage, en cette
circonftance, du jugement porté plus haut et n'eftimerions-nous pas fort vraifemblable
que cette étoile n'eft pas feule accompagnée d'une pareille famille ni en général plus
excellente que les autres? Que par exemple elle ne tourne pas feule autour de fon
axe, mais qu'il en eft de même d'elles toutes? Pourfuivant ce raifonnement il faudra
admettre qu'aux innombrables Planètes appartenant à tant de milliers de Soleils re-
vient auffi tout ce que nous avons dit, à l'image de notre Terre, fe trouver générale-
ment fur les Planètes circulant autour du nôtre. Là auffi il y aura des plantes et des
animaux, parmi lefquels des êtres raifonnables obfervant avec curiofité et admiration
l'étendue célefte et fes aftres et comprenant quels font leurs mouvements, pofledant
donc auffi toutes les chofes fans lefquelles nous avons fait voir plus haut qu'ils ne
pourraient être aftronomes.
Combien admirable et étonnante eft donc l'amplitude et la magnificence du monde
tel que nous devons le concevoir. Tant de Soleils, tant de Terres, et chacune d'elles
parée de tant d'arbuftes, d'arbres, d'animaux, ornée de tant de mers et de tant de
montagnes. Notre admiration fera plus grande encore fi nous nous fouvenons de
ce qui aux dites confidérations a été ajouté plus haut fur la diftance des fixes et fur leur
multitude.
COSMOTHEOROS. 8 13
Terra* diametrorum. Quoniam feilicet, lient Solis diameter ad diametrum Orbitae
Satumi; quos inter le elle ltatuit ut i ad 2000; ita lit hic diameter ad illuni Iphara
tixarum interioris; quod nulla ratione nititur. Atque IracquidemVirolummi ingenii,
magnoque Altronomia inttauratori excidiire mirum eft. Nos verounacumpracipuis Nihil impedirequo
noftrae atatis Philofophis, ne dubitemus candem ltellarum earum 6k Solis naturam nîinus credamus
. , , circa inianujuani
exiltimare. Ex quo jam mundi idea multo major nalcitur, quam qua ex hactenus tra- queexfixis,utdrca
ditis percipiebatur. Quid enim mine prohibet, quin unamquamque ex Itellis hifee, Solem, efle Plane
tive Solibus, haud aliter ac Sol nofter, circum le Planetas habere putemus, qua rurlus tas"
luis Lunis lHpatai iint? Imo hoc ita le habere, manifelta ecee ratio liiadct. | Etenim (/-• 133)-
fi cogitatione in cœli regionibus nos ponamus, non minus à Sole, quàm lixis Itellis,
remotos; nihil quicquam diferiminis halce inter atque illum tune ell'emus animadver-
luri. Longe enim abell ut corpora Planetarum, Solem ambientium, confpe&uri fimus,
velobtenuiflimameorumlucem, vel quod univerfa, quibus feruntur, orbitae in unum
idemque lucidum punftum cum Sole confunderentur. I lie igitur poiiti, merito eandem
omnium Itellarum rationem naturamque efie exilbmaremus; & ex una, propius in-
Ipecla, de CEeteris quoque judicari poffe nihil ambigeremus. At nunc Dei benignitate,
ad unam ex ipils, Solem videlicet noitrum, admoti fumus, ac tam prope acceflimus,
ut circum eam fex minores globos converti cernamus; & circa horum quofdam, alios
obire iecundarios. Cur itaque non eo judicio nunc utamur; ae prorlus verilimile pu-
temusnon folamhanc ltellam tali comitatu cingi, aut aliqua in re cateris prarninerc?
Neque etiam folam circum axem fuum con\rerti; fed potius cateras omnes eadem
hacfimilia habere? Ergohac ratione etiam cuncla illa qua in Planetis circumlblaribus
inefle, | ad Terra noftrae iimilitudinem difieruimus, conlentancum erit, ut ad innume- (,"■ ' 34)-
ros Planetas alios, tôt mille Solibus additos, aquè pertinere credamus. Eruntquc &
illic ftirpes & animalia, atque etiam ratione inltructa, qua cœli convexa mirentur, 6k
fidera oblervent, motulque eorum intelligant; arque omnia denique habeant, fine
quibus neque hac haberi polie fupra oltendimus.
Quam mirabilis igitur quamque ilupenda mundi amplitudo 6k magnificentia jam
mente concipienda cil:. Tôt Soles, tôt Terra, atque harum unaquaque tôt herbis,
arboribus, animalibus, tôt maribus, montibuique exornata. Et erit etiam unde augea-
tur admiratio, fi quis ea, qua de fixarum itellarum diltantia 6k multitudine hifee addi-
mus, perpenderit.
8 I 4 LE COSMOTHF.OROS.
Telle cil en effet cette diftance qu'en comparaifon avec elle celle qui fépare le
Soleil de la Terre, laquelle contient douze mille diamètres terreltrcs, doit être eftimée
fort petite. C'eft ce qui appert par plus d'une raifon. Entre autres par la fuivante.
Lorfqu'on détermine le lieu de deux étoiles fort voiiines Tune de l'autre et différant
beaucoup en clarté, par exemple de celles fituées au milieu de la double queue du
grand Ourfe, aucun changement de leur intervalle apparent ne peut être remarqué à
quelqu'époque de l'année qu'on les obferve, quoiqu'un tel changement réfulte néces-
fairement du changement du point de vue du fpeétateur parcourant l'Orbe annuel:
celui-ci doit produire une certaine parallaxe ii, comme on doit bien le croire, l'étoile
la plus lumineufe cil plus proche que l'autre. Mais ceux qui, avant nous, ont taché de
mefurer ainfi cette immenfe diltance n'ont pu conclure rien de certain à cauie de la
trop grande fubtilité, dépaffant toute diligence pofîible, des mefures néceflaires. Il
m'a donc femblé, à moi, qu'il ne reliait qu'une feule voie pour arriver du moins à un
réfultat vraifemblable dans une matière fi ardue.
Voici l'explication de ma méthode. Attendu que les étoiles, comme nous l'avons
déjà dit, font autant de Soleils, fi nous confidérons quelqu'une d'entre elles comme
égale au nôtre, fa diftance à notre Soleil fera d'autant plus grande que fon diamètre
apparent fera inférieur au lien. Mais les étoiles paraiflent fi petites, même celles de la
Méthode pour dé- première grandeur, et même vues par le Télefcope, qu'elles ne le préfentent que
vraifemblance la comme des points brillants fans largeur vifiblc. D'où réfulte que par de pareilles ob-
diftance des fixes fervations aucune mefure de leurs diflances ne peut être obtenue. Vu que cette mé-
cl'- thode ne pouvait avoir du fuccès, j'ai cherché un moyen de diminuer le diamètre
du Soleil de telle manière qu'il n'envoyât à l'oeil pas plus de lumière que Sirius ou
quclqu'autre des étoiles les plus lumineufes. A cet effet j'ai fermé de nouveau, comme
plus haut, l'une des deux ouvertures d'un tuyau vide long de douze pieds par une
mince plaque au milieu de laquelle j'ai fait un trou fi petit que l'on diamètre ne fur-
paflait pas la douzième partie d'une Ligne, autrement dit la cent quarante quatrième
partie d'un pouce. J'ai tourné ce côté-là du tuyau vers le Soleil en approchant l'oeil de
l'autre; j'apercevais ainfi une particule du Soleil dont le diamètre était au fien comme
i efi: à 182. Mais je trouvai cette particule beaucoup plus brillante que Sirius tel que
cet aftre nous apparaît la nuit. Ayant donc conltaté que le diamètre du Soleil doit être
diminué beaucoup davantage, j'obtins cette diminution en introduilant dans un trou
de la plaque un très petit globule de verre du même diamètre qu'avait auparavant le
premier trou, globule dont je m'étais ci-devant fervi pour mes microfeopes. Lorfque
je regardai ainfi le Soleil, la tète enveloppée de toutes parts pour que la lumière du
jour ne troublât pas l'obfervation, la clarté ne me parut pas inférieure à celle de Sirius.
Or, faifant un calcul d'après les lois de la Dioptrique, je trouvai que le diamètre du
Soleil était devenu Ti^ de cette particule , £5 que j'avais vue la première fois par
mon petit trou. Le produit de f ' 5 et T|T clr. ô-ssï- Lors donc que le diamètre du
Soleil eft réduit à ce point, ou bien qu'il cil éloigné à une fi grande diftance, que ce
diamètre n'eft plus que le ^755^ de celui que nous apercevons au firmament (car
COSMOTHEOROS. S I 5
Tantam igitur elle dillantiam banc, ut qua? Solem Terramque interjacet, Terre-
que diametrorum duodccim millia eontinct, ei comparata, exilis plane habenda lit,
non una ratione confiât: atque hac inter cseteras, quod li proxtmae quaedam inter fe
(tells notentur, qua? claritate plurinium différant; velut in média caudse, (quae du-
plex cil) Ur|fa? majoris; nulla apparentis intervalli earam mutatio animadvertitur, p- '35)-
quoeunque anni tempore fpedatarum; quod tamen fieri necefle effet, propter diverfas
vifus pofitiones per annui Orbis ambitum, orireturque parallaxis aliqua li, ut confen-
taneumeft,propiorfit ftella qus lucidior apparet. Qui autem ante nos definiendi tam
valti tpacii rationem inierant, nihil certi comprehendere potuerunt, propter nimiam
obfervationum neceffariaram i'ubtilitatem, qusque omnem diligentiam fuperet. Ita-
que mini unica hsc via fuperefle vifa ell, quam nunc infiftam, qua faltem verifimile
quid in re tam exploratu ardua confequamur. Cum ergo ftella? utjam diximus, totidem
lint Soles; fi earam aliquam Sou' squalem elle fumamus, erit illius tanto major quam
Soîis diftantia, quanto apparens diameter diametro Solis minor erit. Sed tam exigus Modus probabili
apparent ltell&% etiam qua prima? funt magnitudinis, atque etiam Telefcopio fpectats, ftantiani fixarum
ut veluti puncta lucentia fine vilibili latitudine refulgeant. Quo (it ut ejufmodi obier- ., sole.
vationibus nulla earam menfura deprehendi pollit. Cum itaque bac non fuccederet,
tentavi qua ratione Solis diame|tram ita imminuere polïem ut non majorem kicem ',"• l30-
quam Sinus, aut aliud è clarioribus fideribus, ad oculum micteret. Ergo occlufi rarfus,
ut lupra, tubi duodecimpedalis vacui aperturam alteram lamella tenuiflima, eujus
medio tam exiguum effeci foramen, ut Lines partem duodecimam non fuperaret, fi-
ve pollieis centefimam quadragelîmam quartam. Hune tubum ea parte ad Solem ob-
verti; altéra oculo admovi; qui tune particulam Solis cernebat, eujus diameter, ad
totiusdiametrum, crat ut I ad 1 8a. Sed eam particulam multoclarioremcompcriebam,
quam noclu Sirius apparet. Itaque cum longe magis arctandum Solis diametrum vide-
rem, id ita efïeci, ut, in perforata ejufmodi lamina, vitreum globulum objicerem mi-
nutiflimum, pari circiter diametro ac prius illud foramen habebat; quo globulo ad
microfeopia antebac ufus fueram. Ita per tubum in Solem intuenti, contecro undique
capitc, ne quid diei lux turbaret, non minor ejus claritas quam Sirii videbatur. Atqui,
ex Dioptrices legibus inftituto calculo, liebat jam Solis diameter Ti5 ejus particuls
centeflms octogefima? fecunds, quam, per foramen exiguum, prius | confpexeram. "• r37 •
DuéHs autem in fe TiT & T^, ^ ït&w Ergo eoufque contracto Sole, vcl conique
remoto, (cric enim effeews idem) ut diameter ejus lit 5f£ffî ejus, quem in cœlo in-
8 I 6 LE COSMOTHEOROS.
l'effet fera identiquement le même), il lui refte une lumière non inférieure à celle de
Sirius. Le rapport de la diftance du Soleil ainiï éloigné en efprit à celle qu'il a mainte-
nant fera néccfiairement de 27664 à 1, et fon diamètre furpaiïera 4'" de bien peu.
Par conféquent, fi nous fuppofonfc Sirius fon égal, il s'enfuit que le diamètre de Sirius
eft du même nombre de tierces et que le rapport de là diftance à celle qui nous fépare
actuellement du Soleil eft encore une fois de 2T664 à 1. Combien cette diftance eft
incroyablement grande, c'eft ce qui nous apparaîtra en faifant ufage de la repréfen-
tation qui nous a déjà fervi dans le cas de celle de notre Terre au Soleil: tandis que,
pour parcourir cette dernière, un boulet avait befoin de 25 ans, en fe mouvant con-
tinuellement avec fa vitefle initiale, il faudra maintenant multiplier par 27664 ce
nombre 25 ce qui donne 691600, de forte qu'il faudra près de fept cent mille ans au
boulet, pourtant fi rapide, pour atteindre les étoiles fixes les plus rapprochées. Or,
lorfque par une nuit sereine nous tournons les yeux vers les étoiles et que nous nous
en tenons à ce que ces organes nous diftent, nous nous figurons qu'elles ne font que
de quelques milles au-defius de notre tête. Ce n'eft encore que fur les plus proches
que j'ai inftitué cet examen. Et même Ç\ nous admettons, conformément à ce qui a
été dit, que d'autres, iituées dans les parties ultérieures du ciel, font fi éloignées que
leurs diftances des plus proches font égales à celles de ces dernières au Soleil, combien
grande fera encore l'immenfité du refte! À l'oeil nu on voit plus de mille étoiles, avec
les télefeopes dix ou vingt fois davantage; mais comment pourra-t-on connaître ou
définir la multitude des étoiles ultérieures qu'on ne peut pas atteindre même en fe
fervant du dit auxiliaire? Et quel nombre doit être appelé trop grand, eu égard à la
puifiance de Dieu? Songeant fouvent a ce fujet, il m'a femblé que nos calculs ne
s'occupent encore que des premiers commencements des nombres, vu que dans leur
férié infinie il s'en trouve qui, dans notre fyftème décimal, ne s'écrivent pas feulement
par vingt ou trente, ni même par cent ou mille chiffres, mais qui confiftent en autant
d'eux que ferait le nombre de grains de fable que peut contenir tout le volume de la
Terre. Qui oferait dire que la multitude des étoiles inerrantes n'eft pas fupérieure à
un tel nombre? En vérité, on eft allé beaucoup plus loin en difant que ce nombre eft
infiniment grand, comme l'ont fait quelques Anciens, et aufli Giordano Bruno qui
penfe avoir établi cette infinité par plufieurs arguments, lefquels,à mon avis, font ce-
pendant peu folides. Je fuis pourtant d'avis que le contraire ne peut pas non plus être
démontré par des raifons évidentes. Ce qui eft certain, c'eft que l'cfpacc de la nature
univerfelle eft de tous les cotés infiniment étendu. Mais rien n'empêche de fe figurer
qu'en dehors d'une région déterminée parfemée d'étoiles Dieu ait créé d'innombra-
bles choies d'une nature différente, également éloignées de nos penfées et du lieu de
nos demeures.
Que s'il n'a pas créé un nombre infini d'étoiles mais a laiffé en-dehors d'elles un
cfpace vide infini, de forte que ce tout dont il a voulu l'cxiftence ne foit pour ainfi
dire rien en comparaifon de ce que fon omnipotence eût pu produire? Je n'ai garde
de pourfuivre cette inquifition et l'étude li difficile de l'infini, pour qu'un nouveau
COSAIOTHEOROS. 8 1 7
tuemur, fupereft illi lux quae Sirii luci non cedat. Soli< vero conique remoti diltamia
erit necellario, ad eam quam nunc habet, ut 27664 ad 1 : ce diameter paulum excedet
4 1er. tertia. [taque cum aequalis ei Sirius ponatur, fequitur Sirii quoque diametrum
totidem elle ejufmodi fcrupulorum; diftantiamque itidem,ad eam qua à Sole abfumus,
ut 2-664 ad 1. Quod quam incredibile fit intervallum, apparebit eadem ratione, quam
m sftimanda Solis diltantia adhibuimus. Nam il 25. annis opus habebat tormenti bel-
liei globus. continua velocitate, quanta exploditur, incedens, ut à Terra ad Solem
perveniret ; jam numerus 27664 vicies quinquies ducendus cil, atque ira fiunt 69 1 600,
adeo ut penè feptingenta annorum millia infiimpturus fit globus, in tanta ecleritate
fua, priulquam ad proximas ltellarum inerrantium perveniat. Atque ad has délias
lerenanodeoculoscircumierentes, quantumhorum judicio comprehendere pofi unius,
vix aliquot milliaribus lupra verticem \ cas exitare putamus. Quaîfivi vero de proximis (/'• '38).
tantum. Caetera? enim cum, ut jam diximus, iis fpatiis in ulteriora cœli recédant, ut
non minora fint deinceps à propioribus ad fequentes, quàm à Sole ad iftas, quanta im-
meniitas fupereft! Si enim plures quàm mille, nudo vil'u notantur; telefcopiis ver6
decuplo aut vigecuplo amplius; quomodo feiri poteft aut deliniri, quanta lit multitudo
ulteriorum, quas neque hoc auxilio atringere licet : aut quis numerus nimis magnus
dicendus elt, 11 ad Dei potentiam fpeftemus? Etenim, fœpe haec cogitanti mihi, in
mentem venit, tantùm in primis numerorum exordiis calculos omnes noltros verlhri.
Efle enim in ferie eorum infinita, qui non tantùm viginti aut triginta, aut centum,
aut mille notis feribantur in progreffione noftra denaria; icd qui tôt charaéteribus
confient, quot arena? grana in tota Telluris mole continerentur. Quis vero dicerc
audeat tali numéro non majorera elle mukitudinem ltellarum inerrantium? Nam longe
ulterius progrefli funt, qui infinitam efle dixerunt; ut Veterum aliqui, atque etiam
Jordanus Bronus; qui pluribus argumentis hoc fe evicifTe putat, (ed, ut mihi videtur,
pa|rum finnis. Nec tamen contrarium quoque perfpicuis rationibus probari polie ex- (.'■• ' 39)-
iltimo. Illud confiât, fpatium naturx univerfae infinité undique protendi; at nihil obitat,
quin, ultra définitam ltellarum regionem, res alias innumeras Deus effecerit, à cogi-
tationibus noltris, îeque, ac fedibus, remotas.
Quid 11 vero nec innumeras quidem condidit, Icd ultra cas vacuum reliquit inlini-
tum; ut totura illud, quod exitare voluit, veluti nihil fit pras iis qua; producere ejus
omnipotentia potuifletV Sed ulteriorein horum inquilkionem, totamque illam de in-
rinito ditrlcillimam diiputationem perfequi omitto, ne ad tôt maximarum rerum com-
103
8 I 8 LE COSMOTHEOROS.
labeur ne vienne s'ajouter à celui qui nous a conduits à la compréhenfion de tant de
choies fort importantes. Je n'ajouterai encore que ce qui fuit pour qu'on voie quelle
eft notre opinion fur l'efpace total du monde, pour autant qu'il eit parfemé de Soleils
ou étoiles rixes, autour de chacun desquels nous avons fait voir plus haut que font
probablement groupés des fyftèmes planétaires.
Que chaque Soleil J'eitime donc que chaque Soleil eft entouré d'un certain tourbillon de matière en
1 mouvement rapide, mais que ces tourbillons font beaucoup différents des tourbillons
tourbillon, mais , . r
bien différent des cartéfiens, tant par rapport à l'efpace qu'ils occupent que parle mode du mouvement
tourbillons carte- de leur matière. En effet, chez Defcartes l'amplitude des tourbillons eft fi grande que
:e"j,.l'0"t'1" c'lue chacun d'eux touche les autres tourbillons avoifinants, rencontrant chacun d'eux
plufieurs argu- fuivant une furface plane, comme il en eft lorfque les enfants foufllent des grappes de
ments. bulles d'eau de favon. Il veut en outre que toute la matière de chaque tourbillon fe
meuve, en tournant, en un feulfens. Il faudrait pourtant admettre que ce mouvement
n'eft pas médiocrement gêné par la furface anguleufe des tourbillons. En fécond lieu,
comme ce mouvement eft tel que toute la matière circule pour ainfî dire autour de
l'axe d'un cylindre, il fe préfente après coup pour lui une bien grande dilliculté lors-
qu'il eftaie d'en déduire la forme du Soleil; vain eflai, bafé fur des raifons qui peuvent
paraître à ceux qui lifent avec inadvertance avoir quelque folidité tandis qu'en réalité
elles n'expliquent rien. Il veut en outre que les Planètes nagent dans cette matière
éthérée et foient emportées par elle de manière à circuler autour du Soleil, de telle
façon qu'elles foient retenues dans leurs orbites par le fait qu'elles n'ont pas plus de
tendance à s'éloigner du centre du mouvement que la matière du tourbillon. Mais il
y a ici plufieurs objections Aftronomiques à faire dont nous en avons touchées quel-
ques-unes dans notre difeours des caufes de la pefànteur;dans lequel nous avons aufii
expofé un autre moyen capable de retenir les Planètes dans les limites de leurs orbes.
C'eft la gravité ou pefanteur vers le Soleil; dont nous avons fait voir l'origine et à
propos de laquelle je m'étonne d'autant plus que Defcartes n'y ait pas penféque ce
fut lui le premier qui avait commencé à donner une meilleure théorie que les auteurs
précédents de la pefanteur qui porte les corps vers la Terre. Dans fon livre déjà men-
tionné plus haut fur la Face dans l'orbe de la Lune Plutarque rapporte qu'ancienne-
ment il y eut déjà quelqu'un qui peu fait que la Lune demeure dans fon Orbite pour
la raifon que fà force à s'éloigner de la Terre provenant du mouvement circulaire eft
compenfée par une égale force de la pefanteur par laquelle elle tend à s'en approcher.
C'eft la même choie que de notre temps a foutenu Alphonfe lîorclli, non pas feule-
ment à propos de la Lune mais aufîides autres Planètes; difant que pourles Primaires
la pefanteur eft dirigée vers le Soleil, mais pour les Lunes vers la Terre ou vers Jupiter
ou Saturne qu'elles accompagnent. Récemment Ifàac Newton a expliqué la même
chofe avec beaucoup plus de diligence et de finefle, faifànt voir auffi comment des
caufes nommées proviennent les orbites Elliptiques des Planètes que Kepler avait
conçues en plaçant le Soleil dans un de leurs foyers. Or, il faut, fuivant notre fend-
illent fur la nature de la gravité par laquelle les Planètes tendent vers le Soleil par
COSMOTHEOROS. H19
prehenlioncm, qua jam detuncti fumus, novus laboi accédât. Ea tantùmhic fubjungam,
o\ quibus, qiuvnam Gt noftra de toto mundi fpatio opinio, cognofcatur; quatenus Uuumquemque
nempe Solibus feu itellis inerrantibus patet, quibus i'ua circumponi planetaria fyfte- . fe^t^efianfc
mata, probabile elle antea ottendimus. multum diffimili ;
Exiltimo itaque unumquemque Soleui circumdari vortice quodam materuv celeriter °"U1':1 1ueni Plu-
mots, fed qui multum dillimiles fini Cartefîanis illis, tum Ipatii ratione, tum motus " us<"Putatur-
gejnere, quo in illis materia agitetur. Ea enim apud Cartelium eft vorticum amplitudo, (/>• '4°)-
ut quifque eorum alios le circumliitentes contingat, occurrens Gngulis plana ("uper-
ficie, veluti cum in aqua fapone imbuta bullarum cumulos pueri infiant: moveri ven>
univeriam cujufque materiam rtatuit, in partem eandem rotando. At hune motum
non parum impediri oporteret, propter angulofam vorticum iuperliciem. Deindc
cum lit ejuimodi, ut, velut circaaxem eylindri, materia totaferatur,exoriturci poilea
non exigua difficultas, cum globol'am Solis fbrmam ex hoc motu deducere conatur:
fruilra prorfus, atque iis rationibus, qua4 incautis aliquid efle videantur, cum reipla
nihil explicent. Vult prœterea innatare, ac circunterri cum hac materia a?therea, Pla-
netas; atque ea ratione videlicet in fuis orbibus eas retineri, qu5d non majore vi, quàm
ipfamet, à centro motus recedere conentur. Sed hic ex Aftronomicis complura obji-
ciuntur, de quibus aliqua attigimus in diatriba de candis gravitatis. Ubi & aliam ra-
tionem expofuimus, quœ Planetas intra orbium fuorum limites contineret. Ea ei\
gravitas eorum Solem verfus; qua? unde exoria|tur oftendimus, quamque eo magis (/"• '4')-
miror Cartefium prîeteriiiïe, quod de gravitate, qua corpora in Terrain feruntur,
primus (blito meliora adferre cœpiflet. Rcfert Plutarchus in libro fupra memorato de
Facie in orbe Luna;, fuilTe jam olim qui putaret ideo manere Lunam in Orbe fuo,
quod vis recedendi à Terra, ob motum circularem, inhiberetur pari vi gravitatis, qua ad
Terram accedere conaretur. Idemque xvo noitro, non de Luna tantum, (ed & Planetis
casteris ftatuit Alphonfus Borellus; ut nempe Primariis eorum gravitas ell'et Solem
verfus; Lunis vero ad Terram, Jovem, ac Saturnum, quos comitantur. Multoquc di-
ligentius fubtiliufque idem nuper explicuit Hacus Neutonus, & quomodo ex his caulis
nalcantur Planetarum orbes Elliptici, quos Keplerus excogitaverat; in quorum fbco
82 O LE COSM0THE0R.0S.
leur propre poids, que le tourbillon de la matière célefte ne tourne pas autour de lui
en entier en un feul Cens, mais de telle façon qu'il fe meuve de divers mouvements,
fort rapides, dans tous les fens de rotation poflîbles à fes diverfes parties, fans pourtant
pouvoir fc diflbudre à caufe de l'éther environnant non agité par un mouvement de
telle forte ou de pareille rapidité. C'eft par un tourbillon de ce genre que nous avons
eflayé dans le difeours nommé d'expliquer la pefanteur des corps vers la Terre et tous
fes effets. Or, la nature de la pefanteur des Planètes vers le Soleil elt à mon avis la
même. F^t de ceci fuit auffi la fphéricité tant de notre Terre que des autres Planètes
ainfi que celle du Soleil, laquelle dans le fyftème de Defcartes préfente une fi grande
difficulté.
Comme je l'ai dit, je fais les efpaces occupés par ces tourbillons beaucoup plus
reftreints que lui. Dans la vafte profondeur du ciel je les fuppofe difféminés comme
le font de petits tourbillons dans l'eau, apparaiflant ça et là dans un lac ou marais
étendu, nés par exemple de l'agitation d'un bâton dans l'eau et fort éloignés les uns
des autres. De même que les mouvements de ces petits tourbillons n'ont aucune in-
fluence les uns fur les autres et ne fe gênent donc pas, ainfi auffi en eft-il, penfé-je,
des mouvements tourbillonnaires céleftes qui exiftent autour des aftrcs ou Soleils.
Ces tourbillons ne peuvent donc pas fe détruire ou s'abforber les uns les autres,
fuivant la fiction de Defcartes, lorfqu'il voulait montrer comment quelqu'étoile ou
Soleil cil changé en Planète. Il eft évident qu'en écrivant ainfi il ne tenait pas compte
de l'immenfe diftance des étoiles les unes des autres; cela reffort déjà de ce feul fait
qu'il veut qu'une Comète devienne vifible pour nous auffitôt qu'elle eft defeendue dans
notre tourbillon dont le Soleil occupe le centre, ce qui eft fort abfurdc. Car com-
ment un aftre de ce genre qui ne fait que réfléchir la lumière du Soleil, comme il
l'affirme avec la plupart des Philofophes, pourrait-il être aperçu à une fi grande diltance
qui comprend au moins dix mille fois celle de la Terre au S< >leil ? Il ne pouvait en effet
ignorer qu'à l'entour du Soleil s'étend un efpace fort vafte, puifqu'il lavait que dans
le fyftème de Copernic le grand orbe, c. à. d. l'orbite de la Terre, e(t comme un point
en comparaifon de cet efpace-là. Mais toute cette théorie de l'origine des Comètes,
et auffi de celle des Planètes, et du monde, eft bâtie fur des fondements fi peu folides
que je me fuis fouvent demandé avec étonnement comment il a pu fc donner tant de
peine pour compofer des fiétions de cette efpèce. Ilmefemble à moi que nous ferons
fort avancés lorfque nous aurons compris comment font les chofes qui exiftent dans
la nature; de quoi nous fournies aujourd'hui encore bien éloignés. Mais comment
elles ont été faites et ont commencé à être ce qu'elles font maintenant, c'elt ce qu'à
mon avis l'efprit humain ne finirait deviner ni atteindre par des conjectures quelcon-
ques.
FIN.
COSMOTHEOROS. ^2 1
altcro Sol ponicur. Oportec autem, fecundum noitram de nature gravium fententiam,
quô PlanetaE ad Solem l'uo pondère inclinent, vorticem turbinemve materiae cœleftis
circa eum converti non totum in eafdem partes, fed ita ut variismotibus,iifqueceler-
rimis in omne latus fecundum diverfas fui portiones rapiatur, née tamen dilabi Ipoffit, (/'• '4- •
propter circunftantem setherem, qui non tali née tam ecleri motu agitetur. I lujuf-
modi vortiee gravitatem corporum in Terrain, ejufque effectus omnes explicare conati
fumus, in ea, cujus memini, diatriba. Eademque, ut puto, eft ratio gravitatis Planeta-
rum Solem verfus; & ex his quoque tam Terraenoflrse,quàm c«eterarum,atqueetiam
Solis, rotunditas confèquitur; qua," in Cartefiana hypotlieii tantumhabet incommodi.
Porro & fpatia horum vortieum, ut dixi, multo quam Ole contraction! pono. Sic
enim tere eos itatuo in vafta cœli profunditate difperfos, quemadmodum turbines aquae
exiguos, hinc inde in fpatiofo lacu Itagnove, baculi agitatione, exeitatos, ae magnis
intervallis totifque ltadiis diftantes. Et ficuti horum motus nequaquamab unis ad alios
perveniunt, née proinde fefe mutuo impediunt; ita quoque cœleftium vortieum mo-
tus, cireum altra aut Soles, le habere exiftimo.
Itaque neque alii alios deftruere poflunt aut ablbrbere, quemadmodum finxit Car-
tefius, cum oftendere vellct quomodo itella aut Sol aliquis vertatur in Planetam. Ap- (/'• '43)-
paret autem, eum ha?c feriberet, non attendiffe cum ad immenfam itcllarum inter le
diftantiam; idque vel ex hoc uno, quod, cum primum Comètes aliquis intra vorticem
noftrum, cujus centrum Sol occupât, defeendit; vult eum nobis vifibilem iîeri, quod
ell abfurdilTimum. Quomodo enim, fidus ejufmodi, quod ex Solis lumine repercull'o
tantummodo (plendet; ut cum plerifquc Philofophis ipie llatuit; quomodo, inquam,
pofTet conlpici à tanto intervallo, quod faltem decies millies contineret illud quod à
Terra ad Solem elt. Non enim ignorare poterat vaftiflimum, circa Solem undique ex-
tenium, fpatium; cum lciret in Copernici fyrtemate orbem magnum, hoc elt, orbitam
Terne, velut punftum eiïe cum illo comparatum. Sed totaha;cdeCometaruni,atquc
etiam de Planetarum, & mundi origine, commentatio apud Cartefium tam levibus
rationibus contexta eft, ut ikpe mirer tantum opéra- in talibus concinnandis figmentis
eum impenderc potuifTe. Mihi magnum quid confecuti videbimur, fi quemadmodum
fefe habeant res, qua; | in nature exftant, intellexerimus; à quo longiiïime etiam nunc (/'• '44)-
abfumus. Quomodo autem quaique effecta.1 fuerint, quodque funt, efTe cœperint, id
nequaquam humano ingenio excogitari, aut conjechiris attingi pofle, exiftimo.
FI N I S.
APPENDICE I
AU COSMOTHEOROS.
Charta? aftronomicae f. 127.
1 . De habitatione Planetarum.
1. De habitatione Lunae.
3. De phœnomenis et airronomia Planeticolarum.
4. De Magnitudine et Magnificentia Syftematis.
5. De Sole et fîxis. vortice et vi rctinente. Solem eiïe e fixis. contra Keplerum ').
Fixis circumferri Planetas et his lunas.
6. De vortice et caufa planetas retinente. Alios prsefero Cartefianis 2). — Alinéa
biffé et remplacé par: que nous verrons après de la caufe qui retient 3).
7. De ortu omnium, et qui animalia et homines in terram et planetas 4).
') Voyez sur Kepler la note 41 de la p. 361 qui précède. Malgré „ Bru nus & Veterum aliqui" (p.
35 de r„Epitome astronomia? Copernicanœ" de 1635) Kepler considère le soleil comme le
centre du monde. A la p. 36 — c'est la page citée par Huygens, p. 8 1 1 qui précède — se trouve
une figure représentant le grand espace vide qui, suivant Kepler, entoure le soleil.
2) Comparez les 1. 7 — 9 de la p. 437 qui précède, et plus généralement les p. 437 — 439 en entier.
3) Comparez sur le doute de Huygens la Pièce V de la p. 577 qui précède. Cette Pièce a été em-
pruntée à la même page que le présent Appendice.
4) Comparez le § 43 des „Pensees meslees" qui précèdent, ainsi que l'Appendice IV qui suit.
APPENDICE II
AU COSMOTHEOROS.
Charta? aftronomicx f. 125. Comparez les p. 684 — 687 qui précèdent.
Plufieurs m'accuferont de fuivre une entreprife vaine ou mefme téméraire croiant
que c'efr. perdre le temps de chercher des chofes impenetrahles, et que c'eft mal fait
de donner ainii l'effort a l'efprit pour vouloir pénétrer les chofes que Dieu femble
nous avoir voulu cacher. Mais de tels auroient défendu de mefme comme je crois de
rechercher la forme de la terre, le mouvement des affres, lacaufcdeseclipfcs,fuivant
le qua fupra nos nihil ad nos de Socrate '), et ainfi auroient laiflfè le genre humain
dans une profonde ignorance ou d'opinions monffrucufcs de ces chofes et dans les
vaines fraieurs ou font encore plufieurs peuples barbares. Et quant a l'effort et trop
hardie curiofitè de l'efprit, ils font iniques et hardis de vouloir définir jufqu'ou les
hommes fe doivent fervir de leur efprit, et femblent aceufer Dieu de n'avoir pas affez
limité cet efprit, et ils ne confiderent pas que ces fpeculations vont à contempler et
admirer fes merveilleufes et grandes oeuvres, car il ne faut pas craindre qu'en attra-
pant les raifons on cefle d'admirer les chofes.
') C'est ainsi que Xénophon écrit dans ses „Memorabilia" Lib. F, Cap. I: oiiâi ■/■> p [Zuxpôrqc] i»/»i
-r,: T'".'v jtôvt&jv v/T£''j? nietù xûmt xXXtov oi jci&ùrzoï itùiytn moit&ni onotç 0 xowivfuvoç uiro tûv oofurrùm
ttotruot ïyv. xaù tiffiv xv&ytMUt htotxrra yiyvtrau T'ûv oùpavtuv, c/.'/ly. xy.i xovç fpovrcÇovrac ~x rotavra (i*>pat
vovraç Kircoeuews,
Huygens cite probablement les „Adagia" d'Erasme (Francofurti MDCXLVI,p. 38): „Qus
supra nos nihil ad nos. 1 y. ûmp hpûç oûdSÊv irpôj q/méc. Dictum Socraticum deterrens a curiosa ves-
tîgatione rerum coelestium & arcanorum natura.-. Refertur proverbii vice a Lnctantio lib. 3.C
20". C'est ce qu'on trouve en effet chez Lactance au c. 20 de son „I)ivinarum institutionum
liber III, De Falsa Sapientia". Nous sommes redevables de cette citation au professeur de latin
P. J. Enk de l'Université de Groningue.
Voyez aussi sur Socrate — et Platon — la note 15 de la p. 533 qui précède.
APPENDICE III
AU COSMOTHEOROS.
Quo fine tôt fydera. cur tam magna tam parvum
uium prœbitura? fi nihil (uni quam lumina ').
§ i '). Que je me refouviens avec plaiiir de noftre travail des verres. Des obier-
vations en gênerai.
Que n'y ayant pas moien d'aller plus loin par cette voye, et notre curiofitè toute-
fois n'eftant pas fatisfaite et cherchant a voir ces corps de plus près, que pouvons
nous mieux faire que d'emploier le raifonnement au défaut de nos teleicopes, et de
les alonger par là non pas i o fois ou i oo fois mais cent mille ibis et d'avantage.
C'eil ce que j'ay deilin de faire icy, et de vous ;) raconter tout ce que j'ay décou-
vert de particulier dans Jupiter et Saturne a peu près comme li j'y avois elle.
Ce plaifir me femblc n'eftre pas le moindre fruit qui revientdel'etuded'Aftronomie.
11 faut auparavant le mettre devant les yeux l'abrcgè du Syfteme Copernicain en
reportant la conftitution du monde ou de la partie que nous en voions, avec l'ordre et
la proportion des Orbes des Planètes autour du Soleil et les grandeurs de leur corps
entre eux et comparez avec le grand globe du foleil.
En fuite il faut auflî raporter les chofes qui ont elle obfervees par les Lunettes. Car
l'une et l'autre de ces . . . doit fervir de fondement a nos raifonnemens.
Que je n'auray que faire de luy démontrer la mobilité de la Terre ni de fa circula-
tion vraifemblable autour du Soleil puis qu'il en cil allez perfuadè.
Que la (implicite et le bel ordre du Syfteme le confirment. Et la réfutation de tous
les arguments qu'on y ait jamais oppofez qui le voit dans les dialogues de Galilée et
dans lliccioli melmc, car pour le feu! argument phylique qu'il objcék de fa façon 3),
') Les présents §§ i et 2 sont respectivement empruntes au recto de la première et au verso de la
deuxième page d'une double feuille faisant partie d'une collection de 59 pièces de toutes sortes
constituant ce que nous appellerons le ^Portefeuille anonyme". Ce portefeuille qui dormait
depuis plus de 50 ans dans un coffre-fort de la Société hollandaise des Sciences, y fut découvert,
dans le cours de l'impression du présent Tome, par le secrétaire actuel de la Société, J. A.
Bierens de I laan.
Nous ne reproduisons que deux lignes du texte latin, écrit au crayon, de la même feuille.
:) Le frère Constantin.
■*) Dans son „AImagestum novum" Riccioli donne un grand nombre d'arguments pour le repos
de la terre. Iluygens fait probablement allusion au Cap. XIX de la Sectio IV du Liber IX, inti-
tulé: ,,1'roponuntur Quinque Argumenta ex Incremento velocitatis Grauium ac l.euium contra
Terne motum Diurnum, aut Diumum simul & Annuum".
COSMOTHEOROS. APP. [II. 825
on pourroit le loupconner de prevariquer li on n*eftoit pas perfuadè d'ailleurs de Ion
ingénuité.
Vous avez vu cette beauté et (implicite du fyfteme dans l'automate ouj'ay repre-
fente les orbes et le mouvement des Planètes par un tort petit nombre de roi'ies les-
quelles roues il auroit bien thlu multiplier li j'eulle voulu lltivre Ptolemée OU incline
Tycho Brahé. Je vous mettray ici en 2 ligures ce que reprefente la face de devant de
ma machine a fin que vous ayez l'Idée du monde prefente pendant que vous lirez ce
que j'en diray.
De la machine de Poflidonius. una converlione 4). cela eil en quelque façon dans
la noftre. Que peut élire il y a eu plus d'invention a la Gène et a celle d'Archimede,
mais qu'il s'en faut beaucoup qu'elles n'ont pas reprefente le fyfteme lî exactement.
Ce n'ell qu'en ce tiecle. et nous devons compter a bon heur de n'eltre nez qu'a cet
heur. Il y a des choies qu'on a découvertes dont on ne feavoit rien du temps d'Archi-
mede. Je ne parle pas de ce qu'on voit par l'aide des verres. Je veux dire le mouve-
ment comme on l'appelle des Etoiles fixes ou la precelîion des Equinoxes, que je ne
vous expliqueray pas icy, mais je ne puis m'empefeher de vous en marquer l'effedl
qui eft . . . . ?). Comme on voit, la partie li de l'Appendice VI fait fuite au prêtent §.
§ 2. . . . elles [voyez ia fin de l'Appendice V qui suit] donc inutiles de mcfmc. En vérité,
je ne fcay que dire n'ayant aucun moien pour en juger ni pour dire ce qui cil pro-
bable. Il fe peut qu'il y [ait] d'autres manières de (ubfifter pour des plantes et des uni-
maux que ceux qui fuppofent de l'humidité ou de l'eau qui relTemble a la nottre. Il fe
peut auffi que nottre Lune et demefme ces autres ne contienent rien de vivant ni de
vegetable6). Ces corps font des riens pour ce grand ouvrier qui les a faits, a confi-
derer feulement cette innombrable multitude de foleils dont nous avons parle, et
d'un plus grand nombre de Planètes du premier et fécond ordre qui vraifemblable-
ment les accompagnent.
4) Voyez la note 10 de la p. 172 qui précède.
5) Rien ne fait suite au recto de la première page. Le verso est en blanc, de même que le rectode
la deuxième page de la double feuille.
Voyez sur la précession de> equinoxes les partie* ./. /! et Cde l'Appendice VI qui viiit.
6) Voyez sur la bine l'Appendice V qui suit.
1 4
APPENDICE IV
AU COSMOTHEOROS.
Cet Appendice eft emprunté à la même feuille que l'Appendice précédent.
Singulière aétion de Dieu de produire les hommes et les animaux fur la Terre.
Pourquoi le P. Daniel ne faifoir. il pas demeurer des Cartes court en créant Ton
monde, cum ventum ei\ ad animalia et plantas?
Nous avons conlulté la Nouvelle Edition de 1703 (Paris, D. Mariette) du „ Voyage du Monde
de Defcartes" par le Père G. Daniel, de la Compagnie de Jéius; hiftoriographe bien connu qui
vécut de 1649 à 1728. Cette édition (exemplaire de la Bibliothèque de l'Univerfité de Leiden)
contient une note écrite d'après laquelle l'„Avis" eft le même que celui de la première édition
„faite à Paris chés la Veuve Bénard en 1691". C'eft fans doute cette première édition que Huygens
a confultée [Catalogue de vente de 1695, Libri math, in odftavo 43 „Voyage du monde de Defcar-
tes" fans date], non pas la traduction latine „Iter per Mundum Cartefii", qui parut à Amfterdam
en 1694 chez A. Wolfgang. En combattant Defcartes, l'auteur ne dit en effet rien fur lagenèfedes
animaux et des plantes, dont Defcartes dans fon Monde [„Le Monde ou Traité de la Lumière et
des autres principaux objets des fens etc.", Paris, M. Bobin & N. le Gras, 1664] n'avait rien dit non
plus: il s'était contenté de parler de la genèfe nullement miraculeufedu monde inorganique. (Bien
entendu: la matière étant donnée. Voyez fur la genèfe de la matière d'après Defcartes la 1. 5 de la
p. 662 qui précède).
Comparez ce que Huygens écrit à Leibniz fur ce fujet en juillet 1692 (T. X, p. 303 — 304).
11 convient fans doute de remarquer ici que d'après Defcartes métaphyficien il y a lieu de parler
d'un concours de Dieu dans tout mouvement — ce qui n'eft nullement l'avisde Huygens; voyez le
dernier alinéa de la p. 536 — : Principia Philofophiœ, Pars fecunda, § XXXVI: „Deum efle prima-
riam motus caufam & eandem femper motus quantitatem in univerfoconfervare;generalem[cau-
fara motus] quod attinet, manifeftum mihi videtur illam non aliam elle quàm Deum ipfum qui
materiam fimiil cum motu & quiète in principio creavit, jamque per folum iuum concurfum ordi-
narium tantundem motus & quietis in ea tota quantum tune pofuit confervat".
APPENDICE V
AU COSMOTI -IEOROS.
Charta? aftronomicx f. 130.
Commencement des raifonnements et conjectures.
Qu'on a toujours entrepris la Lune par ce qu'a caufe de ion voifinage elle cil in-
comparablement mieux diitinguée que les Planètes primarij, mais que non obftant
cela il eit bien plus difficile d'y reuflîr (leçon alternative: pénétrer) que dans ces autres
planètes, parce que ceux cy font du meime genre que la Terre que nous habitons et
connoiiTons. Mais la Lune d'une autre efpece, de la quelle nous n'en avons point vu
aucune de près.
Qu'il y a tout plein de montagnes et de pleines [fie] dans la Lune, mais que je n'y
vois rien qui reprefente des mers parce que dans ces grandes plaines qu'on veut eftrc
des mers, j'y vois de ces petits creux comme il y en a beaucoup dans 'a Lune. Je n'y
vois pas non plus de rivières, qui, du moins ii elles avoient des lits entre des rives
hautes, ou des embouchures larges comme les noitres elles n'échapperaient pas a nos
grandes Lunettes. Auffi cit. il certain qu'il n'y a point de nuées d'où viendrait la pluie
pour faire les rivières. (En marge: ni rivières ni mer. diverfement colorez ou clairs, an
inutilis ergo). Je dit qu'il n'y [a] point de nues parce qu'y eftant elles nous cache-
raient tantoft l'un tantoft l'autre endroit de la Lune, ce qui n'arrive point et je crois
pouvoir aiTurer qu'il n'y [a] pas une fphere de vapeurs en ce païs là comme icy autour
de la Terre, car la matière de nos vapeurs femble confifter principalement des parti-
cules de l'eau enlevées par l'action du ibleil et du vent; que s'il n'y a point d'eau a la
Lune il y manque donc de quoy faire ces vapeurs. (En marge: clarté coupée). Et de
plus comme nos vapeurs s'elevent fort haut, comme il appert par les crepufcules qui
paroifTent dans l'atmofphere quand le foleil eft a 18 d. fous l'horizon, on verrait la
Terre fi on eftoit dans la Lune, avoir un cercle lumineux qui croit environ a ïï*5 du
demidiametre ') quoyqu'en s'aifoibliiTant, car noftre air dans toute fon epaiiïeur, com-
') En marge: ACD[Fig. i56]ograd.
ejus fecans 10 1246
1 00000
DE 1296 DE 00 fl'0 Et'
82H cosmotheoros. api», v.
me depuis nos yeux à l'horizon, renvoie prefque autant de lumière que les terres ou
montagnes. Une femblable atmofphere paroitroit donc aufli autour du corps de la
lune s'il y en avoit. Mais on n'en voit rien du tout, et cela fait que les ombres des
montagnes y font extrêmement fortes et coupées, parce que toute la clarté vient du
foleil, au lieu qu'icy l'air illuftrè par le foleil, éclaire les endroits ou le foleil ne peut
donner.
La Lune diffère encore de noitre Terre en que les jours et les nuits y durent 15
des noftres, ce qui et pour le chaud et pour le froid fait des effets tout autres que nous
l'entons.
En marge: je voudrais y avoir elle pour voir tourner la Terre 2).
Ces différences donc entre le globe Lunaire et le noftre font qu'il y a peu de prife
a deviner ce qu'il peut y avoir, et s'il y a des herbes et créatures vivantes ou autre
chofe. Je me fouviens que vous 3) y remarquiez quelque endroit qui fembloit un long
canal fort droit, et qui pouvoit faire penfer qu'il ferait fait par art, mais il arrive aufli
de femblables . .. dans les chofes naturelles (en marge: quelque exemple) de forte
qu'on ne feauroit tirer un grand argument de là. Mais quoy donc, ce beau grand
globe ne fervira de rien, qu'a nous éclairer quelque fois la 4) pendant la nuit, et pour
haufler et baifTer nos marées 5). Et ces 4 lunes de Jupiter et les 5 de Saturne feraient . . .
Apparemment le § 2 de l'Appendice III qui précède fait fuite à cette Pièce.
2) Comparez la 1. 2 d'en bas de la p. -96 qui précède.
3) Le frère Constantijn.
4) Mot superflu.
5) Voyez la p. 6-1 qui précède.
APPENDICE VI
AU COSMOTI IEOROS.
./. Chartae aftronomicx, f. 12a.
Pluralité des mondes '). Il ne parle pas de l'argument pour le mouvement de la
terre qu'on tire du changement de Teitoile polaire. Ni pourquoy les Planètes ne s'en
vont pas plus loin, puis qu'elles tournent 2).
B. Chartœ aftronomica.1, f. 130. Suite du § 1 de l'Appendice III.
. . . une des chofes qui confirme le plus le vray fyftemc. Cet effeér. efl: que l'eftoile
du Nort qui eft celle de . . . dans la queue de la petite Ourfe ne fe tient pas comme
elle efl: près du Pôle, fur lequel il femble que le ciel étoile tourne, mais qu'autrefois au
fiecle de Hipparche elle en efloit éloignée de 12... degrez, maintenant elle ne l'efl
que de 2. et dans les Siècles a venir elle s'en éloignera jufqu'a 45 degrez et d'avantage.
Je dis que c'efl la un des plus forts arguments contre la Terre immobile, parce que la
fuppofant ainfi, il arriverait une choie inconcevable qui efl que ce Ciel entier des
efloiles fixes, ce premier mobile qu'ils difent, fe mettroit de luy mefmc a tourner fur
d'autres axes de temps en temps; ce qui n'eil pas bien concevable. Ils croient expli-
quer ces changements en fuppofant un mouvement de la fphere des Fixes fur les
Pôles de l'Ecliptique. Mais c'efl une choie qui répugne a la nature du mouvement, et
que je leur défie de reprefenter par aucune machine quelque compofee qu'elle fut au
lieu que dans le Syfleme Copernicain un petit changement et qui continue tousjours
à la pofition de l'axe de la Terre, produit ce merveilleux phénomène1). Mais ces
gens ne fongent pas feulement a faire quadrer leur hypothefes imaginaires avec les
loix et ... de la Nature.
Il faut bien qu'ils coniiderent ces vafles corps des efloiles comme attachées et en-
') Comparez la note 10 de la p. 343 qui précède. Le premier des Entretiens de Fontenelle est
intitulé „Premier Soir. One la Terre est une Planète qui tourne sur elle-mesmc, & autour du
Soleil". Nous n'y trouvons en efFet pas ce que Huygens dit y faire défaut (changement de
l'étoile polaire, voyez la partie B qui suit).
:) Dans l'Entretien du Sixième et dernier Soir de Fontenelle parle du tourbillon qui entoure le
soleil (ainsi que de ceux entourant les autres étoiles fixes); mais il n'explique pas comment ce
tourbillon empêche les planètes de s'éloigner de lui.
3) Comparez les p. 692 — 694 qui précédent.
83O COSMOTHEOROS. APP. VI.
clavées dans un ciel folide et plus tranfparent que du criftal car comment autrement
changeroient elles leur mouvement toutes enfemble. Ou comment en tournant avec
cette terrible viteffe ne s'en voleraient elles pas bien loin par la force du mouvement
circulaire qu'on a tant objeftè a Copernic a l'égard feulement du mouvement journalier
de la Terre et des maifons et des hommes, qui devraient eftre jettez en l'air.
Mais pour les Planètes ils n'ofent plus dire que leur orbes foient folides depuis
qu'on prouve que les Comètes pafTent a travers. Qu'ont ils donc inventé, c'eft que
les Planètes ont chacune leur Ange qui fcait comment il les doit faire aller 4), du quel
eftrange travail et de la manière de s'en relâcher (leçon alternative: repofer) un célèbre
aftronome a efcrit des chofes fi fimples que je n'oferois pas les redire 5).
Confultez notamment fur les intelligences directrices des planètes les notes 4 et 5 de la p. 768
qui précède.
C. Manufcrit I, p. 127, 1694 ou 1695.
Stella Polaris feu ultima in cauda urfîe minons diftabat tempore Hipparchi a Polo
gr. 1 2°24'. Hoc eft annis ante Chr. 1 28. Vid. Riccioli Aftron. Reform. pag. 205 6).
Anno 1672 diftabat 2.°27'.25". Et accedebat hoc tempore quotannis 20". Ergo
A0. 1694 diflat 2°.2o'.5" 7). Vide in Itinere Danico Picarti 8).
4) Voyez ce qui a été dit plus haut (p. 768, note 4) à propos de l'„Iter exstaticum" de Kircher.
5) Leçon primitive: .. .comment il les doit faire aller, et qui n'ont point de relâche félon
un célèbre authcur d'aftronomie, qu'en allant de temps en temps vifiter le S. Sacre-
ment dans les Eglifes. Nous ignorons quel est l'auteur ici cité par Huygens.
6~) Tab. IV du Cap. III du Lib. IV „in quo fixarum stellarum observationes selecta? ex antiquis,
ac recentibus expenduntur, & ex illis tabula? constructa? usque ad annum Christi MDCC exhi-
bentur".
7) Comparez la p. 693 du „Cosmotheoros".
8) Dans son „Voyage d'Uranibourg", Art. VIII „Hauteur du pôle d'Uranibourg" etc. Picard
donne en effet 2°2f2s" à la distance dont il est question dans le texte, ceci d'après une obser-
vation de la fin de 167 1.
APPENDICE VII
AU COSMOTHEOROS.
Chartœ aftronomica» f. 127 ').
180
60
1 0800 tôt Jovis diametros dimidium circuli coeleftis capit circiter.
ioooo 10000 [au lieu de 10800].
5 50000 diamctri terra? ad Jovein ufque.
50000 500000000 à tôt diametris terra; fol appareret œque clarus ac
Jupiter nobis.
Sed fixa 1* magnitudinis minus lucida apparet quam Jupiter.
Ergo fi fixa aequalis (bli, oporteret eam longius adhuc diftare quam iftas 5® diame-
tros terra; 2). fed ponamus œqualiter lucidas cerni ac Jupiter.
5.108 diamètres terreftres = 0,67 année-lumière. Nous favons maintenant que les étoiles les
plus proches font à des diftances de plus de 4 années-lumière.
') Voyez sur ce calcul notre Avertissement (p. 672).
2) Tandis que le calcul de la p. 35 donnait pour la distance de Sirius, supposée égale au soleil,
27664 x 12000, donc environ 332000000 diamètres terrestres, ce qui est du même ordre de
grandeur.
Huygens prend ici le diamètre apparent de Jupiter égal à 1' conformément au „Systcma Sa-
turnium" (T.XV, p. 344), où ce diamètre était dit être de 64* à la plus petite distance.
APPENDICE VIII
AU COSMOTHEOROS.
[1694]').
Ex epiftola Joh. Flamitedij ad Calfînum. quse in Philos. Tranfaftions n° 96. Jul.
ai. 1673.
Quid quod et Parallaxin Marris Acronici et Perigîei nunquam majorem efle fcrup.
fecundis 25" : unde fequitur Solis efle fummum 1 o". et diilantiam 2 1 000 Terra? femi-
diametros. Derbiaejul. /f. 1673.
De mierometro loquitur cujus deferiptio fit in N°. 29 2).
') Manuscrit I, p. 1 12. La p. 1 13 (voyez l'Appendice suivant) porte la date 29 Jul. 1694. Nous
avons fait mention du présent Appendice à la p. 331 qui précède.
2) „A description of an instrument for dividing a foot into many thousand parts, and thereby
measuring the diameters of planets to great exaetness &c. as it was promised Numb. 25". La
description est de Ilooke. Au N° 25 (également Philos. Trans. 1667) on trouve „An extract
of a letter written by Mr. Richard Townely to Dr. Croon, touching the invention of dividing
a foot in many thousand parts, for mathematical purposes". Il y est question (outre d'Auzout)
d'une invention de feu Gascoigne. Comparez la note 3 de la p. 92 qui précède. Dans son „His-
toire de l'Astronomie moderne" II, p. 592 Delambre écrit: „Nous croyons fermement à la
réalité des observations de Gascoyne.. mais nous ne croyons ni aux observations de Townlcy ..
ni aux observations de Ilooke qui ne (it construire son instrument que plusieurs mois après la
discussion occasionnée par la lettre d'Auzout [de 1666. ù la Royal Society]".
APPENDICE IX
29J11I. 1694 ■).
[Fig- 157]
AU COSMOTHEOROS.
Juillet 1694.
EratBDEF[Fig. i57]fpha?rulavitrea
tam exilis ut tantum TV partem unius
lincœ five duodecima? partis pollicis
cequaret quod adhibito micro fcopo
menfus fum. Eam inter tenues lamellas
ameas infertam, prius tenuiffîma acus
cufpide perforatas, ftatui in tubo extre-
mo 1 2 pedum longitudine [Figure
iffîbis], quo ad Solem obverfo appa-
ruit ille minimus quidemac debili luce,
ied tamen ut ttcllis prima? magnitudinis
non cederet. At ex calculo fuit imago
iblis per fphœrulam apparens ad eam
qua folconfpicitur oculo nudo, fecun-
dum diametrum, ut 1 ad 27648 2).
FE DB
[Fig. \s7bis]
1
4ÏÏ
3
(CB)
1728 (FG longitudo tubi)
3
4ÏÏ
1728
Anguli FGE ad
BCD ratio com-
ponitur ex
1 ad 27648
Poteft et lux plena folis in BL conferri cum luce in QP,
eademque invenietur ratio quae ante imaginis folis apparentis
ad veram.
Si foramen vacuum squale globulo BF in cxtremo tubo ap-
plicuifîem, habuiflem in G lucem quafi a Sole cujus diameter
\o\ circiter. I loc enim expertus fum invenique folis lucem ita
fpeftatam valde claram, neque ulli planetarum,ncdumiixarum,
comparandam.
') Manuscrit I, p. 113.
2) Voyez aussi ce nombre, ou plutôt le nombre 27664, à la p. 817 qui
précède.
I05
834 COSMOTHEOROS. APP. IX.
1 ad 2-648 ut diitantia 0 ad diikntiam fixarum primx magnitudinis.
Hinc parallaxis £ diametri orbita: terreilris in fixis irtis fit paulo minor 15" fcru-
pulis fecundis. Et diameter apparens fixa? 1* magnitudinis fit fere 4".
27648
3 [Ajouté plus tard: imo 25 anni ut poftea vidi] 3)
82944 annis ad proximas fixas perveniret globus e tormento excuflus sequaliter
pergens.
3) On voit ici que la rédaction définitive de la page du Cosmotheoros mentionnée dans la note
précédente date d'après le 29 juillet 1694, puisqu'on y trouve non pas le nombre 3, mais le
nombre 25 : c'est en 25 ans qu'un boulet peut parcourir suivant Huygens la distance de la terre
au soleil, comme il le dit aussi aux p. 787 et 806: la rédaction définitive de plusieurs pages du
traité est apparemment postérieure à juillet 1694. Puisque la distance de la terre au soleil était
connue à I luygens depuis longtemps, il faut conclure qu'il avait d'abord attribué aux boulets
de canon une vitesse initiale beaucoup trop grande.
Pour pouvoir parcourir en environ 25 ans la distance de la terre au soleil, c.à.d. suivant
I luygens 1 2543 fois le diamètre de la terre, il faut que le boulet — un boulet du dix-septième
siècle — ait une vitesse d'environ 200 M. par seconde ce qui correspond fort bien aux„cent
toiles de six pieds" de Mersenne dont il était question à la p. 806.
APPENDICE X
AU COSiMOTHEOROS.
[1694 ou 1695] ').
Man. I, p. 1 2"
S ■ 0-
128.
[Fig. 158] 100520- di.Laphel.fr
896793 difL perih. fr
1902000 [Fig. 158]
95 1000 dift. média fr
(9
Mcdix ducatuiat a Exccmricicates qua-
Sole, sive radii Hun temidiameter in
orbium. ih^gnUi orbibiu c<t
1 00000
fr 951000
% 5'965°
3 '5235°
t 1 00000
? -2400
£ 38806
57oo
4822
9263
1800
694
21000
Tcmpnra periodlct lul> t'\u
Anni dicrum 36s.
29.174. 4-58-25
11. 3 17. 14.49.31
1 .321.23.31 .26
i. ii.
aa4'»7-53'-a'-I4"
87.23.1 $'.36'.
"'). Ex a&is Lipfienfibus Anni 1688 pag. 274.
Diftentia? maxima? Comitum Saturni à centro ejus, ex Caffino.
6 iign. io°.4i'.3i
4-
Intimi \% parrium diametriannuli
2di 1 ^ annuli diametri
3"' 1 1 annuli diametri
4" 4 annuli diam. mihi 3^ 4).
5d 1 2 annuli diametri
motus diurnus
fub Ecliptica
o.
11. 31.30.
18. 41. 50.
22. 34. 38.
mihi 220-34 .44 s)
llalleio 22.35.0.
A<5L Lips. 1684
pag. i87rt).
4. 32. 17.
') Les dates 29 Jul. 1694 et 29 Jan. 1695 se trouvent respectivement aux p. 1 15 et 131 du Ma-
nuscrit.
:) Les trois premières colonnes du § s'accordent avec celles de la p. 148 qui précède: Iluygens
les a empruntées à Kepler comme nous Pavons dit. La quatrième colonne s'accorde avec les va-
leurs des p. 150 et 151 — 152 (Mars, Jupiter, Saturne) et 177 (Mars). Huygens, nous l'avons
dit, a fait usage tant des Tables Rudolphines de Kepler que de l'„Astronomia reformata" de
Riccioli.
836 COSMOTHEOROS. APP. X.
duratio conjunftionis cum annulofc
h.
y#
46
8.
3<*
10.
0
}$•
6
24.
0
§ 3 7). Diftantia? vel digreflus maximi Comitum Jovis a centro ejus.
Intimi 5| femidiametri
adi 9 femid. Ex meo Saturni Syftemate diametri globorum
3ij 14I femid. Saturni et Jovis funt ut 55 ad 74 8).
4d 15! femid.
§ 4 7). p. 104. Tabb. Cafîini. femifîes revolutionum Comitum %.
h
21. 14.18". 1. 18. 36. 56. 3- ï 3-59-5° 8.9.2.33
22 22
live
h d. h. d. d.
42.28'.36". 3.i3.i3'.52". 7. 3.59.40. 16.18.5.6.
1. 18.28. 36.
3) Les tables du § 2 ont en effet été tirées de l'article des p. 273 — 275 des „Acta Eruditorum"de
1688, intitulé: „Epistola Dn. Cassini ad editorem Transactionum Anglicarum, exhibens ejus-
dem correctiones circa theoriam quinque satellitum Saturni. Translata e dictis Trans. Philos.
M. Juni 1687, num. 187". La première colonne s'accorde avec la table correspondante de la
p. 780 qui précède.
4) Dans le „Systema Saturnium" de 1659 (T. XV, p. 254) Huygens avait trouvé 3'i6" pour la
distance maximale de son satellite au centre de la planète. Divisant par 3§ (rapport que nous
ne trouvons pas dans le „Systema"), on trouverait 56" pour le diamètre de l'anneau.
À la p. 342 du T. XV Huygens dit avoir vu l'anneau de Saturne sous un angle de 68", lors-
que la planète est à sa plus petite distance de nous; tandis que la vraie valeur est 45". Le rapport
de 3' 16" à 68" est 2,9 ce qui nous semble correspondre aux petites figures du „Systema", p.e. à
la Fig. 48 de la p. 250.
s) T. XV, p. 261 du „Systema Saturnium".
6) À cette page des „Acta Eruditorum" de 1684 commence l'article „Epistola astronomi clarissi-
mi Dn. Edmundi Halleji, theoriam motus satellitis Saturnii corrigens. Exhibita in Philos. Trans.
Anglicanis mense Martio superioris anni, n. 145". Halley écrit: „Mitto tibi astronomicam
relationem de remotissimo omnium Planetarum nostri Vorticis Satellitem Saturni intelligo,
anno 1 655 detectum a Dn. Chr. I Iugenio de Zulichem . . . Post eum nemo, quod sciam, Theoriam
illam corrigere aut perfcctiorem reddere laboravit". P. 189: „motus diurnus 22°34'38"i8'"."
COSMOTHEOROS. AFP. X. 83-
§ 5. diuraus ij comitis J).
die» i / d h.
6.io°.4i'.3i -i 12/ 1. 21. 18.31 periodus imimi comitis fr refpeftu
Eclipticse.
diuraus 2d' comitis fo.
■ .. / a h.
4.1 1°. 31 .30" — | — 1 12 / 2.1 -.41 .27". 2di periodus fub Ecliptica.
diurnus 3" comitis fc.
. (. / d. h.
2.1 8°. 41 .50' —, — I 12/ 4.13.4- .16 periodus 3'" comitis.
22°.34'.38" diurnus 4" comitis ft l'eu mei fecundum Caflinum
a. ; a h.
22°-34 .38 — ,— 1 - 1296000' / 15.22.41 .1 1" periodus 4" comitis fo fub
Ecliptica.
a. h.
mihi 15.22.30 fub Ecliptica 5).
") La table du § 3, ainsi que celle du § ^s'accordent avec les tables correspondantes de la p. 7K0
qui précède.
») T. XV, p. 349.
APPENDICE XI
AU COSMOTHEOROS.
[l695]').
Mamifcrit 1, p. 133.
Diftantia ^ a © in conjun&ione Menfis Maji [ 1 66 1 ] cum in nodo erat defccndente :
partium 45308 qualium diftantia 0 a Terra eft 1 00000.
Diftantia ^ a Terra tune 55699. ha?c ex Halleij definitione.
55^99
453oB
1 01 007 dift. terra; a 0.
1 01 007 - — 55699 - - 1 1 ".48 "'. Mercurij diameter apparens ex Hcvelij obfer-
vatione cum in Solis difeo cerneretur A0. 1661. 3 Maj. (6|" diameter ^ in média
diftantia).
Ergo diameter ^ eft 5£5 diametri 0 2). quod in Coimotheoro fecutus ium.
') La date 29 Jan. 1695 se trouve à la p. 131 du Manuscrit.
2) En prenant 31 '25" (ou une valeur peu différente) pour le diamètre du soleil, puisque
„- • — = • Voyez aussi sur le diamètre de Mercure la p. 670 et la note 10 de la
31 25 101007 290 r ' '
p. 606 qui précédent.
APPENDICE XII
AU COSMOTHEOROS.
.Man. I. p. 132 — 133.
§ 1 3). Veneris diameter telefcopio 45 pediim, quod auget 14- \ricibus, apparet
quali | pollicis ex diitantia pedis unius.
Diameter Ç 8 lin. Tempus quo Venus iblem intrat 20'.
yq lin. qua errari poteft, hoc elt j5 apparentis diametri Ç quali ex diftantia pedali.
8 20 iVt tempus quo folem intrat Yl0 lin. tali tempore bis errari poteft,
i'emel finiente introitu Ç, iterum incipiente exitu.
Pono appullum orse extrema? Veneris ad marginem Solis [Fig. 1 59] tam accurate
notari poiïe, ac ^ pars diametri eircclli cujus diameter § pollicis, Ipectata ex diftan-
tia pedali.
[Fig. 159]
') Voyez sur la date la note 1 de la
p. 838.
-) Il s'agit apparemment d'observa-
tions fictives, comme nous le di-
sons aussi dans l'Avertissement.
Du vivant de Huygens Vénus ne
passa devant le soleil que deux fois,
en 163 1 et 1639; voyez les p. 309
et 330 qui précèdent. La transi-
tion de 1761 fut observée e.a. par
J. Lulofs, professeur à l'L" n i versi t é
de Leiden.
840
COSMOTHEOROS. API'. XII.
§ 2 2). 32' diameter ©. t3qV diameter terra? in Sole, quod hic ponoundefit 0 dis-
tantia proxima, 1 0000 diam. J.
T65V duplus diameter telluris in 0. quia in dupla diam. terra? excedi vel defici
poteit T'5'. Ergo in fimplici diametro tantum 5y. fi diitantia Ç à Terra fit i diitantiœ
ejufdem à ©.
1 — | — 1 9 fere. Ergo error poffibilis erit Tx5 diametri terra? in 0.
100
§ 3 a). On lit dans la Fig. 160: Sol. Venus. Tellus. Ecdans la Fig. 161 : Sol. Venus ap-
parens in Sole. Venus exire incipiens. Venus. Orbita Ç. Tellus. Orbita Telluris.
- 1 diametros terra? percurrit Ç in orbita fua horis 8.
66 diametros fuos Tellus 8 horis in orbita percurrit.
AB [Fig. 162] percurritur motu medio Venerisin 0 horis 7. 56.
[Fig. 160]
[Fig. 161]
COSIWOTHKOROS. API\ XI 1.
84I
[ Fig. 162]
AL motus médius Ç in 0 vifâe inter duos conta&us internos
LM diameter Ç in 0 apparentis.
MB dupla fùbtenfa arcus terne FG, 1 20 gr. ad summum.
Ergocum Veneriscentritranfitustotus
per diamotrum Q lit -h.56' : Eèric tranOtus
inter duos internoscontaftusbre\ïor;non
tantum 20 ,quibus Venerls corpus tranlit
in Solem iedet tempore que MB feu dupla
FG, pereurreretur in Sole a Yenere.
Quare a —h.56 auferatur cempus inter
duos contactus internos, itemque tempus
20 quibus tranlit ? diameter. relinqui-
turque tempus quo tranlitur dupla FG in
. quod tempus cric ad 20' quibus Çu dia-
meter tranlit, ficut dupla fùbtenfa FG, in
Terra, ad diametrum Yeneris. Elt enim
illud reliquum tempus quo percurritur a
Yenere in Sole portio MB, qure aequalis
dupla? FG. Vel fubtrahendo arcum AM
a Solis diametro, relinquitur MB quanta
e terra in Sole appareret dupla FG.
NB. Pono hic MK duplam KG.
En marge: hoc clarius fed eodem redit.
Tempus inter vifus per EA et perFB,
elt tempus inter duos contactais internos.
Si in fine hujus temporis effet qui intue-
retur ex G, illi latus Ç** I) cernerctur in
L, cum initio ex E fpeclatum fucrit in C.
Ergo AL elt quantum Ç medio motu tem-
pore illo inter duos contaclus peregit in
Solis difeo. Ergo fi dicam, tempore 7IL56
Venus folis diametrum feu 32' emetitur,
quantum conlkiet tempore quod cil inter
duos intimos contaclus. iiet AL, quam
unà cum LM quam occupât Ç diameter
in Sole, fubtrahendo a diametro 0 Ali.
relinquetur MB quanta in 0 appareret dupla FG
._ _
I )C>
APPENDICE XIII
AU COSMOTHEOROS.
[i<*95] ,}.
Manufcrit I p. 134.
55°-t-i7° 100000/ 30909 [Fig. 163]
15455 fin 8°53'
2 [Fig- l63]
1 7.46' Marris digreflio maxima à 0, ii exjove
fpectetur.
550— r-36° 100000/ 65455
32727 fin 19.6'
2
38.12' Mercury digreflîo maxima a 0, ex
Venere.
550 — j — 442 100000/ 80364
40182 fin 23.41'
55° r 35°
47.22' Terra? digreflio maxima a 0, ex
Marte.
.©/ 63636
3 181 8 (in 18.33
37.6' Jovis digreflio maxima a 0, ex Saturne
Dans le Cofmotheoros les digreflions apparentes ont les mêmes valeurs (pns plus de 1 8°; en-
viron 380; pas plus de 480; environ 370). Iluygens les avait peut-être déjà fommairement calculées
avant 1695. Il eft toutefois également poflîble que ce foit ici (on unique calcul des digreflions confi-
dérées, puifque nous favons (p. 656 qui précède) que même en mars 1695 il était encore toujours
occupé à corriger et amplifier l'on écrit.
') Voyez sur la date la noce 1 de la p. 838. La p. 134 est la dernière du Manuscrit 1. Les pages sui-
vantes sont en blanc.
TABLES.
I. PIÈCES ET MÉMOIRES.
Page.
Avertissement générai 3—4
HUYGENS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. ASTRONOMIE 5—59
Avertissement 7 — 2 1
Titre 23
I. Projet de déterminer la méridienne et la latitude de Paris, manière de trouver
les afcenlions droites et les déclinaifons des étoiles fixes et en même temps
l'obliquité de l'écliptique et la quantité de la réfraction atmofphérique pour
les étoiles, détermination de cette même quantité pour le foleil, obfervation
d'une éclipfe du foleil, difcours fur la conf'truction de tables exactes du mou-
vement des aftres 25 — 33
la. Médire de la hauteur du pôle à la Bibliothèque du Roi 33
II. Obfervations de Saturne et de les fatellites. Calculs qui Py rapportent 34
III. Obfervations d'étoiles filantes 35
IV. Obfervations des fatellites de Jupiter 36
V. Confidérations géométriques fur la réfraction atmofphérique 37
VI. Obfervations de Mars 38
VII. Remarque fur le pafl'age futur de novembre 1677 de Mercure fur le foleil . . 39
VIII. Obfervations et confidérations théoriques fur la comète de 1680-168 1 40
Appendice I. Plan de deux étages de l'obfervatoire de Paris 41— 42
Appendice II. Brouillons des diverfes pièces qui précèdent etc 43 — 47
Appendice III. Trouver la diftance de la terre a la lune, par le diamètre appa-
rent de la lune obfervé a deux différentes heures en un mefmejourounuicl
et fa hauteur prife en mefme temps ') 48 — 52
Appendice IF. Méthode de Rômer pour calculer l'heure exacte à laquelle le
foleil feft trouvé au méridien, étant données deux heures où il avait une
même hauteur, l'une avant l'autre après midi 53 — 55
') C'est le titre que Huygens lui-même donne a cette Pièce.
846 I. PIÈCES ET MÉMOIRES.
Page.
Appendice V. Méthode „pour obferver les différences des afcenfions droites
des eftoiles fixes, entre elles et d'avec celle des planètes et du foleil" 56 — 59
OPPOSITION DE HUYGENS CONTRE UNE THÈSE DÉFENDUE PAR LE
FILS DE COLBERT AU COLLÈGE DE CLERMONT A PARIS 61-65
HUYGENS A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. MEMOIRE POUR
CEUX QUI VOYAGENT ') 67—69
HUYGENS À L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. LE NIVEAU 7 1 — 108
Avertissement 73 — -9
Titre 81
I. Un niveau de 1668 83
II. L'opération du nivellement 84
III. Niveau que l'on peut reftifier d'une feule dation 85 — 90
IV. Autres confidérations fur le niveau de 1679 91 — 93
V. Nouvelle invention d'un niveau à lunette qui porte fa preuve avec soy, que
l'on vérifie & reftifie d'un feul endroit l), par Mr. Hugens de l'Académie
Royale des Sciences 94 — 95
VI. À propos du niveau de Caffini montré par lui à l'Académie en novembre 1 679 96
VII. Brouillon de la demonftration de la jufteffe du niveau, etc 97
VIII. Demonftration de la jufteffe du niveau dont il a efté parlé dans le II. Journal ') 98
IX. Autre commencement de la demonftration 99
Appendice I. Pour conftruire mon niveau a lunette qui eft dans le Journal
des Scavants, plus fimplement, a meilleur marché, et moins fujed a eftre
efbranflé par le vent *) 101 — 104
Appendice IL Le niveau de 1661 de Thevenot 105 — 108
PROJET DE 1680-1681, PARTIELLEMENT EXÉCUTÉ À PARIS, D'UN PLA-
NÉTAIRE TENANT COMPTE DE LA VARIATION DES VITESSES DES
PLANÈTES DANS LEURS ORBITES SUPPOSÉES ELLIPTIQUES OU CIR-
CULAIRES, ET CONSIDÉRATION DE DIVERSES HYPOTHESES SUR
CETTE VARIATION 1 09—163
Avertissement 1 11 — 132
Texte 1 33—163
LE PLANÉTAIRE DE 1682 165—184
Avertissement 167 — 168
Titre 169
') C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce.
I. PIÈCES ET MÉMOIRES. 847
Page.
I. Remarques hiltoriques fur les planétaires antérieurement conltruits 171 — 1-4
II. Corrections à apporter au projet d'un planétaire de 1680-168 1 1-5 — 180
III. Exécution du projet corrigé à la Haye en 1682 181
IV. Remarques (ou Avis) fur la conftrucUon d'un autre planetologe femblable
au premier1) 182 — 184
DANS DIX MILLE ANS.... OPINION DE HUYGENS SUR LA SOBRIÉTÉ
DU STYLE QUI CONVIENT AUX AUTEURS POUVANT ESPÉRER QUE
LEURS ŒUVRES SERONT DURABLES 1 85— 188
ASTROSCOPIA COMPENDIARIA 1 89—236
Avertissement 191 — 199
Titre 201
Ad lectorem (au lecteur) 202 — 209
Texte de l'„Astroscopi a C0MPEMDiARiA,TrBi0PTiciM0Li.MU\E libérât a" (Métho-
de SIMPLIFIÉE D'OBSERVER LES ASTRES, DELIVREE DE L'INCONVÉNIENT DU TUYAU
optique) 210 — 231
Appendice I. Sur le cercle de papier entourant l'objectif 232 — 233
Appendice IL Sur le màt 234 — 236
MEMORIEN AENGAENDE HET SLIJPEN VAN GLASEN TOT VERRE-
KIJCKERS ■) (MÉMOIRES SUR LA TAILLE DES LENTILLES POUR LU-
NETTES À LONGUE VUE) 237—304
Avertissement 239 — 250
Titre 25 1
Texte 252 — 290
Appendice I. De la cuiflbn du verre dans le fourneau 201
Appendice IL Manière de tailler les verres ordonnée à un Ouurier ') 292
Appendice III. Méthode pour donner la forme fpliérique parfaite aux formes
de laiton 293
Appendice IF. Taille de lentilles, en 1686, avec du verre de Bois-le-Duc ... 294 — 299
Appendice F. Application de la forme à „un arbre girant de cuivre" 300
Appendice FI. Sur certaines entailles dans les profils des lentilles 301
Appendice FIL Confidérations fur la qualité des lentilles de 1683-1686.
Traductions diverses de grandes parties des Mémoires, etc 302 — 304
ASTRONOMICA VARIA 1680-1686 305—338
Avertissement 3°7 — 3 ' 2
Titre 3 ' 3
I. Vers de Huygens en l'on propre honneur 315
') C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce.
848 I. PIÈCES ET MÉMOIRES.
Page.
II. De l'équation du temps 316 — 318
III. Paflàge de Mercure devant le lbleil en 1631 d'après Gailèndi et Schickard,
en 1661 d'après Hevelius, en 1677 d'après Gallet etCafîini 319 — 329
IV. Palfage de Vénus devant le foleil en 1639 d'après Horrox 330
V. Mefure de la parallaxe de Mars par Caflini, et remarque de Cafïini de 1680
fur les diftances des planètes 331
VI. Petitefle du foleil, et de la terre, par rapport aux dimenfions du fyltéme solaire 332
VII. Conjonctions de planètes 333
VIII. Déplacement dans le cours des (iècles du pôle de Féquateur fur la voûte
célefte (fuivant Megerlin, d'après Huygens) et critique de la penfée de cet
auteur 334
IX. Remarque fur la grandeur différente ou égale de la réfraction atmosphérique
dans le cas de la lune et du foleil 335
Appendice I. Deux citations de Kepler 336
Appendice II. Faufie équation de Cepler pag. 286 inst. altron. ') 337 — 338
QUE PENSER DE DIEU? 339—343
PENSEES M ESLE ES ') 345—37 1
Avertissement 347 — 348
Texte 349—37 '
CONSIDÉRATIONS SU II LA FORME DE LA TERRE 373— 37^
DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR ') 377—382
CONSIDÉRATIONS ULTÉRIEURES SUR LA FORME DE LA TERRE 383—412
Avertissement 385 — 388
Texte 389 — 402
Appendice I. Sur la mefure de la terre par Picard, etc 403 — 404
Appendice II. Sur les obfervations pliyfiques et mathématiques des P. Jéfuites
au royaume de Siam 405
Appendice III. Sur la projection de Mercator 406 — 407
Appendice IF. Vérification de la thèfe de Newton que la pefanteur de la lune
eft égale à la grandeur de la force centrifuge réfultant de fon mouvement
autour de la terre. Calcul, inspiré par les „Principia" de Newton, fur les
grandeurs de la pefanteur à la furface du foleil et de la planète Jupiter et
fur la valeur de la force centrifuge, caufe de l'aplatiflèment, à Péquateur
de cette dernière 408 — 412
1 - -1 le titre que I luygens lui-même donne à cette Pièce.
I. PIECES ET MÉMOIRES. 849
Page.
OBSERVATIONS DE 1689 SUR QUELQUES PASSAGES DES „PRINCIPIÀ"
DE NEWTON, ET NOUVELLES CONSIDÉRATIONS DE CETTE ANNEE
SUR LE MOUVEMENT D'UN CORPS PUNCTIFORME DANS UN MILIEU
EXERÇANT UNE RÉSISTANCE PROPORTIONNELLE AU CARRÉ DE
SA VITESSE 41 3— 426
DISCOURS DE LA CAUSE DE LA PESANTEUR ') 427—499
Avertissement 429 — 441
Titre 443
Texte 445 — 488
Appendice I. Accord de la courbe du jet de Huygens, dans le cas d'une
réfiltance proportionnelle à la viteiîe, avec celle qu' on trouve par l'intégra-
tion des équations différentielles du mouvement 489 — 493
Appendice IL Confidérations de Huygens et d'autres fur la pefanteur etc. en
majeure partie pofté-rieures à la publication du Discours de la caufe de la
pefanteur 494 — 499
LA RELATIVITÉ DU MOUVEMENT ET LA NON-EXISTENCE D'UN ES-
PACE ABSOLU 501—508
Avertissement 503 — 506
Texte 507 — 508
DE RATIONI IMPERVIIS. DE GLORIA. DE MORTE ») 509—528
Avertissement 51 1 — 5 1 2
De r ationi imper vijs 513 — 516
De gloria 517 — 521
De morte 522 — 523
Appendice. De diverfes „chofes qui ne fe peuvent comprendre par la raifon
humaine" etc 523 — 528
RÉFLEXIONS SUR LA PROBABILITÉ DE NOS CONCLUSIONS ET DISCUS-
SION DE LA QUESTION DE L'EXISTENCE D'ÊTRES VIVANTS SUR LES
AUTRES PLANÈTES ^-9S^
Avertissement 531 — 538
Titre 539
Texte 54 ' — 5^2
I. De probatione ex verifimili ') 541
II. Verifimilia de planetis ') 542 — 554
III. Quod animalium produâio, pra»fertim hominum, prarcipuum fapientice intel-
ligentiœque divinae fit opus1) 555 — 559
') C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce.
107
8^0 I. PIÈCES ET MÉMOIRES.
Page.
IV. Infolitum fpetfaculum peregrino ex Jove advenienti 560 — 562
Appendice I. Citations des dialogues de la Mothe le Vayer 563 — 565
Appendice II. Reproduction d'une partie du „Dialogue de l'Opiniaftreté"
de la Mothe le Vayer 566 — 567
Appendice III. Quelques réflexions sur le plaifir, le bonheur etc 568
ASTRONOMICA VARIA 1 690-1 691 569—577
Titre 569
I. Les vite (Tes de la matière des tourbillons (multilatéraux) à l'endroit de chaque
planète gardent la même proportion que les viteflés des planètes mêmes. . 571
II. Mercurius in foie obfervatus 1690 a Wurtzelbaur ') 572
III. Firmamentum Sobiefcianum ') 573 — 575
IV. Conjunctio Veneris et Solis 1691 obfervata a la Mire ') 576
V. Faut-il croire à l'exiftence des tourbillons? 577
DESCRIPTIO AUTOMATI PLANETARII ') (DESCRIPTION DU PLANÉ-
TAIRE) 579-^47
Avertissement 581 — 586
Titre 587
Texte 588—647
. Ippeudice I. Ad machinam planetariam ') 648
Appendice IL Projet d'une préface. 649 — 65 1
Appendice III. Un ornement du planétaire (Saturne avec fon anneau) .... 652
kuiMO0EilPO2(COSMOTHEOR()S) 653—821
Avertissement 655 — 675
Titre 6~j
Texte (français et latin) du Lib. I 680 — 763
» » „ » ,, Lib. Il 764—821
Appendice I. Programme 822
Appendice II. Qu'il ne faut pas dire avec Socrate t/n,e fupra nos nihil ad nos 823
Appendice III. Brouillon d'une partie du début 824 — 825
Appendice II '. Que le P. Daniel aurait dû faire „demeurer des Cartes court" 826
Appendice I '. Confidérations fur la lune, apparemment dénuée d' „une fphere
de vapeurs" 827—828
Appendice VI. Argument pour la rotation de la terre tiré de la précefîion des
équinoxcs 829 — 830
. Ippendice VIL Evaluation groflière de la diftance d'une étoile fixe fuppofée
égale au foleil, d'après la grandeur du diamètre apparent de Jupiter 831
') C'est le titre que Huygens lui-même donne à cette Pièce.
I. PIÈCES ET MÉMOIRES. S51
Appendice l'I II. Lettre de Flamsteed de 16-3 fur la parallaxe du foleil et
fur l'invention du micromètre 832
Appendice IX. Détermination approchée de la dillance d'une étoile fixe su p-
pofée égale au Coleil par la confîdération d'une particule de ce dernier. . . B33 834
Appendice X. Tables aflronomiques, ié rapportant aux planète- et leurs
fatellites 8;vs 837
Appendice Xf. Diamètre de .Mercure, d'après l'obfervation d'Hevelius et le
calcul de Huygens 838
Appendice XII. Obfervation fictive de Vénus pallant fur le dil'que du foleil.
Évaluation de la grandeur de l'erreur poflible 8;,o — 841
Appendice XIII. Digreiïîons apparentes des planètes du foleil pour des obfer-
vateurs placés fur d'autres planètes plus éloignées 842
IL PERSONNES ET INSTITUTIONS
MENTIONNÉES.
Dans cette lifte on a rangé les noms fans avoir égard aux particules de, a, van et autres.
Les chiffres gras défignent les pages où l'on trouve des renfeignements biographiques ').
Aa (P. vander). 430.
Académie (française) des Lettres. 537.
Académie (française) des Sciences. 5, 7, 9—12, 14, 15, 18—20, 23, 30, 32, 43, 46, 47, 73,74,76,
77, 81, 91, 94, 97, 98, 101, 1 19, 197, 236, 240, 241, 331, 348, 379, 388, 430, 447, 478,
576,583,674,675,891.
Académie des Sciences d'Amsterdam. 892.
Achille. 518.
Adam, le premier homme. 565.
Adam (Ch.). 454, 662.
Agefilaos II, roi de Sparte. 895.
Aifné (de 1')? 69.
Albategnius. 319.
Alberghetti (S.), ni.
AlencéQ. d'). 379, 389.
Alexandre le Grand. 5 1 8.
AlfonfeX, roi de Caftille. 171, 172, 342.
Alhazen. 15.
Allatius (Léo). 520.
Alphonfini. 318.
Amyot (J.). 553.
Anaxagore, 366, 533, 553, 562, 738.
Annelant (St.). Voyez Doublet.
Apelles. 519.
Apianus(P.). 171, 172.
Apollonius (Perga'iis). 69, 320, 750, 751.
Archelaùs. 533.
Archidamos III, roi de Sparte. 895.
») Voyez la note 1 de la p. 675 du T. XVIII.
11. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNEES. H53
Archiméde. 78, 171, 172,173, 174, 188,352, 371, 582, 588,589,632,633,649,650,663,
750,751,825.
Archytas. 684, 685.
Argolus. (A.> 333.
Ariadne. 188, 218, 219, 304.
Ariftarque (Ariltarchus Samius). 174, 359, 365, 649, 682.
AriftotC 363, 136, 511,528, 534, 535, 557, 563, 564, 566, 567,665,666,688, 732,
768, 769.
Ariitoxène. 566.
Augultin (Saint). 564.
Aumerie (F. M. G. d'). 586.
Auzout(A.>9, ii,I2, 14, 18 -ai, 25,26,30—33,43,73,91, 105, 142, 191, 192, 197,585,832.
Avaux (J. A. comte d'). 1 97.
Baco Verulamius. 188, 446, 567.
Baile (P.). 197.
Barbaro (D.). jj.
Bartfch (J.) 309, 336.
Bafilides. 563.
Beaune (Fl. de). 30.
Beeckman (I.). 248.
Behringen (H. de). 193, 197.
Bekker (J.). 563, 564, 566.
Bellaar Spruyt (C). 511.
Bénard(V."). 826.
Bergfon (H. L.). 659, 665.
Bernier (F.). 585.
Bernoulli (Jean). 499.
Berthoud (F.). 174.
Bettinus (M.). 659.
Beyrie (de) 475.
Bianchini (Fr.). 236.
Bibliothèque de l'univerfité de Leiden. 415, 826, 893.
Bibliothèque royale à Paris. 8, 17, 1 8, 23, 33, 1 1 3.
Bibliothèque royale de S. Laurentius Efcurialis à Madrid, 173.
Bierens de Haan (J. A.). 824.
Bigourdan (G.). 12, 13, 194.
Blankenburg (O. G. van). 662.
Boerhaave (H.). 242, 244, 252, 254, 258, 260, 262, 266, 283, 304.
Bofht(A.). 192.
Bombelli (R.> 5&5-
854 H- PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES.
Bonne (R.> 388.
Bopp(K.). 496.
Borelli (J. A.). 194, 195, 241, 6*1, 818, 81 y.
Borghefe (M. A. prince). 197.
Bouguer (M.). 388.
Boulliau (I.) ou Bulliakhis. 19,32, 112, 113, 11? — 119, 129, 135, 136, 138, 143, 1*8,318,
324. 327-
Boy le (R.). 197,534.
BradleyQ.). 302, 303,658.
Brahe (Tycho). ÎO, 15, 118, 130, 172, 316, 318— 320, 322, 32*, 35*, 358, 369, 36 1,541,
582,583,651,669,682,683,692,693,766,767, 808, 809, 825,891.
Brengger (J. G.). 682.
Brewfter (D.). 435.
Brouncker (W.). 585.
Brunet (P.). 496, 56*.
Bruno (Giordano). 351, 352,359,369, 50Î, 536,553,659,660,666,682,683,816,817,822.
Brunlchvicg (L.). 663.
Burckhardt (W.). 441.
Buot(J.). 27,51.
BurgiusQ.). 172.
Burnet (Gilbert). 303.
Burnet (Thomas). 566, 56*, 664.
C£efar(C.Julius). 188,517,518.
Cajetanus (cardinal). 565.
CalthofF(Cafpar). 245.
Calvin (J.). 662, 667.
Campani (G.). 193, 194, 197, 198, 226, 227, 240, 241, 658, 704, 777, 778.
Carcavy (P. de). 20, 31.
Cardan (H.). 445.
Carnéade. 533, 534, 537.
Carnot (S.). 659.
Cartes (R. des). 4, 16, 112, 124, 130, 143, 187,226—228,312,341,342,350,353,361,366,
367, 3*0, 381, 382, 431, 432, 434—439, 446. 447, 448, 451, 454, 459, 472, 4*3,
494, 497, 498, 522, 525—52*, 531, 532, 541, 556, 565, 577, 661,662,664,
667,700,701,752,753,818—822,826.
Cartéfiens (les). 525.
Café. 197.
Cafpar (M.). 336, 584, 682.
Caflîni (J. D.). *, 9, 12, 15, 17, 18, 20, 26,75,81,96, 193, 194, 196, 198, 204, 205, 208, 210,
211, 226, 227, 308, 311, 313, 323, 326—329, 331,332,348,359,362,3*6,410,
II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES. 855
477,541,582, a«*3, 602,668,669,6,-0, 695,-04, -05, --6 .783, 832. 835— -837,
891, 892.
Cataldi(P. A.). 585.
Catilina (L. Sergius). 521.
Cavalieri (B.). 132, 143, 144. 1-2 (voyez aufli Filomanzia).
Cavendish. 303.
Cellanus. Voyez Sarzofus.
Cefalpinus (A.). 63, 64, 65, 89 1 .
Ceulen. (J. van). 163, 167, 16**, 182, 349, 583, 585.
Chamberlain. 347, 349.
Chamberlain (Edward). 349.
Chamberlain (Peter). 349.
Chapelain (J.). 228.
Chapelle Befïe (H. de la). 1 1 2.
Chappotot ou Chapotot. 75, 79, 891.
Charles Emmanuel II, duc de Savoie. 61.
Charles-Quint, empereur allemand, 171, 172.
Chéruel(M.).6i.
Chiang Yee. 734.
Chriftian, roi de Danemarck. 171.
Chrilrine, reine de Suède. 661.
Chryfippe. 534.
Cicéron (M. Tullius Cicero). 4, 172, 173, 375, 511, 512, 513, 517, 51», 520, 533— 535,
517, 558, 563—566, 588, 589, 650, 65 1, 663, 665, 666, 684, 768, 769, 794, 894.
Claerbergen (Ph. E. Vegelin van). 197.
Clairaut (A. C). 466.
Claudianus (Cl.). 173, 649.
Clemens (Cl.). 172,173.
Cléomède. 15.
Clerfelier(Cl.>454.
Colbert (J. B.). 8, 30, 52, 61, 63, 74, 111,114, l63-
Colbert (J. B. fils), marquis de Seignelay. 61, 63.
Colbert (J. N.). 61.
Collège de Clermont à Paris. 61, 63, 64.
Collegium impériale Societatis Iel'u a Madrid. 173, 174.
Columella (L. Junius Moderatus). 561.
Commandinus(F.). 365.
Commentateurs d'Ariftote, 436.
Compagnie des Indes Orientales. 416, 430, 466.
Condamine (Ch. M. de la). 388.
Coote(C. H.). 172.
856 IL PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES.
Copernic (N.). 33, 65, 114, 130, 131, 141, 172, 1?4, 318, 320, 334, 349, 352, 35?, 358, 361,
366, 370, 434, 452, 541, 553, 554, 567, 56», 582, 5*3, 588—591,649—651,
663, 680, 681, 688— 695, -66—769, 771, 808, 809, 820—822, 824, 829, 830.
Cortehoef. 197.
Couplet (C. A.> 27.
Covell (J.).i 97-
Crabtree (W.). 330.
Crommelin (C. A.). 5**5.
Croon. 832.
Cufa (Cardinal de) ou Nicolaus Cufanus. 369, 534, 553, 565, 664, 682, 683.
Cyfatus (J. B.). 659.
Daniel (G.> «26.
Dante Alighieri.743.
Delambre (J. B. J.). 1 1, 12, 15, 17 — 19, 30, 92, 1 18, 602, 832.
Démocrite. 351, 364, 36», 434, 435, 445, 552, 553, 567, 682, 700, 701.
Defcartes. Voyez des Cartes.
Dewilm (ou de Wilm). Voyez le Leu de Wilhem.
Didier. Voyez Saint-Didier.
Dierkensou Dierquens (S.). 197.
Dio, tyran de Syracufe. 554.
Diogéne de Laè'rce. 554, 558.
Dirck. 242.
Directeur de la Bibliothèque de l'Univerfité de Leiden. 415.
Directeurs de la Compagnie des Indes Orientales. 416, 430, 466, 467.
Directeurs de la Société hollandaife des fciences de Haarlem. H93.
Ditifheim (P.). 586.
Divinis (Euftachio de) ou E. Divini. 241, 534.
Dondi (G. de). 171.
Dorveaux (P.). 25.
Doublet (Philippe), feigneur de St. Annelant. 197, 240.
Mme Doublet. Voyez Huygens (S.).
Dubois (P.). 586.
Dufour(?). 674.
Duhamel. Voyez du Hamel.
Duillier (N. Fatio de). 385, 422, 425, 426, 435, 46H, 475, 494, 495 496, 553.
Durven (les frères van). 197.
Dyck(W.von).336,584,682.
Dijkfterhuis (E. J.). 4S6.
Eifinga (Eife). 586.
II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES. K5-
Eneitrom (G.). 479.
Enk (P. J.> 8tS, 895.
Êpicure. 151, 364. 435, 445, 518, 556. 557, 564, 36î, B94.
Epicuriens (les). 528, 568. 769, 894.
Erafme (Deliderius Erafmus). 5 1 8, 662, 823.
Erigena. Voyez Scotus.
Efpagnet (J. d'). 21s.
Euclide. 69, 331, 332, 630, 631, -18, .-50, -51, 810, 81 1.
Eugenio, Ammiraglio di Sicilia. 15.
Fabri(H.).30»,359o34-
Fabricius (D.). 659.
Fabry (Ch.). 7, 8.
Fatio. Voyez Duillier.
Faurt. 520.
Ferdinand I, empereur allemand, 171, 17a.
Fernel ou Fernelius (J.). 172, 656.
FerrierQ.). 228.
Filomanzia, nom de plume de 15. Cavalieri. 172.
Flammarion (Camille). 675.
Flammarion (E.). 1 3.
Flamfteed (J.). 331, 388, 401, 602, 669, 782, 783, 832.
Fontenelle (B. le Bovier de). 343, 656, 639, 675, 682, 683, 829.
Fournier (G.). 32.
Frenicle de BeflTy (B.). 20, 31.
Fueter(E.). 312, 496.
Fullenius (B.). 193, 196, 197, 228, 381, 596".
Ga?gh. 197.
Galilei (Galileo). 1 87, 216, 21 1, 434, 461, 342, 368, 659, 694, 695, 776, 777. 824.
Gallet (J. C.). 177, 307, 308, 313, 323, 324, 327, 622.
Gallois (J.). 163, 182.
Gafcoigne ou Gafcoyne, 832.
GalTendi (P.). 119, S07, 308—310, 313,319,321—323,325—329,336,434,438,439,555,
694,695.
Generini (Fr.). 1 -.
Georg der Fromme, lantgrave de Ilelle. 336.
Gerland (E.). 105.
Gilbert ( W.). 36 7.
Goethe (J. W. von). 520.
Govi (G.). 15.
108
858 II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES.
Graaf(J.cie). 397.
Grandi (G.). 441.
Graveiànde (W. J. 's). 303, 341.
Grégoire de Saint- Vincent. 434, 479, 486t 487.
Gregorius I (Gregorius magnus, pape). 563.
Gregory (J.). 808, 602.
Grefham Collège. 195, 435.
Groningius (J.). 425, 426.
Gueroult (M.). 565.
Guillaume le Taciturne. Voyez Willem 1.
Guillaume III. Voyez Willem III.
Guldenftolp. 197.
Guldin (P.). 505.
Gutfchoven (G. van). 245, 247.
Hadley (J.). 302.
Halley (E.). 386, 375, 496, 662, 673, 674, 835, 836, 838.
Hamel (J. B. du). 10, 18,74 — 76, 195, 197.
Ilanotaux (G.). 7.
Ilartl'oeker (N.). 195, 198, 241, 242.
Hautei'euille (J. de). 75, 192, 197, 214.
Havinga (E.). 586.
Hecker(J.).327.
Heiberg (J. L.). 630.
Helder (Th.). 43°.
Henfe (O.). 563.
Herakleides Pontikos. 651.
llerwart de Hohenburg (J. G.). 584.
Héiïode. 804, 805.
Hevelius (J.). 119, 149, 177, 178, 195, 197, 198, 307—310, 313, 323—326, 328, 330,569»
572, 5Î3, 670, 696, 697, 838.
Hicetas. 567.
Hipparque. 573, 692, 693,829, 830.
Mire (Ph. de la). 13, 18, 74, 7ô, 76, 78,79,84.97, 111 — 113, 195, 196,236,376,379,429,
5<Î9, 573, S î 6.
Ilolwarda (Ioh. Phocylides). 36«.
Homère. 3,518, 519,563.
Hooke(R.). 16, 197,303, 366,67 1,832.
Horace (Q. Horatius Flaccus). 188,678.
I [orrebow (P.). il, 1 2, 59, 75, 92.
Ilorrox (J.). 149, 177, 309, 316, 3 1 3, 330.
II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES. 850
Hofius (C). 565.
Hofpital (G. 1". A. marquis de V). 499, 893.
HuddeQ.). 19.-.
Huygens (Chriftaan, grand-père, dit Chriftien de Oude). «61.
Huygens (Conftantijn, père). 20, 105, 193, 197, 242,661.
Huygens (Conftantijn, frère). 191, 192, 194—199, 236,239—343, 245, 247— 250, 266,
296, 302, 3G3, 355, 385, 522, 656, 657, 658, 661, 664, 677, 680 683. 764, 765,
778,-79,824—825,828.
Huygens (Lodewijk). 19, 20,97, 101, 197, 242, 522.
Huygens (Sufanna), époufe de Ph. Doublet. 240.
J;vger (W.). 666, 76», 769.
Janvier (A.). 586.
Jeans (J.> 659,666.
Jéfuites (les pères). 405, 467. Voyez au Ai Collegium impériale etc.
Johannes III, roi de Pologne. 573.
Julianus Apoftata, empereur romain. 520.
Jurin (J.> 302.
Jultel (H.). 192, 197.
Kaifer (F.). 302, 304, 658.
KaltofF, Kalthoven. Voyez CalthofF.
Karl, lantgrave de Hefle. 198, 236.
Karneades. Voyez Carnéade.
Kàitner (A. G.). 304.
Kaufmann (N.). Voyez N. Mercator.
Keill (J.). 499.
Kepler (J.). 4, 17, 33, 36, 112. 113, 114, 116—134, 137—143, 145—149, 172, 177, 178,
180, 188, 309, 310, 313, 318, 319— 320, 322, 326. 327, 329, 336—338, 348,
349, 350, 352—354, 3**, »«1, 366, 367, 369, 434, 438, 446, 472,479,495,
542, 551, 576, 582, 584, 590, 591, 606,607,622,642—647,650,651,659,
668, 669,682, 683,692—695, 734, 738, 784, 785, 792, 793, 798, 808 — 813,818,819,
822, 835, 895.
Kepler (L.). 683.
Kircher (A.). 659, 663, 684, 695, --6^—766, 768, 770, 771, 830.
Korteweg (D. J.). 415, 892, 893.
Laboratoire de phyfique de l'univerfité d'Amfterdam. 303.
Lactantius (L. Coelius Firmianus). 823.
Laelius (C.). 684.
Lagrange (J. L.). 114.
S6o II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNEES.
Land (J. P. N.). *H.
Langendelf(C). 242.
Langrenius ou van Langeren (M. F.). 659.
Lanfbergen (Ph. van). 130, 172, 318, 327.
Laplace (P. S. marquis de). 320.
Lavifle (E.). 8, 63.
Lebas. 240, 241, 246, 247, 249, 288.
Lebas (V.«). 841.
Leeuwenhoek (A.). 197,667, 760.
Lefèvre d'Ormeflbn (().). 61.
Legendre (A. M.). 499.
Leibniz (G. W. von). 3, 10, 12, 121, 342, 381, 421,436, 439,479, 4^3,494, 495, 497,498,
504, 505, 508, 556, 656, 661, 667, 826, 893.
Lemoine (J.). 61.
Lefage (G. L.). 495, 496.
Leu de Wilhem (Maurits le). 197.
Limojon de Saint-Didier. Voyez Saint-Didier.
Lin Sen. Î34.
Lipfius (Jufhis). 894.
Lodge (O.). 665.
Longfellow (H. W.). 3, 521.
Longomontanus (Chr. S.). 130, 3 1 8, 320, 322, 358, 659.
Lorentz(H. A.). 415.
Lorenz (O.). 336.
Louis XIV, roi de France. 8, 9, 1 1, 13,61, 73, 74, 76, 195, 226, 227, 537.
Louis XV, roi de France.
Louvois (J. M. le Tellier, marquis de). 196, 197.
Lucianus. 682, 683, 894, 895.
Lucilius (Junior). 563.
Lucrèce (T. Lucretius Carus). 364, 435, 436, 445, 520, 557, 568, 665.
Lulofs (J.).»39.
Luther (M.). 662, 667.
Macrobe (Ambrofius Theodofius Macrobius). 520, 651.
Maftlin (M.). 659.
Mahomet. 518.
Maindron (E.). 9.
Marcel! us (M. Claudius). 517.
Mariotte (E.). 77, 78, 376.
Mathieu (Saint), évangélifle. 662.
Maury (L. F. A.). 9.
II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES. 86]
Maxiniilianus II, empereur allemand. 171.
Megerlin (P.). 311.31%, 3 1 3, 3 34.
Meibomius(M.). 187.
Meier(G.). 342, 52;.
.Menard ou Mefnard. ÏIO. 242.
Menard fils. 242.
Menippos. 8<jï.
Mercator (Gerhard). 402, 466.
Mercator Xicolaus). 113, 120, 121, 141.
Merfenne VM.). 454, 806, 807, 834.
Metius (A.). 632, 633.
M eu es (Pv.). 441, 496.
Mieli(Aldo). 567.
.Migon. 13.
Moetjes ou Moetjens (A.). 656, 674.
Moïfe ou Mofes. 311, 534, 557, 664.
Molyneux (Samuel). 304.
Molyneux (William). 96, 195, 304, 585.
Monceaux (de). 69.
Monnier (P. le). 11, 14, 20, 42.
Montagne (de la). 542.
Montmort (H. L. H. de). 2 1 2.
Moore ou Moor (J.). 241.
Moray (R.). 20. 191.
Moretus (B.). 894.
Morin(J. B.). 16,17,30,33.
Mothe le Vayer (Fr. de la). 4, 537, 53», 557, 563, 564, 566, 567, 577.
Mouton (G.). 142, 143, 338.
Mufée communal de la Haye, frontifpice (fous le portrait de C. Huygens).
Mufée-Huygens Hofwijckà Voorburg, même endroit.
Muflchenbroek (J. A.). 197, 242.
Xeaulme (J.). 675.
Xederlandlch Hiftoril'ch Natuurwetenfchappelijk Mufeum. m, 303, 304, 5*5.
Neile(P-). 119.
Neper ou Xapier (J.). 424, 487, 489.
Newton (I.). 4, 1 12, 1 18, 12*, 143, 195, 226, 227, 236, 303, 343, 348, 349, 375, 379, 3*5,
3*6, 391, 392, 394, 46*, 409, 412, 413, 415, 416—418, 420, 421, 422, 423,425,
426, 429, 431, 432, 433, 434, 435, 437— 44 I, 448, 461, 466, 468, 472—17*»,
482—484, 489, 494—496, 498, 499, 503, 56-1, 505, 553, 554, 561,571,579,»*?,
582, 668— 67 1, 673, 698, 818,819.
86a II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES.
Nierop (van). Voyez Rembnuufz. van Nierop.
Niquet (V.). 20.
Obfervatoire de Copenhague, i 2.
Obfervatoire de Leiden. 304.
Obfervatoire de Paris. 7, 9, 11, 12, 18,20,41,42,57,73, 194, 195,241,576.
Obfervatoire d'Utrecht. 303.
Oldenburg (H.). 19, 240, 331, 479.
Ooftenvijk (S.). 242.
Oratoriens. 18.
Orellius(Io. Cafp.). 518.
Orefme(N.).688.
Ovide (P. Ovidius Nafo). 174, 519, 650, 666, 740.
Pagan (Bl. Fr. de). 113, 138, 143,891.
Palais de la découverte, à Paris. 66O.
Paolo (le père). Voyez Sarpi.
Papin (D.). 198, 440, 497, 498.
Pappus. 365.
Pardies (I. G.). 64, 479.
Parménide. 558.
Pafcal (Bl.). 663.
Périclès. 366.
Perrault (Claude). 13, 20, yy, 78, 197.
Perrault (Pierre). 435, 532, 533.
Petit (P.). 18—20.
Pezenas (L. P.). 304.
Phidias. 519.
Philippe I de HeflTe (Philip derGroiïmùtige). 336.
Philippe de Ileffe ou de Butzbach. 236, 336.
Philolaus. 552, 554, 567, 649.
Picard (E.). 7.
Picard (J.). 9, n, 13, 13, 16, 18, 20,21,32,73—76,78,79,84,97,142,143,348,359,
393, 403, 404, 416, 434, 460, 66% 830.
Platon. 173, 375, 520. 531, 533, 553, 558, 566, 567, 651, 668,768, 769, 810, 81 1, 823.
Pline (C. Plinius). 547.
Plutarque (ou Pfeudoplutarque). 351,518,553, 554, 562,671, 794,795, 818, 819, 895.
PoggendorfFQ. C). 572.
Pohlenz (M.). 173.
Porta (B.). 210, 211.
Pofidonius. 172, 173, 352, 588, 589, 650, 825.
II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES. 863
Pound (J.). 362—364, 658.
Power (H.). 351,356.
Ptolémée. 15,33, 130, 1.-1, 172, 317,318, 35-, 358,651,692,693, 825.
Purbach(G.> 13.
Puyrichard. 75.
Pythagore. 518, 519, 533, 553, 558, 566,668, 756, 757, 810, 811.
Pythagoriciens (les). 554, 650.
Quintilien (M. Fabius Quintilianus). 188.
Radau(R.). 12.
Rambaud (A.). 8, 63.
Reichenbach (G. von). 13.
Reinerius (V.). 327.
Rembramfz. van Nierop (D.). 136, 131, 187, 361, 437, 603.
Renieri. Voyez Reinerius.
Repfold (J. A.). 13.92. io5-
Reverchon (L.). 586.
Reymer von Streytperck. 172.
Rheita (A. M. de). 659.
RiecioliQ.B.). 32, 119, 143, 144, 167, 168, 171, 172, 176—179, 3 17, 3 1 8, 327, 360, 365,
574, 575, 626, 637, 663, 66% 695, 824, 830, 835.
Richelieu (le Cardinal de). 17.
Richer (J.). 18, 311, 331, 376, 396, 397, 429, 436, 464, 663.
Richot. 197.
Roberval (G. Perfonne de). 30, 31, 33, 446.
Roger (E.). 674.
Rohault (J.). 432, 434, 436, 446, 453.
Romein (les époux). 533.
Romein-Verfchoor (Mme A.). 533.
Romein (J.). 533.
Romer (Ole). 16—14, 20, 53,55, 59,75, 76> 79, 9^ "I. '5i, 1**» 3°7» 3". 434» 473. 54».
583,588,695.
Rofenberger (F.). 572.
Rothmann (Chr.). 172, 891.
Roque (J. P. de la). 197.
Royal Society. 192, 236, 303, 304, 360, 435, 658, 832.
Royer(Fr.(?)de). 131.
Saint-Didier (A. Touflaint Limojon de). 197.
Saint-Maurice (Th. F. Chabod, marquis de). 61.
Sallufte (C. Salluftius Crifpus). 521.
864 II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES.
Salluftius philofophus. 521.
Sanfon (N.). 74-
Sarpi (Pietro), dit Padre Paolo. 53S, 5G1.
Sarzofus (Fr. Sarzofus Cellanus). 172.
Sclieiner (Chr.). 659.
Schickard (W.). 308, 309, 313, 319, 32G, 321—323, 325, 326, 329, 336.
Schiedges (P. P.), frontifpice (fous le portrait de C. Huygens).
Schmidt (Fr. W.> 662.
Schoner ou Schonerus (J.). 172.
Schott (G.). 684, 764, 766, 768.
Schuylenburg (J. van). 197.
Schweizerifche Gefellfchaft fur Gefchichte der Medizin und der NatiiruiHenfchaften. 312.
Schu enter (D.). 585.
Scipio (P. Cornélius). 52 1.
Scotus (J. Erigena). 564.
Seignelay (marquis de). Voyez J. B. Colbert fils.
Senatus Romanus. 5 1 8.
Sénèque (L. Annaeus Seneca). 5 12, 563, 565, 894.
Serenus (Annaeus). 894.
Servi (ordine de'). 538.
Sextus Kmpiricus. 534, 563.
Shakerley (J.). 307.
Shakefpeare (W.). 375.
Silvius ou Sylvius (Alexius). 1 72, 174.
Simonde de Sifmondi (J. C. L.). 63.
Smith. 347, 349.
Smith (R.). 304.
Snellius ou Snel van Royen (W.). 43, 74, 403, 434, 460.
Société hollandaife des fciences de Haarlem. 824, W93.
Societas Iefu. 173, 174, 826. Voyez aufh' Jéfuites etc.
Société fuifle d'hiftoire de la médecine etc. Voyez Schweizerifche Gefellfchaft.
Socrate. 533, 823.
Soliman ou Suleiman II, fultan de Turquie. 171.
Spinoza (B.). 242.
Spruyt. Voyez Bellaar Spruyt.
Stevens of Vermont (II.). 172.
Stevin(S.). 187.
Stoïciens (les). 549, 894.
Swammerdam (J.). 667.
Sylvius. Voyez Silviuv.
II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNÉES. 865
Tacquet (A.). 360, 662, 663.
Tages.558.
Tannery (P.). S, 63, 454, 4-9, 662.
Thevenot (M.). 32, 81, 105— ION, 191, 197.
Timée. 651.
Torrianus(L). 171,651.
Torricelli (E.). 4Î9.
Townley ou Towneley (R.). 832.
Tubero (Oratius), perfonnage fictif. 537. Voyez la Mothe le Vayer.
Tycho Brahe. Voyez Brahe.
Univerfité municipale d'Amfterdam. 303, 892.
l'niverfité de Bàle. 311, 334.
Univerfité de Groningue. 823.
Univerfité de Leiden. 42, 92, 201, 415, 51 1, 604, 608, 826, 839, 893.
Univerfité d'Oxford. 1 18, 1 19.
Univerfité de Strafbourg. 505.
Univexfités du dix-feptiéme (îècle et des fiècles précédents. 63.
Uylenbroek (P. J.). 302, 303.
Vallius. Voyez van der Wal.
Varin. 376, 405.
Vaugondy (R. de). 388.
Verulamius. Voyez Baco.
Vitellio. 319.
Vitruve (M. Vitruvius Pollio). 76 — 78, 234.
Viviani (V.). 105, 197.
Volder (B. de). 197, 331, 430. 591, 596.
Vollenhoven (C. van). 511.
Vollgraff(J. A.). 88O, 893.
Voltaire (Fr. M. Arouet). 656.
Vondel (Jooft van den). 520.
Voffius(L). 197.
Waefberghe ou Waefbergen (J. vanj. 198.
Wal (H. van der). 188.
Wallis (J.). 197, 365, 595, 657.
Ward(Seth). 112, 113, 11 î — 125, 128, 135—143.
Wendelinus (G.). 36, 659.
Wilhelm, lantgrave de HefTe. 172.
Wilkins (G.). 542.
Willem I, fiadhouder, dit Willem de Zwijger. 661.
100
866 II. PERSONNES ET INSTITUTIONS MENTIONNEES.
Willem III, (tadhouder et roi d'Angleterre. 657, 677, 680 .68 1.
Wolf (A.). 194.
Wolf (C). 11, 12, 20, 2 1, 42, 194, 195.
Wolf (R.). 10.
Wolfgang(A.). 826.
Worcefter (E. Somerfet, marquis de). 245.
Wren(Cbr.). 19;, 36Î.
Wurtzelbaur (J. Ph.> 569, 572, 674.
Wijk(W. E. van). 586.
Xcnophane. 534, 794, 795.
Xénophon. 823.
Xylander (G.). 794.
Zeller(£.). 534.
Zenneck (J.). 496.
Zenon. 564, 894.
III. OUVRAGES CITÉS,
[.es chiffres gras défignent les pages où l'on trouve une defcription de l'ouvrage.
Les chiffres ordinaires donnent les pages où il eft queftion de l'ouvrage, ou qui contiennent
dans le cas de Huygens la reproduction de l'ouvrage.
("//. Adam. Voyez des Cartes.
!.. Allatius. Voyez Salluftius philo fnphus et Opu feula myt/tologica etc.
./. Amyot. Voyez Plut arque.
P. Apianus, Aftronomicum Csfareum, 1540. 171, 1 ?2.
Apollonius, De locis planis. 750, 751.
Archim'ede, Defcription du planétaire (ouvrage perdu). 649.
„ De sphœra et cylindre 750, 751.
„ Quadratura parabolse. 750, 75 1 .
„ x\auui7r,: ou Arenarius. 371, 649.
Ari/ïote, De anima, 528, 563 (éd. .7. fiei-ker).
„ De cœlo. 666.
„ Dialogues (ouvrage perdu). 666.
„ Dialogue t.-.v. ftkoaofiat. "68, 769.
„ Métaphyfique, 566, 732.
„ Meteorologica (éd. .7. Bekker'). 564.
„ ( )pera logica. 511.
Voyez IV. Jaeger.
N'oyez X. Orefme.
Ariflarque (Ari/farc/m.< Samius), De magnitudinibus et'diftantiis Colis et lune liber cum Pappi
Alexandrini explicationibus quibufdam, éd. F. Cowwandinus,
1574, 359, 365. Ed. .7. (Vallis, grarce et latine, 1688, 365.
./. Argolus, Ephemerides, 1638. 333.
.7. F. M. C. d\1umerie. Voyez Planetariumboek Eift Eifinga.
A. Allant. Difcours de 1666 ou 1667 à l'Académie. 9, 1 2, 25, 26.
„ Dii'cours fur l'expédition de Madagafcar, 1667. 32, 33, 191.
„ Ephéméridede la comète de la fin de l'année 1664 etdu commencement de l'année 1665
(avec Dédicace au Roi), 1665. 9, 73-
„ Lettre à Oldenbourg, 1665. 19.
„ Lettre de 1666 à la Royal Society. 832.
868 III. OUVRAGES CITÉS.
A. Auzout, Traité de Tutilitû des grandes lunettes, et de la manière de f en fervir fans tuyau (ouvrage
annoncé, mais non publié). 19.
„ Traité du micromètre ou manière exa&e pour prendre le diamètre des planètes et la
diftance entre les petites étoiles. 1667. 18, 21, 91.
Baco Ferulamius, Novum organon. 567.
D. Barbaro. Voyez Vitruve.
J. Bartfch, Lettre ouverte à Kepler, 1628. 336.
„ Voyez Kepler.
J. Beeckman, Journal. 248.
H. L. Bergfon, L'évolution créatrice, 1907. (m*™ éd. 1929). 659, 665.
Jean Bernoulli, Opéra omnia, 1742. 499.
„ Refponfio ad nonneminis provocationem, 1719 et 1742. 499.
.7. Bekker. Voyez Ariftote.
C. Bellaar Spruyt, Biographie de .7. P. N. Land, 1899. 511.
„ Voyez .7. P. N. Land.
F. Berthoud, Hiftoire de la mefure du temps par les horloges, 1802. 174.
Fr. Bianchini, Hefperi et Phofphori nova phsenomena five obfervationes circa planetam Veneris,
1728. 236.
G. Bigourdan, L'aftronomie, évolution des idées et des méthodes, 1920. 13, 194.
„ Publication des obfervations de Caflini, 1900. 1 2.
//. Boerhaave. Voyez Chr. Huygens.
A. Bojfat, Telefcopium catadioptricum et diacatoptricum, 1682. 192.
R. Bombelli, L'algebra parte maggiore delFarithmetica. 1572. 585.
K. Bopp, Drei Unterfuchungen zur Gefchichte der Mathematik, 1929. 196.
G. A. Borelli, Extraft of a letter about the prices of his telefcopes, 1678, 211.
„ Voyez „An intimation given in the Journal des Sçavans etc."
M. Bouguer, La figure de la terre, déterminée par les obfervations de MM. Bouguer et de la C011-
damine, 1749. 38S.
„ Nouveau traité de navigation, contenant la théorie et la pratique du pilotage, 1753. 3SH.
/. Boulliau ou Bullialdus, Aftronomia Philolaïca (avec Tabula; Philolaïcaj), 1645. 113, 1 17 — 1 19,
135-
„ Aftronomia; Philolaïca; fundamenta clarius explicata et aflerta adverfus
Sethi Wardi impugnationem, 1657. 119. 129, 135.
/?. Boyle, Chymifta feepticus, 1661. 534.
Tycho Brahe. Correfpondance. Voyez Chr. Rothmatm.
„ Oeuvres. 130.
D. Bretvjler, Memoirs of the life, writings and difeoveries of Sir Ifaac Newton, 1855. 435.
P. Brunet, Introduction des théories de Newton en France au XVI Ile fiècle, 1931. 496.
P. Brunet et A. Micli, Hiftoire des feiences; antiquité, 1935. 56S.
G. Bruno, De immenfo et innumerabilibus, 1590. 35 1, 359.
111. OUVRAGES CITÉS. 869
G. Bruno, De Pinfinito univerfo e mondi. 682.
„ De monade, numéro et figura, 1590. 359.
//*. Hurckhardt. Voyez Chr. Hvygtttt.
Th. Burnet, Archxologix philolbphicse libri duo, 1692. 566, 661.
//. Cardan, De fubtilitate libri XXI, 1551 et 1614. 44s.
R. des Cartes, Cogitationes privatae, 1619. 762.
„ Compendium millier. 752.
„ Difcours de la Méthode, 1637. 341, 531.
„ Le monde ou traité de la lumière et des autres principaux objets des fens, 1664, 66?
826.
„ Lettres, éd. Cl. Clerfelier, T. II, 1659. 454.
„ Méditations touchant la philofophie première, 1647. 341.
„ Météores, 1637. 497.
„ Oeuvres (éd. C/i. Adam et P. Tannery). 454.
„ Principia Philofophia\ 1644. 312, 341, 342, 353, 438, 451, Éd. de 1677. 525, 526
527, 663, 826.
.1/. Cafpar. Voyez Kepler.
./. D. CaJJini, Abrégé des obfervations et des réflexions fur la comète qui a paru au mois de De
cembre 1580, 1681, 17, 331, 602.
„ De l'origine et des progrés de l'aftronomie et de fon ufage dans la géographie et dans
la navigation, 1693. 15, 26.
„ EpiftolaadeditoremTrnnfactionum Anglicarum,cxhibenscorrectionescircatheoriam
quinque fatellitum Saturni (traduction latine des Afta Eruditorum), 1687. 836.
„ Les elemens de l'aftronomie vérifiez par M. C<? ////;/ par !e rapport de fes tabies aux
obfervations de M. Richer faites en Pifle de Cai'enne, 1672. 31 1, 331.
„ Hiftoire de la découverte de deux planètes autour de Saturne, 1677. 368.
„ Nouvelle découverte des deux fatcllites de Saturne les plus proches, 1686. 191.
„ Réflexions fur les obfervations de Mercure dans le foleil, 1677, 326, 327, 328.
„ S'il eft arrivé du changement dans la hauteur du pôle, ou dans le cours du foleil,
1693. 18.
„ Voyez G. Bigourdan.
/'. J. Catald:, Trattato del modo breviflimo di trovar le radicc quadre delli numeri, 1613 585.
B. Cavalieri, Directorium générale uranometricum, 1632. 132, 144.
„ Trattato délia ruota planetaria perpétua, 1646 (publié fous le pfeudonyme Silvio
FilomanzioJ. 172.
Cellanus. Voyez Fr. Sarzofus.
A. Cefalpinus, Quœftiones peripatetica:, 1593. 63. Éditions antérieures du même ouvrage: voyez
les Additions et Corrections, fe rapportant à la p. 63.
Jules Ce far, Oeuvres. 518.
870 III. OUVRAGES CITÉS.
Chappotot, Niveau à Lunette, qui porte fa preuve avec soy que l'on vérifie & rectifie d'un feul
endroit, 1680. 75, 79.
M. Chéruel. Voyez Lefevre d'Or me fou.
Chiang Tee, Chinefe calligraphy, an introduction to its xfthetic and technique, avec préface de
Lin Se», ± 1937. 734.
Cicéron (.1/. Tullius Cicero*), Academica. 794.
„ Dedivinatione. 513, 558.
„ De finibus bonorum et malorum, 565.
„ De gloria (ouvrage perdu). 517.
„ De natura deorum. 172, 535, 650, -69.
„ De oratore. 375.
„ Lrelius de ainicitia liber. 684.
„ Oeuvres. 563.
„ Oeuvres philofophiques. 4.
„ Opéra quae fuperfunt omnia ac deperditorum fragmenta, éd. In. Cafp. Ore/lius, 1828. 5 1 8.
„ Oratio pro Marcello. 517.
„ Somnium Scipionis. 520, 65 1 .
„ Tufculanœ difputationes (ou T. qusftiones). 173 (éd. M. Pohlcnz, 19183,512,533,537,
566.
C. A. Clairaut, Théorie de la figure de la terre, tirée des principes de l'hydroflatique, 1743. 466.
Cl. Clatid/anus, Ébigramme. 173,640.
Cl. Clemem, Mufei live Bibliothecœ extructio, inftructio, cura, ufus, 1635. 172, .173.
Cl. Clerfelier. Voyez des Cartes.
L. .). M. Columella, Roi rulticrc libri. 561.
F. Commandinus. Voyez Ariftarque.
Ch. M. de la Condamine. Voyez 31. liouguer.
C. II. Coote. Voyez ./. Schoner.
V. ( vpernic, De revolutionibus orbium cœleftium libri VI, 1543. 1 30, 588, 649.
V. de Cufa ou Cufanus, De docta ignorantia, publ. 1514. 369.
„ „ < >pera, 1565. 369, 534.
G. Daniel, Voyage du Monde de De/cartes, 1691 et 1703. 826. Traduction latine: Itcr per Mun-
dum Cartefii, 1694. 826.
Dante . ilighieri, Commedia Divina, 1313—1321. 743.
M. Delamhrc, Hiftoire de l'aftronomie moderne, 1821. Il, 12, 15, 17 — 19,30,92, 118,602, 832.
De/cartes. Voyez des Cartes.
Diogene île Li/ërce ÇDiogenes Laërtim), De vitis dogmatis et apophtegmatis eorum qui in philofophia
claruerunt. 554, 558.
/'. Ditifheim. Voyez L. Reverc/1011.
/'. Dubois, Hiftoire de l'horlogerie, 1849. 586.
./. B. Duhamel. Voyez du Ilamel.
III. OUVRAGES CITÉS. 8~ I
V. l'.irio de D\, illier. Conjectura: de fplialmatis typographicis ; lavoir dans les ..l'rincipia" de
New ton). 4:6.
Manufcrit fur la ciufe do la pefanteur. 496.
Poème latin „De gravitate", 1729-1730. 496.
// '. von Dyc.L Voyei Kepler.
E. ./. Dijkl!erhui>, Val en Worp, 1924. 43».
Eéleflone. Voyez Newton.
Erafme (D. ErafmusJ. Adagia, éd. de 1646. 823.
„ De libero arbitrio, 1524. 662. Deux traductions néerlandaifes de 1612 et 1645. ««2.
Euclide, Elementa. 630, 631 (éd. .'. /.. Heiberg, avec traduction latine), 750, 751.
Eugénie, ammiraglio di Sicilîa. Voyez Ptolémie.
IL Fabri, Pro fua annotatione, 1661. 308.
Ch. Fabry, Hiftoire de la Phyfique, 1924. 7, 8.
Fatio. Voyez F. de Duillier.
J. Fernel ou Fernelius, Cofmotheoria, 1528. 656.
„ „ Monalofphcrium, 1526. 172.
s. J'ilomanzio. Voyez B. Cavalieri.
C. Flammarion, La pluralité des mondes habités, 1862, 675.
.7. Flamfleed, Lettre à CafTïni, 1673. 331, 602, 832.
B. de Fontetielle, Entretiens fur la pluralité des mondes, 1686. 343, 656, 659, 68:, 829.
E. Fueter, Geichichte der exakten Wiflenfchaften in der Schweizerischen Aufklârung 1680-1780,
1941. 31 2, 496.
G. Galilei, Dialogues. 542, 824.
.7. C. Gallet, Mercurius fub foie vifus Avenione die 7 Xovembris 1677. 177, 327.
P. Gajfendi, Mercurius in foie vifus, et Venus invifa Paritiis anno 1631, 1632, 319, 336.
E. Gerland, Gefchichte der Phyfik, 1913. 105.
J. fV. von Goethe. Fauft. 520.
C. Govi. \royez Ptolémée.
G. Grandi, Geometrica demonftratio theorematum Hugenianorum circa logilticam, 1701. 441.
Grégoire de Saint-Vincent, Opus geometricum, 1647. 479.
.7. Gregory, Optica promota, 1663. 308, 602.
.7. Grôningins, Hiftoria cycloeidis, 1701. 425, 426.
.17. Gueroulr, Dynamique et métaphylique leibniziennes. 1934. 5©5.
E. I/alley, A difeourfe concerning gravity and its properties, 1686. 375.
„ De vilibili conjunctione inferiorum planetarum cum foie. 1691. 602, 6-3, 6-4.
„ Epiftola theoriam motus fatellitis Saturnii corrigens. 1684. 836.
.7. B. du Uam.'l, Aftronomia phylica, feu de luce, naturà et motibuscorporumca'leltuim,1660. 18.
„ Regise feientiarum ncademnv hiftoria, 1701. 10, 18, 74—76.
III. OUVRAGES CITÉS.
( :. Hanotaux. Voyez Hiftoire de la nation françaife.
./. de Hautefeuille, Invention nouvelle pour le fervir facilement des plus longues lunettes d'aproche,
1683. 192.
E. Ilavinga. Voyez Planetariumboek Eife Eifmga.
.]. Ilecker, Ephemcrides motuum cœleftium ab 1666 ad 1680, 1662 — 1666. 327.
„ Supplementum ephemeridum, 1670. 327.
„ Trartatus de Mercurio in foie vifo, 1672. 327.
./. L. Ileiberg. Voyez Euclide.
0. Hcnfe. Voyez Sénèque.
Héfiode. Ssoyovia. 804, 805.
./. llevelius. Firmamentum Sobiefcianum, 1690. 573 — 575.
„ Machina cœleftis 1, 1673. 195.
„ Mercurius in foie vifus Gedani, 1662. 149, 177, 310, 329, 696, 838.
„ Prodromus afironomis five Uranographia, 1690. 569, 5Î3.
„ Voyez Horrox.
Ph.de la Hîre, Tabula; aitronomica; Ludovici Magni juflu et munificentia exarati, 1702 et 1727.
13, H-
„ Obfervations de la planète Vénus, 1691. 576.
„ Méthode pour fe fervir des grands verres de lunette fans tuyau, 1715. 236.
„ Voyez Picard.
./. l'h. Holwarda, Friefche fterrekonft, 1652—1653. 368.
„ [IANZEAHNOZ KxhnzTixr, &tx-j-/i;oj<jz, 1640. 368.
Homère, Iliade. 3.
„ OdyfTée. 563.
„ Oeuvres. 519.
A', houle, A defcription ofan infiniment for dividing a footintomany thoufand parts. 1667. 832.
„ An attempt to prove the motion of the earth from obfervations, 1671. 360.
„ Lec'tiones Cutlerianœ, 1679. 360.
Horace (Q. Horatius FlaccusJ, De arte poëtica. 188.
„ „ lipillola;. 678.
P. Ilorrebozv, Bafis altronomia?, 1735. il, 12, 59, 75, 92.
. '. Horrox, Venus in foie vila, éd. J. Hevelius 1662. 1 49, 310, 339.
C. Hofius. Voyez Sénèque.
Chr. Ilttygens. Annotata pofthumain IfaaeiNewtoni Philofophiœ naturalis principia mathematica.
425—426.
„ Aftrofcopia compcndiaria, 1684. 4, 189—236, 239, 304.
„ Urevis allèrrio syltematis Saturnii. 534.
„ Charte aftronomic». 41, 78, 93— 95, 98, 99, 101, 187, 303, 307, 315, 336, 337,
341— 343> 347> 349» 352, 358, 365, 437, 439, 513, 514, 524, 536, 542, 568, 577,
58 1 , 582, 649, 822, 823, 827, 829, 83 1 .
„ Charte médiatrice. 419, 42 1, 533.
III. OUVRAGES CITES. 873
L'hr. Huygem. Commentarii de formandis poliendifque vitris ad telefcopia,publ.l703. 24:. Voyez
Memorien engcnde lier flijpen etc.
Confidérations fur la forme de la terre. 4. 373 376, 385 — 405, 43 1, 464, 504.
„ Cofmotheoros. Voyez Kofraotheoros.
De coronis et parheliis. 304.
De la caule île la pefanteur. 379 — 382, 386, 389, 409, 4:9, 431 — 434.
Démonftration de la juftefië du niveau, 1680. 8 1, 94, 98, 100.
De rationi imperviis; de gloria; de morte. 339, 436, 51 1 — 528, 555, 558, 662.
Defcriptio aiitomati planetarii, publ. 1703. 4, 1 1 1, 112, 125, 129. 168, r 76,349,350,
352, 508, 579 — 652, 669, 696. Traduction franc-aile par A. Janvier, 1849. 586.
Traduction néerlandaife par ./. ./. Vollgroft, 1928. 586.
De telefcopiis et microfeopiis, 239.
Dioptrica. 211, 230, 239.
Difcours de la caufe de la pefanteur, 1690. 4, 112, 364, 3-9, 380, 387, 389, 416,
423,427—499, 503,513, 571, 582, 584, 665, 671, 698, 699, 820. 821. éd. //'.
Hurckhardt. 441. traduction allemande par R. Mêmes. 441, 496.
Excerpta ex epiftola G. II. Z. ad G. G. L., 1694. 3.
Expérimenta circa eleétrum. 513.
Ilorologium ofcillatorium, 1673. 55, 188, 432, 441, 462 (théorèmes de vi centri-
fuga), 479, 488.
Journal de voyage. 537, 661, 891.
Kofmotheoros, 1698. 3, 19, 1 29, 352, 360, 439, 533, 534, 536, 539, 546, 548, 550,
556, 562, 572, 577,583,602,622,624,653 — 842. Différentes traductions néerlan-
daifes, françaifes, allemandes et anglaifes. 674, 675 (e. a. la trad. ail. de ./. Ph.
Wurtzelbaur, 1703 et 1743, mentionnée auflî à la p. 572).
La machine pneumatique. 380.
Lettre touchant la lunette catoptrique de M. Newton, 1672, 226.
Manufcrits A — K. 415.
Manufcri: C. 43 — 47, 49, 83, 291.
Manufcrit 1). 61, 69, 292, 660.
Manufcrit K. 51, 53, 78, 84, 85, 88, 90— 93, 97, 116, 117, 123, 137.
.Manufcrit F. 14, 19,56, 101, 117, 121 — 123,133,135,138,140—143, 145,147—
'5N 153—155. '58, 160, 161, 167, 168, 171, 175—179, 182, 192, 198, 213,
232, 233, 293, 307, 316, 319, 325, 330—335, 376, 389, 391. 397, 398, 401,
403—406, 408, 410, 416, 571, 628, 636, 638, 640, 648.
.Manufcrit G. 116, 133, 408, 409, 416— 418, 421— 423, 448, 513, 5 17, 522, 532,
539» 542. 555» 573-
Manufcrit II. 105, 108, 234, 290, 300, 301, 572, 570.
Manufcrit I. 241,652, 830, 832, 833, 835, 838, 839, 842.
Manufcrit K. 330. 511.
1 10
874 III- OUVRAGES CITÉS.
Chr. Huygens, Memorien sengsnde het slijpen van glasen tôt verrekijckers. 237 — 304. Voyez la
traduction latine de //. Boerhaave fous le titre Commentarii etc.
Nouvelle invention d'un niveau à lunette, 1679. 59, 75, 81, 91, 94 — 96.
„ Novus Cyclus harmonicus, 1691. 754, 755.
„ Opéra reliqua de 1728. 441.
„ Opufcula pofthuma de 1703. 1 1 1, 242, 304, 581, 635.
Penfees méfiées. 129, 184, 345—371, 435, 438, 439, 472, 513,514, 524, 546, 553,
582,655,660,668,671,822.
„ Pièces fur la relativité du mouvement et la non-exiftence d'un efpace abfolu. 507,
508.
„ Portefeuille anonyme. 824.
„ Portefeuille L. 415, 507.
„ Portefeuille Mufica. 197.
„ Programme de 1666 pour l'Académie. 9, 430.
„ Raifonnement pour trouver la route de la comète de 1681, 40.
„ Rapport de 1688 aux directeurs de la Compagnie des Indes Orientales. 4 16, 430, 467.
„ Règles du mouvement dans la rencontre des corps, 1669. 416.
„ Régula ad inveniendas tangentes linearum curvarum, publ. 1693. 399, 461.
„ Sur la coagulation. 533.
„ Syftema Saturnium, 1659. 308,310, 348,359,365,600,602,622,668,670,696,697,
790,791,831,836.
„ Tabula? ligneae. 131, 132.
„ Traité de la force centrifuge (De vi centrifuga, publ. 1703). 452.
„ Traité de la lumière, 1690. 37,416,430,433,441,446,473,495, 51 3, 533, 584,7 1 8.
„ Varia. 3.
„ Voyez Catalogue de vente des livres de Chr. Huygens.
„ Voyez /'. Kaifer.
„ Voyez L. Reverchon et P. Ditifheim.
„ Voyez A. Romein—Verjchoor.
„ Voyez P. .7. Uylenbroek.
„ Voyez J. A. Follgraff.
fV. Jaeger, Arifiotelcs, Grundlegung einer Gefchichte feiner Entu icklung, 1923. 666, 768, 769.
./. Janvier. Voyez Chr. Huygens.
J. Jeans, The motion oftidally-diftorted mafles,with fpecial référence tothe théories ofcofmogony,
1917.66o.
„ The myfierious univerle, 1931 — 1932. 660.
„ The univerfe around us, 1930. 660.
F. Kaifer, Iets over de kijkers van de gebroeders Chriftiaan en Conftantijn Huygens, 1846. 302,
304,658.
A. C. Kâftner. Voyez R. Smith.
N. Kaufmann. Voyez N. Mercator.
III. OUVRAGES CITÉS. 875
.7. Kepler, Ad epiftolam Jacobi Bartfchn refponlio. De computatione et edidone ephemeridum,
1629. 336.
„ Admonitio ad curiofos rcrum coeleftium, 1630. 309. Deuxième édition, également de
1630, par .7. Bartfch. 309.
Ad Vitellionem paralipomena, quibus aftronomia: pars optica traditur, 1604. 3 1 9.
Aftronomia nova ou Commentarii de ftelh Martis, 1609. 17a, 446, 551, 668, -38.
Ephemeris anni 1631. 322.
„ Epitome aftronomia: Copernicane, 1618 et 1635. 114, 11-, 134, 141, 148, 172, 320,
337j 350,361,808—811,822.
„ Mvfterium cofmographicum, 1596. 361,668, 810, 81 1.
„ Phenomenon fingulare feu Mercurius in foie, 1609. 336.
„ Somnium, feu opus pofthumum de aftronomia lunari, éd. /,. Keppler, 1634. 683, 895.
„ Tabula Rudolfina?, 1627. 118, 1 19, 131, 149, 161, 177, 309, 322, 325, 329, 576, 622,
835.
„ in feinen Briefen, éd. M. Cafpar et W. von Dyck, 1930. 336, 584, 682.
L. Kepler (Keppler). Voyez .7. Kepler.
A. Kircher, Iter exftaticum coelefte, 1656. 3, 658, 764, 765, 830.
„ Iter exftaticum coelefte etc. éd. G. Sc/toft, 1660. 764, 766, 768.
„ Mundus fubterraneus, 1665. 795.
/.. Lacïautius, Divinae institutiones, 3iCmc ou 4iomc fiècle. 823.
.7. P. X. Land, De wijfbegeerte in de Nederlanden, éd. C. va» Vollenhoven et C. Bellaar Spruyt,
1899.511.
„ Philofophy in the Low Countries (manuferit). 511.
Ph. van Lanfbergen ou Lanfbergius, Opéra omnia, 1663. 130.
„ „ Tabula: motuum coeleftium perpétue, et théories motuum
cœleftium nova et genuine, 1633. 130, 327.
E. Lavife. Voyez Hiftoire générale du I Ve fiècle à nos jours.
O. Lefevred'Ormejfon, journal 1661—1672, éd. M. CAéruel, 1861. «I .
A. M. Legendre, Exercices de calcul intégral T. 1, 1811. 49».
G. G. Leibniz. Difcours de métaphyfique, 1686. 556.
„ Schediafma de refiftentia medii. 1689. 498.
„ Tentamen de motuum cœleftium caufis, 1689. 495.
„ Eflai de Théodicée, 1710. 667.
.7. Lemoine. Voyez de Saint Maur
Lin Sen. Voyez Chiang Tee.
.7. Lipfîus, Opéra omnia, éd. B. Moretus, 1637. 894.
0. Lodge, Life and matter, 2"-n'c éd. 1909. 665.
H. JV. Longfellow, A pfalm of life. 3, 520.
Chr. Longomontanus, Aftronomia Danica, 1622 et 1640. 130.
O. Lorenz, Genealogifches Handbuch der Europàifchen Staatengefchichte, 1928. 338.
H-6 III. OVRAGES CITÉS.
Luciauus, 'AlriâiiÇunopia. «95.
„ Dialogues. 683.
„ [caromenippus Ç,ixetpo[ûvtmvo{ à ùirgpv&psXoç'). 683, 895.
Lucrèce (T. Lucretim CarusJ, De rerum natura. 364, 520, 568, 665.
.1/. Luther, De fervo arbitrio, 1525. 662. Traduction allemande QMartin Luther Vom unfreicn
Willen) par Fr. //'. Schmidt, 1934. 662.
Macrobe (Ambrofim Theodofim Macrohius), In Somnium Scipionis. 520, 651.
/". Maindron, L'ancienne académie des fciences. Les académiciens 1666 — 1793, 1895. 9.
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„ Traité du mouvement des eaux, 1686. 376.
„ Traité du nivellement, 1677. j~.
St. Mathieu, Évangile. 663.
L. F. .1. Maury, Les académies d'autrefois. L'ancienne académie àes fciences, 1864. 9.
P. Megerlin, Commentarii chronologici in tabulam mathematico-hiftoricam, 1683. 311.
„ Syftema mundi Copernicanum demonftratum et conciliation thcologix, 1682, 311,
334.
„ Theatrum divini regiminis, a mundo condito ufque ad noltrum feculum. Adjectus crt
commentarius chronologicus in tabulam mathematico-hiftoricam, 1683. 31 1, 334.
1/. Meibomius, De proportionibus dialogus, 1655. 187.
.V. Mercator (ou N. Kaufmann), Hypothefis albronomica nova, 1664. 129, 141.
,, Inltitutionum aflronomicarum libri duo, 1676. 129, 141.
„ Ouvrages agronomiques. 120.
M. Merfenne. Balliftica, 1644. 806, 807.
R. Mewes. Voyez Chr. Iluygens.
À. Mieli. Voyez P. Brunet.
Il '. Molyueux, ( )ptique, 1692. 96.
P. le Monnier, I liftoire célefte, 1741. 11,14.
de la Montagne. Voyez ./. Wilkins.
IL Moretus. Voyez .1. Lipfîus.
J. B. Marin, Aftronomia jam a fundamentis intègre et exacte reltituta, 1634 — 1640. 16, lî, 33.
Fr. de la Mot fie le Fayer, Cincq dialogues par Oratius Tubero(éd.de 1 716). 537,557, 563 — 566.
„ Dialogue de la divinité. 537, 565.
Dialogue de la philofophie fceptique. 563.
>?
„ Dialogue de la politique. 564.
„ Dialogue de l'ignorance louable. 537, 563, 565, 577.
„ Dialogue de l'opiniaftreté. 564, 566, 567.
„ Dialogue du mariage. 564, 565.
„ Difcours pour montrer que les doutes de la philofophie fceptique font
d'un grand ufage dans les fciences, 1668. 537.
„ I lexameron ruftique. 1670, 537.
„ Le banquet fceptique. 564.
lll. OOVR \c.i> cuis. 877
Fr. de la Mothe le l 'ayer, ( oeuvres, 1654 et 1662. 537,
G. M uton, Obfervationes diametrorum folis et lune apparentium, 1670. 142, 338.
/. Wewttm, Correfpondence, éd. Edleftonz, 1850. 435.
De mundi fyftematê, 1728. 554, 669, 673,
„ Anfwer to fome confiderations upon his doctrine of light and colours. 230.
„ Opticks, 1704. 195.
Philofophis naturalis principia mathematica, 1687 (deuxième et troifîéme éditions refp.
en 1715 oc 1726). 4, 1 12, 138.343, 348,345), 375, 379,385, 391,394,408, 41a— 426,
429, 430, 43;,, 435, 438, 440, 464, 466, 4-4, 47s, 482—484, 494, 495. 499, 503,
571, 582,669,6-0, 893.
/). R. van Xierop. Voyez Reuibrantfz. van Nier
I. C. Orelliin. Voyez Cher on.
X. Orefme, Les éthiques, ou morale d'Arittote, publ. 1488. 688.
Ovide (P. Ovidius Nafo). Ex Ponto. 519.
„ Faftes. 1 74. 650.
„ Métamorphofes. 519, 666, 740.
„ Triftia. 519.
Bl. F. de Pagan, Tractatus de cheoria planetarum, 1657. 138.
Pappus. Voyez „ iriftarque.
/. G. Pardies, De linea logarithmica (manul'erit). 479.
„ Difcours du mouvement local. La ftatique, 1673. 64.
„ Elementa géométrie. 479.
Bl. Pafcal, Oeuvres, éd. L. Bnmfchviah 1904. 663.
Cl. Perrault. Voyez Vitrwoe.
P. Petit, Diflertation fur la hauteur du pôle, 1660. 1 8.
L. P. Pezenas. Voyez R. Smith.
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Mefure de la terre, 1671. 74—78, 81, 393» 4°3- Éd- de 1729- **> 97-
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./. Picard et Ph. de la Hire, Obfervations faites à Bre/l et à Nantes pendant l'année 1679. 74.
„ „ Traité du nivellement, 1684. 1 8, 75, 76, 78, -9, 84.
Platon, Timée. 651.
Pline (C. Pliniusj, Naturalis lliitoria. 547.
Plutarque, De amore fraterno. 562.
„ De facie in orbe lunae. 553, 554. :V4- 795i 818,819. Traduction francaifed'Amyot. 554,
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„ Opéra omnia (e.a. Moralia), éd. G. Xylander, 1624. 794.
878 III. OUVRAGES CITÉS.
P/utarque,Regum et imperatonim apophtegmata (Moralia). 895.
„ Vie d'Alexandre. 5 1 8.
J. C. Poggendorf, Biograph. litterar. Handworterbuch derGefchichtederexakten WïflTenfchaften,
1863. 5Î 2.
M. Po/ilenz. Voyez Cicéron.
J. Pound, A letter from the Rev. Mr. James Pound to Dr. Jurin concerning obfervations inade
with Mr. Hadlefs reflecting telefcope, 1723. 3©2, 303.
//. Power, Expérimental philofophy, 1664. 351, 356.
Ptolémée (Cl. Ptolemœus), Almagefte. 130.
„ L'ottica di Claudio Tolomeo da Eugenio Ammiraglio di Sicilia (fecolo
XII) ridotta in latino fovra la tradnzione araba di un tefto greco imper-
fetto, éd. G. Govi, 1985. 15.
„ Oeuvres. 130.
„ Optique (texte grec perdu). 15.
Quintilien (M. Fabius Quintilianus), Declamationes. 188.
„ Inftitutiones oratoriae. 188. Traduftion françaife de 1663
„De rinftitution de l'orateur et les grandes et entières décla-
mations". 188.
R. Radau, L'obfervatoire de Paris depuis fa fondation. 1868. 12.
J. Rambaud. Voyez Hiftoire générale du IVe fiècle à nos jours.
V. Reinerus, Tabula? Mediceœ univerfales, 1639. 327.
D. Rembrantfz. van Nierop, Des œrtrijcks beweging ende fonne ftilftnnt, bewijfende dat dit geen-
fins met de Chriftelijke religie is ftrijdende, 1661. 663.
„ Nederduytfche afironomia, 1653 et 1658. 130, 131,361,437.
„ Wifkonftige mufyka, 1659. 1 87.
.7. A. Repfold, Gefcbicbte der aftronomifchen Werkzeuge von Purbach bis Reichenbach, 1450 bis
1830,1908.13,92, 105.
L. Reverchon et P. Ditifheim, La machine planétaire et l'oeuvre de Huygens, 1930. 586.
/. D. Riccioli, Almageftum novum, 1651. 143, 144, 168, 171, 178, 179, 317,318,575,669,824.
„ Anronomia reformata, 1664. 167, 176, 178, 179, 575, 626, 627, 830, 835.
.7. Richer, Obfervations agronomiques et phyfiques faites en rifle de Caïenne, 1679. 376, 430.
G. P. de Roberval, Traité de mechanique, 1636. 446.
.7. Rohault, Traité de pliyfique (iièrc éd. 1671, 4ièrac éd. 1682). 432, 436, 446, 453.
Mmc. A. Roineiii-Ferfchoor, Chriftiaen Huygens, de ontdekker der waarfchijnlijkheid, 1938. 533.
,7. et A. Romein, Erflaters van onze belchaving, Nederlandfchegeftaltenuit6eeu\ven,1938. 533.
0. Romer, Lettre à Leibniz, 1700. 12.
F. Rufenberger, Ifaac Newton und feine phyfikalifchen Prinzipien, 1895. 572.
Chr. Rotlimann, Lettre à Tycho Brahe dans „Tychonis Brahe Dani epiftolarum aflronomicorum
Hbri", 1601. 172,891.
III. OUVRAGES CITÉS. 879
(Marquis de), Lettres fur la cour de Louis XIV, éd. .'. Lemoine, 1910. 61.
Sai/ufle (G Sal/uj!: s), Catilins conjuratio. 500.
Salluftius philo fophus, De diis et mundo (-soi j;-wv xai xocraow) éd. Z.. Allatius. 1638, 1639 et 1670.
a 20.
/'. Sarpi. Correfpondance. 538, 565.
„ Opère del Padre Paolo, avec une biographie de l'auteur, 1677. 538.
Fr. Sarzofus Cei/anus, Aequator planetarum. 1*2.
//'. Schickard, P;;r> refponfi ad epiftolas /'. Gajfendi de Mercurio fub foie vifo etc., 1632. 308,
319,3:0—323,329,336.
J. Sc/'iuner ou Schonerus, Aequatorium auTonomicum, 1521. 172.
„ Equatorii aftronomici canones, 1522. 172.
„ Oeuvres, éd. C. H. Coote, 1888, 172.
G. Schott. Voyez A. Kircher.
D. Schzuenter, Geometrica practica nova et aufta, 1618. 585.
Sénèque (/.. Annœus Seneca~), Ad Lucilium cpiftularum moralium qua? fuperfunt, éd. 0. Henfe. 563.
„ Ad Serenum de otio. 894.
„ De beneficiis, éd. C. Hofius. 565.
Sextus Einpiriats, Adverfus mathematicos. 534, 563.
Fr. il '. Schmidt. Voyez M. Luther.
J. C. L. Simonde de Sifmondi, Hiftoire des Français, 1841. 63.
R. Smith, A compleat fyftem of opticks, 1738. 301. Traduction allemande par A. G. Kajïner
(Vollftândiger LehrbegrifF der Optik), 1755. 304. Traduction françaife par L. P.
Pezenas (Cours complet d'optique), 1767, 30-1. Traduction néerlandaife anonyme
(Volkomen zamenftel der optica of gezigtkunde), 1753. 30<A.
./. SzvatriHierdam, Biblia natura?, publ. 1737 — 1738. 66j.
P. Tannery, Les feiences en Europe 1648—1715, 1924. 8, 63.
„ Mémoires feientifiques. 479.
„ Voyez des Cartes.
M. Thevenot, Lettre à Viviani de 1661. 105.
„ Machine nouvelle pour la conduite des eaux etc., 1666. 105.
R. Tori'nely ou Towttly, Extract of letter to Dr. Croou, touching the invention of dividing a foot
in many thoufand parts, 1667. 832.
0. Tvbero, auteur fictif. Voyez delà Mothe le Vayer.
Tycho Brahe. Voyez Brahé.
P. .1. Ujlenbroek, Oratio de fratribus Chrijliano atque Conflantino Hugenio, artis dioptricœ culto-
ribus, 1838. 302.
R. de Faugondj, Mémoire fur une queftion de géographie pratique, fi l'applatiflement de la terre
peut être rendu fenfible fur les cartes? 1775. 388.
88o III. OUVRAGES CITÉS.
Vitruve (M. Vitrwim Pol/ioJ, De architeftura libri X, cum commentariis 1). Rarbari, 1567.
„ Dix livres d'architecture, traduction de l'ouvrage précédent par
Cl. Perrault^ 1673. 77.
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('. van Vollenhoven. Voyez J. P. IV. Land.
.1. .1. / ' dlgraff, De relativiteit der beweging volgens Chr. Huygcns, 1934. 503.
„ De roi van den Nederlander Cafpar Calrhoff bij de uitvinding van het moderne
ftoomwerktuig, 1932. 245.
„ In memoriam D. J. Korteweg, 1941. S92, *93.
„ Voyez C'r. Ilaygens.
./. van den Fondel, Inicription fur l'architrave de la porte d'entrée du nouveau théâtre d'Am-
fterdam. 520.
./. IVallis, Arithmetica infmitorum, 1656. 585.
„ Oeuvres, 657.
„ Treatife of algebra both hiftorical and practical, 1685. 585.
Seth Ward, Aftronomia geometrica, 1656. 119, 135.
„ In Ifmaelis Bullialdi Aftronomiîc Philolaicae fundamenta inquifîtio brevis, 1653. 118,
135.
./. Wilkim, Difcovery of a new world, or a difeourfe tending to prove it is probable that there
„ may be another habitable world in the moon, 1638 et 1640. 542. Traduit par de la
Montagne fous le titre „Le monde dans la lune", 1656. 542.
A. ffolf, A hiftory of feience, technology, and philofophy in the i6th and ifth centuries, 1934.
194.
C. IVolf\ Hiftoire de Pobfervatoire de Paris de fa fondation à 1793, 1902, 11, 11, 20, 42, 194.
R. H'alf, Gefchichte der Agronomie, 1877. ÎO.
E. Worcefter (Marquis of), Century of inventions, 1663. 245.
./. /'//, Wurtzelbaur, Mercurius in foie obfervatus Noribergœ 1690, 5J2.
„ Voyez Chr. Huygens.
IV. /•;. VQn ff'ijk. Voyez Planetariumboek Eife Eifïnga.
Xénophon, Memorabilia. 823.
C. Xylander. Voyez Plutarque.
/.'. Zeller, Die Philofophie der (Jriechen in ihrer gefchichtlichen Entwicklung dargeftellt, 2il!"ieéd.
1865. 531.
./. Zenneck, Gravitation, 1904. 196.
Afta Kruditorum, 1684. 835, 836.
1688. 495, 835, 836.
„ 1689.416,495.
1719. 499.
III. OUVRAGES CITÉS. 88 I
Alcorau. 342.
Ancien Telhiment. 71a.
An intimation given in tlie Journal des Sçavans of a fine and eafy way to make ail forts of great
telefcopic glaffcs etc. (ceci le rapporte à G. ./. Borellf). 1676. 241.
Bible (Ecriture, Ecriture fainte). 311, 351, 557. 661, 663, 664, 684— 687, 743. Voyez auflj
Ancien Teitament, Eecléfiaile, Livre de la Genéfe, Pfaume 94, St. Mathieu, et Nouveau Telta-
ment.
Carte de France corrigée par les ordres du Roy fur les obfervations de M-. de l'Académie des
Sciences. 74.
Catalogue des iniïruments de la Royal Society. 303.
Catalogue de vente des livres de Chr. Huygens, 1695. 188, 31 1, 534, 537, 542, 765, 826.
Collection de documents inédits fur l'hidoire de France (Première Série: Hiftoire politique). 61.
Comptes des bâtiments du roi Louis XIV. 1 1.
Divers ouvrages de mathématique et de phyfique par MM. de F Académie Royale des Sciences,
1693. 112,379,429.
Eecléfiaile. 565.
Ecriture (Sainte). Voyez Bible.
EnzyclopâdiedermathematifchenWiflenfchaften mit Einfchlufsihrer Anwendungen,1903 — 1921.
496.
Gazette de France, 1668. 61.
Haagscb jaarboekje de 1897, frontifpice (fous le portrait de C. Huygens).
Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences, depuis fon établiflement en 1666 jufqu'à 1696. 1733.
**, 18, 19, 61.
Hiftoire de la Nation Françaife (Dir. G. Hanotaux). î.
Hiltoire des Sciences en France, Vol. I (préface A"1 Emile Picanl), 1924. 7.
Hiftoire générale du IVe fiècle à nos jours (Dir. E. Laviffe et A. Rambauà~), 1924. 8.
Intermédiaire des mathématiciens. 1899 et 1900. 479.
Janus, revue internationale. 415, 892, 893.
Journal Book of the Royal Society. 435.
Journal des fçavans. ~6, 241.
de 1672. 226.
de 1677, 177, 327, 368.
„ de 1680. 59, 75, 91, 94, 98,104.
de 1686. 194.
L'altronomie, revue menfuelle, 1930. 586.
Libri Ftrufcorum. 558.
Livre de la Genèfe. 663, 664, 686, 687.
Mémoires de l'Académie Royale des Sciences depuis 1666 jufqu' à 1699. 15, 18, 19,74,97, 5."6-
Mémoires de mathématique et de phyfique de l'Académie Royale des Sciences, 1713. 236.
Mifcellanea berolinenfia, 1700. 20.
Nouveau tellament. 661.
I I 1
882 III. OUVRAGES CITÉS.
Nouvelles de la république des lettres, 1684. 196.
Obfervations phyfiques et mathématiques des P. Jéfuites faites à Louveau au royaume de Siam,
1686. 405.
Opufcula mythologica, ethica et phyfica, grsece et latine, éd. L. Allatius, 1670. 530.
Philofophical Tranfaétions de 1667. 832.
„ de 1673. 832.
„ de 1676. 241.
„ de 1678. 241.
„ de 1683. 836.
de 1686. 375.
„ de 1687. 836.
„ de 1690— 1691. 572,602.
„ de 1723. 302.
Planetariumboek Eife Eijînga, publication de E. Havinga, JV. E. van fVijk et .7. F. M. G.
crjumerie, 1928. 586.
Pfaume 94 de l'Ancien Teltament. 712.
Publications de la fociété fuiflTe d'hifloire de la médecine et des fciences naturelles. Voyez Ver-
ôffentlichungen etc.
Regiflres de l'Académie des fciences. 7 — 9, 18, 21, 25, 46, 74, 75, 94, 96, 98, 197, 447, 891.
Revue des deux mondes de 1868. 12.
Tabula? Alfonfina», 1252. 1 72, 3 1 8, 343.
Verôffentlichungen der Schweizerifchen Gefellfchaft fur Gefchichte der Medizin und der Natur-
\vin*enfchaften. 312.
IV. MATIÈRES TRAITÉES.
Comme dans les tomes précédents, nous ne comprenons dans la lifte alphabétique des Matières
traitées que les fujets que le lecteur ne trouvera pas — on que, dans quelques cas, il ne trouvera
que fort fommairement — indiquées dans la Table Ides Pièces et Mémoires. Il efl d'ailleurs évident
que nous n'avons pu nous propofer de donner une énumération aMolument complète de tout ce
dont il eft queftion dans le préfent tome. Nous n'avons en particulier indiqué ici aucune page où
Huygens traite des planéticoles, fujet principal du premier livre du Cofmotheoros, nous contentant
de mentionner 1' ^habitabilité (fort douteufe à fes yeux) de la lune".
Les chiffres indiquent les pages de ce volume.
Ambition. 519, 520, 543, 667,668, 806, 80-.
Amitié. 658, 684, 7 16, 7 17, 730, 73 1 , 746, 747.
Amour. 5 15,5 19, 563, 736, 737, 746, 747.
Anima et animus. 515, 522,528,563.
Argument pour l'existence d'une intelligence suprême tiré de l'admirable organisa-
tion Df MONDE ET PLIS SPECIALEMENT DE L'EXISTENCE D'ORGANISMES VIVANTS ET DE CELLE
DE L'ESPRIT HUMAIN. 352, 363, 364, 37 1, 5 1 3, 524, 527, 545, 547, 555, 556, 561,665,667,
700, 701, 712, 713, 716, 717, 720. 72 1, pajj'itn. Voyez auiîi Le ma! et le bien: ejfaî de théodicée.
Astrologie. Superstition. 31 1 , 33-4- 343, 5I3>5I5> 541» 55'» 558, 736, 737>766— 771, 83°.
ATMOSPHÈRE DE LA lune? Voyez Habitabilité de la lune?
Atomes ini iniment durs. 439, 451, 473, 498, 567, 665. Exclufîon de particules creufes. 381,
382,458,473.
Attraction à distance. 435, 440, 445, 446, 471, 494, 496, 671.
Autres iiypotii i îqji e i elle de Kepler (deuxième loi, voyez Lois de Kepler ) sur la variation
DE LA VITESSE D'UNE PLANÈTE DANS SON ORBITE ELLIPTIQUE, 01 l'i.i t-È IRE circulaire, i 17,
119. Hypothèfe de Boulliau et de Seth Ward. 117 — 123, 128, 135-143. Hypothêfe de
X. Mcrcator. 118, 141, 142. Hypothèfe de Huygens. 121 — 125, 128,582.
AZIMUTAL. IO — 13, 26.
BUT DE LA CRÉATION? 516,780,781, 808, 809, 824.
Calcul infinitésimal: mérite de Leibniz reconni non seulement par lli vgens mais
aussi par Newton dans -es „Principia". 421, 422, 893.
Cartographie et mesi re de la TERRE..73— 78, 97, 387, 388, 393,401 — 404, 406,407, 434,460.
Catholicisme et protestantisme. 537, 661 — 664. Décrets de l'églîfe catholique. 563, 766.
Culte proteftant. 661. Libre penféc. 663. Exécution de Giordano Bruno. 682. Seftedesanthro-
pomorphifles 742, 743.
884 IV. MATIÈRES TRAITÉES.
Chaleur considérée comme un moi vement rapide de particules. 7 18, 7 19, 726, 727. Voyez
auffi Origine pofftble etc.
Changement de la hauteur du pôle. 18.
Chinois, et Asiates en général. 69, 187, 551, -34 — 737.
Chorobate, niveau romain. ~6, 77.
Chronologie biblique. 311, 312, 513, 535.
Ciel et tekre, suivant l'ancienne conception dualiste. 553.
Comètes. 4, 34R, 353, 361, 366, 367, 473, 667, 698, 699, 820, 821.
Composition du mouvement horizontal et du moi vement vertical d insle cas de courbes
du jet avec résistance de l'air? 426, 484, 498. Voyez auffi Courbes du jet.
Conjectures. Voyez Hypothèfes.
Connaissances astronomiques des Égyptiens et des Pythagoriciens? 554, 650, 65 1,736, 737.
Constance probable, suivant Huygens, de la pesanteur jusqu'au centre de la terre.
386,440,471,477,497,498.
Courbe logarithmique. 441, 449, 478 — 487, 490, 491, 499.
Courbes du jet. 478 — 484, 489 — 493, 498, 499. Queftion de favoir fi une certaine courbe du
jet a une afymptotc. 498, 499. Voyez auffi Compofition etc.
Création. 311, 363, 364, 436, 514—516, 524—526, 535— 538, 555, 557, 664—66-, 688, 689,
70^,709, 7 12, 8 16, 8 17, 8 22, 825. Création du néant. 662, 466, 826.Concurfusordinarius(appelé
parfois „création continue"). 826. Coopération. 363. Voyez auffi But de la création? Évolution
créatrice, Geuèfe des êtres vivants, Valeur de la doâriue etc.
Déisme. 536.
Déterminisme. 514 — 516, 528, 662. Néceffité. 528, 662,667, 823. Voyez auffi Lois immuables
de la nature.
Diamètres apparents des planètes. 32 (observations de Picard meilleures que celles de Huy-
gens qui, par conféquent, prend les diamètres des planètes trop grands; voyez les p. 199, 359,
365, 477» 583» 600, 601, 622—625, 669, 670, 690—694, 696, 697), 91, 365, 377, 670. de
Jupiter. 198. de Mercure. 309, 310, 670, 696, 838. de Vénus. 309, 310.
Distances des étoiles fixes. 3 5 8, 360, 363,366,369,370,439,655,671 — 673,762,763,812 — 816,
831, 833, 834. Mefure de leurs parallaxes? 360, 366, 369, 370, 808, 809, 814, 815. Voyez auffi
I m m en fi té du monde Stella ire etc.
Divinité de l'esprit humain? 366, 549, 555, 556,663,714,715.
Dogmatisme, scepticisme, probabilisme. 342, 497, 513, 514, 527, 531— 534, 537—541, 563,
565—567, 577, 6<54> 688> 689.
Erreur de C. Wolf attribuant \ Picard certaines choses dont le mérite revient A
Huygens. 20, 21.
Erreurs de Kepler. 320, 336 — 338,350, 361, 369, 668, 808—813, 8:2.
Érudition. 437.
Espace. Efpace immobile de G. Bruno. 507. Efpace abfolu de Newton. 4, 415, 503,504,584.
Infinité del'efpace. 347,369, 371, 507, 513,524,525, 527, 558,816, 8i7.Efpace vide. 432, 434,
439»473»8i6,8i7.
IV. MATIÈRES TRAITÉES. g8<
ESTHÉTIQUE (et beaux arts). 519, 560, 66t, 666, 684, 685, 706, 707, 7*o, 7*1,734, -4, ,«,
760, -61. \ oyez auffi Mvfique.
ÉTERNlTiDELATERRE(ETDOMONDE>SmVANTARlS1 ,. 536, 557, 6U, ÔSp.ARGUM!
DE HUYGENS CONTRE L'ÉTERNIT DE I , TERRE ET CONTRE CJ | , ; D', N CORPS
CONQUE. 363, 366, 514, 534, 525, 537.
Eternité, suivant Huygens, des [q, , s. ss8. v auffi Fakur Ullivcrjelk
etc. '
Êther. Ethcr d'Ariftote et de fon école fupérieur à l'air. ,6, 769. Voyez auffi Ciel et terre etc.
Ether luminifère de Huygens. 380, 433, 584, 59°, 59i, 718, 719. Ethcr ou matière éthérée
dansunfensplusgénéral. 353,354,454, 473, 474, 478, 496", 584, 59o, 591,680, 683,818-821.
„Ether de 1900" identique ou à peu près identique avec l'efpace abfolu. 508, 585. Éther dans
le fens de champ gravifique correfpondant à l'enfemble des corps céleftes. 505. Les particules
de l'éther (il fagit de l'éther du 17»™ fiècle) le touchent-elles? 433, 457 47 3
Éthique (morale). 536, 538, 564, 5*5, 568, 663, 714-717, 73°, 731, 744-747-
Etonnement, base dk la philosophie. 732, 733.
ÉVOLUTION DE L, PENSÉE DE PLATON. 533, 567, ?69. D'ARISTOTE. 567j "68, 769. DE HUYGENS.
348, 437—439, 582, 7^9, pajftm.
ÉVOLUTION DK LA SCIENCE ASTRONOMIQUE. 7-2I, 44, 588, 589, 65I, 67I-673, 686, 687,
"36, 737-
Évolution des étres vivants. 535, 538, 558, 564, 665. Évolution créatrice. 665.
Evolution des lunettes A longue vue. 17-20, 198, 2 , o-2 1 3, 696, 697. Vovez auffi Lunettes.
Excellence de l'astronomie. 355, 356, 360, 730—733.
Excellence des sciences mathématiques. 356, 748, 749.
EXPERIENTIA. 532. EXPERIENTIA ET RATIO. 566, 567.
Faciles du soleil. 658, 806, 807.
Force absolue de Leibniz. 504, 505.
Force centrifuge, pajftm.
Forci: vive. 505, 506.
Fractions continues. .25, 150—152, 585, 628—641, 708, 709.
ration sp.-ntanée niée p ir HuYGE *s. 536, 558, 760, 761.
Genèse for i dite du Cosmos? 364, 435, 556, 557, 688, 689.
Genèse des êtres vivants, incompréhensible suiva »t HuYGEr s. 514, 535, 556, 558, 664,
-08,709, 826.
Habitabilité de la li ne? 228, 542, 682, 683, 794~799, 822, 825, 827, 828. Lalunedénuée,
ou prefque totalement dénuée, d'atmofphère fuivant Huygens. 362, 368, 659, 792—795, 798,
799, 827, 828; opinion contraire des artronomes antérieurs. 659.
Hasard. 44 („cafu, non ratione"), 516, 664, 750, 751. Voyez auffi Genife fortuite du <
Horloges à roues dentées. 78. Horloges à pendule de Huygens. 8, 10, 32, 33, 47, 154, , 55,
158, 159,760, 761. Horloges de Huygens à balancier réglé par un reflbrt fpiral. 160. 1
607, 610, 611,760, 761.
Hypothèses, i .. 63-65, 354, 533, 557- 577, 653, / ■ < • V< fez auffi Atomes infini-
886
ment durs, Autres hypothefcs etc., Erreurs de Kepler, Éther, Matières fubtiles, Qualités inhérentes,
Théorie de la pefanteur de Fatio, Tourbillons etc.
Ignorance louable. 537, 565, 577. Voyez auffi Dogmatifme, Scepticifme, Probabilijme.
Immensité du monde stellaire suivant Huygens. 347, 351, 369, 371, 513, 553, 736, 737,
768, 769, 816, 817. Nombre des étoiles fini ou infini? 371, 527, 810, 811,816, 817.
Inégalité des races. 667, 668.
La guerre et la paix. 5 1 4, 730, 731, 744, 745, 758, 759, 895 (voyez auffi Pacififme). La
lutte pour l'existence. 520, 52 1, 545, 667, 668, 756 — 759.
Législation. 515, 730, 731,744, 745.
Le mal et le bien. 514, 523, 528, 545, 667, 668, 714 — 717, 746, 747. Essai de tiiéodicée.
667,668,746,747.
Lentilles de Borelli. 194, 195, 241. de Campani. 193, 194, 197, 198,210,211,226,227.
de Hartsoeker. 195, 198, 241. Dernières lentilles des frères Huygens équivalentes à celles de
Campani? 658, 778, 779. Lentilles achromatiques. 198.
Les étoiles possèdent-elles généralement des planètes? 536, 553,659,660,766,767,812,
813,818,819,822,825.
L'homme est-il le seigneur de toute la nature? 351, 356, 553, 664, 684 — 687,756,757.
L'homme et l'animal. Opposition des vues de Huygens et de Descartes. 662, 730, 731.
Logique. 63 — 65, 511, 53 1 , 532, 566, 567, 698, 699, 716, 717. Voyez auffi Raifonnewent etc.
Loi de Carnot. 659.
Lois de Kepler. 4,36, 112 — 117, 125, 127, 128, 133, 134, 137 — 142, paf/im. Autres mérites de
Kepler. 319, 320, 349, 357, paftm.
Lois de Newton. 415. Système de Newton. \~2,pajjim.
Lois immuables de la nature. 514, 516.
Lunettes, pajftm. Lunette catoptrique de Newton. 226. de Hadley. 302. Lunettes de Campani
et de Divini. 240, 241. Lunettes fans tuyau d'Auzout. 19, 20, 32, 191, 192, 197. de Bianchini.
236, 304. de de la Hire. 236. Lunette méridienne. 10 — 13, 57, 58. Voyez auffi Évolution des
lunettes etc. et Préconifation par Morin etc.
Macrocosme et microcosme. 3.
Matières subtiles. 353, 379—382, 411, 431—434, 448, 451, 454—462,473,474,477,47^
496 — 498, 555, 571, 584, 718 — 721. Voyez auffi Ether ou matière éthèrée.
M k .moire. 518, 522, 528, 550, 555, 563,734, 735.
Mentis oculi. 375.
Mesure de la terre. Voyez Cartographie.
Métaphysique de Descartes. 4, 341, 342, 525 — 527, 66" , 826. Voyez aulli Créa/ion du tuant
et Création continue.
Micromètres. 8, 18, 19, 26, 91 — 93, 199, 670, 696, 697, 832.
Microscopes de Huygens. 814, 815.
Mouvement droit et mouvement circulaire. 431, 451.
Mouvement d'un point matériel \ travers un milieu résistant. 419, 420, 423 — 426,441,
476, 478, 498, 499. Voyez auffi Compofttion etc. et Courbes du jet.
IV. MATIÈRES TRAITÉES. H8~
MuNDl S QUASI FABt LA. 520.
Ml sique (muficologie). 545. 54;, 550, 554, 566, 667, 675, 750—755.
Mythologie, i 88, 218, 520, 566.
N ssité. Voyez Déterminifme.
Nœuds des orbites planétaires. Voyez Quefiion de f avoir fi le natud afcendant etc.
Observations astronomiques DE Cassini sans tuyau (découverte de deux nouveaux fatellites
de Saturne). 193 — 195, 332, 582, 776—779. Observations à Paris à l'aide de la tour de Marly.
195, 196.
Observations de taches du soleil p vr Philippe de Messe. 236, 336.
Ondes électromagnétiques. 659.
Opinion de Kepler sur les planétaires. 172.
Origine possible de la chaleur solaire si iv int Huygens. 440, 441.
Pacifisme. 520, 521, 806, 807.
Parallaxe et distance de la lune. 30. 46 — 52, 331, 669.
Parallaxe de Mercure. 309, 321. de Mars. 31 1, 32 1, 365. Sa mefure par Caflini (et Picard).
311, 313, 348, 359. 3<55, 602, 668, 669, 782, 783. par Richer. 311, 331, 365,431, 602. par
Flamfteed. 331, 669, 832. Parallaxe de Vé m -. 308, 309. Sa mefure? 348, 359, 602, 603.
Parallaxe du soleil. 46, 47, 308, 668. d'après Tycho Brahé. 669. d'après Kepler. 669. d'après
Huygens. 46, 410, 477, 668, 782,783, 804, 805, 834. d'après Cafîini. 46, 410, 477, 782, 783.
d'après Flamfteed. 331, 602, 669, 782, 783, 832. d'après Newton. 669.
Parall \xe des étoiles fixes. Voyez Diftances des étoiles fixes.
Passage de Mercure devant le soleil obfervé par Shakerley en 1651. 307. par Huygens en
1661. 307, 330. par Halley en 1677. 326. Voyez la Table I (Pièces et Mémoires), ainfi que celle
des Ouvrages cités (Gallet, GafT'endi, Hevelius), fur d'autres obfervations de tranfitions de
Mercure et fur celle par I lorrox et Crabtree d'un paffage de Vénus, et auflî fur un partage fictif
de Vénus d'après Huygens.
Persistance de la quantité de mouvement vers le même côté — voyez aufli Théorème, ou
principe, de Huygens de la confiance du mouvement vers le même côté etc. — admise par HUYGENS
DANS LE CAS DU MOUVEMENT CIRCULAIRE. 456.
Pesanteur, ou gravitation, inhérente a la matière? 364, 435, 436, 445, 474, 494. Voyez
auflî Qualités inhérentes.
Pesanteur, suivant Huygens, suit la proportion de la matière yui compose les corps.
381,382,432,458.
Philosophie de Platon (et de Pytiiagore), d'Aristote, de Carnéade, de Cicéron, de
Démocrite, d'Épicure, de Lucrèce, de DesCARTES (voyez auflî Mètaphyftque de Defcartes),
de la Mothe le Vaver, etc., confultez la Table des Perfonnes in vocibus Platon etc. Voyez
auflî Êtonnement etc., Évolution de la penfée etc., Éternité de la terre et du monde etc., L' 'homme
et Vanimal, Retour périodique etc.
Plaisir, joie, volupté. 350, 367, 515, 520, 528, 545, 549, 550, 556, 568,667, 682,683,724,
725, 730—733, 736", 737, 746, 747, 758, 759, 776", 777.
Plan invariable de Laplace. 320.
888 IV. MATIÈRES TRAITÉES.
Planétaires d'Archimède et de Posidonius. 78, 172 — 174, 352, 588, 589, 649, 650, 825.
Autres planétaires, m, 151, 171 — 174, 583, 586, 588, 589. Voyez aufîi Opinion etc.
Planètes primaires au-delà de Saturne? 362, 439. Nouveaux satellites à découvrir.
67i,77%>779-
plutarque, et d'autres auteurs, sir l'équilibre entre la pesanteur de la lune et la
force résultant de son .mol vement circulaire autour de la terre. 553, 554, 8l8, 819.
Politique. 564, 894.
Possibilité de sortir de l'atmosphère terrestre? 659, 660, 762, 763.
Précession des équinoxes. 63— 65, 313, 349.494' 495» 573» 692—694, 825, 829, 830.
Préconisation, par Morin, de l'emploi de la lunette adaptée aux instruments de
MESURE. 17.
Prééminence, suivant Huygens, de l'Europe sur les autres continents. 550, 551,736,737.
Principe de Huygens, et principe de Newton, pour déterminer la figure de la terre
aplatie par la rotation. 376, 385, 386, 39 1 , 466 — 468.
PROBABILISME. Voyez Dogmatifme.
Problème renversé des tangentes. 468.
Propagation du son. 475, 806, 807.
Protestantisme. Voyez Catholicifme etc.
Quadrature de l'hyperbole. 483,484, 486 — 488.
Qualités inhérentes. 435, 436, 445, 494, 498. Voyez auflî Pefanteur, ou gravitation, etc.
Question de l'immortalité de l'âme. 517, 522, 523, 528, 537, 563, 565. Voyez auflî sur l'âme
Anima et animas.
Question de savoir si le nœud ascendant d'une planète, vue du soleil, est «directe
< ppositi s" ai nœud descendant. Détermination de la fituation de différents nœuds. 177,309,
310, 321—329, 350, 366, 576, 582, 622, 623.
Question des marées. 671, 794, 795, 828.
Question du libre arbitre. 528, 665, 66j. Voyez auflî Dèterminifme.
Question du remords. 515.
ql estions scientifiques dépourvues d'utilité ou considérées sans avoir égard à leur
i tilité éventuelle. 517, 749, 750.
Raccourcissement (ou allongement) du pendule à secondes (conftaté lorfqu'on fe déplace
avec lui) NON seulement par l'effet de la diversité de la force CENTRIFUGE EN DIFFÉ-
RENTS endroits de la terre, mais aussi, ce dont Huygens doute (voyez auflî Confiance
probable etc.~), par celui de la diversité de la distance des endroits considérés au
CENTRE DE LA TERRE (DEUXIÈME INÉGALITÉ). 387, 396, 397,405,416,422,429,430,440,
448, 449, 462—467, 476, 477, 494.
R usonnement par an alogie. 532, 535, 543sq, 659, 688, 689, pafim.
Ratio (raison). 553, pajfim. Voyez Experientia. Voyez auflî H a fard.
Il VTION ILISME. 663.
Relativité di moi vi ment suivant Huygens. 416, 504 — 508,583.
IV. M \TirRKs TRAITÉES. SSy
Réfraction at-mosimmii ivi B. i8, 19. 30. 31,44, 45; hiûorique. 14 16. Son effet dans le casdu
nivellement. 47.
Retour périodique des mêmes opinions d'après Aristote. 564.
SAN! i Dl CORPS E 1 MM 1: DE L'AME. 523.
Scepticisme. Voyez Dogmatifme.
Scolas riçi e. 66 i . Voyez aulli „ Traditions fu
Si xkti humaine. 3, 515, 551, 560, $6itpaJJ$m.
Style. 63, 185 — 188,505,664.
Superstition. Voyez /fflrol
Systj HE i), Copi iNic. 130. 311, 334, 340. 357, 358, 366, 370, 541,554, 567, 583, paffim. de
Tycho Brahé. 130, 31 1. 357, 358. 361, 541, 583, 692, 693, -66, j6y. Systèmes d'autres
istronomes. 1 30— 13:. 343. 357, 358, 554> 582, 692, 693. de G. Bri \o. 536, 666. Voyez
aulli Lois de Kepler, Lois de Newton, et Connaiffances etc.
Tables astrom .7, 13,15,20,25,32,69,172,176 — 180,318,322,325—329,622—625,
780,781,830,835—837.
TÉ] EOLOGiE. 535, 536, 556, 559, 6^6, 687, paffim. Voyez aufli Argument etc.&. But de la création?
ES. Voyez Limettes.
Temps. 525. Son infinité. 513, 524. Dieu et le temps. 514.
Tendances conciliatrices. 436.
i — ou principe — de huygens de la constance du mouvement vers le même
CÔTÉDUCEN1 (RAVITÉD'UNS l OUSTRAII \. TOUTE INFLUENCE EXT R ll.l RE. 41 5,
416. Voyez aufli Perfiftmice etc.
TllÉORlE 1)1. I. \ PES \.\ 1 El R DE Y ITIO DE 1)' ILLIER. 495, 496.
Théorie de la relativité* restreinte. 508. Théorie génér mi. de i. a rel itivité. 505, 508.
Voyez aufli Relativité du 11. fuivant Huygens.
THÉORIE DES COULEl RS DE Nl.u rON. 230.
Tourbillons antiqi es. 434.
ToURBILLO.Ns DE DESCARTES. 112, I 30, 343, 348, 350, 35 I, 353, 361 , 362, 366, 370, 37 1 , 437,
438, 446,448, 472, 473, 495, 577, 583, 584, 667, 818—822.
Tourbillons mi ltilatéraux de Huygens. 4, 112, 354, 437, 439, 455, 505, 506, 569, 571,
577,583,584,818—822.
Tout mouvement matériel dû, suivant Huygens, dans le coi rs ordinaire des choses,
a un mouvement matériel. 432, 434, 436, 439, 446, 451, 497, 664, 665.
^Traditions >i r innées de la scolastique" (Tannery). 63, 51 1. Voyez aufli Scolaflique.
Travaux académiques COLLECTIFS. 8.
Unité de la matière. 451.
Valeur de la doctrine de la ci... n ION m PREMIER chapitre de la Genèse. 31 1, 312, 557,
663, 664, 684 — 687. Voyez aufli L homme ejï-il le feigneur de toute la nature?
Valeur UNIVERSELLE, SUIVANT lli VGENS, de LA GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE El DES SCIENCES
mathématiques i is général. 531, 532, 545,547, 554, 558, 7 ' 8, 7 ' y- 748i 749-
1 12
89O IV. MATIÈRES TRAITÉES.
Verre de Paris. 240. anglais. 240, 248, 249. de Venise. 248, 262. de Bois-le-Duc. 244, 262,
263, 294, 295, 304.
Vérité. 351, 437, 525, 527, 532, 553, 558, 566, 659, 664, 726, 727, 748, 750, 75 1.
Volonté. 515, 526, 557, 665.
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page
19 note 44
63/. 6
79 note 29
1 1 6 l. 8 d'en bas
131 /-5
133/- 13
„ /. 16
138/. 6
141 titre
1 50 /. 12
151 /. 3 et 2 </Vh £/7î
168 /. 3
„ /. 10
„ /. 5 </V« d«s
1 72 note 10
[93 1\ alinéa et
1 94 premier alinéa
Au lieu de H fez
Toms Tome
£« „Peri pateticnrum qttLeflionum libri quinqué" de Céjalpin parurent
pour la première fois à Florence en 1 569. Une autre édition efl celle
de 1571 à Fenije apud I tintas.
Il s'agit ici du niveau deChapotot, non pas de 1680, mais de 1686
(T. IX, p. 96).
énonce énoncé
culcul calcul
Avertiflemen. Avertiflement
médiat média.
En février 1 661 Huygens, d'après fon Journal de Voyage, avait fait
la connaifTance perfonnelle du comte Pagan „aveugle depuis long-
temps" qui „croit avoir fait merveille avec fes nouvelles découver-
tes dans l'agronomie".
1680— 1681
p. 178
Ann. Egypt (365)
1 1
Cette
Le «premier
Nos „vues d'enfemble du planétaire de 1682" font, bien entendu,
des vues de ce planétaire tel qu'il fut reconftruit en 1786. Voyez
fur ce fujet la note *) de la p. 601.
Il s'agit d'une lettre de Rot '1 m ami à Tych.o Brahe de feptembre 1583
qui fe trouve dans le recueil „Tyc/ionis Brahe Dans Epiftolarum
Aflronomicorum Libri", Noriberga apud /,. Hulfium, MDCL Il y
efl que/l'on (p. 127 — 12 8) </"//« nautomaton . . . mira parvitatis".
Nous aurions pu ajouter que la lettre de Huygens à Caffini s i il par-
lait, fuivant ce dernier, „de faciliter Pufage des grands verres", et à
laquelle Caf fini répondit le 16 février 1684, fut lue par lui à /' Aca-
démie le 16 février fuivant d'après la />. 5 1 du T. .\
de r Académie. Nous y tifotui „ll [Caffmf] a lu une lettre de M>\
Hugeas qui luy écrit qu'il travaille à faire des verres de Lunett
1680 — 1661
p. 188
Ann. Egypt (365)
»
Cetre
Le premier
802 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page Au lieu de lifez
qu'il efpere eu faire de 1 00 pieds. Il prétend avoir trouvé le moyen de
s'en fervir fans l'embarras des grandes machines et il promet à Mr.
Caffini de lui en commun 'quer le fecret". Nous di fions donc à bon droit
que d'après les termes dj cette lettre Caffini, avant de faire lui-même
des obfervations au mois de mars, a pu deviner que I/uygens obfervait
fans tuyau.
198 note 43 /. 1 1 Nov. [1687] 1 Nov. [1686]
2 1 3 note 4 /. 2 deux règles „deux règles
226 /. 3 d'en bas ttop trop
247/. 15 jufques jufques à
„ /. 7 d'en bas 1 agir s'agir
252 note 1 /. 4 [Fig. 79] [Fig. 76]
254 /. 5 d'en bas diamètre diamètre
256 note 12 c. à. d. (c. à. d.
260/. 19 rougir rougir
283 «0/230 Le çonprimitive Leçon primitive
288 /. [8 au de ou de
289 /. 3 d'en bas latia latin
304/. 13 1903 1703
317 /, 15 d'en bas foleii foleil
321 /. 19 p. 338 p. 308
322 note 1 /. 5 conjuctionis conjunctionis
339 note 1 Partie III de la p. I. Partie III de la p. 555.
343 dernières lignes ( ' mtne nous le difons 6 uffi à la p. 348, différents §§ de la Pièce „Que
penfer de Dieu?" fe retrouvent ailleurs clans le préfent Tome avec
leur contexte: on trouvera les §§ 1, 2 et 3 aux p. 526—527, et le § 4
à la p. 362. Seul le § 5 n'a pas été imprimé une deuxième fois.
382/. 2 toute toutes
3877.8 bafée bafé
394 /. 2 d'en bas am jam
406 /. 7 quali quafi
415 note 1* Voici la page que nous avons publiée en 1941 dam la revue .h/nus à
la mémoire de D. J. Korteweg décédé en cette ann .
À LA MÉMOIRE DE D. J. KORTEWEG
31 mars 1848 — 10 mai 1941
Avec le Dr. D. J. Korteweg, profciïeur émérite de mathémati-
ques à l'univerfité municipale d'Amsterdam, difparaît le dernier
furvivant de la commiffion nommée en ou peu après oftobre 1882
pour étudier et préparer l'édition projetée, ou du moins propofée,
par l'Académie des vSciences, réfidant en la dite ville, des Oeuvres
Complètes de Christiaan Huygens ').
AUDITIONS ET CORRECTIONS. 893
Au lieu de lifez
Le lien perfonne] que le hafard, pour employer ce tenue, a établi
entre la préfente rédaction de la revue hiflorique Jaillis et la corn-
million nommée, nous amène à rendre hommage en cet endroit,
après plufieurs autres perfonnes, à la mémoire du défunt, dont les
grands mérites envers Ht yi.kns font toutefois les feuls que nous
ayons à confidérer ici.
Dès ledebut KoRTEWEG prit une grande part à l'édition, comme le
font voir e.a. de nombreufes notes manufcrites de fa main qu'on
peut Couvent confulter encore aujourd'hui avec profit. Il eut même
le privilège d'avoir chez lui durant de longues années les manufcrits
que HuYGENS légua en 1695 à la bibliothèque de l'univerfité de
Leiden où ils retournèrent pour tout de bon bientôt après que,
prefqu'octogénaire, il eut réfigné, en 1907, la préfidence de la com-
miiïîon. Notre portrait le repréfente,jeuneencore,àcet âge patriarcal.
Nous aimons à croire que le vieillard plus que nonagénaire de
1940 a encore pu jeter les yeux fur le T. XX des Oeuvres paru vers
la fin de cette année, fe rattachant e.a. à certains autres tomes pré-
cédents traitant ipécialement de mathématiques et nommément aux
T. IX et X de la Correfpondance, publiés refpectivement en 1901
et 1905 et contenant e.a. les lettres échangéesentre Huygens d'une
part, Leibniz et de l'Hospitai, de l'autre, lefquelles Korteweg
avait pourvues de nombreufes citations des manufcrits et notes expli-
catives témoignant fa perfpicacité et fa compréhenfiondesvuesde
Huygens et de fes prédéceflèurs ou contemporains.
J. A. VOLLGRAFF.
421 note 16 Ce n'est pas en vérité à la Prop. VI que le Lemma II cité est attaché,
mais à la Prop. VIL
435 /. 2 d'en bas prédéceiTeurs prédécefïeurs
„ note 33 noté note
436 /. 2 d'en bas en bas „en bas
466 /. 7 furface furface
471 /. 2 d'en nel ailTeroient ne laifferoient
476 /. 9 d'en bai raifon contraire. raifon contraire 5<s).
//// lieu de 35) nous aurions d'ailleurs pu écrire s* bi«).
4S 2 rote 54. note y 'e la p. 172 note 35 de la p. 499
495 /. 9 Leibniz Leibniz IO)
I) D'aprél la Préface de février IÎJ83 par Ici directeur» de la Société hollandaite de» »cicncc» de Haarlcm dj premier tome de» Oeuvre» 'e i ir*
paru: en cette année »on» le* auiptcei de cette Société.
894 \DDITIONS ET CORRECTIONS.
Page Au lieu de H fez
520 note 9 tov tov
522 note 2 /. 8 p. 339 p. 342
533 note 15 /. 10 note 15 de la p. 553 note 25 de la p. 553
543 /. 3 d'en bas Cefl bien „fqual/ida" que Huygens écrit et non pas „fqualida".
Nous avons par ha fard trouvé le mot ,.fquallidam" attjji chez Jufte-
Lipfe (/>. 58 du T. II de fes Opéra Omni a, publiés par B. Moretus
en 1637).
564 /. 0 — 10 „lnveneruut queniadmodum plus quies etcT Cefl par erreur que
Huygens a écrit „Cicero" au lieu de „Seneca": les paroles citées fe
trouvent en effet chez ce dernier auteur dans f on dialogue „Ad Sere-
ntim de Otio".
U alinéa précédent de la p. 564 a également été emprunté au „De
Otto" dont le cap. III contient le pafjage fuivant : „Diue maxime et
in bac te diffident feâce Epicureorum et Stoicorum, fed U traque ad
otium di uer fa nia mittit. Epi eu rus ait: Non accède t ad rem public am
fapiens, ni fi fiquid ' interuenerit. Zenon ait: Accedet ad rem publicam,
ni fi fiquid impedierit. Alter otium ex propofito petit, alter ex caufa".
Etc. Du moins c'eft ainfi que Sénèque propofe ici à fes leâeurs le feu-
timent des Stoïciens fur la politique; ce qui fait dire à Huygens que
YfPun et r autre \c. à. d. tant Zenon qifEpicuré] en feignent la re-
traite".
566 note 3 /. 10 convient II convient
567 note 3 /. 1 fiêcle fiècle
583 /. 6 Cefl par mégarde que vous avons dit que Roeuier avait donné dans
fm: planétaire la place centrale à la terre. Voyez la note 3 de la p. 343
du T. FUI où nous avons parlé de la figure de ce planétaire qui je
trouve dans le Journal des Sçavaus de 1682.
591/. 11 — 12 cognofeete cognofeere
610/. 8 Font Sont
611/. 6 (mots illifibles) V. Rota eft
61 2 /. 4 d'en bas attaché attachée
614/. 13 Font Sont
616/. 9 — 10 pnifque chaque planète n'eft ?
pas attachée à Panneau ab
lui-même, mais à la petite
lame lin . . .
La traduâion eft incertaine. Nous ne favous pas exactement comment
les planètes étaient primitivement attachées à Panneau; comparez
notre remarque qui fe rapporte à la p. 168 /. 5 d'en las. Il eft fort
poflible que Huygensaitvouludireipuifquechaqueplanèteauraitpu être
attachée non pas à r anneau ab lui-m éme, mais à une petite lau.elm . . .
ADDITIONS ET CORRIXTIONS.
«95
Page
6 1 6 /. 1 8
618/.4
638 note 37 /. 8
650 /. 1 8
„ note 9 /. 3
658 /. 4 den bas
683 note 5
697 /. 2 den bas
698 /. 5
7 1 6 /. 6 </Vm /w
7 1 7 /. 6 </V« £<»j
728 /. 23
740 note 44 /. 2
758 /. 24
760 note 52
8 1 o /. 2 1
„ /. 23
819/. 1 d'en bai
860
. lu lieu de H fez
es les
fixée fixé
confidèrant confidérant
ulcilitatem utilitatem
confciptus conjcriptui
l'exhorte l'exhorte
facules facules
Le dialogue de Lucien nIcaromenippusn efl fans doute une des
oeuvres de cet auteur auxquelles Huygens fait allufion : Menippos fy
élève jufqu'à la lune (et même plus haut encore) à t'aide d' 'une paire
d 'ailes. Mais le paffage de Kepler de la p. 30 du „Somn:u»r ne fe
rapporte pas à ce dialogue. C efl dans fon 'AXqdtôs laropiaç "kàyoçfip&mç
que Lucien raconte avoir vifité lui-même la lune, y ayant été porté
(pour citer Kepler) „ultra columnas Herculis . . ventorum turbinibus
cum ipfa navi."
tint
celui
quelque peu
contigiffet
ainfi
Os homini sublime . . .
un Chef d'armée Grec
Dans la note 50 de la p. 758 nous avons dit ne pas favoir de quel
I wper ator grec il efl queflion. Nous le f avons maintenant: il s'agit
d Archidamos, chef d'armée, en fuite roi de Sparte (A. III). En effet,
Plutarque dans fes „Regum et imper atorum apophtegmata", faifant
partie des „Moralia", nous apprend que 'Ap/J^auoçô'kynailioxjxarx
îte).tixov tJ&jv pûoç tots KpÙTov èx IixeMa; xopuaSèv àvefiowsv u 'Hpâx).5tç,
à7rô).coXsv àvcipoj à.ptzz. Nous devons cette citation à P. J. Enk (compa-
rez la note 1 de la p. 823).
Leewenhoek Leeuvvenhoek
ou on
au-deflfus au-defTus
foco foco
Louis XV etc. Ajoutez: 388.
fint
eu lui
quelque
contigifliet
ainfi
sublime . . .
un Empereur Grec
SOMMAIRE.
Avertissement général 3
Huygens A l'Académie Royale des Sciences. Astronomie 5
Opposition de Huygens contre une thèse défendue par le mes de Colbert ai collège
de clermont à paris 6l
Huygens à l'Académie Royale des Sciences. Mémoire pour ceux qui voyagent 6j
Huygens à l'Académie Royale des Sciences. Le niveau 71
Projet de 1680 — 168 1, partiellement exécuté à Paris, d'un planétaire tenant
compte de la variation des vitesses des planètes dans leurs orbites elliptiques
ou circulaires, et considération de diverses hypothèses sur cette variation .... ioo
LE PLANÉTAIRE DE l682 165
Dans dix mille ans... Opinion de Huygens sur la sobriété du style qui convient
avx auteurs pouvant espérer que leurs œuvres seront durables i 85
astroscopia compendi ari a i 89
memorien aengaende iiet sl1jpen van glasen tot verrektjckers 237
ASTRONOMICA VARIA l68o — 168<5 305
Que penser de Dieu? 339
Pensées meslees 345
Considérations sur la forme de la terre 373
De la cause de la pesanteur 377
Considérations ultérieures sur la forme de la terre 383
Observations de 1689 sur quelques passages des Principia de Newton, et nouvelles
considérations de cette année sur le mouvement d'un corps punct1forme dans
un milieu exerçant une résistance proportionnelle au carré de sa vitesse 413
Discours de la cause de la pesanteur 427
La relativité du mouvement et la non-existence d'un espace absolu 501
De rationi imperviis. De gloria. De .morte 509
Réflexions sur la probabilité de nos conclusions et discussion de la question de
l'existence d'êtres vivants sur les autres planètes 529
Astronomica varia 1690 — 1691 569
descriptio automat1 planetarii 579
cosmotheoros 653
Tables. I. Pièces et Mémoires 845
II. Personnes et Institutions mentionnées 852
III. Ouvrages cités 867
IV. Matières traitées 883
Additions et Corrections 891
Bibliothèques
Université d'Ottawa
Echéance
Libraries
University of Ottawa
Date Due
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iïljî.te.^^Ota
COLL ROW MODULE SMFi c ^
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